Avec la régularité d’un métronome, de nouvelles révélations viennent aggraver les difficultés électorales du candidat conservateur à l’élection présidentielle. Après avoir appris qu’il avait employé sa famille (sa femme et deux de ses enfants) à l’assemblée nationale, rémunérée avec de l’argent public, pour des prestations sur la réalité desquelles enquête la justice, François Fillon a été mis en examen, puis on apprit que ses enfants lui ont reversé une partie de leurs rémunérations, sa fille pour lui rembourser « les frais de son mariage », son fils pour rembourser son loyer pris en charge par ses parents.
Après avoir admis avoir reçu un prêt sans intérêt de 50 000 EUR en 2013 d’un homme d’affaires du CAC40, on découvre aujourd’hui qu’un affairiste de la Françafrique lui a offert deux costumes à 7 000 EUR pièce il y a quelques semaines.
Tout ceci n’est décidément pas très raisonnable, et même carrément stupide. Cela va commencer sans doute à quelque peu saper le socle électoral du candidat. On est frappé de découvrir le manque de jugeote assez désarmant pour une personnalité de cette stature qui, a priori, aurait dû être en mesure d’autofinancer ses besoins compte tenu des rémunérations qui lui sont versées par le contribuable depuis des décennies, sans avoir besoin d’aller taper des affairistes. On frémit en pensant aux possibles conflits d’intérêt et on rigole désormais très franchement en entendant le candidat expliquer comment il va passer les dépenses publiques à la paille de fer.
On reste aussi confondu de la facilité avec laquelle toutes ces affaires sont révélées au public et à la presse. Certains de ces cas ne devaient être connus que de peu de monde, et pourtant Fillon a été trahi. Il l’a donc été par de très proches, et à plusieurs reprises. C’est la rançon à payer pour ces largesses dont il a bénéficié et qu’il aurait été plus avisé de refuser. La trahison est consubstantielle de la politique française, Fillon a sous-estimé cette tendance. Il le paiera peut-être cher.