Juppé s’auto-amnistie

Alain Juppé, 73 ans, démissionnaire de la mairie de Bordeaux pour entrer au Conseil constitutionnel (pour un mandat de 9 ans qui l’emmènera jusqu’à 82 ans) a été confirmé à ce poste à la majorité des voix de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Devant cette commission il s’est octroyé le « droit à l’oubli » de sa condamnation pénale en rappelant que la Cour d’appel a jugé expressément qu’il ne s’était « rendu coupable d’aucun enrichissement personnel ».

Cet argument est souvent avancé par les repris de justice politiques en col blanc qui ont eu le bon goût de ne pas se remplir les poches. Dans le cas d’espèce, Alain Juppé a signé des contrats d’emplois fictifs pour des permanents de son parti politique, financés par les impôts des contribuables parisiens. C’est ce qu’on appelle un détournement de fonds, attesté par des contrats de faux emplois signés de la main de l’impétrant. En gros, il a pris dans la poche du contribuable pour reverser dans les poches de militants politiques.

Pourquoi Alain Juppé, 73 ans, se croit-il encore obligé, près de 30 après les faits de crier son innocence ? Il a fait une grosse bêtise il y a longtemps, la société lui a largement pardonné et oublié ses méfaits, mais l’égo de ces hommes politiques ambitieux est tel que ce genre de blessures restent à vif jusqu’à la fin de leurs jours. Ils ne s’en remettent jamais et continuent à rechercher les honneurs comme une sorte de gage de leur innocence perdue. Pour toute ces raisons, Alain Juppé, 73 ans, s’est senti irrémédiablement attiré par cette ultime reconnaissance, comme une libellule par le feu. Il aurait été plus courageux et approprié de renoncer et de terminer le mandat à Bordeaux pour lequel il a été élu.