Plus personne ne sait quoi faire avec l’ile de Mayotte, stupidement élevée au rang de département français en 2010. Pour tenter de contrôler les flux d’immigration en provenance des Comores et d’Afrique de l’Est, le ministre de l’intérieur français lance le projet d’une révision constitutionnelle qui permettrait de réformer, voire révoquer, le droit du sol pour les personnes étrangères naissant sur ce confetti malencontreusement resté français après l’indépendance acquise par l’archipel des Comores, dont Mayotte fait géographiquement et historiquement partie, en 1974. L’ile est maintenant littéralement prise d’assaut par une population immigrée, illégale, souvent mineure, démunie, générant la quasi-paralysie de l’administration et de l’économie, il y a une crise de l’eau et des infrastructures qui ne répondent plus à la demande, sans parler d’une insécurité grandissante.
La droite est en faveur d’une telle révision constitutionnelle, la gauche est contre, l’extrême droite voudrait révoquer le droit du sol pour l’ensemble du territoire français. Il n’est pas sûr qu’une majorité puisse s’entendre sur une telle réforme à court terme. Il est d’ailleurs assez peu probable que même adoptée elle puisse permettre de résoudre le problème. Tant que cette ile restera un abcès de fixation occidental perdu au milieu de l’océan Indien si proche des côtes d’Afrique, de Madagascar et, surtout, des Comores, elle continuera d’attiser les envies de passeport français de tous les citoyens des pays avoisinants qui seront prêts à tout pour tenter de rejoindre Mayotte, à moins peut-être que le Mozambique, la Tanzanie ou les Comores connaissent un développement économique soudain qui pousserait leurs citoyens à ne plus chercher l’exil.
Les élus mahorais et leurs électeurs se retournent vers l’Etat en criant « mais que fait le gouvernement, nous sommes des français comme les autres ? ». Celui-ci envoie des ministres, de l’argent, des bouteilles d’eau minérale et des CRS à l’autre bout du monde, lance des opérations de reconquête du territoire et des idées pour réformer la constitution de la République. Et… le « problème » continue de s’aggraver et l’espoir de s’amenuiser.
En réalité, la seule solution qui vaille serait de suivre les recommandations des Nations Unies et d’ouvrir les négociations avec les Comores pour restituer Mayotte qui fait partie de cet archipel. Chaque année le président Comorien rappelle d’ailleurs à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU la « comorianité » de Mayotte qui a été décolonisée illégalement en 1974. Son gouvernement (dont certains membres ont la double nationalité franco-comorienne) manifeste la plus extrême mauvaise volonté dans sa « coopération » avec la France qui lui demande, contre espèces sonnantes et trébuchantes, de mieux contrôler le départ de ses propres citoyens vers Mayotte.
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Personne en France n’ose aborder l’hypothèse d’une rétrocession mais c’est probablement la seule solution susceptible de stopper le désastre en cours. Sa mise en œuvre demanderait un courage politique inédit mais serait globalement soutenue par la communauté internationale. Ce qui devrait pousser à la décision est de se poser la question : « existe-t-il le moindre espoir que Mayotte puisse un jour se sortir de son pétrin actuel ? », et d’y répondre honnêtement. Toute personne connaissant un peu l’inextricable désastre socio-culturo-historico-économique que représentent les territoires « ultramarins » de la République sait bien qu’il n’y a aucun espoir sérieux que Mayotte s’en sorte, pas plus que les Comores ne cessent un jour de revendiquer cette île qui leur reviendra un jour ou l’autre. Evidemment si Mayotte réintégrait le giron des Comores c’est ensuite l’île de la Réunion qui risquerait d’être la cible de flux d’immigration illégale.
Comme la Nouvelle-Calédonie qui est inscrite sur la liste onusienne des « territoires non autonomes » (https://www.un.org/dppa/decolonization/fr/nsgt#_edn2) et dont la situation est suivie par le « Comté spécial de décolonisation » chargé « d’assurer le suivi de la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (décision 1514 (XV) de l’Assemblée générale) », va retrouver un jour son Indépendance, Mayotte va irrémédiablement suivre aussi cette voie. Ce sera bien sûr un déchirement pour la France. Il faudra prendre en compte le sort des Mahorais français qui ne souhaiteraient devenir comoriens et, sans doute, les rapatrier dans l’hexagone. Ce ne sera pas simple, la route sera longue et semée d’embûches mais ce serait un moindre mal versus garder ce territoire destiné à sombrer toujours plus bas dans un environnement toujours plus hostile.