La guerre d’Ukraine va bien se terminer un jour. On ignore quand. La seule certitude à ce jour est que l’ensemble Ukraine-Russie sera exsangue après la bataille et qu’il faudra des années, voir des décennies, pour redonner bonne figure à ces deux pays. Le chaos sera total et durable, sans parler des dommages collatéraux subis par le reste de la planète qui a pris parti pour l’un ou l’autre des belligérants.
Le désastre va être humain : on parle déjà de bilans à ce jour de 20 à 30 000 morts de chaque côté et la statistique militaire a l’habitude de multiplier le chiffre des morts par deux ou par trois pour estimer le nombre de blessés. Il sera aussi financier, et dans les grandes largeurs, pour reconstruire l’Ukraine et financer son Etat et les contribuables européens sont les meilleurs candidats pour assurer ce financement. Par ailleurs, il est plus que probable que les aides actuelles, budgétaires et en matériels militaires, ne seront jamais remboursées. Le chaos sera probablement aussi militaire, des quantités considérables d’armements, souvent sophistiqués, ont été déversés sur l’Ukraine et personne ne peut assurer que l’Etat ukrainien, ou ce qu’il en restera après la guerre, sera capable de contrôler ces équipements et d’éviter qu’ils ne soient un jour retournés contre leurs donateurs ou se retrouver dans les mains des mafieux de tous ordres qui pullulent à l’Ouest comme à l’Est.
Le chaos sera aussi politique tant l’Union européenne va être bouleversée par les suites de cette guerre et, notamment, par l’adhésion annoncée de l’Ukraine et de la Moldavie et celles des pays balkaniques occidentaux à venir déjà inscrits sur la liste (l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine, en attendant la Serbie, le Kosovo et le Monténégro). En cas de victoire ukrainienne on peut facilement imaginer la capacité de Kiev quand elle siégera à Bruxelles à se draper derrière le sang versé pour s’être battu « pour préserver l’Europe de la barbarie russe ». Qui osera s’opposer aux demandes de l’Ukraine dans les instances européennes ? Et même si les pays occidentaux de l’Europe avaient l’audace de le faire ils seraient rapidement emportés par la vague de l’Europe centrale et orientale. Et si l’Ukraine perdait la guerre, on ne sait pas encore bien ce qui adviendrait à l’Occident…
Pour la Russie le chaos semble aussi inévitable. Si elle perd la guerre il est probable que le président actuel et son clan seront déposés, voire éliminés, et qui sait qui les remplacera, ni quelles seront les réactions du peuple, des peuples de la Fédération ? Si elle gagne elle devra occuper une Ukraine ou une partie d’Ukraine dont un pourcentage de la population lui sera hostile comme le reste de l’Occident qui maintiendrait alors ses sanctions économiques.
Le mieux aurait été de ne pas faire cette guerre surtout que la Fédération de Russie est déjà le plus grand pays de la planète, quel besoin avait-elle de vouloir encore augmenter son territoire sinon pour satisfaire des égos surdimensionnés de dirigeants de rencontre préoccupés de laisser des traces dans une histoire qu’ils s’évertuent à réécrire avec le soutien plus ou moins affiché d’une partie de leurs citoyens ? Comme tout ceci est vain et inutile !
Lire aussi : Une première victoire de la Russie