Division du travail et immigration

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Menacé de se voir refuser la délivrance de son statut de réfugié, un immigré soudanais a assassiné son conseiller du centre d’accueil du coin de sa rue à Pau. Aussitôt se multiplient les réactions pavloviennes des élus et polémistes opposés à l’immigration. Leur argumentation est connue et une bonne partie de celle-ci est d’ailleurs recevable. Il est assez probable que les réglementations régissant l’immigration en France vont aller se durcissant (pour les candidats à l’immigration) quelles que soient les futurs majorités politiques qui vont gouverner la France après les prochaines élections présidentielles de 2022.

Mais il reste un point qui, comme toujours, n’est jamais abordé, un point qui ne devrait pas faire polémique mais qui est pourtant soigneusement passé « sous le tapis » par les parties, celui des emplois occupés par les immigrés. Il n’est pas besoin d’être un grand clerc pour constater assez facilement que nombre d’emplois sous-qualifiés, physiquement durs à exercer et socialement dévalorisés (notamment parce que payés dans le bas de l’échelle des salaires) sont exercés par des travailleurs immigrés. Les cuisines des restaurants, les entreprises de travaux publics ou les camions d’éboueurs sont peuplés de travailleurs immigrés qui occupent des emplois dont ne veulent plus les citoyens français aux racines hexagonales plus anciennes. Réduire les flux d’immigration, voire les stopper complètement, posera à terme la question de savoir qui occupera alors ces emplois.

On se souvient que lors du premier confinement en France de mars et avril 2020, la fédération de l’agriculture FNSEA avait lancé un appel aux chômeurs et étudiants français pour qu’ils s’inscrivent afin de participer aux récoltes de printemps habituellement réalisées par des travailleurs venant du sud ou de l’est européen empêchés de voyager du fait de la crise sanitaire. De nombreuses personnes s’étaient portées volontaires mais avaient abandonné après quelques jours, fatiguées ou découragées, et en tout cas bien loin d’avoir délivré la productivité de ceux qu’ils étaient censés remplacer.

Bien évidemment souligner cette division du travail en France peut être considérée comme « politiquement incorrecte » mais c’est une réalité et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, généralement, les syndicats patronaux en France sont plutôt favorables à l’immigration qui permet notamment d’éviter une inflation salariale dans ces métiers à forte intensité de main d’œuvre. Si demain ces emplois sont redéployés il est assez probable que ce ne sera pas au même coût.

Expliquer à Mme. Michu que l’on va arrêter l’immigration, c’est bien, lui dire qu’il faudra peut-être que son mari chômeur ramasse les poubelles ce serait aussi plus honnête ! Mais sortir du simplisme est sans doute hors de la portée des polémistes de plateaux télévisés.