Le discours de Jean Jaurès sur l’Arménie en 1896

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En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens (à majorité chrétienne) sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre les arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie.

En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie. Ces trois pays auraient pu entrer en guerre contre l’empire Ottoman ce qui aurait peut-être empêché le génocide arménien de 1915, ou peut-être pas…

Plus fondamentalement cet article vieux de 130 ans posait déjà la question de la guerre préventive pour éviter une guerre plus grave. L’Histoire a montré que ce concept de guerre préventive a toujours été difficile à mettre en œuvre de façon efficace. Il est aujourd’hui facile de dire que si la France et le Royaume-Uni avaient attaqué l’Allemagne en 1933 (année de l’arrivée au pouvoir d’Hitler), le monde aurait évité les ravages du nazisme. Et ensuite ? Les armées françaises et britanniques auraient de nouveau occupé l’Allemagne quinze années après la fin de la première guerre mondiale ? Imagine-t-on un instant que cette réoccupation aurait été paisible et que les Allemands seraient sagement revenus vers la République de Weimar ? Qui peut véritablement savoir à quoi elle aurait mené ?  La solution aurait-elle été plus saine que le problème ?

Les dirigeants et le parlement d’un pays doivent sans doute s’y reprendre à deux fois avant d’engager leurs nations dans une guerre. En 1870 la France déclare la guerre à la Prusse, les Français sont défaits en quelques mois ce qui soude l’unité allemande et l’empire allemand est fondé par Guillaume 1er dans… la galerie des glaces du Château de Versailles !

En 2003 les Etats-Unis d’Amérique partent en guerre contre l’Irak soupçonné de développer des « armes de destruction massive », accompagnés de quelques alliés. La coalition occidentale mettra plus de huit ans à se sortir du piège irakien qui a transformé tout le Moyen-Orient en poudrière dévasté par le terrorisme et le renouveau religieux. Le dictateur local a certes été arrêté, jugé et pendu, mais le chaos laissé dans la région a été dévastateur et dure encore, portant ses scories dans le monde entier.

En février 2022 la Fédération de Russie envahit à titre préventif l’Ukraine qui la « menaçait ». Elle y est encore et personne ne sait bien comment sortir de ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts de part et d’autre et a des conséquences mondiales désastreuses que nous vivons aujourd’hui.

Déclarer ou entrer dans la guerre est sans doute l’une des décisions politiques les plus dures à prendre, tout particulièrement dans les démocraties qui n’envisagent que rarement de gaîté de cœur d’envoyer leurs enfants au combat ni de plonger leurs pays dans l’incertitude. Elle est bien plus facile à prendre à la tribune ou sur les réseaux dits « sociaux »… La critique est facile mais l’art est difficile. Même M. Jaurès a semblé avoir un peu oublié le dicton.