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  • « Licorice pizza » de Paul Thomas Anderson

    Une jolie histoire d’amour dans le Los Angeles des années 1970 entre Gary (15 ans), étudiant joyeux et boutonneux suractif, et Alana (25 ans), assistante d’un photographe. Avant de se tomber dans les bras ils sont partenaires dans des business improbables, dont un magasin de waterbeds, puis de flippers. Gary regorge d’idées farfelues pour occuper un temps que ses études semblent lui laisser assez libre. Alana ne fait pas d’études, n’en a sans doute pas fait, et se laisse embarquer dans les projets de son cadet, puis tombera sous son charme

    Ce film drôle, léger et vif, se termine bien et sa musique est chapeautée par Johnny Greenwood, le génial guitariste-compositeur de Radiohead, ce qui ne gâche rien.

  • « Arthur Rambo » de Laurent Cantet

    Un film intéressant inspiré par un fait divers de 2016, l’histoire de Mehdi Meklat, jeune « beur » d’une vingtaine d’années, issue d’une famille modeste originaire « de la diversité », animateur du média « Bondy Blog », chroniqueur sur la radio publique, écrivain. Avec sa bande il diffuse avec énergie et enthousiasme le message d’une banlieue qui bouge et qui réussit. Happé par le tout Paris intello-progressiste qui adore ce modèle, jusqu’à ce qu’une série de tweets nauséabonds refassent surface. En même temps qu’il s’affichait dans le beau monde, notre héros publiait au début des années 2012 des messages antisémites, homophobes, négrophobes, islamophobes ou misogynes, bref, tout le monde y passait et dans un registre pour le moins sans limite.

    Le film montre la chute de Karim (Mehdi Meklat à la ville), d’autant plus brutale qu’elle se déroule en direct sur les réseaux dits « sociaux » sur lesquels grenouillent une jeunesse sans profondeur, un smartphone greffé à la main. L’histoire se termine sur la fuite du héros abandonné par son éditeur, sa fiancée, ses amis car il est devenu par trop radioactif. Karim meurt par où il a pêché. A l’écran comme dans la vraie vie Karim-Mehdi plaide le fait que son avatar « Arthur Rambo » (« Marcelin Deschamps » dans la vrai vie) n’est qu’un personnage fictif au travers duquel il « questionne la notion d’excès et la provocation »…

    Il est des choses qu’il vaudrait mieux ne pas penser, ou à tout le moins, si on les fait siennes, ne pas publier. Si on les formalise il faut en assumer la responsabilité et affronter l’immanquable polémique qui arrive lorsque l’on est un homme public. C’est ce qu’il a plus ou moins fait car il y a probablement dans Karim-Mehdi aussi une part sombre qui endosse plus ou moins consciemment les écrits de « Marcelin Deschamps ». Karim-Mehdi montre à quel point le talent peut être ravagé par une histoire personnelle trouble, un passé qui ne passe pas. Son dilemme relève sans doute de la psychologie. Sa réussite éphémère dans un milieu aussi prompt à l’accueillir qu’à le rejeter l’a empêché de prendre le contrôle de sa double personnalité qui a finalement explosé en plein envol !

  • Le bal des traîtres en surchauffe

    Dominic Cummings – Kiro/Le Canard Enchaîné (02/02/2022)

    Comme à chaque période électorale le ralliement des uns aux autres bat son plein. La création du nouveau parti politique « Reconquête ! » par le journaliste Éric Zemmour attise les convoitises avec à l’horizon des maroquins et des prébendes. Comme en 2017 lors de la création du parti « En Marche ! », une organisation partie de rien a besoin d’attirer à elle des militants qui soit viennent d’autres organisations qu’ils quittent, soit entrent dans l’action militante. « Reconquête ! » a aussi, et surtout, besoin d’attirer dans ses filets des dirigeants politiques connus qui, par définition s’ils sont déjà connus, appartiennent à d’autres partis ou organisations. C’est ce que l’on appelle pudiquement une « recomposition politique », en français dans le texte : le bal des traîtres !

    Ainsi va la vie politique, de convictions élastiques en comportements opportunistes, de fidélités à géométrie variable en amitiés de circonstance… C’est un rude et permanent combat.

    Dans un genre encore un peu plus extrême apparaît le cas du britannique Dominic Cummings qui explose tous les records de la fourberie politique. Il fut l’âme damnée de l’actuel premier ministre Boris Johnson dans sa campagne pour le Brexit, l’alimentant en désinformations diverses et mensonges variés avec un relatif succès puisque finalement le Royaume-Uni décida de quitter l’Union européenne par le fameux référendum de 2016. Parvenu quelques mois plus tard au pouvoir dans l’ombre de son prince il est son conseiller principal de juillet 2019 à novembre 2020 date à laquelle il est poussé vers la sortie pour avoir délivré des tombereaux d’outrances et d’avanies sur le monde politique londonien où il s’est créé tellement d’ennemis que son maintien auprès du premier ministre causait plus d’inconvénients que d’avantages.

    Débarqué du pouvoir officiel il continue de déverser son fiel sur la nomenklatura et particulièrement contre son ancien patron Boris Johnson. Il a quitté son bureau avec, a priori, une volumineuse documentation et il passe l’essentiel de ses journées à mettre le premier ministre dans la difficulté en feuilletonnant des révélations venant contredire les versions officielles de nombre d’évènements et décisions privées et politiques du premier ministre. La presse se rengorge de ce « Deep Throat » aux petits pieds dont le cas semble relever plus de la psychiatrie que de la science politique. Le garçon est malin et sait où il met les pieds, ce qu’il peut dévoiler et ce qu’il ne fait qu’évoquer. On peut être tranquille qu’il doit diffuser sous la table quantités d’autres délations qu’il n’a pas le droit de révéler officiellement.

    La France a connu le cas Patrick Buisson, ancien journaliste recyclé dans le conseil politique de l’ex-président Sarkozy entre 2007 et 2012 qui enregistrait en lousdé les conversations qu’il échangeait avec le président de la République. Des extraits de ces enregistrements ont été publiés par la presse, sans doute communiqués aimablement par M. Buisson. Le couple Bruni-Sarkozy a porté plainte contre lui pour « atteinte à la vie privée », Buisson a été condamné de ce chef d’accusation.

    Dans les deux cas, MM. Cummings et Buisson sont des gens intelligents et cultivés mais malfaisants, des forbans mettant leurs neurones au service de causes dont on ne sait d’ailleurs pas vraiment s’ils les endossent ou non, mais leur permettant de nuire dans l’ombre du pouvoir. C’est sans doute leur façon d’exister.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2017/03/le-bal-des-judas/

  • « Alberto Giacometti – André Breton, Amitiés surréalistes » à l’Institut Giacometti

    « Alberto Giacometti – André Breton, Amitiés surréalistes » à l’Institut Giacometti

    L’atelier de Giacometti (1901-1966) était sis rue Hippolyte-Maindron dans le XIVème arrondissement de Paris. Revendu par sa veuve le lieu n’a plus de lien avec l’artiste ou sa famille mais une fondation à son nom est installée dans un magnifique hôtel particulier en style art-déco qui était utilisé par l’artiste-décorateur Paul Follot, rue Victor Schoelcher dans le même arrondissement, face au cimetière Montparnasse et à côté de la résidence où vécut Simone de Beauvoir, quelques numéros plus loin dans la même rue.

    Institut de recherche sur l’œuvre et la pensée de l’artiste qui a participé au groupe du Surréalisme emmené par André Breton. L’atelier de Giacometti de 23m² est reconstitué à l’entresol et les autres pièces offrent une intéressante diversité dans leur décoration, servent de présentoir pour certaines œuvres et de présentoirs pour des lettres, des dessins et des livres mêlant Breton et Giacometti et leur « amitié surréaliste ». Il y a également de grandes bibliothèques remplies des écrits du mouvement et de Giacometti ; elles sont en libre consultation pour les visiteurs.

    Evidemment, le surréalisme est une affaire de spécialistes. Le néophyte est rapidement dépassé par les concepts de ce mouvement poétique et artistique de l’entre-deux guerres définit par son leader Breton comme un :

    « …automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale… »

    Tout est dit…

    On suit les étapes du surréalisme auxquelles participa Giacometti de près ou de loin. Tout ce petit monde est évidemment traversé par la révolution bolchévique et l’avenir radieux offert par l’URSS de Staline. L’affaire Aragon vient agiter le groupe : le poète, compagnon de route du parti communiste français, écrit un poème laudateur au retour d’un voyage en URSS ce qui entraîne son exclusion des surréalistes. Giacometti lui-même fera l’objet d’une exclusion le jour où il voulut sculpter des têtes à ses statuts., un impardonnable retour vers la culture bourgeoise…

    Ces surréalistes furent des gens un peu étranges, les dialogues qu’ils maintinrent entre eux sont débridés mais on pressent qu’ils furent créatifs et annonciateurs de l’art contemporain. Eluard, Dali, Picasso, Giacometti, Miro, Ernst et bien d’autres ont approchés Breton et son mouvement. Avec de tels artistes, tout n’est sûrement pas à jeter dans le surréalisme même si l’on n’y comprend pas grand-chose !

    L’exposition aujourd’hui commence par ce dialogue exposé au-dessus de la reconstitution de l’atelier du sculpteur :

    Breton : qu’est-ce que l’art ?
    Giacometti : c’est une coquille blanche dans une cuvette d’eau.
    Breton : qu’est-ce que la tête ?
    Giacometti : c’est la naissance des seins.
    Breton : qu’est-ce que ton atelier ?
    Giacometti : ce sont deux petits pieds qui marchent.

  • Le Mali expulse l’ambassadeur de France

    Dans le cas où les messages délivrés ces dernières semaines par Bamako n’auraient été suffisamment clairs, le Mali y apporte une touche finale et vient d’expulser l’ambassadeur de France au motif de déclarations de ministres français qui critiquaient le gouvernement local. Après l’expulsion des militaires danois de la force multinationale en place dans le Sahel pour lutter contre le terrorisme, la demande malienne de renégociation des accords de coopération militaire avec Paris et les manifestations anti-françaises, la France (et certains de ses alliés européens) se retrouve dans une position intenable où elle mène des opérations de combat dans un pays qui ne veut pas d’elle.

    Il faut admettre que le gouvernement de satrapes galonnés maliens est plutôt habile à la manœuvre et va probablement obtenir satisfaction avec un retrait probable, sinon souhaitable, des forces étrangères agissant sur son territoire. Il applique des mesures qui montent progressivement en puissance et de façon plutôt discrète et efficace, pas de grands discours vengeurs, peu de communication agressive mais des actes. La prochaine mesure pourrait être l’expulsion des citoyens français résidant sur son territoire, mais nous n’en sommes pas encore là. Paris n’a guère de mesures de réciprocité à appliquer, l’ambassadeur du Mali ayant déjà déserté la France il y a plusieurs mois. Et si jamais une mesure d’expulsion des Français du Mali était décidée, Paris serait techniquement incapable de faire de même avec les citoyens maliens résidant en France. C’est ce qu’on appelle un conflit asymétrique, le plus fort n’est pas forcément celui que l’on croit.

    Ça y est, la France est significativement embourbée au Mali, et même dans les pays avoisinants qui, certes, manifestent un peu moins d’hostilité pour le moment, mais la situation pourrait rapidement changer si l’on en juge par l’épidémie de coups d’Etat militaires qui se répand dans la région. La situation est quasi-inextricable. Paris a annoncé vouloir réfléchir deux semaines avant d’arrêter une position avec ses partenaires européens sur la poursuite ou non d’opérations militaires dans les pays du Sahel et, si par malheur la réponse était positive, dans quelles conditions et à partir de quelles bases.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2022/01/lespace-aerien-malien-viole-par-larmee-de-lair-francaise/

    Devant le mur des réalités, l’heure de la retraite va bientôt sonner pour la France et le Mali prendra la route de son destin avec des Russes, des Chinois, des djihadistes, des Touaregs ou qui que ce soient d’autres, mais en tout cas sans la présence embarrassante de l’ancienne puissance coloniale. Il était temps…

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/12/lincomprehensible-et-dommageable-entetement-politique-francais-au-mali/

  • PARKER Robert B., ‘Night and Day (version anglaise)’.

    Sortie : 2009, Chez : Quercus.

    Une aventure de l’officier de police Jesse Stone dans une banlieue Boston. Le garçon est sympa et analytique. Il picole pas mal pour oublier que sa femme l’a quitté mais il a beaucoup d’amis. Il dragouille une de ses adjointes mais ils forment une solide équipe qui va élucider le mystère du voyeur de la ville. Une lecture simple permettant surtout de maintenir son niveau anglais !

  • « Pinault collection » à la Bourse de Commerce de Paris

    Passionné par l’art contemporain auquel il consacre une partie de sa fortune et de son temps, l’homme d’affaires breton François Pinault (85 ans) a investi l’ancienne bourse de commerce de Paris pour y exposer les artistes qu’il chérit. Un accord passé avec la mairie de Paris a permis à cette municipalité de racheter le bâtiment à son propriétaire de l’époque, la chambre de commerce et d’industrie, puis loué à Pinault pour 50 ans. Celui-ci a pris en charge les travaux de rénovation confiés à l’architecte japonais Tadao Andō et le résultat est intéressant avec la construction d’un vaste cylindre de béton qui cerne le rez-de-chaussée sous une magnifique verrière et une fresque en circonférence placée sous celle-ci symbolisant les différents continents du monde et le commerce mondialisé, notamment celui des colonies et de l’esclavage…

    Les expositions présentées sont évidemment contemporaines, voire très contemporaines ! Dans l’auditorium est projeté un film d’une interview de François Pinault qui fait par de l’émotion qu’il éprouve régulièrement devant les œuvres qu’il acquiert en espérant toujours que c’est celle de « demain matin » qui déclenchera la passion la plus profonde à faire partager à ses visiteurs qui restent parfois un peu dubitatifs devant ces œuvres.

    Il est éminemment sympathique que cet homme de business réinvestisse une partie de sa fortune dans l’art plutôt qu’à Wall-Street, ce qu’il doit faire aussi. Cette fonction de sponsor de l’art satisfait certainement aussi l’égo de son initiateur, le nombre de fois où le nom « Pinault » est cité ou écrit est impressionnant, mais c’est sans doute la rançon à payer pour le voir investir le secteur de l’art où les moyens de l’Etat sont plus limités.

    On voit aujourd’hui les œuvres de Bertrand Lavier, des objets exposés dans les vitrines du rez-de-chaussée, un aspirateur On voit aujourd’hui les œuvres de Bertrand Lavier, des objets exposés dans les vitrines du rez-de-chaussée, un aspirateur superposé sur une armure, un Karcher, un miroir obscurci par les traces d’un nettoyage au savon, etc. ; celles de l’Américain David Hammons : un panneau de basket converti en lustre, un tapis de sol constellé de tâches chewing-gum et présenté sur fond bleu-nuit comme s’il était une constellation de galaxies, trois chats (naturalisés) dormant au sommet de trois gigantesques tambours africains, etc. ; un film de Stan Douglas montrant le processus créatif de la composition d’une œuvre musicale jazz-funk-afrobeat durant six heures et dont les séquences sont projetées selon un classement déterminé par un ordinateur ; les photos noir-et-blanc du japonais Nobuyoshi Araki à qui la mort de sa femme semble avoir inspiré des clichés érotiques.

    Les toilettes du rez-de-chaussée sont « non binaires », trois portes s’offrent aux visiteurs : « H », « F » et « H/F ». Un médiateur guide les indécis.

  • Une après-midi à la cour d’assises

    Riss (Charlie-Hebdo 01/06/2016)

    Le procès de cour d’assises contre les accusés des attentats religieux de Paris du 13/11/2015 se tient au palais de justice de l’Ile de la Cité depuis plusieurs mois et en principe jusqu’au mois de juin 2022. Il est ouvert aux citoyens qui peuvent suivre les débats en vidéo depuis une petite salle d’audience dans les sous-sols de ce palais tentaculaire, prévue pour une cinquantaine de personnes. Le palais de justice est cerné par des barrières et des forces de sécurité lourdement armées, l’entrée des visiteurs et auditeurs est contrôlée mais libre. Dans la salle vidéo ouverte au public, des gendarmes armés patrouillent pour rappeler poliment à l’ordre les contrevenants qu’il est interdit de filmer, d’enregistrer ou de photographier les débats. La justice doit rester sereine et équitable, le procès quant à lui est officiellement filmé compte tenu de sa spécificité comme l’ont été ceux du nazi Klaus Barbie ou des attentats contre Charlie-Hebdo et l’Hyper-casher de janvier 2015.

    Ce 25 janvier après-midi est consacré à l’interrogatoire du pakistanais Muhammad Usman qui faisait partie de la « sélection » faite en Syrie de quatre religieux envoyés en France pour participer aux attentats du 13 novembre : deux iraquiens qui se feront exploser au Stade de France, Adel Haddadi, algérien qui a refusé de comparaître à l’audience d’aujourd’hui et M. Usman présent dans sa cage de verre devant la cour. Le crâne glabre, la barbe en partie couverte par le masque sanitaire, la cicatrice au front, caractéristique des musulmans qui se prosternent à terre depuis des années pour prier, il est habillé à l’européenne et est aidé par une traductrice mais répond parfois en français aux questions de la cour.

    La séance s’ouvre sur la contestation du versement récent au dossier de pièces à charge de l’accusé, établissant sa participation à la guerre djihadiste en Syrie, dont une vidéo fournie par les services de renseignement américains où l’on voit l’accusé porteur d’une « arme longue », quelques autres « preuves de guerre » et un renseignement collecté lors de sa détention en France par le renseignement pénitentiaire. Les avocats de la défense, et même certains des parties civiles, plaident pour le rejet de ces pièces délivrées bien après la fin de l’instruction et dans des conditions qui les rendent, d’après eux, peu compatibles avec le code de procédure pénale français.

    Evidemment l’avocate générale souhaite les retenir et cite les références juridiques qui les rendent acceptables. Nous parlons des zones de guerre irako-syriennes et ce n’est effectivement pas un officier de police judiciaire placé sous l’autorité d’un juge d’instruction qui a récupéré ces preuves à Raqqa, mais des soldats sous la mitraille. Ce n’est pas tout à fait pareil L’avocate générale explique également l’existence de cette vaste base de données destinée à centraliser les preuves de guerre récupérée sur le terrain afin de documenter ce qui s’y passe et de poursuivre les coupables le moment venu. D’origine américaine, cette base est accessible à une vingtaine de pays qui peuvent y piocher de la documentation nécessaire à leurs actions judiciaires. On ne condamne pas un accusé sur base de ces documents mais ils peuvent aider à comprendre. La cour se retire ensuite plus d’une heure pour statuer sur la recevabilité de ces pièces, qu’elle approuvera. L’accusation prend acte de la décision en précisant qu’en conséquence l’accusé ne répondra à aucune question concernant ces pièces.

    Le groupe Etat islamique se voulait un proto-Etat et a documenté son action de façon assez précise. Il a été retrouvé des feuilles d’enrôlement du personnel, de multiples vidéos d’exactions commises par ses membres et permettant ainsi de les identifier, des millions de messages sur les réseaux dits « sociaux » permettant d’impliquer les auteurs et les destinataires… Un matériel d’une grande utilité pour les procès en cours dans différents pays ayant été attaqués par le groupe terroriste.

    Au retour de la cour, démarre l’interrogatoire de l’accusé Usman mené par le président. Il s’agit de retracer son parcours et, surtout, de comprendre si la poursuite de sa route vers l’Europe, même après que les attentats de 13 novembre se soient déroulés, était motivée par une nouvelle mission terroriste ou pas. Ayant déjà subi 8 interrogatoires judiciaires en Autriche et en France, le président revient sur ses déclarations, souvent contradictoires, qu’il n’hésite d’ailleurs pas à contester de nouveau devant la cour. Il aurait étudié durant six ans dans une madrassa au Pakistan puis aurait été radicalisé et recruté par le groupe Etat islamique sur Internet.

    ­- Avez-vous étudié le Coran en langue arabe ?
    – Oui, mais je ne comprenais pas tout.

    Une entraide judiciaire avec le Pakistan a permis à la cour de recevoir des informations des services de renseignement locaux affirmant qu’Usman aurait fait partie d’un groupe islamiste violent pakistanais dans lequel il aurait été formé par des talibans. L’accusé conteste mais admet que son recruteur Internet l’avait persuadé que les musulmans devaient rejoindre le théâtre irako-syrien car c’est là que l’on pouvait vraiment vivre en accord avec le Coran. Pour ce faire il lui transmet des vidéos dans lesquelles on lapide les femmes adultères, on pousse les homosexuels depuis un sixième étage, on coupe les mains des voleurs…

    Avez-vous été choqué par ces images ?
    Non, mais à l’époque j’étais jeune. J’ai fait confiance à Abbou [le recruteur] et peut-être avait-il pris le contrôle de mon cerveau. J’étais un musulman normal, c’est lui qui m’a radicalisé.

    Il prend donc la route de l’Iran, puis de la Turquie pour atteindre Raqqa en Syrie, puis Falloujah en Iraq, avant de revenir à Raqqa, passant pour ce faire dans les mains de passeurs.

    Que faisiez-vous fait à Falloujah ?
    On ne m’a rien donné à faire alors je restais à la maison et j’allais à la mosquée.
    Pourtant vous avez déclaré que vous aviez participé à des combats !
    … je ne sais pas…
    Et qu’avez-vous fait à votre retour à Raqqa ?
    Je n’ai rien fait non plus, et jamais combattu.
    Vous voulez dire que vous avez fait tous ces voyages depuis le Pakistan, pris des risques, dépensé votre argent pour, finalement, lire le Coran dans un appartement ?
    … oui, je ne sais pas…

    A Raqqa les chefs du groupe Etat Islamique le sélectionne avec deux Iraquiens et un Algérien pour mener une mission en France.

    Saviez-vous où était située la France ?
    Non, je ne savais pas.
    Saviez-vous quelle était la nature de la mission ?
    Non, je ne savais rien mais je voulais juste une revanche contre la France qui bombardait des femmes et des enfants en Syrie.
    Avez-vous vu des blessés par des avions français ?
    Non, mais j’en ai vu sur des vidéos.

    Une fois l’équipe des quatre terroristes constituée, munie de faux passeports syriens, elle part à l’été 2015 vers la Turquie pour prendre une embarcation de fortune qui la mène sur l’ile grecque de Kos. Là, les autorités douanières grecques ont identifié qu’Usman ne parlait pas arabe bien que détenteur d’un [faux] passeport syrien et ne l’ont pas autorisé à poursuivre sa route. Son collègue algérien est également bloqué pendant que les deux Iraquiens peuvent continuer. Ils se feront exploser le 13 novembre au Stade de France. Sur quatre terroristes munis de faux passeports tentant de profiter des flux d’immigration vers l’Europe, deux ont été arrêtés et les deux autres ont réussi à rejoindre Paris pour participer aux attentats sanglants du 13 novembre. Ça aurait pu être pire…

    Usman est retenu un mois à Kos avant de pouvoir reprendre sa route avec son comparse Algérien, ils atteignent un camp de réfugiés en Autriche quelques jours avant le 13 novembre, puis :

    J’ai appris ce qui s’était passé en France et j’ai été choqué, si j’avais su j’aurais refusé de participer à la mission. Maintenant j’avais reçu des papiers autrichiens, je voulais travailler un peu pour retourner chez moi.
    Mais pourtant vous aviez reçu de l’Etat islamique un téléphone et de l’argent lorsque vous étiez en Grèce pour vous permettre de continuer la mission vers la France ?
    Oui mais je ne savais pas les détails. J’ai accepté lorsque j’étais en Grèce mais après avoir découvert ce qui avait été commis le 13 novembre, j’ai renoncé. Je ne savais que ce serait un aussi « grand attentat ».
    Jusqu’à combien de morts auriez-vous considéré qu’il s’agissait d’un « petit attentat » auquel vous auriez pu participer ?
    … je ne savais rien…

    Après un mois dans un camps de réfugiés, Usman est arrêté par la police autrichienne mi-décembre 2015, son téléphone est expertisé :

    On a trouvé des traces de consultation de sites pornographiques, de sourates du Coran et des communications avec le Pakistan qui ont été effacées !
    Ce n’est pas moi qui ai fait ces consultations, je prêtais aussi mon téléphone pour rendre service.

    Il est 20h, le président annonce une pause de 15 minutes.

    Manifestement la conviction de l’accusation est que le groupe Etat islamique avait missionné M. Usman pour continuer la route vers l’Europe et être disponible pour un autre attentat qui était peut-être déjà dans les cartons à Raqqa. L’accusé s’en défend, se présentant comme un pion dans un jeu dont il ne maîtrisait aucun des fils. Le hasard, et la police grecque, ont fait qu’il n’a pas formellement participé aux attentats du 13 novembre pour lequel il était probablement programmé. Il y a des doutes, bien sûr, mais en matière d’attentats terroristes islamiques, le doute ne profite que rarement aux accusés tant les comportements de ceux-ci ont maintenant été cernés et leur obsession de destruction de la civilisation occidentale est maintenant documentée.

    L’auditeur est frappé par le volume et la qualité du travail d’information qui a été mené depuis toutes ces années pour reconstituer les vies et les actions des acteurs de l’Etat islamique. Outre les opérations militaires menées par la coalition internationale dans la zone irako-syrienne pour réduire les forces islamiques, les systèmes judiciaires et les services de renseignement des pays attaqués ont œuvré avec efficacité pour comprendre et démonter cette menace religieuse et protéger ainsi leurs citoyens.

    Muhammad Usman est en détention préventive depuis juillet 2016, il connaîtra sa condamnation dans quelques mois. Une procédure d’appel lui sera également offerte, comme au parquet d’ailleurs, s’il l’estime nécessaire. Il a été interrogé toute cette après-midi par un président parfois un peu goguenard face à ses multiples revirements mais toujours avec courtoisie, prenant acte de ses contradictions et de ses silences.

    En parcourant vers la sortie les couloirs déserts du palais de justice en ce début de soirée, le citoyen auditeur se sent rassuré de vivre dans un pays capable d’abolir la peine de mort et de déployer de tels efforts judiciaires (financés par les contribuables) pour rendre la justice « au nom du peuple français », même face à la barbarie la plus extrême, et il médite cette maxime dont il n’arrive plus à se remémorer qui l’a prononcée ni à quelle occasion :

    Les crimes les plus extraordinaires doivent être jugés par la justice la plus ordinaire.

  • L’espace aérien malien violé par l’armée de l’air française

    L’armée française continue à mener ses opérations aériennes au Mali et dans les pays avoisinants ce qui a tendance légèrement agacer Bamako qui qualifie ce vol de « manœuvre frauduleuse » et « décline toute responsabilité » si les auteurs (la France) renouvelaient ces violations… Le communiqué fait référence au fait que l’espace aérien malien est fermé par suite des sanctions prises par la CEDEAO avec le soutien de Paris et les sanctions réciproques prises par Bamako. L’argumentation est évidemment de mauvaise foi mais elle est recevable. Paris a répondu que les vols militaires ne seraient pas concernés par les sanctions régionales… On peut imaginer que l’armée malienne n’a pas vraiment les moyens d’abattre des avions militaires français mais qui sait ? Leur coopération en cours avec l’armée russe pourrait la voir dotée de matériel plus sophistiqué.

    C’est une nouvelle alerte qui confirme que la présence française au Mali est rejetée par les autorités de ce pays qui sont ulcérées de voir une armée étrangère agir comme si elle était chez elle. Même si à l’origine c’est un gouvernement malien qui a appelé la France à la rescousse il y a dix ans, le gouvernement actuel n’en veut plus. De toute façon, une intervention armée extérieure qui dure plus de douze mois s’appelle une occupation.

    Alors qu’un nouveau soldat français vient d’être tué (le 53ème) lors d’une attaque terroriste religieuse à Gao le 22/01/2022, il faut mettre fin rapidement aux opérations militaires françaises et européennes au Sahel et rapatrier nos militaires. Le plus tôt sera le mieux !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/02/la-retraite-retardee/

  • « Finding Fella » d’Alex Gibney

    C’est un film documentaire de 2014 sur l’une des légendes de la musique africaine, Fela Kuti (1938-1997), né au Nigeria, dont l’action et l’influence ont largement dépassé le domaine culturel et débordé sur la sphère politique d’un pays malmené par des dictatures militaires et civiles, dévasté par la guerre civile du Biafra (1967-1970).

    Fela a créé le genre Afrobeat, sorte de fusion entre le jazz, de funk, pimenté d’inspiration africaine désordonnée. Ses chansons durent 30 minutes en moyenne, il joue du saxophone, chante et soliloque avec 20 danseuses sur scène et nombre de musiciens, fume des quantités astronomiques de cannabis et soulève l’enthousiasme des foules, d’abord au Nigeria, puis au travers de tournées mondiales.

    L’homme revendique haut et fort son africanité. Il ne quittera jamais Lagos, la capitale économique tentaculaire du Nigeria, où il fonde la « République de Kalakuta », une espèce de communauté débridée où vit son harem, ses enfants et toute une population dont il pourvoie aux besoins alimentaires et médicaux. Déjà affublé de deux ou trois épouses, il décide de se marier en grandes pompes avec ses 27 danseuses… Il s’entoure également d’un gourou ghanéen qui le fera pas mal dériver des sentiers de la raison. Il fait de nombreux séjours en prison où il est sérieusement malmené par les forces de sécurité des régimes successifs du pays, parmi les pires de l’Afrique du XXème siècle qui a été plutôt performante dans ce domaine. Il meurt du SIDA en 1997, maladie dont il contestait l’existence, comme une partie du continent.

    L’inspiration musicale et politique de Fela est sans doute plus intéressante que son mode de vie. Il laisse une discographie impressionnante et fut une personnalité marquante du continent africain.

    Le cinéma d’art et essai L’Escurial dans le XIIIème arrondissement parisien a ressorti ce documentaire des cartons où il dormait et produit un groupe amateur d’Ivry en prologue du film :

  • L’Etat cherche à forcer Monsieur le Marché de l’énergie, en pure perte…

    Nous sommes en campagne électorale, cela n’a échappé à personne, et un élu à la recherche d’électeurs aiment moins que tout leur annoncer des augmentations de biens ou de services avant que ceux-ci ne se rendent dans l’isoloir. Il existe actuellement des tensions sur le marché de l’énergie où la demande excède largement l’offre pour toute une série de raison, dont la reprise économique mondiale qui s’avère plutôt une bonne nouvelle. Les fournisseurs d’énergie achètent actuellement leurs matières premières plus chères sur les marchés et cherchent donc à les revendre plus chères également à leurs consommateurs.

    Mais sur ces motifs d’accroissement des pris largement exogènes, l’Etat français ne peut pas grand-chose sinon regarder passer les trains telles les vaches dans les prés normands., ou alors, faire payer par les contribuables ce que les consommateurs ne veulent pas assumer. C’est exactement ce qui est train de se passer quand l’Etat impose à EDF de vendre de l’électricité à bas coût à des intermédiaires ou distribue un « chèque inflation » à 20 millions de citoyens. A la fin il y a bien quelqu’un qui paye mais l’Hommo-politicus, dans sa frénésie court-termiste pour garder son poste, a souvent pensé qu’il était moins pénalisant pour lui de faire payer le contribuable que le consommateur. C’est la raison des décisions de redistribution actuelles, on prend dans les poches des uns pour donner aux autres… une vieille histoire française !

    Le plus ironique dans le cas d’EDF c’est que les syndicats ouvriers du groupe ont déclenché une grève la semaine dernière pour protester contre cette mesure étatique qui va encore accroître la fragilité financière du producteur national d’électricité déjà lourdement endetté et déficitaire. Les ouvriers en lutte contre les consommateurs modestes, on aura tout vu.

    On se souvient qu’en 2012, la ministre de l’écologie Ségolène Royal avait déjà pris une décision autoritaire pour limiter les effets de l’augmentation des tarifs EDF régis par une formule légale. Deux ans plus tard, le conseil d’Etat avait considéré cette décision comme illégale et avait rétabli cette augmentation à titre rétroactif et le consommateur avait finalement payé cette augmentation…

  • Coup d’Etat au Burkina-Faso

    Le capitaine Sidsoré Kader Ouedraogo, porte-parole de la junte et des soldats, annonce qu’ils ont pris le pouvoir, le 24 janvier 2022 depuis la Radio Télévision du Burkina (RTB). – / AFP

    Eh voilà, un de plus, un coup d’état a été mené par des galonnés, cette fois-ci au Burkina-Faso qui s’installent donc au pouvoir à Ouagadougou. Le président est arrêté, la télévision nationale occupée, les pays occidentaux et les organisations internationales appellent à « respecter la constitution » et le peuple manifeste sa joie dans la rue, pour le moment… Les satrapes galonnés ont créé le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) qui s’engage à présenter « dans un délai raisonnable après consultation des forces vives de la nation, un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel », autant dire que ce n’est sans doute pas pour demain, mais d’ailleurs, est-ce si grave si l’ordre « constitutionnel » tarde à être remis en route ?

    L’ampleur et la permanence des attaques terroristes religieuses contre ce pays auraient précipité la révolte militaire. Les nouveaux dirigeants vont maintenant s’y frotter directement. Peut-être suivront-ils l’exemple de leurs collègues militaires maliens au pouvoir qui tendent à négocier avec les terroristes ? En tout cas voilà une nouvelle épine dans la botte de l’armée française qui opère dans la région dans une lutte sans fin et sans espoir contre les mouvements rebelles religieux.

  • La démocratie française est bonne-mère

    La cour de justice de la République (CJR), juridiction d’exception chargée de juger les crimes et délits de membres du gouvernement a examiné puis rejeté près de 20 000 plaintes (oui, vous avez bien lu : VINGT MILLE) prérédigées par un avocat antivaccin (Fabrice Di Vizio) à l’encontre du premier ministre et de diverses de ses ministres pour « délit d’abstention de combattre un sinistre », « délit d’extorsion », « délit de publicité mensongère », « délit de non-respect des obligations ».

    Cet avocat, spécialistes des questions de santé, habitué des plateaux télévisés défendant des positions « antivax » et en faveur du professeur Raoult, commercialisait ses plaintes prérédigées. Il en aurait vendu 20 000. L’ordre des avocats a ouvert une enquête sur ses pratiques professionnelles. Il y aura éventuellement des sanctions à son encontre.

    Cet avocat fait partie de cette catégorie de personnes se levant tous les matins pour se demander : « mais qui je vais bien pouvoir emmerder ce matin ? » Au-delà des comptes qu’il aura éventuellement à rendre à son ordre professionnel, il faudrait créer dans le droit français un délit de « foutage de gueule » qui permette de pénaliser ces citoyens qui utilisent les moyens de la démocratie pour en saper les bases. La CJR a passé plusieurs mois à étudier ces plaintes pour pouvoir décider de les rejeter, du temps a été perdu, des salaires des fonctionnaires chargés de travailler sur ces 20 000 plaintes ont été versés… bref, les contribuables ont payé de leurs poches pour ces billevesées. C’est une perte d’argent, de temps, de crédibilité et l’avocat félon continue à pérorer sur les plateaux télévisés sans assumer le moins du monde sa responsabilité. Il faudrait à tout le moins lui faire financer tout ou partie de cette gabegie déclenchée par son action pour qu’il assume les conséquences de ses actes !

    Une telle mesure est évidemment difficile à mettre en œuvre et c’est l’honneur de la démocratie de tolérer les dérives d’une minorité pour Une telle mesure est évidemment difficile à mettre en œuvre et c’est l’honneur de la démocratie de tolérer les dérives d’une minorité pour assurer la liberté de la majorité. Mais, hélas, c’est peut-être aussi le chemin qui la mènera à sa perte !

  • Madonna « The Confessions Tour » (2007)

    Madonna « The Confessions Tour » (2007)

    Enregistré au stade de Wembley à Londres en 2006, la vidéo du show de Madonna fait plaisir à revoir. La tournée suit la sortie de l’excellent album Confessions on a Dance Floor en 2005. L’artiste américaine est dans une forme resplendissante, entourée d’une troupe de danseurs et danseuses, un quart ballet, trois-quarts hip-hop. Tout ce petit monde produit un show brillant et un peu tape-à-l’œil. Les musiciens sont plutôt en arrière-scène pour laisser le devant à la mise en scène orientée domination, sado-masochisme et provocations religieuses, sexuelles et politiques.

    Les tableaux scéniques se succèdent dans un déluge d’écrans gigantesques, de cages barreaudées où les danseurs-bellâtres se jettent dans des performances physiques éblouissantes et de références sulfureuses comme sur Live to Tell où la Madone chante crucifiée sur une gigantesque croix en diamants, la tête sertie d’une couronne d’épines, sur fond d’images d’enfants africains censées contester les positions de l’Eglise sur la lutte contre le SIDA en Afrique. Le Vatican appréciera…

    Derrière tout ce fatras de technologie scénique, de costumes et de muscles, il y a surtout Madonna la musicienne et la chanteuse qu’il ne faut pas oublier. Que l’on apprécie ou pas ses performances physiques ou le côté un peu simpliste des messages dont elle se fait le chantre, elle reste tout simplement une artiste innovante et exceptionnelle.

  • EPSTEIN Fabrice, ‘Un génocide pour l’exemple’.

    Sortie : 2019, Chez : Les Editions du Cerf.

    Fabrice Epstein, jeune avocat branché, spécialisé en fusion-acquisition, style propre sur lui mais détendu, chroniqueur du magazine « Rock & Folk » et acteur au palais de justice, petit-fils d’immigrés juifs-russes exterminés à Auschwitz, a été commis d’office, en tant que membre de la conférence des avocats du bureau de Paris (une espèce de confrérie pour beaux-parleurs ayant passé avec succès un concours d’éloquence), à la défense de Pascal Simbikangwa, militaire rwandais, ancien responsable du service de renseignement (la police politique) sous le régime génocidaire du président Habyarimana dont l’assassinat (toujours non attribué à ce jour) déclencha le génocide contre l’ethnie tutsi. Simbikangwa est paraplégique par suite d’un accident de la route au Rwanda et cloué depuis sur chaise roulante.

    Après avoir fui son pays en 1994 et erré dans différents pays, il ne trouve rien de mieux que de rejoindre Mayotte, territoire français, en 2005 où il dépose une demande d’asile utilisant pour se faire l’un de ses nombreux patronymes. L’asile lui est refusé et le garçon est arrêté pour trafic de faux papiers. Il est ensuite emprisonné puis jugé par la cour d’appel de Paris où il est condamné en 2014 pour génocide et complicité de crime contre l’humanité à 25 ans de prison par un jury populaire composé de six citoyens et de trois magistrats, bien que ses avocats aient plaidé l’acquittement, peine confirmée en appel. Il est toujours embastillé à ce jour.

    Il aurait été préférable que Simbikangwa cherche à se réfugier ailleurs qu’en France ce qui aurait évité d’avoir à le juger à Paris, mais, hélas, il choisit de rejoindre Mayotte. La France refusa son extradition au Rwanda où il aurait pu être condamné à des peines non compatibles avec le droit français.

    Epstein est l’avocat de l’accusé en faveur duquel il prend évidemment partie. Son récit est centré sur toutes les incohérences d’une procédure qui se déroule vingt ans après les faits au titre de la compétence universelle que s’est octroyée la France pour juger des crimes de génocide quel que soit le lieu où ils ont été commis. Les témoins produits par l’accusation témoignent par vidéo depuis le Rwanda, beaucoup sont analphabètes, se contredisent, sont probablement sous la coupe du nouveau régime tutsi qu’Epstein qualifie au passage de dictatorial.

    Bien sûr qu’il s’agit d’un procès « politique », comment en serait-il autrement dans un contexte où la France a mené une coopération, notamment militaire, avec le régime précédent et cherche à se racheter ? Bien sûr que les doutes n’ont pas profité à l’accusé, bien sûr que le régime actuel est dictatorial comme l’était le précédent (au moins celui-ci n’est-il pas génocidaire)… Epstein s’émeut que les fondamentaux de la justice française ne soient pas appliqués dans le cas d’espèce. Il n’arrivera à convaincre personne que le chef de la police politique du régime Habyarimana n’ait point participé à la préparation du dernier génocide du XXème siècle. Tout ceci est vrai et la France a fait ce qu’elle a pu, refusant l’extradition de l’accusé ce qui aurait été une solution facile pour se débarrasser du problème, acceptant quelques raccourcis avec son droit pour laisser condamner un probable génocidaire.

    L’auteur lui-même admet quand même au début de son chapitre « D’une identité à l’autre » que :

    « Si Simbikangwa avait été acquitté, pleinement et entièrement, j’aurais été gêné. »

    Au moins l’emprisonnement de Simbikangwa en France lui aura évité, jusqu’ici, d’être assassiné par les sicaires du régime Kagamé comme ce fut le cas pour nombre d’autres accusés s’étant réfugiés à l’étranger.

    A la fin de son récit, Epstein rapproche ce que le génocide rwandais évoque à sa mémoire de petit-fils de victimes de la Shoah, et raconte le voyage qu’il effectua en Biélorussie, avec son père, après le procès, à la recherche du passé de ses grands-parents. Il avance un peu dans la connaissance de cette histoire familiale en s’interrogeant pour savoir s’il est du côté des victimes ou des bourreaux, si le petit-fils d’une victime (lui-même) est en droit de défendre un bourreau supposé ? A cette dernière question il répond un OUI franc, comme l’a prouvé sa défense de Pascal Simbikangwa, même au prix d’arguments auxquels il ne devait pas vraiment croire lui-même, d’attaques un peu basses contre les experts, l’avocat général, les parties civiles ou même contre la France.

    Sa plaidoirie est intégralement publiée en annexe, elle sera vaine car malgré ses supplications, le jury populaire condamnera l’accusé.

  • La Chine montre le chemin

    Le ministère chinois des sports vient d’interdire formellement aux fouteballers de son équipe nationale d’avoir de nouveaux tatouages et prie ceux qui en ont déjà de les faire enlever. La télévision publique chinoise a déjà l’habitude de flouter les joueurs occidentaux tatoués, c’est-à-dire la très grande majorité de ceux-ci. Le parti communiste chinois est parti en chasse contre la vulgarité. C’est un bon objectif mais ta tâche est vaste !

  • La Guadeloupe continue à tirer sur les forces de l’ordre

    Les émeutiers guadeloupéens continuent à tirer avec des armes à feu contre les forces de l’ordre. Un gendarme a été blessé hier d’un coup de fusil dans le genou. En parallèle les blocages de routes, pillages de commerces et dévastation de bâtiments se poursuivent pour manifester le refus de l’île des mesures de contraintes sanitaires.

    Le procureur de la République en Guadeloupe a déclaré que ces émeutes étaient « parfaitement planifiées et organisées ». Un fonctionnaire de la police locale est accusé d’avoir participé à l’organisation des émeutes. Il vient d’être placé sous mandat de dépôt.

    Les émeutiers des DOM-TOM sont armés et hésitent de moins en moins à s’en servir. C’est une spécificité de ces confettis de l’Empire qui en dit long sur leur rejet de tout ce qui vient de la métropole. Les syndicats s’associent avec enthousiasme à la contestation :

    Depuis le 17 juillet 2021, 10 Organisations Syndicales, des Associations et Mouvman Kiltirèl, des structures politiques réunies au sein du Collectif contre le pass-sanitaire, contre l’obligation vaccinale, pour la défense des droits et libertés fondamentales se battent pour informer, expliquer et convaincre l’opinion guadeloupéenne de l’iniquité de la loi du 5 août 2021. Nous avons ainsi fait savoir aux autorités de Guadeloupe et gouvernementales que nous considérons que cette loi est inapplicable en Guadeloupe. Jusqu’à aujourd’hui, ni les élus de Guadeloupe, ni le gouvernement n’ont daigné porter la moindre considération aux revendications du Collectif en lutte, alors qu’ils s’inspirent de notre programme de revendications afin de mettre en œuvre des mesures immédiates, notoirement insuffisantes, afin de calmer la colère de la jeunesse. Et, toujours la même réponse du pouvoir colonial : la répression…

    http://ugtg.org/spip.php?article2630

    Il faut effectivement libérer la Guadeloupe de l’oppression et entamer un processus de décolonisation au plus vite sur le modèle de celui encours en Nouvelle Calédonie !

  • « Meat Loaf » est mort

    « Meat Loaf » est mort

    « Meat Loaf », né Marvin Lee Aday en 1947 au Texas, est mort à 74 ans, a priori des suites de la Covid-19. Il fut le rocker d’un disque devenu légendaire en 1977 : « Bat out of Hell », vendu à plus de 40 millions d’exemplaires. Un album brillant, écrit par Jim Steinman, sur lequel on retrouve des musiciens du E-street Band de Bruce Springsteen, Max Weinberg (batterie) et Roy Bittan (piano), Ellen Foley, choriste (ex-copine de Mick Jones, guitariste des Clash) ainsi que l’immense guitariste-producteur Todd Rundgren. Le résultat est un disque éclatant, baroque, symphonique, un déchaînement instrumental sur lequel se pose la voix aigüe et urgente de Meat Loaf. Bref, un jalon du rock des années 1970.

    L’homme était physiquement aussi imposant que ses prestations étaient démesurées et sa musique excessive. Meat Loaf a commis une dizaine d’autres albums et joué dans des films et des séries.

  • Les facilités accordées à l’immigration des citoyens algériens en France

    Les facilités accordées à l’immigration des citoyens algériens en France

    La proximité des élections présidentielles françaises en avril 2022 relance les débats sur l’immigration en France de personnes issues d’un certain nombre de pays tiers, dont l’Algérie.

    Les accords de cessez-le-feu en Algérie du 18/03/1962

    Il est régulièrement fait référence aux accords de cessez-le-feu de 1962 dits « d’Evian » comme ayant octroyé un statut spécifique à l’immigration algérienne, hors du droit commun. Une relecture rapide de ces accords, qui comportent onze articles et des déclarations annexes permet de relever la mention suivante dans le chapitre « Déclaration de garantie », 1ère partie, 2ème paragraphe :

    Sauf décision de justice, tout Algérien muni d’une carte d’identité est libre de circuler entre l’Algérie et la France. Les Algériens sortant du territoire algérien dans l’intention de s’établir dans un autre pays pourront transporter leurs biens mobiliers hors d’Algérie. Ils pourront liquider sans restrictions leurs biens immobiliers et transférer les capitaux provenant de cette opération dans les conditions prévues par la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière. Leurs droits à pension seront respectés dans les conditions prévues dans cette même déclaration.

    Un statut similaire est également prévu pour les Français résidant en Algérie en qualité d’étrangers, 3ème partie, 1er paragraphe :

    Les ressortissants français pourront entrer en Algérie et en sortir sous le couvert, soit de leur carte d’identité nationale française, soit d’un passeport français en cours de validité. Ils pourront circuler librement en Algérie et fixer leur résidence au lieu de leur choix. Les ressortissants français résidant en Algérie, qui sortiront du territoire algérien en vue de s’établir dans un autre pays, pourront transporter leurs biens mobiliers, liquider leurs biens immobiliers, transférer leurs capitaux, dans les conditions prévues au titre III de la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière et conserver le bénéfice des droits à pension acquis en Algérie, dans les conditions qui sont prévues dans la Déclaration de principes relative à la coopération économique et financière.

    Mais la complication extrême de ces accords fut de régir le statut des Français « pieds noirs » résidant en Algérie avant mars 1962, qu’ils souhaitent rester sur place (une minorité) ou s’exiler (la grande majorité).

    En outre, des articles stipulent également l’établissement d’une amnistie pour tous (qui ne fut pas respectée pour les « harkis » qui n’ont pas pu embarquer pour la France et dont beaucoup ont été exécutés), d’une coopération économique et culturelle, la location par la France du port militaire de Mers-el-Kébir pour quinze années, le maintien d’une préférence accordée à la France pour l’exploitation pétrolière dans le Sahara. On sait maintenant qu’existait aussi un protocole annexe secret pour la poursuite des essais nucléaires français dans ce même Sahara.

    Le pouvoir des vainqueurs, mais pas toujours…

    Nombre de ces engagements n’ont pas été respectés par les parties, chacun devait d’ailleurs le savoir en signant les accords, mais il s’agissait de sortir impérativement du bourbier de cette guerre coloniale. Le Traité de Versailles mettant fin à la première guerre mondiale, les Accords de Paris signés entre le Vietnam et les Etats-Unis d’Amérique, ne l’ont pas plus été. Dans ces contextes de fin de guerre, bien entendu, le vainqueur militaire a bien plus tendance que le vaincu à prendre des libertés avec les engagements qu’il a signés, mais dans le cas du Traité de Versailles c’est pourtant le vaincu qui a violé les accords…

    Dans une situation plus pacifique et récente, on voit que le Royaume-Uni n’aura pas mis plus de quelques mois à refuser d’appliquer le volet irlandais des accords de sortie de l’Union européenne qu’il avait pourtant signés peu auparavant.

    Ainsi va la vie dans le monde des traités internationaux !

    Le décret français de 1969 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles 

    Pris six années après la fin de la guerre d’Algérie, un décret du 18/03/1969 signé de MonGénéral, du premier ministre Maurice Couve de Murville et de son ministre des affaires étrangères Michel Debré précise les conditions du statut spécifique accordé aux migrants algériens en France.

    Ce texte relatif à « la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles » institue un contingent pluriannuel de travailleurs algériens entrant en France « en vue d’y occuper un emploi fixe ». Ils disposent d’une période de neuf mois pour trouver un emploi, période à l’issue de laquelle leur est délivré un titre de séjour (certificat de résidence) renouvelé gratuitement et automatiquement. Le regroupement familial est également autorisé par ce décret. Les détenteurs de titre de séjour sont ensuite dispensés de visas d’entrée en France.

    Evidemment, ce texte datant de 1968 a été amendé au cours du temps mais les citoyens algériens continuent à bénéficier à ce jour de conditions dérogatoires, et plus favorables, au droit commun comme le mentionne le site internet du ministère français des affaires étrangères :

    L’entrée des Algériens en France est facilitée (condition d’entrée régulière, et non de visa de long séjour, pour la délivrance de certains titres de séjour). ;

    Les Algériens bénéficient de la liberté d’établissement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante ;

    Les ressortissants algériens peuvent accéder plus rapidement que les ressortissants d’autres États à la délivrance d’un titre de séjour valable 10 ans.

    https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Europe-et-International/Les-accords-bilateraux/Les-accords-bilateraux-en-matiere-de-circulation-de-sejour-et-d-emploi/L-accord-franco-algerien

    Il semble que certains dirigeants français, y compris l’ex-président Sarkozy, aient envisagés de rouvrir la négociation sur ce statut privilégié accordé aux citoyens algériens. Le faire reviendrait à remettre en cause les accords de cessez-le-feu de 1962 et, finalement, personne n’a osé s’y frotter. Eh oui, Alger a aussi des moyens de pression sur Paris et la crise actuelle déclenchée, entre autres, par la liaison faite entre la délivrance de visas (ne pas confondre visa et titre de séjour) et la bonne volonté des pays d’origine à réadmettre leurs ressortissants en situation illégale en France est là pour le rappeler.

    Nous verrons sous peu si le prochain pouvoir français issu des élections d’avril 2022, s’il était issu de la « droite dure et décomplexée » osera s’attaquer à ce statut mais il est plus probable que personne ne le fera, préférant laisser le sujet sous le tapis tant il y a de coups à prendre à le sortir de l’oubli. D’ailleurs aucun des candidats ne parle vraiment des accords d’Evian, au-delà des slogans de circonstance sur le « 0 immigration ».

    Ce qui ne manque pas d’ironie c’est que l’immigration algérienne est aussi l’un des produits de la guerre coloniale perdue par la France. Il a bien fallu consentir des faveurs pour mettre fin « aux évènements » comme on disait à l’époque. Outre le droit à l’autodétermination accordé en 1962 au « département français » qu’était l’Algérie, les négociateurs français, sous l’autorité de MonGénéral, ont facilité l’accès des ressortissants du pays vainqueur au territoire du pays vaincu ! L’histoire ne dit pas si la demande en avait été faîte par la partie algérienne, mais c’est probable, ce qui accentuerait encore le paradoxe de la situation : le vainqueur veut continuer à pouvoir accéder librement au pays qu’il a défait.

    La relecture des accords « d’Evian » permet de penser qu’ils constitueraient un excellent modèle de négociation pour un accord d’accès à d’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, évidemment sans le volet « cessez-le-feu » puisque la France n’est pas à proprement parlé en guerre avec Nouméa, mais tous les autres chapitres seraient quasiment duplicables en l’état pour une relation future entre la France et une Nouvelle-Calédonie indépendante.