Comment dépenser des sous sans payer ses dettes

Drapeau_GreeceLe nouveau pouvoir grec veut faire vite et annonce ses mesures pour la reprise des dépense publiques : augmentation du salaire minimum, réembauche des milliers de fonctionnaires licenciés dans le cadre des plans d’économie précédents, arrêt des programmes de privatisation en cours, etc.

Sur le plan politique il clame sa volonté de faire annuler une partie de la dette publique et refuse de parler avec les représentants de la Troïka (Fonds monétaire international + Banque centrale européenne + Commission européenne) qui représente les prêteurs mais est considérée comme le valet de ces créanciers rapaces qui veulent étrangler ce beau pays méditerranéen…

C’est l’éternel discours du gentil débiteur face à ses méchants créanciers. Une fois passés les effets de manche et manifestations d’égos divers et variés, les gens sérieux reprendront le dossier et trouveront bien une solution acceptable pour tous, dont éventuellement la sortie de la Grèce de la zone euro, hypothèse à laquelle il ne faut pas s’interdire de penser.

Nous sommes face à un programme d’ajustement structurel classique comme la communauté financière internationale a eu à en gérer depuis des décennies, du Sénégal à l’Argentine, en passant par la Russie et les pays asiatiques. La France elle-même a fait la manche en 1983 auprès de la Communauté européenne après le désastre financier de la gestion des deux premières années du gouvernement Mauroy.

Un pays a besoin d’argent qu’il ne peut plus se procurer par un accès classique aux marchés financiers, ou alors qu’il peut emprunter mais à des taux d’intérêt très élevé qui ne sont que la conséquence du risque de non remboursement qu’il fait courir à ses prêteurs. Dans le cas de la Grèce, ce risque est avéré puisque les créanciers privés ont dû renoncer à 110 milliards d’euros de dettes en 2012. C’était il n’y a pas si longtemps.

Des dirigeants responsables se réunissent avec des prêteurs anciens et futurs, examinent ensemble ce que peut ou pas le pays défaillant et tout ou partie de la dette stressée (comme disent les anglo-saxons) est annulée ou rééchelonnées, voire les deux à la fois, et arrêtent ensemble l’argent frais (new money comme disent les anglo-saxons) qui peut être mis en place pour financer la survie de l’Etat défaillant.

Dans le cas d’espèce, ce sont les autres Etats européens, donc leurs contribuables-citoyens respectifs, qui sont les prêteurs de la Grèce, ce sont donc eux qui supporteront la charge de la restructuration. Car malgré ce que racontent les démagogues de salons, il y aura bien une charge. La France par exemple a prêté ou garanti 40 milliards qui ont été déboursés en faveur de la Grèce. Elle a donc emprunté elle-même une somme équivalente qu’elle devra bien, elle, rembourser à ses propres prêteurs. Elle devait le faire normalement en y affectant les remboursements venus de la Grèce et si ceux-ci ne viennent pas il faudra bien qu’elle le fasse sur ses propres ressources financières, donc les impôts de ses citoyens-contribuables.

Une autre solution technique est de faire créer des euros par la banque centrale pour rembourser cette dette en monnaie qui se dévaluerait mathématiquement. Ce serait le retour aux déplorables méthodes d’antan et une prime aux mauvais élèves. Les prêteurs y laisseraient des plumes puisque remboursés en monnaie dévaluée, ce qui obèrerait leur confiance et logiquement ferait remonter les taux d’intérêt pour l’ensemble des emprunteurs en euros.

Quel que soit le bout de la lorgnette par lequel on regarde le sujet, une dette non remboursée cause une perte au prêteur, soit directe s’il annule sa créance, soit indirecte s’il est remboursé en monnaie de singe.

C’est ce problème que les dirigeants européens doivent gérer avec la Grèce, si possible en bonne entente.

La gauche radicale au pouvoir en Grèce

Un parti de gauche radicale arrive démocratiquement au pouvoir dans une Grèce usée par la mauvaise gestion et la crise économique. A défaut d’obtenir la majorité absolue au parlement, il s’allie avec un parti de droite mal embouché. C’est un peu comme si Mélanchon, du Parti de gauche, s’alliait en France avec Dupont –Aignan, de Debout la France. En principe, et au regard des modes de fonctionnement habituels de la politique et des égos surdimensionnés qui la peuplent

Tout ce petit monde a été élu sur le thème « demain on rase gratis », nos problèmes c’est la faute à l’Allemagne qui n’a pas payé ses dettes de guerre et à l’Union européenne qui nous a imposé une austérité qui est contre-productive, reprenons la dépense publique et la croissance économique reviendra, ne remboursons pas nos dettes et cela ira encore mieux car ces dettes sont illégitimes et n’ont servi qu’à engraisser de vilains banquiers. Un tel projet électoral a rencontré un franc succès ! Les lendemains risquent de déchanter.

Tous les partis populistes que compte l’Europe approuvent ce discours : Mélanchon en France (extrême gauche), bien sûr, mais aussi le Front national (extrême droite), le Podemos en Espagne, etc. Un immense espoir se lève dans les pays du sud de l’Europe sur le thème : nous aussi nous voulons reprendre la dépense publique et ne pas payer nos dettes.

Hystérie financière etc.

Messieurs les marchés financiers font encore preuve de leur habituelle sérénité et de leur subtile vision du futur. Craignant l’arrivée au pouvoir en Grèce du parti de gauche Syrisa qui affiche clairement sa défiance à l’encontre du plan d’ajustement structurel de leur pays, ils massacrent tous les marchés financiers mondiaux qui s’effondrent.

La victoire électorale de ce parti impliquerait clairement une renégociation rapide de la dette, ce qui n’est pas une surprise puisque depuis la première restructuration de la dette grecque on savait qu’une deuxième serait inévitable, voire une troisième et les suivantes. Il semble que Messieurs les Marchés financiers l’ignoraient. Il va falloir qu’ils améliorent leurs circuits d’information et prennent un abonnement au Parisien ou à Ouest-France.

D’ailleurs, même si ce parti Syrisa n’arrive pas au pouvoir fin janvier, il faudra abandonner une partie de cette dette qui ne pourra pas être remboursée. La première restructuration de 2011 s’était traduite par l’abandon d’environ 100 milliards d’euros par les banques privées, c’est-à-dire, finalement payée par les clients et actionnaires des banques. De nouveaux prêts avaient alors été octroyés par les autres Etats européens, c’est-à-dire par les contribuables communautaires. Cette nouvelle restructuration va maintenant amener les Etats à abandonner une partie de leurs créances, c’est-à-dire que les contribuables non grecques vont faire cadeau aux citoyens grecs de la partie de ces prêts qui devra être annulée. Une solidarité financière qui ne va pas être bien facile à faire admettre aux électeurs concernés.

Quand à Messieurs les marchés financiers le conseil est qu’ils fassent preuve d’un peu plus de self-control. Il y a 95% de chances que cette renégociation se passe entre gens intelligents et de bonne compagnie pour aboutir à un résultat satisfaisant. Evidemment cette annulation de dette se traduira par un appauvrissement européen de ce montant qui aura été vainement prêté mais pas complètement dépensé en pure perte puisque cet argent a fait tourner l’économie grecque, mais au lieu de continuer à tourner, il aura été dépensé une fois et le processus s’arrêtera là.

Il y a toujours quelqu’un qui paye la dette

Les journalistes nunuches à la Stéphane Paoli sur France Inter continuent à gloser sur le sort de la Grèce et échafauder des solutions de café du commerce. Ils constatent que ce pays est surendetté et aura du mal à payer ce qu’il doit à ses créanciers, ils abjurent avec naïveté les gouvernants européens d’abandonner leurs créances mais sans expliquer comment celles-ci seront finalement couvertes ! Car la dette, hélas, est un jeu à sommes nulles, et si la Grèce ne paye pas d’autres vont payer à sa place.

Les 100 milliards d’euros qui ont été annulés par les banques privées vont être payés par leurs actionnaires et bien sûr aussi par leurs consommateurs qui voient les taux de leurs crédits augmenter. Les prêts du Fonds monétaires international et Etats européens à la Grèce s’ils ne sont pas remboursés seront donc payés par les contribuables des pays prêteurs. C’est ainsi. 230 milliards d’euros divisés par 250 millions de citoyens européens cela fait 920 euros par personne, voilà ce que coûterait l’effacement de la dette grecque.

Et puis ce qu’oublie aussi de préciser les nunuches des plateaux médias c’est qu’un créancier une fois qu’il a été planté par son débiteur, va hésiter à prêter de nouveau, évidemment. Les banques privées à qui l’on vient de tordre le bras vont probablement y regarder à deux fois avant de remettre la main à la poche.

La Grèce à la dérive

Finalement il n’y a plus de référendum en Grèce, plus de majorité parlementaire pour le pouvoir en place, plus de sous dans la caisse et quasiment plus de gouvernement. Tout ceci est légèrement inquiétant.

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Catégorisé comme Grèce

Un référendum en Grèce qui de toutes façons n’a plus de sous

La Grèce qui a mis en place de programmes de réduction des dépenses publiques drastiques pour être éligible à des financements européens et multilatéraux et voir sa dette annulée à hauteur de 50% a soudainement décidé de présenter à un référendum populaire la validation de ce plan. Les marchés financiers s’effondrent et les bourses s’affolent. Il est vrai que Messieurs les Marchés sont assez peu habitués à la démocratie, il y a la de quoi les surprendre et les inquiéter, d’autant plus que le citoyen grec légèrement énervé depuis quelques mois devrait logiquement tout envoyer bouler à l’occasion de ce référendum, tout dépendra de la question posée !

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Catégorisé comme Grèce

Ce qui est sûr c’est que les contribuables européens vont payer pour la Grèce

Les sept raisons pour lesquelles les contribuables européens vont payer pour la Grèce, comme les allemands et les pays du Nord payent pour la France et autres pays du Sud qui dépensent plus qu’ils ne gagnent :

1. Nous allons payer parce que nos grands anciens ont créé l’Europe sur des bases de solidarité et de développement économique commun sur les ruines de deux guerres mondiales menées par nos nations européennes prises de folie.

SA MAJESTÉ LE ROI DES BELGES, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE, SON ALTESSE ROYALE LA GRANDE-DUCHESSE DE LUXEMBOURG, SA MAJESTÉ LA REINE DES PAYSBAS
DÉTERMINÉS à établir les fondements d’une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens,
DÉCIDÉS à assurer par une action commune le progrès économique et social de leurs pays en éliminant les barrières qui divisent l’Europe,
ASSIGNANT pour but essentiel à leurs efforts l’amélioration constante des conditions de vie et d’emploi de leurs peuples,
RECONNAISSANT que l’élimination des obstacles existants appelle une action concertée en vue de garantir la stabilité dans l’expansion, l’équilibre dans les échanges et la loyauté dans la concurrence,
SOUCIEUX de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le développement harmonieux en réduisant l’écart entre les différentes régions et le retard des moins favorisées,
DÉSIREUX de contribuer, grâce à une politique commerciale commune, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux,
ENTENDANT confirmer la solidarité qui lie l’Europe et les pays d’outre-mer, et désirant assurer le développement de leur prospérité, conformément aux principes de la charte des Nations unies,
RÉSOLUS à affermir, par la constitution de cet ensemble de ressources, les sauvegardes de la paix et de la liberté, et appelant les autres peuples de l’Europe qui partagent leur idéal à s’associer à leur effort,
DÉTERMINÉS à promouvoir le développement du niveau de connaissance le plus élevé possible pour leurs peuples par un large accès à l’éducation et par la mise à jour permanente des connaissances,

ONT DÉCIDÉ de créer une COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE

Préambule du Traité de Rome de 1957

2. Nous allons payer parce que les évènements politiques (chute du communisme entre autres) ont poussé leurs successeurs a progressivement transformer l’Europe des 6 d’un club de riches en une auberge espagnole où cohabitent maintenant 27 pays qui n’ont plus grand-chose de commun. Les successeurs du Traité de Rome : Acte Unique, Traités de Maastricht, de Nice, etc. ont largement ouvert les portes de l’Europe et de son Union monétaire. C’est ainsi que l’on a réuni dans la zone euro des pays en se basant sur des critères culturels et que désormais les réalités économiques reprennent le dessus.

3. Nous allons payer car des gouvernements de rencontre, comme ceux (successifs) de la France, de la Grèce et d’autres, n’ont pas respecté leurs engagements de gestion budgétaire raisonnable, cédant à la demande de leurs citoyens trop gâtés.

4. Nous allons payer parce que nos économies sont désormais tellement imbriquées que c’est ton intérêt de payer pour éviter les répercussions sur les économies du reste de l’Europe d’un effondrement de la Grèce, comme le contribuable américain a payé de sang et de dollars pour redresser l’Europe après 1945.

5. Nous allons payer car finalement il ne s’agit à ce stade que de problèmes d’argent alors que les générations qui nous ont précédé ont payé la folie des hommes à Verdun et Auschwitz.

6. Nous allons payer en se disant que ce n’est pas grand-chose par rapport à ce que nos enfants, les petits-enfants, et les enfants de nos arrière-petits-enfants vont devoir payer pour rembourser les dettes que nous leur laissons du fait de la mauvaise gestion de nos générations.

7. Nous allons payer parce que nous sommes citoyens d’un pays qui n’a même pas réussi à remettre au taux de TVA normal (19,6%) les entrées dans les parcs d’attraction faisant ainsi passer le ticket de 30 à 34 EUR et que tu seras bien content que des fonds souverains chinois, qatari et autres, viennent t’aider à passer ce mauvais cap, alors il te sera difficile de mégoter ton aide à la Grèce.

Mais nous allons payer en espérant que cette crise qui fait s’enfoncer un peu plus nos vieilles nations dans la décadence déjà bien amorcée en 1914 et 1939 va provoquer un sursaut salvateur qui nous remettra avec modestie et humilité dans le droit chemin du concert des nations et sur l’allée étroite de la rigueur financière et politique.

Le chaos en Grèce

L’Europe est encore à hue et à dia pour cause de dette grecque sans issue pour laquelle on ne sait plus quoi avancer entre restructuration et refinancement. C’est le bal des faux-culs, le marché de la faux-jetonerie ! Tout le monde sait que les revenus du pays ne permettront pas de rembourser les échéances mais il ne faut pas le dire car cela déclencherait un véritable cataclysme que de regarder la réalité en face car du coup des situations similaires sauteraient aux yeux pour la France, l’Espagne et bien d’autres encore. Alors on parle d’évènement de crédit qu’il faut éviter car les agences de notation, dont l’incompétence panurgique n’est plus à démontrer, risqueraient dans un mouvement de panique incontrôlée de mener, pour une fois, une analyse économique cohérente en admettant l’évidence que nos Etats impécunieux ont dépensé sans compter et surtout sans prendre en compte les capacités de remboursement de nos économies, et que les prêteurs ont délié les cordons de leurs bourses sans réfléchir ! Quel besoin avait Athènes de dépenser tant d’argent pour accueillir des jeux olympiques en 2004 ? Quelle utilité a le contribuable français de fiancer la compétition de fouteballe Euro 2016 ?

En fait, l’évènement de crédit, en termes plus compréhensibles : la faillite, peut être évité tant que les contribuables sont tondus sans pitié. Mais dès que le secteur privé des prêteurs est en risque alors la catastrophe se précise. Dans le cas de la Grèce dont la principale qualité n’est sans doute pas la fidélité contributive de ses citoyens aux dépenses du budget de l’Etat, les créditeurs privés sont les banques européennes, françaises notamment, et chinoises désormais, qui ont misé nos petites économies en prêtant à Athènes. Donc si ces banques doivent admettre qu’elles ont perdu une partie de leur mise (donc de nos dépôts) elles vont devoir enregistrer ces pertes, rendre des comptes à leurs clients et leurs actionnaires, voire tomber elles-mêmes en faillite, et surtout, elles vont cesser de prêter à tous ces états décadents et amorcer ainsi le début d’une infernale spirale qui bloquera la confiance entre banques elles-mêmes et grippera le système comme en 2008 après la faillite de la banque Lehman Brothers, crise financière majeure qui n’a pu être résolue que grâce à une générosité additionnelle des contribuables des Etats concernés.

Pour repousser cette triste échéance la communauté internationale continue à tondre les contribuables internationaux (le FMI) et européens (l’Union européenne) puisque le contribuable grecque, espèce rare déjà très peu développée, est carrément en voie de disparition ces derniers temps.

En réalité la trésorerie d’un Etat c’est comme à la maison, on est toujours rattrapé par ses dettes. Quand il y a de l’argent sur le compte on peut faire du shopping, quand il n’y en a plus il faut calmer les dépenses. On peut légèrement repousser cette échéance en prenant un découvert à sa banque mais l’exercice a ses limites. Elles ont été largement dépassées par nos Etats du Sud de l’Europe. A la fin, il faut payer. Ce qui est finalement normal c’est que les citoyens qui ont bénéficié des dépenses (voire poussé leurs gouvernements à dépenser pour des raisons bassement électoralistes) sont finalement ceux qui vont les rembourser. Ce qui est immoral c’est que les prêteurs n’assument que rarement les risques qu’ils prennent et pour la couverture desquels ils perçoivent un taux d’intérêt censé couvrir ce risque. Ils l’ont fait lors de la crise de la dette en Amérique du Sud dans les années 80, ils ne semblent plus disposés à la faire aujourd’hui où les enjeux sont autrement plus gigantesques.

Tout ceci n’est guère brillant.

Désarmante faute de goût en Grèce

Le premier ministre grec demande l’aide européenne sonnante et trébuchante au bord de la Méditerranée. C’est touchant mais signe d’un manque total de psychologie. Faire la manche sur fond de mer bleue et de village néo-classique c’est prendre les mouches allemandes avec du vinaigre méditerranéen. Les allemands sont déjà outragés de devoir payer pour les dépenses incongrues des cigales athéniennes, mais alors leur annoncer le presque défaut de paiement de son pays devant un paysage de rêve, c’est au mieux maladroit, au pire provocateur. Un vieux bureau de l’administration grecque aurait été mieux indiqué.

La Grèce à la recherche de financements

La Grèce pourra finalement faire la manche auprès du FMI et de l’Union européenne si jamais elle ne pouvait plus trouver de sous auprès des marchés financiers internationaux. L’intervention conjointe du FMI et des contribuables européens est adaptée à la situation, permet de répartir la charge et surtout d’introduire une instance multilatérale mieux à même d’imposer des mesures de redressement économique aux pays défaillants.

Les engagements pris par la Grèce en matière de redressement budgétaire sont parfaitement irréalistes et chacun le sait, mais un voile pudique a été jeté sur cet aspect des choses. Des efforts vont être menés et vont dans le bon sens, outre qu’ils indiquent également le chemin à suivre sous peu par d’autres.

L’Allemagne dont les exigences ont retardé l’accord final, est accusée de toutes parts de manquer de solidarité, y compris bien sûr par la France jamais en retard pour faire la morale aux autres. Les allemands sont outragés ; on le serait à moins. Il est en train de se passer exactement ce qu’ils avaient prévu qu’il se passerait lors de la création de l’euro : les pays incapables de gérer leur budget dépensent sans compter en pensant « l’Allemagne paiera… » Le pacte de stabilité qui avait été imposé outre-Rhin pour forcer les cigales à un peu de rigueur, ou du moins à s’engager à le faire, a été balayé et ce bien avant la crise de 2008. La France et l’Italie ont largement dépassé la norme maximum de déficit public de 3% du PIB, une nouvelle fois avant le déclenchement de la crise de 2008 de la spéculation des nouveaux barbares, et n’ont éprouvé bien sûr aucun remord à ravaler leurs engagements.

Pendant ce temps les allemands finissaient d’absorber leurs régions de l’Est, augmentaient la durée du travail, redressaient leurs exportations et leurs finances publiques, amélioraient leur compétitivité et se maintenait donc comme première puissance économique de l’Europe.

Alors maintenant que la Grèce tend la main et que d’autres pays ne vont pas tarder à faire de même, ils vivent assez mal de devoir payer et en plus de se faire critiquer par le reste de l’Europe. La ministre française des finances est même allée jusqu’à leur reprocher leur compétitivité et leur faibles salaires… Il faut le faire et elle l’a dit. On peut craindre que lorsque Paris aura à son tour besoin des subsides de ses pairs ce genre de reproches déplacés ne soient resservis un jour.

Mais les allemands ont aussi besoin d’une économie européenne qui fonctionne alors ils vont payer, mais il serait tout de même plus décent que les pays impécunieux fassent preuve d’un peu plus de décence dans leur demande d’aide. Il ne faut jamais taper sur la main qui signe le chèque.

La Grèce au ClubMed

La crise grecque est très intéressante. La spéculation des nouveaux barbares est dirigée, pour le moment, contre un Etat clubmed (comme qualifié par les allemands) qui a géré son budget pas beaucoup plus mal que la France, soit dit en passant, mais moins habilement semble-t-il. Ladite France qui oublie d’ailleurs qu’en 1983, après 18 mois de nationalisations à marche forcée, elle avait fait la manche auprès de la Communauté européenne pour obtenir un prêt de trésorerie de plusieurs milliards de francs et éviter le déshonneur d’aller frapper à la porte du FMI. Mais tout ceci est du passé et nous pouvons maintenant faire la morale aux autres membres de l’Union en difficulté. L’une des caractéristiques majeures du politique communicant (comme d’ailleurs de l’électeur) est son absence de mémoire au-delà du jour de son élection.

  • Le premier impact de cette spéculation effrénée est la baisse du cours de l’euro contre le dollar. Qui s’en plaint en Europe ? Pas grand monde bien entendu, et surtout pas EADS ou Volkswagen…
  • La deuxième conséquence est la hausse du taux d’intérêt exigée de la Grèce par ses prêteurs. Est-ce un problème ? Non puisque c’est la seule solution pour forcer un Etat à équilibrer son budget pour moins s’endetter.
  • Existe-t-il un risque de défaut de la Grèce (et demain de l’Espagne ou de la France) comme hier l’Amérique latine ou la Russie ? S’il existe il est très théorique, le contribuable allemand paiera (le contribuable français quant à lui a déjà du mal à couvrir sa propre dette) car les conséquences d’un défaut d’un des Etats de la zone euro seraient trop négativement considérables pour tous les autres. Il s’en suivrait bien entendu des règlements de compte à Bruxelles post-sauvetage, mais l’honneur serait sauf.
  • La Grèce a-t-elle des difficultés pour se financer ? Non, ses émissions de bons du trésor sont couvertes sans difficulté. Le banquier gorgé de liquidités (générés par l’émission monétaire et les versements du contribuable) qui a prêté pendant des années à des ménages américains impécunieux tient avec le débiteur grec un bien meilleur risque.
  • Conclusion, jusqu’ici tout va bien même si les nouveaux barbares-traders arrivent à déclencher des frayeurs mondiales incontrôlées à coup de menaces en chocolat.

Les forbans à l’attaque

On nous ressasse avec les marchés financiers attaquant l’euro et la Grèce, en attendant que Portugal, Espagne ou France passent également à la moulinette de ces marchés financiers. Il est toujours étrange de voir comment le monde extérieur évoque les marchés financiers comme une abstraction que l’on dirait émanant du Saint-Esprit.

Comme nous l’avons déjà fait à de nombreuses reprises dans ces lignes, rappelons quelques évidences permettant de se remettre les idées en place et de démystifier ce qui n’a vraiment pas lieu de l’être.

  • Les marchés financiers sont une bande de forbans, quelques milliers à travers la planète, qui jouent derrière des écrans d’ordinateur à être les maîtres du Monde, grassement payés par des banques et établissements financiers.
  • Ces forbans jouent avec notre argent, celui de nos petites économies placées de ci de là, et non avec le leur ou celui de leurs employeurs, et nous n’avons pas les moyens d’empêcher leurs jeux diaboliques car nous nous sommes dépossédés de cet argent en le confiant à des banques.
  • Comment peut-on attaquer une monnaie. Il suffit de spéculer à la baisse en vendant à terme aujourd’hui un euro que l’on ne possède pas encore mais dont on parie qu’il va baisser. Exemple : aujourd’hui l’euro vaut 1,35 dollar et je parie que dans un mois il vaudra 1,20 dollar, donc je vends aujourd’hui mon euro, que je ne possède pas, au cours d’aujourd’hui de 1,35 dollar avec promesse de le livrer dans un mois ; dans 29 jours je l’achète sur le marché à 1,20 et le trentième jour je le livre au prix convenu de 1,35 ; j’ai gagné 1,35 – 1,20 = 0,15 dollar.
  • Et comment peut-on attaquer un pays qui n’a plus de monnaie nationale mais l’euro, monnaie multilatérale ? Il suffit de faire monter les taux d’intérêt auquel les forbans leur prêtent nos petites économies, puisque bien entendu ce ne sont pas les leurs qu’ils prêtent à la Grèce.
  • Comment les forbans ont-ils inventé le mouvement perpétuel ? En vendant à terme l’euro, je précipite la baisse de son cours contre dollar ; plus l’euro baisse et plus je vais gagner ; et plus je vais pousser la spéculation à la baisse. On les avait vus, à l’inverse, spéculer à la hausse des produits alimentaires en 2007, alors que les stocks ne justifiaient en rien un tel accroissement des cours. Il suffisait d’acheter aujourd’hui un kilo de blé à 100 pour réception dans un mois lorsqu’il vaudrait 130.
  • Et l’on voit les forbans faire la morale au monde politique en expliquant que la Grèce est mal gérée. Alors là on tire son chapeau devant ce culot qui dépasse l’entendement, lesdits forbans ayant mis le système financier international en faillite en 2008 du fait de leur incompétence, et n’ayant survécu pour la plupart que grâce aux subsides des contribuables mondiaux. En gros, les Etats se sont endettés pour sauver les banques qui maintenant spéculent joyeusement contre ces mêmes Etats.
  • Qu’attendent les forbans ? De fourguer leur risque sur quelqu’un d’autre. En fait ils paniquent à l’idée qu’ils puissent ne pas être remboursés des prêts faits à quelques pays exotiques comme la Grèce. Le contribuable européen a réaffirmé sa volonté de soutenir la Grèce, c’est-à-dire de payer si ce pays faisait défaut et de lui imposer un régime de rigueur. Comme à leur habitude les marchés financiers encaissent les profits et nationalisent les risques mais ils arrivent par la menace à forcer un pays à rentrer dans le rang là où la politique échoue.
  • Comment arrêter les forbans ? Il faut les taxer sur les profits générés par la spéculation. Est-ce facile ? Non, mais est-il satisfaisant de voir quelques centaines de forbans mettre à bas un ou des Etats ? Pas plus, alors il faut les attaquer.
  • Est-ce que tout ceci est condamnable ? C’est surtout cocasse et symptomatique des dérèglements de notre monde où la spéculation est érigée en régulateur et seule capable d’imposer la rigueur à un pays clubmed. En ce sens ce n’est pas sain.