La Corse en feu… de nouveau

Le militant indépendantiste Yvan Colonna a été reconnu comme Le militant indépendantiste Yvan Colonna a été reconnu comme ayant été le tireur qui a assassiné le préfet de Corse Erignac en 1998 (de trois balles tirées dans le dos). Il a été condamné à la prison à perpétuité lors de trois procès successifs. Il avait été dénoncé par d’autres nationalistes corses comme étant celui qui tenait l’arme mortelle, certains d’entre eux étant d’ailleurs revenus sur leur dénonciation. L’intéressé a toujours contesté être l’assassin.

Colonna et ses deux complices purgeaient donc leurs peines dans des prisons françaises avec le statut de « DPS – détenu particulièrement signalé » qui empêchait qu’ils soient transférés dans une prison corse pour effectuer la fin de celles-ci. A plusieurs reprises les avocats des détenus ont demandé la levée de ce statut DPS et leur transfert dans une prison corse pour se rapprocher de leurs familles et faciliter leurs visites. A chaque fois l’administration de la Justice a refusé et les nationalistes locaux ont crié à « la vengeance d’Etat ». Ils n’ont pas tout à fait tort et il y a sans doute un peu de ça tant le crime d’assassinat d’un préfet par un indépendantiste corse avait marqué la République.

Il n’y a pas d’automaticité, ni dans l’inscription ni dans la radiation d’un détenu au répertoire des DPS. Une circulaire de 2007 régit les conditions de décision d’inscription/radiation au fichier DPS prise par l’administration sur avis d’une commission synthétisé par le procureur. En gros, un détenu peut être sorti de la liste si : 

« Les détenus qui ont été inscrits au répertoire des DPS doivent être radiés lorsque les raisons qui avaient motivé leur inscription ont disparu. »

https://rehve.fr/wp-content/uploads/GOVFR_Circulaite-DPS-2007.pdf

A priori, Colonna et ses deux complices ne sont pas rentrés dans cette catégorie puisque l’administration s’est systématiquement opposée à la radiation des trois condamnés corses du fichier DPS. Bien malheureusement pour le premier qui a été agressé ce 2 mars par un détenu djihadiste qui l’a laissé moribond. Il est depuis à l’hôpital toujours dans le coma, entre la vie et la mort. L’agresseur détient une double nationalité franco-camerounaise, a été arrêté par l’armée américaine en Afghanistan en 2012 et remis aux autorités françaises en 2014. Il a alors été condamné à neuf ans de prison. Il a expliqué son geste contre Colonna parce que celui-ci aurait « insulté Dieu ». On n’en sait pas plus sinon que Yvan Colonna était plutôt qualifié de détenu « modèle » ce dernières années et que la présence de ces deux individus laissés seuls sans surveillance dans une salle de sport est inexplicable. Il aurait fallu 8 minutes avant que des gardiens les séparent. Le tout a été filmé par des caméras de surveillance et une enquête pour tentative d’assassinat est en cours.

Depuis cette regrettable agression la Corse est dans la rue pour manifester sa colère à coup d’assaut contre les bâtiments publics qui sont incendiés et saccagés, les forces de l’ordre sévèrement attaquées par les manifestants. Les émeutes sont d’une rare intensité et risquent encore de s’aggraver si jamais Colonna ne s’en sortait pas. Il y a de nombreux blessés et les slogans habituels contre « l’Etat français assassin » (« Statu francese assassinu » en langue locale), les « Français de merde ! » et autres assimilations de la France au groupe Etat islamique.

Dans un communiqué, le président « autonomiste » de la collectivité de Corse appelle, notamment, à :

« Ouvrir un cycle politique nouveau dans les rapports entre l’Etat et la Corse. »

https://rehve.fr/wp-content/uploads/Corse_20220310_Communique-Simeoni.jpg

Il a raison. Si cette agression contre le militant indépendantiste Colonna dans une prison d’Etat française est évidemment regrettable, il faut en tout état de cause ouvrir le cycle politique de la décolonisation de la Corse pour accompagner ce territoire vers sa pleine souveraineté de façon apaisée et volontaire, « quoi qu’il en coûte ». C’est la seule solution pour sauver les vies des préfets et des indépendantistes.