SAVOYE Jean-Marc, ‘Et toujours elle m’écrivait’.

Jean-Marc Savoye, éditeur, a suivi quinze années de psychanalyse, complétées par quelques mois d’EMDR (Eye Movement Desentitization and Reprocessing, qui signifie en français « Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires »). Il raconte ce parcours dans son livre, la souffrance et le questionnement face aux évènements de sa vie qui l’ont amené à devoir consulter : un père mort alors qu’il avait 5 ans, une paternité remise en doute car sa mère avait un autre amour, un frère-modèle décédé prématurément… Pour les affronter et les comprendre il eut besoin d’une aide extérieure que la psychanalyse semble lui avoir apportée, au moins partiellement puisqu’il a du la compléter avec l’EMDR.

Avec ses analystes il partage tout : ses doutes familiaux, ses troubles amoureux, ses angoisses professionnelles. Ces dialogues l’inspirent pour s’orienter dans la vie et, parfois, gagner en autonomie. L’analyse le rassure, l’apaise, lui permet de parler de sa vie à un tiers qui l’aide à en interpréter les éléments. Des interprétations qui restent des hypothèses, fruits d’échanges qui ont duré des années.

Présentée par Savoye, son analyse ressemble à une « béquille », une aide à la décision pour faire face à des évènements de sa vie qui le laissent désemparé et impuissant. Il en a un véritable besoin et la relation quasi filiale qu’il a partagée avec ses analystes lui a été utile. Le lecteur moins au fait de la psychanalyse reste un peu ébahi de cette si longue et vitale nécessité d’analyser sa vie pour vivre un présent qui ne semble toutefois pas excessivement tragique au regard de bien d’autres. Plus étonnant encore : devoir raconter ce long processus dans un livre publié. La première et rapide conclusion à en tirer sera au moins que suivre une psychanalyse demande une irrépressible envie de parler de soi.

Nous sommes en psychanalyse alors on aime jouer avec les mots. Et puis on se refuse à admettre le hasard, n’y voyant que des actes manqués. Comme l’analysant (le patient) raconte son mal-être à son travail qu’il passe dans son bureau face à son « imper » suspendu à une « patère », l’analyste lui précise qu’il s’agit en fait de « un père » et un « pater [en latin] », donc de l’obsession de son père. Sur la fusion avec sa mère, Savoye déduit que « tout ce qui vient de la mère passe par la con », d’où la confusion dans la relation avec sa mère. On peut-être féru de psychanalyse sans être forcément poète !

Le récit a été publié en 2017, il se termine par cette constation qui rassure son auteur : « Le passé, enfin, n’est plus mon horizon. » L’histoire ne dit pas s’il a du entamer une cinquième analyse depuis.