Le bal des pleureuses

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L’Etat vient d’annoncer la nécessité d’économiser 10 milliards EUR sur les dépenses votées par le parlement fin 2023. Aussitôt les pleureuses touchées par cette mesure ont sorti leurs mouchoirs pour expliquer que ces économies sont intolérables et que, si elles s’appliquaient effectivement, elles allaient mourir. On est bien sûr d’accord pour faire des économies, mais chez les voisins pas sur notre propre budget. Le problème est qu’il faut bien affecter ces économies quelque part !

De quoi parle-t-on ? Les dépenses du budget général 2024 ont été votées à hauteur de 453 milliards. 10 milliards d’économies représentent donc 2,2% de ce total. Quel est le ménage ou l’entreprise qui n’a pas eu un jour à réduire ses dépenses de 2,2% ? On y arrive.

Rappelons aussi que ce budget 2024 a été voté avec un fort déficit de 141 milliards. L’économie de 10 milliards ne fera bien entendu pas disparaître ce déficit mais le réduire à la marge que de 7%.

https://www.budget.gouv.fr/reperes/loi_de_finances/articles/loi-du-29-decembre-2023-de-finances-pour-2024-maitriser-la-depense

On voit sur ce tableau du ministère des finances que pour payer 453 milliards de dépenses l’Etat ne dispose que de 312 milliards de recettes. Et encore ne sont pas intégrés dans ces chiffres les déficits générés par les « comptes spéciaux » et autres « budget annexes », sans parler bien entendu de ceux la sécurité sociale (assurances retraite, maladie, chômage, notamment, qui font partie d’un budget à part, encore plus élevé que le budget général, et en déficit également, voté par ailleurs). Le dernier budget général en équilibre de la République date de 1974. C’était sous la présidence de Giscard d’Estaing. Tous ces déficits sont financés par des emprunts dont les remboursements porteront sur les générations futures. Aujourd’hui, pour dépenser 100 EUR, l’Etat collecte 70 EUR et en emprunte 30. On préfère généralement ramener le déficit au produit intérieur brut (PIB) car il devient tout de suite moins effrayant mais la réalité financière est bien celle-ci : 30% des dépenses sont financées par emprunt. Pour le moment la République trouve encore des prêteurs pour financer sa gabegie sur les marchés internationaux.

En réalité si l’on voulait ramener le déficit français à 3% des recettes ce ne sont pas 10 milliards qu’il faudrait économiser mais 130 ! On est loin du compte. Les pleureuses de sortie devraient aussi jeter un coup d’œil sur ces chiffres. Là encore, l’intérêt général se heurte aux intérêts particuliers et l’Etat faible ne sait guère trancher, ni encore moins se réformer pour réduire ces déficits endémiques, préférant financer des jeux olympiques plutôt que de rationaliser sa gestion.

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