Le risque nucléaire

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Alors que le président russe rappelle régulièrement que son pays dispose de l’arme nucléaire et que si quelque pays que ce soit intervient dans le conflit en cours il devra affronter une réaction immédiate et d’une ampleur « jamais vue ». Le ministre français des affaires étrangères a répondu sur un plateau télévisé hier soir que l’OTAN était également une alliance nucléaire.

Ces échanges explicites font comprendre que l’option de l’arme nucléaire est sur la table. Evidemment on joue aussi à se faire peur mais cela fait longtemps qu’une telle hypothèse n’avait pas été aussi précisément évoquée en Europe. Une Russie « jusqu’auboutiste » pourrait-elle appuyer sur le bouton ? On ne sait pas mais on croit ceci possible.

On remarque que les invasions soviétiques chez les « pays frères » à Berlin-Est en 1953, à Budapest en 1956 ou Prague en 1968 n’avaient pas déclenché de guerre aussi totale que celle qui est en cours en Ukraine. Certes le sang avait coulé mais « l’ordre communiste » avait été rétabli semble-t-il avec moins de batailles, ou en tout cas des combats moins violents. Il faut dire qu’à ces époques une partie des populations et élites locales des pays envahis étaient favorables à l’arrivée du « grand frère » soviétique avec lequel elles partageaient l’idéologie communiste. Cela semble être beaucoup moins le cas aujourd’hui en Ukraine où la guerre déclenchée par Moscou a choqué et surpris nombre d’Ukrainiens tant leur histoire, leur culture et leur langue sont mélangées avec celles des Russes.

Quand la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine s’atténuera et que l’heure de la diplomatie reviendra, l’Ukraine sera sans doute renforcée dans sa volonté de regarder vers l’Ouest et elle rejoindra le groupe des pays qui eurent à souffrir dans leur chair de l’Union soviétique puis de la Fédération de Russie et ne sera sans doute pas prête avant longtemps à regarder vers Moscou. Il est à craindre que la Russie n’occupe l’Ukraine où n’y installe des dirigeants à sa botte, ou, plus probablement, les deux lorsque l’intensité du conflit s’atténuera. La situation sera donc sans doute gelée pour quelques années mais le ressentiment des Ukrainiens contre les Russes risque de perdurer pour de longues années.

Quant à la Russie elle s’est sans doute mise au ban de la société occidentale pour encore plus longtemps. Elle se retournera vers l’Asie d’où l’on n’aurait jamais dû la sortir. Le monde est en train de remplacer l’opposition capitalisme/socialisme de la guerre froide par une compétition démocraties/dictatures, qui recouvre plus ou moins la répartition géographie Occident/Asie, la première zone intégrant également quelques pays asiatiques comme le Japon, l’Australie. Le gagnant de ce nouveau conflit n’est pas écrit d’avance

Cette nouvelle guerre idéologique était plutôt du genre tiède mais Moscou vient de marquer qu’elle peut aussi se réchauffer comme moyen de force pour éviter la « contagion démocratique », pour le moment sans déclencher de l’option nucléaire.