L’armée russe a ses limites

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Juin/Charlie Hebdo (02/03/2022)

Ce sera sans doute l’un des enseignements de cette guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine : la puissance militaire de l’ours russe n’est finalement peut-être pas si invincible qu’on pouvait le craindre. Hier soir, le navire amiral de la flotte russe en mer Noire, un croiseur lance-missiles datant de l’ère soviétique la « Moskva », a été coulé comme l’ont reconnu les autorités de Moscou qui expliquent cet évènement par un incendie qui aurait déclenché une explosion de munitions alors que les Ukrainiens disent avoir tiré deux missiles (de fabrication ex-soviétique) sur le navire. Les personnels du bord auraient pu être évacués et il n’y aurait pas de victimes.

Les experts semblent privilégier la seconde explication en ajoutant que ce croiseur était non seulement le bateau de commandement, donc avec une forte charge symbolique, mais assurait également la protection électronique de la flotte de la mer Noire, posant ainsi un problème au reste des bâtiments, d’autant plus que le détroit du Bosphore étant fermé par la Turquie au trafic des navires militaires, la Russie ne pourra pas faire venir un nouveau pour remplacer la « Moskva », à moins d’obtenir une dérogation d’Ankara, ou… de passer en force.

Evidemment la destruction de ce navire amiral ne provoque pas une immense peine côté occidental mais il vaut mieux cacher sa joie et ne pas enterrer trop rapidement la Russie qui dispose encore d’une très forte capacité de nuisance. Cela ne nous aide toujours pas beaucoup pour imaginer comment terminer cette guerre inutile et couteuse qui est plutôt en phase d’escalade que de décrue. Les coqs aux ergots acérés se battent sur leur tas de fumier, comme il est peu probable que l’un arrive à mettre l’autre définitivement à terre, nous en sommes toujours au même point : comment sortir de là ? Ah si, une chose a évolué significativement : le niveau des destructions en Ukraine du fait des bombardements et exactions russes suite auxquelles les contribuables occidentaux vont devoir payer la reconstruction et plus la guerre durera plus le coût sera considérable.

Alors bien sûr, à l’issue de ce nouvel évènement de guerre révélant une petite faiblesse de Moscou, tout le monde se demande : et si la puissance nucléaire russe était finalement aussi un « ours de papier » ! C’est une hypothèse qu’il vaut mieux ne pas essayer de tester… C’est le principe même de la dissuasion : faites-vous peur mais ne touchez pas !