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  • La contestation permanente rentre dans le vocabulaire

    On ne dit plus « la loi est votée démocratiquement par le parlement et s’applique aux résidents français » mais « le gouvernement infantilise les citoyens » afin de justifier la contestation permanente des français à l’encontre de toute décision.

    De même, on ne dit plus « l’autorité du chef qui commande aux sous-chefs, qui commandent aux sous-sous-chefs, etc. » mais on parle de « la verticalité du pouvoir », c’est plus chic et on espère que le bon peuple acceptera ainsi mieux l’autorité. Ce n’est pas gagné !

  • 75ème anniversaire

    Le 8 mai 1945, il y a 75 ans l’Allemagne signait sa reddition au terme d’une guerre sauvage qui dévastât l’Europe et fit 60 millions de morts (en comptant les tués en Asie). Les générations d’alors travaillèrent à redresser le continent et effacer la barbarie dans un océan de misère et de destruction, mais il y avait l’espoir.

    Aujourd’hui, 8 mai 2020, les générations suivantes s’inquiètent principalement de savoir comment elles pourront prendre leurs vacances et accéder aux plages en cet été de pandémie. Autre époque, autre sens du risque, autres mentalités !

  • Fiston-Lagardère reste en place, l’assaut d’Amber raté de peu

    L’assemblée générale du groupe Lagardère a rejeté à 79% toutes des résolutions proposées par le fonds activiste Amber Capital qui voulait prendre le pouvoir en remplaçant tous les administrateurs par des individus de son cru avec pour mission de remplacer le grand chef Arnaud Lagardère dont le mandat arrive à échéance l’an prochain. Grâce à ses nouveaux « amis » Bolloré et Sarkozy, le fiston Lagardère a sauvé son poste et son système. Le « loup » Bolloré étant désormais dans la bergerie il n’est sûr que Lagardère garde longtemps sa place dans l’édifice. D’ailleurs, Vivendi le groupe qu’il préside a continué à acheter des actions depuis l’assemblé générale du 5 et se retrouve aujourd’hui avec plus de 13% du capital du groupe Lagardère qui a publié les résultats de son assemblée assortis d’un remerciement ému :

    La Société remercie ses actionnaires de la confiance qu’ils ont exprimée, en soutenant la stratégie claire, responsable et ambitieuse qui leur est présentée avec transparence depuis de nombreuses années.

    COMMUNIQUÉS DE PRESSE Lagardère – 06/05/2020

    L’affaire ne va sans doute pas en rester là. A suivre…

    Lire aussi : La chasse est ouverte

  • LABOU TANSI Sony, ‘Encre, sueur, salive et sang’.

    Sortie : 2015, Chez : Seuil.

    Sony Labou Tansi 1946-1995) est un auteur de théâtre, de romans et de poésie, né au Congo ex-Zaïre et décédé à 48 ans en République du Congo (dit Brazzaville). Il a vécu au cœur de la tourmente permanente de l’Afrique centrale, du Zaïre possession personnelle du roi de Belgique où il naît, aux affrontements terribles de la région du Pool près de Brazzaville dans les années 90′. Ecorché vif, il écrit tel qu’il pense et respire sur ce qu’il voit, ce qu’il vit et ce que la mémoire collective de l’Afrique colonisée puis décolonisée lui rappelle constamment.

    Ce livre est un recueil de textes écrits entre 1973 et 1995 : des préfaces d’ouvrages jamais publiées, des lettres ouvertes, des correspondances diverses, des articles… Tous ont rapport à l’Afrique, et, le plus souvent, à la colonisation-néo-colonisation-esclavage, tryptique classique de ce genre de littérature. Le style est brillant, Sony joue avec les mots comme combustible de sa révolte. L’univers du « blanc » est chargé de moulte maux, mais celui de « l’Africain » ne sort pas non plus indemne de ses critiques. Il a le cœur au bord d’une plume acérée.

    En 1987 il écrivait :

    « Je travaille dans la maison des émotions, où je prends conscience de participer à l’équilibre des univers. Je sais que le premier écrivain c’est Dieu. C’est là une phrase que l’arrogance des technocrates ne peut pas comprendre. Mais qu’y puis-je ? Personne ne peut prêter ses veines et ses artères aux autres. Je prête les miennes au verbe. Je prête ma bouche à tous ceux qui, un jour, peuvent perdre la vie. »

    Un peu plus loin, il conclut sa lettre ouverte à François Mitterrand de 1988 par :


    « La seule réponse que l’humanité puisse donner à la mort, au fanatisme et au bâclage reste hélas l’ingérence de la conscience humaine dans les affaires intérieures du monde, à condition bien entendu que cette nouvelle conscience assure la promotion et les respect absolu de ce qui nous rapproche fondamentalement : notre différence. »

    Admirateur d’Aimé Césaire, de Frantz Fanon ou de son confrère Tchicaya U Tam’si (1), il en adopte le style ardent et outré. Son écriture est un brasier, sa révolte est brûlante, celle d’un intellectuel à la vision sans concession qui, à la fin de sa vie essaya de se frotter au terrain de la politique. Elu député en 1992 , il est impuissant dans le nid de vipères qu’est le Congo à cette époque et le clan qu’il a rejoint est celui du perdant. La guerre civile sanglante continuera encore quelques années après son décès. Dure confrontation de l’intellectuel avec la réalité des hommes…
    (1) Poète congolais (1931-1988)

  • La Corse a son plan de déconfinement

    Delambre / Le Canard Enchaîné (20/01/2016)

    Gilles Simeoni-avec-un-i-muet, chef du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, allié avec l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni-avec-un-i-muet, président de l’Assemblée de Corse, propose d’imposer un test à tous les touristes qui voudront se rendre en Corse pour leurs vacances d’été et n’accepter que ceux présentant un résultat négatif :

    L’accès à notre territoire sera conditionné par la présentation d’un certificat sanitaire « green pass », c’est-à-dire d’un test COVID négatif.

    Interview dans Corse Net Info – 06/05/2020

    La Corse n’étant pas encore indépendante, il est peu probable qu’une telle procédure soit légale. Si toutefois cette mesure était mise en œuvre, il faudrait bien entendu appliquer sa réciproque et imposer à tout résident corse voulant se rendre sur le continent de présenter un test COVID négatif.

  • Coronavirus en France : des morts et un enterrement de première classe

    La pandémie de coronavirus a fait à ce jour 25 000 morts en France (pour un nombre annuel moyen de décès de 640 000 morts) mais aussi un enterrement de première classe, celui des réformes qui étaient en cours et déclenchaient moulte grèves et émeutes depuis un an et demi. Compte tenu de l’effondrement économique actuel de la République qui va entraîner des faillites d’entreprises en masse et de nouveaux chômeurs en nombre, sans doute pour plusieurs années, on voit mal le pouvoir actuel reprendre la marche forcée des réformes qui bouleversent le quotidien des citoyens, notamment celle des assurances retraites et chômage.

    Ces évolutions dans les modes de fonctionnement de la France ont été annoncées comme « suspendues » au début de la crise sanitaire. On peut craindre que le provisoire ne devienne définitif ce qui posera un problème juridique car une partie de ces réformes a déjà été votée par le Parlement. Faudra-t-il défaire ce qui a déjà été fait ?

    Une fois encore la France va se cacher derrière une crise pour ne pas réformer alors qu’elle n’a pas profité des intermèdes entre deux crises pour le faire comme l’ont pratiqué les pays européens mieux gérés, majoritairement ceux du nord. Alors évidemment les pays mal gérés comme la France se retrouvent en plus mauvaise position pour affronter les dépenses supplémentaires rendues nécessaires par la prise en charge de la crise actuelle. Et bien entendu les pays « cigales » réclament la « solidarité » des pays « fourmis » pour les aider… Cette histoire est un éternel recommencement !

  • Florian Schneider du groupe Kraftwerk est mort

    Florian Schneider (1947-2020)

    On apprend aujourd’hui que Florian Schneider, musicien de génie, cocréateur du groupe allemand Kraftwerk en 1970 inventeur de la musique électronique, est mort il y a quelques jours d’un cancer foudroyant sans rapport avec le coronavirus. Avec son complice Ralf Hütter ils ont innové et significativement influencé la musique et l’esthétique contemporaines du rock. Le groupe continuait à tourner encore récemment mais Florian avait mis fin à sa collaboration en 2009. Lors du passage du groupe l’an passé à Paris, Ralf menait le groupe.

    Lire aussi : Kraftwerk – 2019/07/13 – Paris la Philharmonie

    Evidemment c’est le crépuscule des rockers baby-boomers. Après David Bowie, Leonard Cohen, Lou Reed, pas plus tard qu’hier encore Dave Greenfield, et bien d’autres, tous ces artistes nés dans années 40’ et 50’ sont en train de nous quitter. D’ailleurs ils n’ont que 10 à 15 ans de plus que nous. Notre propre crépuscule ne manquera pas d’arriver également. Toute cette génération de musiciens en voie de disparition ne fait que nous précéder…

  • Philippe Juvin : un fâcheux mélange des genres

    Philippe Juvin

    Philippe Juvin, professeur à la faculté de médecine et sur les plateaux télévisés, ex-député européen de 2009 à 2009 (groupe conservateur du Parti populiste européen), chef du service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, maire de La Garenne-Colombes (parti conservateur Les Républicains) depuis près de 20 ans, se répand en commentaires anti-gouvernementaux dans les médias où il est très présent depuis le début de la crise sanitaire.

    Il illustre à l’excès un mélange des genres douteux dans lequel se complait trop souvent notre pays. On a tout d’abord du mal à réaliser comment on peut être à la fois chef des urgences d’un des plus grands hôpitaux d’Europe et maire d’une commune de la région parisienne ? Même si l’homme est plus compétent que la moyenne, il y a forcément une de ces tâches qui ne bénéficie pas de son engagement à 100%, probablement les deux d’ailleurs. Quand on ajoute sa présence constante dans beaucoup de médias, on conclut que sa principale qualité doit être sa capacité à déléguer.

    Sa dernière intervention médiatique date de ce matin et est de la même sensibilité que les précédentes :

    Malheureusement, il n’y a pas eu de stratégie de la part de l’État. Ni pour infantiliser les Français ni pour les responsabiliser. L’État navigue à vue, en improvisant en permanence. Ce sont les Français qui ont été extrêmement responsables. Si les Français n’avaient pas pris sur eux de se confiner, notre système de soin aurait explosé. Si la France s’en sort aujourd’hui, c’est uniquement grâce aux Français, pas à l’État.

    Atlantico (06/05/2020)

    Rappelons incidemment que son salaire de médecin est payé par les cotisants de la sécurité sociale et que ses indemnités de maire sont réglées par les contribuables de sa ville. On peut d’ailleurs se demander si compte tenu du cumul de fonctions il perçoit deux rémunérations pleines ou si celles-ci sont dimensionnées en fonction de sa présence effective ? Quoi qu’il en soit, un peu de mesure dans ses propos serait bienvenue, à tout le moins, peut-être pourrait-il passer un peu plus de temps au service des urgences qu’il dirige que sur les plateaux médiatiques, ce serait certainement bénéfique pour les patients.

    Au-delà, eh bien, lorsque le parti politique qu’il représente aura emporté les élections peut-être sera-t-il nommé ministre de la santé et pourra-t-il ainsi mettre en œuvre ses idées. En attendant le mieux qu’il puisse faire est de travailler un peu plus et de parler un peu moins.

  • Dave Greenfield est mort

    Insuffisance cardiaque, hospitalisation et coronavirus ont emporté cette nuit Dave Greenfield, claviériste du légendaire groupe post-punk The Stranglers. Cofondateur du groupe en 1975 il a été de tous les albums et de toutes les tournées depuis 45 ans. Il a ajouté des claviers et des petites ritournelles, reconnaissables entre toutes, à la musique brute du groupe, marquant ainsi son parfum new-wave. Pas sûr qu’il soit aisément remplaçable tant sa personnalité et sa musique marquent les Stranglers depuis presqu’un demi-siècle.

    Rest in Peace Dave, tu fais partie des très grands !

  • La France : un pays irresponsable

    Alors que la République a lancé la date du 11 mai pour commencer son déconfinement partiel, évolutif et progressif, comme d’ailleurs la plupart des pays avoisinants, certains ayant débuté dès cette semaine, tout ce que le pays compte de corporations se lamente, se plaint, tourne sa veste, dit noir aujourd’hui quand il disait blanc hier, attaque le jacobinisme de l’Etat et pleure car on leur fait courir trop de risques, etc. Bref, personne n’est content et, finalement, un certain nombre d’organisations et d’individus verraient bien continuer du confinement encore quelques semaines dans les conditions actuelles c’est-à-dire une prise en charge par la République de la rémunération de quelques dizaines de millions de personnes, l’indemnisation de nombre d’entrepreneurs indépendants et la garantie quasi-automatique de prêts aux entreprises grandes comme petites par dizaines de milliards. Les privilégiés préfèrent donc confiner plus longtemps plutôt que de prendre des risques sanitaires. La demande de ceux qui ont intérêt à reprendre leur activité rapidement comme l’hôtellerie-restauration sont couverts par les braillements des immobilistes. Comme souvent en France, les privilégiés crient plus fort que ceux qui le sont moins et chacun jette un voile pudique sur la seule vérité qui vaille : nous allons devoir tous payer pendant des générations pour ce désastre économique qu’il convient donc de limiter par une reprise économique raisonnée.

    Notre petit hexagone s’amuse à des polémiques sans fin. La dernière en date concerne la distribution de masques. La grande distribution a été autorisée à vendre des masques à partir de cette semaine, ce qu’elle va faire à prix coûtant semble-t-il. La pénurie de ces masques commence à se résoudre grâce à des commandes et des livraisons massives des secteurs publics comme privés. On pourrait s’en réjouir ? Eh bien non, certains professionnels de santé ont publié une tribune vengeresse en accusant les distributeurs de profiter de la situation. Il était envisagé de déconfiner ce 11 mai d’abord les enfants et de garder les personnes vulnérables à l’abri pendant encore quelques temps. Eh bien c’est l’inverse qu’il fallait faire compte tenu du « risque psychologique » d’isolement des personnes âgées et du risque sanitaire que l’on va ainsi faire prendre aux jeunes. Les autorités de santé n’adoptent pas les yeux fermés des traitements alternatifs mais préfèrent lancer des essais cliniques avant de se prononcer, eh bien ils sont taxés de « pétainisme ». Les plages restent fermées compte tenu du risque de rassemblement de foule qu’elles présentent du fait de leur attractivité, eh bien les élus bretons réclament un régime spécial car « ces plages sont notre jardin ». Le retour des enfants à l’école est facultatif et laissé à l’appréciation des parents, eh bien c’est une « lâcheté de l’Etat » qui fait ainsi porter une responsabilité insoutenable aux parents. L’Etat accusé de manquer de cohérence et d’un « cap clair » diffuse une note de 60 pages aux écoles pour encadrer leur réouverture, eh bien cela ne va pas et l’administration est soupçonnée de se décharger de ses responsabilités sur les élus des territoires. L’autorisation de déplacement sera fixée à 100 km du domicile, ça ne va pas, pourquoi ne pas avoir décidé 110 km. Etc. etc. etc.

    Un certain nombre de citoyens et d’organisations ont occupé l’inactivité de leur confinement pour déposer des rafales de plaintes judiciaires contre l’Etat, contre des ministres. La signature de pétitions est également un sport très pratiqué en période de crise sanitaire. Les plus naïfs auraient espéré que chacun se mette au travail pour atténuer les effets délétères de la crise. La reprise de l’activité nationale ne peut pas se faire sans risque puisque le virus continue à courir. Il y aura encore des citoyens qui seront contaminés, quelle que soit la date du déconfinement. Et il y aura encore des décès qui, peut-être, auraient pu être évités si les gens étaient restés chez eux. Il convient de faire preuve d’intelligence et de capacité d’adaptation là où les français favorisent la polémique et l’immobilisme. C’est le péché national à l’origine de la décadence de la nation, et celle-ci s’accélère !

    Dernier épisode, le Sénat a rejeté ce soir le plan de déconfinement présenté par le premier-ministre par 89 voix contre, 81 voix pour et 174 votes non exprimés. L’opposition de droite s’est abstenue et a laissé le vote contre de l’opposition de gauche l’emporter. Les cadors socialistes et communistes se sont donc opposés à ce plan qui, notamment, contenait des mesures sociales d’aides aux « plus défavorisés ». Ce vote n’a qu’une valeur consultative mais il est tristement représentatif de l’inefficacité française.

    Le vote du Sénat

    Groupe socialiste et républicain (71)

    Contre : 68 – M. Maurice Antiste, Mme Viviane Artigalas, MM. David Assouline, Claude Bérit-Débat, Jacques Bigot, Joël Bigot, Mmes Maryvonne Blondin, Nicole Bonnefoy, MM. Yannick Botrel, Martial Bourquin, Michel Boutant, Thierry Carcenac, Mme Hélène Conway-Mouret, MM. Roland Courteau, Michel Dagbert, Yves Daudigny, Marc Daunis, Gilbert-Luc Devinaz, Jérôme Durain, Alain Duran, Vincent Éblé, Mme Frédérique Espagnac, M. Rémi Féraud, Mme Corinne Féret, M. Jean-Luc Fichet, Mmes Martine Filleul, Samia Ghali, M. Hervé Gillé, Mmes Marie-Pierre de la Gontrie, Nadine Grelet-Certenais, Annie Guillemot, Laurence Harribey, MM. Jean-Michel Houllegatte, Olivier Jacquin, Mme Victoire Jasmin, MM. Patrice Joly, Bernard Jomier, Mme Gisèle Jourda, MM. Patrick Kanner, Éric Kerrouche, Jean-Yves Leconte, Mme Claudine Lepage, M. Jean-Jacques Lozach, Mme Monique Lubin, MM. Jacques-Bernard Magner, Christian Manable, Didier Marie, Rachel Mazuir, Mmes Michelle Meunier, Marie-Pierre Monier, M. Franck Montaugé, Mmes Marie-Françoise Perol-Dumont, Angèle Préville, M. Claude Raynal, Mme Sylvie Robert, M. Gilbert Roger, Mme Laurence Rossignol, MM. Jean-Pierre Sueur, Simon Sutour, Mme Sophie Taillé-Polian, MM. Rachid Temal, Jean-Claude Tissot, Mme Nelly Tocqueville, MM. Jean-Marc Todeschini, Jean-Louis Tourenne, André Vallini, Mme Sabine Van Heghe, M. Yannick Vaugrenard

    Groupe Union Centriste (51)

    Contre : 1 – M. Vincent Delahaye

    Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (23)

    Contre : 2 – MM. Jean-Pierre Corbisez, Joël Labbé

    Groupe communiste républicain citoyen et écologiste (16)

    Contre : 16 – Mmes Cathy Apourceau-Poly, Éliane Assassi, Esther Benbassa, M. Éric Bocquet, Mmes Céline Brulin, Laurence Cohen, M. Pierre-Yves Collombat, Mme Cécile Cukierman, MM. Fabien Gay, Guillaume Gontard, Mme Michelle Gréaume, M. Pierre Laurent, Mme Marie-Noëlle Lienemann, M. Pierre Ouzoulias, Mme Christine Prunaud, M. Pascal Savoldelli

    Sénateurs ne figurant sur la liste d’aucun groupe (6)

    Contre : 2 – Mme Sylvie Goy-Chavent, M. Stéphane Ravier

    Parmi les cadors qui se sont abstenus, favorisant ainsi le rejet du plan par le Sénat on note quelques bons clients de la contestation systématique comme : Roger Karoutchi, Philippe Bas, Ladislas Poniatowski, Valérie Létard, Gérard Longuet, Bruno Retailleau, Pierre Charon.

    Lire aussi : La France éternelle…

  • Les bobos hors du temps

    Dans un « dîner en ville » virtuel, un interlocuteur met en doute le fait que 20% des électeurs français aient voté pour l’extrême gauche représentée par Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour des élections présidentielles de 2017. Une fois raccroché, un rapide fact-checking permet de se remémorer les résultats de cette élection :

    Premier tour 
    M. Emmanuel MACRON, EN MARCHE ! 24,01 %
    Mme Marine LE PEN, FRONT NATIONAL, 21,30 %
    M. François FILLON, LES RÉPUBLICAINS, 20,01 %
    M. Jean-Luc MELENCHON, LA FRANCE INSOUMISE, 19,58 %
    M. Benoît HAMON, PARTI SOCIALISTE, 6,36 %
    M. Nicolas DUPONT-AIGNAN, DEBOUT LA France, 4,70 %
    M. Jean LASSALLE, RÉSISTONS ! 1,21 %
    M. Philippe POUTOU, NOUVEAU PARTI ANTICAPITALISTE, 1,09 %
    M. François ASSELINEAU, UNION POPULAIRE RÉPUBLICAINE, 0,92 %
    Mme Nathalie ARTHAUD, LUTTE OUVRIÈRE, 0,64 %
    M. Jacques CHEMINADE, SOLIDARITÉ ET PROGRÈS, 0,18 %

    Si l’on additionne les voix qui se sont portées sur Mélenchon, Poutou et Arthaud on obtient 21,31 % des suffrages pour l’extrême gauche et l’avenir radieux promis par ces candidats. Au marché ou dans les dîners en ville cela veut dire qu’une personne sur cinq autour de nous a voté pour les idées d’extrême gauche. C’est aussi la raison pour laquelle les émeutes sociales ont mis beaucoup de citoyens dans la rue tous les samedis de l’année 2019 et qu’en ces temps de pandémie tant de monde conteste les dirigeants, râle, réclame, corporatise, se plaint, se tourne vers l’Etat…

    C’est l’une des spécificités françaises de long terme dont les origines, sans remonter à la révolution de 1789, ont été largement entretenues par toute une partie de l’intelligentsia du XXème siècle commentant avec gourmandise les « expériences » soviétique, maoïste, voire même Khmer rouge pour certains. C’est à cette aune que s’est forgée une partie de la nation française. Il en reste quelques traces. Cette multiplicité de candidats de gauche et d’extrême gauche a d’ailleurs peut-être permis d’éviter en 2017 l’élection d’un candidat d’extrême droite. La parcellisation de la gauche en 2017 aura absorbé des voix qui se seraient portées ailleurs s’il y avait eu un candidat commun de la gauche… Les élections présidentielles de 2022 seront la prochaine étape.

  • Zone-libre, zone-occupée, comme en 40’

    La République prépare un déconfinement progressif de ses citoyens dont une bonne moitié est calfeutrée chez elle en espérant que le coronavirus reste dehors. Une carte des départements a été publiée avec un code couleur rouge lorsque le virus est virulent et les hôpitaux surchargés, vert dans le cas contraire et jaune quand on ne sait pas encore.

    En gros, l’attaque est venue par l’Est qui est en rouge et, un peu comme en 1940 nous avons une zone libre et une zone occupée. La seule différence est que la ligne de démarcation est plutôt nord-sud quand elle était est-ouest après l’armistice du 22 juin 1940…

  • Le nouveau contexte du transport de masse

    Les reportages se multiplient sur les conditions de transport dans le cadre de la pandémie de coronavirus. Des passagers de compagnies aériennes s’étonnent que leurs avions soient pleins, idem pour les trains à grande vitesse (TGV). Il leur échappe sans doute que compte tenu du modèle économique de ces activités, un avion ou un TGV à moitié rempli, si cela devait être durable, va déclencher un prix du billet à peu près multiplié par deux, ou alors la prise en charge par les contribuables de pertes conséquentes.

    L’augmentation des prix de vente du transport est d’ailleurs probablement la seule solution efficace pour revenir sur le modèle du transport de masse si tel était l’objectif. Idéalement il conviendrait que l’augmentation de ces prix soit plus le fait d’application de taxes écologiques plutôt que l’accroissement des coûts du fait d’une moindre productivité, mais si l’on continue à pouvoir acheter un aller-retour pour la Thaïlande pour 400 EUR ou à 120 EUR pour le Maroc, les classes moyennes continueront à aller passer en masse leurs vacances à Phuket ou leurs week-ends à Marrakech.

    Ce sera l’un des sujets sur la table post épidémie.

  • Le président Trump propose d’innover

    Donald Trump

    Lors de sa conférence journalière du 23 avril, le président des Etats-Unis d’Amérique a proposé une méthode de traitement de la maladie générée par le coronavirus :

    « Je vois que le désinfectant l’assomme [le coronavirus] en une minute. Une minute. Et est-ce qu’il y a un moyen de faire quelque chose comme ça avec une injection à l’intérieur ou presque comme un nettoyage ?… Comme vous le voyez, ça pénètre dans les poumons et ça a un énorme effet, il serait donc intéressant de le vérifier. Il faudra faire appel à des médecins pour ça, mais ça me semble intéressant »

    Donald Trump

    Nombre de médecins ont cru bon de publier des démentis sur l’efficacité d’un tel traitement. Il a également parlé d’une solution possible à essayer par la lumière et les ultra-violets. C’est… distrayant !

  • Le jour du muguet et des revendications

    Kiro / Le Canard-Enchaîné (04/02/2019)

    Toujours droit dans ses bottes, le chef de la Confédération générale du travail (CGT) réaffirme son objectif d’une semaine de 32 heures de travail, virus ou pas virus. Et il en profite pour s’offusquer que le chômage partiel ne couvre que 80% du salaire net des bénéficiaires et ne soit pas systématiquement étendu aux travailleurs qui décideraient de ne pas reprendre le travail s’ils estiment que leurs conditions de sécurité ne sont pas suffisantes pour ce faire lorsque le déconfinement sera entamé à partir du 11 mai.

    Bien sûr un certain nombre de syndicalistes et de politiques de gauche voient dans la crise sanitaire actuelle le crépuscule du capitalisme tant honni par leur idéologie. Ils parlent du « jour d’après » où il faudra nécessairement revoir les relations entre les hommes, réduire les inégalités, « décapitaliser et démondialiser » l’économie. C’est le mythe de l’avenir radieux pour un Homme nouveau. Pas sûr que cela n’aboutisse plus cette fois-ci que les fois précédentes !

    L’expression « il y aura un avant et un après » fleurit d’ailleurs dans la bouche de nombre de commentateurs mais au-delà des vœux pieux de circonstance sur la « démondialisation » personne ne sait bien définir ce que sera l’après et tout le monde commence déjà à s’affronter sur ce qu’il devrait être. La seule chose qui paraît certaine est que le court terme va être redoutable à gérer avec son cortège de faillites d’entreprises et de chômeurs sur toute la planète. Au-delà, le futur sera ce que nous en ferons, mais il s’annonce encore plus périlleux à penser aujourd’hui qu’il ne l’était hier.

  • Des sous…

    Riss / Charlie-Hebdo (05/12/2018)

    Vous avez aimé les émeutes sociales de l’année 2019 ?  Vous allez adorer les lendemains sociaux de la crise sanitaire en cours !

    Les observateurs découvrent que toute une série de « petits métiers » sont nécessaires au fonctionnement de l’économie d’un pays. Alors que les bobos télétravaillent depuis l’Ile-de-Ré les caissières sont dans les supermarchés, les poissonniers dans leurs échoppes, les aides-soignantes dans leurs hôpitaux et les ramasseurs de poubelle sur leurs camions. Ils font un travail qui n’est que peu numérisable et doivent exercer physiquement leurs tâches lorsque celles-ci sont considérées comme de « première nécessité ». En cas de pandémie ils prennent plus de risques pour leur santé que le bobo à l’Ile-de-Ré.

    La preuve de leur utilité étant faites, ces corporations réclament « une reconnaissance » c’est-à-dire de manière plus directe : « des sous ». Le gouvernement a déjà annoncé des versements de primes exceptionnelles au personnel soignant. Les entreprises vont être soumises à de rudes revendications salariales dès la sortie de crise, en tout cas pour celles qui survivront à cette période de confinement. Jusqu’ici les salaires étaient plutôt fixés sur les critères de l’offre et la demande, si demain les salaires doivent être fixés sur base de l’utilité sociale de leurs bénéficiaires c’est un changement de paradigme (pour reprendre un mot à la mode). La simple définition de « l’utilité sociale » sera déjà un casse-tête de première catégorie, tout le monde voulant bien entendu apparaître comme socialement utile et éligible à « une reconnaissance ». Des lendemains sociaux qui s’annoncent chauds dans un pays en faillite !

  • La chasse est ouverte

    Petite guéguerre dans le monde feutré des patrons du CAC40. Le fonds d’investissement activiste Amber Capital veut remplacer l’héritier Lagardère, Arnaud, toujours à la tête du groupe qui porte son nom. Le groupe a été fondé par son père, Jean-Luc Lagardère, sous forme d’un conglomérat avec une nature majoritairement industrielle (Matra [voitures, espace, missiles et armements divers], co-fondateur d’EADS [l’ancêtre d’Airbus], édition avec Hachette, média avec la radio Europe 1). Jean-Luc est décédé brutalement en 2003 d’une infection nosocomiale lors d’une intervention chirurgicale bénigne à l’hôpital. Le fiston (unique) a hérité du bébé et s’est employé depuis à en gommer la nature industrielle pour le recentrer sur la presse, l’édition et le sport.

    Le pouvoir d’Arnaud sur le groupe est verrouillé via le statut de la société de tête sous forme de commandite. La stratégie et la gestion du groupe sont fortement contestées. Il se murmure que, très endetté à titre personnel, Arnaud gèrerait son groupe en fonction de ses intérêts personnels (le remboursement de sa dette) et non celui des actionnaires. Sommé par le tribunal de commerce de Paris de publier les comptes de ses holdings personnelles Arnaud s’y refuse, préférant payer une astreinte à la place, sa situation personnelle réelle est donc opaque. Des actionnaires minoritaires activistes essayent régulièrement de le remplacer, sans succès jusqu’ici car le garçon est malin et sait s’allier avec certains de ses pairs du CAC40 et ses amis du Qatar. L’assemblée générale du 5 mai prochain donnera lieu à une nouvelle offensive d’Amber Capital qui veut remplacer tout le conseil de surveillance ce qui devrait lui permettre de désigner un nouveau gérant, le mandat d’Arnaud arrivant à son terme en 2021, et de changer le statut juridique de la société. Amber publie de pleines pages de publicité dans la presse française cette semaine et a ouvert un site web pour défendre sa position car il a besoin du soutien d’une partie de l’actionnariat pour emporter la victoire

    Amber therefore wishes to propose to Lagardère shareholders the complete replacement of its Supervisory Board. The Board, “emanation of shareholders” in charge of the permanent control of the management of the company, is indeed the only counter power to the Management within a private company limited by shares (société en commandite par actions). Its entire replacement is therefore the sine qua none condition for initiating a real turning point in the organisation, structuring and strategy of the company, the effects of which will benefit the stakeholders.

    https://strongerlagardere.com/our-resolutions/

    Ces dernières semaines, Lagardère a fait entrer quelques « amis » à son capital dont MM. Bolloré et Ladreit de Lacharrière[1] pour l’appuyer. La bataille va être rude et même si Amber Capital était défait, M. Lagardère se retrouve avec de nouveaux actionnaires « amis » qui ont très certainement des intérêts à défendre au-delà de leur « amitié » pour Arnaud Lagardère. Dans un cas comme dans l’autre, fiston se retrouve comme un petit poisson dans un marigot où frayent des requins assoiffés de sang.


    [1] Condamné récemment pour avoir assuré un emploi fictif à l’épouse de l’ancien premier ministre Fillon, après avoir plaidé coupable et donc reconnu les faits.