Franc succès pour le cours d’Henry Laurens ce jour au collège de France : l’amphithéâtre principal est plein et les derniers arrivés verront le show en vidéo dans un deuxième amphi.
Il s’agit du Moyen Orient à partir de 1949 : la seconde guerre mondiale est terminée, les puissances mandatrices France et Royaume Uni se font des mauvais coups sur fond d’accord Sykes-Picot, l’Etat d’Israël est créé, la guerre de 1948 a été perdue par les pays arabes créant un traumatisme gigantesque parmi les populations et leurs dirigeants. Aux Etats-Unis un courant mi-universitaire mi-renseignement, entre université américaine à Beyrouth et CIA à Langley, tente d’influencer l’administration et les décideurs politiques vers une direction panarabiste qui a au moins comme avantage d’essayer de retenir dans l’orbite américaine des pays qui lorgnent vers l’Union soviétique.
L’Occident s’agite au Moyen-Orient comme une mouche prise dans bocal, se heurtant aux parois d’une recherche de paix impossible et de la construction illusoire d’Etats sur un modèle inusité dans cette région. Au même moment le plan Marshal soude l’Europe de l’ouest dans un modèle de société libérale, selon différentes déclinaisons, et donne accès au dollar américain à des pays vivant dans un monde de devises non convertibles, permettant ainsi des importations de biens inaccessibles sinon.
De la création du groupe religieux Frères Musulmans en Egypte à la succession des coups d’état au cours de cette année 1949 dans une Syrie indépendante depuis 1946, en passant par les intérêts pétroliers des uns et des autres, Henry Laurens dresse, parfois avec un peu de cynisme, les débuts d’un chaos arabe qui n’a pas vraiment cessé depuis.