Le mouvement religieux Hamas qui détient le pouvoir dans la bande de Gaza et qui prône la disparition d’Israël a lancé une attaque significative contre Israël ce samedi 8 octobre. Des miliciens du mouvement ont franchi la frontière par air (à l’aide d’ailes volantes motorisées), par mer et, surtout, par terre pour commettre des exactions dans les villages et kibboutz alentour. Il apparait que les terroristes islamiques se sont déchaînés contre les civils qu’ils rencontraient les tuant, souvent dans des conditions barbares. Il y aurait plus de 1 000 morts israéliens et une centaine d’otages faits prisonniers et emmenés à Gaza.
De façon assez incompréhensible, l’armée israélienne (« Tsahal ») semble avoir été débordée et en effectif insuffisant pour faire face à l’ennemi. Il lui a fallu 3 ou 4 jours pour reprendre le terrain et repousser l’ennemi. Dès le samedi, l’armée de l’air israélienne a déclenché une sévère campagne de bombardement, qui dure encore, contre cette bande de Gaza qui est un immense ghetto peuplé de 2,3 millions de palestiniens vivant dans des conditions impossibles. Ce minuscule territoire résulte de l’armistice de 1949 et a accueilli nombre des réfugiés palestiniens de l’époque qui ont fui la Palestine par suite de la création de l’Etat d’Israël en 1948 et de la guerre israélo-arabe qui s’en suivit. Elle a été occupée successivement par l’Egypte de 1948 à 1967, puis par Israël de 1967 (à la suite de la « Guerre des 6 jours ») à 2005, année où l’armée et les colons israéliens sont rapatriés à l’intérieur des frontières israéliennes reconnues par le droit international.
Aucune des puissances occupantes n’a pu inverser le cours des choses dans ce territoire palestinien qui est devenu une marmite bouillonnante, non viable, sans aucun espoir d’avenir, terreau favorable au développement du terrorisme islamique. La non-application des accords de paix successifs et le désintérêt progressif de la cause palestinienne par le monde arabe a transformé cette question de Gaza en un problème insoluble. La communauté internationale est également impuissante, la décision initiale des Nations-Unies de 1947 d’un plan de partage de la Palestine prévoyant la création d’un Etat juif et d’un Etat arabe, n’a jamais pu être mise en œuvre, pas plus que les résolutions suivantes après différentes guerres. Le formidable espoir qu’avait causé le voyage en 1977 du président égyptien Sadate venu rendre visite en Israël au premier-ministre Menahem Begin s’est éteint avec l’assassinat de Sadate en 1981 par des terroristes islamiques égyptien. Il en reste tout de même l’accord de paix entre l’Egypte et Israël, qui tient toujours.
Presque vingt ans plus tard, en 1993, sont signés les « accords d’Oslo » entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui stipulent le retour aux décisions des Nations Unies (notamment la fameuse « résolution 242 » de 1967), c’est-à-dire, en gros, la solution à deux Etats…
Les dirigeants israéliens expliquent que le pays est en guerre et que « le Hamas va être détruit ». Une offensive terrestre contre la bande de Gaza est en cours de préparation. On ne sait pas comment elle risque de se terminer, sans doute mal. Evidemment en ces temps de retour aux conflits de territoire sanglants (Ukraine, Haut-Karabagh, « Kurdistan » …) celui-ci est particulièrement malvenu. L’Occident soutient plutôt Israël et le « Sud global » plutôt la partie arabe. Bien entendu l’Occident est accusé de « double-standard » en acceptant les bombardements et le blocus de Gaza par Israël ainsi que la non-application du « droit international » prévoyant la création d’un Etat palestinien, alors qu’il conteste les bombardements russes en Ukraine en se rangeant derrière le droit international… Que l’on soit dans un camp ou l’autre, il est difficile de contester ce « deux poids, deux mesures ». Dans le monde d’aujourd’hui où les organisations internationales censées éviter ou régler les conflits par consensus ne sont plus vraiment opérationnelles, chacun choisit son camp en étant persuadé d’avoir raison au regard de ses propres normes morales et de gouvernance.
Le problème est que ces normes que l’on pensait devenues universelles sous l’égide des Nations-Unies une fois révélés les horreurs du nazisme au cœur de la vieille Europe, ne le sont plus vraiment. En réalité chaque pays voit midi à sa porte et s’estime en droit d’agir (ou de se retenir) selon son propre système de valeurs. Le concept de droit de l’homme n’est pas le même à Moscou qu’à Berne, même si tous les pays ont plus ou moins adopté en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme dans le cadre des Nations Unies. D’ailleurs, l’Union soviétique et le bloc de l’Est s’étaient abstenus lors du vote de 1948 contestant le principe d’universalité, l’Arabie saoudite s’est également abstenue en opposition à l’égalité homme-femme, Israël n’existait pas encore et n’a donc pas voté. On voit déjà qu’à l’époque de leur fondation les « droits de l’homme » n’avaient pas le même sens partout dans le monde. La situation n’a fait qu’empirer depuis.
L’évolution de la situation du Proche-Orient marque un échec collectif cinglant au regard de toutes les tentatives de règlement qui ont échoué. Les différentes parties sont aujourd’gangrenées par les extrémistes religieux, les hommes de paix ont été éliminés : le président égyptien Sadate a été assassiné par des islamistes, le premier ministre israélien Yitzhak Rabin a été assassiné en 1992 par un extrémiste religieux juif pour son rôle actif dans les accords d’Oslo (il avait serré la main du Palestinien Yasser Arafat à Washington dans le cadre des accords d’Oslo) ! Les religions juive et musulmane sont instrumentalisées pour pousser à des comportements d’un autre âge.
Les armes sont en train de parler une nouvelle fois. Pas facile de rester optimiste !