Catégorie : Tics verbaux

  • Tic verbal compulsif : l’adjectif disruptif

    Employé à toutes les sauces, l’adjectif disruptif fait savant quand il est employé dans les dîners en ville. A l’origine il sert à désigner un phénomène technique lié à l’électricité, sorte de court-circuit. Aujourd’hui, employé en économie ou la vie de tous les jours, il indique un changement, une rupture, dans la façon de mener un business ou de conduire sa vie. Il marque surtout le côté précieux, et même un peu anglophone, de celui qui l’emploie.

  • Fluidifions

    Le nouveau tic verbal compulsif dans le monde politico-médiatique est le verbe fluidifier. La définition du Larousse en est :

    « Faire passer un corps à l’état fluide ou en augmenter la fluidité. »

    On se souvient de la désormais légendaire sortie d’un des patrons du syndicat patronal MEDEF, Denis Gautier-Sauvagnac, pour justifier un détournement de fonds de quelques dizaines de millions d’euros de la caisse du syndicat : il s’agissait de « fluidifier le dialogue social » ! En clair, de distribuer des enveloppes en liquide à des syndicats ouvriers pour emporter leurs accords dans des négociations diverses. C’est ce que l’on appelle de la corruption.

    Aujourd’hui le terme est repris à tout va : on « fluidifie » le marché du travail, le travail parlementaire, l’administration… et tutti quanti. Même au sein de l’entreprise il faut « fluidifier » les processus, les procédures etc.

    En fait c’est le nouveau terme pour désigner le démantèlement raisonné des règles qui nuisent à la créativité. Le bloc solide des lois et procédures doit être ramolli et amené tranquillement à l’état fluide.

  • Le parti de la famille

    On ne dit plus en France un parti politique mais on parle de la famille politique. On ne sait pas bien ce qui a déclenché cette évolution des éléments de langage, sans doute le rejet des partis devant leur absence de résultat. Peut-être aussi parce que les partis traditionnels sont devenus de véritables auberges espagnoles où l’on essaye de faire cohabiter des courants irréconciliables sous l’apparence du rassemblement et d’une vision commune. A défaut de chefs capables d’imposer le silence dans les rangs, ces partis se sont divisés au point d’en être inefficaces, plus préoccupés de querelles d’égos que d’intérêt général.

    Alors pour cacher cette misère on rebaptise les partis en familles pour y donner un côté sympathique et ouvert à la discussion interne. Le problème est que cette notion de famille fait aussi sérieusement penser à la mafia, ses familles et ses parrains…

  • Tic verbal compulsif : la dynamique

    Créer la dynamique devient un tic verbal compulsif autant dans le monde des business plans en entreprise que dans les cénacles politico-médiatiques. Les publicitaires qui ont envahi les entourages de nos dirigeants ne placent pas deux phrases fumeuses sans y intercaler la dynamique, et les journalistes qui n’ont pas le temps de lire les programmes politiques compensent leurs faibles connaissances en plaçant de la dynamique à tous les étages.

    Le dictionnaire Larousse définit le mot ainsi :

    Ensemble de forces qui entraînent, provoquent un mouvement, une évolution à l’intérieur d’une structure en développement : La dynamique révolutionnaire.

    Les pubards employant ce terme veulent laisser entendre que le candidat qui les rémunère a suffisamment d’idées ou de charisme pour auto-déclencher un cercle vertueux vers plus de bonheur et d’efficacité. Les mêmes nous expliquait il y a trente ans qu’un baril d’Omo valait mieux que deux barils d’une lessive lambda… Bref, créer une dynamique pour un politicard revient à mieux se placer en tête de gondole, à grand frais payés aux agences de publicité.

  • Tic verbal compulsif : la séquence

    Le terme séquence est de plus en plus employé par la classe médiatique et de façon souvent inappropriée pour désigner un moment politique comme « la séquence des élections primaires », et non une suite d’évènements comme il se devrait. Cette mode verbale qui sévit depuis plusieurs mois déjà cause bien entendu moins de dégâts sémantiques que le très envahissant « on va dire » dont l’épidémie ne faiblit pas, mais il convient néanmoins de surveiller la prolifération de ce nouveau tic verbal.

    Définition du Larousse : nom féminin (bas latin sequentia, succession, du latin sequi, suivre)

    Suite ordonnée d’opérations, de phases, d’éléments, etc.

    Suite d’unités linguistiques ordonnées conventionnellement.

    Dans une installation automatique, suite d’opérations indépendantes se succédant dans un ordre préétabli.

    Suite de plans formant un tout du point de vue de la construction du film.

    Succession d’images constituant une sorte de narration. (Ce genre est pratiqué par certains artistes conceptuels et certains photographes, tel Duane Michals.)

    Succession chronologique typique, concernant les roches d’une formation géologique, les minéraux d’une roche, ou les différentes phases d’un même phénomène géologique.

    Réunion d’au moins trois cartes de même couleur et qui se suivent sans interruption

  • Stigmatisons les tics verbaux compulsifs

    « Stigmatiser » est le verbe à la mode employé à tort et à travers dans un environnement où tout le monde aime à se plaindre de tout et surtout désigner l’autre comme le responsable de ses malheurs. Alors on aime à évoquer la stigmatisation des jeunes, des musulmans, des réfugiés, de la gauche, de la droite, etc…

    Le dictionnaire Larousse définit le terme comme :

    Dénoncer, critiquer publiquement quelqu’un ou un acte que l’on juge moralement condamnable ou répréhensible : Stigmatiser les responsables de la mauvaise gestion économique.

    Les politiques et les intellectuelles s’accusent à tout bout de champ les uns les autres de stigmatiser les autres et les uns. Comme l’analyse et la réflexion sont devenus des concepts sortant peu à peu du champ médiatique, dès qu’un projet de réforme (ou de réformette) est mis sur la table ceux qui n’en sont pas à l’origine l’accuse de stigmatiser. Tout changement se faisant forcément au détriment des avantages acquis de certains, l’accusation de stigmatisation peut être sortie du chapeau à tout moment, et on ne s’en prive pas.

  • Tics verbaux

    On ne dit pas : «  l’armée française a tué x terroristes religieux au Mali » mais plutôt « l’armée française a neutralisé x terroristes religieux au Mali ». Cette faux-jettonerie sémantique laisse subsister l’éventualité, improbable, qu’il puisse rester quelques survivants chez les extrémistes et que les militaires français aient pu faire des prisonniers à traduire en justice. On aime parler de guerre, il est plus difficile de parler des morts qui en résultent.

  • Tics verbaux dans l’armée

    Depuis la généralisation des interventions armées aériennes occidentales ou onusiennes au Moyen-Orient on parle moins de bombardements que de « frappes ». Cette subtilité sémantique est destinée à être moins effrayante sur l’acte lui-même qui consiste, quelle que soit son appellation, à balancer une ou des bombes depuis un avion sur des cibles humaines et matérielles comme le rappelle Wikipedia :

    Le bombardement (mot dérivé de bombarde) est une opération consistant à attaquer un objectif à l’aide d’éléments d’artillerie, qu’il s’agisse de boulets ou de toute variété de bombe.

    Les bombardements ont généralement pour objectif la destruction des défenses ou des ressources de l’adversaire, ayant un intérêt stratégique, tactique ou psychologique. Ils peuvent être terrestres (bombardement d’artillerie), maritimes (bombardement côtier) ou aériens (lâcher de bombes par des avions).

    Appelons les choses par leur nom : un bombardement est un bombardement ! La frappe devrait être réservée à la monnaie, à la machine à écrire ou aux joues des enfants mal élevés.

  • En lutte contre les tics verbaux compulsifs

    En parallèle à l’envahissant « on va dire » on déplore l’utilisation compulsive des termes « voilà » et « instrumentaliser ».

    Le premier ponctue les phrases de ceux qui ne savent pas comment les poursuivre ou les terminer, alors lorsque l’on cherche un mot que l’on ne trouve pas on le remplace par « voilà ».

    Le verbe « instrumentaliser » est utilisé à tort et à travers et donne un aspect un peu techno au vocabulaire. C’est mieux de dire instrumentaliser qu’utiliser, alors on s’en donne à cœur joie.

  • « On va dire » : stop aux tics verbaux compulsifs

    L’envahissement du tic verbal compulsif consistant à commencer toutes ses phrases par « on va dire… » atteint des proportions alarmantes, non seulement les plateaux télévisés, les interviews de fouteballeurs, mais aussi les élus, Mme. Michu chez le boucher, etc. etc. Une population de 65 millions de français atteinte par le syndrome de la répétition d’une mode verbale sans queue ni tête.

    Il faut stopper la viralité de ce trouble compulsif et arrêter de le répéter comme un réflexe ! En lutte contre le « on va dire… ».

  • Et voilà…

    Un nouveau tic verbal envahit les ondes et les conversations. Il consiste à placer un « voilà » dès que le manque d’inspiration empêche de terminer une phrase. Une variante est le « voilà, quoi » utilisé dans le même contexte. Comme le manque d’inspiration est la caractéristique d’une portion importante des conversations et débats entendus sur les ondes le « voilà » devient un élément de langage majeur du discours d’aujourd’hui.

  • Ecosystème pour les gogos

    Avez-vous remarqué ce nouveau tic verbal qui envahit les phrases des économistes parlant à tout bout de champ d’écosystème pour qualifier un environnement économique ou un autre. A l’origine ce terme écosystème désigne un ensemble avec des êtres vivants et leur environnement écologique. Par une sorte d’escroquerie intellectuelle, les économistes mondains et les journalistes suffisants tentent d’embobiner le gogo en lui faisant croire que le monde de l’entreprise se transforme en paradis écologique, c’est à la mode de mettre de l’écolo dans toute chose, alors pourquoi pas dans l’économie ?

  • Le choc des mots !

    Avez-vous remarqué le nouveau mot à la mode chez les économistes mondains : « choc » ! Ils ne parlent plus dans leurs salons que de choc de compétitivité, choc fiscal, choc budgétaire, etc.

  • Quelle énergie !

    L’agité du bocal qui nous préside confirme qu’il est candidat pour de nouveau s’agiter durant 5 ans à la présidence de la République. Il rentre dans l’arène avec un sourire carnassier et un plaisir non dissimulé.

    Les journalistes adorent ça et rivalisent d’analyses pour ne rien dire. Au milieu des tics verbaux habituels : la séquence, le clivage, la cristallisation, le marqueur ; on entend un tic de première catégorie avec un sondeur qui parle « du candidat dans sa verticalité » (c’est vrai qu’on avait déjà eu « la latéralisation politique ») ! C’est un nouveau concept que nous n’avions encore jamais approché. Tout ceci fleure bien la masturbation intellectuelle, la ventilation de gogos, le je-m’écoute-parler-parce-que-c’est-trop-bon, l’autosatisfaction mondaine, l’autoallumage du microcosme parisien-rive-gauche, bref, un immense vertige nous saisit devant ce grand vide.

    Le candidat dans sa verticalité réaffirme son engagement de parler au peuple, il a son compte Facebook avec 500 000 amis, son compte Twitter avec 77 000 suiveurs, un site internet tout à sa gloire et il va faire des référendums pour contourner les parlementaires qui s’opposent et les syndicats qui sabotent.

    Cela étant dit, quel énergie ce bonhomme !

  • Le terme approprié pour des comportements nauséabonds

    Libération narre qu’un député britannique a été filmé début décembre dans un restaurant où s’était déroulée une soirée nazie. L’AFP a visionné le film et découvert parmi les convives un député britannique assis à coté d’un homme habillé en uniforme nazi. Une photo montre le nazi d’opérette faire le salut hitlérien devant l’entrée du restaurant, avec un brassard sur lequel figure une croix gammée.

    M. Burley, le député, vient de faire part sur son compte twitter « de son profond regret de ce qui s’était passé » et a reconnu que le « comportement de ses invités était clairement inapproprié », ont relayé les médias britanniques.

    Avez-vous remarqué comme le mot « inapproprié » est devenu le terme politiquement correct pour qualifier les comportements scandaleux des puissants. La célèbre fellation de Clinton par Monica dans le bureau ovale de la Maison blanche était inappropriée ; le p’tit coup tiré vite fait par DSK avant d’aller déjeuner avec sa fille était inapproprié ; et maintenant la participation d’un député de la Couronne à des agapes nazillonnes est inappropriée. C’est le moins que l’on puisse dire. Il y d’autre adjectif du dictionnaire français qui semblerait beaucoup plus appropriés comme obscène, irresponsable, répugnant, salace, maladif, à-faire-enfermer-d’urgence, à-révoquer-de-toute-fonction-publique-et-élective, bref, dire la réalité.

  • Sémantique et politique (suite)

    On passe aujourd’hui de l’acte inapproprié à l’erreur passagère de jugement dans la bouche des avocats de DSK pour qualifier le-petit-coup-tiré-vite-fait-avec-une-soubrette-avant-d’aller-déjeuner-avec-sa-fille.

  • Sémantique et politique

    Le gouvernement français se résout à annoncer un ersatz de début du commencement de plan de rigueur. D’ailleurs on ne dit pas un plan de rigueur mais un plan anti-déficit ; comme on ne dit pas un petit-coup-tiré-vite-fait-avec-une-soubrette-avant-d’aller-déjeuner-avec-sa-fille mais une erreur passagère de jugement.

    C’est aussitôt le bal des pleureuses et le défilé des faux-jetons qui se lamentent sur l’augmentation des taxes sur les boissons sucrées qui va pénaliser les populations défavorisées. L’industrie des boissons gazeuses est sur les dents.

  • Baroin le baby Chirac

    Il est gentil le petit Baroin, propret et jeunot, mais déjà délivrant une langue de bois en chêne massif. Les marchés d’actions dévissent, les taux d’intérêt des prêts aux pays Clubmed augmentent, alors très doctement il leur parle de la zone euro avec des mots savants et vides de sens qui impressionnent Madame Michu : gouvernance, souplesse, respectabilité, durabilité, soutenabilité, et bla-bla-bla, et bla-bla-bla.

    Eh bien figurez-vous que Messieurs les marchés semblent avoir des doutes et ne pas croire aux engagements de Baby-Baroin ! Incroyable, insoutenable. Nous allons même vous faire une confidence, il semble que ramener le déficit de la République à 3% en 2013 soit un vœu pieux qui relève de l’escroquerie intellectuelle.

    Avez-vous remarqué ce nouveau terme de soutenabilité tout juste sorti du vocabulaire mondain de l’establishment européen pour qualifier le nouveau plan de soutien financier à la Grèce ? Il succède au désormais célèbre événement de crédit qui veut dire faillite en français populo. Avec Baby-Baroin c’est le nouveau concept de la pipeautabilité qui fait une apparition en fanfare.

  • L’évolution du TOC

    Avez-vous noté de nouveau tic verbal qui envahit les écrans et les conversations ? Après le « On va dire… », on a maintenant le « Allez ! [silence] On va dire… »  qui se diffuse tel un virus informatique.

  • Un peuple de bavards

    Avez-vous remarqué le nouveau tic verbal qui envahit les conversations avec ce « on va dire… » ? Il succède au « je vais te dire… » des années 80 et au « tu vois c’que j’veux dire… » des années 90.

    Un peuple guidé depuis tant de temps par les déclinaisons du verbe dire est un peuple de bavards, pour le moins.