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  • Une journée au Carmel

    Journée au carmel de Caen pour célébrer le Jubilé (50 ans) d’engagement de Sœur Marie du Saint Esprit. Ce carmel sert de maison de retraite à des sœurs âgées qui ont consacré leur vie entière à la prière. Ses mains dans celles de sa Prieure, elle récite à plus de 80 ans :

    Dans la grâce du Jubilé,
    moi Sœur Marie du Saint-Esprit,
    je renouvelle ma consécration religieuse,
    et je promets à Dieu obéissance, chasteté et pauvreté
    selon la Règle primitive et les Constitutions
    de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel,
    afin de parvenir, avec la grâce du Saint-Esprit ;
    l’aide de la Vierge Marie et la prière de mes sœurs,
    à la charité parfaite
    et de continuer à servir l’Eglise notre Mère,
    dans le silence et la prière continuelle

    C’est la tentation de l’exil et de l’isolement, réalisée et renouvelée. C’est admirable.

  • Un mariage civil annulé pour cause de non-virginité

    Un mariage annulé par la justice française entre deux citoyens de religion musulmane car la femme n’aurait pas été vierge malgré ce qu’elle aurait affirmé avant ladite union. Il n’est pas besoin d’insister sur le grotesque d’une telle décision basée sur le Code Napoléon, de son iniquité par rapport aux lois de l’Humanité.

    Mais en termes de procédure il semble qu’une telle décision devrait s’appuyer sur une preuve, qu’elle peut-elle en la matière ? Comment peut-on prouver que la mariée n’était pas vierge ? Même si l’impétrante l’admet, on a déjà vu des non-coupables s’accuser de crime qu’ils n’avaient pas commis. On a vraiment l’impression de marcher sur la tête dans cette affaire. On pressent qu’un juge a pris sur lui de semer la zizanie en déployant un juridisme de circonstance, en dévoyant le Code Civil français.

  • Du sordide au morbide

    Les journalistes des journaux télévisés frétillent de bonheur : ils tiennent enfin une vraie affaire digne de faire les grands titres pour les semaines à venir. Un pauvre gamin retrouvé à moitié mort dans un lac, sort de son coma et donne son adresse aux policiers, qui s’y rendent et trouvent le cadavre de sa mère. Ouahouhhh ! Une nouvelle affaire Grégory vingt ans plus tard. Et de dépêcher des envoyés spéciaux devant l’hôpital du gamin et la maison de sa mère défunte, qui se répandent en analyses morbides et en banalités affligeantes sur ce fait divers. Du bon, du tragique, du saignant, du vendeur… enfin de l’actualité croustillante.

  • Daho : « Imposer quelque chose »

    Samedi 24 Mai 2008
    Daho: « Imposer quelque chose »

    Propos recueillis par Eric MANDEL
    leJDD.fr

    Dans la foulée de son dernier album, L’Invitation, Etienne Daho parcourt la France depuis trois mois -et jusqu’en décembre- dans le cadre d’une tournée intimiste dans des salles à dimension humaine. Il sera à l’Olympia à partir du 3 juin prochain. Le JDD.fr l’a rencontré lors de son passage à Rennes. Interview…

    Daho tout en haut

    Comment se déroule cette tournée?

    C’est un marathon invraisemblable. On joue presque tous les soirs, à un rythme soutenu, avec parfois six concerts par semaine. Le show est très long, presque 2h30, c’est assez athlétique. Moi qui n’aime que les shows à l’anglaise d’une heure un quart! En tant que spectateur, je me fais chier au bout d’une heure et demie. La précédente tournée était bien plus courte car j’avais d’autres projets, notamment la production d’albums d’autres artistes. Et puis c’était une tournée des Zéniths dans les grandes villes. Une tournée très différente car elle était basée sur la dynamique très rock et brute de l’album Réévolution. Dans le show, il y avait beaucoup de tubes, ce qui est très pratique dans des salles comme le Zénith. Là, on a opté pour une tournée plus intimiste avec moins de tubes.

    Fatigué des grandes salles?

    J’aime beaucoup les Zéniths, mais je préfère les endroits faits pour la musique. Jouer dans une salle où l’on est ensemble dans une espèce de petite transe, entre nous. Et puis je veux voir les gens, c’est important pour moi. Je n’aime pas être comme un lapin dans les phares, ne rien voir.

    Les 19 et 20 mai derniers, vous avez fait escale à Rennes pour deux concerts très chargés émotionnellement…

    Je jouais à domicile. Rennes représente une partie très importante de ma vie. J’ai tout connu ici. Je suis arrivé ici, j’avais huit ans. Je venais d’Oran. Je suis née une seconde fois à Rennes. Mon premier concert, c’était à Rennes. Dans la salle où je viens de me produire. C’est un peu comme si le jeune homme débutant me demandait des comptes aujourd’hui. « Alors, est-ce que ça correspond au rêve qu’on avait tous les deux? ». La réponse est oui. J’ai exactement les mêmes envies, faire des chansons, m’exprimer, partager. En tout cas, j’essaye de me faire plaisir. Comme ce jeune homme à l’époque…

    Durant le concert, vous avez évoqué, avec la chanson Promesses, le souvenir de ce premier concert donné il y a 25 ans. Nostalgique?

    Je n’ai aucune nostalgie, j’ai été heureux de retrouver l’endroit intact… il n’a pas bougé. A l’époque, j’avais fait cinq titres qui allaient devenir les chansons de Mythomane, mon premier album. Les Modern Guys faisaient les choeurs. Le groupe Marquis de Sade m’accompagnait. Son leader, Franck Darcel fut le premier à m’aider pour mes premières maquettes. Et ils étaient là à Rennes pour mon concert… Mon premier concert, c’était le grand plongeon, comme un saut en parachute, je m’étais fait violence, car je ne suis pas vraiment exhibitionniste, ce n’est pas le fond de ma nature. J’avais vomi avant le concert. Et en fait j’ai eu de très bonnes critiques, ça m’a permis de signer après avec une maison de disques. Je n’avais jamais fait de concert, sinon durant une scène aux toutes premières Transmusicales. Je jouais dans une espèce de groupe à géométrie variable, on faisait n’importe quoi, une sorte de happening. Et j’étais là, tellement bourré, pas loin du coma éthylique, et j’ai eu le hoquet pendant tout le concert, les gens croyaient que c’était la peur, en fait, non j’avais trop bu.

    Durant votre tour de chant, vous parcourez 25 ans de carrière. Comment vous choisissez les chansons d’un concert?

    Toutes les chansons sont la somme d’un tout. Ma discographie, c’est un livre et chaque album serait le chapitre de ce même livre. Le but était aussi de rendre digeste un concert long de deux heures et demi. J’ai pris au moins six mois pour déterminer la set-list. J’ai répété une quarantaine de chansons pour n’en retenir qu’une trentaine. L’objectif de base était de ne pas faire dans la nostalgie. Je suis un homme d’aujourd’hui avec un nouvel album que j’adore jouer sur scène. Il existe une cohérence à le mélanger avec d’anciennes chansons. Certaines se répondent, se complètent, sont en rupture, alternent légèreté et gravité… En fait, j’essaye d’imposer quelque chose. On passe par plein d’endroits et plein de moments. Le début du show ne tend pas la main, il n’y a pas de flatterie, aucune drague. Les gens sont un peu impatients, ils ont envie de bouger, de témoigner des choses… Mais c’est bien de retenir, de ne pas être dans une démarche facile. Au bout d’un moment, c’est bien aussi de les attraper par le slip et de dire: « bon voilà, on se lâche! ».

    L’Invitation est un album assez hédoniste…

    Oui, globalement, c’est « lâchons nous, bouffons la vie ». C’est le mot d’ordre de l’album: Carpe Diem. C’est sans doute le côté oriental que j’ai en moi, même de façon inconsciente… La vie est courte, on a souvent l’impression d’être immortel. Quelle erreur! Gamin, en Algérie, pendant la guerre d’indépendance, j’ai vu la mort de très près. J’étais dans l’appartement avec ma mère et ma soeur, l’appartement brûlait, j’ai failli me faire buter. J’avais quatre ans… Je me sens vraiment un survivant, j’ai failli mourir plusieurs fois. Très tôt, j’ai vécu avec cette conscience aiguë de la fragilité de la vie et de l’urgence de la protéger et d’en profiter.

    L’une de vos chansons débute par cette phrase: « Je suis escorté par la chance ». C’est la clef de votre longévité?

    Certainement. Je reviens de loin, je suis passé à travers beaucoup de choses, sans avoir altéré ou abîmé la personne que je suis vraiment. J’ai eu la chance de pouvoir avancer dans ma vocation. J’en suis excessivement conscient. J’ignore d’où elle vient, cette « baraka »… En même temps, la chance, ça se cultive. Elle n’arrive jamais par hasard. Il faut aussi savoir la provoquer.

  • Madonna et les VIP

    Henri Guaino a assisté au concert VIP de Madonna à l’Olympia. Après Chirac qui s’était également rendu au show de la madone au Parc de Sceaux dans les années 90, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour paraître et racoler !

  • Les catastrophes naturelles et la politique

    Une pensée pour les survivants du Sichuan chinois qui vivent les angoisses du tremblement de terre et de ses suites. La réaction de refus des secours occidentaux des asiatiques en Chine comme en Birmanie, après le cyclone, est étrange. C’est comme une espèce de déni de cette réalité tragique, ou alors un excès de nationalisme qui font penser à ces dirigeants qu’ils s’en tireront tous seuls ?

    La Chine encore dispose de moyens financiers et matériels importants pour affronter cette catastrophe, mais la Birmanie, à part l’exportation de moines bouddhistes et du pavot il ne doit pas y avoir beaucoup d’activités économiques susceptibles d’amener des devises à Rangoon ! Des dictateurs aveugles qui refusent d’affronter la misère de leur peuple et préfèrent organiser un référendum au lendemain d’un cyclone dévastateur plutôt que d’ouvrir leur pays à l’aide internationale. Après tout c’est bien la définition d’une dictature.

  • Fébrilité au parti socialiste

    Le suspense est intolérable, le PSG va-t-il descendre en petite division ? Au moins est-on fixé sur la future bataille Delanoé-Royal. Miss joli-sourire-crispé s’est déclarée ce matin candidate pour enlever le PS. Cela fait une incertitude de moins, il ne reste plus qu’à savoir si l’OL sera champion de foot-balle ce soir.

    En attendant, les Strauss-Kaniens sont fébriles et apeurés à l’idée que leur héros coincé à Washington au Fonds monétaire international se fasse doubler par ce duo de choc. Alors ils s’agitent comme des mouches dans un bocal et vont y aller de leur contribution au congrès du PS. Ça promet de la littérature !

  • Morcheeba – 2008/05/15 – Paris le Grand Rex

    Morcheeba au Grand Rex, une autre création britannique de Trip Hop, plus pop que hop, un peu à la traîne des Portishead et Massive Attack, animé par les deux frères Godfrey l’un aux platines et le deuxième à la guitare. Les vocaux sont assurés par des chanteuses recrutées au fur et à mesure des disques, plutôt interchangeables. La dernière venue est française, jolie et bonne musicienne.

    Morcheeba c’est un groupe charmant qui nous fait évoluer dans une atmosphère éthérée et électronique, les guitares planent, les overdubs pullulent, le DJ mixe, et le tout donne un paquet cadeau bien emballé, un plaisir éphémère, une élégance distinguée. Il est en principe de bon ton de regretter la première chanteuse du groupe, Skye, black et soul, une Sade rajeunie ; sa remplaçante hexagonale tient largement la route.

    Ne boudons pas notre plaisir la soirée est douce, la musique glisse naturellement sur nous comme nos postérieurs le skaï craquelé des fauteuils du Grand Rex. La machine électronique tourne rond, les musiciens d’amusent, le temps passe sans histoire, la performance est agréable. On ne gardera pas un souvenir éternel de ce concert mais juste la mémoire d’une soirée parisienne sans histoire.

    Première partie : Martina Topley Bird.

  • Les ambitions du maire de Paris

    La mairie de Paris comme les municipalités de gauche se refusent à mettre en place le service minimum d’accueil des enfants délaissés par leurs professeurs pour ne pas briser leur grève. Il est vrai que le maire Delanoé doit consacrer son temps à illustrer son nouveau site web « clarté – courage – créativité » dont les premières pages sont un modèle du genre. Un petit extrait de l’appel « pour un grand congrès socialiste », suffisamment grand espère-t-il pour qu’il l’élise à sa tête…

    Un petit extrait donc des quatre principes pour organiser et orienter [la] réflexion :

    Le premier principe est de porter un regard lucide sur les difficultés – financières et budgétaires notamment – auxquelles la France est confrontée et qu’aggrave l’actuelle action gouvernementale.

    Le second principe est de préconiser des solutions politiques qui répondent réellement au diagnostic établi, afin que le moment venu, notre action de gouvernants soit fidèle à notre discours d’opposants.

    Le troisième principe est d’assumer notre identité sans céder aux injonctions de ceux qui, au nom d’une « radicalité » de gauche mécaniquement revendiquée, neutralisent en fait des forces de transformation sociale et renoncent à toute confrontation de leurs convictions avec l’exercice des responsabilités.

    Le quatrième principe consiste à dessiner une approche globale plutôt que de concevoir notre projet comme un empilement de mesures thématiques s’agrégeant sans cohérence (l’économique, le social, l’éducation, l’intégration, le sociétal, l’environnemental, etc.).

    On ne sait même pas s’il arriverait à vendre des yaourts avec un tel marketing !

  • Les origines du vivant

    Le Jardin des Plantes a installé un chemin retraçant au coin des arbres les origines du vivant. L’étape -1 500 millions d’années indique que c’est le début de la reproduction sexuée qui remplace la reproduction par division cellulaire. Bonne nouvelle ! Hélas celle-ci s’accompagne de l’apparition de la mort car tant que les cellules ne faisaient que se diviser elle ne mourrait pas.

  • La France compromise au Liban

    C’est le printemps, le Liban ressort ses roquettes ! Pauvre pays, lorsque ce n’est pas Israël qui lui tape dessus ce sont les groupuscules locaux qui canardent, avec Téhéran et Damas qui soufflent sur les braises. Et pendant ce temps l’ex-président Chirac réside toujours dans l’appartement parisien d’un des chefs de factions locales… Cela fait quand même mauvais genre, on ne pourrait pas lui trouver un HLM de la ville de Paris histoire que la France paraisse un peu moins prendre parti ?

  • L’intelligentsia française penche à gauche

    L’intelligentsia parisienne parade sur les plateaux télé et raconte sa guerre de 68 ! Sa production littéraire est à l’avenant, un peu inutile… Plus intéressant derrière nos intellos maos reconvertis VIIème arrondissement : le retour sur le parcours de la Gauche Prolétarienne (GP) et l’histoire de son mystérieux héraut Benny Levy. Né en Egypte en 1945, revendiquant son statut d’apatride, débarqué à Paris à 11 ans, Althusser l’initie au marxisme à l’Ecole normale supérieure en 1965. Budapest puis Prague le poussent du marxisme au maoïsme. La GP dont Levy est l’inspirateur et le chef incontesté, entre dans la clandestinité après 68. Il est au bord de suivre l’exemple de ses frères allemands et italiens et de sombrer dans la lutte armée avec ses troupes. En 1972, l’action terroriste contre les athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich le ramène à la raison. Les excès de la résistance palestinienne (aidée par ce bon vieux Carlos, vénézuélien, en résidence longue durée à la Prison de la Santé après avoir été livré par le Soudan à Paris – eh oui, à l’époque Khartoum était fréquentable !) qu’il soutenait lui fait franchir le Rubicond : il dissout la GP, devient le secrétaire de Sartre jusqu’à la mort de celui-ci en 1980. Il aura de fructueux échanges intellectuels avec le vieux philosophe pyromane. Et puis finalement, sur intervention de Sartre chez Giscard dit d’Estaing, la France le naturalise.

    Pendant ce temps ses anciens compagnons d’armes fondent Libération (dont l’avenir à court terme n’est plus vraiment assuré, malheureusement). Et puis progressivement sa judéité prend le dessus, il passe de l’étude du Petit Livre Rouge au celle du Talmud, s’installe en Israël et crée un institut consacré à la pensée de Lévinas avant de décéder brusquement en 2003.

    Au-delà des clowneries sympathiques de Daniel Cohn-Bendit ou des outrances verbales de Mélenchon, les véritables penseurs de la pensée gauchiste des années 70/80 sont restés dans l’ombre, avec Sartre tout de même jetant au grand jour de l’huile sur le feu. Beny Levy, Pierre Lambert, et d’autres…, des hommes d’influence qui ont entraîné derrière eux des personnalités de pouvoir, encore actives aujourd’hui, et pas des moindres. Que l’on partage ou pas leurs idées, ils en ont eu et ça s’est passé chez nous. Ce soir à la fête de Lutte Ouvrière, dans la fumée des merguez,quelques vieux militants ont dû avoir une pensée pour leurs disparus.

  • Portishead – 2008/05/06 – Paris le Zénith

    Portishead – 2008/05/06 – Paris le Zénith

    C’est le deuxième et dernier concert des Portishead au Zénith ce soir. Ils étaient attendus comme le Messie depuis bientôt dix années. La planète parisienne hip-hop était fébrile ces dernières semaines à l’idée de ces retrouvailles, après avoir découvert Third, leur troisième et dernier disque, quelques jours auparavant.

    Kling Klang, un groupe de chevelus écossais fait la première partie avec un déchaînement de claviers, guitares et d’électronique. Plutôt étrange et dissonant, mais intéressant.

    Puis Portishead débarque sur une scène sobre, avec trois écrans tendus au fond qui passeront les musiciens en rendu kaléidoscopique, principalement Beth accrochée à son micro, tel un oiseau à sa branche, avec en alternance les images grises des différentes noirceurs du Monde.

    Sur scène le trio historique est accompagné de trois musiciens supplémentaires qui s’installent derrière Adrien Utley, embonpoint et guitares, et Geoff Barrow & platines. A peine les lumières éteintes ils déplient le tapis scintillant de l’intro brésilienne de Silence pendant que Beth, toute de noir vêtue, entre en scène. Elle tourne d’abord le dos au public, face à la batterie, en une attitude qu’elle reprendra souvent lorsque les chants lui en laissent le loisir. Puis, enfin, face à nous entame de sa voix douce : Tempted in our minds/ Tormented inside lie/ Wounded, I’m afraid/ Inside my head/ Falling through changes/ Did you know when you lost/ Did you know when I wanted/ Did you know what I lost/ Do you know what I wanted.

    Immédiatement et définitivement le Zénith tombe sous le charme étrange de cette femme que l’on imagine fragile et dont la voix gracile (mixée un peu faiblement au début du concert) monte vers le ciel avec un vibrato si particulier. L’atmosphère dans la salle est à la ferveur religieuse et chacun se laisse imprégner de ces notes mélancoliques posées sur le beat trip hop qui a fait la célébrité de Bristol, la ville qu’ils partagent avec les Massive Attack. Il émane de cette chanteuse un magnétisme qui s’insinue au plus profond de votre âme et donne le sentiment de recevoir en direct toute l’émotion qui exsude de son être : Wild, white horses/ They will take me away/ And the tenderness I feel/ Will send the dark underneath/ Will I follow.

    Telle la photo verdâtre d’une forêt d’antennes qui illustre l’intérieur de la couverture de Third, le groupe lâche dans l’espace les ondes mystérieuses d’une musique à la modernité assumée. Un déroulé de leurs trois disques nous est offert, d’une égale qualité.

    Beth est à l’aise dans la tempête des mots et la houle démoniaque du rythme. Telle le Goéland, elle nous enlace dans ses ailes froides pour nous accompagner dans l’œil du cyclone d’une musique que ses comparses mettent un point d’honneur à jouer hypnotique à grand renfort de guitares grinçantes et de computers créatifs, comme pour rendre son phrasé encore plus subtil et sa présence toujours plus évanescente.

    Fasciné par cette personnalité aussi immobile que captivante, on se laisse flotter sur l’écume de la haute mer d’un trip hop qui atteint là des sommets de perfection. Après 90 mn d’harmonies en mode nostalgique, envahis d’une torpeur grisante, on ne sait trop s’il s’agit de tristesse ou simplement d’une alchimie artistique qui tape au cœur de nos sentiments. On hésite à se sentir déprimés mais on voit Beth, hilare, descendre dans la fosse aux fans et l’on se souvient que tout ceci n’est qu’un moment de musique exceptionnel qui se termine en apothéose sur We Carry On.

    Set list : Silence/ Hunter/ Mysterons/ The Rip/ Glory Box/ Numb/ Magic Doors/ Wandering Star/ Machine Gun/ Over/ Sour Times/ Nylon Smile/ Cowboys Encore : Threads/ Roads/ We Carry On

  • Street-art ?

    C’est drôle comme l’environnement ferroviaire attire le tagueur fou. Que ce soit la ligne de RER de Roissy ou les wagons en stationnement à la gare de Rennes, les murs SNCF dégoulinent de peinture, dégueulent de représentations graphiques fruits de la « créativité » pour le moins débridée des artistes de la bombe peinturlurante.

  • A Bréhat

    A Bréhat

    Au retour de l’île de Bréhat le bateau qui ramène les visiteurs en 10 mn sur le continent croise un petit voilier jaune qui zigzague au milieu des cailloux et dont la grande voile blanche est marquée des lèvres de Rolling Stones. Petit clin d’œil à Mick et Keith au milieu du canal de l’Arcouest !

  • Le parti socialiste s’émeut

    Une sombre histoire du mariage de deux hommes aux Pays-Bas aboutit à déchoir de sa nationalité française l’un des conjoints. Le PS parle de situation « révoltante, violente et discriminatoire ». Au moins quand on parle de ça on évite le reste. Cet état de fait n’est ni révoltant ni violent, il est juste légalement discriminatoire. Le législateur français, dans sa grande sagesse, a décidé de ne pas reconnaître le mariage entre conjoints du même sexe. Il l’a fait sans contrainte, sans menace et en suivant les principes de notre vieille démocratie, les mêmes principes qui ont donné lieu à l’adoption du P.A.C.S. Cela va sans doute changer un jour quand les élus du Peuple français en décideront ainsi. Ce n’est pas la seule discrimination légale du droit français à gommer. Ce n’est pas non plus la peine d’en faire tout un fromage, la planète continue à tourner dans le même sens pour le moment.

  • Sophie Calle revient

    Sophie Calle est l’invitée de Frédéric Mitterrand sur France-Culture cette après-midi. Elle raconte ses œuvres aux incroyables scénarii. Elle revient sur l’épisode où elle a organisé sa propre filature, en principe anonyme. En fait elle avait identifié rapidement le détective qui la suivait et du coup organisé la filature du filateur. A l’issue de cet imbroglio elle a réuni les trois rapports, le sien et ceux des deux détectives. Elle parle bien sûr de son exposition Prenez soin de vous à la biennale de Venise, vue à Paris à la Bibliothèque nationale de France le 30 mars dernier. Elle parle des 11 minutes de la fin de sa mère, transformée en œuvre présentée à la biennale de Venise car lors du même appel où elle apprenait la maladie de sa mère, un double-appel l’informait de sa sélection pour Venise, reprenant alors la ligne de sa mère, elle le lui dit et l’entend répondre « quel dommage car je n’y serai pas. » Sophie a voulu qu’elle soit présente quand même d’où cette vidéo controversée présentée à coté de Prenez soin de vous. Elle évoque Hervé Guibert dont elle a attendu, avec lui, la mort à Paris avant qu’il lui dise : « Sophie, c’est ridicule, repars aux Etats-Unis. » et Guibert de s’éteindre alors qu’elle était dans son avion transatlantique.

    Elle parle d’elle avec un sens de l’auto-analyse, froid et tendre, de sa capacité à transformer sa propre vie en fiction. Elle raconte son désir de contrôler sa vie plutôt que d’en laisser des traces. Elle diffuse aussi une grande émotivité derrière un cynisme de façade. Ses admirateurs interviennent, Paul Auster bien sûr qui s’est inspiré de son personnage pour l’un de ses romans, en y ajoutant quelques couches supplémentaires qu’elle a à son tour intégré dans sa vie. Quelle étonnante et fascinante personnalité que cette Sophie !

  • Les jeux de la bêtise

    La presse explique que la flamme olympique doit monter au sommet du Monde sur le mont Everest en nous expliquant toutes les ruses mise en œuvre par la Chine pour éviter tout incident pro-tibétain. Il n’y a personne pour rappeler que le sommet de l’Everest est au Népal et non pas en Chine ou au Tibet. Toute cette agitation pour un Olympisme qui consiste à voir s’affronter une bande de musculeux drapés dans des leurs emblèmes nationaux… souriez, ce n’est que du sport !

  • ECHENOZ Jean, ‘Je m’en vais’.

    Sortie : 1999, Chez : Editions de Minuit.

    Un galeriste traîne sa lassitude entre ses maîtresses, son inspectrice des impôts et ses voyages aux longs cours à la recherche de nouvelles œuvres. Il quitte tout ce qu’il approche mais ne s’en porte pas plus mal. Une écriture subtile pour narrer la vie nonchalante, apparemment sans saveur de Ferrer, mais finalement pleine de surprises. Un prix Goncourt en 1999 pour ce court roman.