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  • Björk – 2007/08/26 – Paris Parc de Saint-Cloud

    Björk en Seine – 2007/08/26 – Festival Rock en Seine Paris Parc de Saint-Cloud

    C’est l’évènement culturel et musical de la rentrée : après deux prestations dans le Sud en début de semaine qui ont embrasé les arènes de Nîmes, Björk et sa troupe glacio-technoïde s’installent à Saint-Cloud pour le final de Rock en Seine. La composition fut époustouflante, à la hauteur des plus hautes attentes des 20 000 spectateurs qui se pressaient devant une scène bariolée de drapeaux aux couleurs fluo, dessinés d’animaux divers.

    A 21h40, alors que la pression (physique) devenait difficile pour les premiers rangs et l’intensité (artistique) insoutenable pour les fans en haleine, les musiciens se mettent en place : une section de cuivres-choristes islandaise composée d’une dizaine de femmes habillées en bouteille d’Orangina, aux couleurs flamboyantes du dernier album Volta, chacune un fanion rouge au dessus de la tête, un claveciniste, un batteur ainsi que Mark Bell et Damian Taylor, préposés aux machines et à l’électronique (voir encadré sur la Reactable). Une voute laser strie le ciel depuis le fond de la scène et Björk apparaît sur les premières rythmiques numériques obsédantes de Innocence. Pieds nus, vêtue d’une robe de fée à dominante dorée (très légèrement inspirée de la tenue de clown triste de Bowie sur le clip Ashes to Ashes), le front maquillé d’or et des mèches blanches dans les cheveux, elle parcourt déjà la scène de ses pas décalés et légers, dans le froufroutement inaudible des plis de sa chasuble moirée. Les bras tendus sous les lasers déchirant la nuit elle nous invite à la suivre dans une plongée au cœur de ses mystères.

    Les 20 000 spectateurs hypnotisés par ce prologue libérateur vibrent déjà lorsque résonne la rumeur sinistre de l’intro de Hunter (de son avant-dernier disque Homogenic) : I’m hunting/ I’m the hunter/ (but you just don’t know me). Oui, Björk chasse inlassablement la nouveauté armée de sa seule foisonnante créativité. Elle tend à la fusion de l’électronique avec la stridence de sa voix cristalline, en une exceptionnelle unicité temporelle, visuelle et auditive. Et pour mieux nous enrôler dans cette quête, Hunter se clos sur le jaillissement soudain des mains de l’artiste d’un filet synthétique jeté vers la foule en deux cônes inextricables. Telle une Spider-woman spirituelle elle nous capte dans les rets étroits de son univers étrange et poétique, que nous n’avons d’ailleurs aucune envie de quitter, petits poissons consentants pris au piège de la pieuvre dominatrice, nous nous laissons dévorer avec délice.

    S’ensuivent Joga et le déchaînement électronique de Earth Intruders. C’est le cri du centre de la terre, là où tout n’est que magma brûlant et d’où s’élève en une colonne volcanique le cri de Björk : We are the earth intruders/ We are the paratroopers/ Stampede of sharpshooters/ Voodoo… Le public captivé écoute religieusement l’éruption musicale qui s’échappe de la scène en coulées numériques et suit les pas de funambule de sa créatrice, voletant d’un incendie à une incandescence, dodelinant de la tête et contrôlant l’énergie.

    Puis viennent d’autres retours aux albums du passé avec I miss you, Army of me (terrifiant), Hyperballad, Hidden place, Pagan poetry, 5 years, Pluto. Qu’elle soit à coté du claveciniste pour une bouleversante ballade, aux pieds de ses choristes pour s’unir à elles où parcourant inlassablement la scène elle fait toujours preuve d’une incroyable présence, d’une fulgurante personnalité. Seul faille à ce contrôle total sur les évènements un léger tic qui lui fait jouer avec la langue avant ses phrases.

    On la croirait descendue du carrosse de Cendrillon pour nous délivrer le message d’un monde dont elle seule a les clés, celui d’une musique complexe et d’une poétique troublante. Telle une réincarnation évanescente du Petit Prince sur sa planète, elle a planté son arbre dont les racines nous enserrent dans une féérie de modernité et de subtilité.

    Derrière l’image idyllique et pure de ce petit lutin de l’électronique et de la modernité se cache en réalité une artiste accomplie, au sommet d’une inspiration qui synthétise tous les courants musicaux et visuels du monde d’aujourd’hui.

    L’unique rappel se termine sur un Declare Independance qui fait parler la poudre ! Les rythmes électronique s’entrechoquent et se superposent sur les hurlements libérateurs d’une Björk qui fait reprendre son hymne à tout le Parc : Raise the flag/ Raise the flag (higher, higher) ! Les écrans vidéo de chaque coté de la scène s’emballent sur des prises de la Reactable et autres écrans tactiles musicaux, machines sonores étranges manipulées par des apprentis sorciers qui en extraient des sons bouillotants et des rythmes furieux. Sous une cathédrale débridée de lasers hallucinés, les bras en croix Björk marque le beat infernal de son refrain sous une pluie de cotillons argentés puis soudainement tout s’arrête, laissant les spectateurs subjugués, mais un peu frustrés…, seulement 90 mn, l’artiste ne fait pas d’heures supplémentaires, on en aurait voulu tellement plus !

    Set list : 01. Brennið Þið Vitar, 02. Innocence, 03. Hunter, 04. Immature, 05. Jóga, 06. The Pleasure Is All Mine, 07. Hidden Place, 08. Pagan Poetry, 09. Anchor Song, 10. Earth Intruders, 11. Army Of Me, 12. I Miss You, 13. Mother Heroic, 14. Five Years, 15. Wanderlust, 16. Hyperballad, 17. Pluto
    Rappel: 18. Oceania, 19. Declare Independence.

    Un nouvel outil musical est utilisé lors de la tournée Volta : La Reactable. Il s’agit d’une table à musique électro-acoustique développée par l’Université Pompeu Fabra de Barcelone qui permet à plusieurs utilisateurs de déplacer des objets sur une surface translucide créant ainsi différents types de son interférant entre eux. Le but est de déplacer des blocs appelés tangibles sur la table ronde rétro-éclairée de différentes formes modulables en fonction de leur emplacement et de leur nombre sur la Reactable. En déplaçant et en actionnant ces tangibles, l’interaction de ces derniers créé une sorte de synthétiseur virtuel créant des rythmes musicaux et des effets sonores représentés sur la table par des cercles et des sinusoïdales. Il existe seulement deux reactables dans le monde et Björk est ainsi la première artiste à en faire un usage grand public pour les concerts de la tournée Volta. Aucun apprentissage particulier n’est nécessaire pour l’utiliser, c’est un instrument collaboratif et intuitif.
  • Le « Mime Marceau » est mort

    Marcel Marceau décédé hier disait que l’art du mime:

    « donne au silence l’écho du temps et la pesanteur ailée de l’espace. »

  • « Un cœur invaincu » de Michael Winterbottom

    Ce film est la mise en image du livre bouleversant écrit par la femme de Danny Pearl, journaliste américain décapité par des terroristes islamiques au Pakistan en 2002. On retrouve à l’écran ce qui a fait l’intérêt du livre : l’émotion malgré la barbarie, l’insondable dignité de cette femme brisée face à l’incommunicabilité des civilisations. Marianne Pearl a appuyé ce film pour que son fils (elle était enceinte de son mari assassiné) découvre un jour ce que fut la fin de son père.

  • Des journalistes pervers

    Les journalistes sont vraiment vicieux. Alors que le ministre des affaires étrangères Kouchner explique à un parterre de plumitifs que la crise avec l’Iran est grave et qu’il faut se préparer au pire, Nicolas Beytout l’interrompt et lui demande comment on se prépare au pire, Kouchner lui répond que le pire serait la guerre, hypothèse à laquelle on se prépare notamment avec des plans d’état-major. La planète média s’empare de cette pépite et diffuse en boucle les mots de Kouchner le « va-t’en guerre », avec une délectation qu’elle n’avait plus éprouvée depuis la dissolution de l’assemblée nationale prononcée par le président Chirac !

    Littéralement il n’y a rien à reprocher à Kouchner : Beytout avait peut-être une autre idée de ce que peut être le pire dans la confrontation actuelle avec l’Iran ? Nous pas, le pire c’est la guerre.  En revanche, médiatiquement, Kouchner n’a pas su s’adapter à la perversité de son interviewer et à son intérêt plus marqué pour le spectaculaire que l’analyse. Il s’est fait piéger comme un débutant. Le plus navrant est que rares sont les journalistes qui se sont penchés sur le fond du débat, tous occupés à gloser sur ce faux pas plutôt qu’à nous éclairer sur leurs propres hypothèses du pire et leurs idées pour l’éviter !

  • L’addition sera pour plus tard

    Le président Sarkozy s’agite en tous sens et garde une bonne popularité. Il n’a pas encore demandé à ses électeurs de payer l’addition. Pour le moment on le voit surtout distribuer des cadeaux. L’accueil sera sans doute moins favorable lorsque qu’il faudra faire passer les réformes qui vont taper au porte-monnaie.

  • Un Lionnel Jospin frustré attaque Ségolène Royal

    Jospin, qui s’est fait sortir au premier tour des élections présidentielles en 2002 avec 16,2% des votes, se fait plaisir en traînant dans la boue Ségolène qui avec 25,9% au premier tour a pu défendre ses chances au second d’où elle est ressortie battue avec 46,9%. Il est sympathique ce garçon mais après s’être retiré de la vie politique il y a cinq ans, avoir envisagé d’y revenir si le pays l’appelait (ce qui n’a pas été le cas) pour les présidentielles 2007, il pense maintenant à reprendre le PS si bien sûr le parti l’appelle…

    Afin de préparer sa campagne, dans un livre à paraître, il qualifie Ségolène de « candidate qui était la moins capable de gagner », puis d’être « une illusion », « une personnalité [qui] n’a pas les qualités humaines ni les capacités politiques » pour remettre le Parti socialiste en ordre de marche et « espérer gagner la prochaine présidentielle ». Selon lui, elle est « une figure seconde de la vie publique » qui n’est « pas taillée pour le rôle » de premier secrétaire du PS. « Avoir commis une erreur [en la désignant] ne justifie pas qu’on la réitère » affirme-t-il.

    Il a sans doute raison, mais qui est-il ce zozo là pour agresser pareillement sa petite camarade de parti ? Même les OPA les plus sauvages du grand capitalisme international ne donnent pas lieu à un tel déchaînement de haine. Généralement dans le business, une fois la défaite consommée, chacun passe à autre chose. Mais le Jojo qui s’est retiré de la vie politique en 2002 n’arrive pas à s’y faire. C’est un peu pathétique !

  • Rien de nouveau en Centrafrique

    Les massacres continuent en Centrafrique et l’armée française qui y est revenue est accusée de les couvrir. L’Histoire continue…

  • Adieu Jean-François Bizot

    Jean-François Bizot est mort. C’était un des créatifs parangons de l’esprit soixante-huitard. J’ai lu Actuel (deuxième version) qu’il avait créé lorsque j’étais à la fac. Hebdomadaire underground et rock, impertinent et iconoclaste, il alimentait les phantasmes étudiants de nos vies débutantes. C’est Actuel qui avait déniché la thèse de Khieu Sampan soutenue à la Sorbonne avant d’être mise en œuvre sur le terrain au Cambodge. Intellectuel vibrionnant Bizot était aussi écrivain à ses heures. Il avait décrit en 1978 dans Les Déclassés, son premier roman, cette atmosphère de l’Occident des années 60/80 et de ses enfants qui ont voulu tout changer et ont pris des risques pour cela.

  • Ils courent après la baballe

    Après la ronde des brutes anabolisées, voici le retour des fouteux décervelés, le tout sur fond d’agressions verbales entre français et italiens, de sifflage d’hymnes nationaux et autres subtiles spécialités de à la beaufitude fouteuse. Le sélectionneur franchouillard est parait-il interdit de stade pour avoir accusé les transalpins d’être corrompus ! Ambiance… Bon, ce n’est pas très grave, ce n’est pas lui qui joue que l’on sache. Après le championnat du monde de rugby, il va falloir se colleter le championnat d’Europe de foot-balle.

    L’italien qui avait reçu le coup de boule historique de Zizou a écrit dans un livre ce qu’il avait dit à celui-ci pour provoquer son ire. Alors qu’il lui tirait son maillot, Zizou lui a lancé « Si tu veux mon maillot, je te le donnerai à la fin du match » et l’autre de répondre « Je préfère ta putain de sœur. ». Eh bien, nous avons échappé de peu à une nouvelle guerre à cause de la sœur de Zizou. La vie continue.

  • Juppé change

    Eh bien ça y est ! Grande nouvelle, Juppé commence à comprendre l’électeur ; du fond de ses vignobles il vient de déclarer :

    « Je conclus que le cumul des fonctions exécutives n’est plus acceptable dans l’esprit des concitoyens. Si je suis candidat [à la marie de Bordeaux], et si je suis élu, c’est donc ce que je ferai. »

    Ben oui… quand le bordelais vote pour un député ou un maire ce n’est pas pour le voir démissionner le lendemain pour garder un poste de ministre à Paris. Ce n’est tout de même pas compliqué à intégrer surtout quand on a fait des études. Si j’étais à Bordeaux je voterais aux prochaines municipales pour le Juppé nouveau, réaliste, serein et tranquille, et qui reste tout de même un homme d’influence.

  • La presse racoleuse

    Du pain béni pour la presse française en cette rentrée tristounette : la recrudescence des infanticides. Après la cinglée qui congèle ses marmots on a maintenant le couple british chic accusé d’avoir assassiné leur fille au Portugal. Alors on nous sert de l’infanticide à toutes les sauces, pas un bulletin d’information qui ne débute sans un reportage d’envoyé spécial devant la maison des suspects au Portugal, ou une interview du crémier du village d’origine de ces Anglais. Pendant ce temps, cela évite de phosphorer sur la crise financière qu’il est beaucoup plus difficile à analyser.

  • « Mondial de rugby, Mondial des abrutis »

    « Mondial de rugby, Mondial des abrutis » titrait Charlie il y a quinze jours. La presse nous ressasse des valeurs du rugby, c’est un peu comme la culture d’entreprise, un oxymore. Bon on ne savats même pas qu’il y avait un championnat du monde de rugby… C’est qui le champion d’ailleurs ?

  • Querelles sémantiques

    Guerre des mots à droite, plan de rigueur dans la fonction publique, comme l’affirme la ministrette des finances, ou pas plan de rigueur ? Le Larousse encyclopédique nous explique que rigueur veut dire : Grande sévérité ; austérité ; dureté. On espère bien qu’il y a un plan de rigueur dans la gestion des finances de l’Etat. On est d’ailleurs étonné qu’il n’y en ait pas déjà un depuis longtemps. Les ressources mises à dispositions par les contribuables seraient-elles gérées sans rigueur ? Pour calmer cette tempête de mots dans la cuvette sémantique des toilettes du microcosme, Fillon parle de plan de revalorisation et Devedjian de bonne gestion. Tout ça pour expliquer (ou cacher) que deux fonctionnaires partant à la retraite sur trois seront remplacés en 2007 et un sur deux en 2008. Parfois on se demande vraiment si nos politiques ont un emploi du temps si chargé que cela…

  • Des analyses économiques de caniveau

    En attendant, les soi-disant analystes financiers, vraiment à court de réflexions intelligentes, sortent des statistiques pour étudier la corrélation entre la météo et les cours de bourse (ça monte quand il fait beau) ou les résultats de matchs de ballons en compétitions internationales (ça baisse dans les pays qui perdent les matchs). Le plus fascinant est que, sans vergogne ni l’ombre d’une culpabilité, à la question « pouvez-vous extrapoler une stratégie de cette corrélation ? » ils répondent « non, car la variation est trop faible » plutôt que « non, car c’était juste une blague de rentrée ». Voilà qui en dit long, une fois de plus, sur le niveau d’analyse de ces soi-disant analystes, et leur capacité à comprendre ce qui se passe sur les marchés comme le prouve une nouvelle fois la crise financière actuelle. On pourrait peut-être les recycler au Parti Socialiste pour analyser le niveau de corrélation entre la longueur des jupes de Ségolène Royal versus le pourcentage de déficit public en points de PNB ?

  • Restructurations dans l’énergie

    L’entreprise Suez va être démantelé et sa partie Energie va racheter GDF (Gaz de France), en la privatisant au passage. Ces entreprises sont lancées, au mieux, pour quatre années de pétaudière, encore appelées « synergies ». Les économistes mondains sont de sortie et rivalisent d’analyses contradictoires. On parle de patriotisme économique ou de nécessité industrielle ; le coup étant parti d’une réaction nationaliste contre l’offre de rachat de Suez lancée par l’ENEL, groupe semi-publique italien, on n’est pas bien sûr que la construction mise sur pieds soit plus opérationnelle : le franco-belge meilleur que le franco-italien ? L’avenir le dira.

  • Take A Walk On The Wild Side

    Café crème à la terrasse ensoleillée du café de la place du marché de Donzy. Les notes douces et rythmées de Take A Walk On The Wild Side s’échappent de la salle peinturlurée aux couleurs de l’OM. Le chien du patron baille à l’ombre des arbres. Les canards barbotent dans la petite rivière locale. Libération d’hier est disponible sur le comptoir. La population de ce petit bled de la Nièvre vaque doucement aux occupations dominicales de cette fin d’été. A deux heures de Paris, l’impression d’avoir atterri sur une autre planète.

  • Boyle T.C., ‘Le Cercle des Initiés’.

    Sortie : 2004, Chez : . L’arrivée de la sexologie dans l’Amérique des années 40/50 racontée de façon truculente par Boyle. On suit les pas d’un professeur qui, de conférence en conférence, initie ses auditoires à cette nouvelle science. Avec ses adjoints ils mettent en fiche les pratiques sexuelles de leurs concitoyens sans oublier de s’occuper au passage de leurs propres perversions.

  • Des dirigeants socialistes désertent leur « université d’été »

    Les dirigeants socialistes n’ont pas le temps de se rendre à l’Université d’été du PS à La Rochelle en revanche ils ont tout loisir d’écrire des bouquins contre Ségolène, Hollande et consorts. On en annonce une petite dizaine avec des titres aussi fraternels que L’Impasse, Désert d’Avenir, La Défaite en chantant, etc. C’est vraiment Règlements de comptes à OK Corail. Avec tous les communicants qui engraissent autour de la politique, il n’y en a pas un qui pourrait leur dire que cette rentrée littéraire n’est pas du meilleur effet, en termes électoraux tout du moins car je ne doute pas que le style, la sémantique, la réflexion contenus dans ces nombreux ouvrages vont faire fureur, voire même éclipser le prochain Prix Goncourt !

    Pendant ce temps, entre la création de missions, de commissions, de comités divers et politiquement ouverts, Sarkozy trouve le temps d’aller à l’Université d’été du patronat ; les syndicats et la gauche s’étranglent de fureur devant ce crime de lèse-majesté : le président parle aux entrepreneurs. Mon Dieu, quelle horreur !

  • Du rififi au FMI

    La Russie qui présente son candidat (tchèque…) pour le siège de chef du Fonds monétaire international (FMI), contre le Français Dominique Strauss-Kahn (DSK), prétend que ce dernier n’a pas les compétences pour le poste. C’est parfaitement juste ! Notre bon DSK n’a jamais géré d’entreprise, sinon son cabinet d’avocats lorsqu’il n’était pas ministre, et encore moins de banque. Il est un politicard avisé, a été un ministre compétent, et d’ailleurs il est plébiscité par les militants socialistes pour restructurer le PS ce qu’il saurait sans doute bien faire. Mais mettre des hommes politiques à la tête de banques, nationales ou multilatérales, on a vu ce que cela a donné, en France ou même très récemment à la Banque Mondiale où Wolfovitz a été poussé à la  démission assez rapidement, sans parler d’Attali à la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement qui a laissé libre cours aux errements diaboliques de sa créativité mégalomaniaque en matière de gestion, ou plus simplement de son prédécesseur espagnol au FMI qui a plié bagages au bout de deux ans dès que la soupe a été de nouveau servie pour lui à Madrid.

    Les hommes politiques il faut les nommer administrateurs de ces institutions multilatérales pour y avoir des conseils d’administration forts qui indiquent fermement la politique à suivre, mais laisser la direction exécutive à de vrais managers, c’est la b-a-ba de la bonne gouvernance. C’est d’ailleurs ce que le FMI et la Banque Mondiale n’arrêtent pas de répéter aux pays à qui ils prêtent leurs sous…

  • Festival Rock en Seine – 2007/08/24>26 – Paris Parc de Saint-Cloud

    Festival Rock en Seine – 2007/08/24>26 – Paris Parc de Saint-Cloud

    Björk en Seine

    C’est l’évènement culturel et musical de la rentrée : après deux prestations dans le Sud en début de semaine qui ont embrasé les arènes de Nîmes, Björk et sa troupe glacio-technoïde s’installent à Saint-Cloud pour le final de Rock en Seine. La composition fut époustouflante, à la hauteur des plus hautes attentes des 20 000 spectateurs qui se pressaient devant une scène bariolée de drapeaux aux couleurs fluo, dessinés d’animaux divers.

    A 21h40, alors que la pression (physique) devenait difficile pour les premiers rangs et l’intensité (artistique) insoutenable pour les fans en haleine, les musiciens se mettent en place : une section de cuivres-choristes islandaise composée d’une dizaine de femmes habillées en bouteille d’Orangina, aux couleurs flamboyantes du dernier album Volta, chacune un fanion rouge au dessus de la tête, un claveciniste, un batteur ainsi que Mark Bell et Damian Taylor, préposés aux machines et à l’électronique (voir encadré sur la Reactable). Une voute laser strie le ciel depuis le fond de la scène et Björk apparaît sur les premières rythmiques numériques obsédantes de Innocence. Pieds nus, vêtue d’une robe de fée à dominante dorée (très légèrement inspirée de la tenue de clown triste de Bowie sur le clip Ashes to Ashes), le front maquillé d’or et des mèches blanches dans les cheveux, elle parcourt déjà la scène de ses pas décalés et légers, dans le froufroutement inaudible des plis de sa chasuble moirée. Les bras tendus sous les lasers déchirant la nuit elle nous invite à la suivre dans une plongée au cœur de ses mystères.

    Les 20 000 spectateurs hypnotisés par ce prologue libérateur vibrent déjà lorsque résonne la rumeur sinistre de l’intro de Hunter (de son avant-dernier disque Homogenic) : I’m hunting/ I’m the hunter/ (but you just don’t know me). Oui, Björk chasse inlassablement la nouveauté armée de sa seule foisonnante créativité. Elle tend à la fusion de l’électronique avec la stridence de sa voix cristalline, en une exceptionnelle unicité temporelle, visuelle et auditive. Et pour mieux nous enrôler dans cette quête, Hunter se clos sur le jaillissement soudain des mains de l’artiste d’un filet synthétique jeté vers la foule en deux cônes inextricables. Telle une Spider-woman spirituelle elle nous capte dans les rets étroits de son univers étrange et poétique, que nous n’avons d’ailleurs aucune envie de quitter, petits poissons consentants pris au piège de la pieuvre dominatrice, nous nous laissons dévorer avec délice.

    S’ensuivent Joga et le déchaînement électronique de Earth Intruders. C’est le cri du centre de la terre, là où tout n’est que magma brûlant et d’où s’élève en une colonne volcanique le cri de Björk : We are the earth intruders/ We are the paratroopers/ Stampede of sharpshooters/ Voodoo… Le public captivé écoute religieusement l’éruption musicale qui s’échappe de la scène en coulées numériques et suit les pas de funambule de sa créatrice, voletant d’un incendie à une incandescence, dodelinant de la tête et contrôlant l’énergie.

    Puis viennent d’autres retours aux albums du passé avec I miss you, Army of me (terrifiant), Hyperballad, Hidden place, Pagan poetry, 5 years, Pluto. Qu’elle soit à coté du claveciniste pour une bouleversante ballade, aux pieds de ses choristes pour s’unir à elles où parcourant inlassablement la scène elle fait toujours preuve d’une incroyable présence, d’une fulgurante personnalité. Seul faille à ce contrôle total sur les évènements un léger tic qui lui fait jouer avec la langue avant ses phrases.

    On la croirait descendue du carrosse de Cendrillon pour nous délivrer le message d’un monde dont elle seule a les clés, celui d’une musique complexe et d’une poétique troublante. Telle une réincarnation évanescente du Petit Prince sur sa planète, elle a planté son arbre dont les racines nous enserrent dans une féérie de modernité et de subtilité.

    Derrière l’image idyllique et pure de ce petit lutin de l’électronique et de la modernité se cache en réalité une artiste accomplie, au sommet d’une inspiration qui synthétise tous les courants musicaux et visuels du monde d’aujourd’hui.

    L’unique rappel se termine sur un Declare Independance qui fait parler la poudre ! Les rythmes électronique s’entrechoquent et se superposent sur les hurlements libérateurs d’une Björk qui fait reprendre son hymne à tout le Parc : Raise the flag/ Raise the flag (higher, higher) ! Les écrans vidéo de chaque coté de la scène s’emballent sur des prises de la Reactable et autres écrans tactiles musicaux, machines sonores étranges manipulées par des apprentis sorciers qui en extraient des sons bouillotants et des rythmes furieux. Sous une cathédrale débridée de lasers hallucinés, les bras en croix Björk marque le beat infernal de son refrain sous une pluie de cotillons argentés puis soudainement tout s’arrête, laissant les spectateurs subjugués, mais un peu frustrés…, seulement 90 mn, l’artiste ne fait pas d’heures supplémentaires, on en aurait voulu tellement plus !

    Set list : 01. Brennið Þið Vitar, 02. Innocence, 03. Hunter, 04. Immature, 05. Jóga, 06. The Pleasure Is All Mine, 07. Hidden Place, 08. Pagan Poetry, 09. Anchor Song, 10. Earth Intruders, 11. Army Of Me, 12. I Miss You, 13. Mother Heroic, 14. Five Years, 15. Wanderlust, 16. Hyperballad, 17. Pluto

    Rappel: 18. Oceania, 19. Declare Independence

    Un nouvel outil musical est utilisé lors de la tournée Volta : La Reactable. Il s’agit d’une table à musique électro-acoustique développée par l’Université Pompeu Fabra de Barcelone qui permet à plusieurs utilisateurs de déplacer des objets sur une surface translucide créant ainsi différents types de son interférant entre eux. Le but est de déplacer des blocs appelés tangibles sur la table ronde rétro-éclairée de différentes formes modulables en fonction de leur emplacement et de leur nombre sur la Reactable. En déplaçant et en actionnant ces tangibles, l’interaction de ces derniers créé une sorte de synthétiseur virtuel créant des rythmes musicaux et des effets sonores représentés sur la table par des cercles et des sinusoïdales. Il existe seulement deux reactables dans le monde et Björk est ainsi la première artiste à en faire un usage grand public pour les concerts de la tournée Volta. Aucun apprentissage particulier n’est nécessaire pour l’utiliser, c’est un instrument collaboratif et intuitif.

    Rock en Seine – les Autres

    Une bonne, une excellente cuvée 2007 pour le festival Rock en Seine, rendez-vous rock parisien de la fin de l’été, étalé sur trois jours et trois scènes cette année, pour nous remettre d’un été maussade. La programmation toujours plus remarquable, mais que vont-ils trouver l’année prochaine pour faire mieux ! La technique et l’organisation excellentes. Le Paris rock a été comblé une nouvelle fois. Seule fausse note, Huchon, président de la région Isle de France et initiateur/organisateur du festival ne résiste pas et colle sa photo en première page du programme gratuit, encravaté, stylo-or au dessus du parapheur ministériel, embonpoint républicain ; il aurait au moins pu enfiler un T-shirt Rock en Seine, cela lui aurait donné un air plus détendu, plus rock ‘n’ roll que diable !!!

    Warmup le vendredi, ambiance boueuse sur la grande scène du parc Saint-Cloud mais programme revigorant : Mogwai, une espèce de progrock instrumental, agréable avec ses longues envolées de guitares et ses voix vocodées ; The Shins et ses jolies mélodies pop-folk bien emmenées par un chanteur-compositeur-guitariste de talent ; The Hives un groupe de suédois complètement cinglés, punk-garage, lookés noir et blanc, auto-satisfaits et bruyants, virtuoses et sans complexe, qui déchaînent le parc ; et, et, et… Arcade Fire, de retour à Paris, puissant et prodigieux sous la presque pleine lune, bien qu’un peu moins nature qu’à l’Olympia en mars dernier. On est à la fois heureux de les voir en plein air où le volume et l’effervescence de leur musique s’exprime à profusion, mais un peu frustrés de devoir les partager avec 20 000 spectateurs. Et puis Régine était de mauvaise humeur ce soir, toujours à chigner pour un retour pas comme elle voulait, un réglage à fignoler, mais quelle musique, quel bonheur ! La set-list était sans grand changement, sauf l’absence regrettée de Poupée de cire Poupée de son (Régine était nerveuse nous l’avons dit). Tout le monde est rentré chez soi la joie au cœur et l’âme regonflée de toute l’énergie véhiculée par cette musique du nouveau monde.

    Samedi le terrain a commencé à sécher et Pravda ouvre le bal sur la scène de la Cascade : duo parisien, une bassiste style grande liane brune aux yeux bleus, habillées d’un fourreau noir, qui chante et joue de la basse comme elle tirerait à la Kalatch, son alter égo à la guitare peroxydé à la Billy Idol, une musique basique et efficace style The Kill ; Calvin Harris, un groupe écossais électro-funk énergique ; CSS et ses 5 musiciennes brésiliennes, fraîches, détendues, buvant des bières, faisant les folles, tirant des fusées à cotillons, fringuées multicolore, déchaînées sur la scène, déployant un rock dance très nouveau monde, très… Brésil ! Tout le monde est tombé sous le charme, il parait que la ministre de la culture était dans le public. CSS veut dire Cansei De Ser Sexy (Fatiguées d’Etre Sexy) mais elles sont en pleine forme les furies paulistes ; et en final les Rita Mitsouko qui ont bluffé la scène de l’Industrie avec un show très pro, très mesuré, la gestuelle contrôlée de Catherine Ringer, toujours moitié clownesque moitié déjantée, parfaitement adaptée au traitement de la musique. Fred est calme à la guitare électro-acoustique, lunettes noires et costar rayé, look mafieux barbu. La set-list est complète. Les quadras frétillent, les plus jeunes s’ennuient. Les Rita se permettent même une excellente reprise de Red Sails de Bowie avant le final sur Marcia Baila, et un dernier salut à deux au public qui, s’il avait insisté un peu plus aurait peut-être obtenu un rappel même si non programmé officiellement.

    Dimanche, tout est sec, les remugles des toilettes publiques se mêlent aux senteurs des merguez, les festivaliers se préparent au final. Kings of Leon  délivre sa gouaille sudiste en plein soleil, un climat de circonstance pour ce groupe qui évolue de façon très favorable : voix déchirée par le bourbon et les cigarettes, guitares claquantes ou grinçantes, la grande scène est transformée en une immense et joyeuse salle de saloon ; Faithless est beaucoup moins séduisant, un genre de sous Massiv Attack avec rythmes obsédants et synthés démodés, conduits par Rollo Amstrong la sœur de Dido. Un afro-européen sur le devant dévide son trip-hop chaloupé en maillot Puma pendant que les indo-européens derrière assurent la logistique. Pas inoubliables bien qu’entraînant. Et puis… Björk que certains présentent comme une attraction pour bobos alors qu’elle est devenue la fiancée de Paris en ce jour inoubliable.

    L’emmerdeur patenté du concert rock

    Alors que le show est commencé, il tente une percée vers le premier rang un gobelet de bière tenu en équilibre au-dessus de la tête.
    L’emmerdeur patenté se déplace en bande, avec une ribambelle de cinq ou six crétins qui se tiennent par la main et poussent, poussent, poussent, quoiqu’il se passe devant eux. Ils marchent sur les pieds, renversent de la bière au passage sur les spectateurs déjà pressurisés telles des sardines dans leur boîte, empêchent l’environnement proche de profiter du concert.
    Comme dans notre bas monde la mauvaise éducation et la goujaterie payent souvent très bien, l’emmerdeur patenté qui n’a pas fait le pied de grue trois heures durant pour tenir sa place dans les premiers rangs, obtient finalement le même résultat, sans l’attente…
    Le pire est quand l’emmerdeur patenté se rend compte qu’il ne peut plus progresser et s’arrête juste sur vos pieds. Il faut alors le persuader de poursuivre sa poussée plus loin, au besoin à coups de pieds sournois, voire à coups de coudes vicieux. Mais l’emmerdeur patenté est tellement insupportable que l’on arrive à devenir très créatif pour le chasser.