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Le temps des désillusions
Le « tribunal constitutionnel » en Pologne vient de remettre en cause la primauté du droit européen sur le droit national polonais en déclarant que certains articles des traités européens sont contraires à la Constitution de ce pays. C’est l’aboutissement juridique d’une longue bataille de Varsovie contre l’un des principes fondateurs de l’Union européenne (UE). En France, les souverainistes jubilent puisqu’ils voudraient voir Paris suivre ce « bon » exemple et les européanistes dépriment devant ce qu’ils qualifient « d’attaques contre l’UE ».
Ce n’est hélas qu’une malheureuse histoire où la malveillance s’additionne à l’individualisme. Les traités européens sont ce qu’ils sont, ils ont été, soit élaborés par les pays fondateurs, soit adoptés au fur et à mesure par les pays nouveaux-adhérents, condition sine qua non de leur adhésion. Les procédures d’évolution de ces traités existent et peuvent être appliquées dans les conditions de majorité requises. L’exemple récent de la sortie de l’Union du Royaume-Uni montre que tout est possible dans le cadre des règles élaborées, y compris la créativité comme l’accord nord-irlandais du Brexit.
Les pays est-européens, comme le Royaume-Uni d’ailleurs, n’ont jamais vraiment endossé les principes politiques de l’UE. Mais la perspective de l’accès au marché communautaire et aux subventions significatives pour la mise à niveau de leurs économies les a poussés à adhérer pour encaisser ces avantages au plus vite, quitte à voir plus tard comment compromettre, ou pas, avec les contraintes politiques qui vont avec et qu’ils ont acceptées.
Londres a essayé de modifier de l’intérieur l’esprit de l’UE, y a échoué puis est finalement parti. Varsovie est probablement plus réticente à envisager de sortir car les inconvénients socio-économiques seraient plus pénalisants pour ce pays qu’ils sont en train de l’être pour le Royaume-Uni. Elle se rend compte qu’elle n’arrivera pas à obtenir les conditions de majorité nécessaires pour faire adopter ses propres vues dans les traités, alors la Pologne reste dans l’Union, refuse d’appliquer certaines de ses règles et sème la zizanie, espérant peut-être convaincre certains Etats-membres de suivre pour éviter le chaos général.
Evidemment cela agace un peu les partisans de l’esprit des pères fondateurs qui considèrent que si l’on bénéficie des ressources financières et des avantages commerciaux d’un groupe de pays, il convient de respecter les règles existantes, ou alors de les changer, mais en suivant les procédures élaborées à cet effet. Ce sont finalement des règles de fonctionnement qui sont assez similaires avec celles qui existent dans une copropriété en France.
Les pays est-européens pensent différemment et ne veulent plus respecter les traités qu’ils ont acceptés au départ puis échoué à faire changer de façon consensuelle. Alors ils essayent de l’intérieur, comme un Cheval de Troie. Leur capacité de nuisance est importante et l’avenir dira s’il valait mieux partir en claquant la porte comme le Royaume-Uni ou rester en semant le chaos comme la Pologne ou la Hongrie. Entre une position claire et une attitude machiavélique, bien malin qui croit savoir qui l’emportera.
C’est une nouvelle confirmation de l’erreur que fut l’ouverture de l’Union européenne à nombre de pays qui, dès le départ, n’étaient pas en mesure d’en accepter les contraintes ni n’avaient la volonté d’en respecter l’esprit. Une union politique ne peut valablement fonctionner qu’entre vrais amis. Une zone commerciale peut en revanche être étendue à des tiers avec qui l’on n’est pas forcément amis comme pour l’Espace économique européen (EEE) ouvert à la Confédération Helvétique ou la Norvège.
Vous avez aimé le Brexit ? Vous allez adorer le chaos est-européen. Voici venu le temps des désillusions européennes !
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CAVANNA François, ‘Les Ritals’.
Sortie : 1978, chez : Belfond / Le Livre de Poche 5383.
Les aventures désopilantes de Cavanna (1923-2014), gamin de la banlieue-est de Paris à Nogent-sur-Marne, père maçon immigré italien ne sachant pas écrire, mère française, racontées à la première personne qui vont mener cet enfant joyeux et observateur à devenir un brillant journaliste-écrivain, cofondateur de Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo au cynisme affiché et à la dérision permanente.
« Les Ritals » c’est sa vie entre 6 et 16 ans, dans les caniveaux de Nogent, les caves avec les copains, les filles dans les rues, les chahuts à l’école, la picole de papa, les anciens combattants qui ont battu les boches et dont certains sont revenus salement estropiés, la solidarité de toutes ces familles italiennes venues faire la maçonnerie que les Français ne voulaient plus faire, un avant-goût de la lutte des classes entre immigrés et natifs, l’ascenseur social avec la passion de la lecture qui s’empare de lui dès le plus jeune âge, et c’est aussi l’histoire de l’immense et envahissant amour familial du trio qu’il compose avec ses parents, un amour bruyant, qui parle à l’italienne avec les mains, excessif mais indestructible.
Ce récit, écrit à 50 ans, le fut avec le célèbre style de Cavanna, bougon, simpliste en employant un langage de gamin, mais développant des idées bien plus sophistiquées qu’il n’y parait. Il raconte son enfance comme il a chroniqué la progression de sa maladie de Parkinson dans les colonnes de Charlie Hebdo à la fin de sa vie, avec un humour dévastateur et une tendresse infinie.
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Fuyez la publicité abrutissante
Avez-vous remarqué que l’une des phrases les plus souvent prononcées sur les médias commerciaux est « restez avec nous ! » ?
En fait elle est assénée avant de lancer la réclame sur les ondes, celle qui fait vivre les stations et qui s’avère tellement abrutissante pour les auditeurs et les téléspectateurs que généralement ils profitent de l’intermède pour aller se soulager ou s’ouvrir une bière, l’un n’allant pas sans l’autre bien entendu. Une annonce sans auditeur/téléspectateur vaudra bien sûr moins cher, sans parler du fait qu’un téléspectateur évadé sur une autre chaîne ne va forcément y revenir après son pissou.
Alors on ânonne « restez avec nous ! » pour convaincre le téléspectateur volage que ce n’est qu’un mauvais moment à passer qui ne vaut pas la peine de partir à la concurrence. Et voici comment toutes les chaînes de télévision et de radio répètent à l’envie cette phrases qui est devenue la plus entendue sur les ondes.
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CENDRARS Blaise, ‘Moravagine’.
Sortie : 1926, Chez : Bernard Grasset.
Blaise Cendrars (1887-1961), romancier voyageur et poète révolutionnaire voulait que son roman Moravagine soit le point de départ d’une saga narrant les aventures de son héros qui semble concentrer tous les aspects baroques et détraqués de l’auteur. Hélas ce fut un ouvrage solitaire qui ne connut pas de suite. Quel dommage car les pérégrinations de Moravagine commençaient superbement !
Il semble que l’écriture de cet ouvrage fut longue et douloureuse, commença en 1914, connut moulte étapes, remaniements et corrections avant sa publication en 1926. Moravagine est un descendant caché de la dynastie d’Autriche-Hongrie car ses dérangements mentaux en font un criminel. Il est visité par hasard par un étudiant en médecine (Cendrars commença des études de médecine durant lesquelles il croisa un schizophrène violent par ailleurs dessinateur de talent qui pourrait être son modèle pour Moravagine), Raymond, qui va identifier son génie et faciliter son évasion de l’asile où il végète.
Ensemble ils vont parcourir le monde de ce début de XXème siècle en commençant par la Russie en pleine révolution où les bas instincts de Moravagine vont pouvoir se libérer au service de la cause bolchévique qui n’était pas avare de violence sanglante contre la « réaction » non encore vaincue. Ils vont ensuite parcourir l’Europe pour fuir la répression avant de se retrouver en Amérique latine, toujours en fuite à travers la jungle puis d’être happé par la première mondiale en Europe.
Dans chacune de ces circonstances, Moravagine fait preuve d’un incroyable sens de l’adaptation à des circonstances souvent terribles, jusqu’à devenir un demi-Dieu « indien bleu ». Individu qui semble au-delà du bien et du mal, il emmagasine les expériences sans en craindre aucune. Animé d’une inépuisable énergie il passera ses dernières semaines à écrire des milliers de pages toujours entre deux piqures de morphine dont il est devenu addict. Rassemblées par Raymond, ces pages signées « Moravagine, idiot », racontent une guerre commencées en 1914 et terminée en 2013, mêlant les aventures humaines aux élucubrations de la planète Mars. Cendrars (qui apparaît également dans le roman) n’en cite que tes têtes de chapitre dans la bouche de Raymond, mais peut-être devaient-ils être les titres de la suite de Moravagine ?
On sent dans ce roman flamboyant tout l’intérêt de l’auteur pour le combat révolutionnaire qui bouleversa l’Eurasie durant premier quart du XXème, et son attrait un peu morbide pour la maladie mentale et le génie qui, parfois, en découle. Cendrars revisite par l’intermédiaire de Moravagine tous les séismes de la civilisation occidentale qui ont semé tant de dévastation chez les humains sans les achever. Et encore, en 1926, date de parution du roman, n’avait-il pas tout vu, loin de là. Le lyrisme de l’auteur associée à la folie furieuse de son héros (on se demande parfois qui est Cendrars, qui est Moravagine) a donné la un grand roman !
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Rolling Stones pas morts
rue de la Butte-aux-Cailles (Paris XIIIème) Et d’ailleurs ils sont en tournée aux Etats-Unis d’Amérique.
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Une visionnaire à la dérive
Coco/Charlie Hebdo (21/10/2015) Christiane Taubira (69 ans), née à Cayenne en Guyane, a connu en engagement visionnaire dans sa jeunesse lorsqu’elle militait pour l’indépendance de cette colonie française artificiellement transformée en « département d’outre-mer (DOM) » en 1946 (après avoir été déjà département français en 1797). Très logiquement, Mme. Taubira, surdiplômée des universités parisiennes (sciences-économiques, sociologie, ethnologie « afro-américaine », agroalimentaire) qu’elle rejoint après avoir été scolarisée en Guyane, développe une pensée qui l’amène à soutenir que l’indépendance est la seule solution possible pour ce confetti de l’empire colonial français. Elle partage cette vision avec son mari au sein du parti créé par celui-ci en 1974 : le Mouvement Guyanais de Décolonisation (MOGUYDE) et la développe à la tête de la revue indépendantiste MAWINA. Le MOGUYDE sera même impliqué dans une tentative ratée d’attentat contre les installations pétrolières guyanaises qui vaudra quelques mois de prison à son mari et leurs comparses.
Cet admirable engagement militant pour l’indépendance des dernières colonies françaises marquait une personnalité ambitieuse et exigeante, un engagement qui s’est malheureusement affadi avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Mme. Taubira se rapproche du parti radical de gauche puis du parti socialiste, est élue conseillère régionale de Guyane en 2010, puis députée de ce territoire en 1993 et se trouve ensuite aspirée par les ors du pouvoir et les dorures des palais de la République, jusqu’à abandonner sa ferveur indépendantiste pour des raisons jamais vraiment explicitées. Renonçant à assurer l’avenir de son peuple, elle va, à la place, consacrer son temps et son énergie à l’élaboration de différentes lois culpabilisantes pour l’ancien colonisateur de son territoire de naissance, dont, en 2001, une loi qui entérine que :
« …la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVème siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. »
Cette loi exclut de fait la traite et l’esclavage dans le monde arabe ainsi qu’à l’intérieur du continent africain.
Nommée ministre de la Justice sous la présidence socialiste de François Hollande, elle promeut la loi ouvrant le mariage aux homosexuels puis démissionne en 2015 par refus du projet de légiférer pour pouvoir déchoir de leur nationalité des terroristes binationaux.
Dernier et récent avatar de sa reconversion dans l’avachissement de la pensée : elle refuse d’inciter publiquement ses concitoyens guyanais à se faire vacciner alors que l’épidémie de coronavirus fait des ravages dans les DOM où les taux de vaccination sont extrêmement faibles ce qui explique en grande partie la recrudescence du virus. Il semble que le vaccin suscite plus de méfiance qu’ailleurs dans ces anciennes colonies car il vient… des anciens colonisateurs.
On ne connaît pas l’avis de Mme. Taubira sur les évacuations sanitaires qui permettent de transférer dans les hôpitaux métropolitains les malades de la Covid de ces départements exotiques où les hôpitaux sont débordés, ni sur les renforts de soignants envoyés dans ces territoires depuis l’ancienne puissance coloniale !
Pourquoi cette femme brillante, excellente oratrice, férue de l’histoire des peuples colonisés, rouée au contact de la politicaillerie franchouillarde, ne s’en laissant pas compter par les journalistes de plateaux télévisés ni par les insultes d’une droite conservatrice déchaînée contre elle, a-t-elle abdiqué d’une pensée indépendantiste positive qui constituait une vraie révolution idéologique et un avenir souhaitable pour les DOM au profit d’engagements victimaires ressassant un passé révolu ?
C’est le syndrome des DOM-TOM, on voudrait se débarrasser de tout lien avec l’ancien colon et faire payer ses péchés originels à ses descendants. On préfère mariner dans le ressentiment plutôt que d’assurer les incertitudes de la liberté et de la responsabilité. Christiane Taubira illustre jusqu’à l’excès cet inextricable contradiction, bien installée à… Paris.
Et les doutes des guyanais sur le vaccin contre le coronavirus sont toujours aigus !
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Un polémiste de rencontre
L’actualité politique du jour est monopolisée par un polémiste de plateaux télévisés et de succès populaires en librairie qui laisse planer le doute sur son éventuelle candidature à l’élection présidentielle française d’avril 2022. Adorateur de Napoléon, obsédé par les effets délétères de l’immigration sur la société française dont il fait l’alpha et l’oméga de sa pensée, historien cultivé pour rassurer les bourgeois, muet sur les questions économiques pour inquiéter les bobos qu’il exècre, il aime provoquer avec des idées radicales de droite inapplicables en l’état (stopper l’immigration, expulser tous les prisonniers étrangers, sortir de la convention européenne des droits de l’homme…), histrion médiatique, il critique tout et tout le monde en assénant des simplismes idéologiques qu’adore une Mme. Michu conservatrice.
Le garçon performait sur les médias Bolloré dont il était un très bon client, gage d’audience et de publicité rémunératrice, lorsque le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) décida d’imposer aux médias qui l’hébergent de compter son temps de parole comme celui d’un candidat à l’élection et non plus celui d’un chroniqueur. Cela a évidemment bouleversé les business plans des capitaines d’industrie qui détiennent ces médias qui, du coup, ont fait sortir Éric Zemmour par la porte des polémistes pour le faire rentrer par la fenêtre des candidats. Désormais, au lieu d’être concentré sur Télé-Bolloré, il apparaît sur l’ensemble du champ médiatique en tant que candidat « bon client ». Son audience explose et toutes les chaînes parlent de lui diffusant de façon quasi-permanente ses interventions de campagne et ouvrant leurs micros à leurs « experts » en sondage qui radotent les mêmes consternantes analyses sur le personnage dont on ne sait toujours pas s’il concrétisera ou pas son projet électoral. Il n’a bien entendu pas de programme de gouvernement mais uniquement quelques slogans, ce qui suffit aujourd’hui pour se faire élire.
On a du mal à l’imaginer aux commandes de la République tant son inexpérience est abyssale, mais qui sait. S’il était élu il serait sans doute suffisamment intelligent pour s’entourer des compétences nécessaires pour combler ses immenses lacunes. Pas sûr cependant qu’il accepterait d’adapter ses idées radicales s’il était confronté à la difficile réalité tant son ego en très forte croissance pourrait l’aveugler.
En principe les partis politiques classiques devraient l’absorber et le digérer pour, éventuellement, le transformer en conseiller du Prince si la droite conservatrice l’emportait, mais en ce XXIème siècle où nos démocraties glorifient les slogans plutôt que la réflexion, les provocateurs plutôt que les modérés, le fouteballe plutôt que la philosophie, rien n’est exclu et l’élection d’un Zemmour est possible comme l’a été celle de Trump aux Etats-Unis d’Amérique.
On a les dirigeants que l’on mérite : vous aimez Zemmour ? Eh bien il suffit de voter pour lui !
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L’automne des poètes
rue Francoeur Paris XVIII -
Une politique qui marche
Circuler à Paris en automobile ou en deux-roues motorisés devient un cauchemar. Les voies de circulation sont drastiquement rétrécies pour laisser la place à l’installation de pistes cyclables, de plus en plus de rues sont mises en sens unique pour les véhicules polluants pour laisser l’autre file aux vélos ou aux terrasses de café, des caméras automatiques font pleuvoir les amendes comme à Gravelotte, se garer devient impossible, résultat : la ville est congestionnée toute la sainte journée. C’est l’objectif : passer en force et imposer l’abandon des véhicules thermiques par découragement de l’adversaire.
Et ça marche, les bobos découvrent maintenant les joies du Vélib qui ont leur propre code de la route, ne respectent aucuns feux rouges, peuvent s’enquiller les sens uniques sans vergogne et rouler sur les trottoirs sans crainte de se faire verbaliser…
L’avenir dira si l’application de ces méthodes autoritaires donne des résultats probants en matière de pollution et de fluidité des transports. Paris est une vieille ville, conçue ni pour les autos ni pour les vélos ; compter sur la bonne volonté de ses habitants pour améliorer la situation est un leurre comme l’ont confirmé ces dernières années, l’imposer par la force est le choix qui a été fait. Dans un pays comme la France peuplée de « gaulois réfractaires » il n’y a hélas guère de juste milieu et en tout cas aucun consensus possible !
Lire aussi : https://rehve.fr/2021/09/la-complainte-du-bobo-a-velo-dans-paris/
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Bienvenue à la Russie de retour au Mali
Junte malienne après le coup d’Etat d’août 2020 Un dirigeant civil malien s’est lamenté ce 25 septembre contre la France à la tribune de l’ONU à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de cette organisation multilatérale :
« La nouvelle situation née de la fin de l’opération “Barkhane”, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autres partenaires »
Dans les couloirs la délégation russe se frotte les mains puisque « les voies et moyens » qui sont évoqués dans cette déclaration concerneraient la société paramilitaire russe plus ou moins privée Wagner. La roue tourne et revient à son point de départ. Le Mali nouvellement indépendant des années 1960 était l’ami « non aligné » de l’Union soviétique et il revient à ses premières amours.
Paris, qui vient d’annoncer le 52ème soldat français tué en opération sur le terrain s’émeut de ces accusations qualifiées « d’indécentes » et « d’inacceptables » par sa ministre de la défense, ajoutant qu’elles reviennent à « s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français ».
Oui la ministre a raison d’être choquée mais elle a tort de faire une déclaration de circonstance plutôt que d’agir. Les relations franco-africaines sont d’ailleurs régulièrement marquées par ce genre de saillies et il est vain d’attendre la moindre reconnaissance de ces pays à l’égard de l’ex-puissance coloniale qui est systématiquement rendue responsable de tous les maux de ses anciennes colonies, même 60 ans plus tard. Attitude d’ailleurs relayée dans l’hexagone par le discours « décolonialiste » défendu par une partie de l’intelligentsia germanopratine.
Si le Mali, comme la Centrafrique, revient dans le giron de Moscou, c’est une bonne nouvelle pour la France qui pourra donc s’en dégager, épargner et rapatrier ses militaires et réaliser des économies budgétaires significatives. Ce sera aussi très certainement un gage d’efficacité car les troupes russes, d’autant plus si elles sont « privées », utilisent des méthodes de guerre plus « directes » que celles des militaires occidentaux.
En 2012, le président malien a fait appel à la France pour stopper l’avance des militaires religieux en route pour Bamako ce qui a déclenché une opération dont il faut maintenant se dégager au plus vite. En 2021, le Mali fait appel à la Russie, laissons désormais faire les choses comme elles doivent se passer.
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Rupture des contrats
2015 : la France annule le contrat de construction et fourniture de bâtiments de projection et de commandement (BPC) à la Russie en rétorsion à l’annexion de la Crimée par Moscou. Le client, la Russie, explique que la non-livraison des PBC n’aura que peu de conséquences sur sa capacité de défense. « Pour nous, ce n’est pas critique. On survivra ! » déclare alors le président Poutine. Les clauses contractuelles de rupture ont été appliquées et la Russie a été indemnisée en conséquence. La France a ensuite revendu les deux bâtiments à l’Egypte sans que l’on ne sache vraiment si et comment ils ont été payés.
2021 : la France apprend que l’Australie annule le contrat de construction et fourniture d’une dizaine de sous-marins à propulsion non-nucléaire. Cambera a changé d’avis et opté pour l’achat de sous-marins à propulsion nucléaire à fournir par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Immédiatement Paris monte sur ses grands chevaux, rappelle une tripotée d’ambassadeurs, lâche ses ministres sur les médias et transforme cet aléa commercial en affaire politique considérable.
En réalité ce qui est le plus étonnant dans cette situation c’est que l’Australie ait signé ce contrat de fourniture d’armement en 2012 alors qu’en cas de troubles guerriers dans la zone pacifique, ce n’est pas la France qui viendrait défendre l’Australie mais bien plus probablement les Etats-Unis. Malgré ses dires et la possession de quelques confettis coloniaux dans l’océan Pacifique (dont la Nouvelle Calédonie est d’ailleurs en voie de décolonisation…), la France n’est pas une puissance « Indopacifique ». Elle est très loin d’avoir les sous, les effectifs ou le matériel nécessaires, bref, la puissance qu’il faudrait déployer en cas de conflit pour projeter des forces militaires dans cet océan lointain et immense.
L’annulation du contrat est évidemment une mauvaise nouvelle industrielle et commerciale pour l’hexagone mais le problème ne se résoudra pas par des aboiements médiatiques ni des rappels temporaires d’ambassadeurs. Il vaudrait mieux, comme la Russie en 2015, appliquer les clauses de rupture prévues au contrat, voire réclamer un peu plus, comme des compensations industrielles, les entreprises françaises pourraient par exemple fabriquer en sous-traitance des matériels dans le nouveau contrat entre l’Australie et les Etats-Unis. Mais il est toujours plus efficace de mener de telles négociations dans la discrétion, exactement comme l’a fait Moscou en 2015 avec Paris.
Quand la France cessera-t-elle de se prendre pour le centre du Monde ? Mais quand Paris en rabaissera-t-il de son égo surdimensionné ?
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Une évacuation rondement menée
Les journalistes et les « experts » de plateaux télévisés continuent à qualifier de « désastre » l’opération d’évacuation d’Afghanistan des derniers militaires occidentaux qui s’y trouvaient et d’une partie des Afghans qui le souhaitaient. En réalité cette opération mériterait plutôt d’être reconnue comme un succès logistique. Ce sont en effet environ 120 000 personnes qui ont été évacuées via des rotations d’avions militaires et civils dans un environnement hostile, tellement hostile d’ailleurs qu’un attentat religieux a fait une centaine de morts sur l’aéroport dont une dizaine de soldats américains chargés du contrôle des foules qui étaient massées la en espérant atteindre un avion pour fuir leur pays.
Les pleureuses de plateaux télévisés s’émeuvent de la défaite militaire et politique occidentale dans ce pays d’Extrême-Orient qui blesse leur égo de polémistes nombrilistes au point de les aveugler sur la réussite technique de l’opération logistique que fut cette évacuation. Evidement tous les nombreux Afghans qui souhaitaient quitter leur pays après le retour d’un pouvoir religieux fort n’ont pas pu être emmenés mais c’est hélas le lot habituel de ce genre de reddition. Celle des occidentaux en Afghanistan n’a guère différé sur ce point de celles du Vietnam ou d’Algérie.
On peut bien entendu parler de défaite lorsque l’on voit les occidentaux remettre les clés du pays aux Talibans vingt ans après y être entrés pour les en chasser, de désastre lorsque l’on assiste au retour en force de coutumes d’un autre âge, de tristesse lorsque l’on pense que tous les efforts de promotion de la démocratie auront été probablement vains avec le retour de ce pouvoir religieux… mais l’évacuation de 120 000 personnes militaires et civiles fut une opération couronnée de succès.
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« Vivian Maier » au Musée du Luxembourg
Le musée du Luxembourg expose Vivian Maier (1926-2009), photographe américaine qui, sa vie durant, a photographié la vie quotidienne de rue à New-York puis Chicago, principalement durant les années 1950/1960 dans une Amérique conquérante. Cela donne de superbes instantanés pris sur le vif. On voit l’œil de l’artiste-photographe, les clichés ont tous les attraits du naturel mais sont merveilleusement réfléchis. Vivian Maier avait l’habitude de filmer en Super-8 les scènes sur lesquelles elle prenait ensuite ses photos. Certains de ces films sont diffusés dans l’exposition. Les photos sont très majoritairement en noir-et-blanc, la couleur n’apparaissant qu’à la fin de son œuvre.
Le plus extraordinaire dans la vie de cette artiste fut qu’elle était gouvernante d’enfants et photographe seulement « amatrice ». Elle vécut une vie modeste et connut quelques difficultés financières au temps de sa vieillesse où elle fut aidée par les frères Gensburg qu’elle avait gardé durant 17 ans et qui lui restèrent fidèles. Ses négatifs (150 000 images) étaient déposés dans un garde-meubles dont elle avait du mal à payer les factures. Ils furent mis en vente par son créancier et c’est à ce moment en 2007, deux ans avant sa mort, qu’elle obtint une reconnaissance après les publications de ses photos sur Internet.
Une très belle exposition de photos de la rue américaine, spécialement pour ceux qui se retrouve dans cette époque du début post guerres-mondiales, celle du rêve américain !
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Sandrine Rousseau jargonne
Sandrine Rousseau se révèle : candidate à la candidature écologique aux élections présidentielle de 2022, elle assène un discours « woke » dans lequel elle développe les thèmes classiques de « l’intersectionnalité » qui veut que les minorités de couleurs désormais qualifiées de « racialisées », les minorités sexuelles « LGBTQIA+ » et les minorités féministes sont martyrisées depuis des siècles par une majorité « blanche » hétérosexuelle dont les lointains ancêtres ont colonisé les zones d’origine des « racialisés » et transformé en esclaves les populations qui y séjournaient.
Mme. Rousseau a expliqué à la télévision lors d’une joute avec son collègue écologiste Jadot que son compagnon était « déconstruit » et qu’elle s’en portait très bien. Si l’on comprend bien, le « déconstruit » est celui qui accepte de se remettre en cause et de reconnaître sa responsabilité dans le sort des minorités précitées.
Lire aussi : https://rehve.fr/2020/08/jargonnage-feministe/
Tout ce gloubi-boulga idéologique, plus ou moins inspiré par la philosophie française post soixante-huitarde développée par Derrida, Foucault et autres, est servi sur les chaînes d’information et dans des messages Twitter en 280 caractères. On ne sait pas bien si le spectateur moyen y comprend grand-chose mais on s’aperçoit dans les conversations de Café du Commerce que le sujet devient générationnel : les jeunes endossent assez facilement le discours victimaire de ces minorités quand les seniors sont quand même étonnés du succès rencontré par ces idées. Sans doute la jeunesse d’aujourd’hui estime qu’elle n’est pas responsable des tourments infligés aux minorités et qu’elle peut donc être solidaire de ceux qui en ont souffert ? Elle fait preuve d’optimisme car pas plus que les sexa n’ont participé à l’esclavagisme ni à la colonisation, les descendants de ceux qui ont subi ces fléaux leur demandent de rendre des comptes, y compris financiers, et ils continueront à le demander aux générations qui suivent. L’avenir dira si ce courant idéologique imprime sur la majorité de la population française ou s’il passe comme l’eau coule sur les plumes d’un canard.
En attendant, la bonne nouvelle est que Mme. Rousseau dont le compagnon est « déconstruit » a précisé qu’elle s’en porte très bien !
Lire aussi : https://rehve.fr/2021/02/debats-franchouillards-oiseux-sur-lislamogauchisme/
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Manuel Valls touche le fond
De plus en plus affligeant : Manuel Valls, franco-espagnol, ancien député français, ancien maire français, ancien conseiller municipal espagnol de la ville de Barcelone, démissionnaire compulsif de tous ces postes, 1 million de followers sur Twitter, retiré de la vie politique française, le voici maintenant retiré de la vie politique espagnol venant publier des livres en France dont il fait la promotion chez… Cyril Hanouna, consternant racoleur télévisuel aux 6 millions de followers sur Twitter.
Quelle tristesse de voir un homme politique, qui n’a pas démérité par ailleurs, se commettre dans de telles émissions, attirer par les illusions de gloriole de plateaux télévisés. Si la « politique lui manque » comme l’affiche la manchette du tweet en photo le mieux aurait été de rester député français ou conseiller municipal espagnol plutôt que de squatter les médias français pour vendre son livre « Pas une goutte de sang français ». C’est une histoire d’égo surdimensionné qui n’arrive pas à tourner la page ni à admettre que le peuple français ne l’attend plus car il est passé à autre chose. Comme son ami et président de l’époque François Hollande, il espère encore être rappelé après sa fuite… On dirait un amoureux qui a quitté sa fiancée et se roule à ses pieds pour revenir dans ses bras. Cela manque pour le moins d’élégance et de noblesse !
Lire aussi : https://rehve.fr/2021/08/manuel-valls-un-peu-pathetique/
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La complainte du bobo à vélo dans Paris
Tout fringuant, le bobo parisien habitant dans le sud de la ville se lève ce matin à une heure matutinale pour rejoindre son rendez-vous de 11h dans le quartier de l’Opéra. Habitué aux aléas des « Vélib » il part à 10h pour être certain de trouver un deux-roues disponible en à peu près bon état près de chez lui. Il lui fallut tout de même fréquenter trois stations différentes et tester cinq vélos avant de pouvoir commencer à pédaler. Les stations dans ce quartier périphérique sont quasiment vides à cette heure de la matinée et les quelques deux-roues qui y sont stationnés ne sont généralement pas très reluisants.
A 10h25, le bobo se met à pédaler, tranquille de pouvoir arriver à l’Opéra dans les délais et il atteint sa destination 30 mn plus tard après un sympathique pédalage au frais soleil qui inonde la capitale.
Mais évidemment, toutes les stations au centre de Paris sont pleines et notre vaillant cycliste ne trouve qu’une place libre pas trop éloignée de sa destination. Bien sûr, le matin les flux de cyclistes vont plutôt de l’extérieur vers les quartiers centraux (de bureaux), et l’inverse le soir. Mais, hélas, hélas, hélas, cette place miraculeuse est inoccupée car le système permettant d’y parquer le véhicule et de stopper le compteur de la course ne fonctionne pas.
Il est 11h05, pas d’autre place disponible, le bobo se résout à appeler le helpdesk Velib pour faire arrêter sa course et le compteur malgré la défaillance du parking. Le disque habituel retentit dans son téléphone ânonnant d’une voix horripilante : « votre temps d’attente est estimé à quatre minutes »…
Il est 11h10, au bout du délai annoncé une opératrice entre en scène et demande au bobo s’il a accès à Internet pour lui envoyer un lien permettant d’ouvrir une aide vidéo à distance. Premier essai, la 4G est faiblarde, le lien ne fonctionne pas, deuxième essai, la 4G toujours souffreteuse permet d’ouvrir le lien mais cette fois-ci c’est le téléphone qui bloque l’ouverture de l’application. Renonçant à un troisième essai, le bobo implore l’opératrice de trouver un autre canal pour stopper le compteur de la course, ce qu’elle fait contre l’engagement de celui-ci de prendre et d’envoyer deux photos prouvant que le vélocipède a bien été rangé dans la station annoncée.
11h15, la procédure est exécutée et l’opératrice propose au bobo légèrement tendu de répondre à un petit sondage sur la qualité de son intervention… Elle essuie un refus poli.
11h20, le bobo arrive à son rendez-vous avec 20mn de retard malgré son départ de chez lui à 10h.
La morale de l’histoire est que lorsque vous avez un rendez-vous rigide à tenir pendant la journée, même dans Paris intramuros, soit il faut partir deux heures avant de chez vous, soit prendre le métro. Il sera toujours temps de faire le retour en « Velib ».
Comme on le dit de l’aviation privée dans les aéroclubs : le « Vélib », un moyen de transport rapide pour gens qui ont le temps !
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Une campagne présidentielle qui promet
La campagne pour les élections présidentielles d’avril 2022 est lancée et on peut craindre qu’elle ne soit au niveau des précédentes, c’est-à-dire plutôt affligeante. La multitude des candidats potentiels de l’extrême gauche à l’extrême droite les pousse à multiplier les promesses démagogiques et, pour ceux qui sont aux commandes, à accélérer les dépenses tout aussi démagogiques.
Kiro/Le Canard Enchaîné (19/05/2021) Le pouvoir, lui, continue à distribuer les sous pour tenter de calmer la colère populaire. Le « nouveau monde » a rejoint l’ancien en abandonnant toute idée de retour à l’équilibre budgétaire et la modération du train de vie de l’Etat. L’argent « magique » a décérébré même les plus rigoureux. Tout cela se paiera un jour !
Valérie Pécresse annonce son intention de réunir une « conférence avec les partenaires sociaux pour augmenter les salaires nets sans que cela ne coute plus cher aux entreprises ».
Lire aussi : https://rehve.fr/2021/08/valerie-pecresse-a-des-idees/
Mougey/Le Canard Enchaîné (15/09/2021) Anne Hidalgo propose de doubler les salaires des enseignants sur la durée du quinquennat.
Le pouvoir, lui, continue à distribuer les sous pour tenter de calmer la colère populaire. Le « nouveau monde » a rejoint l’ancien en abandonnant toute idée de retour à l’équilibre budgétaire et la modération du train de vie de l’Etat. L’argent « magique » a décérébré même les plus rigoureux. Tout cela se paiera un jour et les impôts ont d’ailleurs déjà commencé à augmenter !
Lire aussi : https://rehve.fr/2020/05/et-hop-une-premiere-augmentation-dimpot-a-lhorizon/
Il y a quelques années une tentative avait été faite d’introduire dans la constitution une « règle d’or » interdisant un budget des finances publiques en déficit. Cette mesure n’avait évidemment pas été adoptée tant la France est dépensière quelle que soit la couleur politique au pouvoir. Rappelons que le dernier budget de l’Etat équilibré (c’est-à-dire que les dépenses sont égales aux recettes, voire inférieures) date de 1974, date à laquelle le président Macron n’était pas encore né.
On pourrait peut-être essayer maintenant de constitutionaliser une « règle d’intelligence » forçant tout dirigeant ou candidat promettant d’augmenter une dépense « x » d’expliquer par quelle baisse de dépense « y » il compensera le coût de son annonce.
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Paul Valéry à Sète
Tombe de Paul Valéry au cimetière marin de Sète Epitaphe
O récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux