Fin de conflit en vue Yémen

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Le Yémen est un vieux pays dont on retrouve des traces plusieurs millénaires avant Jésus-Christ. Mais une nation à problèmes dans l’histoire contemporaine, sans arrêt entre deux guerres civiles et trois coups d’Etat, en permanence le jouet d’interventions extérieures pour des motifs idéologiques divers, dont religieux bien entendu. Placé géographiquement au sud de l’actuelle Arabie Saoudite, le Yémen a été dirigé par différents califats islamiques, puis colonisé par les Ottomans, les Britanniques, puis partitionné en deux Yémen distincts dans les années 1960, dont l’un d’inspiration communiste, puis de nouveau réuni en un seul pays en 1990.

Depuis les années 2000 une énième rébellion agite les tribus, soutenue par l’Iran ennemi juré de l’Arabie Saoudite qui a toujours voulu exercer une sorte de tutelle sur le Yémen. Du coup, énervée par suite d’une tentative de coup d’Etat menée par la rébellion Houthis (pro-iranienne chiite), Ryad prend la tête d’une coalition arabe (sunnite, opposante à l’Iran) en 2015 et se met en tête de réduire la rébellion. Aussitôt décidée, l’opération « Tempête décisive » met en branle une armada arabe sunnite menée par l’Arabie Saoudite qui lance ses avions, ses chars, son artillerie et son infanterie contre les Houthis. Comme très souvent les guerres d’invasion à visée coloniale échouent. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Sept ans plus tard le pays affronte l’une des plus graves crises humanitaires jamais endurée dans le monde selon l’ONU, des millions de déplacés, des destructions considérables, des milliers de morts de chaque côté, des hôpitaux bombardés, des cessez-le-feu non respectés, et, surtout, aucun but de guerre n’a été atteint par les uns ni par les autres, on est au point mort et le pays a régressé d’un siècle.

Plusieurs trêves sont convenues en 2022, plus ou moins respectées. En 2023, sous les auspices de la Chine, l’Arabie Saoudite et l’Iran se parlent et rétablissent leurs relations diplomatiques. Sans doute le sort de la guerre du Yémen faisait partie de l’accord ? Conscientes que cette guerre est vaine et couteuse, les deux parrains de Ryad et Téhéran poussent leurs affidés à s’entendre. Ils ont déjà procédé à des échanges de prisonniers et la trêve semble durer. Peut-être un accord de paix sera la prochaine étape ?

La fin d’une guerre au Yémen est une bonne nouvelle, même si elle est sans doute aussi fondée sur l’anti-occidentalisme de ses principaux acteurs. Elle pourrait inspirer les parties à la guerre d’Ukraine en cours, largement aussi meurtrière et, sans doute, sans plus d’avenir, que celle du Yémen. Et si la Chine est capable de mettre son grain de sel dans l’affaire ukrainienne pourquoi ne pas lui donner la main. Il faut mettre fin à ce conflit avant d’en perdre le contrôle et, si possible, sans attendre sept longues années comme au Yémen.

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