Catégorie : Musique

  • The Dandy Warhols – 2015/03/14 – Paris le Trianon

    Les Dandy Warhols à Paris ce soir pour une gig de nos cow-boys and girl de l’Oregon ; pas de nouveau disque à l’horizon, juste le plaisir de jouer une set-list classique devant un public de fervents habitués qui ne manqueraient pour rien au monde l’un des (fréquents) passage des Warhols à Paris.

    Une musique qui pulse, jouée par des pro de la scène garage depuis des années. Ils ont le cuir tanné par les petites salles du monde entier qu’ils chauffent de leurs rythmiques entraînantes et si magnifiquement efficace. Pas de fioriture ni de chichi, du Rock, juste du Rock : deux guitares (Courtney et Pete), une key- bass (Zia) et une batterie (Brent). Une unité scellée par des années de route et une dizaine de disques depuis leur création en 1993.

    Ces quatre-là sont les doigts d’une même main et il n’y a pas besoin de se poser longtemps la question pour savoir si l’on prend une place pour leur concert lorsqu’ils s’annoncent du côté de chez vous ! Ne boudons pas notre plaisir et lorsque retentissent les accords tressautants de Bohemian… ou le long déchirement de guitare de Godless le Trianon d’un seul homme se lance dans une danse effrénée et ondulatoire pour accompagner le chant goguenard de Courtney, sorte de Lucky-Luke dégingandé qui a remplacé Jolly-Jumper par une guitare.

    Et lorsqu’il faut changer les cordes de Pete, Zia nous annonce « I’m gonna pi’ » pendant que Courntey improvise sur Every day should be a holiday. Les Warhols font partie de la famille alors on partage tout avec eux. Ils dégainent un rock un peu désabusé teinté de ce blues qui lui donne son âme. Ils nous servent leur rock rugueux comme notre grand-mère faisait revenir la potée dans son faitout : succulent et qui tient au corps.

    Les vingt dernières minutes du show sont éblouissantes avec l’enchaînement de tous les morceaux que l’on vénère et le final sur Boys better avec les moulinets de circonstance de Brent sur sa guitare : Boys had better beware./ You could seem to color your hair./ Or on a wig, you already spent./ All the dough to cover your rent… Pas de surprise donc, mais que du plaisir.

    Setlist : Be-in / Crack cocaine rager / Get off / Something you got to get over / The last high / I love you / Everyone is totally insane / Down like disco / Rev Jim / Well they’re gone / Good morning / And then I dreamt of yes / Plan A / Every day should be a holiday / Holding me up / All the girls in London / We used to be friends / Horse pills / Bohemian like you / Godless / Pete international airport / Boys better

  • Fauve Paris – 2015/03/12 – Bataclan

    Fauve_Logo

    Fauve au Bataclan ce soir au milieu d’une série de concerts parisiens dans toutes les salles disponibles. Ca ressemble à un marathon urbain, ce n’est que Fauve délivrant ses mots à des adolescents en adoration. Ce groupe jeune fondé en 2010 rencontre un incroyable succès auprès d’un public qui a son âge : vingt ans et moins. Ils s’affichent comme un collectif d’une vingtaine de membres dont les cinq musiciens de scène (chant, guitare, basse, batterie et clavier) mais aussi des vidéastes, des comédiens et les techniciens. Ils ne souhaitent pas mettre en avant les personnalités et se réfugient derrière le relatif anonymat du groupe.

    Ils jouent dans des lumières à contre-jour, donnent des interviews dans donner leurs noms, tournent des vidéos floutées où l’on ne distingue pas leurs visages…

    Le chant, plutôt la récitation, est assuré par un gamin binoclard qui saute dans tous les sens comme une sauterelle dévidant ses textes dans une logorrhée vitale sur fond de rythmes de guitares et de claviers, répétitifs et mélancoliques.

    Ils sont mignons les Fauve : casquettes-baskets-capuches délivrant un rap poétique d’adolescents tourmentés par la découverte de la vie et des filles. En fond de scène un grand écran découpé en cinq bandes verticales passe des vidéos à base de mobylettes, de paysages urbains, de flous colorés et de leur logo sur fond rouge flamboyant, sorte de F réduit en hashtag en référence à Fauve, lui-même rappelant le film Les Nuits Fauves qui avait tant marqué la jeune génération Sida dans les années 90 et dont le groupe ressert cette vie traquée.

    Ils ont joué ce soir avec l’énergie du désespoir et toujours une lumière au bout du tunnel. Ils sont une sorte de Rimbaud bionique devant un parterre de gamins déchaînés.

    Ils sont touchants les Fauve :

    Pour essayer d’aider les miens de la bonne façon / d’agir selon des nobles fins / et un jour enfin donner tort à cette voix qui me répète :

    « Tu seras dominant ou noyé / écrasant ou écrasé / carnassier ou dispensable / gagnant ou donnée négligeable

    Tu seras semblable à tes semblables / comme tout le monde ou dégradable / plus malin ou trou du cul / tortionnaire ou corrompu

    Tu seras battu et silencieux / ou bien cruel mais victorieux / rigoureux ou inutile / féroce ou détail futile

    Tu seras ce qu’on te dit / tu discutes pas / ici-bas c’est comme ça

    T’as compris le jeu petit merdeux ? C’est la roulette / tu choisis pas »

    Ah ouais ? Tu crois ça ?

    Et bah écoute / je sais pas pour toi / mais pour moi / ce sera

    La tête haute / un poing sur la table / et l’autre en l’air / fais-moi confiance avant de finir six pieds sous terre

    J’aurai vécu tout ce qu’il y a à vivre et j’aurai fait tout ce que je peux faire

    Tenté tout ce qu’il y à tenter / et surtout j’aurais aimé.

    Ils sont sympas les Fauve.

     

  • David Bowie is… (1)

    Bowie à l'affiche dans tout Paris et les dîners en ville. La consécration d'un vrai artiste !David Bowie est à l’affiche dans tout Paris avec l’exposition David Bowie is de passage pour quelques mois à la Philharmonie de Paris et, autour, nombre d’évènements célébrant l’artiste et son influence : concerts, conférences, installations…, sans parler de nombre d’émissions médiatiques et de suppléments de journaux spécialisés à grand renfort de couvertures facilement composées à partir des multiples facettes jouées par le personnage tout au long de sa carrière.

    Il se dit que Bowie était venu anonymement visiter l’exposition lorsqu’elle est passée à Londres. On le verra peut-être à Paris d’ici le 31 mai fin de l’étape parisienne de la caravane David Bowie is.

    Ce soir, la Philharmonie présente l’orchestre national d’Ile de France interprétant deux symphonies écrites par Philip Glass, compositeur américain de musique contemporaine, sur des variations des albums mythiques Low et Heroes. Durant Low un film noir et blanc est projeté sur un grand écran placé au-dessus de l’orchestre, on y voit un Berlin en friche, comme dévasté au milieu de ruines urbaines dans lesquelles erre un homme. A l’issue de cette symphonie l’orchestre se retire et l’homme errant entre (en vrai) sur scène où il récite le livret du disque Outside narrant les aventures du détective Nathan Adler spécialiste en crime mis en scène comme œuvre artistique, et enquêtant sur le meurtre de Baby Grace Blue. Deux musiciens l’accompagnent aux claviers et à la guitare. Les textes sont complètement surréalistes et délirants, fruit de l’imagination débordante de Bowie, et la beauté de la mise en scène est que le film précédent est repassé et le spectateur découvre que le journal de Nathan Adler en est en fait le scénario. La récitation se termine par l’interprétation très pure de Where are we now? morceau présent dans le dernier disque surprise de Bowie sorti en 2013 et se déroulant à… Berlin : Had to get the train/ From Potsdamer Platz/ You never knew that/ That I could do that/ Just walking the dead/ …/ Where are we now?/ The moment you know…

    Après l’entracte, l’orchestre revient pour interpréter la Symphonie 4 « Heroes » avec en fond un film sur un couple de danseurs (dont la femme offre une frappante ressemblance avec Bowie) évoluant toujours dans des environnements en ruine et prestant une danse contemporaine un peu saccadée et répétitive, sans doute dans l’air de la modernité.

    Tout ceci est bel et bien beau, inspiré par l’œuvre musicale majeure de Bowie, mais sans doute un peu trop intellectuel et contemporain, bobo-arty pour faire plus court… On perd un peu de la fulgurance bowienne. C’est bien que cela existe mais ne représente sans doute pas le format idéal pour les compositions de David Bowie, sans doute plus adaptées au concert rock ou au CD.

    La représentation a lieu dans la nouvelle grande et polémique salle de concert de cet ensemble dédié à la musique inauguré en janvier 2015. Un peu tarabiscotée et kitsch, sans doute de bonne qualité acoustique pour les puristes, le spectateur-contribuable ne peut s’empêcher de se demander s’il était bien raisonnable de dépenser des fonds publics pour une nouvelle salle de concert à Paris qui en compte déjà bon nombre. Bien entendu cette Philharmonie n’est pas programmée pour être rentable et les contribuables vont bien entendu devoir en subventionner le fonctionnement que le prix des places à payer par les spectateurs ne suffira pas à équilibrer. C’est l’exception culturelle à la française.

    Voir aussi David Bowie is…(2)

  • Young Neil, ‘Une autobiographie’.

    Sortie : 2012, Chez : Points P3111.

    L’itinéraire d’un hippie canadien de génie : à presque 70 ans, Neil Young se décide à raconter sa vie. Musicien hors pair de sa génération, poète subtil de notre monde, il a bercé tant d’autres existences de ses mélodies et de ses mots ! Sa vie a été celle de la génération Woodstock avec un talent inégalé. Il a participé à de multiples projets musicaux depuis ses débuts, est resté fidèle à son groupe de base le Crazy Horse, a bricolé le son sa vie durant, traversé l’arrivée du numérique, composé des chefs d’œuvres, compromis ce qu’il fallait avec l’industrie, vécu l’utopie hippie sur la cote californienne et… rendu heureux des millions de fans.

    On apprend aussi sa passion pour les vieilles voitures américaines qu’il veut transformer en véhicules électriques, son projet de révolutionner la qualité sonore des baladeurs, les épreuves de sa vie avec deux enfants handicapés.

    Bien sûr il est question de beucoup de morts et de regrets dans ce livre. Des musiciens fauchés par la drogue à une époque elle était considérée comme favorisant la création, et puis des artistes atteints par la limite d’âge qui n’a pas encore frappé Neil, compositeur et guitariste de légende, déplaçant encore les foules comme à Paris en 2013 avec Crazy Horse.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2013/06/neil-young-crazy-horses-20130606-paris-bercy/
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    Le journal d’un homme attachant.

  • PJ Harvey innove

    PJ_Harvey_Dessin-Pierre-MornetPJ Harvey réalise l’enregistrement de son prochain disque en public dans les sous-sols de la Somerset House à Londres. Plus exactement, quelques happy-few sont autorisés à assister pendant trente minutes au travail de l’artiste et son groupe en les regardant à travers une glace sans tain. Original, mais voyons le résultat musical et poétique lorsqu’il sortira.

  • alt-J – 2015/02/04 – Paris le Zénith

    Alt-J_This_Is_All_Yoursalt-J au Zénith ce soir : on les avait découvert à Rock-en-Seine 2013 après la sortie de leur premier album An awesome wave, les revoici en France pour la sortie de This is all yours.

    Une musique ciselée et subtile caractérise ce groupe si jeune et intello. Quatre musiciens de Leeds qui se sont rencontrés à l’université où ils étudiaient la littérature et les beaux-arts. Macinstoch (d’où leur nom et le symbole du triangle), guitare et inspiration leur permirent rapidement de réussir dans le petit monde du rock indé. Des prestations scéniques dépouillées firent le reste pour les mettre en haut de l’affiche. A peine reconnu l’un des membres du groupe les quitte pour être remplacé. Si le chanteur guitariste Joe Newman et claviériste Gus Unger-Hamilton semblent les inspirateurs de la musique, le groupe se présente en tant que collectif sur scène où ils jouent en ligne face au public.

    Les couleurs impressionnistes de la couverture du dernier disque animent le light-show très dépouillé du concert. Nos quatre musiciens déploient leur œuvre avec délicatesse et fluidité. C’est un instant hors du temps porté par la voix haut perchée de Joe, parfois mal articulée mais qui s’ajoute comme le cinquième instrument de ce quatuor. Joe et Gus chantent souvent en duo délivrant des harmonies presque grégoriennes. Les notes des deux guitares très pures et très hautes sont accompagnées de couches de clavier discrètes et bien placées, le tout rythmé par une batterie sophistiquée.

    Les mots sont originaux : des chansons sur la mort de Capa en Indochine (Taro), sur la violence en référence au Leon (Matilda) de Luc Besson, sur l’amour… des phrases parfois étranges comme cette musique qui les porte haut, très haut, dans les limbes de nos rêves musicaux.

    alt-J un groupe inattendu et original, chantre d’une élégance dépouillée au cœur d’un monde d’excès et de vulgarité. alt-J une musique très pure et innovante créée par un quatuor de charme.

    Setlist : 1. Hunger of the Pine/ 2. Fitzpleasure/ 3. Something Good/ 4. Left Hand Free/ 5. Dissolve Me/ 6. Matilda/ 7. Bloodflood/ 8. Bloodflood Pt. 2/ 9. Leon/ 10. ❦ (Ripe & Ruin)/ 11. Tessellate/ 12. Every Other Freckle/ 13. Taro/ 14. Warm Foothills/ 15. The Gospel of John Hurt
    Encore : 16. Lovely Day (Bill Withers cover)/ 17. Nara/ 18. Leaving Nara/ 19. Breezeblocks

  • Lydon John, ‘La rage est mon énergie’.

    Sortie : 2014, Chez : Seuil. L’autobiographie de « Johnny Rotten » leader-fondateur-chanteur du groupe punk Sex Pistols qui a dynamité la scène rock dans la deuxième moitié des années 70s. Il a survécu au mouvement punk, aussi fulgurant que nihiliste, et c’est déjà un signe qu’il fut plus malin que bien d’autres, notamment son pote « Sid Vicious », bassiste éphémère du groupe, mort à 21 ans emporté par l’héroïne et la folie.
    Johnny raconte son enfance dans les quartiers populaires de Londres où dans les années 60 les gamins jouaient encore dans les ruines de la seconde mondiale non encore reconstruites…, son adolescence dans les squats, sa passion pour la musique (X-Ray Spex, Status Quo, New York Dolls, Ramones, David Bowie…), la baston dans les concerts et l’incroyable révolte punk qui a engendré un fantastique renouveau du rock post hippie-flower-power, puis la création des Sex Pistols, groupe d’un disque unique et d’exploits sociétaux d’un genre plutôt particulier.
    Après l’explosion en vol des Pistols, le garçon continue une route musicale (un peu) plus calme avec son nouveau groupe PiL (Public Image Limited), s’installe aux Etats-Unis (New-York puis Los-Angeles) où il vit encore et a même obtenu la nationalité américaine.
    Marié avec Nora dont la fille était la chanteuse du groupe punk féminin The Slits, il perd un peu de notre temps à narrer ses participation à des émissions de télé-réalité dont il aurait sans doute pu se passer, mais même la révolte a une fin !
    Ce récit nous replonge dans le Royaume Uni thatchérien où une bande de gamins hirsutes aux cheveux verts et rouges ont secoué le cocotier culturel de la Couronne et diffusé sur le reste de la planète une formidable vague d’énergie rock… dont les effets se font encore ressentir.

  • Morrissey, ‘Autobiography’.

    Sortie : 2013, Chez : Pengui Classics.

    L’autobiographie du chanteur-compositeur-co-fondateur des Smiths (avec le guitariste Johnny Marr), groupe météorite des années 80s post punk. Publié par les éditions très littéraires Penguin Classics, l’ouvrage semble écrit d’une traite, il n’y a pas de chapitres, à peine des sauts de paragraphe, on dirait du Proust ! Avec une belle énergie le rocker raconte son enfance et sa vie d’homme, tournées vers la musique comme un viatique. Réputé pour sa dépression permanente il n’en donne pas l’image dans ces pages vigoureuses où l’urgence de vivre emporte tout : « Life is Only Now ».

    De Manchester à Los Angeles en passant par Rome, on suit les pérégrinations de l’artiste et son voyage intérieur dans la création, d’abord avec les Smiths, puis en solo. De la musique il est finalement assez peu question, comme si ses disques et ses paroles en disent assez. On passe du temps dans les méandres légaux qui ont suivi l’éclatement du groupe de Manchester, dans ses démêlés avec les maisons de disque, des musiciens qui vont et qui partent, parfois avec fracas, mais c’est aussi ça la vie d’artiste. Tout n’est pas rose ni facile mais l’équilibre de l’ensemble a permis à l’œuvre de naître, parfois au détriment de l’équilibre de l’artiste lui-même !

    Il faut attendre les dernières pages pour lire les notes de ses dernières tournées : une succession d’impressions et de sentiments relevés au hasard de villes traversées l’espace de quelques heures. Beaucoup de feeling partagés avec ces foules qui l’acclament et reprennent ses vers aux quatre coins de la planète. Ce grand solitaire un peu perdu sait transmettre aux masses, n’est-ce pas le propre des vrais artistes ?

  • « 20 000 jours sur terre » de Iain Forsyth & Jane Pollard

    « 20 000 jours sur terre » de Iain Forsyth & Jane Pollard

    Une journée avec Nick Cave dans son exil britannique de Brighton filmée par de Iain Forsyth & Jane Pollard ! Le garçon enregistre son dernier disque, déjeune avec Warren Ellis (son fidèle musicien des Bas Seeds), passe du temps avec les archivistes qui classent les documents de sa vie, devise avec Kylie Minogue dans sa Jaguar, revient sur son passé punk, envisage son futur de créateur et le film se termine sur la prestation de Nick Cave & the Bad Seeds à l’Opéra de Sydney sur le superbe, très déjanté et lancinant Jubilee Street.

    Un film pour initiés tout à la gloire d’un rockeur attachant.

  • Laetitia Shériff – 2014/12/17 – Paris le Nouveau Casino

    Laetitia_Sheriff_2014

    Après une longue période en solo Laetitia Shériff présente un nouveau groupe et un nouveau disque Pandemonium, Solace and Stars. Le trio (2 guitares et batterie) assure la première partie de Bikini Machine.

    Elle est sympa Laetitia, et pugnace. Elle ne doit pas avoir une vie très facile mais elle s’accroche à la musique avec toute sa foi, de concerts en banlieue à des premières parties dans de petites salles parisiennes. Quelques jours avant ce concert le groupe s’est fait dérober tout son matériel et ses instruments sur un parking d’hôtel à Evry. Ainsi va la vie de galère des artisans-musiciens… mais parfois aussi le Dieu des guitaristes jette un œil sur la planète (peut-être même aussi la police)… et tout ce matériel a été récupéré un mois plus tard.

    Bref, tout est rentré dans l’ordre pour ce mini-concert ce soir et l’énergie retrouvée de la musique en groupe. Le nouveau guitariste Thomas Poli est jeune et brillant. La batterie de Nicolas Courret  ajoute l’énergie qui manquait un peu aux prestations solo de ces dernières années. Et le groupe déploie ses nouvelles compositions.

    Un disque sympathique, comme son auteure qui diffuse toujours la même joie de jouer sur scène. C’est du rock, un peu lancinant, plutôt moderne, excitant et bien envoyé. Ça fleure bon l’urbanité déshumanisée et ça envoie quelques éclairs d’un génie déchaîné sur de longs instrumentaux très rocks à deux guitares, mais aussi quelques larmes de tendresse : Be strong, you’re not alone/ Can’t you realise all the things you’ve done/ Minds make noise since you’re gone…

    Après le vol de leurs instruments, Laetitia avait écrit sur son site web : « Nous n’arrêterons jamais ! » C’est aussi pour cela qu’on l’aime et qu’on la soutient, outre sa musique que l’on adore. Laetitia est une vraie rockeuse.

  • Angus & Julia Stone – 2014/12/09 – Casino de Paris

    Angus & Julia Stone – 2014/12/09 – Casino de Paris

    Angus & Julia Stone : une vague de douceur et de romantisme nous a emportés ce soir au Casino de Paris ! La fratrie australienne accompagnée d’une bande de musiciens chevelus et barbus, moitié cow-boys, moitié hippies nous vient des mers du Sud et fleure bon la maison bleue sur la colline de San Francisco dans les années 60’, mais ne boudons pas notre plaisir.

    Angus et Julia sont chacun chanteur-guitariste-auteur-compositeur, ont mené des carrières solo avant de se retrouver depuis trois albums. L’avant-dernier Down The Way est illustré de photos de famille sépia au hasard des paysages démesurés de leur pays-continent, le dernier disque montre nos deux musiciens assis au coucher du soleil face aux lumières floues d’une ville sans fin. Le ton est donné et l’atmosphère de leur musique est résumée par ces images.

    Angus & Julia Stone, un duo de chanteurs folks, émouvants et complices, qui se passent le relais du chant et des guitares mais qui ne sont jamais aussi magnifiques que lorsqu’ils chantent ensemble, elle avec voix polissonne aux intonations parfois un peu nasillardes, lui dans les graves avec une articulation des mots à peine prononcée, une voix fatiguée, comme revenue de tout. Elle est élégante et joue (bien) de la guitare et de la trompette avec ongles vernis et talons hauts, il est débraillé avec un look de bucheron, cachant ses cheveux filasse sous un bonnet de laine.

    Le fond de scène est transformé en ciel intergalactique bleu sombre sur lequel brillent des étoiles. Les lumières sont tamisées, le groupe se complait dans une obscurité rassurante qui laisse flotter leur musique douce dans l’atmosphère. Tout n’est que grâce et délicatesse pour cette soirée musicale qui coule sur les spectateurs comme la mélodie du bonheur.

    Après l’intro dynamique de Heartbreak le groupe alterne entre électricité et acoustique, elle ou lui, elle et lui. Parfois elle danse, solitaire, en ombres et lumières derrière les amplis, toute à sa musique dans ses propres nuages. Le groupe de chevelus chapeautés qui les entoure fait plus que bien son travail en accompagnant discrètement et efficacement nos deux héros. Ils jouent leur répertoire, sans surprise ni aspérité, mais en déployant cette douceur qui est leur marque de fabrique et donne envie de profiter des petits choses qui enluminent la vie de tous les jours. Il y a de l’ampleur dans cette musique qui ne néglige pas quelques envolées rythmiques et électriques avant de revenir sur le ton plus raffiné de la ballade. Un concert des Stone c’est un feu de bois un soir d’été au cœur du bush avec ses amis, rien de spécial, juste un peu de poésie qui passe.

    Angus & Julia Stone (2014)

    Sur le rappel Santa Monica Dream, que Julia joue et chante sur le devant de la scène, une histoire triste d’amour et de rupture, elle pleure en terminant cette complainte : I’m somewhere, you’re somewhere/ I’m nowhere, you’re nowhere/ I’m somewhere, you’re somewhere/ I could go there but I don’t…/ Goodby to my Santa Monica dream/ Fifteen kids in the backyard drinking wine/ You tell me stories of the sea/ And the ones you left behind…

    Julia en Angus s’étreignent longuement avant de quitter les Casino sur la pointe des pieds et de laisser l’assistance toute à son émotion et son ravissement. C’était juste un peu de grâce dans un monde sauvage.

    Setlist : A Heartbreak/ Main Street/ For You/ Crash & Burn/ Private Lawns/ Big Jet Plane/ You’re the One That I Want 
(John Travolta & Olivia Newton-John cover)/ Draw Your Swords/ The Wedding Song/ Yellow Brick Road/ Heart Beats Slow/
    Encore : And the Boys/ Santa Monica Dream

  • The Specials – Paris Bataclan – 30 novembre 2014

    The_Specials

    The Specials… le retour au Bataclan ! On se souvient de ces groupes en noir-et-blanc qui ont animé la scène ska des années 80’, mouvement musical importé de la Jamaïque et assaisonné à la sauce londonienne : UB40, Madness, The Selecter et les bien nés The Specials. Du reggae blanchi au harnais de la créativité musicale de cette fin de XXème siècle : punk, new wave, zouk, reggae, cold wave, etc. Bob Marley est leur héros commun sur fond de contestation de la ségrégation raciale qui fait encore des ravages des deux côtés de l’Atlantique. Leur engagement politique et leur goût de la fringue feront le reste et leur succès.

    Le premier disque des Specials est produit par Elvis Costello ce qui est plutôt un bon départ ! Il est illustré de ces damiers noirs et blancs qui seront l’image de ce groupe jouant sur sa mixité musicale et ethnique. Deux-trois autres albums suivront, plusieurs séparations et reformations, pour aboutir à cette nouvelle tournée qui passe par Paris.

    Cuivres joyeux, cordes féminines, guitares tressautantes, chœurs entraînants, percussions dynamiques, costards bien mis, look impeccable, les Specials allument le Bataclan et font le show ce soir. Terry Hall le chanteur blanc et Lynval Golding l’irremplaçable guitariste-rythmique et chanteur se passent le devant de la scène pour animer un spectacle de haute qualité et de grande nostalgie. 30 ans plus tard c’est un vrai bain de jouvence ! L’énergie du ska transporte une assistance habillée en noir-et-blanc de circonstance, transpirant sur les rythmes de cette musique post-punk animée d’un incommensurable enthousiasme. Une génération de quinqua (bien passée) se retourne sur son passé militant abandonné en cours de route. Heureusement il reste le bonheur de cette musique engagée mais joyeuse.

    Set-list : Ghost Town/ Friday Night, Saturday Morning/ Do Nothing/ International Jet Set/ Stereotype/ Man at C&A/ Rat Race/ Hey Little Rich Girl/ Blank Expression/ It’s Up to You/ Why?/ Doesn’t Make It Alright/ Nite Klub/ (Dawning of a) New Era/ Do the Dog (Rufus Thomas cover)/ Gangsters/ Monkey Man (Toots & The Maytals cover)/ Concrete Jungle/ A Message to You, Rudy (Dandy Livingstone cover)/ Little Bitch/ Too Much Too Young

    Encore : Guns of Navarone (The Skatalites cover)/ Enjoy Yourself (It’s Later Than You Think) (Tommy Dorsey & His Orchestra cover)/ You’re Wondering Now (The Skatalites cover)

  • Citoyens ! Réjouissons-nous !

    Philharmonie-projetLe monde de la culture est déjà à feu et à sang pour la nouvelle salle philharmonique de musique classique construite à la Porte de Pantin sur financement du contribuable, et pas même encore inaugurée.

    L’Etat qui en est propriétaire de même que la salle Pleyel veut administrer cette nouvelle offre culturelle en concentrant la musique classique sur ce nouveau site et en réservant la salle Pleyel à d’autres genres musicaux. Et déjà le monde de la culture et Mme. Michu pétitionnent et contestent en chœur cette nouvelle organisation qui n’a pas encore vu le jour. Un adjoint à la culture de la mairie de Paris 17ème lance une pétition sur un site spécialisé en coups de gueule franchouillards :

    À l’attention : de la Ministre de la Culture et de la Communication et du Directeur Général de la Cité de la Musique

    Madame la Ministre, Monsieur le Directeur,

    La Salle Pleyel fermera temporairement fin 2014 et son exploitation sera concédée à un prestataire dont le cahier des charges sera exclusivement centré sur les spectacles de musique (rock, pop, chanson…) et de divertissement.

    Nous nous opposons à cette fin programmée de la musique classique à la Salle Pleyel, lieu mythique chargé d’histoire.

    L’argument invoqué par les responsables de la Philarmonie [avec une belle fôte d’orthographe, NDLR], d’une éventuelle concurrence entre les deux salles, ne nous paraît pas suffisant pour décider arbitrairement d’une réduction drastique de la présence de la musique classique symphonique dans le centre de Paris.

    De même que Bastille n’a jamais vidé Garnier, une complémentarité peut certainement être trouvée entre la Philarmonie et Pleyel, permettant à cette dernière de conserver tout ou partie de sa vocation classique.

    Nous faisons donc appel à votre pragmatisme pour que le bon sens l’emporte et permette à la Salle Pleyel de continuer à accueillir des concerts de musique classique.

    Les musiciens se sont plaints des années durant de l’absence de salle de musique classique digne de ce nom à Paris. Leurs vœux ont été exaucés aux frais du contribuable puisque bien entendu le secteur privé n’a pas semblé intéressé par un tel investissement. La salle existe désormais et doit être inaugurée dans les prochaines semaines. Croyez-vous que lesdits musiciens se réjouissent, remercient le contribuable de ses efforts et l’Etat d’avoir mené à bien ce chantier ? Que nenni, les quémandeurs sont déjà à leurs pétitions…

    En l’occurrence l’Etat se propose d’administrer l’offre musicale parisienne plutôt que de laisser jouer la libre concurrence. Pourquoi pas en attendant de consolider la demande ? Une autre solution est effectivement de laisser agir les forces du marché (chères à Guillaume Roquette du FigMag) pour désigner le vainqueur et pleurer sur la défaite du vaincu. La logique libérale voudrait alors que l’on laisse fermer la salle qui ne drainerait pas assez de spectateurs. Dans une telle hypothèse on peut compter sur une nouvelle pétition des quémandeurs pour exiger que le contribuable paye les déficits de la salle moribonde plutôt que de la laisser mourir.

    Nous sommes en France et nous connaissons cette tendance tenace à consacrer son énergie à la contestation de tout et son contraire plutôt qu’à avancer, mais celle-ci est parfois un peu déconcertante et peu productive. Laissons démarrer les choses doucement, les gestionnaires de cette offre culturelle nouvelle s’adapteront aux réalités de ce marché aux contours encore incertains au fur et à mesure de leur apparition. Et qui sait il y aura peut-être assez de spectateurs et de fonds publics pour faire vivre ces deux salles en plus de l’auditorium de Radio-France, du théâtre des Champs-Elysées, les salles Gaveau, du Chatelet et des deux opéras de la capitale.

    Citoyens ! Réjouissons-nous ! Merci aux contribuables d’avoir financé cette belle salle et d’être déjà engagés à en payer une partie du fonctionnement pour les années à venir. Merci aux maîtres d’œuvre et d’ouvrage d’avoir mené ce chantier. Merci aux artistes qui s’y produiront et aux spectateurs qui s’y rendront. Sourions, laissons-nous aller, cette nouvelle salle ce n’est que du plaisir et enfin une bonne nouvelle. Les pisse-froid ne nous feront pas perdre notre bel enthousiasme, les râleurs ne gagneront pas face aux gens heureux, Guillaume Roquette du FigMag n’appliquera pas ses théories libérales à l’exception culturelle française !

    Accessoirement, l’exposition David Bowie is… y est programmée à partir du 3 mars.

     

  • Bryan Ferry – 2014/11/21 – Paris Palais des Sports

    Brian_Ferry_2014_b

    Ahhhhhhhhhhhhhhhhh ! Bryan Ferry ce soir au Palais des Sports : comment tant d’élégance, de fidélité et de tact dans un monde où tout n’est que chaos et vulgarité ? Son dernier disque Avonmore est un joyau où se croisent ses amis musiciens au hasard des morceaux : Johnny Marr (The Smiths), Niles Rodgers (Chic, à la guitare rythmique si caractéristique), Marcus Miller (bassiste jazzy hors catégorie), Mark Knopfler (Dire Straits), son fils Tara à la batterie, l’ineffable Fonzi Thornton aux chœurs et d’autres encore. La couverture est composée d’une photo noir et blanc de l’artiste lorsqu’il devait avoir dans les 20 ans. Il en a aujourd’hui presque 70 et ce retour sur sa jeunesse donne lieu une œuvre mélancolique, à l’écriture et la composition brillantes, chantée avec une voix brumeuse et éthérée que l’on avait entraperçue sur As time goes by, superbe disque de reprises des classiques de jazz qui ont bercé sa formation musicale.

    Il entre sur scène, aminci, vêtu d’un impeccable smoking dont la veste noire est imprimée de motifs floraux-cachemire, d’un raffinement tellement… Bryan Ferry. Le groupe est étagé sur la scène avec le clavier, une dynamique batteuse et une sax/clavier en hauteur ; deux choristes, deux guitaristes et un bassiste plus bas. La mixité est toujours assurée sur les shows de Ferry.

    Le concert démarre sur Re-make/Re-model qui nous ramène aux années Roxy Music, celles qui après tout ont forgé notre artiste… et notre jeunesse. La set list est parfaite, mélangeant les époques, nos souvenirs et l’actualité brillante d’Avonmore qui sera introduite lors du cinquième morceau avec Driving Me Wild à la rythmique obsédante. Evidemment la légendaire guitare rythmique de Niles Rodgers présente sur le disque n’est pas tout à fait égalée sur scène mais les duettistes guitaristes tiennent leur rôle mieux que bien, celui sur le devant, vêtu punky tout en noir de pieds en cap, couvre-chef compris, se fend même de quelques solos bien appuyés.

    Sur l’instrumental Tara, Bryan sort en coulisses pour revêtir un costume velours bleu-gris sur chemise foncée et le voilà reparti sur ce chef d’œuvre très peu joué sur scène que représente Take A Chance With Me : Heaven knows, I believe/ Won’t you take a chance with me/ Sometimes I get so blue/ People say I’m just a fool/ All the world, even you/ Should learn to love the way I do// I was blind, can’t you see/ Through the long lonely night/ Heaven knows, I believe/ You can take a chance with me…

    Seul au piano Ferry chante une bouleversante version de More than This laissant s’exprimer cette voix qui se bonifie avec le temps et semble de plus en plus irréelle, comme désincarnée, mais tellement humaine et si bien contrôlée. Il atteint un stade que l’on pense ultime de perfection, fruit de ces quatre décennies de carrière et de représentations sur toutes les scènes du monde. Cette évolution vers une musique et un chant plus intériorisés est sans doute aussi celle d’un parcours personnel qui le mène à l’orée de ses 70 ans, une période de la vie où l’on se consacre à l’essentiel plutôt qu’aux fanfreluches du glam-rock dont Roxy Music et Ferry furent les hérauts en leur temps.

    Passent ensuite l’excitant Loop de Li puis Avalon, Casanova… Bryan Ferry laisse le devant de la scène tour à tour à chacun de ses musiciens, la saxophoniste plutôt menue que l’on connaît depuis plusieurs tournées (habillée généralement soit un minishort soit en combinaison ultra-moulante, option 2 pour ce soir) souffle dans ses instruments à vent comme si elle avait un coffre de cantatrice fait le spectacle plus souvent qu’à son tour ; incorrigible Bryan…

    Ferry marque le rythme de son habituel frappement du poing droit dans sa paume gauche, il salue son public à la fin des morceaux en une révérence démarrée avec un grand moulinet de bras. Et il termine son concert d’exception une écharpe bleue enroulée autour du coup pour siffloter le si célèbre final de Jealous Guy qu’il a chanté les yeux fermés et clôt cette prestation de rêve avec un rappel unique : Virginia Plan.

    Au-delà de cette gestuelle maintenant classique il semble mettre une distance grandissante avec son public dans sa façon d’être et les thèmes nostalgiques de ses chansons : I’m a soldier of fortune/ An ambassador of pain/ I had the world on a string/ Then I threw it all away… Il s’élève dans les sphères hors de portée de sa musique et de ses pensées. Ne serait-ce le bonheur du concerts on ressent presque de la tristesse à vivre cet éloignement.

    Bryan Ferry nous a rejoué ce soir le catalogue de 40 ans de musique et de bonheur, un catalogue qui est aussi celui de notre vie qui passe.

    Setlist : Re-Make/Re-Model (Roxy Music song)/ Kiss and Tell/ Slave to Love/ Ladytron (Roxy Music song)/ If There Is Something (Roxy Music song)/ Driving Me Wild/ Stronger Through the Years (Roxy Music song)/ Loop de Li/ Reason or Rhyme/ Tara (Roxy Music song)/ Take a Chance with Me (Roxy Music song)/ Don’t Think Twice, It’s All Right (Bob Dylan cover)/ More Than This (Roxy Music song)/ Avalon (Roxy Music song)/ Casanova (Roxy Music song)/ Love Is the Drug (Roxy Music song)/ Let’s Stick Together (Wilbert Harrison cover)/ Jealous Guy (John Lennon cover)/ Virginia Plain (Roxy Music song)

    Warm up : Juliette Armanet

  • Llyod Cole – 2014/11/15 – Paris Gaîté Lyrique

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    Lloyd Cole nous fait l’amitié de venir chanter ce soir à la Gaîté Lyrique comme il en a pris l’habitude tous les deux ou trois ans. Il débarque seul avec ses deux guitares et un cahier de partitions posé sur un chevalet qu’il consulte fort peu d’ailleurs.

    Cheveux gris, il porte beau ses 55 printemps, habillé avec négligence, rasé d’il y a quelques jours, il est notre troubadour de passage, notre charmeur britannique qui ne se lasse pas de nous ravir avec sa voix de velours sur ses compositions délicates.

    Après ses années électriques avec The Commotions dans les 80’, le garçon continue d’assurer une production musicale régulière, un peu folkeuse, un peu électrique, c’est selon. Ses tournées sont fidèles, acoustiques et le plus souvent solitaires. Mais en 2010 il jouait avec son small ensemble de deux guitaristes acoustiques nous délivrant tous à trois un sommet de poésie. Il était à La Maroquinerie l’an passé pour nous présenter Standards, un retour vers le rock, alors cette année il nous rend juste une visite de courtoisie pour entretenir le souvenir de sa musique douce et sa voix mélancolique.

    Plein d’humour britannique il fait un peu dans l’autodérision entre ses chansons, taquine un excité de l’aïe-phone qui le filme en contrechamp du pied de la scène et en le menaçant de ses foudres s’il publie son double-menton sur YouTube.

    Mais surtout il chante ses compositions en s’accompagnant de sa guitare dont il joue avec dextérité. Il fait infuser tant de romantisme et de souvenirs dans l’âme des quinquas qui se pressent à chacune de ses venues à Paris. Il nous sert bien entendu quelques classiques réinterprétés solo, ce soir nous aurons les larmes aux yeux sur Jennifer : Jennifer we can’t go wrong let’s do it right now/  Maybe you were a little hasty/ But they say love is blind/ Now her name on you/ Jennifer in blue/ Jeeeenifer in blue…

    Il a accompagné le parcours des post punks qui ont maintenant, avec lui, l’âge de raison. Il écrit cette musique charmante, la joue, aligne les tournées, maintient un site web intéressant (https://www.lloydcole.com) sur lequel il blogue régulièrement, explique ses projets, développe ses archives, bref, du rocker au crooner il reste un musicien dédié corps et âme à son art, pour notre plus grand bonheur.

    Lloyd en 2015

    Lloyd and The Commotions en 1987

  • Metronomy – 2014/11/01 – Paris le Palais des Sports

    Les Metronomy sont au Palais des Sports ce soir avec leur pop tressautante et entêtante. Un groupe de quatre britanniques mené par Joseph Mount, multi-instrumentaliste, chanteur et auteur-compositeur, avec Anna Prior batterie et chant, Oscar Cash multi-instrumentiste et Olugbenga Adelekan, bassiste et animateur scénique ! Pour la tournée ils sont renforcés par un cinquième compère.

    La scène est léchée et proprette sur fond de nuages roses, on dirait une pièce montée pour un mariage. Les musiciens sont tous habillés à l’identique : costume crème sur chemise foncée. Olugbbenga, portrait craché de Patrice Lumumba, fait le spectacle. Joseph avec sa guitare accrochée très haut pose sa voix nasillarde sur ses musiques, Anna placée en hauteur et au milieu de la scène fait les chœurs derrière ses fûts et les deux autres assurent derrière claviers, guitares et micros.

    La musique, souvent instrumentale, coule comme un torrent au milieu des rochers, agrémentée de petites ritournelles de clavier qui lancent les morceaux en nous ramenant aux années 80’. Le groupe est agile et malin, l’ambiance est dansante et détendue, quelques chansons nostalgiques calment une assistance un peu midinette. Boules à facettes et guirlandes clignotantes ajoutent la touche kitsch de circonstance.

    Metronomy, un groupe sympa et formaté poppy-FM qui nous fait passer une soirée gentillette, pourquoi bouder son plaisir ?

    Setlist : 1. Holiday/ 2. Radio Ladio/ 3. Love Letters/ 4. Everything Goes My Way/ 5. The Look/ 6. I’m Aquarius/ 7. Reservoir/ 8. She Wants/ 9. Side 2/ 10. Corinne/ 11. The Upsetter/ 12. Heartbreaker/ 13. Boy Racers/ 14. Month of Sundays/ 15. The Bay/

    Encore : 16. Love Underlined/ 17. You Could Easily Have Me

  • Yann Tiersen – 2014/10/27 – Paris Olympia

    Yann Tiersen, en concert à l’Olympia pour la sortie de son dernier disque : Infinity dont le bleuté de la couverture provient sans doute de l’Islande qui fut l’une des sources d’influence de ce disque mais pourrait aussi évoquer l’Atlantique à Ouessant où l’artiste breton a enregistré nombre de ses albums.

    Un groupe de multi-instrumentistes accompagné de deux choristes, des tonalités étranges, des accents inconnus, des origines celtes (et des Iles Féroé pour cet album), des instruments originaux, des langues nouvelles, c’est la musique du grand large qui débarque à l’Olympia ce soir.

    Toujours mystérieux Yann dirige le concert sans un mot, ajoutant les xylophones sur des paroles en islandais, de l’ukulélé sur des textes parlés en breton ou des guitares douze cordes sur un anglais plus classique, délivrant avec brio des solos introspectifs au violon ou au piano. Les morceaux joués sur scène s’étirent en longueur se transformant progressivement en montée d’adrénaline soigneusement orchestrées.

    Cette musique est une longue mélopée, sombre et sophistiquée, qui explose parfois en tempête. C’est la musique des grands vents de l’Atlantique qui souffle le froid sur les têtes mais réchauffe les âmes par la précision et l’originalité de sa construction. Yann Tiersen, de formation classique, a développé une œuvre plutôt inclassable, elle est symphonique et régionale, progressiste et appliquée, elle est l’inspiration originale d’un artiste qui mène sa barque loin des modes et jamais très loin de la puissance de l’Océan.

    Setlist : 1. Meteorites/ 2. Slippery Stones/ 3. Ar maen bihan/ 4. A Midsummer Evening/ 5. Palestine/ 6. Dark Stuff/ 7. La Dispute/ 8. La Crise/ 9. Steinn/ 10. In Our Minds/ 11. Chapter 19/ 12. Rue des cascades/ 13. Grønjørð/ 14. The Gutter/ 15. The Crossing/ 16. Vanishing Point/ 17. Lights/

    Encore : 18. La Longue Route/ 19. Sur le fil/ 20. Till the End

    Encore 2 : 21. Le Quartier/ 22. Ashes

  • Patti Smith & John Cale à la Fondation Cartier

    Patti Smith et John Cale en concert le 23 octobre 2014 à l’occasion du 30ème anniversaire de la Fondation Cartier. Ces deux-là ont commis Horses en 1975, l’un des disques fondateurs du rock du XXème siècle, puis ont vécu leurs destins musicaux aux hasards du monde du Rock ‘n’ Roll qui en a laissé plus d’un sur le carreau. Les voilà réunis de nouveau pour un concert privé, hélas réservé pour quelques privilégiés. Mais quel bonheur de les savoir toujours sur scène, eux qui furent l’avant-garde de la musique de notre temps.

  • London Grammar – 2014/10/22 – Paris le Palais des Sports

    London Grammar au Palais des Sports ce soir : musique glaçante et dépouillée dans la lignée de XX ou d’Agnes Obel, mais avec la puissance vocale d’Hannah Reid en plus. Cette musique est dans l’air du temps. C’est un peu le retour de la cold wave, The Cure revisité par l’électronique et une voix féminine, et tout de même un peu moins d’inspiration mais ils en sont à leur premier disque.

    Trois musiciens londoniens, jeunes, tellement jeunes : un guitariste (Dan Rothman), un batteur multi-instrumentistes passant de ses caisses aux claviers (Dominic « Dot » Major) et Hannah au chant (et parfois au piano droit). Pour cette tournée une section de cordes les accompagne, installée en hauteur au fond de la scène du Palais.

    L’éclairage est minimaliste tout en lumière bleutée et feutrée. Un mur de panneaux lumineux clignote parfois au fond interrompu de temps à autres par des faisceaux lumineux étroits striant la scène.

    Un peu patauds sur scène ils se cachent derrière leur musique : des ritournelles de piano et de guitare dans les aigus, qui enrobent la voix d’Hannah, une voix douce et puissante, un peu plate, avec très peu de vibrato et pas mal de réverbération, une voix qui est la marque du groupe avec la mélancolie qui baigne l’atmosphère générale des mots et des notes. Elle vocalise parfois jusqu’en des trilles improbables tout en parcourant la scène d’une marche lente. Elle donne vie à cette musique plutôt sans aspérité.

    Hannah écrit les textes, à l’image de la musique composée par les garçons. Des histoires de solitude, d’hiver, de chemins vides comme sur Wasting My Young Years : You crossed this line/ Do you find it hard to sit with me tonight?/ I’ve walked these miles but I’ve walked ’em straight lined/ You’ll never know what was like to be fine/ I’m wasting my young years/ It doesn’t matter if…/ I’m chasing old ideas/ It doesn’t matter if…

    Un concert sympathique pour un groupe qui doit maintenant confirmer ce premier essai plutôt réussi.

    Set-list : 1. Hey Now (Extended Intro)/ 2. Darling Are You Gonna Leave Me/ 3. Interlude/ 4. Shyer/ 5. Wasting My Young Years/ 6. Flickers (Extended Version with… more)/ 7. Sights/ 8. Stay Awake/ 9. Nightcall (Kavinsky cover)/ 10. Strong

    Encore : 11. Metal & Dust

    Live Paris – 4 chansons