La réalité contre les slogans

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Juin / Charlie-Hebdo (09/11/2016)

Avec une ironie dont elle est coutumière, l’actualité percute les idéologies ! Alors qu’un énième citoyen afro-américain décède sous la violence d’un contrôle policier aux Etats-Unis, un mouvement mondial se lève et réactive le thème « Black Lives Matter ». La vidéo prise de l’évènement est impressionnante où l’on voit un policier (blanc) à genoux sur le cou d’un citoyen (noir) pendant huit minutes au terme desquelles celui-ci meure étouffé. De nombreux pays partagent cette émotion et des manifestations s’y organisent pour contester le racisme dont souffrent les populations noires, de façon plus ou moins officielle.

En France le mouvement rebondit sur ceux lancés dans l’hexagone par des activistes défendant la thèse d’une police française raciste et violence, à l’image de la police américaine. Des dirigeants d’extrême gauche en rajoutent et parlent d’une police française « barbare » qu’il faudrait « désarmer »[1]. Le plus actif est le Comité « Justice pour Adama », du nom d’un jeune homme, fuyant un contrôle de police, décédé une fois arrêté dans des conditions encore sous enquête, mais dont les soutiens ne veulent admettre qu’une seule issue, celle de la police coupable bien que le comportement d’Adama et de sa famille Traoré paraît pour le moins assez trouble.

Dans le même temps on voit en France des actes de sévère délinquance se dérouler sous les yeux des citoyens éberlués. Le 15 juin des groupes de voyous tchétchènes se sont confrontés durement et pendant plusieurs jours à Dijon à des bandes de trafiquants de drogue issus « de la diversité ». C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de mort au vu des armes disponibles et des intentions affichées par les protagonistes. Tout ce petit monde a bien entendu joyeusement paradé sur les réseaux dits « sociaux », largement relayés par les médias classiques ; les tchéchènes expliquant qu’ils sont venus venger l’un des leurs « agressé » par les dealers et que : 

« on ne touche pas à un tchétchène »

les trafiquants affichant leurs armes (mitraillettes et pistolets, a priori bien réels) et leur volonté de rendre coup sur coup. Le même jour, d’autres groupes tchéchènes menaient des rixes à Nice, sans doute liées au contrôle du marché local de la drogue. Nombre de ces délinquants tchéchènes disposent du statut de « réfugiés politiques » en France.

Et tout le monde de se demander au Café du commerce et sur les plateaux mondains : « mais que fait la police ? »

Le 4 juillet, une femme gendarme a été tuée dans le Lot-et-Garonne, écrasée à 130 km/h par le chauffard qu’elle tentait de contrôler. Le conducteur est un repris de justice, pour trafic de stupéfiant et délits routiers, qui conduisait sans permis et transportait de la cocaïne dans sa voiture. Idem le 6 août cette fois-ci avec un policier du Mans qui a été traîné par le véhicule d’un conducteur ivre à qui il tentait de confisquer ses clés. Agés de 26 ans, le prévenu avait déjà été condamné pour ivresse au volant et pour outrage et rébellion. Etc. etc.

Moins dramatique mais tout aussi significatif des tentatives de manipulation en cours, le 16 juin, durant une manifestation des personnels de santé, une première vidéo est diffusée montrant l’arrestation d’une infirmière par des policiers. Celle-ci crie et se débat, les militants anti-police s’émeuvent aussitôt du traitement qui lui est réservé. Agrippée par les policiers on l’entend distinctement crier qu’elle est diabétique et a besoin de sa Ventoline[2] et une policière de lui répondre calmement qu’elle en recevra sitôt rendue au poste de police situé à quelques mètres. Peu après d’autres vidéos sont disponibles qui montrent la même infirmière en blouse blanche, quelques minutes avant son arrestation projetant des pierres sur les forces de l’ordre et accompagnant le tout de vigoureux « doigts d’honneur » … et ne semblant pas trop souffrir alors de son asthme. Elle devrait comparaître devant un tribunal en septembre prochain. Entre temps, elle a porté plainte devant l’inspection générale de la police au sujet des conditions de son interpellation.

Si l’on compte les points, sans conteste les crimes et délits commis à l’encontre des forces de sécurité publique sont incomparablement plus nombreux et violents que ceux dont ces forces se rendent coupables contre la population. Bref, comme souvent en France, des minorités (très) agissantes se battent pour faire valoir leurs vérités, parfois au détriment des principes républicains. Des comités de soutien de ces minorités poussent comme de la génération spontanée (peut-être faudrait-il aussi favoriser l’émergence de comités de soutien en faveur des policiers agressés ou assassinés pour rétablir l’équilibre), gèrent leurs propres contradictions avec difficultés, secouent le cocotier de la démagogie, agitent les affres de leur victimisation, font croire et, sans doute, se persuadent que la France est une dictature raciste où une police politique est aux ordres d’un pouvoir fasciste dont l’objectif serait de les réduire au silence.

Cet activisme défie l’intelligence et sape les bases de la démocratie apaisée.


[1] Jean-Luc Mélanchon, député « La France insoumise ».

[2] Produit que prennent les asthmatiques lorsqu’ils ont une crise.