Catégorie : Café du Commerce

  • La constance dans la vacuité

    Avec une constance qui force l’admiration, la population française, ses élus et la presse font remonter comme préoccupation majeure en ces temps de virus et de crise économique : l’accès aux plages et aux parcs urbains. Ces lieux restent encore souvent soumis à des restrictions d’accès, variables suivant les zones et la France n’aime pas les restrictions. Peut-être qu’effectivement il serait souhaitable que les français profitent un peu du bon air de l’été car la rentrée risque d’être saignante avec son cortège de faillites, de chômeurs, d’émeutes et de déficits divers !

    Oyé-oyé bonne gens : vivez au mieux vos derniers instants de sérénité, votre réveil sera brutal et violent !

  • Le drame des bobos à déconfiner

    Le déconfinement des citoyens initié depuis hier pose au moins deux problèmes significatifs. Le premier est de rapatrier les troupeaux de bobos partis se confiner dans leurs résidences secondaires en dehors des centres urbains. On parle d’un million de parisiens qui auraient fui l’Ile-de-France à la mi-mars. Et l’on a sans doute à déplorer de pareilles transhumances à partir des autres villes du pays. Tout ce petit monde a tranquillement télétravaillé depuis l‘Ile-de-Ré pendant deux mois en offrant des classes vertes à ses enfants. Mais demain c’est la fin des vacances et il va falloir retourner en entreprise et à l’école pour les minos. A court terme on ne sait pas bien comment rapatrier ces bataillons de privilégiés. Dieu merci, la plupart sont équipés de SUV clinquants avec lesquels ils vont pouvoir rallier le VIIème arrondissement parisien sans utiliser une SNCF aux capacités de transport elles aussi-confinées. Qui plus est, certains d’entre eux vont rester encore quelques temps sur l’Ile-de-Ré, après-tout, télétravailler en temps de confinement ou de déconfinement c’est toujours travailler.

    Le deuxième sujet d’importance concerne la prise d’assaut attendue des salons de coiffure par Mmes. Michu qui ont été sevrées de mises-en-plis. La réouverture de l’activité des coiffeurs va-t-elle permettre de satisfaire cette forte demande ou maintenir Mme. Michu en stress psychique pour défaut de permanente ?

    On voit que le déconfinement n’est pas une œuvre de tout repos.

  • Les bobos hors du temps

    Dans un « dîner en ville » virtuel, un interlocuteur met en doute le fait que 20% des électeurs français aient voté pour l’extrême gauche représentée par Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour des élections présidentielles de 2017. Une fois raccroché, un rapide fact-checking permet de se remémorer les résultats de cette élection :

    Premier tour 
    M. Emmanuel MACRON, EN MARCHE ! 24,01 %
    Mme Marine LE PEN, FRONT NATIONAL, 21,30 %
    M. François FILLON, LES RÉPUBLICAINS, 20,01 %
    M. Jean-Luc MELENCHON, LA FRANCE INSOUMISE, 19,58 %
    M. Benoît HAMON, PARTI SOCIALISTE, 6,36 %
    M. Nicolas DUPONT-AIGNAN, DEBOUT LA France, 4,70 %
    M. Jean LASSALLE, RÉSISTONS ! 1,21 %
    M. Philippe POUTOU, NOUVEAU PARTI ANTICAPITALISTE, 1,09 %
    M. François ASSELINEAU, UNION POPULAIRE RÉPUBLICAINE, 0,92 %
    Mme Nathalie ARTHAUD, LUTTE OUVRIÈRE, 0,64 %
    M. Jacques CHEMINADE, SOLIDARITÉ ET PROGRÈS, 0,18 %

    Si l’on additionne les voix qui se sont portées sur Mélenchon, Poutou et Arthaud on obtient 21,31 % des suffrages pour l’extrême gauche et l’avenir radieux promis par ces candidats. Au marché ou dans les dîners en ville cela veut dire qu’une personne sur cinq autour de nous a voté pour les idées d’extrême gauche. C’est aussi la raison pour laquelle les émeutes sociales ont mis beaucoup de citoyens dans la rue tous les samedis de l’année 2019 et qu’en ces temps de pandémie tant de monde conteste les dirigeants, râle, réclame, corporatise, se plaint, se tourne vers l’Etat…

    C’est l’une des spécificités françaises de long terme dont les origines, sans remonter à la révolution de 1789, ont été largement entretenues par toute une partie de l’intelligentsia du XXème siècle commentant avec gourmandise les « expériences » soviétique, maoïste, voire même Khmer rouge pour certains. C’est à cette aune que s’est forgée une partie de la nation française. Il en reste quelques traces. Cette multiplicité de candidats de gauche et d’extrême gauche a d’ailleurs peut-être permis d’éviter en 2017 l’élection d’un candidat d’extrême droite. La parcellisation de la gauche en 2017 aura absorbé des voix qui se seraient portées ailleurs s’il y avait eu un candidat commun de la gauche… Les élections présidentielles de 2022 seront la prochaine étape.

  • Le retour du marché noir

    Coco / Charlie-Hebdo (13/03/2020)

    Le chroniqueur faisant ses courses en ces temps de confinement constate avec intérêt que beaucoup de citoyens portent désormais des masques en extérieur, plutôt une majorité d’ailleurs, au moins pour les passants du quartier. On est en revanche surpris de réaliser que nombre de ceux-ci portent des modèles chirurgicaux, voire même de type FFP2 (et non pas des masques « alternatifs ») alors que ces deux catégories sont en principe réquisitionnées par l’Etat et réservées au personnel soignant. Comment ces citoyens se procurent-ils des masques réquisitionnés ? Un rapide sondage obtient toujours le même genre de réponse : « ma copine infirmière m’en a laissé un ce matin » ou « mon employeur nous en a donné », etc.

    On se retrouve un peu comme en 40 où la Kommandantur réquisitionnait les kartoffeln en laissant les topinambours aux parisiens. Il arrivait que le grand-père de Mme. Michu se lance dans le marché noir pour récupérer des patates et les revendre au prix fort. De la collaboration en 40 à Goldman Sachs qui expliquait en 2008 au gouvernement grec comment trafiquer sa comptabilité publique, les ressources du marché et la créativité de ses acteurs sont sans limite pour détourner les réglementations.

  • Au Café du commerce

    L’impréparation et le déni de nos dirigeants vont nous coûter bien plus cher qu’un stock de masques et des équipements hospitaliers décents pour faire face à la pandémie.

    Mme. Michu au Café du commerce

    Comme à son habitude Mme. Michu rouspète et rabâche ses plaintes en boucle au Café du commerce entre deux ballons de blanc sec. Elle est largement relayée par les « experts » de plateaux télévisés qui ont fait du sujet « masque » l’une de leurs polémiques favorites après avoir raillé et ironisé il y dix ans la constitution de stocks de vaccins et, déjà, de masques lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009. Ces stocks n’avaient finalement pas été utilisés puis avaient été très significativement réduits et la responsabilité de leur détention partagée entre l’Etat et les établissements hospitaliers.

    A la question « serait-il préférable d’avoir un stock de masques plus important aujourd’hui » la réponse est évidemment oui, non seulement à Paris, mais dans tous les pays qui sont en chasse de volumes considérables de ces fameux masques dont la planète manque cruellement. A la question « faudra-t-il adapter le système de santé à ces risques épidémiques, ou en tout cas à certains d’entre eux », la réponse est évidemment oui en choisissant le niveau de risque que l’on veut couvrir. A la question « qui va payer », la réponse est évidemment : M. et Mme. Michu !

    Plutôt que le pitoyable bal des pleureuses donné en spectacle sur les plateaux télévisés et au Café du commerce, le mieux est que toute cette énergie perdue soit consacrée à soutenir notre pays qui lutte contre cette maladie, pas plus mal que certains et bien mieux que beaucoup. On n’a pas assez de masques, eh bien les chaînes logistiques sont sur le terrain pour améliorer l’approvisionnement. Notre système de santé est dimensionné pour 5 000 lits de réanimation et ce n’est pas assez, eh bien le corps médical a réussi à faire passer l’offre à 10 000 lits en quelques semaines. Certaines régions sont dramatiquement touchées, eh bien on transfère dans d’autres villes des patients à coups de trains à grande vitesse transformés en ambulances, d’hélicoptères transformés en tapis volants. On a dû fermer les écoles et les universités, eh bien on a recyclé l’enseignement dans le cloud… etc.

    Est-ce que tout ceci est 100% satisfaisant : non bien sûr. Est-ce que l’on ne se porterait pas mieux si le virus était resté en Chine : bien sûr que oui. Alors arrêtons de geindre, cessons de critiquer, gelons les polémiques, admirons ce qui fonctionne, soutenons les premières lignes, appliquons les recommandations. Bref, soyons moins franchouillards et plus efficaces, Mme. Michu y compris.

  • Le syndrome « rue Lauriston »

    Les râleurs et les escrocs prospèrent en période de crise, rien que de très normal tant que cela reste statistiquement minoritaire. En l’occurrence on est en train de dépasser les bornes de la décence avec des dénonciations qui rappellent le temps où la grand-mère de Mme. Michu dénonçait son voisin juif au siège de l’officine française de la gestapo rue Lauriston durant l’occupation allemande de la France lors de la IIème guerre mondiale.

    Aujourd’hui des infirmiers et infirmières qui sont amenés à croiser des malades du coronavirus dans leur activité professionnelle reçoivent des courriers, anonymes ou pas, de voisins des immeubles dans lesquels ils habitent leur demandant de veiller à ne pas toucher les boutons d’ascenseur, de se garer plus loin, etc… et même d’aller « habiter ailleurs si possible ». L’un d’eux a reçu un courrier officiel du syndic de l’immeuble qui s’est excusé ensuite.

    Les arnaqueurs font par ailleurs preuve de créativité et d’énergie pour escroquer ladite Mme. Michu qui, une fois qu’elle a dénoncé son voisin, se fait fourguer des faux masques de protection vendus sur internet par des aigrefins de passage.

    Cette montée de ploucitude est désolante, sans doute inévitable en de telles circonstances où la peur prend le pouvoir sur les neurones de certains, déjà bien atteints par des décennies de match de fouteballe à la télévision et les tweets de Nadine Morano.

  • Déjà des plaintes en justice

    Ça y est, il n’aura pas fallu attendre plus de quelques semaines après le déclenchement de la crise sanitaire pour que des individus portent le sujet devant la Justice. En l’occurrence, quelques médecins généralistes attaquent l’Etat pour que les masques FFP2 (à haut niveau de protection) soient fournis aux généralistes. Si l’Etat était déclaré coupable il serait dans l’obligation de fournir ces masques qu’il n’a pas en quantités suffisantes pour le moment d’où la gestion de pénurie. C’est un peu comme ce fameux droit opposable au logement que le président Chirac avait fait voter dans un grand élan de générosité (et sans doute pour avoir la paix) obligeant l’Etat à fournir un logement social à toute personne sans logement répondant par ailleurs à quelques conditions, distribution qu’il est évidemment incapable de faire puisqu’il n’en détient pas assez.

    Cette déplorable tendance franchouillarde à polémiquer et à trouver des têtes à couper se manifeste une nouvelle fois, et en plein cœur d’une crise grave. Ces médecins n’ont-ils rien de mieux à faire que d’ester en justice par les temps qui courent ? Il y a pour le moment un écart entre l’offre et la demande de masques qui semble-t-il est en voie de réduction. Des gens intelligents et opérationnels s’occupent d’augmenter les capacités de production nationales. Des millions de masques sont produits et distribués chaque semaine, d’autres sont commandés à l’étranger. Ne doutons pas que chacun fait le maximum pour participer à la réduction du goulot d’étranglement, les actions en justice n’y changeront pas grand-chose sinon de satisfaire les égos de plaignants en mal de gloriole personnelle peu soucieux d’efficacité opérationnelle, et d’emboliser un système judiciaire lui aussi au ralenti.

    C’est d’autant plus regrettable que cela risque d’être le début d’une longue litanie d’actions judiciaires que devrait mener un peuple développant un réflexe pavlovien : « c’est la faute à l’Etat » ! Si tous les citoyens pouvaient se mettre au travail et consacrer toute leur énergie à la résolution de la crise ce serait bien.

  • Des cultures et des virus

    Riss/Charlie-Hebdo (18/03/2020)

    En cette période de confinement mondialisé ordonné pour faire face à une pandémie d’un virus inconnu, on voit les réactions différentes de citoyens marqués par des cultures diverses : en France Mme. Michu se précipite dans son supermarché pour dévaliser les rayons de nouilles et du papier-toilette, aux Etats-Unis M. Smith envahit son armurier pour acheter des flingues. Dans un cas comme dans l’autre, chacun avance le principe de précaution et la nécessité de la prudence.

  • Elections et discipline

    Dans un petit bureau de vote parisien c’est le désert pour ce premier tour des élections municipales. Pendant ce temps, le jardin public contigüe est plein de familles prenant le soleil, allongées sur les pelouses ou faisant la queue devant la bicoque à confiseries. La veille au soir le premier ministre avait appelé les citoyens à rester chez eux pour cause de virus baladeur, sauf pour faire leurs courses alimentaires et voter… Il y a encore un peu de travail à faire pour améliorer le sens civique de la population.

  • La France aux 258 fromages

    Entendu au Café du commerce entre une gamine de 25 ans qui veut claquer la bise à un senior de 62 en ces temps d’épidémie de coronavirus :

    – Le senior qui refuse la bise : en principe les recommandations des autorités de santé sont de ne pas s’embrasser ni se serrer la main,
    – La gamine dépitée : mais tout ça c’est des co… et si je les applique, qu’est-ce que je fais dans le métro pour ne pas être contaminée ?
    – Le senior : eh bien si déjà tu élimines deux sources potentielles c’est déjà mieux que de ne pas les éliminer, non ?
    – La gamine : c’est une véritable psychose, cela n’a pas de sens, la grippe ordinaire est bien plus grave,
    – Le senior : mais est-ce que vraiment arrêter pour un temps de serrer des mains bouleverse à ce point ta vie et ton psychisme que tu ne puisses pas le faire ?
    – Et blablabla, et blablabla…

    On a ici un bon exemple d’une réalité déjà soulignée par Mongénéral en son temps : « Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ? » Entre ceux qui dénient l’épidémie en refusant d’appliquer les recommandations de santé publique comme la gamine précitée et les bataillons de Mme. Michu qui se ruent dans les supermarchés pour dévaliser les rayons de nouilles, nombre de français refusent juste d’être raisonnables. Ainsi va la République !

  • Un grand moment de solidarité nationale

    A la suite d’une épidémie en Chine d’un virus un peu bizarre, des citoyens français sont rapatriés en France, dans le sud, près de la base militaire d’Istres sur laquelle ils ont atterri. Ils doivent passer quinze jours en « quarantaine » avant d’être relâchés dans la nature ou soignés le cas échéant. Evidemment Mme. Michu, habitant le village où doit se dérouler la quarantaine, vitupère contre ce « scandale sanitaire » et demande que les français rapatriés de Chine soient installés… ailleurs que près de chez elle.

    Depuis déjà quelques jours M. et Mme. Michu exprimaient leur rejet de tout ce qui ressemble à un « chinois » à force d’insultes sur les réseaux dits sociaux ou dans la rue comme le rapportent nombre de journaux sérieux. Heureusement la famille Michu reste minoritaire dans la République mais elle ne manque décidemment pas une occasion de manifester sa totale beaufitude, hélas.

  • Une contribution majeure à la réforme des retraites

    Une contribution intéressant à la réflexion en cours sur la réforme des retraites !

  • Discussion avec un chauffeur de taxi

    Dans les encombrements parisiens un chauffeur de taxi peste contre la terre entière.

    – Le chauffeur : depuis « qu’ils » ont mis un feu rouge au milieu de la transversale du pont de la Concorde c’est du grand n’importe quoi ! Et puis pour m’acheter ma voiture « ils » ont nanti mon appartement et les salaires de mes parents. Mon appartement d’ailleurs qui valait 700 000 euros a baissé à 400 000 depuis à cause de Delanoé qui a construit le tramway. Pour remplacer mon véhicule complètement amorti je vais acheter une voiture électrique puisque c’est la mode et que Hidalgo est écolo, ça compensera la baisse de valeur de ma licence à cause des VTC et bla-bla-bla et bla-bla-bla…

    – Le client : allez, si je comprends bien vous avez un patrimoine de 700 mille euros plus une licence de taxi, même si tout ceci a baissé et est nanti vous possédez quand même un montant d’actifs respectable, hauts les cœurs, tout n’est pas complètement perdu !

    – Le Chauffeur : oui c’est vrai, on n’est pas les plus malheureux.

    Nous sommes en France… donc tout va mal et un citoyen possédant un travail et plus de 500 mille euros de patrimoine râle !

  • Une nouvelle étape franchie dans l’abrutissement des masses

    Coco – Charlie-Hebdo 2016

    Les plateformes de films et séries en ligne proposent désormais le visionnage en vitesse accélérée, provoquant un peu d’émotion, au moins en France, de la part des créateurs d’œuvres cinématographique et vidéos. Cette vitesse accélérée est censée donner la possibilité aux spectateurs d’ingurgiter plus de marchandises dans le même temps.  

    On commence vraiment à toucher le fond… Non content d‘abrutir les spectateurs avec de la publicité envahissante et bêtifiante, ou avec le fouteballe à tous les étages, l’écosystème médiatique invente maintenant le gavage accéléré des consommateurs transformés en canards d’élevage. Tout ceci est un peu déprimant ! A force de vouloir augmenter la part de marché de la bêtise humaine, le capitalisme de l’information et du divertissement risque de le faire au détriment du segment de l’intelligence réduit à portion congrue. A moins que les deux segments ne se développent chacun au même rythme malgré les apparences.

    C’est une vieille histoire… le chroniqueur qui, dans les années 70’ avait été standardiste dans une radio commerciale (Europe n°1 pour ne pas la citer) comme job d’étudiant, avait déjà été frappé à l’époque par la stratégie d’un tel média : la monétarisation de la bêtise humaine. Un marché prometteur…

  • Convergence ou coagulation

    Riss – Charlie Hebdo 2018

    Les râleurs continuent de râler, tout le monde réclame des sous, certains en obtiennent (que les autres vont devoir payer), les préavis de grève se multiplient. Rien ne va : les retraites, le pouvoir d’achat, le fonctionnement des hôpitaux, les prix agricoles, les impôts trop hauts, les dépenses trop faibles, les bourses étudiantes insuffisantes, etc.

    Pendant ce temps la presse glose pour savoir si l’on risque une « coagulation des revendications », une « convergence des luttes », une « fédération des colères » ou une « cristallisation des actions » samedi prochain pour le premier anniversaire du déclenchement des émeutes de novembre 2018. Les experts de plateaux télévisés s’échangent des sondages sur les sentiments de Mme. Michu mais toujours aussi peu d’analyse ni de pédagogie pour expliquer à ladite Mme. Michu que ce qui sera donné d’une main sera évidemment repris de l’autre.

    Et comme le président de la République a déjà plus ou moins annoncé l’enterrement de première classe du plafond de déficit des finances publiques fixé à 3% du produit intérieur brut, toutes les corporations se lèchent les babines en se préparant à mordre avec bonheur dans la dépense publique pour arracher la part la plus grosse. On dirait une volée de ménagères guettant l’ouverture des Galeries Lafayette le premier jour des soldes !

  • Haine et beufitude

    Le chroniqueur consterné fait manifestement partie d’une des mailing-list de Mme. Michu et reçoit l’email suivant dans sa boîte aux lettre déjà débordante de spams :

    « Anne Hidalgo a eu raison de fermer les voies sur berges de Seine à Paris pour éviter la pollution par les voitures !
    C’est beaucoup mieux maintenant… »

    Cette image, et surtout le commentaire qui l’accompagne, est symptomatique de la haine que déclenche la maire actuelle de Paris, Anne Hidalgo. Elle a été élue par les parisiens et l’aspect démocratique du processus électoral n’a pas été remis en cause par les oppositions qui ont perdu le combat. Le conseil municipal de majorité socialiste-écologique a décidé, notamment, de réduire la place consacrée à la voiture dans la ville et de fermer les voies sur berge ce qui déclenche l’ire des partisans de la bagnole. Evidement ce genre de changement ne se fait jamais dans la bonne humeur et l’harmonie. Chaque camp développe sa propre argumentation, le citoyen est un peu perdu, mais la décision est prise et appliqué, elle est d’ailleurs réversible si une majorité suivante en décidait ainsi.

    Le commentaire ironique de Mme. Michu sur cette photo, « C’est beaucoup mieux maintenant… », rend la mairie responsable de l’incivilité des citoyens alors qu’il s’agit principalement d’un problème de mauvaise éducation des enfants de Mme. Michu qui ont sans doute passé plus de temps à regarder le fouteballe à la télévision plutôt qu’à potasser leur éducation civique.

    La photo est ponctuelle et, évidemment, passe sous silence que les services de propreté de la municipalité, payés par les impôts locaux de Mme. Michu, ont dû nettoyer ces déchets dans les 24 heures de leur apparition comme cela est réalisé, et plutôt bien fait, après chaque évènement rassemblant des citoyens mal-élevés jetant leurs déchets un peu partout.

    Mais surtout, Anne Hidalgo est une femme (aux cheveux teints) et cela passe mal dans l’imaginaire toujours plus ou moins misogyne de l’électorat moyen, même parisien et supposé évolué. Qu’il se rassure cet électorat conservateur, il suffira de voter pour une autre majorité lors des élections municipales programmées début 2020 et il aura de nouvelles têtes pour administrer la commune de Paris. Après trois mandats socialistes à Paris, il est de toute façon temps de passer la main, mais la droite qui se tire dans les pattes est capable de perdre l’affaire encore cette fois-ci. Si elle ne parvient pas à trouver l’unité nécessaire pour emporter la mairie ce sera à désespérer mais on ne peut pas complètement exclure ce cas de figure…

  • Jugement à l’emporte-pièce dans un dîner en ville

    Entendu dans un dîner en ville :

    – Le Monde est un journal « facho »

    – Ah, mais lis-tu vraiment ce journal car si Le Monde est un journal « facho », La Cause du Peuple doit être « centre droit » alos ? Après, il y a des opinions qui sont exprimées dans ses colonnes par des intellectuels aux pensées et certitudes diverses mais la ligne éditoriale générale ne semble pas véritablement fasciste !

    – As-tu vu l’actionnariat de ce journal ?

    – Oui, ce sont à 75% des hommes d’affaires et le groupe espagnol Prisa avec un système compliqué de minorité de blocage donnée aux minoritaires, et notamment la société des rédacteurs, censée assurer leur indépendance vis-à-vis de l’actionnariat majoritaire.

    – Eh bien ces hommes d’affaires capitalistes et mondialistes font diffuser leurs idées néfastes à travers le journal. Cela ne se voit pas ponctuellement mais se révèlera pernicieux à long terme.

    – Les lecteurs n’acceptant pas de payer le vrai coût de production de leur quotidien, la presse fait maintenant appel à des capitalistes disposés à la financer. On ne peut pas complètement exclure qu’ils veuillent utiliser ces médias pour faire passer leurs idées, espérons qu’ils le font avec décence. Pour le moment, tant qu’il n’y a pas de journaux plus « fachos » que Le Monde sur le marché français, on peut sans doute estimer s’en tirer à bon compte.

  • Et on ne se refuse rien

    À la suite des meurtres de quatre fonctionnaires de police commis à la préfecture de police de Paris le 3 octobre par un terroriste religieux (lui-même tué par un autre policier) il s’est trouvé au moins une personne en France pour soutenir le meurtrier. Hadama Traoré, activiste-créateur du mouvement La Révolution Est En Marche (LREEM, à ne pas confondre avec LREM le parti actuellement majoritaire au parlement La République En Marche) a appelé à manifester le 10 octobre en faveur du meurtrier, également fonctionnaire de la préfecture de police et qui, souffrant d’un handicap de surdité partielle, aurait été discriminé au travail d’où ses crimes. Celui-ci ne serait en aucun cas un terroriste mais un travailleur discriminé.

    La manifestation a été interdite et M. Traoré placé en garde à vue. Il s’était déjà fait connaître fin 2017 pour avoir porté plainte contre le préfet de Seine-Saint-Denis à la suite de sa révocation d’un poste qu’il occupait à la mairie d’Aulnay-sous-Bois comme responsable d’antenne jeunesse à la suite d’insultes qu’il aurait proférées par divers canaux à des élus et des fonctionnaires. Début 2018 la CGT organise une manifestation pour protester contre sa révocation et publie la lettre que M. Traoré adressa au président de la République.

    Bref, la manifestation qu’il proposait d’organiser en faveur du meurtrier de la préfecture a été interdite. On ne sait pas où en est sa plainte contre le préfet.

  • La fin de vie au Café du commerce

    Entendu au sujet des difficultés croissantes de la fin de vie dans notre société vieillissante et en proie à différentes épidémies : cancer, maladies neuro-dégénératives…

    – Mme. Michu : on ne fait rien en France pour légaliser le suicide assisté, c’est pas normal !

    – Son contradicteur : comme de nombreux pays occidentaux, notre vieille démocratie réfléchit sur ce sujet intime et sensible. Un comité consultatif national d’éthique (CCNE) a été créé en 1983 et travaille sur toutes ces questions si délicates : la fin de vie, l’utilisation des nouvelles techniques liées à la biologie, les tests génétiques… Ce comité donne des avis mesurés et documentés qui aident à la réflexion des parlementaires légiférant sur les lois en la matière.

    – MM : oui mais la société française devrait autoriser le suicide assisté !

    – SC : pour le moment, le parlement élu par les citoyens, dans sa grande sagesse, n’a pas retenu cette option mais a préféré toiletter par touches progressives la loi dite « Leonetti » qui régit la fin de vie mais sans inclure l’option du suicide assisté. La société ne t’interdit pas de te suicider en te jetant sous un bus, en revanche elle estime qu’elle n’a pas à légiférer sur ce sujet. Si cela ne te plaît pas, soit tu vas t’installer dans un pays qui l’autorise, soit tu montes un parti politique pro-suicide assisté et tu cherches à emporter la majorité au parlement pour imposer tes vues.

    Nous sommes en France et le citoyen demande et s’attend à ce que l’Etat intervienne partout, même dans la mort. Les avis du CCNE sont un modèle de subtilité et de profondeur sur les sujets fondamentaux de notre société, dont la mort. Peut-être un jour recommandera-t-il le suicide assisté. Ce n’est pas le cas pour le moment et il est estimé qu’il ne faut pas bousculer la société. Dans ce domaine plus que tout autre, le simplisme de Café du Commerce n’est pas de mise. C’est une bonne chose. La loi « Leonetti » a déjà fait évoluer significativement le corpus légal mis à disposition des familles et du corps médical pour éviter l’acharnement thérapeutique. Appliqué par des gens intelligents et mesurés, elle a produit des effets favorables. Nous verrons les évolutions ultérieures, en la matière il convient de se hâter lentement.

  • Panique dans un dîner en ville : tout va mal

    Entendu dans un dîner en ville :

    – Tout va mal, les hôpitaux s’effondrent, les professeurs se suicident, qu’allons-nous devenir ?

    – N’as-tu pas l’impression de très légèrement dramatiser la situation ? Qui autour de cette table n’a jamais rencontré une difficulté pour se faire soigner, pour soi-même ou ses enfants ? Certes, nous avons tous eu à passer un jour ou l’autre 4 ou 6 heures, voire une nuit complète, dans un service d’urgence, mais est-ce un drame puisqu’à la fin nous avons été soignés ? Où est-il écrit que tout patient doit être pris en charge dans les 5 mn de son arrivée aux Urgences ?

    – Ah oui, c’est vrai mais ce n’est pas pareil, nous, nous sommes favorisés en tant que catégorie socio-professionnelle ++ et je connais quelqu’un qui m’a dit qu’il connaissait quelqu’un qui avait rencontré quelqu’un qui lui a raconté que son cousin avait été mal soigné et bla-bla-bla…

    – Certainement il y a des erreurs médicales, des médecins surchargés, des patients mal pris en charge mais on peut raisonnablement penser que l’espérance de vie de la population française augmentant, ladite population doit plutôt être globalement soignée correctement. Ensuite, la République adapte son système de santé avec l’évolution des besoins et des moyens, ce n’est jamais assez, jamais à temps, mais cela se fait. Après, si l’on veut doubler les salaires des infirmières, par exemple, il suffit de le décider et de payer en augmentant ou en optimisant les cotisations sociales ce qui posent d’autres problèmes puisque les français sont opposés à un accroissement de leurs impôts (sauf pour « les riches ») ou de leurs cotisations sociales (sauf s’il s’agit de celles du voisin). L’enceinte pour ce genre de débat s’appelle le Parlement qui arbitre entre les affectations, vote et contrôle les dépenses publiques et sociales.
    Idem pour l’enseignement, certes une professeure vient de se suicider, débordée par ses mauvaises conditions de travail. C’est un drame humain incontestable mais pour savoir si c’est un problème généralisé il faudrait à tout le moins comparer le taux de suicide de cette profession avec le taux moyen de suicide dans la population. Quel qu’en soit le résultat, il n’y a sans doute pas tout à jeter dans le système éducationnel français, il doit bien subsister quelques îlots dans l’enseignement public où l’on apprend aux enfants le minimum de savoir et de comportements et où l’on ne deal pas de la cocaïne dans la cour ?

    Comme souvent en France, les citoyens, largement épaulés par les médias et le populisme envahissants, ont tendance à généraliser tout ce qui va mal. Bien sûr, ceux qui bénéficient de situations positives n’en parlent pas car ils considèrent ceci comme une situation normale. On ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure… Les français sont réputés être les plus pessimistes en Europe ; les dîners en ville le confirment largement. Un peu de raison devrait permettre de mettre les choses en perspective et ne découragerait en rien de s’attaquer aux choses qui vont moins bien.