WEST Morris, ‘L’ambassadeur’.

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Sortie : 1965, Chez : Librairie Plon.

L’histoire à peine romancée d’un ambassadeur des Etats-Unis au Vietnam à l’époque du président Diem (chrétien, il porte le nom de Cung dans le roman) que ses généraux (bouddhistes), appuyés semble-t-il par les forces américaines obscures, vont déposer et tuer. Il sera remplacé par une junte militaire qui n’évitera pas la reconquête du Vietnam du Sud par les troupes communistes du Nord, ni la retraite politique et militaire américaine. L’ambassadeur ainsi peint est Henry Cabot Lodge.

Outre les sales histoires de barbouzes et de supplétifs, inévitables dans ce genre de situation néocoloniale, M. West dresse la tableau des états d’âme d’un diplomate poussé à recommander et appliquer des solutions politiques avec lesquelles il n’est pas forcément d’accord et qui peuvent déclencher des cataclysmes et des morts. On peut imaginer que, comme dans le roman, la main de M. Cabot Lodge ait tremblé au moment de prendre les décisions, ou peut-être pas…

En quelques chapitres bien sentis il ébauche aussi l’impossible réconciliation entre l’Orient et l’Occident et l’inanité à vouloir imposer de l’extérieur des principes et des stratégies à des peuples qui n’en veulent pas, ou qui ne les comprennent pas forcément.

Diem a été assassiné en 1963, le roman a été publié en 1965, évidemment le lecteur d’aujourd’hui connaît la suite de l’histoire qui ne fut pas en faveur des Etats-Unis obligés de se retirer du pays en 1973 après y avoir laissé 50 000 morts dans une guerre qui en fit probablement 1,5 millions chez les vietnamiens. La partition du pays en Nord communiste et Sud libéral ne tint que jusqu’en 1975 date à laquelle le Vietnam fut réunifié par la force sous la bannière communiste.

Malgré tout, l’engagement occidental (majoritairement américain) a endigué la progression du communisme en Asie, puis, plus tard, sur le reste de la planète. Quelque-part, dans les coulisses du pouvoir américain, des présidents se sont succédés à la Maison-Blanche et ont décidé ce que devait être la raison d’Etat, même au prix de guerres dévastatrices. Aujourd’hui, le Vietnam et la Chine n’ont plus de communiste que le patronyme de leur parti unique. De façon inattendue, la retraite politique et militaire des Etats-Unis n’a pas empêché les pays vainqueurs, le Vietnam mais aussi la Chine et la Russie, d’adopter rapidement et sans vergogne les grandes lignes du système capitaliste mais sous leur propre souveraineté. C’est la morale de cette triste histoire.