Khieu Sampan, le dernier acte

Le tribunal spécial chargé de juger les Khmers rouges a confirmé en appel la condamnation de Khieu Sampan à une deuxième peine de prison à perpétuité, cette fois-ci pour génocide et crimes contre l’humanité (meurtres, mise en esclavage, mariages forcés, viols). La première condamnation reposait sur des crimes contre l’humanité commis lors de l’évacuation forcée de Phnom Penh. Agé aujourd’hui de 91 ans, il est probablement le dernier survivant de la caste maoïste qui a conduit le génocide au Cambodge de 1976 à 1979 qui a assassiné près de deux millions de citoyens.

Formé dans les universités françaises à la fin des années 1950, il était chez de l’Etat cambodgien durant les années « Khmers rouges ». Compagnon de route du Parti communiste français et des militants anticolonialistes, notamment Jacques Vergès qui le défendra lors de son premier procès au Cambodge, il a mis en pratique lorsqu’il était au pouvoir les concepts économiques qu’il avait soutenu dans sa thèse parisienne. Le résultat fut l’extermination de 20% de la population cambodgienne.

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La France, ancienne puissance coloniale du Cambodge, gérant ses propres contradictions dans cette histoire morbide, s’est impliquée dans le déroulement des procès. Son ambassade au Cambodge a publié un communiqué :

Condamnation de l’ancien dirigeant khmer rouge Khieu Samphân (22 septembre 2022)

Déclaration de la porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères

La Chambre de la Cour suprême des Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux cambodgiens a confirmé ce jour, en appel, la condamnation de l’ancien dirigeant khmer rouge Khieu Samphân à la réclusion criminelle à perpétuité pour génocide, crimes contre l’humanité et violations graves aux conventions de Genève.

La France salue cette décision. Elle soutient les Chambres extraordinaires depuis leur établissement en 2006. Les travaux de ces Chambres ont contribué à la consolidation de la paix et de l’État de droit au Cambodge, dans la continuité du processus ouvert par les accords de paix signés à Paris en 1991.

La décision prononcée ce jour, qui marque l’achèvement des travaux judiciaires des Chambres, constitue une étape majeure. À travers la préservation et la valorisation des archives des Chambres, les autorités cambodgiennes pourront favoriser la transmission de la mémoire du génocide à toutes les générations du peuple cambodgien. La France se tient prête à soutenir ces objectifs et rappelle son engagement déterminé en faveur de la justice et de la réconciliation.

Réunion du Groupe des amis des Chambres extraordinaires au sein des Tribunaux cambodgiens

La France, co-présidente avec le Japon du Groupe des amis des Chambres extraordinaires (CETC), a organisé le 21 septembre 2022 une réunion du Groupe en présence de M. Stephen D. Mathias, Sous-Secrétaire Général des Nations Unies aux Affaires Juridiques, de représentants de l’administration des CETC et du Gouvernement royal du Cambodge. Ils ont échangé sur les dernières activités du Tribunal khmer rouge, la situation budgétaire et la transition vers les fonctions résiduelles des CETC.

La réunion s’est tenue à la veille du prononcé de l’arrêt en appel dans l’affaire 002/02 contre Khieu Samphân, la dernière affaire pendante devant la Chambre de la Cour suprême des CETC. Le Groupe des Amis des CETC, pleinement engagé dans la lutte pour la justice et contre l’impunité, a rappelé son soutien et les efforts considérables déployés par de nombreuses parties prenantes depuis le début des activités des CETC en 2006. Il espère que l’importance et l’héritage des CETC seront transmis à la prochaine génération.

Dernière modification : 23/09/2022

https://kh.ambafrance.org/Condamnation-de-l-ancien-dirigeant-khmer-rouge-Khieu-Samphan-22-septembre-2022

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