Blog

  • Garcin Jérôme, ‘Théâtre Intime’.

    Sortie : , Chez : . Comme nous tous l’auteur a lu Le Temps d’un Soupir de la femme de Gérad Philippe, Anne, et comme nous tous il est tombé immédiatement follement amoureux de son auteur qui a commis l’une des plus boulversante déclaration d’amour de la littérature française. Il a rencontré Anne et a épousé sa (leur) fille dix ans plus tard. Elle fait perdurer la tradition familiale du théâtre, Garcin délaye ses souffrances et éblouissements devant le statut d’actrice de sa femme. Qui aime-t-il le plus passionément d’Anne ou Anne-Marie ? On ne le sait plus. Elle sont l’une et l’autre l’émanation d’une légende qui s’estompe de la mémoire collective, et c’est le Cid qui fonde cette confession intime.

  • David Byrne – 2004/05/05 – Paris le Bataclan

    David Byrne and the Tosca Strings

    David Byrne, ex-leader-créateur-concepteur-animateur d’un groupe phare des années 80, The Talking Heads, s’est installé pour une soirée au Bataclan à la tête d’une troupe originale et rafraîchissante qui outre batteur et bassiste, met en scène un ensemble de cordes (quatre violonistes et deux violoncellistes) et un redoutable percussionniste : The Tosca Strings. Ils viennent de sortir un disque ensemble : Grown Backwards.

    L’homme n’a guère changé. Seuls ses cheveux ont sévèrement blanchi mais on retrouve le même pantomime en baskets, dont les pas de danse sont aussi furieux que les riffs de guitare. La voix haut perchée est toujours mélodieuse et agile. L’ensemble est souple et intelligent. Au milieu de ses nouvelles créations, dont des musiques de film, on reconnaît sans peine quelques standards des Talking Heads (Heaven, I Zimbra, Life During Wartime, Blind, Psychokiller) qui déclenchent l’enthousiasme du petit monde intello-parisien qui se pressent auprès de l’artiste britannique ; Sophie Calle est de la partie.

    Avec Talking Heads on avait un groupe éminemment urbain qui nous a ouvert sur les rythmes de la ville et de la folie. En association avec Tosca Strings il crée une fantastique rythmique sud-américaine qui transpire le soleil de Rio et la violence des favelas, c’est le carnaval à notre porte.

  • Harrison Jim, ‘Aventures d’un gourmand vagabond’.

    Sortie : , Chez : . Les aventures culinaires burlesques de l’inénarrable auteur américain de La Route du Retour et de Dalva. Des envolées lyriques et gargantuesques sur les vraies saucisses de cochon ou la bécasse sauvage traversant le ciel du middle-west, sur l’homme politique et sa relation à la bonne chère, des correspondances épicées avec des compères français de boustifaille. Et toujours le style impérieux de cet amoureux lucide de la vie qui a commis parmi les plus belles oeuvres de ma bibliothèque.

  • The Stranglers – 2004/04/01 – Paris le Trabendo

    « Always Heroes… »

    Mais après quoi courent The Stranglers depuis vingt-cinq ans ? Tout ce temps passé depuis le déferlement punk jusqu’à la vague électronique n’a pas fait dévier d’un iota nos hommes en noir. Exsudant toujours la même sinistrose, teintée de violence urbaine et inspirée d’un bestiaire obscur : entre la peste vicieuse du rat et l’élégance racée de la panthère noire, le vol rectiligne du corbeau vient nous rappeler que la fin rode.

    A l’écart des grands courants du Rock, ils continuent de décliner les mêmes rythmes tribaux en montant à l’assaut de notre tranquillité bourgeoise. Ils sont restés fidèles à la pureté initiatique du Rock premier lorsque leurs camarades de couloirs de maisons de disques dérivaient vers des formats FM sans âme. Et pendant que Sid Vicious chantait My Way sur les plateaux télé en prime time Hugh Cornwell et sa bande composaient la mélodie dévastatrice de No More Heroes en faisant poser Jean Jacques Burnel sur la tombe de Troksky… c’était en 1977 !

    The Stranglers ne courent finalement plus après grand-chose. Ils emmagasinent simplement le plaisir d’aller jusqu’au bout d’une idée, celle de l’essence d’une musique/attitude à une époque où le zapping est érigé en standard de vie.

    Et maintenant, que la Scène, oubliant ses renoncements, redécouvre le Rock, les Stranglers reviennent en odeur de sainteté. Ils sortent même en single Norfoalk Coast, chanson éponyme de leur récent album, alors que, fâchés avec l’industrie du disque, ils s’étaient toujours refusés à toute promotion de leur œuvre. C’est sous les nuages lourds et sombres de la cote britannique que Burnel est allé composer cette ode solitaire :

    I was a looser in the loving wars / I took my treasure to the Norfoalk Coast /… / I walked alone on the Norfoalk coast / And the screams of the birds they echoed around my mind

    Il en résulte un petit joyau de musique entêtante qui sera présenté au cours de la soirée.

    Le concert a lieu au Trabendo, bar-boîte aux pieds du Zénith. Peu d’espace et une atmosphère confinée. La ritournelle aigre-douce de Waltzinblack annonce, comme depuis des années, l’arrivée du groupe sur scène. Tous de noir vêtu, ils attaquent Norfoalk Coasti suivi de Skin Deep, Bing Thing Comming, Long Black Veil. Les trois lascars d’origine ont pris quelques années mais tiennent leurs places : Burnel à la basse, un Jet Black balzacien, barbe et cheveux blanc, à la batterie, et Dave Greenfield aux claviers. Paul Roberts le chanteur, qui a rejoint le groupe depuis 10 ans et Baz Warne (ex-guitariste des Small Town Heroes) depuis 4, rajeunissent la bande, mais on les dirait nés Stranglers. Une étrange nostalgie émane des textes de ce groupe tourné vers un futur urgent où la révolte rémanente continue d’irriguer une inspiration fataliste sur l’incontournable nécessité d’accompagner ce Temps qui passe en laissant les loosers dans le fossé : There is a new time coming / We’re gonna have to change / Big thing coming and it’s comming real soon. Mais malgré tout, comment oublier les souvenirs fondateurs qui sont finalement si proches : To sin and repent just wasn’t for me / I’ve been wild / I’ve been wild.

    Les chansons défilent non-stop, celles du dernier album et des reprises, notamment : Always The Sun, Duchess, Something Better Change, Walk On By, Five Minutes.

    Ces hymnes sont menés sur le même rythme ardent qui a fait le son du groupe : une ligne mélodique de basse appuyée, des nappes de claviers obtuses et entêtantes ajoutant une touche gothique à l’ensemble, une batterie épileptique portant la voix grave du chanteur sur des mélodies sulfureuses et concises. Bref, la même furia sophistiquée qui les avait fait détester par les Sex Pistols et adorer des frustrés de la vague punk. Mais à force de crier No Future, les punks sont morts et les Stranglers nous font danser sur leur tombe :

    I need a dream where I can live what I said / I need a place where I can put my head / I need a hole where I’ll find darkness now…

    Quelques rares moments de respiration avec Golden Brown, une ode à l’héroïne composée sur une bluette pour clavecin ou Tucker’s Grave et son envolée de claviers de cathédrale.

    Le groupe reprend sa course effrénée avec Lost Control, Who Wants The World, Grip, Tank, I’ve Been Wild…, la salle chauffe, Roberts ouvre sa chemise et dévoile des pectoraux qui font se pâmer les jeunes femmes, on voit même quelques sourires se dessiner sur la bouche des musiciens. La machine infernale Stranglers trace son sillon dans un terreau qui reste des plus fertiles : celui du Rock’Roll honnête et dur, prévisible donc éternel.

    Pour terminer le deuxième rappel JJ frappe sur sa basse et lance No More Heroes et son hallucinante mélopée synthétique aux relents purificateurs :

    Whatever happened to all the heroes? / All the Shakespearoes? / They watched their Rome burned / Whatever happened to all the heroes? / No more heroes any more…

    Et nos héros sont partis ! On les retrouvera 48 heurs plus tard pour un dernier concert en direct sur FIP avant de poursuivre une tournée européenne. On espère que le prochain disque avant les cinq années qui furent nécessaires à l’accouchement de Norfoalk Coast !

  • AUSTER Paul, ‘Tombouctou’.

    Les déambulations désespérées du chien Mr Bones qui, comme son maître Willy, désertera le monde ingrat des humains pour retrouver Tombouctou, l’au-delà des bienheureux. Une fable tristement réaliste.

  • Don Delillo , ‘Outremonde’.

    Sortie : , Chez : . 890 pages (un peu longues…) sur les pérégrinations d’une balle de base-ball issue d’un célèbre match à New York en 1951 qui parcourera ensuite toute l’Amérique de la guerre froide. Edgard Hoover y croise les personnages les plus divers, les aventures s’entremêlent et les destins de croisent, le tout donne le « le miracle américain » avec ses saints et ses déchets.

  • Bashung – 2004/01/30 – Paris le Zénith

    « La tournée des grands espaces »

    Kronic à venir

    Setlist

    Tel/ Je me dore/ Faites monter/ La nuit je mens/ Sommes-nous/ Aucun express/ Le Dimanche à Tchernobyl/ L’Irréel/ Mes prisons/ Fantaisie militaire/ Volontaire/ Étrange été/ Légère éclaircie/ Bombez !/ What’s in a Bird/ Mes bras/J’passe pour une caravane/ Osez Joséphine/ Les Grands Voyageurs/Samuel Hall/ Vertige de l’amour/ 2043/ Faisons envie (en duo avec Chloé Mons)/ Cantique des cantiques (en duo avec Chloé Mons)/ Madame rêve/ Ma petite entreprise/ Martine boude/ Bijou bijou/ Angora/ Malaxe

    (setlist d’après le DVD live « La tournée des grands espaces »)

  • LEVI Primo, ‘Si c’est un homme’.

    Sortie : 1947, Chez : Editions Julliard.

    Une plongée désespérée au cœur du processus concentrationnaire de la barbarie nazie : Une plongée désespérée au cœur du processus concentrationnaire de la barbarie nazie : l’auteur n’en sortira pas indemne et mettra fin à ses jours 40 ans plus tard (bien que la thèse du suicide [il a chuté dans un escalier] soit discutée). Et tout ceci s’est passé dans notre vieille Europe donneuse de leçons, à la génération de nos grands-parents !

  • The Strokes – 2003/12/10 – Paris le Zénith

    The Strokes arrivent en France précédés d’une dithyrambique réputation et le public parisien se presse au Zénith pour découvrir « le nouveau Velvet » encensé par la presse rock internationale. Leur dernier disque Room On Fire est disponible dans les bacs depuis un mois. Il déclenche a priori moins d’enthousiasme que le premier.

    Et l’on voit débouler sur la scène nos cinq trublions new-yorkais qui entament leur set avec Reptila sous une lumière éblouissante de stroboscopes flashant la salle. Avec son refrain déclamé sur un rythme effréné :

    I said please don’t slow me down / If I’m going to fast

    le ton est donné, et personne ne viendra ralentir ni tenter de décourager cet emballement musical.

    Ils sont dégingandés, fagottés dans d’improbables Jeans/Converses, le cheveu dégoulinant, le jeu de scène plutôt statique. Julian Casablancas, auteur compositeur du groupe, promène sa rogue hésitante entre deux cigarettes et trois pirouettes avec le public. Fils du patron de l’agence de mannequins Elite, on imagine sa vie sentimentale plutôt fluide. Il développe une voix rocailleuse qu’un traitement électronique rend nasillarde. Il déclame des onomatopées sur les couples, la gloire, l’après, les nuits urbaines, le temps qui manque, bref l’urgence de la vie sur une planète hystérique.

    Ce look désabusé n’empêche pas un déferlement d’énergie stupéfiant. Le son est puissant, les riffs saccadés crachent l’urgence sans rémission (Give me some time, I just need a little time / Is this how it ends?), les guitares déchaînent le beat furieux de nos temps modernes. Les solos sont réduits au strict minimum, quelques notes qui s’échappent par accident de la machine infernale en route vers l’enfer (Never was on time). Le tout est prévisible mais furieux, contrôlé mais débridé. On ne croule pas sous le déluge des notes ni des accords mais on reste pantois de leur maîtrise répétitive et machinale du fond musical. Guitares, bass et batterie sont au carré pour déployer le tapis pourpre d’une cadence hallucinante. C’est la grande force des Strokes d’impulser un rythme itératif et féroce sur lequel se placent à bon escient la voix et les mots de Casablancas.

    Les morceaux de leurs deux disques se succèdent tels les flots de voitures dans les rues de Manhattan, seulement ponctués des Walk / Don’t Walk de feux impuissants à enrayer le déferlement : What Ever Happened, Automatic Stop, 12 :51, New York City Cops, Hard To Explain, Someday, Last Nite, …

    Hommage aux Maîtres, ils nous offrent une redoutable reprise de Clampdown du Clash prélevé sur London Calling. Et plutôt que les références journalistiques au Velvet Underground ou à Blondie, on tient avec The Clash la réelle inspiration de ce groupe hargneux qui hurle à la cantonade :

    The end has no end the end has no end

    The Strokes nous sert un final éblouissant avec Take It Or Leave It et après une petite heure de musique enfiévrée, plie bagage pour ne plus revenir, laissant frustré un Zénith dans le feu du coitus interomptus.

    Ce départ précipité relève de la faute de goût, d’autant plus qu’elle est récurrente. Mais soyons généreux, il s’agit seulement d’une bande de cinq gamins de 23 ans, à la morgue rafraîchissante, qui nous ont fait rock’n’roller aux rythmes incandescents de la rue new-yorkaise dans la joie et la bonne humeur. C’est revigorant et percutant. Ca pulse, ça déménage et ça réveille es morts. Ce n’est peut-être pas l’avenir du Rock’nRoll mais c’en est un présent emblématique.

    Et puis des garnements qui inscrivent Thank You au dos de leurs disques ne peuvent pas être simplement de mauvais garçons.

  • Pearl Mariane, ‘Un cœur invaincu’.

    Sortie : , Chez : . Bouleversant récit de la femme d’un journaliste américain enlevé et décapité par le terrosrisme islamique dans un faubourg glauque de Karachi. Elle est enceinte de lui et va vivre dix jours d’horreur avant d’apprendre la fin. Elle décortique la montée de la douleur qui se substitue à l’espoir. Boudhiste, elle survit à la folie, abandonne la haine et remonte le flot de l’horreur pour donner naissance à leur fils déjà orphelin de son père.

  • Revel Jean-François, ‘L’obsession anti-américaine’.

    Sortie : , Chez : . Analyse au vitriol, à la Revel, des incohérences de la critique anti-américaine systématique (généralement européenne), où l’envie se dispute au mépris, où la contradiction est érigée en mode de pensée. L’Amérique est accusée de tout et son contraire, d’être hyper-puissante ou isolationiste, d’être inculte et coupable d’impérialisme culturel, d’être protectioniste et de promouvoir la globalisation de l’économie, etc. On y trouve aussi d’intéressantes analyses comparatives franco-américaines sur les systèmes éducatifs, l’intégration des immigrés, la capacité de réaction politique, voire militaire, aux agressions internes comme externes.

  • Irving John, ‘La quatrième main’.

    Sortie : , Chez : . L’histoire désopilante d’un journaliste qui s’est fait avaler la main par un lion au cours d’un reportage, continue à accumuler les conquêtes féminines, fait la moue devant la vie pour finalement ouvrir son cœur à la veuve de celui qui lui légua sa main pour un tentative (sans succès) de greffe. Irving continue à porter un regard finalement optimiste sur le monde à travers ces histoires de « loosers » qui toujours courent après (et souvent trouvent) l’Amour.

  • David Bowie – 2003/10-11 – Paris et Marseille

    Paris Bercy les 20 & 21 octobre, Marseille le 14 novembre

    Un an à peine après son album Heathen et une superbe tournée dans des salles de dimension moyenne, David Bowie nous revient dans une forme éblouissante pour nous présenter son nouveau disque Reality et reformater l’un des plus subtils catalogue de chansons de notre époque.

    L’équipe est la même que l’an passé, diabolique et soudée, au service d’une musique qui traverse le temps avec tellement de bonheur. Earl Slick et Gerry Leonard aux guitares (la légitimité rock associée à la technologie), Sterlling Campbell et sa frappe ahurissante à la batterie, Catherine Russel chœur et percussion, Mike Garson de plus en plus rondouillard dans ses trilles et ses costumes, et l’ineffable Gail-Ann Dorsey basse et chant.

    Les lumières s’éteignent sur le lancement d’une intro filmée projetée sur un vaste écran vidéo : on y découvre un groupe de marionnettes colorées et naïves attaquant un instrumental rythmé, se transformant petit à petit en chacun des personnages, oh combien réels, que l’on voit se mettre en place pour le show. Comment mieux introduire les mues continuelles de l’artiste qui ont finalement abouti à ces soirées parisiennes ?

    Bowie resplendissant rejoint ses musiciens qui entament The Jean Genie ; Bercy s’enflamme et ondule au gré des riffs légendaires (Sits like a man but he smiles like a reptile / Jean Genie let yourself go) ! Le temps de se dévêtir d’un improbable queue de pie en jean, de s’emparer d’une guitare et la machine repart sur New Killer Star, l’évocation de nos barbaries sur Battery Park mais l’espoir ténu d’une lumière au bout du tunnel : I got a better way / I discovered a star / A New Killer Star / The stars in your eyes / Oh my nuclear baby / Let’s face the music and dance.

    Dans la foulée sont enchaînées Cactus, China Girl, Hallo Spaceboy. L’audience crie grâce après un tel déchaînement. Tout est carré, rythmé par l’inconcevable martèlement du duo Dorsey/Campbell à porter aux nues de la légende du rock ! Le son claque, les instruments sont réglés au quart de tour, pas une fausse note, pas une hésitation, la machine folle écrase tout sur son passage sauf la voix de Bowie. Et quelle voix ! Portée à merveille par un son surpuissant mais précis, il déclame ses textes, chuchote ses angoisses, crie ses menaces, donnant le La à une troupe de grognards, à lui dévoués, à la vie à la mort.

    Mais quand il faut respirer au milieu de l’enfer, notre armée des ombres sait faire dans la dentelle, au besoin en reléguant provisoirement en coulisses les plus violents d’entre eux. Et Bowie interprète de délicieuses versions de Under Pressure superbement co-chantée par Dorsey, The Motel ou un si bouleversant et actuel Loving The Alien. Seul sur le devant de la scène, attentif et fragile, hanté mais libéré, il nous dévoile une nostalgique tendresse en plaçant sa voix éthérée sur les portées pleines de grâce et de détermination d’une musique complexe et sophistiquée.

    Lors du deuxième Bercy, il jouera dans le même registre Days, complété à Marseille par Life on Mars et Five Years.

    Le retour au rock se fait via l’éternel White Light, White Heat de Lou Reed, suivi de I’m Afraid of Americans toujours aussi terrifiant. Le spectacle de tous les membres du groupe hurlant dans la tourmente d’un vortex musical d’acier en fusion : I’m afraid of Americans / I’m afraid of the world / I’m afraid I can’t help it devant un parterre de français médusés de découvrir que God is an American, réconcilie avec le siècle en donnant un nouveau sens au mot Rock’n Roll pourtant tristement galvaudé de FM en Star’Ac !

    Puis on écoute d’autres morceaux extraits du dernier album : Pablo Picasso, Fall Dog Bombs the Moon, Never Get Old. Le set du 21 octobre donne lieu à une troublante plongée dans l’album Low avec Sound and Vision, Breaking Glass, Be My Wife et Always Crashing in the Same Car. On y retrouve les trottoirs enneigés de Berlin quand Eno et Fripp, face au Mur de la honte, accompagnaient Bowie dans son parcours initiatique à la musique électronique, déclinée depuis sous d’autres formes bien navrantes.

    The Man Who Sold the World sera au programme du concert de Marseille où Bowie se remettait d’une extinction de voix qui l’avait forcé à écourter Nice et annuler Toulouse.

    Comme le veut la tradition, tous les shows se terminent par Ziggy Stardust et un vent d’émotion qui balaye l’assemblée, melting-pot de générations éblouies qui toutes reprennent en choeur : Making love with his ego /
    Ziggy sucked up into his mind / Like a leper messiah / When the kids had killed the man I had to break up the band, pendant que défilent B O W I E en lettres géantes sur le fond de la scène.

    Ziggy traverse le temps et inspire son Maître sans cesse renaissant. Bowie, Faust conquérant, égrène ses productions tel un voyeur errant dans une humanité désarticulée entre le Mal et le Bien, The Beauty and The Beast.

    La partie hexagonale de cette tournée mondiale nous a révélé un artiste réconcilié avec les mythes éphémères qu’il a engendrés puis exorcisés. Seulement, à conjurer les légendes on en sacrifie la magie sauvage. Ces shows pétillants, merveilleux de perfection ont manqué de l’alchimie qui nous a ensorcelés des années durant lors de chaque apparition bowienne. L’ambition de cette tournée était un peu à la baisse, d’un niveau comparable à la taille basse des jeans dont il s’est affublé sur son nouveau look. Etait-il bien opportun de faire applaudir l’assemblée sur Heroes ?

    Moins d’élégance exquise que l’an passé. C’est la tournée de la sérénité, de l’épanouissement, de l’énergie canalisée sur le thème : Bowie expliquée à ma fille… Mais ne boudons pas notre plaisir, la performance était immense, les compositions restent inégalées, la vision du monde toujours percutante et l’artiste au dessus de tous. Un groupe qui s’amuse et surfe en permanence sur l’axe effilé de la pure jouissance musicale. On en redemande !

     

  • Littell Robert, ‘La Compagnie – Le grand roman de la CIA’.

    Sortie : , Chez : . Tous les coups tordus des occidentaux contre le communisme, l’islamisme et la révolution contre l’ordre capitaliste en général. On y traverse la guerre froide, de Berlin à Langley en passant par Cuba. On entre dans le nouveau désordre international de Peshawar à Moscou. Un monde de l’ombre où la fin dicte les moyens et où les scrupules ne sont pas légion. L’Occident a gagné la première bataille, la deuxième est en cours.

  • KENNEDY Douglas, ‘L’homme qui voulait vivre sa vie’.

    Sortie : , Chez : . Il tue l’amant de sa femme et se réincarne sous l’identité de celui-ci pour fuir les poursuites et sa vie morose d’avocat à Wall Street.

  • Payne David, ‘Confession d’un Taoïste à Wall-Street’.

    Sortie : , Chez : . Eddy Love, pilote dans les Tigres Volants en Corée se distingue au sol et dans les cieux. Il laisse en Asie un enfant et le souvenir d’un flambeur. 20 ans plus tard, le fils devenu moine taoïste partira à la recherche du père sur les voies du Dow Jones à Wall-Street. De l’oracle taoïste à la théorie économique, il retrouvera l’image d’un père glorieux.

  • Salter James, ‘Une vie à brûler’.

    Sortie : , Chez : . Le parcours d’un pilote de l’US Air Force en Corée, devenu romancier et scénariste, amoureux inconditionnel de la France. Il se souvient du jour de son premier lâcher en avion : « … j’avance la manette des gaz. Je ressens en cet instant -je m’en souviendrai toujours- le frisson de l’irréalisable. Récitant pour moi seul, exubérant, immortel, je sens l’appareil quitter le sol, par dessus les fermes et les champs de foin, faisant le bruit d’une énorme mouche bourdonnante. Je suis hors de portée, au-delà de la barre, nerveux mais sans effroi, ne sachant rien, certain de tout…, je tends un bras extatique dehors, l’exaltation, la divinité, enfin ! ». Il y a de belles et justes descriptions du sentiment de voler, ces retours au « port » au crépuscule quand tout est calme et que les premières lumières commencent à clignoter au sol, une profonde plénitude et l’impression fragile de dominer le monde.

  • Sidhwa Bapsi, ‘La fiancée pakistanaise’.

    Sortie : , Chez : . Histoires de massacres hindo musulmans, de guerres entre hommes des montagnes et des plaines, de femmes vendues ou lapidées, de traditions tellement pesantes, voire sanguinaires, qu’elles bloquent tout développement de l’Homme et des systèmes, bref, soyons heureux d’être nés dans notre bonne vieille France…

  • KENNEDY Douglas, ‘La poursuite du bonheur’.

    Sortie : , Chez : . Saga dans New York des années 50, amour et « black lists », rêve américain et dérapages conservateurs, grandeur et décadence de l’Amérique libératrice post deuxième guerre mondiale. Moins de souffle que les grands écrivains américains à la Harrison, mais un bon roman de vacances.

  • Udal Brady, ‘Le destin miraculeux d’Edgar Mint’.

    Sortie : , Chez : . Une sorte de Monde selon Garp en plus « trash », ou les pérégrinations d’un jeune métis indien à travers l’Amérique sombre des maisons de correction du Middle West, des réserves indiennes noyées sous l’alcool, des hôpitaux crasseux ; l’Amérique des camés au grand coeur, des mormons délirants, etc. Notre indien, orphelin de tout, déambule avec une vieille machine à écrire avec laquelle il noircit des pages de millions de mots au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans l’abyme gluant de sa découverte de la vie. De crimes en suicides, de fuites en résurrections, de confusions en abandons, le « happy end » est la page 544 de ce roman haletant. Nous sommes en Amérique !