Corporatisme et petits intérêts particuliers

Une bande de dangereux gauchistes a envahi ce dimanche les parvis d’églises et de cathédrales catholiques d’une vingtaine de villes françaises pour exiger le retour des messes. En effet, les règles du deuxième confinement en place depuis le 30 octobre stipulent que les lieux de culte peuvent rester ouverts mais que les cérémonies (des rassemblements) sont interdites pour lutter contre la diffusion du virus, sauf les obsèques. Ces manifestations font également suite à un recours déposé par la Conférence des évêques de France devant le Conseil d’Etat le 29/10/2020 pour contester cette interdiction. Ledit Conseil a rejeté la requête épiscopale le 07/11/2020.

Les évêques déplorent avant tout que les fidèles demeurent ainsi dans l’impossibilité de participer à la messe, sommet de leur foi et rencontre irremplaçable avec Dieu et avec leurs frères.

Demander à pouvoir assister à la messe n’a rien d’une revendication catégorielle : la prière de l’Église catholique est universelle. Dans sa liturgie, elle supplie Dieu pour la paix et pour le bien de tous les peuples, sans oublier ceux qui exercent l’autorité et ont en charge le bien commun.

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On croyait les églises en partie désertées par les croyants et les curés. On pensait le catholicisme plus concerné par l’altruisme et le bien de son prochain. L’Eglise catholique comme d’autres corporations défend ses intérêts propres et conteste les décisions contraignantes prises par l’Etat en principe au nom de l’intérêt général.

Depuis fin octobre toutes les professions et activités contraintes par le confinement s’ingénient à en exiger la levée en expliquant que chez eux « le virus ne circule pas ou moins que chez le voisin » ou que leur survie économique est en jeu. Il y a effectivement des situations dramatiques qui vont se traduire par des faillites, certains secteurs d’activité risquent de disparaître corps et âme, d’autres vont devoir réviser en profondeur leurs modes de fonctionnement. On pensait que les catholiques étant autorisés à se rendre librement dans les églises pour y prier et à regarder les messes à la télévision en attendant un déconfinement qui ne saurait tarder, se considèreraient comme plutôt privilégiés face au cataclysme socio-économique qui est déjà en route pour notre pays… Il n’en est rien, et les évêques réclament comme le reste des français.

Bien entendu l’inénarrable Christine Boutin est en première ligne sur le thème « Réndez nous la messe [SIC] ». Plus troublant, la Conférence des évêques de France lance un processus de contestation devant la justice administrative. Que d’énergie et de temps perdu…

Les différentes églises ne se sont pas particulièrement distinguées dans cette crise sanitaire, que ce soient les orthodoxes grecs, les juifs intégristes en Israël ou maintenant les évêques catholiques français. La preuve est donnée une nouvelle fois que science et religion ne font pas vraiment bon ménage. Et l’on se souvient que lors de la première vague l’une des sources de contagion la plus cataclysmique fut le rassemblement religieux évangélique de Mulhouse début mars 2020. Dans ces conditions, les évêques de France s’honoreraient à afficher un peu plus de sens de la discipline de façon à mieux inspirer leurs ouailles. Plutôt que d’entamer des procédures contre l’Etat il serait plus efficace qu’ils instruisent les croyants sur les mérites de la prière en solitaire dans les églises qui sont ouvertes. La messe réelle peut bien encore attendre quinze jours et Dieu se satisfaire d’encore deux semaines de messes radiodiffusées.