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  • « Les passagers de la nuit » de Mikhaël Hers

    « Les passagers de la nuit » de Mikhaël Hers

    Un film tendre et nostalgique de retour aux années 1980. L’histoire banale d’une mère (Charlotte Gainsbourg) de deux adolescents, cancer du sein, quittée par son mari, devant se recycler car n’ayant jamais travaillé et croisant la route d’une jeune femme junkie qu’elle accueille dans l’appartement familial qu’elle occupe en hauteur dans les tours parisiennes Beaugrenelle où elle va semer un peu d’amour et beaucoup de désolation.

    Avec son sourire désarmant Charlotte Gainsbourg joue à la perfection le rôle de la mère aimante et fragile, tendrement malmenée par ses ados qui tracent leur route, entre révolution et poésie. La reconstitution de l’époque est parfaite : bus à plateforme, poster des Dogs dans la chambre du fils, automobiles R16 sur les voies du berge pompidoliennes, téléphones à cadran, la bande son avec Lloy Cole et Television… Et tout se termine à peu près bien, sauf pour la junkie dont on ignore le sort final dont on peut craindre qu’il ne soit pas trop positif.  

    Un film est touchant !

  • Le temps de l’irresponsabilité

    Le temps de l’irresponsabilité

    On se souvient que des émeutiers on copieusement saccagé villes, magasins, bâtiments public, véhicules variés et mobilier urbain, et ce tous les samedis durant des mois entre 2018 et 2020. La préfecture de Puy-en-Velay avait même été attaquée et incendiée et le président de la République qui s’y était rendu quelques jours plus tard pour soutenir le préfet et son équipe, le 04/12/2018, avait dû être évacué d’urgence devant les menaces des manifestants.

    L’une des premières émeutes avait abouti au saccage de l’arc de triomphe lors d’une des premières manifestations avec une série de photos et de vidéos impressionnantes dont notamment celles d’une bande de zozos faisant les clowns sur ta tombe sur soldat inconnu. Pendant ces deux années de troubles insurrectionnels il y eut de nombreux blessés lors de combats de rue entre les forces publiques et les émeutiers, et des dizaines de millions d’euros de dégâts.

    Bien entendu, les contribuables et les assurances (donc leurs clients-cotisants) avaient payé rubis sur l’ongle pour réparer ces destructions et soigner les blessés. On apprend aujourd’hui que le tribunal administratif de Paris vient de condamner l’Etat à indemniser la municipalité de Paris à hauteur de 1,4 millions d’euros.

    …en raison des dégradations subies à l’occasion des manifestations organisées dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes ».

    https://presse.paris.fr/pages/20148

    On est là au cœur de la déresponsabilisation des citoyens qui tend à être érigée en règle de fonctionnement de nos démocraties repues. Quand des furieux dévastent l’environnement commun c’est la faute de l’Etat et donc de ses contribuables qui doivent payer. D’autres villes ont déjà, ou auront, des indemnisations similaires. La puissance publique est accusée de ne pas savoir maintenir l’ordre et est donc jugée financièrement responsable des dommages endurés par la communauté.

    En l’occurrence il s’agit d’un transfert de charges des contribuables locaux vers les contribuables nationaux, ce qui ne change pas grand-chose : les contribuables payent ! C’est ainsi, l’Etat français est considéré comme ayant des poches profondes et disponible pour régler tous les errements de ses citoyens.

    Lire aussi : Le coût des émeutes
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    Ces émeutes nous ont quand même donné l’occasion d’une franche poilade lorsque l’on vit les opposants de droite au début du mouvement à la fois soutenir les émeutiers et critiquer le « laxisme » du gouvernement. L’inénarrable Laurent Wauquiez a même revêtu le « gilet jaune » emblème des contestataires sur son inséparable parka rouge :

    Toutefois, ces imprudents se sont assez rapidement mis en retrait de ce soutien un peu trop vite octroyé, lorsque les émeutiers ont commencé à défoncer les portes de ministères à coup de bulldozers, ou à affirmer leur volonté de « prendre l’Elysée ». Trop tard, les photos et les enregistrements étaient pris et restent disponible pour illustrer l’opportunisme qui est quand même le mode de fonctionnement privilégié de la classe politique française, au détriment de l’intelligence, hélas !

  • MENGISTE Maaza, ‘Le roi fantôme’.

    Sortie : 2019, Chez : Editions de l’Olivier (2022)

    C’est le magnifique deuxième roman de cette écrivaine éthiopienne de nationalité américaine centré cette fois sur la période de la colonisation italienne (1933-1941) après avoir traité de la révolution marxiste éthiopienne de 1974 dans « Sous le regard du lion » sorti en 2012. Son écriture s’est renforcée, son style perfectionné pour, toujours et encore, parler de ce pays martyrisé qui la hante et que sa famille a fui en 1974 alors qu’elle était encore enfant.

    A travers des personnages appartenant à trois environnements qui s’entrechoquent : le roi Hailé Sélassié et sa cour, le colonisateur italien plutôt violent et dominateur, et les combattants locaux, elle raconte l’Ethiopie éternelle, son organisation sociale et politique d’un autre âge, la sauvagerie de la colonisation inspirée par Mussolini, qui n’a jamais vraiment abouti au-delà du contrôle de quelques grandes villes, et le combat fiévreux de son peuple inspiré par son Roi-divinité, ses traditions et son attachement à la terre des ancêtres.

    Les deux personnages principaux, Ettore, le soldat italien photographe, qui scelle sur la pellicule les atrocités de l’armée d’invasion à laquelle il appartient, et Hirut, la servante éthiopienne devenue rebelle, voient leurs destins s’entrecroiser jusqu’à leurs retrouvailles en 1974 dans une gare d’Addis-Abeba où elle lui remettra les lettres qu’il a écrites à ses parents et jamais envoyées durant la guerre coloniale. Car cet italien a aussi un passé à découvrir, celui de ses parents, juifs slaves, victimes des pogroms antisémites qui pullulaient au début du Xxème siècle en Russie et en Ukraine, celui d’un frère aîné a priori disparu dans ces massacres, passé qu’il ne fait qu’effleurer à l’occasion d’une lettre reçue de son père au milieu des plateaux brûlants de l’Ethiopie.

    Hirut lui a fait face l’occasion des combats mais l’a finalement épargné alors qu’elle tenait son sort entre ses mains. Elle a senti le dilemme de cet homme reproduisant des actes criminels à l’encontre des Ethiopiens, ou à tout le moins, ne les contestant pas, identiques à ceux endurés par son frère et ses parents en Europe de l’Est, tout en ignorant ce qu’ils avaient subi. En décrivant la vie de Hirut, Mengiste ne cache pas l’aspect moyenâgeux de l’Ethiopie où les nantis ont libre cours pour battre, violer, et traiter les pauvres à leur services comme des esclaves.

    C’est aussi une histoire de rédemption et, presque, de pardon, qui mêle les guerres de colonisation en Afrique avec la guerre contre le fascisme qui a dévasté l’Europe au milieu du Xxème siècle. L’auteure raconte cette aventure comme une épopée où parfois les légendes se mêlent à la réalité et où les personnages mènent en parallèle le dialogue avec leurs contemporains de conversations avec ceux qui ne sont plus là. L’animisme si présent en Afrique infuse l’écriture de Maaza Mengiste qui mélange avec talent la réalité de la colonisation, du servage, du combat et les chimères d’un mysticisme qui permet à ces hommes de survivre dans la barbarie dont est baigné leur pays.

  • Une guerre d’un autre âge

    Une guerre d’un autre âge

    La guerre russe contre l’Ukraine (qualifiée officiellement d’« opération militaire spéciale ») se poursuit. L’armée russe semble avoir abandonné, au moins provisoirement l’idée d’occuper tout le pays et d’en changer le gouvernement élu, pour se concentrer sur la région du Donbass, frontalière de la Russie, à l’est de l’Ukraine, et déjà partiellement occupé depuis 2014.

    A Moscou c’est toujours le même défilé de galonnés qui expliquent dans les médias que « l’opération spéciale » suit son cours selon les plans initiaux. Le président russe et son ministre des affaires étrangères continuent à évoquer la menace d’une guerre nucléaire contre l’Occident. La Russie ne semble pas gênée outre-mesure par les sanctions économiques prises par les pays occidentaux même s’il est probable que l’impact ne manquera pas d’être négatif à moyen terme. Pour autant que l’on sache, l’opinion russe n’est pas majoritairement opposée à cette guerre ni à la volonté de leur président à rendre à la Russie son statut de grande puissance.

    L’Ukraine fait profil bas sur ses opérations militaires contre la Russie qui semblent être plutôt bien menées à l’aide d’importantes fournitures d’armes occidentales. Les images diffusées par les médias sont terrifiantes quant au niveau de destruction des villes qui ont été attaquées par Moscou. Marioupol en est le symbole où tous les immeubles civils semblent avoir été visés par des bombardements qui ont tout détruit. On se demande même ce que fera Moscou de cette ville si elle arrive à la garder dans son escarcelle : ses habitants ukrainiens l’ont en grande partie désertée, il n’y a plus ni infrastructures ni habitat possible pour le moment. Est-ce que la Russie la coloniserait en y faisant venir des Russes « de souche » et la reconstruirait ? Il est peu probable que l’Occident paye pour réhabiliter une ville ukrainienne qui resterait occupée par la Russie. Le cas de Marioupol n’est pas unique et d’autres villes ukrainiennes ont connu le même sort même si de façon moins extrême semble-t-il.

    Cette guerre est un désastre humain, politique et financier. Elle relève d’un autre âge, du temps où l’Union soviétique envoyait l’Armée rouge reprendre le contrôle des « pays frères » communistes qui, déjà, cherchaient à prendre la tangente avec la doxa du Kremlin. Elle va laisser des traces pour des siècles. Les haines et les rancunes vont peser durablement, non seulement entre les deux belligérants, mais aussi entre la Russie et l’Occident. C’est le retour à l’atmosphère de la guerre froide avec des risques de confrontations directes probablement plus importants compte tenu des comportements plus irresponsables et populistes des dirigeants d’aujourd’hui.

    L’après-guerre risque d’être aussi une période de confrontations ardues, mais sur le tapis vert ce qui généralement provoque moins de morts que la guerre « chaude ». La Russie s’est déjà éloignée du monde occidental et va vivre son destin, probablement asiatique. L’illusion d’une compatibilité de ce pays avec l’Europe a fait long feu. Il restera Chostakovitch et Tolstoï, et pour la réconciliation, on en reparle dans trois cents ans !

  • La déconvenue des traîtres à droite

    La déconvenue des traîtres à droite

    Lorsqu’Éric Zemmour, polémiste de plateaux télévisés, annonça sa candidature à l’élection présidentielle en novembre 2021 il remporta un franc succès dans les sondages, montant jusqu’à 15% des intentions de vote, à tel point que nombre d’élus aux convictions molles ont quitté les partis Les Républicains (LR) et Rassemblement National (RN) pour rejoindre Reconquête !, le parti créé par Zemmour pour soutenir sa conquête.

    Guillaume Peltier (vice-président LR), Gilbert Collard (74 ans, avocat médiatique), Jérôme Rivière (chef des eurodéputés RN), Philippe de Villiers (73 ans, retraité de la droite décomplexée), Christine Boutin (78 ans, ancienne ministre conservatrice et bigote), Patrick Buisson (73 ans, ancien conseiller conservateur du président Sarkozy, impliqué dans différentes affaires financières et qui enregistrait secrètement ses conversations avec le président) et surtout, Marion Maréchal ex-Le Pen, petite fille du parrain Jean-Marie Le Pen, qui a trahi sa cousine Marine Le Pen, candidate du partie RN.

    Tout ce petit monde devait croire en la victoire de son poulain polémiste de plateaux télévisés, espérer quelques postes en échange d’un soutien de dernière heure. Las, il a terminé avec un score peu glorieux de 7% au premier tour ce qui l’a empêché bien entendu de s’aligner pour le second. Ses afficionados de circonstance ont dû se mordre les doigts de leur félonie et doivent se promettre d’y réfléchir à deux fois avant une nouvelle trahison, car il va bien falloir qu’ils se recasent (sauf pour les plus âgés) : rester chez le perdant ou refranchir le Rubicon pour retrouver leurs anciens camarades ?

    Lire aussi : Le bal des traîtres en surchauffe
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    Changer de camp, en politique comme en privé, est toujours un risque à prendre et on ne gagne pas à tous les coups. Le moins dangereux est sans doute de rester fidèle à ses idées en essayant de convaincre ses amis plutôt que de fuir dans le camp d’à côté à la moindre alerte sondagière !

  • Le Mali a toujours un coup d’avance sur Paris

    Le Mali a toujours un coup d’avance sur Paris

    Dans un communiqué lu hier soir à la télévision publique, le gouvernement malien a annoncé sa décision de dénoncer le « Traité de coopération en matière de défense » qui l’unissait à la France depuis le 16 juillet 2014 et remplaçait un accord plus ancien de 1985. Cette dénonciation est faite conformément aux dispositions de l’article 26, notamment concernant le préavis de six mois après la réception d’une notification écrite.

    Après avoir expulsé l’ambassadeur de France en début d’année, le gouvernement malien poursuit sa stratégie de rupture avec la France, et il le fait dans le respect des textes signés, sans excès de propagande et avec une relative discrétion gage d’efficacité pour l’atteinte de ses objectifs. Ces accords de défense n’avaient bien entendu plus de sens depuis plusieurs mois alors que le Mali avait décidé de mettre fin à l’intervention de l’armée française dans ce pays sahélien.

    Il aurait été plus satisfaisant pour l’égo français que ce soit Paris qui dénonce en premier ces accords, et même expulse l’ambassadeur du Mali, plutôt que l’inverse, mais la France doit préserver la sécurité de son armée en cours de retrait et de ses citoyens résidant au Mali. Paris avale donc ces pilules amères depuis un an mais au moins une fin nette est prononcée à cette coopération militaire et c’est une bonne chose. Il faudra saisir cette occasion pour passer en revue l’ensemble des « accords de défense » que Paris entretient avec ses anciennes colonies qui n’ont plus guère de sens aujourd’hui.

    Espérons que la France ne perdra pas la mémoire de sitôt et qu’elle ne cherchera pas à revenir au Mali par la fenêtre alors qu’elle en a été chassée par la porte ! Il faut laisser le Mali aller vers son destin qui sera désormais sans la France. C’est ce qu’on appelle la décolonisation.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2022/02/une-decision-porteuse-davenir-levacuation-du-mali-par-larmee-francaise/
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  • « Contes du hasard & autres fantaisies » de Ryusuke Hamaguchi

    « Contes du hasard & autres fantaisies » de Ryusuke Hamaguchi

    Un film léger du cinéaste japonais Hamaguchi, coqueluche des bobos et des festivals de cinéma arty. Il est composé de trois scénettes séparées dans lesquelles des personnages s’entrechoquent avec les coïncidences de la vie et les surprises de l’amour. On y voit la séduction s’enrouler autour de la curiosité dans des environnements intimistes et les personnages qui se laisser porter par les hasards qu’ils ont eux-mêmes provoqués. C’est bien vu, agréablement joué et tout se termine généralement bien.

  • « Abd el-Kader » au Mucem

    « Abd el-Kader » au Mucem

    Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM), les pieds plongeant dans la rade de Marseille, la grande bleue scintillant sur les infrastructures arabisantes du bâtiment, quel autre grand personnage de l’histoire méditerranéenne pouvait mieux symboliser pour le musée cette attraction-répulsion des deux rives Nord et Sud de cette mer civilisatrice que la personne de l’Emir Abd el-Kader (1809-1883). Et quel puissant symbole de l’exposer au Mucem aux portes du Vieux Port de Marseille qualifiée par les Algériens eux-mêmes de « première ville arabe en venant de Paris ».

    Abd el-Kader est resté dans l’imaginaire franco-algérien comme un homme raisonnable, trahi par la France. Religieux certes, combattant l’invasion de 1830 de son pays par la France colonisatrice sans aucun doute, il accepta de signer des traités avec l’envahisseur français, reconnaissant son pouvoir sur l’Ouest algérien. Guerrier et administrateur, il remporte des succès militaires significatifs face à la brutalité de l’armée française du général Bugeaud notamment. Alors que Paris ne cesse de renier ses différents engagements en faveur de l’Emir, la guerre totale est menée contre lui qui doit finalement déposer les armes en 1847 contre la promesse de pouvoir s’exiler au Moyen-Orient.

    Un dernier reniement français empêche son exil vers l’Orient et il prend finalement la route de la prison (Toulon, Pau, puis Amboise) avec sa suite. Un courant d’intellectuels européens prend fait et cause pour lui et pousse Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III le libère en 1952 et lui octroie une pension annuelle. Il prend alors la route de la Turquie puis de la Syrie où il décédera en 1883.

    Cette exposition retrace de façon équilibrée le parcours de celui qui est devenu un héros de l’Algérie moderne, considéré par le pouvoir actuel en Algérie comme le véritable fondateur de l’Etat algérien. Descendant d’une famille de l’aristocratie religieuse soufi il s’est transformé en chef de guerre pour combattre l’envahisseur mais il n’échappa pas non plus à une certaine ambiguïté en négociant avec la France, ce qui continue à lui être reproché par certains extrémistes des deux bords de cette relation franco-algérienne si constamment houleuse 60 ans après l’indépendance.

    Voir aussi : Marseille – Cassis

  • Décès du musicien allemand Klaus Schulze

    Décès du musicien allemand Klaus Schulze

    Klaus Schulze (1947-2022) est mort ce 28 avril. Il a été l’un des fondateurs de la musique électronique et l’un des premiers utilisateurs inventifs du synthétiseur. Membre éphémère du groupe allemand avant-gardiste Tangerine Dream, l’un des pionniers de la « musique planante » à la fin des années 1960. Il a sorti de très nombreux disques et créé ce style « space rock » fait de nappes de synthétiseur s’empilant les unes sur les autres pour donner ces harmonies électroniques propices aux médiations enfumées et intergalactiques.

  • Mort du rocker belge Arno

    Mort du rocker belge Arno

    Triste nouvelle : le cancer dont souffrait Arno Hintjens depuis deux ans a eu raison du rocker flamand (1949-2022) qui s’est éteint ce 23 avril. Nous n’entendrons plus sa voix rocailleuse rocker nos âmes avec tendresse, humour et énergie, en français, en anglais ou en flamand. Musicien de textes et de scène, il a dédié sa vie au rock et aux tournées. Rocker du bonheur, il a chanté la vie et le bonheur de vivre, des petites choses aux grandes idées.

    Adieu l’artiste !

    Lire aussi : Lire aussi : https://rehve.fr/2016/05/arno-paris-le-trianon/
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    Lire aussi : https://rehve.fr/2012/11/arno-cafe-de-la-danse-26112012/
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  • Les jeunes ne sont pas contents

    Les jeunes ne sont pas contents

    Entre les deux tours des élections présidentielles les jeunes ont manifesté leur insatisfaction avec force occupation de facultés et manifestations de rues. Des dégradations importantes ont été commises contre les locaux de la Sorbonne à Paris, notamment dans la chapelle. Une plainte contre X a été déposée par cette université.

    Selon les analyses, près de 40% des 18-24 ans ne sont pas allés voter au premier tour, et 30% des autres ont voté pour le candidat Mélenchon. Comme ce dernier n’a pas été qualifié pour le second tour, les jeunes, comme le reste de la France, se sont donc retrouvés au second tour avec deux candidats de droite ce qui n’eut pas l’heur de leur plaire.

    Peut-être aurait-il été plus efficace d’aller voter le dimanche au lieu de casser la Sorbonne le mercredi ? C’est un vieux débat, déjà en 1968 les révolutionnaires du VIème arrondissement scandaient « élections piège à cons ! » en dévastant le boulevard Saint-Michel. La plupart d’entre eux ont eu le temps de changer d’idées depuis et se sont recyclés dans les entreprises du CAC40 ou sur les plateaux télévisés avec Daniel Cohn-Bendit qui n’aime rien tant que deviser sur la politique française.

    L’histoire est un éternel recommencement mais on semble plus proche en 2022 de l’instauration d’un pouvoir illibéral en France qu’on ne l’était en 1968. L’abstention des jeunes est donc plutôt une bonne chose à court terme car, quand ils votent, ils se prononcent en faveur de candidats illibéraux (Mélanchon ou Le Pen pour cette élection). A plus long terme c’est une autre histoire car la démocratie a besoin du vote pour exister. A trop se désintéresser des bureaux de vote, les citoyens jeunes et vieux risquent de favoriser un jour l’élection de candidats non souhaités par eux.

    Si cela arrivait, ils n’auraient plus que leurs yeux pour pleurer en espérant que les institutions de la République seraient suffisamment solides pour offrir une chance d’inverser l’élection la fois suivante, ou pas…

  • L’incroyable destruction du navire amiral russe en mer Noire

    L’incroyable destruction du navire amiral russe en mer Noire

    Touché le 13 avril, le navire amiral de la flotte russe « Moskva » a coulé le 14 avril. Officiellement la Russie a annoncé que par suite d’un incendie dans ce vieux croiseur, une explosion s’était produite qui avait provoqué la perte du bâtiment. L’Ukraine a discrètement affirmé qu’elle avait tiré deux missiles, de fabrication ex-soviétique, améliorés par l’industrie ukrainienne, sur la « Moskva », ce que les Etats-Unis ont ensuite confirmé.

    Il n’a bien sûr pas été possible d’éviter la publication de photos de l’évènement qui n’a pas été démenti par Moscou. La capitale Russe avait d’abord annoncé que tous les marins avaient été évacués avant d’admettre qu’il y eut un mort et une vingtaine de disparus.

    Les Ukrainiens remportent un certain nombre de succès militaires contre l’armée russe qui a revu ses buts de guerre en les limitant : renoncement au moins provisoire à conquérir et occuper tout le pays, et recentrage sur la partie Est de l’Ukraine, le Donbass, qui n’est toujours pas conquis à l’heure qu’il est. Personne ne donnait bien cher de la capacité de résistance de l’Ukraine face à Moscou et la surprise fut plutôt grande de voir le successeur de l’Armée rouge butter ainsi contre l’obstacle. Les avions et hélicoptères russes continuent à tomber et la maîtrise du ciel n’est pas acquise à Moscou. Le volume et la qualité des armements fournis par l’Occident montent en gamme de jour en jour. Il faut bien admettre que l’Ukraine résiste plutôt bien et fait preuve d’une discrétion plutôt avisée sur sa stratégie. C’est plutôt malin : aucun journaliste n’est admis par l’armée ukrainienne pour couvrir ses opérations, très peu de communication est faîte sur les succès militaires de Kiev, aucune information sur les armes reçues, pas plus sur la stratégie mise en œuvre. L’Ukraine déroule sa feuille de route et avance ses pions dans la discrétion et la modestie. L’Occident augmente sa participation indirecte au conflit et l’idée d’une défaite russe n’est plus complètement hors de propos, même si toujours improbable.

    La guerre est encore loin d’être terminée et les destructions à haute intensité en Ukraine se poursuivent. Il faut l’arrêter et cela ne va pas être facile. Il faudra bien pour y arriver que les deux belligérants envisagent des concessions. Le référendum organisé par la Russie après sa reconquête de la Crimée, certes illégal au regard du droit international mais dont le résultat fut néanmoins instructif, a clairement montré que cette presqu’île souhaite très majoritairement rester russe. Qui peut d’ailleurs raisonnablement imaginer que la Crimée puisse revenir sous la tutelle de Kiev, mis à part quelques extrémistes ukrainiens ? L’acceptation du fait accompli russe sur la Crimée ne pourrait-il pas être un gage de bonne volonté de Kiev pour trouver un accord de paix ? Il vaut probablement mieux envisager des concessions, sans doute inévitables, lorsque l’on est en position de force plutôt que de se les faire imposer quand on est défait.

    Une seule certitude : les contribuables européens vont devoir payer les centaines de milliards nécessaires pour reconstruire l’Ukraine et, probablement, l’Europe devra l’inclure dans son Union pour panser ses plaies provoquées par l’invasion russe. Inutile de préciser que les armes actuellement vendues à l’Ukraine ne seront très probablement jamais payées. Voici quelques raisons supplémentaires de mettre fin au plus vite au conflit.

  • Merci Monsieur le président

    Merci Monsieur le président

    Le président russe souhaite « bonne santé et du bonheur » à son homologue français Emmanuel Macron à l’occasion de sa réélection acquise hier soir.

    Bonne nouvelle : malgré la guerre les amabilités diplomatiques continuent !

  • « Les fantômes d’Orsay » de Sophie Calle

    « Les fantômes d’Orsay » de Sophie Calle

    Sophie Calle, toujours décalée, de nouveau surprenante, jamais à court d’idées auxquelles personne ne pense sauf cette artiste plutôt unique, née en 1953.

    A la fin des années 1979 la gare parisienne d’Orsay était désaffectée et promise à une transformation de qualité pour devenir ce très beau musée public d’Orsay. De passage devant cet immense bâtiment, Sophie Calle a forcé quelques portes pour se retrouver dans un ancien hôtel, lui aussi désaffecté, le « Palais d’Orsay », qui faisait partie intégrante de la gare au temps de sa splendeur. Cinq étages, les premiers commencent déjà à être occupés par ouvriers et architectes qui, progressivement, montent dans les étages. Sophie élit domicile dans la chambre « 501 » du cinquième étage où elle passe des journées de méditation plusieurs mois durant.

    Et dans cet environnement délabré, presque dévasté, par des années d’abandon, elle divague dans les chambres et les couloirs pour y recueillir les traces de ce que fut ce lieu du temps de son activité. Radiateurs arrachés, poignées de porte volées, tuyauterie coupées, moquettes vermoulues, plafonds écaillés, literies abandonnées, billets d’instructions données au gérant, fiches de séjour de clients inconnus ou connus (Marcel Déat), ou dont elle reconstitue la vie… Tout cet univers inspire l’imagination débridée de l’artiste qui cherche à reconstruire ce qui fut. Les objets de sa curiosité sont soit exposés eux-mêmes, soit sous forme de photographies, chacun assorti d’un cadre en haut duquel figure en encre noire leur description clinique et scientifique (forme, destination, composition…) puis, en encre bleue, une interprétation de ce qu’ils pourraient être dans un autre monde ou un autre temps. Les textes sont de l’archéologue Jean-Paul Demoule, en parfaite harmonie avec la douce folie de Sophie Calle.

    Quarante années plus tard, à l’occasion de la crise sanitaire qui ferme les musées, elle passe une nuit dans le musée d’Orsay. A l’emplacement de la chambre « 501 » est maintenant installé un ascenseur donnant accès aux bureaux administratifs du musée. Encore une occasion inespérée de construire des liens entre les anciennes fonctions du « Palais d’Orsay » et la nouvelle destination de ce même lieu !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2017/11/exposition-sophie-calle-au-musee-de-la-chasse-et-de-la-nature/
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    Détective secrète du passé attentive à toutes les incongruités qui le composent, experte en observation des coïncidences de la vie, inventeuse de liens improbables entre les évènements et ceux qui les vivent, Sophie Calle nous régale encore de la mélancolique inventivité dont elle fait preuve dans cette exposition !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2010/10/sophie-calle-rachel-monique-au-palais-de-tokyo/
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  • « Murina » de Antoneta Alamat Kusijanovic

    « Murina » de Antoneta Alamat Kusijanovic

    Un village croate perdu au bord de la mer Adriatique dans un décor de rêve, un chef de famille, ancien marin, nerveux et patriarcal, une femme soumise ancienne Miss Croatie et une fille jeune adulte Julija qui rêve d’ailleurs et se voit mal suivre la voie de sa mère dans ce pays qui n’est pas vraiment ouvert à la libération de la femme. Père et fille plongent ensemble pour chasser les murènes.

    Mais arrive un ami croate qui s’est enrichi et vit aux Etats-Unis. On apprend qu’il fut l’ancien patron du père, l’ancien amoureux de la femme. Julija n’est pas insensible à son charme et voit en lui la possibilité d’échapper à son enfermement familial fait d’autorité, de violence, de jalousie, de frustrations, et sans perspectives autres que la reproduction d’un système d’un autre âge. Même sous le ciel bleu il est des quotidiens qui ne soulèvent pas l’enthousiasme et la sérénité.

    Pas sûr que le scenario aurait été aussi réussi si la mer était moins bleue et les mensurations de Julija moins attrayantes.

  • La Pologne n’aime pas la Russie

    La Pologne n’aime pas la Russie

    La Pologne s’est récemment frottée avec le président de la République française, lui reprochant de vouloir continuer à négocier avec le Kremlin dont elle qualifie le chef de « criminel » posant la question de savoir si on « négocierait avec Hitler, Staline ou Pol-Pot ? »

    Evidemment, la Pologne a des raisons historiques de redouter la Russie. L’existence même de la Pologne a été niée depuis le XIXème siècle, et même avant, par les empires centraux et Moscou. Même Napoléon qui était attendu comme un sauveur a vassalisé ce pays, recruté nombre de soldats polonais dans la « Grande armée » en les embarquant dans le désastre de ses guerres européennes. Il y a même choisi une maîtresse, Marie Walewska, dont il eut un fils.

    Dans un temps plus contemporain, la Pologne a souffert très directement de l’Union soviétique. Après la guerre russo-polonaise de 1920 est arrivée la seconde guerre mondiale. L’URSS, comme l’Allemagne nazie, a toujours considéré la Pologne comme un « non-pays », une plaine de passage, un peu comme Moscou apprécie aujourd’hui l’Ukraine qu’elle voit comme son arrière-cour et non pas comme un Etat souverain. Les clauses secrètes du pacte germano-soviétique signé en 1939 stipulent que ce pays est à partager entre Berlin et Moscou. Aussitôt signé aussitôt appliqué et la Pologne est envahie par les deux puissances totalitaires, l’invasion nazie étant d’ailleurs l’élément déclencheur de l’entrée en guerre de la France et du Royaume-Uni contre l’Allemagne.

    Dès 1939 les Allemands installent en Pologne un « gouvernorat général », une sorte de statut colonial, dirigé par le tristement célèbre Hans Frank condamné à mort par le tribunal de Nuremberg puis exécuté. Ils construisent en Pologne des camps d’extermination qui joueront un rôle majeur dans la Shoah, dont Auschwitz-Birkenau, Treblinka, Sobibor…

    Les soviétiques de leur côté ne veulent pas être en reste et annexent la partie du pays qui leur échoit, y instaurent le communisme, déportent en masse au Goulag, incorporent de force dans l’Armée rouge, livrent aux nazis les Polonais occidentalisés, assassinent l’élite (massacre de Katyn, 15 000 officiers tués d’une balle dans la nuque par le NKVD – services secrets soviétiques), entre autres joyeusetés. Dans les années 1980, le régime communiste polonais réprime durement les mouvements populaires de révolte, avec l’assentiment de Moscou bien entendu même s’il n’a pas été nécessaire d’envoyer l’Armée rouge pour rétablir l’ordre comme ce fut fait à Berlin-Est en 1953, à Budapest en 1956 ou à Prague en 1968, le pouvoir communiste polonais se débrouillant fort bien tout seul avec l’aide de son armée.

    Tout ceci a laissé des souvenirs à Varsovie. L’Allemagne a été défaite en 1945, démocratisée, puis réunifiée et ne présente plus de grands dangers militaires à court terme pour la Pologne. Berlin continue d’essayer de se racheter mais une méfiance bien compréhensible régit les relations diplomatiques entre les deux pays. L’URSS, et son successeur la Fédération de Russie, n’a jamais fait amende honorable de ses exactions en Pologne durant le XXème siècle. Il a fallu attendre 2010 pour que le parlement russe reconnaisse que Staline avait ordonné l’exécution des officiers polonais, et non les Nazis comme le répétait Moscou depuis 60 ans.

    Varsovie n’oublie rien et sait de quoi la Russie a été capable. Dès la chute de l’URSS et la libération des pays d’Europe de l’Est, elle a regardé vers l’Ouest et intégré l’alliance militaire atlantique en 1999 et l’Union européenne en 2004 afin d’installer un vrai fossé politique en principe infranchissable entre elle et la Russie. Les invasions russes contre la Géorgie, la Crimée et l’Ukraine n’ont fait que la renforcer dans son rejet définitif de la Russie et considérer que le fossé n’était peut-être plus aussi infranchissable que souhaité à l’origine, d’où l’attaque contre le président français qui n’a pas rompu la discussion avec le Kremlin dans l’espoir de favoriser une négociation entre les belligérants pour finir cette guerre insensée contre l’Ukraine. A moins que l’un d’eux ne soit écrasé par l’autre comme le fut l’Allemagne en 1945 il faudra bien négocier un accord entre eux pour arrêter les combats et convenir des relations futures. Il faudra donc parler à celui d’en face.

    La Pologne reste tellement hérissée contre la Fédération de Russie qui lui a fait tant de mal dans l’histoire qu’elle se refuse à toute diplomatie avec Moscou. Ne reste comme seule alternative que la poursuite la guerre jusqu’à la reddition sans conditions de la Russie, hypothèse improbable à court terme, ou qui ne serait envisageable que dans le cadre d’une troisième guerre mondiale aboutissant à l’anéantissement d’un protagoniste voire même de la planète Terre. Ce n’est pas une solution raisonnable, le mieux est de continuer à garder le contact avec l’ennemi même en se pinçant le nez. En revanche il faudra aussi se souvenir des obsessions de la Russie et la laisser durablement en dehors de tout dialogue politique avec l’Occident même une fois les sanctions économiques levées, car elles vont bien être levées un jour. On fera du business avec la Russie mais pas plus, il faudra exclure ce pays du cercle des amis de l’Occident et le laisser retourner vers l’Asie à laquelle, après tout, appartient la très grande majorité de son immense territoire. Moscou se souvient par ailleurs que toutes les armées qui l’ont attaquée ont dû se retirer dans les affres d’une piteuse défaite, Napoléon et Hitler pour les plus récents.

    A l’avenir, une fois cette guerre terminée, veillons à ce que chacun reste de son côté sans empiéter sur le voisin et cessons les grands raouts à Versailles ou au G8 pour se donner l’illusion que la Russie est un pays ami, ce qu’elle ne souhaite pas être. C’est d’ailleurs un des travers de la démocratie que de croire que tous les pays tiers veulent être en bons termes avec nous. La France de Chirac a reçu le fiston syrien Assad (le président français ayant été le seul chef d’Etat occidental à se rendre aux obsèques de son père en 2000), celle de Sarkozy a reçu le libyen Kadhafi, celle de Hollande a reçu le pouvoir malien et la France de Macron a reçu le président russe avec maints égards. A chaque fois les visiteurs ont été édifiés avec le discours occidental sur la démocratie et les droits de l’homme, et après chaque visite ils ont montré combien ils étaient rétifs à traduire ces principes dans leur gouvernance. N’oublions pas les leçons de l’histoire et ne rêvons pas de transformer ces pays en démocraties apaisées ce qu’ils ne seront jamais.

    Varsovie devait se rendre à Moscou le 24 mars pour un match de qualification contre la Russie pour la coupe du monde de fouteballe, elle a refusé de le faire. Il va falloir faire un peu plus peur si l’on veut vraiment obtenir la reddition de Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine…

  • Afghanistan : le groupe Etat islamique n’aime pas les Talibans

    Des attentats continuent à se produire régulièrement en Afghanistan désormais gouverné par les religieux musulmans Talibans de tendance sunnite et qui se heurtent au groupe Etat Islamique (EI), lui aussi de tendance sunnite mais en plus extrémiste. Des attentats sanglants plus ou moins revendiqués par l’EI ont lieu avec régularité, visant plus particulièrement les écoles de la communauté afghane hazara de tendance chiite. Encore hier des bombes ont été jetées contre des gamins sortant de l’école dans un quartier hazara de Kaboul. Massacrer des enfants chiites pour troubler le pouvoir sunnite semble être le but de terrorisme de l’EI en Afghanistan.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/10/terrorisme-intra-religieux-en-afghanistan/
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    Cerise sur le gâteau, le Pakistan frontalier qui avait jusqu’ici toujours soutenu les Talibans semble maintenant se retourner contre eux car l’Afghanistan abrite d’autres groupes terroristes religieux qui s’en prennent au Pakistan qui a construit une clôture de 2 000 km pour protéger son territoire.

    Pas sûr que l’Afghanistan n’évolue rapidement vers une démocratie apaisée et un développement économique vigoureux à court terme…

  • Les médias toujours à leur limite d’incompétence

    Alors que le deuxième tour des élections présidentielles françaises doit se dérouler ce dimanche 24 avril, le traditionnel débat télévisé entre les deux candidats finalistes Marine Le Pen et le président actuel, Emmanuel Macron, est programmé demain mercredi. Les médias frétillent d’impatience et affichent une fébrilité sans borne face à cet affrontement de circonstance qu’ils chérissent car potentiellement porteur de petites phrases assassines, d’approximations à relever, voire de crises de nerfs des débatteurs, bref, d’une bonne audience garantie et donc d’un prix de la minute de publicité à la hausse pour cette soirée de duel.

    Du coup, ces médias se consacrent depuis quelques jours quasi exclusivement à déblatérer sur les aspects mineurs de la préparation du débat de mercredi : l’espacement entre les candidats, la température, qui commencera et qui clôturera, comment et où se préparent les belligérants, etc. Et tous ces mêmes médias de se référer aux débats similaires des élections précédentes en ressortant des placards les journalistes qui opéraient à l’époque.

    Plutôt que délayer sur des sujets annexes de peu d’importance, il serait plus utile pour leurs auditeurs et téléspectateurs qu’ils investissent dans l’analyse des programmes proposés qui vont régir la vie des Français pour les cinq années à venir. Mais cela nécessiterait qu’ils lisent et analysent lesdits programmes ce qu’ils n’ont manifestement ni l’envie ni le temps de le faire, préférant consacrer leurs talents à l’écume des choses.

    Rappelons que la corporation des titulaires de cartes de presse bénéficie d’une niche fiscale sous forme d’un abattement forfaitaire sur leurs revenus imposables pour « frais d’emploi ». Ces subventions financées par les contribuables devraient, à tout le moins, générer un comportement responsable des journaux et journalistes qui en sont les bénéficiaires. Ils sont ainsi reconnus un peu comme service public, qualification qui devrait être un gage de qualité et non de beaufitude alors qu’aujourd’hui le mélange entre divertissement et information est de plus pratiqué.

    On pourrait supprimer cette niche fiscale imméritée et en réorienter le produit au financement de l’amélioration de la qualité de la formation dans les écoles de journalisme. Ce serait juste et annonciateur d’un meilleur niveau de compréhension de la politique par Mme. Michu qui pratiquerait ainsi son droit de vote de façon plus éclairé.

  • L’Eglise orthodoxe russe dans la guerre

    La religion est aussi un point de divergence entre la Russie et l’Ukraine, deux pays majoritairement orthodoxes. L’organisation de l’église orthodoxe est particulièrement complexe et il faut être un spécialiste pour s’y retrouver dans l’organigramme et comprendre la sémantique propre à cette religion : l’autocéphalie, le primat, le métropolite, le tomos, etc. On comprend malgré tout qu’il s’agit d’une religion chrétienne au sein de laquelle le port de la barbe est signe de pouvoir.

    En 2018, à l’issue d’un processus un peu mystérieux pour les néophytes l’Eglise orthodoxe d’Ukraine devient la 15ème église autocéphale orthodoxe, c’est-à-dire indépendante de l’église de Moscou, sans que l’on sache vraiment ce que cela change pour les croyants sinon leur procurer un sentiment d’indépendance vis-à-vis du patriarcat la Russie. C’est le patriarche de Constantinople, le grand chef de tous les orthodoxes, qui a accordé ce nouveau statut.

    Le chef de l’église orthodoxe russe, le patriarche Kirill, est plutôt proche du Kremlin ce qui ne manque pas de sel quand on sait que le président russe est un ancien officier du KGB de l’ère soviétique, période où la religion était considérée comme une idéologie « opium du peuple » incompatible avec le dogme marxiste… Aujourd’hui Monsieur Kirill apporte sa caution religieuse la guerre de la Russie contre l’Ukraine, contre « les forces du mal ». Il voit dans cette offensive la possibilité de rétablir « l’unité spirituelle » des Russes et des Ukrainiens qui seraient « un seul peuple ».

    Lire aussi : Lire aussi : https://rehve.fr/2022/02/le-president-russe-et-lhistoire/
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    Une église engagée dans une guerre c’est un peu le retour au Moyen-Age, comme d’ailleurs cet affrontement entre la Russie et l’Ukraine. Nous en sommes là !