Dans les diners en ville, les amateurs de rugby à la télévision défendent mordicus que c’est un sport « de gentlemen » et lorsqu’on leur rétorque que c’est tout de même une activité violente on s’entend répliquer que l’on ne comprend rien à ce sport « tout en noblesse ». Quand on voit la tête de certains joueurs de rugby à la sortie des terrains on se demande vraiment où est la noblesse de ces montagnes de muscles qui s’entrechoquent de plus en plus violemment au point qu’il y a régulièrement des morts.
D’ailleurs les joueurs professionnels eux-mêmes se mettent de plus en plus à attaquer leurs fédérations en dommages et intérêts pour ne pas les avoir assez protégés et pour faire face à leurs soins de santé. Beaucoup d’entre eux souffrent de démence à force d’avoir reçu des chocs sur la tête. En France, la fédération et la ligue du ballon ovale rétorque qu’elles installent des médecins indépendants sur les terrains du championnat et sensibilisent les équipes aux risques de commotions cérébrales. Sur les terrains amateurs la situation est encore moins contrôlée face à des risques similaires.
Même devant ces faits documentés, les dîners en ville bruissent de commentaires énamourés à l’égard de ces brutes autodestructrices : « Un peu de brutalité et de virilité dans le respect des règles », ou encore « Un jeu de brutes exécuté par des gentlemen », etc. En réalité, les amateurs embourgeoisés de rugby télévisuel aiment s’encanailler devant le spectacle de ces violences qui leur font envie du fond de leur canapé, sans parler des troisièmes mi-temps fortement arrosées, voire sexualisées, tout en sirotant leur whisky Single Malt muri dans la tourbe irlandaise. La coupe du monde de rugby qui va se dérouler en France le mois prochain les fait frétiller de satisfaction tout en continuant à vanter ce sport ultra-violent, et en espérant que leurs enfants ne le pratiqueront pas un jour.
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