L’impréparation et le déni de nos dirigeants vont nous coûter bien plus cher qu’un stock de masques et des équipements hospitaliers décents pour faire face à la pandémie.
Mme. Michu au Café du commerce
Comme à son habitude Mme. Michu rouspète et rabâche ses plaintes en boucle au Café du commerce entre deux ballons de blanc sec. Elle est largement relayée par les « experts » de plateaux télévisés qui ont fait du sujet « masque » l’une de leurs polémiques favorites après avoir raillé et ironisé il y dix ans la constitution de stocks de vaccins et, déjà, de masques lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009. Ces stocks n’avaient finalement pas été utilisés puis avaient été très significativement réduits et la responsabilité de leur détention partagée entre l’Etat et les établissements hospitaliers.
A la question « serait-il préférable d’avoir un stock de masques plus important aujourd’hui » la réponse est évidemment oui, non seulement à Paris, mais dans tous les pays qui sont en chasse de volumes considérables de ces fameux masques dont la planète manque cruellement. A la question « faudra-t-il adapter le système de santé à ces risques épidémiques, ou en tout cas à certains d’entre eux », la réponse est évidemment oui en choisissant le niveau de risque que l’on veut couvrir. A la question « qui va payer », la réponse est évidemment : M. et Mme. Michu !
Plutôt que le pitoyable bal des pleureuses donné en spectacle sur les plateaux télévisés et au Café du commerce, le mieux est que toute cette énergie perdue soit consacrée à soutenir notre pays qui lutte contre cette maladie, pas plus mal que certains et bien mieux que beaucoup. On n’a pas assez de masques, eh bien les chaînes logistiques sont sur le terrain pour améliorer l’approvisionnement. Notre système de santé est dimensionné pour 5 000 lits de réanimation et ce n’est pas assez, eh bien le corps médical a réussi à faire passer l’offre à 10 000 lits en quelques semaines. Certaines régions sont dramatiquement touchées, eh bien on transfère dans d’autres villes des patients à coups de trains à grande vitesse transformés en ambulances, d’hélicoptères transformés en tapis volants. On a dû fermer les écoles et les universités, eh bien on a recyclé l’enseignement dans le cloud… etc.
Est-ce que tout ceci est 100% satisfaisant : non bien sûr. Est-ce que l’on ne se porterait pas mieux si le virus était resté en Chine : bien sûr que oui. Alors arrêtons de geindre, cessons de critiquer, gelons les polémiques, admirons ce qui fonctionne, soutenons les premières lignes, appliquons les recommandations. Bref, soyons moins franchouillards et plus efficaces, Mme. Michu y compris.