Un chef terroriste-religieux tué en Syrie par l’armée américaine

Honoré (Charlie Hebdo – 2015)

Les Etats-Unis, par la voix de leur président ont annoncé avoir tué le chef du groupe terroriste Etat islamique M. Al Bagdhadi, calife auto-proclamé de ce proto-état, au nord-est de la Syrie où il se cachait. L’information reste à être documentée mais elle est probablement vraie. L’évènement est de taille compte tenu de la responsabilité de l’impétrant mais ne va sans doute pas changer la diffusion de l’idéologie religieuse mortifère de ce groupe.

M. Ben Laden chef du groupe Al Qaïda fut un précurseur dans les meurtres de masse avec le premier attentat « mondialisé » en septembre 2001. Il a dirigé des avions de ligne qui se sont écrasés contre les tours jumelles à New-York et le pentagone à Washington, il y eut plus de 3 000 morts et la prise de conscience en occident de la puissance de ces mouvements religieux capables de susciter un tel acte qui a provoqué la sidération dans les pays occidentaux et, parfois, quelques soutiens dans certains pays orientaux. Ben Laden fut également tué par l’armée américaine en 2011.

Bagdhadi a surmonté Ben Laden au niveau de l’idéologie en réussissant à lancer ses troupes dans des actions d’une barbarie rarement égalée : égorgements de prisonniers, d’autres brûlés vifs, tortures diverses, attentats aveugles en Orient comme en Occident, rétablissement de l’esclavage (voir le sort des yézidis), négoce d’êtres humains (on vend les femmes), implication des enfants (les « lionceaux du califat ») dans des actions terroristes et même des meurtres ; toutes ces joyeusetés au nom de Dieu et en direct sur Youtube et les réseaux dits sociaux.

Bagdhadi a également « enrichi » le recrutement de son mouvement avec un flux significatif de terroristes venus des pays occidentaux pour participer, parfois de façon très active, à ces actions meurtrières mondialisées. La France n’est pas en reste dans l’alimentation de ces flux avec une population de jeunes issus de l’immigration, ressassant un mélange de frustrations en lien avec le racisme dont ils sont victimes, la colonisation affrontée par leurs ancêtres, la précarité de leurs situations économiques et la religion qui les anime, croyant se réaliser en allant en famille s’associer à un environnement religieux et terroriste. Encore plus étonnant, le groupe Etat islamique a su attirer dans ses rets des jeunes français de bonnes familles catholiques, pas particulièrement défavorisées, dont les enfants se sont convertis à l’islam puis ont émigré vers la Syrie ou l’Iraq, parfois avec femmes, enfants et parents. Ce fut un des grands « succès » de la stratégie de ce mouvement dont Bagdhadi fut le chef (le calife) et, sans doute, le guide.

Encore pire, Bagdhadi a inoculé de virus du terrorisme religieux au sein même des sociétés occidentales, d’où les attentats réguliers menés par ces fameuses « cellules dormantes » comme celui contre la préfecture de police de Paris au début du mois (5 morts dont le terroriste français). Et il y en aura sûrement d’autres.

Le groupe Etat islamique a été forcé de rendre les territoires en Syrie et en Iraq sur lesquels il régnait. Beaucoup de ses combattants sont morts. Les pays occidentaux doivent maintenant se dépatouiller avec leurs citoyens survivants et leurs familles qui, souvent, au moins pour les français, ont l’air de vouloir revenir en France ce qui ne déclenche pas vraiment l’enthousiasme ni des dirigeants ni de l’opinion publique.

La mort du « calife » est une victoire militaire des forces anti-Etat islamique mais qui ne va certainement pas stopper pour autant ce terrorisme religieux qui ronge le Proche et Moyen-Orient ainsi que les pays occidentaux. C’est un mouvement profondément ancré qui prendra des générations avant de s’arrêter. Le temps de faire comprendre à tous ces enfants perdus qu’ils ont aussi à gagner en investissant, non seulement dans le dogme, mais aussi dans la raison et l’intelligence…