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  • « Maison natale Charles de Gaulle » à Lille

    Charles de Gaulle est né le 22/11/1890 dans la maison de ses grands-parents maternels à Lille désormais transformée en musée. On y découvre une demeure bourgeoise mais sans ostentation, des pièces aux dimensions modestes, meubles classiques, crucifix et images saintes à tous les étages, petit jardin où le futur général jouait aux petits soldats avec ses cousins. Il n’y avait pas l’eau courante à l’époque mais du personnel pour porter l’eau dans les ersatz de salles de bain.

    On ne sent pas encore la grandeur dans cette maison mais l’idée de l’éducation stricte et joyeuse d’un homme qui sera la France et restera sa vie durant attaché à cette région du Nord où il passera de nombreux moments de sa vie.

  • « Expérience Goya » au Musée des Beaux-Arts de Lille

    Le musée des Beaux-Arts de Lille plonge dans les mystères de l’œuvre du peintre espagnol Francisco de Goya (1746-1828) en se focalisant sur deux de ses œuvres emblématiques : « Les Jeunes » (1814-1819) et « Les Vieilles » (1808-1812). Le visiteur suit l’évolution de l’artiste d’un statut de peintre de la Cour d’Espagne et de l’aristocratie, produisant des toiles aux thèmes champêtres ou des portraits empesés, à celui de la noirceur inspirée par la guerre d’indépendance espagnole du début des années 1810 menée contre la France de Napoléon qui fut contrainte à la retraite après des batailles sauvages qui ont décimé les troupes et des civils des deux côtés.

    Cette guerre terrible a manifestement transformé l’artiste dont la production sera désormais d’une noirceur palpable. De Saturne dévorant un de ses fils à la La Procession à l’ermitage Saint-Isidore il n’est traduit que dévastation et dévoration d’une humanité à la dérive, qui se meurt.

    Ces scènes morbides ont beaucoup inspiré le cinéma : Le chien andalou de Bunuel, Il était une fois dans l’ouest de Sergio Leone… Le peintre donne d’ailleurs son nom aux prix remis annuellement en Espagne au monde du cinéma.

    L’exposition utilise des procédés vidéo modernes pour détailler et interpréter ces œuvres avant d’aboutir à l’exposition des deux toiles, Les Jeunes et Les Vieilles, propriété du musée.

  • De l’infection à l’éthique

    Avec une énième vague en cours d’infection à la Covid-19, de véritables questions éthiques commencent à se poser en France et dans les pays avoisinants. Les vaccins contre cette maladie semblent en réduire sérieusement les manifestations graves, à tel point que les services de soins intensifs soignent désormais une majorité de patients non-vaccinés. L’apparition d’un variant très contagieux explique la reprise des hospitalisations et la crainte d’une saturation proche des services de réanimation dans les hôpitaux européens.

    En France, les « plans blancs » ont été déclenchés qui entraînent le report de certaines interventions chirurgicales qualifiées de « non urgentes » afin de libérer des places dans les réanimations à consacrer aux malades de la Covid. Certains membres des services médicaux expliquent qu’ils sont pour le moment obligés de consacrer des lits d’hospitalisation à des malades de la Covid qui ont fait le choix de ne pas se vacciner par opposition de principe, au détriment de malades non urgents mais dont le report d’intervention aura potentiellement des effets mortifères à moyen-terme, dans les cas de cancers par exemple.

    En cas de saturation des services de réanimation, la question du choix à faire se pose s’il n’y a qu’un lit de disponible entre celui qui est sérieusement malade de la Covid-19 car il a préféré ne pas se faire vacciner et celui qui attend une opération pour traiter son cancer. Le pronostic vital est engagé dans les deux cas mais le niveau de responsabilité personnelle des malades n’est pas exactement le même.

    Evidemment personne n’ose prendre position en faveur de l’un ou de l’autre de ces malades mais le simple fait de poser la question via quelques tribunes et débats suffit à imaginer l’orientation des pensées de ceux qui la posent. Nous sommes en France dans un système de santé publique qui veut que tout le monde soit mis sur un pied d’égalité, principe qui n’est plus vraiment respecté puisque depuis l’arrivée de cette pandémie de Covid-19 la priorité est donnée aux malades atteints de cette pathologie. On pourrait se satisfaire de cette provisoire rupture d’égalité si elle permettait de convaincre définitivement les non-vaccinés de se faire vacciner, mais cela ne semble pas être le cas et les non-vaccinés continuent à truster les places dans les services de réanimation aux frais de la communauté des cotisants (dont ils font partie) et aux risques de la communauté des malades non-covid (dont ils ne font pas toujours partie).

    La déresponsabilisation des citoyens est l’une des tares de notre société moderne qui amène ceux-ci à agir en fonction de leur intérêt personnel et en négligeant l’intérêt général qui n’a plus beaucoup d’écho dans le monde d’aujourd’hui. Le comportement des « antivaccins » est évidemment aussi la conséquence de cet état de fait : il est toujours plus facile de refuser un vaccin préventif lorsque l’on sait que quoi qu’il arrive la communauté médicale vous prendra en charge ! Singapour a opté pour une position médiane, tous les patients covid sont soignés mais ceux qui ne sont pas vaccinés doivent payer leurs frais d’hospitalisation. Frapper les gens au portefeuille est souvent une bonne manière de les pousser à réfléchir. En France le pouvoir politique a renoncé à rendre le vaccin obligatoire par crainte de potentielles réactions négatives de citoyens offusqués par la « dictature sanitaire » alors on ne va certainement va suivre la voie de Singapour. On en reste donc à nos mauvaises habitudes : une minorité agissante nuit à la majorité et tout le monde paye pour les incivilités de quelques-uns.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/12/singapour-se-fache/

  • « Maison Cavrois » à Roubaix

    Fin des années 1920, un riche industriel textile dans le nord, Paul Cavrois (1890-1965) confie à l’architecte Robert Mallet-Stevens (1886-1945) le projet de conception et de construction de sa villa. Réalisée dans le style Art-déco et, a priori, sans trop de contraintes budgétaires, la superbe construction connut différents aléas, occupation par les Allemands durant la dernière guerre, vente à un promoteur immobilier qui laissera le bâtiment à l’abandon et au pillage, avant son acquisition par l’Etat en 2001 et sa complète rénovation avant sa réouverture en 2015.

    Les murs extérieurs sont en briques jaunes et cette couleur est dominante dans l’ensemble de la bâtisse. Evidemment, avec 1 840 m² habitables les volumes sont immenses mais le concepteur a su également préserver quelques coins d’intimité cosy devant une cheminée ou pour une chambre d’enfant. Le mobilier est à l’avenant, au style caractéristique de cette époque, souvent en bois clair rappelant le jaune dominant, mais sans négliger des touches de couleur (bleues dans une des chambres des enfants). Les matières sont nobles, marbres et bois, et disposées avec subtilité. Les dressings gigantesques font saliver les visiteuses. Au temps de sa splendeur, la villa était bien sûr entourée d’un très vaste terrain sérieusement réduit aujourd’hui. La famille

    Chacun ressort ébloui devant cet ensemble harmonieux et démesuré qui, heureusement, a pu être préservé grâce à la générosité des contribuables et l’habilité des artisans spécialisés durant les douze années de rénovation.

  • « La Piscine – Musée d’Art et d’Industrie » de Roubaix

    La piscine populaire Art-déco de Roubaix a été fermée en 2001 et fait l’objet d’un magnifique recyclage en musée pour accueillir différents fonds déjà présents dans la ville. Le résultat est superbe, centré sur l’ancien bassin entouré de sculptures et des deux étages d’anciennes cabines transformées en petites salles d’exposition dédiées à des œuvres plus contemporaines, y compris la mode et le tissu pour rappeler l’ancienne vocation textile de toute la région. Agrandi à plusieurs reprises, le musée présente également des expositions temporaires, aujourd’hui celles d’Alexei von Jawlensky (1864-1941), peintre expressionniste russe, ou Suzanne Hay (1962-2004), artiste peintre allemande dont l’œuvre est consacrée à des peintures de baigneurs dans les piscines aux allures tristes et couleurs froides.

    Une belle et originale reconversion d’un lieu utilitaire en musée, merci à la culture publique en France qui est capable de consacrer des fonds à un tel projet.

  • « Musée de L’hospice Comtesse » à Lille

    Ancien hôpital fondé par la comtesse Jeanne de Flandre en 1237, placé sous la protection de la Vierge, l’hospice continua d’être utilisé jusqu’en 1939 avant d’être transformé en magasin général de l’assistance publique de Lille, puis en musée en 1962. Ce petit musée historique (certaines salles sont actuellement fermées pour rénovation) placé au centre de Lille présente des peintures, des mappemondes, des plans, des sculptures de bois, des ustensiles divers qui nous rappellent que la ville et l’actuelle région du nord de la France appartinrent longtemps au Conté de Flandre qui couvrait, depuis les Romains, l’actuel Bénélux et le nord de la France, dont Lille. De guerres contre les Normands en batailles de succession dynastique en passant par des alliances successives avec les comptés d’Alsace, de Bourgogne, de Normandie, ou de la couronne d’Espagne, le comté de Flandre est découpé, partagé puis dissous au XVIIIème siècle. Lille avait déjà été reprise aux Espagnols par les armées de Louis XIV et est restée française depuis malgré quelques batailles avec le Royaume-Uni et l’Autriche.

  • PILLE Lolita, ‘Eléna et les joueuses’.

    Sortie : 2019, Chez : Editions Stock / Le Livre de Poche n°36286.

    Lolita Pille poursuit l’exploitation de la veine creusée depuis 2002 avec « Hell », celle de personnages évoluant dans le monde désabusé et cynique de la grande bourgeoisie parisienne dont les enfants alternent entre un désœuvrement de luxe, la cocaïne et des amours sans suite.

    Dans ce roman, Eléna, ancienne joueuse de tennis déclassée, traîne sa morgue entre sa famille génétique, fauchée, trahie et peuplée de morts suspectes, et sa famille d’adoption, de riches industriels vendeurs d’armes dans le tiers-monde, ravagée par les suicides récurrents de certains de ses membres.

    Lolita Pille semble fascinée par ces milieux décadents et intellectuellement corrompus, dans lesquels évoluent ses personnages, celui-ci n’y déroge point. Les dialogues sont alertes et drôles dans cet environnement morbide. Il n’y a pas beaucoup d’espoir dans le monde Lolita.

  • BUBER-NEUMANN Margarete, « Milena – témoignage ».

    Sortie : 1977, Chez : Editions du Seuil / POINTS P443.

    Margarete Buber-Neumann (1901-1989) fut une militante communiste allemande. Exilée en Union soviétique, sa seconde patrie, dans les années 1930, elle sera victime des purges staliniennes, condamnée à 5 ans de camp pour « activités contre-révolutionnaires ». Au bout de deux ans de goulag au Kazakhstan elle est remise par le NKVD (la police politique stalinienne) à… la gestapo dans le cadre de l’accord germano-soviétique et elle passera cinq ans dans le camp de concentration de Ravensbrück.

    Au cours de son internement par les nazis, elle fait la connaissance de Milena Jesenka (1896-1944), journaliste tchécoslovaque engagée qui fut amie de l’écrivain Kafka (1883-1924) et fréquenta le monde intellectuel et politique de Prague et de Vienne dans l’entre-deux-guerres. A priori dotée d’une personnalité charismatique Milena noue immédiatement une forte amitié avec Margarete. Ensemble elles affrontent la barbarie nazie de Ravensbrück et se promettent, si elles s’en sortent, d’écrire un livre à quatre mains pour témoigner.

    Milena meurt d’épuisement et de maladie avant la libération du camp, Margarete tint leur promesse commune et publie sa première biographie en 1977. Ce livre n’est pas centré que sur Ravensbrück (sur lequel Margarete a écrit un autre récit) mais sur la vie de Milena, happée par les suites de la première guerre, la recomposition de l’empire austro-hongrois et la montée du nazisme qui n’eut de cesse que de contester cette recomposition et notamment la création de la Tchécoslovaquie intégrant d’importantes minorités allemandes et hongroises. On connaît la suite, les accords de Munich autoriseront Hitler à envahir la Tchécoslovaquie en 1939, le vrai début de la seconde guerre mondiale…

    Milena traverse ces temps, épouse divers malotrus, aura une fille de l’un d’eux, se rapproche de Kafka, lutte pour la survie de son pays, de ses amis, juifs ou opposants politiques, voire les deux, mais elle se heurte à plus fort qu’elle et les nazis la feront taire. Elle continue la lutte au sein de camp de concentration avant d’être emportée par la maladie au cœur de la barbarie allemande du XXème siècle.

  • L’incompréhensible et dommageable entêtement politique français au Mali

    Avec une insistance qui frôle l’aveuglement, la France continue à vouloir mener le Mali sur une route que ce pays ne veut manifestement pas emprunter. Paris a rameuté une quinzaine d’autres pays européens pour signer le communiqué ci-dessous, moralisateur et de peu d’intérêt sinon de souligner l’impuissance occidentale face au délabrement de ce pays et sa volonté de sortir d’une dépendance post-coloniale mortifère.

    Les signataires citent une Fédération de Russie qui n’aurait pas « un comportement responsable et constructif dans la région » alors que la coalition occidentale exerce une « action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme en appuyant le développement durable, le respect des droits de l’homme et le déploiement des services publics. »

    Le Mali glisse doucement vers un retour dans les bras de la Russie, il faut s’en féliciter et non le combattre. Ce n’est d’ailleurs qu’un retour aux sources car les premiers présidents du Mali indépendant jouaient plutôt sur le thème « pays frère » avec l’Union soviétique, mais après l’effondrement économique de l’empire communiste il n’y avait plus de sous dans les caisses de Moscou alors Bamako s’est tourné vers l’Occident. La situation est en train de s’inverser, il est donc envisageable de substituer les contribuables russes aux contribuables français pour financer le Mali, l’hypothèse métrite d’être examinée de près.

    A l’issue de ce communiqué européen, les autorités maliennes ont évidemment aussi communiqué en opposant :

    …un démenti formel à ces allégations sans fondement [sur] un prétendu déploiement des éléments d’une société de sécurité privée au Mali…
    l’Etat malien n’est engagé que dans un partenariat d’Etat à Etat avec la Fédération de Russie, son partenaire historique. 

    Une déclaration aussi insignifiante que celle à laquelle elle répond. On se demande d’ailleurs l’intérêt politique de l’une et de l’autre. A quoi peuvent donc bien servir de tels communiqués qui ne sont lus que par un microcosme de diplomates et de journalistes et dont tout le monde sait bien qu’ils peuvent être vrais, comme faux, tout dépendant de la tactique suivie par leurs rédacteurs et ceux qui les mandent. On se souvient tous de la déclaration du président russe Poutine affirmant sans sourire en 2014, après l’annexion de la Crimée, les yeux dans les yeux des journalistes, devant les passeports russes confisqués à certains combattants faits prisonniers dans le Donbass qu’il ne pouvait pas empêcher « des citoyens russes d’aller passer des vacances en Ukraine »…

    Appel à une manifestation anti-française en 2020

    Les planètes sont alignées :

    • Le gouvernement putschiste malien ne souhaite plus vraiment l’intervention française sur son territoire, d’ailleurs il négocie avec les djihadistes derrière le dos des Français qui les combattent,
    • Le gouvernement algérien interdit aux avions français de survoler son territoire pour ravitailler les bases françaises au Mali, rallongeant ainsi significativement les routes aériennes,
    • Les populations du Mali et des pays avoisinants manifestent bruyamment leurs sentiments anti-français, un convoi routier de ravitaillement français entre Abidjan et Gao a été bloqué à plusieurs reprises au Burkina-Faso et au Niger et il y eut trois morts parmi les manifestants après des tirs des forces françaises et locales pour tenter de libérer le passage,
    • L’armée française est clairement entrée dans un processus d’enlisement (aux dires mêmes de ses officiers supérieurs) en occupant militairement des pays étrangers où elle déploie des bases et des armes, procède à des attaques et des combats sous sa propre initiative sans vraiment en référer aux autorités politiques et militaires locales,
    • Le mythe de la création d’un « G5 Sahel » censé regrouper des forces militaires de cinq pays sahéliens (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) pour prendre le relais est désormais tombé, ce G5 ne fonctionne pas et ne fonctionnera jamais de façon indépendante. Quiconque a déjà vu à l’œuvre les forces militaires de ces pays le comprend parfaitement,
    • La République française fait face à d’importants déficits de ses finances publiques et les économies à réaliser en mettant fin à cette intervention militaire coûteuse au Sahel seront bienvenues.
    Appel pour un rapprochement Mali-Russie en 2019

    L’argument principal de l’intervention française lancée en 2013, l’opération « Serval » était que combattre le terrorisme au Sahel protège les frontières françaises. Il est sans doute à considérer mais le redéploiement des militaires français sur le territoire national permettra de compenser, au moins en partie, la perte des résultats des actions de guerre menées par l’armée directement sur les territoires étrangers. Le maintien de forces militaires d’occupation sur une longue durée a toujours échoué dans l’Histoire et s’est généralement terminé par une déroute militaire et un retrait piteux, de l’Indochine à l’Algérie, de l’Angola à l’Afghanistan, du Vietnam à la Somalie, etc[1].

    Il est temps de laisser le Sahel aller vers son destin, avec les Russes ou d’autres pays qu’il choisira, mais sans la l’ancienne puissance coloniale française !


    [1] Le seul exemple d’intervention militaire à peu près réussie fut celle du Royaume-Uni au Sierra-Leone de 2000 à 2002. Les ressortissants étrangers qui le souhaitaient ont été évacués, la rébellion a été réduite et a donc cessé ses actes de barbarie (amputation de mains, bras, jambes de leurs captifs), l’armée sierra-léonaise à peu près réformée et les militaires britanniques sont rentrés au bercail début 2022 avec un nombre limité de victimes dans leurs rangs.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/06/un-depart-de-larmee-francaise-du-mali-pour-bientot/

    Communiqué conjoint sur le déploiement du groupe Wagner au Mali (23 décembre 2021)

    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/mali/evenements/article/communique-conjoint-sur-le-deploiement-du-groupe-wagner-au-mali-23-12-21

    Nous, partenaires internationaux résolus à soutenir le Mali et son peuple dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables et à lutter contre le terrorisme, condamnons fermement le déploiement de mercenaires sur le territoire malien. Ce déploiement ne peut qu’accentuer la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique occidentale, mener à une aggravation de la situation des droits de l’homme au Mali, menacer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et entraver les efforts de la communauté internationale pour assurer la protection des civils et apporter un soutien aux forces armées maliennes.

    Nous regrettons profondément la décision des autorités de transition maliennes d’utiliser des fonds publics déjà limités pour rétribuer des mercenaires étrangers au lieu de soutenir les forces armées maliennes et les services publics au bénéfice du peuple malien.

    Nous avons connaissance de l’implication du gouvernement de la Fédération de Russie dans la fourniture d’un soutien matériel au déploiement du groupe Wagner au Mali et appelons la Russie à adopter un comportement responsable et constructif dans la région.

    Nous rappelons les décisions de la CEDEAO ainsi que ses préoccupations quant au risque d’instabilité dans la région si des sociétés de sécurité privées devaient se déployer au Mali (sixième session ordinaire à Abuja, 12 décembre 2021). Nous rappelons également l’adoption par l’Union européenne d’un ensemble de mesures restrictives à l’encontre du groupe Wagner lui-même et de huit personnes et trois entités qui lui sont liées (Conseil Affaires étrangères du 13 décembre 2021) impliqués dans de graves violations des droits de l’homme, notamment la torture et des exécutions et des assassinats extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ou dans des activités de déstabilisation dans certains pays où ils opèrent.

    Nous ne renoncerons pas à nos efforts pour répondre aux besoins de la population malienne. Conformément aux objectifs de la Coalition internationale pour le Sahel, nous réaffirmons notre détermination à poursuivre notre action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme en appuyant le développement durable, le respect des droits de l’homme et le déploiement des services publics. Nous continuerons à suivre de près et évaluer la situation.

    Nous invitons instamment les autorités maliennes de transition à entreprendre des réformes et à rétablir l’ordre constitutionnel en préparant et en organisant les élections dans les meilleurs délais comme elles s’y sont engagées devant le peuple malien, la CEDEAO et la communauté internationale. Nous appuyons sans réserve les récentes décisions de la CEDEAO à cet égard.

    Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Estonie, France, Italie, Lituanie, Norvège, Pays Bas, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Suède

  • Restitution d’œuvres d’art au Bénin : il faut continuer, élargir et accélérer

    L’Etat français vient de restituer un premier lot d’une vingtaine d’œuvres d’art qui avaient été pillées lors de la présence coloniale française dans ce pays. C’est une excellente décision qui était attendue par l’Afrique depuis les indépendances il y a 70 ans. C’était un coin dans les relations post-coloniales et une demande récurrente des anciens colonisés. Le maintien dans les musées français de ces créations africaines n’avait plus guère de justifications et, finalement, assez peu d’intérêt sinon d’envenimer les relations diplomatiques avec les anciennes colonies.

    L’argumentation utilisée par Paris des années durant pour empêcher ce rapatriement était basée sur la soi-disant « inaliénabilité » des œuvres des collections publiques françaises et les capacités limitées des musées africains à les conserver. Le premier obstacle est facilement tombé avec le vote d’une loi par le Parlement français et le second relève de la souveraineté des Etats récipiendaires. On peut imaginer que des copies 3D de ces œuvres ont été réalisées assez facilement et pourront être de nouveau exposées en France si le besoin s’en fait sentir. Après-tout, la Grèce expose bien des copies des fresques du Parthénon à Athènes, les originaux étant toujours détenus dans les musées londoniens…

    Il faut maintenant continuer à restituer ces œuvres pillées, cela fera toujours un micro-sujet de contentieux en moins avec les anciennes colonies. Et ne nous empêchons pas de renvoyer l’obélisque de la place de la Concorde en Egypte. Les réserves des musées français regorgent d’œuvres qui ne peuvent pas être exposées faute de place. Celle libérée, et à libérer, par les restitutions permettra d’améliorer la situation.

  • La revanche de Zemmour

    L’un des candidats à l’élection présidentielle française de 2022, Éric Zemmour, était journaliste avant d’être candidat. Il défend désormais dans ses meetings grosso-modo les mêmes positions que celles affichées précédemment dans ses émissions médiatiques et ses livres, celles d’une vision conservatrice de la société, d’une idée de la France blanche et chrétienne, si possible encore grande et conquérante. Ses compétences pour gérer un pays, une entreprise, une famille ou une simple organisation, sont inconnues et probablement proches de zéro. Malgré le racolage politique dont il s’est fait le héraut il y a probablement assez peu de risques qu’il puisse être élu président de la République. En revanche, il rencontre un franc succès au Café du Commerce des plateaux télévisés et dans les séances de promotion de ses livres. Les médias l’adorent car ses jugements à l’emporte-pièce et ses slogans de circonstance provoquent les disputes dont ils sont friands pour améliorer leurs audiences.

    Avant qu’il ne se déclare officiellement candidat à l’élection, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), chargé de faire respecter une certaine égalité dans le traitement médiatique des candidats avait décidé que son temps de parole serait décompté exactement comme s’il était candidat. La chaîne de télévision CNEWS appartenant au groupe Bolloré qui l’employait a déploré cette « atteinte inqualifiable » à la liberté d’expression, a sorti Zemmour-journaliste de l’émission qui l’abritait une heure chaque soir pour réintroduire immédiatement Zemmour-candidat dans quasiment toutes les émissions de la journée via des reportages permanents sur les déplacements, saillies et polémiques dont sont friands les téléspectateurs, les sujets concernant les autres candidats étant généralement traités… la nuit aux heures de faible écoute. On ne peut imaginer meilleure illustration du « je respecte la lettre de la loi et j’en détourne l’esprit » !

    Le patron du groupe Bolloré qui détient de nombreux médias, dont CNEWS, entend diffuser ses idées conservatrices et catholiques traditionnalistes dans le pays en influant sur le résultat des élections présidentielles d’avril 2022. C’est sans doute la raison pour laquelle il a investi une partie de ses sous pour acheter des médias. C’est une sorte de soft-power utilisé par le patron capitaliste de façon avisée. Nous sommes dans une économie libérale donc personne ne peut empêcher un patron du CAC40 d’acheter des organes de presse, surtout lorsque ceux-ci sont quasiment au bord de la faillite, mais nous sommes aussi en démocratie « à la française » alors les contribuables financent une administration, le CSA, en charge de limiter les excès vers lesquels tendent naturellement ces propriétaires capitalistes, afin d’essayer d’assurer un relatif pluralisme de la presse dans notre pays. Ce n’est pas facile et lesdits propriétaires entendent récupérer en soft-power, à défaut de rendement financier,l’argent qu’ils mettent dans leurs « danseuses ». Ils s’y entendent généralement bien…

    Plus intéressant est le narcissisme qui anime ces capitalistes. Leur puissance économique et financière ne leur suffit plus. Non contents de truster les meilleures places dans les classements des réussites boursières et des plus grosses richesses mondiales, ils veulent aussi influer les orientations politiques du pays. Ils pourraient se présenter à des élections ou fonder des partis, mais ils préfèrent agir plus discrètement via des organes de presse. MM. Arnault, Pinault, Bolloré, Lagardère, Niel, Pigasse, et d’autres, investissent dans la presse et, dans de nombreux cas, sauvent ces médias de la faillite. Notre vieille démocratie essaye de préserver la « liberté de la presse », c’est tout à son honneur, mais elle affronte de redoutables prédateurs, jamais plus efficaces que lorsqu’il s’agit d’exploiter le gogo à qui ils font avaler des torrents de publicités abrutissantes (le hard-power, les sous) et leurs idées politiques (le soft-power). L’alliance Bolloré-Zemmour le montre tous les jours !

  • La loi du marché à l’épreuve dans le secteur de l’hôtellerie-restauration

    L’un des effets collatéraux de la pandémie actuelle de Covid19 est une redistribution des cartes dans le secteur économique de l’hôtellerie-restauration. La fermeture de ces établissements durant les périodes de confinement a mis en chômage partiel l’essentiel de son personnel dont les salaires ont été payés par les contribuables dans le cadre de la stratégie du « quoi qu’il en coûte ».

    A la réouverture des établissements, une partie du personnel a refusé de revenir dans ces emplois, souvent physiquement pénibles et peu rémunérés. Le secteur explique qu’il compte 270 000 postes actuellement non dotés. Du fait de cette situation, la capacité hotellière et restauratrice a globalement baissé par fermeture de chambres d’hôtel et diminution des services dans les restaurants. C’est mathématique et le secteur s’adapte.

    Nous sommes dans une économie libérale qui ne sait pas obliger des citoyens à travailler dans une activité contre leur volonté. Comme il semble que la demande des consommateurs reste à peu près au même niveau qu’avant le début de la crise, la loi du marché implique que l’offre s’adapte et que le secteur recrute pour satisfaire cette demande et, probablement, améliorer les conditions de travail et de rémunération pour le rendre à nouveau attractif. Des négociations ont été initiées avec le secteur et auraient abouti à une augmentation moyenne des rémunérations de 16%.

    Les syndicats ont manifestement eu quelques arguments à faire valoir pour obtenir cette amélioration dont on verra assez vite si elle motive 270 000 salariés à revenir vers le secteur. La question qui n’a pas été vraiment comprise c’est où sont passés les 270 000 employés qui n’avaient pas réintégré les hôtels et restaurants ? A priori ils avaient trouvé un refuge suffisant sécurisé (aides publiques ou autres emplois ?) pour garder leurs moyens de pression sur leurs anciens employeurs sur le thème : « si les salaires n’augmentent pas nous ne revenons pas ».

    Ce fut plutôt bien joué et les règles habituelles de Monsieur le Marché ont joué normalement, comme il se doit en économie plus ou moins libérale. Il est vrai que l’intervention publique a permis aux salariés d’être rémunérés par les contribuables et de tenir pendant la période de fermeture. S’ils avaient été licenciés sans salaire durant le confinement leur position de négociation aurait probablement été moins forte mais tel ne fut pas le cas.

    On verra assez vite si cette augmentation générale des rémunérations de 16% suffit à faire revenir au bercail les salariés évadés et si elle va également se traduire par une augmentation des prix des chambres et des plats, ce qui va probablement arriver. Le secteur s’ajuste, les coûts de production augmentent et cet accroissement sera absorbé par l’augmentation des prix de vente et/ou la baisse des marges. Il va y avoir un nouveau partage de la valeur ajoutée, lisez « Salaires, prix et profits » de Marx si vous souhaitez comprendre comment fonctionne ces équilibres.

  • « David Hockney. A Year in Normandie » au musée de l’Orangerie

    David Hockney, célèbre artiste britannique du pop-art est installé en Normandie au Pays d’Auge depuis 2019 et a consacré son temps de confinement à peindre cette région une année durant sur une tablette. Malgré ses 84 ans, le peintre n’est pas rebuté par la technologie moderne qui n’est qu’un outil au service de sa créativité.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2017/07/david-hockney-a-beaubourg/

    C’est une succession de scènes représentant les quatre saisons, imprimées sur papier et exposées par le musée de l’Orangerie à la façon des Nymphéas ou des Tapisseries de l’Apocalypse. Comme toujours c’est une explosion de couleurs chaudes qui réjouissent l’œil et le cœur. Comment ne pas rester optimistes devant un tel carrousel chromatique appliqué à une certaine naïveté du dessin ? Les saisons défilent le long des murs avec, bien sûr, une préférence pour le printemps et l’été, plus propices à la couleur avec laquelle joue si bien l’œil de Hockney.

    Cet artiste crée à profusion et nous fait profiter de son imagination sans borne pour refaire le monde en couleurs acidulées et inspirantes. Réjouissons-nous !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2020/04/cusset-catherine-vie-de-david-hockney/

  • « Madres Paralelas » de Pedro Almodovar

    Le dernier film du prolifique réalisateur espagnol Pedro Almodovar mêle une histoire d’échange involontaire de nourrissons dans une maternité et de mémoire de la guerre civile d’Espagne. A la suite de la mort « subite » de l’un des deux bébés, les deux mères nouent une histoire d’amour avant que l’enfant survivant ne revienne dans les bras de sa véritable maman et que la seconde ne refasse un enfant avec le père de celui qui est décédé. Tout ce petit monde se retrouve dans l’émotion et le souvenir à l’occasion de l’exhumation d’un charnier de républicains exécutés par les franquistes lors de la guerre, tous originaires du village de la mère de l’enfant décédé… et le chantier d’exhumation est dirigé par… son père !

    Vous n’avez pas tout compris ? C’est normal, l’histoire est compliquée sur le papier, mais fluide et limpide l’écran, allez-voir le film. Nombre des sujets qui agitent notre société actuelle y sont abordés : la science qui permet désormais de connaître sans conteste les origines d’un enfant, la maternité passé 40 ans, l’amour lesbien, la différence d’âge dans un couple, les réponses aux questions non résolues souvenirs d’une guerre civile sauvage…, le tout dans l’habituelle symphonie des couleurs et la vivacité des dialogues propres aux films d’Almodovar.

  • Les époques changent, les maladies restent

    Alors que l’on célèbre plus ou moins les 40 années des « années SIDA », un virus sexuellement transmissible qui n’a jamais été vaincu mais que l’on sait désormais traiter, on peut voir les changements de comportement de nos sociétés face à la maladie en comparant les réactions aujourd’hui face du SARS-CoV2 (le virus donnant la Covid19) versus le SIDA. Ce dernier aurait fait 20 millions de morts sur la planète depuis son apparition contre 5 à 6 millions à ce jour pour le SARS-CoV2. Si l’on se base sur les pures statistiques on peut déduire via une règle de trois au prorata temporis que le Sars-CoV2 est plus mortifère que la SIDA : 2 millions de morts par an depuis 2019 pour le premier, un demi-million de morts par an depuis 1981 pour le SIDA.

    Ce qui est remarquable c’est que face au SIDA qui a beaucoup touché les homosexuels, on a vu cette communauté se battre, parfois violemment, contre les autorités sanitaires, les laboratoires pharmaceutiques, bref, les institutions, pour les forcer à reconnaître cette maladie et à investir pour accélérer la recherche afin de trouver une parade. C’était certes une minorité agissante, mais elle se démenait pour contrer cette maladie qui faisait des ravages. On ne sait d’ailleurs pas bien si ces actions ont accéléré ou non la mise au point des traitements qui permettent aujourd’hui aux malades du SIDA de vivre, mais ce mouvement était pro-science et se battait pour des traitements et la mise en place d’une politique de prévention.

    Aujourd’hui, en ces temps de nouvelle pandémie du fait du SARS-CoV2, les minorités agissantes combattent pour nier la gravité de la maladie, son mode de diffusion et les vaccins qui ont été très rapidement mis au point pour en limiter les effets avec succès.

    Arguant de la liberté de chacun de se faire vacciner ou non, ces parangons du déni défilent sur les plateaux télévisés pour défendre leurs positions et brailler contre les « dictatures sanitaires » qui se mettent en place dans nombre de pays où la vaccination est rendue plus ou moins obligatoire. Quelques têtes de gondoles comme l’ex-président américain Trump, l’actuel président brésilien Bolsonaro, et bien d’autres, en France notamment les trublions piliers de talk-show-café-du-commerce sur les chaînes « d’information en continu », des syndicalistes dans les DOM-TOM, etc… remuent les doutes des citoyens en contestant systématiquement tous les éléments de la politique mise en œuvre en France.

    Le plus remarquable est que nombre d’entre eux ont attrapé… la Covid19 sous sa forme légère, certes, dont MM. Trump et Bolsonaro, et qu’ils en tirent argument pour renforcer leur conviction qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure de cette maladie. A cet égard, les journalistes Yvan Rioufol et Charlotte d’Ornellas, non vaccinés et récemment contaminés, qui œuvrent sur les réseaux télévisés appartenant à l’homme d’affaires français conservateur Vincent Bolloré, assènent que leur retour rapide à une bonne santé est bien la preuve que la généralisation du vaccin n’est pas nécessaire en admettant toutefois qu’il peut être utile pour certaines couches à risque de la population

    Ils sont a priori peu écoutés ni suivis puisqu’en France près de 90% des citoyens sont vaccinés, mais leur activisme est symptomatique d’un changement d’époque. Nous nous débattons aujourd’hui dans des problèmes de riches où nos populations ont le luxe de pouvoir tout contester, y compris la science, leur protection sanitaire et le personnel qui les gouverne après avoir été élus.

    Comment pourrait-il en être autrement dans un pays qui préfère utiliser les impôts de ses contribuables pour organiser des jeux olympiques plutôt que de financer sa recherche fondamentale laissée à la générosité des citoyens participant au téléthon, une République qui octroie des légions d’honneur à des fouteballeurs, des affairistes ou des satrapes de circonstance, une nation où le compte Twitter de Cyril Hanouna a près de 6 millions d’abonnés… C’est tout le symbole d’une décadence librement consentie par une population en voie d’abrutissement général. Peut-être l’aboutissement final de toute démocratie…

  • Mais de quoi se mêle-t-on en Centrafrique ?

    On le sait, une société militaire russe plus ou moins privée dénommée « Wagner » opère en République Centrafricaine (RCA), ancienne colonie française. La France maintient également sur place un contingent militaire qui tente de s’interposer entre forces « loyalistes » et bandes « rebelles » pour limiter l’ampleur des massacres auquel ce pays est habitué depuis des décennies.

    L’Union européenne s’apprête à prendre des sanctions contre Wagner pour « déstabilisation » de la RCA et on s’interroge sur la logique de cette démarche. Si les mercenaires russes remplacent les forces françaises (aidées pour le moment par quelques troupes d’autres pays européens) c’est une occasion inespérée pour les Français de quitter ce bourbier, pourquoi faudrait-il s’en plaindre ? Bien sûr, si la Russie prend le pouvoir en Centrafrique on peut craindre que les quelques matières premières centrafricaines, mal exploitées pour le moment, devraient plutôt prendre la direction de l’Empire russe que de l’Europe de l’Ouest, mais en réalité elles seront vendues sur le marché à qui les paye au prix d’équilibre.

    Il est probable que Paris a poussé à la décision de sanctions européennes compte tenu de son implication dans ce pays depuis son « indépendance ». Rappelons pour les plus jeunes qu’après la pantalonnade de « l’empereur Bokassa » un officier français membre des services secrets, le commandant Mancion, a, pendant une bonne dizaine d’années, commandé la garde présidentielle centrafricaine en exerçant un pouvoir qui en faisait un quasi-« proconsul ». La France avait fait de ce pays son arrière-cour dirigée par ses services secrets et son armée, tout en prônant, bien sûr, l’organisation d’élections démocratiques… L’effondrement actuel de ce pays montre que ce ne fut pas une bonne méthode.

    Paris n’est certainement pas la mieux placée pour s’impliquer dans l’avenir de la RCA ou y contester la présence de la Russie ou d’autres puissances étrangères ! Alors laissons faire les choses comme elles doivent se dérouler et mettons fin à la présence militaire française en RCA, qui est par ailleurs rejetée par la population locale. Paris fera ainsi des économies budgétaires et mettra fin à 70 ans d’errements néocoloniaux, tout le monde s’en portera mieux.

    Lire aussi : La Centrafrique toujours à la pointe de la dévastation

    La Centrafrique est le concentré de tous les vices et les dérives d’une décolonisation ratée. Il est temps de tourner la page et Moscou déploie pour Paris le tapis rouge vers la sortie, empruntons-le sans hésiter.

  • Que faire avec la Nouvelle-Calédonie ?

    Libérez la Nouvelle-Calédonie

    Alors que les résultats du 3ème référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ont marqué un total succès pour la dépendance, les caciques indépendantistes marquent leur terrain. Ayant appelé à la « non-participation » au référendum, ils refusent d’en reconnaître le résultat et, par ailleurs, refusent de négocier le futur avec l’actuel gouvernement central qui ne sera probablement plus le même après l’élection présidentielle d’avril 2022. En revanche les partis indépendantistes acceptent immédiatement les transferts budgétaires et garanties de l’Etat pour financer les déficits significatifs des institutions locales, percutées par la crise sanitaire et économique.

    On est là au cœur de l’inextricable contradiction de la décolonisation des territoires ultra-marins. Les dirigeants indépendantistes calédoniens auraient bien tort d’en sortir puisqu’ils obtiendront satisfaction à toutes leurs nouvelles requêtes. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

  • Des fouteux mondialisés

    Comme si la France n’en avait pas assez avec les supporters de fouteballe des équipes françaises qui rivalisent en violences et délinquances diverses à l’occasion des matchs joués dans l’hexagone, voici que des supporters des équipes de fouteballe du Maroc et de l’Algérie se sont affrontés sur les Champs Elysées ce 11 décembre à la suite de la victoire de l’une sur l’autre au terme d’un match disputé à… Doha !

    C’est un effet collatéral de la décolonisation : non seulement il faut supporter les débordements des matchs des équipes françaises, mais il faut également affronter ceux des équipes dans anciennes colonies. On a ainsi confirmation qu’un supporter d’une équipe française de fouteballe n’est pas moins nuisible qu’un supporter d’une équipe étrangère, le niveau d’abrutissement généré par une baballe qui roule sur la pelouse est le même partout sur la planète. C’est une vraie mondialisation réussie !

  • Une belle occasion manquée pour la Nouvelle-Calédonie !

    Les résultats du troisième et dernier référendum organisé dans le cadre des accords dits « de Nouméa » s’achève ce soir sur une lourde défaite du camp indépendantiste : le non à l’indépendance l’emporte à plus de 96%, largement aidé par l’appel au boycott lancé par les partis mélanésiens, ou, plus exactement, à la « non-participation », subtilité sémantique avancée par Roch Wamytan, président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui vient d’ailleurs d’annoncer qu’il ne reconnaîtra pas les résultats de ce référendum.

    On se retrouve au point de départ des accords dits « de Matignon » signés en 1988, il y a près de 35 ans ! Et nous allons probablement repartir pour des décennies de discussions oiseuses, éventuellement de nouvelles violences et, surtout, des coûts à prendre en charge par les contribuables français. Alors que la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie était la mieux engagée de celle de tous les confettis de l’Empire, qu’elle avait été initiée via un processus apaisé, consensuel et intelligent, les indépendantistes, mis au pied du mur, reculent une nouvelle fois et la métropole ne sait plus comment faire pour rendre ces territoires à leur souveraineté.

    Les dirigeants kanaks avaient les cartes en main pour atteindre leur objectif de l’indépendance mais ils ont reculé devant l’obstacle. Comme les Québécois en 1980 et en 1995, ou les Ecossais en 2014, l’option de l’indépendance a finalement effrayé les partis indépendantistes et leurs électeurs. Il n’est pas facile de quitter le confort douillet offert par une vieille nation démocratique au sein de laquelle on peut critiquer tranquillement tout en étant assuré d’être protégé et financé. Dans l’histoire contemporaine, seule la sécession du Soudan du sud est un exemple d’un peuple qui a eu le courage de s’émanciper, mais il faut dire que son rattachement au Soudan ne lui apportait pas vraiment ni protection, ni financement, mais plutôt génocide et pillage de ses ressources…

    La question de la décolonisation des territoires « ultra-marins » reste posée : comment faire pour se « débarrasser » en douceur des dernières colonies françaises ? Combien de temps encore la France devra-t-elle boire la lie du calice pour avoir été puissance colonisatrice ? Sans doute pour des générations, hélas !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2020/10/la-dependance-de-la-nouvelle-caledonie-reste-legerement-majoritaire-a-lissue-du-referendum-du-4-octobre/