Une roquette politique

Les indépendantistes corses réclament, parmi moult revendications, le transfèrement des détenus « politiques corses » dans des prisons de l’île. La femme de l’un d’eux explique qu’il est détenu sur le continent et que cela lui impose des dépenses de déplacement mensuelles de 700 EUR pour aller le visiter au moins une fois par mois. Au journaliste qui lui demande de quoi est coupable son mari prisonnier « politique », elle répond :

Heu… c’est politique. Il a tiré une roquette sur une gendarmerie. La gendarmerie c’est l’Etat, c’est donc politique, voilà !

Il ne va pas être bien facile de partager une telle conception de la politique !

Pendant ce temps, le chef de l’exécutif corse (sorte de gouvernement local aux petits pieds), Gilles Siméoni avec un « i muet », envahit les plateaux télévisés pour expliquer comment la Corse vit un moment historique que le continent doit saisir pour réussir une transition en donnant plus d’autonomie (mais toujours autant de sous) à son île. Il le fait de façon plutôt avisée et apaisée, cherchant à rassurer les spectateurs en présentant la coopération avec la Corse comme une grande chance que Paris ne devrait pas laisser passer.

Son alter-égo, chef de l’assemblée territoriale corse, Jean-Guy Talamoni avec un « i muet » est lui ouvertement indépendantiste, il parle de la France comme d’un « pays ami », mais se cache un peu à l’ombre de Siméoni avec un « i muet », plus consensuel.

Tous les deux affichent ostensiblement dans leurs bureaux d’élus les drapeaux corse et européen, mais pas le drapeau de la République française. Ils doivent rencontrer en Corse la semaine prochaine le président de la République pour tenter de faire valoir leurs revendications et prendre la route de l’indépendance, même si à très long terme. Les électeurs corses ont voté pour cette alliance autonomiste-indépendantiste, il faut les entendre avant que la nervosité ne ressaisisse cette population clanique à la violence endémique qui n’a jamais accepté et probablement n’acceptera jamais sa francité. La Constitution permet cette prise de distance pourvu qu’elle soit approuvée par une réforme dûment votée par un Congrès ou un référendum.