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  • Le multilatéralisme à la dérive, l’Occident face à ses contradictions !

    Le multilatéralisme à la dérive, l’Occident face à ses contradictions !

    Depuis 2014 les alliés de l’Ukraine se basent officiellement sur la violation du droit international pour condamner la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine commencée par l’annexion de la Crimée et poursuivie en février 2022 par l’invasion décidée par Moscou, réchauffant ce conflit qui est toujours en cours et ne semble pas en voie de règlement. L’annexion en 2022 par la Russie de quatre nouvelles régions ukrainiennes dans le Donbass, à la frontière entre les deux pays a été une nouvelle atteinte au concept de l’intangibilité des frontières reconnues par les Nations Unies. Celui-ci peut toutefois être remis en cause si les parties concernées y ont convenance comme ce fut le cas en 2011 avec la partition du Soudan en deux Etats distincts. Ou comme cela aurait pu se produire si la Nouvelle Calédonie avait voté « oui » au référendum d’indépendance qui lui avait été proposé par la France.

    Vu de l’Ouest il ne fait pas de doute qu’au regard du « droit international », les frontières d’un Etat souverain, l’Ukraine, ont été violées par l’agression d’un autre Etat, la Russie, qui, de plus, a annexé les régions du Donbass, modifiant sa constitution pour les accueillir. Mais vu de Moscou, l’histoire est bien différente et la Russie se dit agressée par « l’Occident décadent » et les « nazis-drogués » ukrainiens. Durant la guerre froide l’Occident et l’URSS se mettaient à peu près d’accord sur quelques grands principes pour imposer leurs vues à leurs affidés, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui où cela tire à hue et à dia dans les enceintes internationales où chacun veut sa part de pouvoir. Le multilatéralisme qui a fait ses preuves est remis en cause par ceux qui en ont été les perdants pendant la deuxième moitié du XXème siècle. Progressivement le corpus de règles qui constituait le droit international et faisait l‘objet d’un consensus au sein de l’organisation des Nations Unies et de ses agences annexes est en train de s’effondrer. Ce n’est même plus la question d’une interprétation différente des règles comme au temps de la guerre froide, c’est la nature même de celles-ci qui est désormais contestée par les pays non-occidentaux, que l’on appelle désormais le « Sud global ».

    Pas toujours très habile, l’Occident est pris à son propre piège pour avoir lui-même agit en contradiction avec le droit international. Pour ne reprendre que ces dernières années, l’action la plus notable fut celle menée en 2003 par une coalition menée par les Etats-Unis pour envahir l’Irak soupçonnée de détenir des armes de destruction massive. Cette invasion a été menée sans l’aval de l’ONU (la France avait mis son veto au conseil de sécurité statuant sur l’opportunité de cette intervention) et s’est terminée dix ans plus tard en désastre pour toutes les parties impliquées et bien au-delà si l’on prend en compte le chaos créé au Moyen-Orient dont le monde n’est toujours pas sorti.

    Les bombardements menés en 1999 contre la Serbie par l’OTAN durant presque deux mois pour mettre fin aux agissements serbes dans la guerre du Kosovo ont également été initiés sans aval de la communauté internationale et la création de l’Etat kosovar qui suivit s’est faite contre la volonté de la Serbie et de ses soutiens, dont la Russie (cet Etat n’est d’ailleurs toujours pas reconnu par l’ONU). L’Occident qualifiait « d’exactions contraire au droit de la guerre » la répression menée par les Serbes contre les Kosovars que le camp slave ex-soviétique appréciait comme du maintien de l’ordre nécessaire à la défense légitime du territoire serbe…

    Plus ancien mais tout aussi récurrent, la non-application des résolutions successives de l’ONU dans le conflit israélo-palestinien depuis 1947 et la colonisation continue réalisée par Israël en contradiction avec le droit international montre que, aujourd’hui, chacun voit celui-ci à l’aune de ses convictions et de ses intérêts.

    C’est la vie nous dira-t-on et dans ce chaos il faut choisir son camp. On peut concevoir que les pays occidentaux préfèrent le non-respect du droit international avec les Etats-Unis ou Israël plutôt qu’avec Moscou ou Belgrade. Leur position serait bien sûr mieux défendable si les dérives précitées n’avaient pas eu lieu et si les résolutions de l’ONU concernant le Proche-Orient étaient appliquées comme elles ont été votées par la communauté internationale. Ce n’est pas le cas et chaque partie, Occident comme Sud-global, défend ses raisons de ne pas respecter le « droit international » ou de l’interpréter à sa façon. Chacun est persuadé d’avoir raison et personne ne convainc personne, des règles communes sont de moins en moins reconnues ni respectées. Pour autant que l’on puisse en juger, les citoyens vivant dans les pays occidentaux plutôt d’orientation libérale (au sens « liberté » du terme) ne semblent pas forcément envier le sort des citoyens vivant dans les pays autoritaires du Sud-global et, si l’on se base sur les courants migratoires et les flux d’investissements qui traversent la planète, l’Occident démocratique et son interprétation de l’Etat de droit restent encore attractifs pour le moment.

    D’ailleurs, nombre des dirigeants et oligarques de ces Etats autoritaires envoient leurs enfants faire leurs études en Occident, de la Russie au Sénégal, de l’Algérie à la Chine, les universités occidentales (surtout anglo-saxonnes d’ailleurs) sont pleines des rejetons de leur nomenklatura et les quartiers chics des capitales et des rivieras de l’Ouest sont massivement investies par les fortunes amassées plus ou moins légalement par les oligarques du Sud-global, comme les clubs de fouteballe européens. On a appris que même le dictateur nord-coréen actuel, Kim Jong-un, et sa sœur Kim Yo-jong, ont fait leurs études en Suisse. Ainsi, pendant que leur père lançait le programme nucléaire nord-coréen pour se défendre contre l’Occident, ses deux rejetons étudiaient calmement au cœur de l’Europe et à la succession de son père, Kim Jong-un a finalisé ledit programme.

    La question est de savoir pourquoi un oligarque russe préfère investir dans une villa clinquante à Saint-Jean Cap-Ferrat plutôt que sur les bords de la mer Noire mais on dirait que l’herbe est encore un peu plus verte dans la vieille Europe que dans les empires asiatiques autoritaires.

  • « Klimt & the Kiss » d’Ali Ray

    « Klimt & the Kiss » d’Ali Ray

    La sympathique compagnie Seventh Art Productions continue à produire des « expositions au cinéma », aujourd’hui un film consacré au célèbre « Baiser » du peintre autrichien Klimt (1862-1918). Centré sur ce tableau, l’exposition revient également sur les immenses talents de portraitistes de Klimt commentés par des historiens de l’art et spécialistes de cette époque qui nous apprennent les techniques novatrices de l’artiste mêlant les métaux à la peinture pour donner ces ensembles flamboyants au service, le plus souvent, du corps humain et de celui des femmes qui ont traversé sa vie, dont Emilie Flöge dont on suppose que leur relation fut essentiellement platonique et artistique. Par contre, on apprend qu’une quinzaine de demandes de reconnaissance en paternité venant de différents modèles passées par son atelier émergèrent après sa mort…

    L’artiste est aussi l’auteur de décors, souvent gigantesques, comme la célèbre Frise Beethoven présentée en 1902 et se référant à l’Ode à la joie du musicien (IXème symphonie). Celle-ci, peinte directement sur les murs au Palais de la Sécession, regroupement artistique monté par Klimt qui a pour objet de mettre un coup de pied dans la fourmilière du classicisme de l’art viennois. La Frise Beethoven fait parler d’elle lorsqu’elle est dévoilée, de part son modernisme et sa crudité. Elle représente l’aspiration au bonheur de l’humanité souffrante et se termine par l’union de deux amants, debout, vus de dos.

    Le Baiser donne lieu aussi à de multiples interprétations : tendresse exprimée par les visages, ou violence faite à l’amante, serrée au cou par une main de l’homme d’où, peut-être, la crispation de sa propre main sur celle de son amant, présence du vide insondable derrière la femme dont les pieds débordent sur l’abîme, masculinité symbolisée par les rectangles blancs et noirs sur le vêtement de l’amant quand celui de la femme est tacheté de fleurs, tous deux agenouillés aussi sur un tapis de fleur au bord du vide…

    C’est une passionnante analyse des tréfonds de ce tableau et d’hypothèses sur l’inspiration mystérieuse de son auteur qui se termine par le constat un peu amer de l’un des historiens sur le fait que Klimt est plutôt passé à la postérité pour le kitch de son œuvre alors qu’il fut un artiste complet et révolutionnaire.

  • « L’Enlèvement » de Marco Bellocchio

    « L’Enlèvement » de Marco Bellocchio

    C’est le film choc du cinéaste italien Marco Bellocchio (né en 1939) qui passe en revue, depuis le début de sa longue carrière, certains des traumatismes vécus par son pays. Il s’en prend cette fois-ci au Vatican en revenant sur l’histoire vraie de « l’affaire Mortara » apparue à la fin des années 1850. Un enfant juif d’une famille bourgeoise de Bologne est enlevé par l’Eglise catholique car il aurait été baptisé secrètement par la jeune fille qui le gardait et le croyait à l’article de la mort. Le gamin est amené à Rome et placé dans une institution pour jeunes juifs « convertis » qui sont élevés dans la dureté de l’enseignement catholique à l’époque et la froideur de prêtres dogmatiques. Mais l’embrigadement fonctionne et, malgré le combat des parents et de la communauté juive pour extraire le jeune Edgardo des griffes du Vatican, il va continuer dans la voie catholique et même devenir prêtre, jusqu’à vouloir convertir sa propre mère sur son lit de mort.

    L’histoire vraie a peut-être été un peu romancée pour rentrer dans le format du film mais qu’importe, on sait l’Eglise catholique capable de ce dont elle est accusée par Bellocchio. C’est le pape Pie IX qui est aux commandes à l’époque du Vatican et des « Etats pontificaux ». Il est présenté dans le film comme un dirigeant aveuglé par le dogme et « l’infaillibilité pontificale », le teint gris, sûr de son idéologie mais voyant son pouvoir divin décliner, prêt à se battre pour le maintenir quoi qu’il en coûte.

    Le film est intéressant en ce qu’il revient sur les errements des religions, capables d’enlever des enfants, oubliant toute humanité, pour les soumettre à leur volonté dominatrice. Cet évènement que l’on croirait d’un autre âge, mais ce n’était finalement qu’en 1858, fait tristement écho aux déportations actuelles d’enfants ukrainiens dont sont accusées les forces russes qui occupent une partie de l’est de l’Ukraine. Ces crimes sont relativement bien documentés et valent une inculpation devant la Cour pénale internationale (CPI) du président russe et de sa commissaire « aux droits de l’enfant », qui aurait d’ailleurs adopté l’un d’entre eux.

    Pre-Trial Chamber II considered, based on the Prosecution’s applications of 22 February 2023, that there are reasonable grounds to believe that each suspect bears responsibility for the war crime of unlawful deportation of population and that of unlawful transfer of population from occupied areas of Ukraine to the Russian Federation, in prejudice of Ukrainian children.

    https://www.icc-cpi.int/news/situation-ukraine-icc-judges-issue-arrest-warrants-against-vladimir-vladimirovich-putin-and

    La Russie s’enorgueillit d’ailleurs officiellement d’avoir procédé à une « évacuation sanitaire » de ces milliers d’enfants pour les sauver. C’est une vieille histoire, des jeunesses hitlériennes (Hitlerjungend) aux jeunesses staliniennes (Komsomol) en passant par les actions du maréchal Pétain pour embrigader la jeunesse française après la défaite de 1940, la Russie d’aujourd’hui ne fait que perpétrer la volonté des dictatures de manipuler les cerveaux de ses enfants.

    Le plus déplorable dans « l’affaire Mortara » narrée par Bellocchio est que l’église catholique se soit rendue coupable d’un tel embrigadement à une époque finalement pas si éloignée d’aujourd’hui. Outre cette défaite morale, le film montre aussi la fin d’un Vatican exerçant un pouvoir temporel sur ses « Etats pontificaux » face aux insurgés italiens républicains. C’est en 1870 que Rome est envahie et rattachée au royaume d’Italie. Depuis, le Vatican se contente de son micro-Etat autour de Saint-Pierre et d’un pouvoir uniquement intemporel. On sait depuis que l’Eglise catholique a eu à déplorer dans ses rangs d’autres méfaits contre les enfants. Les papes successeurs de Pie IX n’ont pas toujours été à la hauteur face à ces crimes. C’est un peu le problème avec le pouvoir « intemporel », on n’est responsable de ses actes que devant Dieu.

    Ce film est aussi celui du crépuscule de l’institution catholique.

  • « Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 » au Musée de l’histoire de l’immigration

    « Immigrations est et sud-est asiatiques depuis 1860 » au Musée de l’histoire de l’immigration

    Le Palais de la Porte Dorée retrace, rapidement, l’histoire des migrations est-asiatiques vers la France à travers deux salles. La première relate l’histoire de ces flux depuis 1860 jusqu’à nos jours : colonisation/décolonisation, guerres, communisme, dictatures. La seconde permet de revenir sur quelques faits divers qui ont touché la communauté asiatique en France dans les années 1990-2000, notamment la mort violente d’un des leurs lors d’une « bavure policière ». Ces évènements avaient déclenché à l’époque des manifestations de la communauté asiatique réclamant le droit de pouvoir vivre en paix en France sans être l’objet de discriminations racistes. Une petite dizaine d’écrans diffusent des interviews de citoyens d’origine asiatique parlant de leurs propres expériences en France, présentées comme plutôt bénéfiques d’ailleurs.

    L’exposition insiste sur les « stéréotypes » qui collent à la diaspora asiatique, positifs comme négatifs. L’épisode de la pandémie du Covid19 a aussi marqué la communauté, les « Chinois » étant parfois qualifiés de virus lors de cette pandémie qui a démarré en Chine. Mais globalement, ces stéréotypes sont généralement plutôt favorables ; on parle d’une bonne intégration, des succès scolaires des enfants, d’un ascenseur social qui fonctionne encore, alors faut-il vraiment s’ingénier à voir des problèmes migratoires là où il y en a finalement peu pour le moment ?

    On voit d’ailleurs dans les étages supérieures l’exposition « J’ai une famille » proposant aux visiteurs les œuvres contemporaines de dix artistes d’origine chinoise installés en France, dont celles de Yan Pei-Ming :

    Yan Pei-Ming (sa mère)

    Figure 1 – Yan Pei-Ming (sa mère)

    D’autres installations sont un peu plus obscures mais le thème général de la famille évoque celle que ces artistes ont constituée en France, poussés vers l’exil par des convictions et des talents communs.

    Transexpérience : un mot qui résume de manière vivante et profonde les expériences complexes que l’on vit quand on quitte son pays natal et que l’on va de pays en pays.

    Chen Zen
  • Annie Ernaux se voit refuser son visa pour l’Algérie

    Annie Ernaux se voit refuser son visa pour l’Algérie

    On ne peut s’empêcher de (légèrement) sourire lorsqu’on apprend qu’Annie Ernaux (83 ans), prix Nobel de littérature 2022, s’est vu refuser son visa pour l’Algérie où elle devait se rendre pour assister au Salon international du livre d’Alger. Ce refus n’est pas motivé par les autorités algériennes mais certaines mauvaises langues évoquent une tribune signée il y a quelques mois par l’auteure réclamant la libération d’un journaliste algérien emprisonné par le régime. De sensibilité plutôt « progressiste » elle est habituée des tribunes et pétitions prônant le combat social, le féminisme, la lutte des classes ou le refus de la politique sanitaire française durant la pandémie du Covid19. Elle est bien entendu concernée par le traumatisme « décolonial » des anciennes colonies françaises et il est savoureux que ce soit la première d’entre elle qui lui refuse l’accès à son territoire…

    Eh oui, il existe des pays qui peuvent priver de visa des intellectuels occidentaux qui ont, même ponctuellement, pris des positions contraires à ce qu’ils estiment être leurs intérêts. Ces pays sont généralement aujourd’hui dans le « Sud global » mais les plus anciens se souviennent qu’il fut un temps, pas si lointain dans les années 1970, où, pour obtenir un visa d’entrée aux Etats-Unis d’Amérique il fallait certifier n’être pas communiste. Georges Marchais (1920-1997), ex-chef du Parti communiste français (PCF) se faisait d’ailleurs une joie de préciser à tout bout de champ qu’il pouvait librement entrer en Union soviétique mais était interdit de voyage aux Etats-Unis, marquant ainsi le vent de liberté qui soufflait sur Moscou quand Washington était l’hydre capitaliste.

    Aujourd’hui Mme. Ernaux n’ira pas en Algérie où le gouvernement ne veut pas l’y voir. Alger a décidé qu’il pouvait choisir qui pouvait entrer ou pas sur son territoire. C’est ce qu’on appelle la souveraineté nationale, exercée pour de bonnes ou de mauvaises raisons, chacun en jugera. Mme. Ernaux n’a pas communiqué sur le sujet.

  • A l’Hôtel de la Marine

    A l’Hôtel de la Marine

    Construit en 1748 sur la Place Louis XV, qui deviendra plus tard la Place de la Concorde, le futur Hôtel de la Marine est un bâtiment dédié au Garde-Meuble royal, organisme chargé de l’achat et de l’entretien du mobilier du roi. Il est ensuite le siège du ministère de la Marine pendant plus de 200 ans (la Kriegsmarine l’a même investit durant l’occupation allemande de la seconde guerre mondiale). Après le départ de son dernier occupant en 2015, le premier étage de l’hôtel a été magnifiquement rénové dans l’état où il était lorsqu’il avait la fonction de garde-meuble royal. C’est cette partie qui est ouverte à la visite avec un audio-guide légèrement infantilisant qui recrée des dialogues entre les personnages de l’époque au fur et à mesure du cheminement dans les pièces pour expliquer la destination de celles-ci : bureau, chambre, antichambre, salle-à-manger, etc.

    Tout n’est que dorures, lustres, boiseries et meubles précieux. Toute la magnificence de l’artisanat du XVIIIème siècle s’exprime face au majestueux spectacle de la place de la Concorde avec l’assemblée nationale comme horizon. On imagine que les maris du ministère de la marine qui étaient encore présents dans le bâtiment il y a dix ans devaient s’en disputer les bureaux La pièce d’angle place de la Concorde / rue Saint-Florentin, avec vue en enfilade sur la rue de Rivoli, était sans doute affectée à l’amiral tant son exposition est superbe.

    Un magnifique bâtiment historique !

  • « La Comédie Humaine » de Koji Fukuda

    « La Comédie Humaine » de Koji Fukuda

    Ce film du réalisateur japonais Koji Fukuda date de 2008. Il est composé de trois histoires entremêlées où l’on retrouve le tragique et le comique dans lesquelles tombent le plus souvent les relations humaines. On suit les parcours de jeunes hommes et femmes engagés parfois dans des situations burlesques : deux femmes se rencontrent et échangent sur les choses de l’amour autour d’un spectacle de danse contemporaine, une photographe attend désespérément des visiteurs dans la galerie où elle expose ses photographies, un couple dont la femme est enceinte affronte le sujet de l’infidélité et le mari au bras droit amputé par suite d’un accident se trouve confronté au syndrome du « membre fantôme ».

    Les acteurs passent d’une histoire à l’autre, on apprend dans le troisième sketch que le couple recomposé du premier est mort dans des conditions violentes, on retrouve au mariage des amis de la photographe de la deuxième histoire les actrices de la première, etc. Le réalisateur explique s’être inspiré de la Comédie humaine de Balzac et de sa capacité à observer la société des humains à travers les yeux de personnages évoluant dans leur époque. Le long métrage se regarde comme on lit Balzac, c’est social et… un peu long.

  • KAFKA Franz, ‘ Le procès’;

    KAFKA Franz, ‘ Le procès’;

    Sortie : 1925, Chez : Editions Gallimard (1957)

    Ce roman de Kafka (1883-1924) est sorti après sa mort et n’était pas totalement achevé. Comme nombre d’autres de ses livres, l’auteur ne voulait sans doute pas le publier. Il avait demandé à son ami Max Brod de brûler tous ses manuscrits après son décès, volonté qui ne fut pas exécutée.

    Ce roman narre un procès initié contre « Joseph K… » par une bureaucratie totalitaire et absurde. L’accusé ne sait pas de quoi il est accusé. L’instruction de son cas et son procès sont menés par une justice parallèle implantée dans les combles d’un immeuble où il croise des personnages improbables avant de trouver la salle d’audience. Sur les conseils de son oncle il engage un avocat malade, le recevant au fond de son lit et dont il séduit l’infirmière qui fait ainsi concurrence à Mlle. Bürstner qui est logée par la même logeuse que Joseph K qui a des vues sur elle.

    Son avocat n’avance pas sur son dossier dont on il ignore tous les éléments sinon que K est coupable. Celui-ci est harcelé chez lui par une espèce de police politique. Ses errements dans le tribunal déserté et dans une cathédrale qu’il fait visitera un client italien de la banque qui l’emploie lui font rencontrer des personnages burlesques qui l’édifient sur son cas « désespéré ». Il est finalement exécuté.

    Ecrit en 1914, différentes interprétations ont été portées sur ce livre qui pourrait être un pamphlet contre la bureaucratie, un peu à la manière de « 1984 » d’Orwell, ou une anticipation de la situation des juifs (Kafka est de confession juive et écrit en allemand, sa langue maternelle) au XXème siècle, se demandant pourquoi ils sont persécutés sous couvert de la loi dont ils ignorent les éléments. Ils ne savent de quoi ils sont coupables mais ils le sont et ils doivent expier…

    Le personnage de Kafka se débat seul face à l’absurdité des choses sans trop comprendre ce qui lui arrive, broyé qu’il est par un système supérieur dont il ignore qui tire les ficelles. Une situation « kafkaïenne » qui est la marque de l’auteur tchèque qui, très peu publié de son vivant, aurait pu rester dans l’anonymat si son exécuteur testamentaire avait effectivement détruit ses manuscrits comme son mandataire le lui demanda. Max Brod a donc reconstitué l’ordonnancement des chapitres tel qu’il se souvenait en avoir parlé avec son ami, apporté quelques corrections à la marge. L’édition Gallimard 1957 publie à la fin du roman les chapitres qualifiés « d’inachevés » ainsi que les paragraphes rayés par l’auteur. A la vérité, on ne voit pas toujours en quoi ces lignes sont « inachevées » et on se dit qu’elles n’auraient pas forcément dépareillé si elles avaient finalement été retenues dans « Le Procès ».

  • Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra – 2023/10/26 – Paris la Seine Musicale

    Brian Eno and The Baltic Sea Orchestra – 2023/10/26 – Paris la Seine Musicale

    Brian Eno, musicien britannique né dans le Suffolk en 1948, magicien du son et inspirateur plus que musicien, se produit ce soir à la « Seine Musicale » de Paris avec le Baltic Sea Orchestra. Une soirée apaisée et méditative, emportée par des compositions mystiques et intergalactiques.

    Après des études de Beaux-Arts, Eno avait pourtant commencé sa carrière dans les excès et les fanfreluches du pur glam-rock où il tenait le poste de claviériste-bricoleur du groupe Roxy Music, créé par Bryan Ferry, qu’il rejoint au début des années 1970 pour le quitter deux années plus tard. Il emprunte alors une route plus innovante en inventant l’ambient music, sorte de musique sophistiquée pour supermarché. Il collabore avec Robert Fripp le guitariste et fondateur du groupe de rock progressiste King Crimson. Le duo Fripp & Eno produit une série de CD dont (No Pussyfooting) en 1973 dans lequel le guitariste si inventif déploie d’incroyables arabesques générées par des notes de guitares maintenues à l’infini avec l’aide d’un magnétophone qui passe et répète des boucles de guitare les unes sur les autres. Nous étions en 1973… bien avant l’invasion de l’électronique dans le rock.

    Et puis Eno se lance dans une carrière de producteur des plus grands artistes des années 1970 à aujourd’hui, à commencer par la célèbre « trilogie berlinoise » de David Bowie (« Low, « Heroes » et Lodger) avec, là encore, Robert Fripp qui commet le solo de guitare le plus brillant de toute l’histoire du rock avec Eno derrière les consoles pour forger un son si urbain et déchirant. Outre sa science de la technique musicale il exerce une forte influence intellectuelle sur les musiciens avec qui il travaille. Il est notamment connu pour utiliser un jeu de cartes conçu par Peter Schmidt et lui-même et dont chacune des cartes indique une stratégie énigmatique prêtant à interprétation. C’est ainsi lorsque l’inspiration semblait se ralentir au studio berlinois Hansa by the Wall où fut enregistré « Heroes » en 1977, Eno tirait les cartes de son tarot mystique er relançait la création. Ce pouvait être une injonction « chacun change d’instrument » ou une redéfinition des positionnements des musiciens et des micros dans le studio. Bref, il a ainsi aidé à accoucher des disques de légende.

    Après Bowie il a collaboré avec Devo, Talking Heads, U2, John Cale, Ultravox, Genesis (sur The Lamb lies down on Broadway)… les plongeant chaque fois dans sa marmite de sorcier dont ils ressortaient avec un son très spécifique, pas vraiment reconnaissable car propre à chaque groupe, mais travaillé jusqu’à l’extrême. Dans le même temps il a poursuivi sa propre création musicale, éditant sous son nom un nombre incalculable de CD aux sons étranges, fruit de ses réflexions intérieures et triturations techniques, sans aucuns objectifs commerciaux. Des disques expérimentaux exclusivement pour spécialistes !

    Depuis Roxy Music au début des années 1970 ses tournées sur scène sont extrêmement rares alors on ne manque pas celle de ce soir avec un orchestre classique scandinave dirigé par Kristjan Järvi. Quand les lumières s’éteignent les musiciens de l’orchestre font leur apparition en marchant tout en jouant sur la partie basse de la scène. Eno et ses musiciens, dont la soprano Melanie Pappenheim et un conteur, sont sur une estrade derrière leurs machines. Au deuxième étage figurent les percussionnistes. Il s’agit d’une musique que l’on peut qualifier de « contemporaine » autour de l’album « Ships » composé par Eno en 2016, dans le cadre d’une commande de La Biennale de Venise dont la première représentation a eu lieu le 21 octobre au Teatro la Fenice, en tant qu’œuvre centrale de la Venice Biennale Musica 2023.

    « L’album ‘The Ship’ est une œuvre inhabituelle dans la mesure où elle utilise la voix mais ne s’appuie pas particulièrement sur le format chanson. C’est une atmosphère avec des personnages occasionnels qui dérivent, perdus dans l’espace vague créé par la musique. En arrière-plan, il y a un sentiment de temps de guerre et d’inévitabilité. Il y a également une ampleur qui convient à un orchestre et le sentiment que de nombreuses personnes travaillent ensemble.

    Je voulais un orchestre qui joue de la musique comme j’ai envie de jouer de la musique : avec le cœur plutôt qu’avec une partition. Je voulais que les membres de l’orchestre soient jeunes, frais et enthousiastes. Quand j’ai vu pour la première fois le Baltic Sea Philharmonic, j’ai trouvé tout cela… et puis j’ai remarqué qu’ils portaient le nom d’une mer. C’était décidé ! ».

    Brian Eno

    La musique est aérienne et éthérée, des instruments classiques sont mixés avec les traitements du magicien. Eno chante sur certains morceaux, une voix grave et monotone, pas désagréable, parfois vocodée. Il s’excuse d’ailleurs d’être enrhumé, ce qui ne s’entend pas vraiment. Tous les artistes sont habillés de noirs et portent un T-shirt de la même couleur floqué de ce qui ressemble à un globe terrestre, de couleur différente selon les étages.

    Les allers-et-venus des musiciens sont lents comme la musique jouée est ample. On reconnait la reprise du Velvel Underground de Lou Reed : « I’m set free », considérablement ralentie, les cordes et claviers se substituant aux guitares :

    I’ve been blinded but now I can see
    What in the world has happened to me
    The prince of stories who walks right by me
    And now
    I’m set free
    I’m set free
    I’m set free to find a new illusion

    The Velvet Underground

    C’est ensuite la chanson “By This River », un classique d’Eno extraite du disque Before and after Science (1977). Le rappel est dédié aux populations palestiniennes sous les bombardements de la bande de Gaza. Applaudissements et youyous marquent le soutien du public à cette cause défendue par l’artiste engagé en faveur de nombreuses causes humanitaires.

    Le spectateur sort troublé par l’atmosphère musicale si apaisante et mystérieuse qu’Eno imprime à ses compositions et leur interprétation. C’est un voyage dans un monde immobile où tout semble apaisé, un sentiment transmis par une musique venant d’un autre monde, celui où Brian Eno nous emmène depuis cinq décennies. Il fallait bien sûr être présent à cette soirée pour tous ceux qui ont passionnément aimé la façon dont le maître a su inspirer et guider tant de grands musiciens, notre bonheur ce soir fut plus celui de la reconnaissance que de l’enthousiasme pour une musique qui s’y prête assez peu.

    Setlist : The Ship/ Fickle Sun (I)/ Fickle Sun (II) The Hour Is Thin/ Fickle Sun (III) I’m Set Free/ By This River/ Who Gives a Thought/ And Then So Clear

    Encore : Making Gardens Out of Silence/ There Were Bells

  • Maustetytö : groupe finnois

    Maustetytö : groupe finnois

    A l’occasion du visionnage du film « Les feuilles mortes » du réalisateur finnois Aki Kaurismäki on découvre un groupe très intéressant : Maustetytöt (traduit par Spice Girls). Il s’agit de deux sœurs, Anna et Kaisa Karjalainen, l’une chanteuse & claviers, l’autre guitare & chant, toutes deux blondes comme il se doit. Une musique électro qui porte les très belles voix du duo sur de jolies mélodies. Evidemment elles chantent en finnois, ce qui n’est pas des plus aisé à comprendre…

    Elles jouent leurs propres rôles dans le film où elles interprètent Syntynyt suruun ja puettu pettymyksin (Né avec tristesse et vêtu de déception) de leur dernier disque EIVÄT ENKELITKÄÄN ILMAN SIIPIÄ LENNÄ (MÊME LES ANGES SANS AILES NE VOLENT PAS). On trouve une traduction en anglais de ce morceau sur Youtube :

    C’est une chanson pas très gaie pour un film qui ne l’est guère plus. Cela semble d’ailleurs être le concept du groupe, une musique glaçante et répétitive, des voix éthérées, des visages fermés qui ne sourient jamais, un océan de blondeur… On se croirait sur la banquise d’un fjord en plein hiver. Les mots sont semble-t-il à l’image de cette ambiance. Mais quel choc !

    Lire aussi : « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismäki

    Voir le site web de Maustetytöt

    https://www.maustetytot.fi/

  • Le journal Libération n’aime plus les Rolling Stones

    Le journal Libération n’aime plus les Rolling Stones

    Le journal Libération du 21 octobre a commis un article félon intitulé ‘« Hackney Diamonds», les Rolling Stones croulent des mécaniques’  consacré au dernier disque des Rolling Stones. Cet article déplorable et plein d’amertume est à charge contre les Rolling Stones. Qu’on en juge :

    …ce disque est une monstruosité inattendue dans l’actualité de la pop qui nous subjugue jusqu’à nous faire douter du rôle de la musique enregistrée dans notre culture : un disque des Rolling Stones tellement factice et redondant qu’il nous hurle à chaque seconde qu’un nouveau disque des Rolling Stones ne sert à rien.

    L’effet de contraste [du morceau Dreamy Skies, NDLR], est saisissant avec Driving Me Too Hard, morceau de vieux niqueur épuisé par un ou une amante insatiable ou l’horrible Bite My Head Off, boogie punk monté sur un riff de basse fuzzée à la Satisfaction, vaguement réminiscent d’un Clash (Safe European Home) et dont on réalise au bout de quelques minutes qu’il est supposé nous faire frémir d’émotion puisque la basse y est tenue par Paul McCartney. Las, c’est surtout l’occasion de vérifier quel mal le producteur Andrew Watt, notamment aux manettes du dernier Iggy Pop, fait au rock des anciens dans le terrain miné du contemporain, avec ses YouTube, TikTok, iPhone et consorts.
    etc, etc

    Ces pisse-vinaigres de Libération ne se sont toujours pas remis de la trahison de leur ancien patron, fondateur de la Gauche Prolétarienne dans les années 1970 qui a quitté Libération avec un parachute doré digne d’un nabab du CAC40, après s’être marié avec une femme de l’âge de sa fille. Depuis ils dévident leur bile à longueur des colonnes de leur journal toujours entre deux faillites. Cela fait longtemps qu’ils ont perdu leurs illusions idéologiques qui se sont embrasées dans les feux de l’enfer de Sympathy for the Devil. Ces plumitifs (qui bénéficient de la niche fiscale des journalistes totalement imméritée et qui devrait être révoquée depuis longtemps) ne savent pas tourner la page. Et c’est particulièrement vrai pour la rubrique Rock qu’on ne lit plus depuis des lustres, mais qui fut un temps flamboyante (et pro-Rolling Stones).

    Ce dernier disque des Rolling Stones n’est pas exceptionnel mais honnête et correct. On peut souhaiter aux journaleux rock de Libé de tenir aussi bien la plume que Keith Richards tient sa guitare à 79 ans !!! Le Monde et L’Humanité ont produit des critiques plus apaisées de Hackney Diamonds.

    Lire aussi : Sortie de « Hackney Diamonds », le nouveau disque studio des Rolling Stones

  • Le Mali se plaint de la « junte française » !

    Le Mali se plaint de la « junte française » !

    Après avoir demandé à l’armée française de quitter le pays, le gouvernement malien a demandé aux troupes internationales des nations unies de suivre le même chemin. La France s’est exécutée et le dernier soldat aurait le territoire malien en août 2022. La force militaire de maintien de la paix mise en place par l’ONU (Mission des Nations Unies au Mali – MINUSMA) a commencé son retrait selon la décision adoptée par le conseil de sécurité dans sa 9365ème réunion du 30/06/ 2023 et il est régulièrement rendu compte de celui-ci au conseil.

    28 août 2023 Paix et sécurité

    Le chef de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) a prévenu lundi les membres du Conseil de sécurité que la clôture de la Mission en six mois, après dix ans de présence dans le pays, était une entreprise « complexe et ambitieuse ».

    Le Conseil de sécurité a pris la décision, le 30 juin, de mettre un terme au mandat de la MINUSMA, conformément à la demande des autorités maliennes, demandant que la fermeture soit achevée avant le 31 décembre 2023.

    « La MINUSMA a établi un groupe de travail intégré afin d’élaborer un plan de réduction et de retrait de la Mission. Ce plan prévoit un retrait et un rapatriement du personnel et des équipements et matériels déployés dans les zones d’opération de la MINUSMA, selon un calendrier et un ordre séquentiel précis, tout en gardant à l’esprit l’exigence d’un processus ordonné et conduit en toute sécurité », a expliqué M. Wane dans un exposé lors d’une réunion du Conseil consacrée à la situation au Mali.

    https://news.un.org/fr/story/2023/08/1138012

    Il y a 13 000 personnels à rapatrier, 4 000 véhicules, 5 500 containeurs de matériel, 12 camps et une base opérationnelle à fermer et à remettre aux autorités maliennes. La première étape du retrait doit être terminée d’ici le 31/12/2023 selon la planification onusienne.

    C’est pour le moment la fermeture de ces bases qui posent de grosses difficultés car elles sont revendiquées par les rebelles Touaregs, plus ou moins acoquinés avec les terroristes islamiques, qui ont relancé leur combat contre l’armée officielle malienne. La communication du 23/08/2023 du chef de la MUNUSMA, M. El-Ghassim Wane, au conseil de sécurité illustre cette situation avec la base de Ber.

    Retrait de Ber difficile

    Selon lui, l’expérience de la fermeture du camp de Ber a été révélatrice. Le dernier convoi de Casques bleus, d’équipements et de matériels qui s’est retiré de Ber pour rejoindre la ville de Tombouctou a mis 51 heures pour parcourir les 57 kilomètres du trajet en raison de la nature du terrain, qui est peu favorable – une situation aggravée par la saison des pluies – et de l’insécurité.

    Ce convoi a été attaqué à deux reprises par des éléments extrémistes non identifiés, blessant quatre Casques bleus et endommageant trois véhicules avant d’arriver à Tombouctou, a-t-il précisé.

    « Le retrait de Ber s’est également avéré difficile sur le plan politique, les autorités maliennes et les Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali étant en désaccord sur le sort du camp après le départ de la MINUSMA. Pour sa part, et en raison de l’extension des affrontements à la zone de Ber et des risques que la situation posait pour la sécurité des Casques bleus, la Mission a dû avancer son départ du camp », a expliqué M. Wane.

    De même, les convois transportant du matériel et des équipements des bases de Goundam et d’Ogossagou ont été la cible d’engins explosifs improvisés, tandis que le dernier convoi de Gao à Ménaka a également été pris pour cible par des éléments extrémistes, sans causer ni dégâts matériels ni pertes en vies humaines.

    https://news.un.org/fr/story/2023/08/1138012

    Il reste 11 camps à évacuer d’ici la fin de l’année…

    Cerise sur le gâteau : le gouvernement malien qui a demandé officiellement ce retrait de la MINUSMA de son pays s’est plaint maintenant via son porte-parole de l’accélération du retrait qui serait le fait de l’action de la France : « La junte française [SIC] ne ménage aucun effort en vue de faire fuir la Minusma, en lieu et place d’un retrait ordonné. »

    Avec la relance de la rébellion Touareg qui s’ajoute à celle des islamistes, les autorités maliennes font face à plusieurs fronts. Il est sûr que si les Touaregs, accompagnés ou pas des terroristes religieux sahéliens, s’emparent directement des emprises libérées par l’ONU cela renforcera leurs positions. D’un autre côté, si les camps du grand Nord sont remis à l’armée malienne officielle, il faudra sans doute assez peu de temps aux Touaregs islamisés pour les reconquérir.

    Le gouvernement malien putschiste est maintenant allié avec la Russie, le Burkina Faso et le Niger après avoir chassé la France et la Minusma. Il va pouvoir coopérer avec ces pays pour rétablir son pouvoir dans les zones désertiques sahariennes. Il est souhaitable qu’il réussisse plutôt que de laisser le chaos se réimplanter. Mais il ne pourra sans doute pas encore très longtemps rendre la France responsable de l’échec de sa politique.

    Lire aussi

    Evacuation de l’armée française

    L’armée malienne va mieux !

  • Sortie de « Hackney Diamonds », le nouveau disque studio des Rolling Stones

    Sortie de « Hackney Diamonds », le nouveau disque studio des Rolling Stones

    Le 24ème album studio des Rolling Stones, “Hackney Diamonds” est sorti ce matin. Le dernier, « A Bigger Bang », datait de 2005. Depuis Charlie Watts est mort, Mick Jagger a passé les 80 ans, Keith Richards 79 ans et Ron Wood 76. Le groupe était encore en tournée l’an passé en Europe, avec un passage par Paris et Lyon pour la France.

    « Hackney Diamonds » est plutôt un bon cru. Des guitares énergiques, des claviers rythmés, des cuivres intermittents, sur la voix légendaire et l’harmonica titilleur du patron. Du rock, surtout, du blues, aussi, avec deux très beaux morceaux : Sweet Sound of Heaven, Lady Gaga choriste de luxe et Stevie Wonder invité de marque au piano, et une superbe reprise de Muddy Waters : Rolling Stone Blues. Elton John est également de la partie sur deux morceaux et Paul MacCartney sur Bite my Head Off, participations plutôt transparentes. Bill Wyman revient jouer de la bass sur Live by the Sword, un hommage à Charlie Watts dont des parties de batterie enregistrées avant sa mort ont été utilisées pour ce disque. Keith a le droit de chanter Tell me Straight.

    Evidemment, depuis plus de 60 ans qu’il est sur la route, le groupe voit son futur se rétrécir mais la gloire lui survivra. Quelle bonne idée de mettre tout ceci en musique.

    I hear the sweet, sweet sounds of heaven
    Falling down, falling down to this earth
    I hear the sweet, sweetest sounds of heaven
    Drifting down, drifting down to this earth

    Sweet Sounds of Heaven

    The streets I use to walk on, are full of broken glass
    And everywhere I’m looking, there’s memories of my past

    Whole Wide World

    Mais les Rolling Stones ont la nostalgie heureuse et cet album est plein d’énergie. Et puis, un nouveau disque des Rolling Stones, cela fait tout simplement du bien !

    Un lecteur attentionné nous signale que Hackney est un faubourg de l’Est de Londres, autrefois mal famé, où l’on pouvait se faire casser la vitre de sa voiture et subir un vol à la tire, d’où le design de la couverture du disque. « Hackney Diamonds » signifiait donc « verre brisé » en argot londonien en référence à ce qui pouvait vous advenir si vous baguenaudiez dans ce quartier qui s’est quelque peu gentrifié depuis.

    Hackney Diamonds est dédié à Charlie Watts.

    Le groupe profite aussi de cet évènement pour sortir en CD et DVD le concert intégral donné à l’Olympia de Paris en 1995 qui n’avait été diffusé jusqu’ici que sous forme d’extraits. Il s’agit de Totally Stripped. Un show d’un excellent cru !

  • « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismäki

    « Les feuilles mortes » de Aki Kaurismäki

    C’est le film finlandais un peu pesant et lugubre du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki sur le choc de deux solitudes. Nous sommes dans un environnement industriel à Helsinki, les deux personnages errent entre chômage et usines, lui se console avec de la vodka, elle avec son chien. Et puis ils se croisent, se perdent et se retrouvent.

    Tout se passe plutôt de nuit, dans les bars, dans l’appartement d’Hansa. Les environnements sont dépouillés, les couleurs plutôt sombres et travaillées, un peu à la manière d’Almodovar. Les sourires sont rares, les acteurs restent silencieux face à leur errance. De ci de là on voit des affiches des films de la nouvelle vague : Godard, Visconti… qui ont manifestement inspiré le réalisateur.

    Le duo de sœurs finlandaises, la guitariste Anna Karjalainen et la claviériste Kaisa Karjalainen, jouent leurs propres rôles en expirant une chanson triste (Syntynyt suruun ja puettu pettymyksin) au cours d’un concert dans un bar fréquenté par nos héros et quelques autres zombies silencieux devant leurs verres d’alcool. Les mots las (traduits en français) sont aussi désespérants que la guitare aigüe et répétitive sur fond de nappes de claviers glacantes.

    Anna et Kaisa Karjalainen

    Finalement, on a l’impression que l’histoire se termine bien avec nos personnages qui partent tous les trois (y compris le chien) vers leur destin.

  • Deux guerres et les mêmes « experts de plateaux télévisés »

    Deux guerres et les mêmes « experts de plateaux télévisés »

    Une deuxième guerre chaude s’est déclenchée au Proche-Orient après celle d’Ukraine qui dure depuis février 2022. Du coup, la bande de Gaza a remplacé celle du Donbass du jour au lendemain sur les chaînes d’information en continue et les mêmes « experts » de plateaux télévisés, un quarteron de généraux en retraite, recyclent leurs analyses des plaines de l’Asie aux sables du Sinaï. Ils ont toujours aussi peu de choses à dire sinon quelques informations récupérées sur Internet et les réseaux dits « sociaux ». Certes, tous ces galonnés ont certainement encore quelques numéros de téléphone à appeler de leurs camarades d’active ou de collègues en Israël ou en Ukraine, mais le propre des opérations militaires est d’être secrètes et, en principe, non annoncées sur les antennes alors nos « experts » ressassent les mêmes évidences qui s’avèrent régulièrement être de fausses informations.

    Au début de la guerre d’Ukraine ils avaient annoncé que le président russe était malade et devait mourir sous peu, que la Russie était à court de missiles, que l’armée russe allait s’effondrer, puis que « la Russie avait d’ores et déjà perdu la guerre », et patati et patata… Presque deux ans plus tard, M. Poutine semble toujours en bonne santé, les missiles russes tombent comme à Gravelotte et l’armée russe, certes n’avance pas, mais paraît tenir solidement ses positions.

    Aujourd’hui ils prévoient ce qui va advenir à l’armée israélienne si elle se décide à envahir la bande de Gaza. En réalité, personne n’en sait rien. Que les journalistes échafaudent des inepties semble dans le cours de choses, mais que d’anciens militaires se compromettent dans leur sillage est plus problématique. Ne sont-ils pas soumis à un devoir de réserve ? Sans doute plus une fois l’heure de la retraite sonnée. Peut-être faudrait-il revoir ce point et étendre ce devoir dans le temps ? Des journalistes incompétents qui ne savent pas dire « je ne sais pas », on est habitué, mais des généraux bavards c’est plus problématique d’un point de vue éthique et militaire.

  • Sur les chemins de la guerre au Proche-Orient

    Sur les chemins de la guerre au Proche-Orient

    Israël est en pleine campagne de bombardement de la bande de Gaza avec l’objectif de « détruire » le mouvement terroriste religieux Hamas qui a mené les attaques du 7 octobre qui ont fait environ 1 400 morts côté israélien en une journée. 360 000 réservistes ont été rappelés et l’armée israélienne est en train de masser des troupes en nombre important autour de la bande de Gaza où les autorités de Tel-Aviv annoncent une prochaine incursion, sans doute à hauts risques.

    La diaspora israélienne rejoint son pays et l’on voit des reportages télévisés où de jeunes israéliens rallier leur pays en déployant leur drapeau national et chantant l’hymne israélien avec enthousiasme. C’est un peu effrayant et rappelle les soldats français qui partaient au front en chantant en 1914. La guerre s’est terminée quatre ans plus tard avec un bilan de 18 millions de morts…

  • L’extrême gauche française est extrême

    L’extrême gauche française est extrême

    Un débat sémantique agite le microcosme politico-médiatique franchouillard pour savoir si l’attaque du mouvement religieux Hamas contre Israël est de nature « terroriste » ou non. Devant la barbarie des exactions massives commises contre les civils israéliens lors des attaques du 8 octobre, une grande partie de l’échiquier politique français s’accorde à le penser et à le dire quand le parti La France insoumise (LFI) s’y refuse, parlant certes de crimes de guerre commis par les combattants du Hamas, mais évitant de les qualifier de « terroristes ».

    Les politiciens de plateaux télévisés s’en émeuvent et les journalistes qui les interrogent sont bien jeunes pour se souvenir des liens qui ont toujours unis l’extrême-gauche française avec les mouvements palestiniens. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, la gauche, et pas uniquement extrême, a soutenu la cause palestinienne, y compris parfois dans ses actions illégales. Dans les années 1960-1980 nombre de militants révolutionnaires français sont allés se former à la guérilla dans les camps palestiniens. Le groupe terroriste Action Directe commet des attentats en France dans les années 1980 contre des intérêts israéliens, en solidarité avec le nationalisme palestinien. Des intellectuels français ont également fait le voyage en Palestine. Le curriculum vitae de l’avocat Jacques Vergès (1924-2013) mentionne une période blanche d’une dizaine d’années sur laquelle il ne s’est jamais clairement exprimé mais certains de ses biographes estiment qu’il aurait pu séjourner durant une partie de cette période en Palestine. L’écrivain-dramaturge Jean Genet (1910-1986) y a fait plusieurs séjours et forgé son antisionisme teinté d’antisémitisme. Le trotskisme qui a irrigué la pensée de la gauche française depuis l’après-guerre l’a naturellement poussée vers la cause palestinienne, après avoir soutenu fort logiquement l’indépendance de l’Algérie. En effet, cette cause rassemblait nombre des idées force de l’internationalisme propre au trotskisme : l’autodétermination des peuples, l’anti-impérialisme (dirigé contre les Etats-Unis, soutien permanent d’Israël), l’anticolonialisme et, plus généralement, la défense des plus défavorisés et maltraités par l’Histoire… L’extrême-gauche française de la fin du XXème siècle s’est engouffrée dans cet espace, parfois un peu gênée aux entournures car Israël était le peuple qui avait affronté la Shoah et l’antisémitisme dévastateur de certains peuples européens durant la seconde guerre mondiale. L’intellectuel Jean-Paul Sartre a navigué d’une position à l’autre, soutenant la création d’Israël et les actions de son gouvernement dans les années 1950-1960, puis apportant un soutien intellectuel aux mouvements palestiniens, même dans certaines de leurs dérives terroristes à partir des années 1970, sans contester pour autant l’existence d’Israël.

    Le patriarche de LFI, Jean-Luc Mélanchon (né en 1951) a participé à ce mouvement intellectuel dès 1968. Les autres dirigeants de LFI sont les enfants de cette génération « révolutionnaire ». Leur demander de changer leur position historique propalestinienne est juste peine perdue d’autant plus qu’une partie de leur électorat d’origine arabe est naturellement en faveur de la cause comme le confirment les manifestations propalestiniennes qui se déroulent dans différentes villes françaises. Qu’ils refusent de qualifier le mouvement Hamas de « terroriste » n’a rien d’étonnant et n’est finalement de guère d’importance. Ils en ont le droit. Les positions de Jean-Luc Mélanchon et de LFI n’exercent aucune influence sur l’évolution du conflit alors le mieux est de cesser de gloser à l’infini sur un adjectif manquant dans leur discours et de passer à autre chose. Que ceux qui ne sont pas d’accord avec LFI ne votent pas pour eux, c’est encore la meilleure attitude à adopter.

    Lire aussi : Un nouveau front ouvert en Israël

  • D’un front à l’autre

    D’un front à l’autre

    Avec la réouverture du front du Proche-Orient ce 8 octobre, les guerres se multiplient suivant toute plus ou moins un modèle « l’Occident contre le Sud global ». Certaines sont très chaudes : l’Ukraine, Israël, voire un peu moins chaudes : Haut-Karabagh, Kosovo, d’autres sont civiles : Ethiopie, Yémen, Soudan. L’Occident est impliqué dans les plus graves et fournit armes et leçons de morale. Il semble que l’industrie militaire occidentale commence à s’essouffler à tenter de suivre ces conflits sans fin, réduisant ses propres stocks de munitions pour soutenir ses amis.

    On apprend que les Etats-Unis ont entamé ses stocks prépositionnés en Israël pour alimenter l’Ukraine et qu’ils sont en train de le reconstituer pour soutenir leur allié. On découvre que les pays européens ne seraient guère capables de tenir plus de quelques semaines en cas de guerre totale contre un ennemi qui pourrait être la Russie par exemple. Tous ces conflits font le bonheur des marchands d’armes mais effraient les citoyens.

    Le plus rationnel serait de mettre fin à ces conflits mais pour ce faire il faut que les belligérants acceptent de faire des concessions, et nous n’en sommes vraiment pas là, ni en Ukraine ni au Proche-Orient. C’est le propre d’une négociation de compromettre sauf si l’une des parties est complètement écrasée et n’a plus rien à exiger. Mais même dans ce cas, il vaut mieux de pas trop mettre le perdant plus bas que terre car il se relève toujours à un moment ou à un autre, comme l’illustre si bien la situation actuelle au Proche-Orient.

    Alors à défaut de peuples et de dirigeants responsables capables de conclure la paix comme ce fut le cas en 1945, on fournit des armes. Peut-être ces guerres s’épuiseront d’elles-mêmes un jour par manque de munitions ? En attendant cela commence à faire beaucoup de guerres au même moment !

  • Un nouveau front ouvert en Israël

    Un nouveau front ouvert en Israël

    Le mouvement religieux Hamas qui détient le pouvoir dans la bande de Gaza et qui prône la disparition d’Israël a lancé une attaque significative contre Israël ce samedi 8 octobre. Des miliciens du mouvement ont franchi la frontière par air (à l’aide d’ailes volantes motorisées), par mer et, surtout, par terre pour commettre des exactions dans les villages et kibboutz alentour. Il apparait que les terroristes islamiques se sont déchaînés contre les civils qu’ils rencontraient les tuant, souvent dans des conditions barbares. Il y aurait plus de 1 000 morts israéliens et une centaine d’otages faits prisonniers et emmenés à Gaza.

    De façon assez incompréhensible, l’armée israélienne (« Tsahal ») semble avoir été débordée et en effectif insuffisant pour faire face à l’ennemi. Il lui a fallu 3 ou 4 jours pour reprendre le terrain et repousser l’ennemi. Dès le samedi, l’armée de l’air israélienne a déclenché une sévère campagne de bombardement, qui dure encore, contre cette bande de Gaza qui est un immense ghetto peuplé de 2,3 millions de palestiniens vivant dans des conditions impossibles. Ce minuscule territoire résulte de l’armistice de 1949 et a accueilli nombre des réfugiés palestiniens de l’époque qui ont fui la Palestine par suite de la création de l’Etat d’Israël en 1948 et de la guerre israélo-arabe qui s’en suivit. Elle a été occupée successivement par l’Egypte de 1948 à 1967, puis par Israël de 1967 (à la suite de la « Guerre des 6 jours ») à 2005, année où l’armée et les colons israéliens sont rapatriés à l’intérieur des frontières israéliennes reconnues par le droit international.

    Aucune des puissances occupantes n’a pu inverser le cours des choses dans ce territoire palestinien qui est devenu une marmite bouillonnante, non viable, sans aucun espoir d’avenir, terreau favorable au développement du terrorisme islamique. La non-application des accords de paix successifs et le désintérêt progressif de la cause palestinienne par le monde arabe a transformé cette question de Gaza en un problème insoluble. La communauté internationale est également impuissante, la décision initiale des Nations-Unies de 1947 d’un plan de partage de la Palestine prévoyant la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe, n’a jamais pu être mise en œuvre, pas plus que les résolutions suivantes après différentes guerres. Le formidable espoir qu’avait causé le voyage en 1977 du président égyptien Sadate venu rendre visite en Israël au premier-ministre Menahem Begin s’est éteint avec l’assassinat de Sadate en 1981 par des terroristes islamiques égyptien. Il en reste tout de même l’accord de paix entre l’Egypte et Israël, qui tient toujours.

    Presque vingt ans plus tard, en 1993, sont signés les « accords d’Oslo » entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui stipulent le retour aux décisions des Nations Unies (notamment la fameuse « résolution 242 » de 1967), c’est-à-dire, en gros, la solution à deux Etats…

    Les dirigeants israéliens expliquent que le pays est en guerre et que « le Hamas va être détruit ». Une offensive terrestre contre la bande de Gaza est en cours de préparation. On ne sait pas comment elle risque de se terminer, sans doute mal. Evidemment en ces temps de retour aux conflits de territoire sanglants (Ukraine, Haut-Karabagh, « Kurdistan » …) celui-ci est particulièrement malvenu. L’Occident soutient plutôt Israël et le « Sud global » plutôt la partie arabe. Bien entendu l’Occident est accusé de « double-standard » en acceptant les bombardements et le blocus de Gaza par Israël ainsi que la non-application du « droit international » prévoyant la création d’un Etat palestinien, alors qu’il conteste les bombardements russes en Ukraine en se rangeant derrière le droit international… Que l’on soit dans un camp ou l’autre, il est difficile de contester ce « deux poids, deux mesures ». Dans le monde d’aujourd’hui où les organisations internationales censées éviter ou régler les conflits par consensus ne sont plus vraiment opérationnelles, chacun choisit son camp en étant persuadé d’avoir raison au regard de ses propres normes morales et de gouvernance.

    Le problème est que ces normes que l’on pensait devenues universelles sous l’égide des Nations-Unies une fois révélés les horreurs du nazisme au cœur de la vieille Europe, ne le sont plus vraiment. En réalité chaque pays voit midi à sa porte et s’estime en droit d’agir (ou de se retenir) selon son propre système de valeurs. Le concept de droit de l’homme n’est pas le même à Moscou qu’à Berne, même si tous les pays ont plus ou moins adopté en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme dans le cadre des Nations Unies. D’ailleurs, l’Union soviétique et le bloc de l’Est s’étaient abstenus lors du vote de 1948 contestant le principe d’universalité, l’Arabie saoudite s’est également abstenue en opposition à l’égalité homme-femme, Israël n’existait pas encore et n’a donc pas voté. On voit déjà qu’à l’époque de leur fondation les « droits de l’homme » n’avaient pas le même sens partout dans le monde. La situation n’a fait qu’empirer depuis.

    L’évolution de la situation du Proche-Orient marque un échec collectif cinglant au regard de toutes les tentatives de règlement qui ont échoué. Les différentes parties sont aujourd’gangrenées par les extrémistes religieux, les hommes de paix ont été éliminés : le président égyptien Sadate a été assassiné par des islamistes, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin a été assassiné en 1992 par un extrémiste religieux juif pour son rôle actif dans les accords d’Oslo (il avait serré la main du Palestinien Yasser Arafat à Washington dans le cadre des accords d’Oslo) ! Les religions juive et musulmane sont instrumentalisées pour pousser à des comportements d’un autre âge.

    Les armes sont en train de parler une nouvelle fois. Pas facile de rester optimiste !

  • « Coup de chance » de Woody Allen

    « Coup de chance » de Woody Allen

    Une comédie de Woody Allen (87 ans) se déroulant à Paris, tournée avec des acteurs français. Une comédie, certes, mais avec tout de même deux cadavres… Nous suivons un couple dans un milieu « nouveaux riches », bien habillé, logé rue Alfred de Vigny à côté du Parc Monceaux dans un vaste appartement avec une servante à demeure, leur chauffeur les emmène le week-end dans une maison de campagne très cossue à Rambouillet au milieu des bois. Lui est financier aux activités, « enrichir les riches », que l’on suppose à la limite de la légalité. Elle, belle comme le jour, un peu nunuche aux dents blanches, travaillant dans une maison de ventes aux enchères (Artcurial), se laissant embarquer par son mari dans un monde ennuyeux et tape-à-l’œil, après avoir divorcé du précédent, musicien et drogué. On se laisse glisser avec douceur dans cet environnement luxueux où le seul bruit que l’on entend est celui de la Tesla glissant sur l’allée gravillonnée de Rambouillet et où tout est léger et inconsistant, sauf les nombreux zéros des comptes en banque. C’est alors que survient une rencontre inattendue et l’histoire ne va pas se terminer très bien pour tout le monde…

    Le film est agréable mais manque un peu d’énergie. On regrette l’humour décapant du Woody Allen d’antan. Jusqu’à quand fera-t-il encore des films ?