de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

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C’est le dernier acte de la trilogie de Michel de Saint Pierre consacrée à la dynastie des Romanov. Nous sommes en mars 1917 Nicolas II a abdiqué en faveur de son frère qui ne gardera le pouvoir que 24 heures et le laisse à un gouvernement provisoire dirigé par Kerenski sous l’autorité du Prince Lvov. L’armée russe est secouée sur le front est de la guerre de 1914-1918, la famille impériale est assignée à résidence, les révolutionnaires russes se chamaillent sérieusement sur le vaste territoire national, la guerre civile pointe son nez, Lénine, exilé en Suisse, est renvoyé à Saint Pétersbourg, ce qui ne va pas vraiment apaiser la situation…

Il se dit que l’Allemagne a favorisé le retour de Lénine afin de renforcer le désordre en Russie et rendre moins dangereux ce pays dans la guerre mondiale en cours. On soupçonnera ensuite Berlin de financer Lénine avec le même objectif. Malgré ses talents oratoires Kerenski est progressivement emporté par l’impact du conflit sur sa politique intérieure. Le pays s’effondre progressivement et le parti bolchévique emmené par Lénine et Trotski cueille le pouvoir comme un fruit mur en octobre 1917 au terme d’une insurrection sanglante : « octobre rouge » et d’un coup d’Etat qui liquide les reste du pouvoir bourgeois flageolant.

De façon inversement proportionnelle au renforcement du pouvoir bolchévique le sort de la famille impériale se dégrade en captivité. Elle est d’abord transférée du palais de Tsarskoïe Selo près de Petrograd (Saint Pétersbourg) à Tobolsk en Sibérie occidentale puis à Ekaterinbourg dans l’Oural où elle sera massacrée dans le sous-sol de la maison « à destination spéciale » Ipatiev le 16 juillet 1918, avec une partie de sa suite par une soldatesque enivrée par la vodka et l’odeur de la poudre. Leurs restes sont dissous dans l’acide, brûlés puis incinérés dans la forêt voisine. Il est probable que Lénine en personne signa l’ordre d’exécution.

Les Romanov en 1913

Saint Pierre déplore évidemment ce massacre royal que d’ailleurs pas grand monde ne défendit à l’époque excepté le nouveau pouvoir bolchévique qui voulait ainsi marquer son arrivée au pouvoir d’un acte fondateur et violent. Il décrit les premiers mois de gouvernement du duo infernal Lénine / Trotski de façon que l’on peut qualifier aujourd’hui de réaliste compte tenu de ce que l’on sait des travaux d’historiens sur la guerre civile russe de ces années et les dérives du pouvoir rouge qui aboutit à l’avènement de Staline qui succède à Lénine après sa mort en 1924, avant de faire assassiner son grand rival Trotski.

Lénine est déjà décrit comme déployant une incroyable force idéologique et assez peu de sentiments sur les moyens à employer pur atteindre ses buts. Il considère que le « peuple » doit être mené à la force des baïonnettes et il crée la Tchéka (ancêtre du KGB) pour mener l’oppression qui, dès le départ, est nécessaire pour forcer les citoyens « analphabètes et stupides » à mener la révolution face au vieux monde capitaliste qui « s’effondre ». Alors massacrer la famille impériale dont cinq enfants n’est vraiment pas un obstacle qui puisse arrêter la course victorieuse du bolchévisme.

On sait ce qu’il advint de ce régime révolutionnaire dont les scories continuent aujourd’hui de faire brûler la Fédération de Russie qui a pris la suite de l’empire soviétique, lui-même successeur de l’empire des tsars Romanov.

Petite anecdote dans la grande Histoire, dans les années 1920, une femme psychiquement malade se fit passer pour Anastasia, la plus jeune fille du couple impérial, qui aurait survécu au massacre de sa famille. Le mystère n’a jamais été vraiment levé malgré nombre de tentatives, y compris judiciaires. Il semble peu probable que la jeune fille (elle avait 17 ans) ait pu échapper aux tueurs bolchéviques mais Michel de Saint Pierre tend à le croire, laissant plutôt parler son cœur que la science historique.

Lire aussi :
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘