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  • Juppé change

    Eh bien ça y est ! Grande nouvelle, Juppé commence à comprendre l’électeur ; du fond de ses vignobles il vient de déclarer :

    « Je conclus que le cumul des fonctions exécutives n’est plus acceptable dans l’esprit des concitoyens. Si je suis candidat [à la marie de Bordeaux], et si je suis élu, c’est donc ce que je ferai. »

    Ben oui… quand le bordelais vote pour un député ou un maire ce n’est pas pour le voir démissionner le lendemain pour garder un poste de ministre à Paris. Ce n’est tout de même pas compliqué à intégrer surtout quand on a fait des études. Si j’étais à Bordeaux je voterais aux prochaines municipales pour le Juppé nouveau, réaliste, serein et tranquille, et qui reste tout de même un homme d’influence.

  • La presse racoleuse

    Du pain béni pour la presse française en cette rentrée tristounette : la recrudescence des infanticides. Après la cinglée qui congèle ses marmots on a maintenant le couple british chic accusé d’avoir assassiné leur fille au Portugal. Alors on nous sert de l’infanticide à toutes les sauces, pas un bulletin d’information qui ne débute sans un reportage d’envoyé spécial devant la maison des suspects au Portugal, ou une interview du crémier du village d’origine de ces Anglais. Pendant ce temps, cela évite de phosphorer sur la crise financière qu’il est beaucoup plus difficile à analyser.

  • « Mondial de rugby, Mondial des abrutis »

    « Mondial de rugby, Mondial des abrutis » titrait Charlie il y a quinze jours. La presse nous ressasse des valeurs du rugby, c’est un peu comme la culture d’entreprise, un oxymore. Bon on ne savats même pas qu’il y avait un championnat du monde de rugby… C’est qui le champion d’ailleurs ?

  • Querelles sémantiques

    Guerre des mots à droite, plan de rigueur dans la fonction publique, comme l’affirme la ministrette des finances, ou pas plan de rigueur ? Le Larousse encyclopédique nous explique que rigueur veut dire : Grande sévérité ; austérité ; dureté. On espère bien qu’il y a un plan de rigueur dans la gestion des finances de l’Etat. On est d’ailleurs étonné qu’il n’y en ait pas déjà un depuis longtemps. Les ressources mises à dispositions par les contribuables seraient-elles gérées sans rigueur ? Pour calmer cette tempête de mots dans la cuvette sémantique des toilettes du microcosme, Fillon parle de plan de revalorisation et Devedjian de bonne gestion. Tout ça pour expliquer (ou cacher) que deux fonctionnaires partant à la retraite sur trois seront remplacés en 2007 et un sur deux en 2008. Parfois on se demande vraiment si nos politiques ont un emploi du temps si chargé que cela…

  • Des analyses économiques de caniveau

    En attendant, les soi-disant analystes financiers, vraiment à court de réflexions intelligentes, sortent des statistiques pour étudier la corrélation entre la météo et les cours de bourse (ça monte quand il fait beau) ou les résultats de matchs de ballons en compétitions internationales (ça baisse dans les pays qui perdent les matchs). Le plus fascinant est que, sans vergogne ni l’ombre d’une culpabilité, à la question « pouvez-vous extrapoler une stratégie de cette corrélation ? » ils répondent « non, car la variation est trop faible » plutôt que « non, car c’était juste une blague de rentrée ». Voilà qui en dit long, une fois de plus, sur le niveau d’analyse de ces soi-disant analystes, et leur capacité à comprendre ce qui se passe sur les marchés comme le prouve une nouvelle fois la crise financière actuelle. On pourrait peut-être les recycler au Parti Socialiste pour analyser le niveau de corrélation entre la longueur des jupes de Ségolène Royal versus le pourcentage de déficit public en points de PNB ?

  • Restructurations dans l’énergie

    L’entreprise Suez va être démantelé et sa partie Energie va racheter GDF (Gaz de France), en la privatisant au passage. Ces entreprises sont lancées, au mieux, pour quatre années de pétaudière, encore appelées « synergies ». Les économistes mondains sont de sortie et rivalisent d’analyses contradictoires. On parle de patriotisme économique ou de nécessité industrielle ; le coup étant parti d’une réaction nationaliste contre l’offre de rachat de Suez lancée par l’ENEL, groupe semi-publique italien, on n’est pas bien sûr que la construction mise sur pieds soit plus opérationnelle : le franco-belge meilleur que le franco-italien ? L’avenir le dira.

  • Take A Walk On The Wild Side

    Café crème à la terrasse ensoleillée du café de la place du marché de Donzy. Les notes douces et rythmées de Take A Walk On The Wild Side s’échappent de la salle peinturlurée aux couleurs de l’OM. Le chien du patron baille à l’ombre des arbres. Les canards barbotent dans la petite rivière locale. Libération d’hier est disponible sur le comptoir. La population de ce petit bled de la Nièvre vaque doucement aux occupations dominicales de cette fin d’été. A deux heures de Paris, l’impression d’avoir atterri sur une autre planète.

  • Boyle T.C., ‘Le Cercle des Initiés’.

    Sortie : 2004, Chez : . L’arrivée de la sexologie dans l’Amérique des années 40/50 racontée de façon truculente par Boyle. On suit les pas d’un professeur qui, de conférence en conférence, initie ses auditoires à cette nouvelle science. Avec ses adjoints ils mettent en fiche les pratiques sexuelles de leurs concitoyens sans oublier de s’occuper au passage de leurs propres perversions.

  • Des dirigeants socialistes désertent leur « université d’été »

    Les dirigeants socialistes n’ont pas le temps de se rendre à l’Université d’été du PS à La Rochelle en revanche ils ont tout loisir d’écrire des bouquins contre Ségolène, Hollande et consorts. On en annonce une petite dizaine avec des titres aussi fraternels que L’Impasse, Désert d’Avenir, La Défaite en chantant, etc. C’est vraiment Règlements de comptes à OK Corail. Avec tous les communicants qui engraissent autour de la politique, il n’y en a pas un qui pourrait leur dire que cette rentrée littéraire n’est pas du meilleur effet, en termes électoraux tout du moins car je ne doute pas que le style, la sémantique, la réflexion contenus dans ces nombreux ouvrages vont faire fureur, voire même éclipser le prochain Prix Goncourt !

    Pendant ce temps, entre la création de missions, de commissions, de comités divers et politiquement ouverts, Sarkozy trouve le temps d’aller à l’Université d’été du patronat ; les syndicats et la gauche s’étranglent de fureur devant ce crime de lèse-majesté : le président parle aux entrepreneurs. Mon Dieu, quelle horreur !

  • Du rififi au FMI

    La Russie qui présente son candidat (tchèque…) pour le siège de chef du Fonds monétaire international (FMI), contre le Français Dominique Strauss-Kahn (DSK), prétend que ce dernier n’a pas les compétences pour le poste. C’est parfaitement juste ! Notre bon DSK n’a jamais géré d’entreprise, sinon son cabinet d’avocats lorsqu’il n’était pas ministre, et encore moins de banque. Il est un politicard avisé, a été un ministre compétent, et d’ailleurs il est plébiscité par les militants socialistes pour restructurer le PS ce qu’il saurait sans doute bien faire. Mais mettre des hommes politiques à la tête de banques, nationales ou multilatérales, on a vu ce que cela a donné, en France ou même très récemment à la Banque Mondiale où Wolfovitz a été poussé à la  démission assez rapidement, sans parler d’Attali à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement qui a laissé libre cours aux errements diaboliques de sa créativité mégalomaniaque en matière de gestion, ou plus simplement de son prédécesseur espagnol au FMI qui a plié bagages au bout de deux ans dès que la soupe a été de nouveau servie pour lui à Madrid.

    Les hommes politiques il faut les nommer administrateurs de ces institutions multilatérales pour y avoir des conseils d’administration forts qui indiquent fermement la politique à suivre, mais laisser la direction exécutive à de vrais managers, c’est la b-a-ba de la bonne gouvernance. C’est d’ailleurs ce que le FMI et la Banque Mondiale n’arrêtent pas de répéter aux pays à qui ils prêtent leurs sous…

  • Festival Rock en Seine – 2007/08/24>26 – Paris Parc de Saint-Cloud

    Festival Rock en Seine – 2007/08/24>26 – Paris Parc de Saint-Cloud

    Björk en Seine

    C’est l’évènement culturel et musical de la rentrée : après deux prestations dans le Sud en début de semaine qui ont embrasé les arènes de Nîmes, Björk et sa troupe glacio-technoïde s’installent à Saint-Cloud pour le final de Rock en Seine. La composition fut époustouflante, à la hauteur des plus hautes attentes des 20 000 spectateurs qui se pressaient devant une scène bariolée de drapeaux aux couleurs fluo, dessinés d’animaux divers.

    A 21h40, alors que la pression (physique) devenait difficile pour les premiers rangs et l’intensité (artistique) insoutenable pour les fans en haleine, les musiciens se mettent en place : une section de cuivres-choristes islandaise composée d’une dizaine de femmes habillées en bouteille d’Orangina, aux couleurs flamboyantes du dernier album Volta, chacune un fanion rouge au dessus de la tête, un claveciniste, un batteur ainsi que Mark Bell et Damian Taylor, préposés aux machines et à l’électronique (voir encadré sur la Reactable). Une voute laser strie le ciel depuis le fond de la scène et Björk apparaît sur les premières rythmiques numériques obsédantes de Innocence. Pieds nus, vêtue d’une robe de fée à dominante dorée (très légèrement inspirée de la tenue de clown triste de Bowie sur le clip Ashes to Ashes), le front maquillé d’or et des mèches blanches dans les cheveux, elle parcourt déjà la scène de ses pas décalés et légers, dans le froufroutement inaudible des plis de sa chasuble moirée. Les bras tendus sous les lasers déchirant la nuit elle nous invite à la suivre dans une plongée au cœur de ses mystères.

    Les 20 000 spectateurs hypnotisés par ce prologue libérateur vibrent déjà lorsque résonne la rumeur sinistre de l’intro de Hunter (de son avant-dernier disque Homogenic) : I’m hunting/ I’m the hunter/ (but you just don’t know me). Oui, Björk chasse inlassablement la nouveauté armée de sa seule foisonnante créativité. Elle tend à la fusion de l’électronique avec la stridence de sa voix cristalline, en une exceptionnelle unicité temporelle, visuelle et auditive. Et pour mieux nous enrôler dans cette quête, Hunter se clos sur le jaillissement soudain des mains de l’artiste d’un filet synthétique jeté vers la foule en deux cônes inextricables. Telle une Spider-woman spirituelle elle nous capte dans les rets étroits de son univers étrange et poétique, que nous n’avons d’ailleurs aucune envie de quitter, petits poissons consentants pris au piège de la pieuvre dominatrice, nous nous laissons dévorer avec délice.

    S’ensuivent Joga et le déchaînement électronique de Earth Intruders. C’est le cri du centre de la terre, là où tout n’est que magma brûlant et d’où s’élève en une colonne volcanique le cri de Björk : We are the earth intruders/ We are the paratroopers/ Stampede of sharpshooters/ Voodoo… Le public captivé écoute religieusement l’éruption musicale qui s’échappe de la scène en coulées numériques et suit les pas de funambule de sa créatrice, voletant d’un incendie à une incandescence, dodelinant de la tête et contrôlant l’énergie.

    Puis viennent d’autres retours aux albums du passé avec I miss you, Army of me (terrifiant), Hyperballad, Hidden place, Pagan poetry, 5 years, Pluto. Qu’elle soit à coté du claveciniste pour une bouleversante ballade, aux pieds de ses choristes pour s’unir à elles où parcourant inlassablement la scène elle fait toujours preuve d’une incroyable présence, d’une fulgurante personnalité. Seul faille à ce contrôle total sur les évènements un léger tic qui lui fait jouer avec la langue avant ses phrases.

    On la croirait descendue du carrosse de Cendrillon pour nous délivrer le message d’un monde dont elle seule a les clés, celui d’une musique complexe et d’une poétique troublante. Telle une réincarnation évanescente du Petit Prince sur sa planète, elle a planté son arbre dont les racines nous enserrent dans une féérie de modernité et de subtilité.

    Derrière l’image idyllique et pure de ce petit lutin de l’électronique et de la modernité se cache en réalité une artiste accomplie, au sommet d’une inspiration qui synthétise tous les courants musicaux et visuels du monde d’aujourd’hui.

    L’unique rappel se termine sur un Declare Independance qui fait parler la poudre ! Les rythmes électronique s’entrechoquent et se superposent sur les hurlements libérateurs d’une Björk qui fait reprendre son hymne à tout le Parc : Raise the flag/ Raise the flag (higher, higher) ! Les écrans vidéo de chaque coté de la scène s’emballent sur des prises de la Reactable et autres écrans tactiles musicaux, machines sonores étranges manipulées par des apprentis sorciers qui en extraient des sons bouillotants et des rythmes furieux. Sous une cathédrale débridée de lasers hallucinés, les bras en croix Björk marque le beat infernal de son refrain sous une pluie de cotillons argentés puis soudainement tout s’arrête, laissant les spectateurs subjugués, mais un peu frustrés…, seulement 90 mn, l’artiste ne fait pas d’heures supplémentaires, on en aurait voulu tellement plus !

    Set list : 01. Brennið Þið Vitar, 02. Innocence, 03. Hunter, 04. Immature, 05. Jóga, 06. The Pleasure Is All Mine, 07. Hidden Place, 08. Pagan Poetry, 09. Anchor Song, 10. Earth Intruders, 11. Army Of Me, 12. I Miss You, 13. Mother Heroic, 14. Five Years, 15. Wanderlust, 16. Hyperballad, 17. Pluto

    Rappel: 18. Oceania, 19. Declare Independence

    Un nouvel outil musical est utilisé lors de la tournée Volta : La Reactable. Il s’agit d’une table à musique électro-acoustique développée par l’Université Pompeu Fabra de Barcelone qui permet à plusieurs utilisateurs de déplacer des objets sur une surface translucide créant ainsi différents types de son interférant entre eux. Le but est de déplacer des blocs appelés tangibles sur la table ronde rétro-éclairée de différentes formes modulables en fonction de leur emplacement et de leur nombre sur la Reactable. En déplaçant et en actionnant ces tangibles, l’interaction de ces derniers créé une sorte de synthétiseur virtuel créant des rythmes musicaux et des effets sonores représentés sur la table par des cercles et des sinusoïdales. Il existe seulement deux reactables dans le monde et Björk est ainsi la première artiste à en faire un usage grand public pour les concerts de la tournée Volta. Aucun apprentissage particulier n’est nécessaire pour l’utiliser, c’est un instrument collaboratif et intuitif.

    Rock en Seine – les Autres

    Une bonne, une excellente cuvée 2007 pour le festival Rock en Seine, rendez-vous rock parisien de la fin de l’été, étalé sur trois jours et trois scènes cette année, pour nous remettre d’un été maussade. La programmation toujours plus remarquable, mais que vont-ils trouver l’année prochaine pour faire mieux ! La technique et l’organisation excellentes. Le Paris rock a été comblé une nouvelle fois. Seule fausse note, Huchon, président de la région Isle de France et initiateur/organisateur du festival ne résiste pas et colle sa photo en première page du programme gratuit, encravaté, stylo-or au dessus du parapheur ministériel, embonpoint républicain ; il aurait au moins pu enfiler un T-shirt Rock en Seine, cela lui aurait donné un air plus détendu, plus rock ‘n’ roll que diable !!!

    Warmup le vendredi, ambiance boueuse sur la grande scène du parc Saint-Cloud mais programme revigorant : Mogwai, une espèce de progrock instrumental, agréable avec ses longues envolées de guitares et ses voix vocodées ; The Shins et ses jolies mélodies pop-folk bien emmenées par un chanteur-compositeur-guitariste de talent ; The Hives un groupe de suédois complètement cinglés, punk-garage, lookés noir et blanc, auto-satisfaits et bruyants, virtuoses et sans complexe, qui déchaînent le parc ; et, et, et… Arcade Fire, de retour à Paris, puissant et prodigieux sous la presque pleine lune, bien qu’un peu moins nature qu’à l’Olympia en mars dernier. On est à la fois heureux de les voir en plein air où le volume et l’effervescence de leur musique s’exprime à profusion, mais un peu frustrés de devoir les partager avec 20 000 spectateurs. Et puis Régine était de mauvaise humeur ce soir, toujours à chigner pour un retour pas comme elle voulait, un réglage à fignoler, mais quelle musique, quel bonheur ! La set-list était sans grand changement, sauf l’absence regrettée de Poupée de cire Poupée de son (Régine était nerveuse nous l’avons dit). Tout le monde est rentré chez soi la joie au cœur et l’âme regonflée de toute l’énergie véhiculée par cette musique du nouveau monde.

    Samedi le terrain a commencé à sécher et Pravda ouvre le bal sur la scène de la Cascade : duo parisien, une bassiste style grande liane brune aux yeux bleus, habillées d’un fourreau noir, qui chante et joue de la basse comme elle tirerait à la Kalatch, son alter égo à la guitare peroxydé à la Billy Idol, une musique basique et efficace style The Kill ; Calvin Harris, un groupe écossais électro-funk énergique ; CSS et ses 5 musiciennes brésiliennes, fraîches, détendues, buvant des bières, faisant les folles, tirant des fusées à cotillons, fringuées multicolore, déchaînées sur la scène, déployant un rock dance très nouveau monde, très… Brésil ! Tout le monde est tombé sous le charme, il parait que la ministre de la culture était dans le public. CSS veut dire Cansei De Ser Sexy (Fatiguées d’Etre Sexy) mais elles sont en pleine forme les furies paulistes ; et en final les Rita Mitsouko qui ont bluffé la scène de l’Industrie avec un show très pro, très mesuré, la gestuelle contrôlée de Catherine Ringer, toujours moitié clownesque moitié déjantée, parfaitement adaptée au traitement de la musique. Fred est calme à la guitare électro-acoustique, lunettes noires et costar rayé, look mafieux barbu. La set-list est complète. Les quadras frétillent, les plus jeunes s’ennuient. Les Rita se permettent même une excellente reprise de Red Sails de Bowie avant le final sur Marcia Baila, et un dernier salut à deux au public qui, s’il avait insisté un peu plus aurait peut-être obtenu un rappel même si non programmé officiellement.

    Dimanche, tout est sec, les remugles des toilettes publiques se mêlent aux senteurs des merguez, les festivaliers se préparent au final. Kings of Leon  délivre sa gouaille sudiste en plein soleil, un climat de circonstance pour ce groupe qui évolue de façon très favorable : voix déchirée par le bourbon et les cigarettes, guitares claquantes ou grinçantes, la grande scène est transformée en une immense et joyeuse salle de saloon ; Faithless est beaucoup moins séduisant, un genre de sous Massiv Attack avec rythmes obsédants et synthés démodés, conduits par Rollo Amstrong la sœur de Dido. Un afro-européen sur le devant dévide son trip-hop chaloupé en maillot Puma pendant que les indo-européens derrière assurent la logistique. Pas inoubliables bien qu’entraînant. Et puis… Björk que certains présentent comme une attraction pour bobos alors qu’elle est devenue la fiancée de Paris en ce jour inoubliable.

    L’emmerdeur patenté du concert rock

    Alors que le show est commencé, il tente une percée vers le premier rang un gobelet de bière tenu en équilibre au-dessus de la tête.
    L’emmerdeur patenté se déplace en bande, avec une ribambelle de cinq ou six crétins qui se tiennent par la main et poussent, poussent, poussent, quoiqu’il se passe devant eux. Ils marchent sur les pieds, renversent de la bière au passage sur les spectateurs déjà pressurisés telles des sardines dans leur boîte, empêchent l’environnement proche de profiter du concert.
    Comme dans notre bas monde la mauvaise éducation et la goujaterie payent souvent très bien, l’emmerdeur patenté qui n’a pas fait le pied de grue trois heures durant pour tenir sa place dans les premiers rangs, obtient finalement le même résultat, sans l’attente…
    Le pire est quand l’emmerdeur patenté se rend compte qu’il ne peut plus progresser et s’arrête juste sur vos pieds. Il faut alors le persuader de poursuivre sa poussée plus loin, au besoin à coups de pieds sournois, voire à coups de coudes vicieux. Mais l’emmerdeur patenté est tellement insupportable que l’on arrive à devenir très créatif pour le chasser.

  • Raymond Barre est mort

    Raymond Barre est mort. Comme tous les hommes politiques qui ont dit la vérité aux français il n’a jamais été élu à la fonction suprême. Il a été l’auteur de quelques perles comme « si les corses veulent leur indépendance, ils peuvent la prendre ». Dieu merci, la presse se concentre sur le vrai sujet du jour, la retraite de Guy Roux, un footeux populiste qui va donc cesser d’entraîner on ne sais plus quel club de foot-balle dans la France profonde. De profundis !

  • Démagogie de la baballe

    La pensée du jour revient incontestablement au député socialiste Philippe Martin qui termine sa chronique dans Libération par cette inoubliable référence à l’ovalie comme modèle de réconciliation pour le PS :

    « A la veille de l’ouverture de la coupe du monde de rugby, ajoutons-y l’utilité pour les socialistes de s’inspirer des valeurs de ce jeu où le « vivre ensemble » est la clef du succès et où l’on gagne, même lorsque l’adversaire est redoutable, en faisant preuve d’humilité et de respect, d’amitié et de sens du sacrifice, bref de fraternité. ».

    Heu… il n’a jamais vu la tête des joueurs de rugby après un match le Martin ! Il sort d’où celui-là ? Tu parles d’une fraternité le rugby ! Une bande de musculeux anabolisés qui se massacrent à coups de crampons pendant 90 mn sur une pelouse face à un troupeau de gnous hurleurs et imbibés, puis se murgent à la bibine pendant la troisième mi-temps quand ils ne posent pas à moitié nus pour des calendriers douteux. « Mondial de rugby, Mondial des abrutis » titrait Charlie-Hebdo la semaine dernière, la référence me paraît plus appropriée.

  • Retour sur le pouvoir maoïste au Cambodge

    Une série de passionnantes émissions sur France Culture accompagne le café du matin depuis plusieurs jours : l’Histoire des quatre années Khmères rouges au Cambodge entre 1975 et 1979, ou comment ce régime est arrivé au pouvoir, l’a exercé, l’a plus ou moins quitté et n’a toujours pas rendu compte du massacre d’un tiers de sa population en relativement peu de temps. Il s’est agi de la mise en œuvre de la Vraie Révolution, telle que même Mao l’a rêvée sans arriver à l’appliquer en Chine. La Révolution pure !

    Ces quatre années dépassent l’entendement : la ville de Phnom Penh vidée de ses deux millions d’habitants le jour de sa libération par les Khmers rouges (2 millions d’habitants expulsés en une journée !!!), le peuple ancien composé des bons paysans et le peuple nouveau des mauvais citadins pollués par l’Occident. Tout ce petit monde envoyé dans les rizières, l’esclavage, la famine, les camps de rééducation, les millions de morts, l’Organisation Angkar, anonyme et toute puissante (pendant les deux premières années le nom des dirigeants du pays restera inconnu, une première dans la diplomatie internationale !) décide de tout. La fermeture totale du Royaume à toute influence externe en dehors de la Chine qui ne ménage pas son soutien à cette expérience révolutionnaire et qui accueille d’ailleurs le prince Sihanouk quelque peu dépassé par les évènements.

    L’aveuglement du reste du monde, médias comme politiques, personne n’a cru à ce qui se passait : le massacre idéologisé et industrialisé des cambodgiens par d’autres cambodgiens, fomenté par une clique maoïste, en partie formée par l’Université française (Khieu Samphan a soutenu sa thèse à la Sorbonne dans les années 50, détaillant grosso modo le programme polico-économique qu’il mettra en œuvre avec L’Angkar) germé sur le fumier de la guerre civile et des guerres sud-asiatiques attisées par l’Occident en lutte contre le communisme.

    C’est le Vietnam, ennemi historique du Cambodge, qui mettra fin à l’expérience sanglante. Du coup, la Chine et les Etats-Unis, ennemis historiques du Vietnam soutiendront longtemps la représentation Khmer rouge à l’ONU pour éviter d’y accueillir un représentant cambodgien provietnamien ! Grandeur et décadence de la politique internationale.

    Le plus incroyable est que le pouvoir actuel provietnamien reste plus ou moins issu du régime Khmer rouge et que cela ne dérange personne. Ieng Sary et Khieu Samphan, Frères n° « 3, 4 ou 5 » de l’Angkar coulent des jours paisibles à Phnom Penh en assistant goguenards à la constitution d’un Tribunal international pour juger les crimes contre l’Humanité Khmers rouges, jugement dont personne ne veut, ce qui laisse douter de la tenue d’un procès avant la disparition des derniers protagonistes vivants. Jacques Vergès est bien entendu déjà sur les rangs pour défendre Khieu Samphan… En attendant, le peuple Khmer vaque à ses occupations et gère ses traumatismes. Dans les campagnes, comme au Rwanda, les anciens tortionnaires cohabitent avec les survivants, sans trop de problèmes semble-t-il.

    Cette Histoire est proprement incroyable, et tout se passait dans les années 70, si près. La seule leçon à en tirer : livré à lui-même, laissé à la merci de l’idéologie et sans contrôle démocratique, l’Homme laisse libre cours à sa noirceur et n’est pas capable de réfréner ses ambitions de domination et ses instincts sanguinaires. C’est malheureusement un axiome confirmé quel que soit le continent.

    Depuis le régime cryptocommuniste au pouvoir a rétabli une république populaire moitié mafieuse, moitié capitaliste qui n’a pas vraiment sorti le pays de ses démons passés. Le peuple bouddhiste continue à méditer dans ses rizières sur l’une de ses rengaines favorites :

    Quand tu entres dans la rivière, le crocodile t’attend ; quand tu montes sur la berge c’est le tigre qui t’attend !

  • « Océanopolis » à Brest

    Visite du musée « Océanopolis » à Brest avec son intéressant aquarium et ses bassins Tropical, Polaire et Tempéré. Déjeuner sur le port face à l’embarcadère pour Molène et Ouessant tourné vers l’océan ; les bureaux des compagnies maritimes, les sociétés d’entretien de bateaux, les douanes… se succèdent sur les quais. Les grands navires sont chargés et déchargés par des grues gigantesques. Nous sommes sur l’Atlantique, alors le temps est plutôt gris, les rafales de vent font vibrer les structures des hangars, les Bars du Grand Large servent de la bière au tonneau. Plus loin la silhouette du porte-avions « Clémenceau » achève de rouiller dans la rade militaire dominée par un fort majestueux.

  • Le destin de Romain Gary

    A l’écoute des entretiens de Romain Gary sur France Culture en 1969, juste à la sortie du roman « Adieu Gary Cooper », un livre culte de notre post-adolescence. Il parle de ses mille vies passées : exilé russe-résistant-pilote de la RAF-diplomate-cinéaste-metteur en scène, et de sa volonté aujourd’hui de poursuivre une quête intérieure grâce à sa vie d’écrivain qui suffirait à son bonheur au-delà des conquêtes et des kilomètres sur la planète. Il dit :

    Je considère que le bonheur est incompatible avec une multiplicité de vies.

    Il prédit qu’il ne vieillira pas vieux. Il se suicide en 1980, un an après la mort dans les mêmes conditions de Jean Seberg, l’actrice américaine qui fut sa femme.

  • Crise financière et jugeotte

    Le Canard Enchaîné cette semaine rappelle ingénument que Jean-Claude Trichet, ci-devant gouverneur de la Banque centrale européenne, affirme depuis des lustres qu’un système où la richesse mondiale croît en moyenne annuelle de 5% mais où les marchés financiers exigent des entreprises une rentabilité de 15% et la masse des crédits augmente de plus de 15%, un tel système donc, court au krach financier. En d’autres termes, l’effet de levier si cher à nos analystes est en train de nous en mettre un coup (de levier) sur la tronche. Un peu de bon sens ferait du bien à tout le monde.

    Il nous revient d’ailleurs que ces banquiers centraux avaient été qualifiés de « gnomes de Frankfort » par Juppé le Raide lorsqu’il était au pouvoir, en référence aux « gnomes de Zurich » de de Gaulle. Il avait fait encore très fort notre Juju favori, tout en finesse et en démagogie. Trichet est d’ailleurs régulièrement voué aux gémonies par notre politicaille nationale, surtout en période électorale. Il semble toutefois qu’il ne dise pas que des idioties, tout particulièrement lorsqu’il parle des déficits français.

    Le plus ubuesque dans la crise actuelle est qu’elle est partie de la défaillance, en voie de généralisation, de ménages plutôt défavorisés qui n’arrivent pas à rembourser leurs banques qui entre temps ont laissé libre cours à leur infinie créativité pour titriser et refourguer leurs créances à droite à gauche. Les financiers ont cru pouvoir rendre solvables des ménages pauvres par le biais d’instruments financiers auxquels personne ne comprend rien. Les riches y ont laissé leur jugeote et vont y perdre quelques plumes.

    La nouvelle du jour est que les pauvres sont toujours pauvres, et donc risqués pour leurs prêteurs qui vont l’apprendre à leurs dépens. Comme le disait Snoopy :

    Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade !

  • Le désespérant suivisme d’analystes financiers de rencontre

    Les soi-disant analystes financiers découvrent que les Etats-Unis sont surendettés et leurs ménages les plus défavorisés engagés dans des prêts immobiliers à taux variables les menant à la faillite. Eh bien, quelle surprise ! Les Etats-Unis endettés ? On apprend ça à l’école, premier cours d’économie : la fin du Golden Exchange Standard qui dû être officialisé par Nixon dans les années 60/70 lorsqu’il a mis fin à la fiction de la libre convertibilité du dollar US avec l’étalon-or !

    Alors les soi-disant analystes qui ont dû lire les livres d’économie de leurs enfants réinventent soudainement le fil à couper le beurre et matraquent les marchés financiers de leurs prévisions panurgistes. Nous sommes dans une phase de consolidation nous disent-ils. On adore lorsque les analystes financiers nous parlent de consolidation voire de correction. Cela veut dire généralement dans la langue des petits épargnants : baisse des cours que les analystes/spécialistes n’avaient pas anticipée !

    Il s’agit de quoi avec cette crise du subprime ? En gros, un ménage plutôt défavorisé achète une maison au-dessus de ses moyens grâce à un crédit à taux variable à un moment où les taux sont bas. La banque qui a une créance sur ce ménage défavorisé vend sa créance à une banque d’affaires qui la transforme en titres négociables qu’elle refourgue en bourse après les avoir qualifiés d’investissement sûr puisque assis sur une propriété immobilière (hypothéquée qui plus est). Lorsque les taux montent et la valeur de l’immobilier baisse, l’emprunteur initial de peut plus rembourser son crédit et sa maison qui a baissé de valeur, saisie par le prêteur, ne peut plus compenser la créance. C’est le boxon et le château de cartes s’effondre. Nous en sommes là !

    Les journaux nous ramènent leurs économistes mondains de service, les de Boissieu, Fitoussi et autres Touati qui, au sortir de leurs salons pour grands penseurs, nous gratifient de formules majeures telles que :

    Le marché cherche ses repères : il va rester très volatil dans les jours voire les semaines à venir.

    Bon, nous voilà bien avancés.

    –           Eh bonjour Monsieur le Marché ! Comment ça va ce matin ?

    –           Ah, pas bien fort Mme. Michu, pas bien fort ! Je cherche mes repères figurez-vous. Je les ai perdus et je ne sais plus où les retrouver. Que vais-je donc devenir sans mes repères Mme. Michu ?

    –           Ahhhhhhhhh ! Mon pauvre Monsieur le Marché, allez donc voir au bistrot chez Dédé, je crois que vous trouverez vos repères au comptoir. En attendant j’vous mets une livre de carottes, ça favorise la réflexion ?

    « Le marché cherche ses repères… » !!! On croit rêver !!! Comment peut-on commettre d’aussi irréparables platitudes ? Mais bougres de têtes de nœud c’est vous les analysants qui êtes censés jalonner le chemin du marché des repères nécessaires à sa bonne compréhension par les investisseurs, petits et grands, tels les lampadaires au bord d’une route qui développent leurs halos de lumière rassurante et salvatrice. Il y a quelques données basiques qui devraient germer dans vos cranes d’œuf : quand tout un système repose sur l’endettement et que personne n’épargne, c’est risqué et donc pas durable, et d’une ; deuxio, les bénéfices ne peuvent pas croître indéfiniment plus vite que les ventes, sinon le plancher rejoint le plafond et on se retrouve en bouillis au milieu. Ce n’est pas compliqué quand même ! Mais si le marché cherche ses repères alors évidemment l’analyste est désorienté et n’a plus la tête à consacrer à des choses simples.

    Heureusement qu’ils ont fait des études supérieures ces économistes aux petits pieds. Les uns pronostiquent une baisse des taux quand les autres prévoient leur envolée. Cela relève du Café du Commerce du coin de la rue au départ du quinté-plus de Longchamp. Le maquignon dans son marché à bestiaux de la France profonde a probablement une meilleure appréhension du capitalisme réel que ces divas en voitures de luxe.

    En attendant, Oyé Oyé petits épargnants, suivez vos intuitions et votre bon sens, non uniquement les conseils déclarés de ces ahuris médiatisés. N’oubliez pas que le marché cherche ses repères… !!!

  • La retraite apaisée

    A l’écoute des grands débats contemporains de France-Culture en faisant la vaisselle : ce soir le sujet porte sur le vieillissement de la population. Les sociologues de haute volée qui dialoguent notent en passant qu’un des moyens pour saborder une retraite tranquille est de multiplier les divorces pendant sa vie active, sources de pensions alimentaires sans fin et d’explosion exponentielle des dépenses ménagères. Pour une vieillesse paisible les vieux votent pour la paix dans les couples !

  • Clinquant et Cie

    Rigolo : l’hebdomadaire Marianne signe un article cette semaine sur le côté nouveau-riche-clinquant du Sarko. C’est vrai qu’il donne matière à sourire : Ray-Ban Aviator, brushing de star, montre Breitling lourde et grosse, cigares de pédégés, stylos Montblanc en argent massif. Bref, du Bernard Tapie en à peine plus distingué. Sans parler des vacances tape-à-l’œil. Il est des positions au sommet de la République où un peu de discrétion et de modestie ne nuirait pas à la popularité.