Une fin de parcours en apothéose

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Donald Trump

Le président des Etats-Unis d’Amérique Trump est en train de finir son mandat de quatre ans comme il l’avait entamé : en apothéose. Et il est même peut-être prématuré de parler de fin de mandat car il lui reste encore quinze jours avant de remettre les clés du camion à son successeur, soit encore largement assez pour nous surprendre.

Après avoir refusé d’admettre sa défaite à l’élection présidentielle du 3 novembre il a promu une manifestation de ses supporters hier à Washington à qui il a délivré un discours habituel sur cette « élection volée » et appelé ceux-ci à « marcher » sur le Capitole. Il n’y a pas eu besoin de leur répéter longtemps et ce Capitole étant situé à quelques centaines de mètre de la Maison Blanche, à 20h, heure locale, une horde de furieux cassait vitres et portes et entrait dans ce bâtiment. Les forces de sécurité n’ont pu empêcher cette invasion et on a vu circuler des photos redoutables de certains de ces furieux parader dans les bureaux des dirigeants du Parlement, dont celui de Nancy Pelosi, 80 ans, présidente de la Chambre des représentants.

Les parlementaires qui étaient en train de certifier l’élection du nouveau président ont été évacués par la police avant de pouvoir reprendre leurs travaux. Une femme a été tuée par la police à l’intérieur du Capitole et trois autres décès ont été constatés aux alentours, sans avoir plus de précisions sur les causes de ces morts. Les images de l’invasion du Capitole ont à ce point bouleversé les non-trumpistes que les réseaux dits « sociaux » ont suspendu les comptes de Donald Trump, notamment sur Facebook et Twitter. Ces deux réseaux étant le mode de communication favori de ce président tragico-comique, l’oiseau voit ainsi ses ailes un peu rognées pour le moment.

On a les dirigeants que l’on mérite. Trump a été élu, il est venu et il a gouverné à sa façon qui a quand même satisfait plus de 70 millions d’électeurs qui viennent de revoter pour lui. La majorité a choisi son successeur, voyons-le maintenant à l’œuvre mais il va bien devoir compromettre d’une façon ou d’une autre avec les 70 millions de trumpistes qui ne vont pas disparaître d’un coup.

En moins dramatique, la France a connu un épisode similaire lorsqu’en décembre 2018 une même horde de furieux a dégradé l’Arc de Triomphe au cours d’une manifestation, prenant des selfies assis sur le monument au soldat inconnu. Quelques émeutes plus tard, ils tentent de pénétrer dans le ministère du porte-parolat du gouvernement après avoir défoncé la porte d’entrée avec un véhicule de chantier volé. Certains se dirigent vers l’Elysée en affirmant leur objectif d’y « entrer » de force, ce qu’ils n’ont pas pu faire pour le moment.

Nos vieilles démocraties, de l’Amérique du nord à l’Europe, sont confrontées à l’émergence de ces populations insatisfaites renonçant aux méthodes de revendication habituelles, contestant tout ce qui vient du « système » et élisant des dirigeants à la Trump ou à la Bolsonaro (au Brésil). C’est l’échec de la démocratie telle qu’elle a été conçue par nos parents au lendemain de la IIème guerre mondiale. Nous vivons aujourd’hui un drame de la bêtise, des pays sont gouvernés sur Twitter, les réseaux dits « sociaux » prennent le pouvoir en 140 signes, la publicité abrutit les populations, des journalistes érigent l’absence de réflexion en mode de fonctionnement, des hommes politiques diffusent des images de leur sexe sur Facebook, d’autres sont condamnés en justice pour fraude fiscale ou détournement d’argent public, des joueurs de fouteballe sont décorés de la légion d’honneur, le dogme religieux empiète de plus en plus sur la raison, la vulgarité prend le pouvoir, des théories foutraques inspirent les gouvernants, la « vérité alternative » se glisse dans la politique, chacun menace et injurie son prochain… Dans beaucoup de pays une fantastique énergie est dépensée à flux continus pour critiquer et geindre en permanence plutôt qu’agir. La France, elle, se désagrège sans doute plus rapidement que ses voisins européens.

C’est ainsi et nous devons assumer la responsabilité collective de cette décadence. Personne ne sait où elle nous mènera, nos enfants sont en train de prendre le relais en élisant des dirigeants « populistes ». Peut-être vont-ils instaurer un nouveau mode d’organisation de la société qui balayera toutes les certitudes sur lesquelles les générations précédentes ont bâti le monde occidental ? Les institutions démocratiques actuelles leur en donnent le droit et leur en offre l’opportunité. L’exigence d’intelligence et de démocratie est en train de se dissoudre dans les réseaux dits « sociaux ». L’avenir dira si l’on peut gouverner et survivre sans intelligence !

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