Massive Attack publie un disque 4 titres : Ritual Spirit, dans un minimalisme d’une beauté froide, et consacre deux dates à Paris pour terminer sa tournée européenne. De nouveau ils viennent diffuser leur trip-hop aux relents si sombres à l’image de la confusion de notre monde. C’est le retour du son de Bristol avec ses hérauts du chaos sur fond de basses massives, d’électronique troublante et de voix susurrant une poésie de l’absurde. La puissance de ce groupe reste dévastatrice et fascinante. Elle est mise au service de l’engagement politique de ses membres et d’une vision musicale qui glace le sang.
En formation classique : double batteries, un bassiste (Winston Blissett), un guitariste (Angelo Brushini), 3D et Daddy G aux voix et claviers-machines, ainsi que Martina Topley Bird, Horace Andy et Shara Nelson en intermittents chanteurs de luxe pour des prestations époustouflantes.
Suivant le rituel désormais récurrent les messages-slogans défilent sur les immenses écrans électroniques du fond de scène tels les horaires d’avions dans un hall d’aéroport. Et les mots diffusés jusqu’à l’écœurement parlent de la barbarie en Syrie, de la désespérance des gigantesques mouvements de population qui enflamment le Moyen-Orient et autres contrées. Sur l’un des longs et lugubres instrumentaux du show, un dialogue entre un pilote de drone en train d’ajuster une cible humaine, et sa base, s’affiche sur les écrans alors que les guitares se déchaînent pour accompagner l’embrasement final. Les mots sont simples et soulignés par les images terribles de tous les conflits qui tuent sur cette planète dans le désert d’indifférence et d’égoïsme où vit le reste du monde plus préoccupé par les cours de la bourse que par la guerre.
Trois des quatre nouveaux morceaux sont joués avec la participation d’Azekel sur Ritual Spirit, un londonien dont la voix haut perchée réverbère et résonne à l’infini sous les arches métalliques du Zénith. Take It There déploie ses arpèges mineurs et son brouillard de mots. Sur le disque Tricky a repris du service mais c’est Daddy G qui entonne ce soir son refrain crépusculaire : She’s with me, we share the pain/ Treat the girl like licorice/ She’s so soft and ticklish/ Take you there, and take your time/ Take your time/ Take you there, you’ll lose you mind/ Take you there, and take your time…
Voodoo in My Blood a donné lieu à la sortie d’une formidable vidéo dans laquelle l’actrice britannique Rosamund Pike joue une danse ensorcelante avec un OVNI qui a pris possession d’elle qui n’est pas sans rappeler l’incroyable performance d’Isabelle Adjani en pleine crise d’hystérie dans un couloir de métro dans… « Possession ». Sur scène les Young Fathers qui assuraient la première partie viennent épauler leurs maîtres, y compris dans leur message politique.
Le reste de la set-list (identique pour les deux concerts) est plus classique avec quelques envolées éblouissantes sur Angel, Inertia Creeps et Future Proof, notamment, qui restent les marqueurs du groupe. Hélas celles-ci furent interrompues par les problèmes techniques le premier soir poussant le groupe à quitter la scène sur Future Proof, 3D plutôt énervé. En réalité les spectateurs n’ont pas vraiment identifié de changement dans les conditions soniques du show mais les musiciens ont sans doute l’oreille plus fine. Durant quinze minutes des ingénieurs trifouillent les câbles et les machines avant que le show ne reprenne. Le lendemain nous fûmes réconciliés avec des Massive Attack de meilleure humeur qui produisirent un show d’un excellent cru.
Martina Topley Bird a envouté le Zénith avec sa grâce intergalactique, ses tenues de guerrière du désert, son maquillage de squaw apache et surtout cette voix profonde et douce qui donne instantanément la chair de poule. Sur Paradise Circus, seule sur une ritournelle de clavier et la rythmique elle danse entre les couplets d’une manière mystérieuse et enfantine, rien que le cheminement de ses mains et ses doigts dans l’espace est un concentré d’élégance pendant que s’égrènent la mélopée lancinante sur laquelle elle pose sa voix : Love is like a sin, my love,/ For the one that feels it the most/ Look at her with a smile like a flame/ She will love you like a fly will never love you again.
Encore à l’affut de collaborations productives, cette année les Young Fathers et Azekel ont apporté un peu de jeunesse aux bases du groupe sans en dévier l’inspiration pour le son urbain et troublant qui remporte toujours le même succès en France.
Set list 27/02 : United Snakes/ Clock Forward/ Risingson/ Paradise Circus/ Ritual Spirit/ Girl I Love You/ Psyche (Flash Treatment)/ Future Proof/ Jupiter (with lyrics from Martina Topley Bird’s Poison)/ Teardrop/ Angel/ Inertia Creeps/ Safe From Harm/ Take It There/ Voodoo in My Blood/ He Needs Me/
Encore : Unfinished Sympathy/ Splitting the Atom
Warm up: Young Fathers
Set list 26/02 : United Snakes/ Clock Forward/ Risingson/ Paradise Circus/ Ritual Spirit/ Girl I Love You/ Psyche (Flash Treatment)/ Future Proof (band leaves stage due to technical issues)/ Jupiter (with lyrics from Martina Topley Bird’s Poison)/ Teardrop/ Angel/ Inertia Creeps (aborted, restarted then… more )/ Safe From Harm/ Take It There/ Voodoo in My Blood/ He Needs Me/
Encore : Unfinished Sympathy/ Splitting the Atom
Warm up: Young Fathers
Laisser un commentaire