Le Royaume-Uni en difficultés

Une nouvelle première ministre conservatrice, Liz Truss, désignée en catimini après la démission sans gloire de son prédécesseur, Boris Johnson, a lancé un collectif budgétaire bâclé délivrant des baisses d’impôt pour les plus riche et renonçant à l’augmentation d’impôt sur les sociétés décidée par le gouvernement précédent pour financer l’accroissement des dépenses du Royaume liée à la crise sanitaire.

Toutes ces annonces de baisses (ou de non-augmentations) d’impôt ont un peu inquiété Monsieur le Marché qui est d’habitude plutôt gourmand de ce genre de politique fiscale favorisant les investisseurs. Du coup la livre sterling a perdu beaucoup de sa valeur et les taux d’intérêt de la dette britannique ont augmenté. La banque centrale britannique a initié la hausse de ses taux d’intérêt de base pour lutter contre les attaques contre la monnaie nationale. Le nouveau ministre des finances qui a décliné ce budget a expliqué un peu négligemment que les baisses d’impôt seraient financées par un accroissement de la dette publique sans donner plus de détails. A priori Monsieur le Marché n’est pas très enthousiaste à l’idée de financer cette dette. Sans doute Londres croyait encore au mythe de l’argent magique éternel.

Du coup, branle-bas de combat au Royaume-Uni, un mois après sa désignation la première ministre vacille, le ministre des finances est démis de ses fonctions, la cote de popularité du parti conservateur est au plus bas et les baisses d’impôt sont repoussées à plus tard.

Tout ceci fleure bon un amateurisme auquel le Royaume-Uni nous a un peu habitué depuis les négociations pour sa sortie de l’Union européenne (UE). On dirait que ce pays protestant se rapproche du laisser-aller latin dans la gestion de ses finances publiques. C’est inattendu. Les opposants à la sortie de l’UE clament que c’est là le résultat de cette décision. C’est aller un peu vite en besogne tant le chaos d’aujourd’hui semble plutôt être le simple résultat de l’incompétence de dirigeants de rencontre plus concernés par leurs comptes Twitter que par la théorie économique pourtant largement élaborée en l’Angleterre au cours de l’histoire contemporaine.

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Conquérante de l’inutile : la reine Elisabeth II est morte

Le décès ce 8 septembre à 96 ans de la Reine du Royaume-Uni et d’Irlande du Nord, Elisabeth II (1926-2022), émeut l’Occident tant cette souveraine a été animée d’un sens de son devoir hors pair, enrobé d’une raideur royale toute britannique et pendant si longtemps, plus de 70 ans. A une époque où dirigeants et électeurs de nos démocraties se laissent dériver vers toujours plus de bouffonnerie, la mort de cette reine nonagénaire fait craindre qu’avec son cercueil ne se referme aussi l’ordre géopolitique de la planète mis en œuvre après 1945 sur un monceau de cadavres et un abysse de barbarie, ordre qu’elle et son royaume ont si bien incarné.

Evidemment, cette reine étant (bien) rémunérée pour ne rien dire et ne rien faire de politique, il lui a sans doute été plus facile dans ces conditions de construire sa stature d’autant plus que personne ne lui contestait son poste, avantage de la monarchie constitutionnelle. Elle a passé beaucoup de temps à s’occuper de ses chiens, de ses chevaux ou à changer de résidence (Windsor, Buckingham, Balmoral et bien d’autres), sans doute aussi à administrer ses propriétés et ses actifs, ainsi qu’une famille parfois incontrôlable. Elle a néanmoins tenu ce rôle avec dignité : conquérante de l’inutile et artisane du maintien de la tradition d’un pays qui a si souvent orienté l’Histoire, celle du capitalisme, de la démocratie, de l’Empire, de la décolonisation… sans oublier celle du Rock‘n’Roll.

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Enrôlée volontaire dans la branche féminine de l’armée britannique durant la seconde guerre mondiale, elle a accompagné depuis tous les évènements traversés par son royaume avec la même élégante froideur et cette distante indifférence qui fascinait tant les pays latins incapables de ne pas se laisser déborder par leurs émotions vulgaires et contradictoires. Guidée par ce qu’elle pensait être l’intérêt du royaume et de la monarchie, au service de son peuple, « Never complain, never explain » était le slogan officieux de la Couronne, la dignité qu’elle afficha son règne durant force l’admiration. C’est sans doute le sens originel de ce qu’on appelle la noblesse ! Tout ceci a beaucoup, beaucoup, beaucoup d’allure.

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Les Britanniques appréciaient Elisabeth II dans leur grande majorité. Ils semblent disposés à maintenir l’institution royale, aussi grandiose qu’inutile, et à en payer les coûts. Nous verrons si les successeurs de la reine défunte sauront maintenir ce niveau de ferveur populaire.

90 Wardour Street – London

Façade de l’ex-Marquee Club – 90 Wardour Str – London

Il y a 45 ans à l’été 1977, le chroniqueur enfiévré découvrait Londres et la musique rock en pleine explosion punk. Un premier concert à l’Hammersmith Odeon du groupe The Jam met dans l’ambiance. Les trois musiciens mod-revival, à peine sortis de l’adolescence, pantalons et cravates noirs sur chemises blanches, jouent devant un rideau blanc sur lequel est apparaît en lettres noires et coulantes : The Jam.

The Jam (Paul Weller) / Photo Richard Young

Ce trio à l’allure proprette déclenche l’enfer sur scène, sautant comme de beaux diables de leur boîte sur des riffs hallucinés. Leurs « vieilles » idoles sont The Who et The Small Faces. Puis, inspirés par le mouvement punk, dont ils restent un peu à l’écart, ils en délivrent l’énergie brute. La jeunesse londonienne adore, des filles aux cheveux bleus et oranges sur leurs T-shirts déchirés se succèdent pour danser dans les allées de cette salle de concerts-rock mythique de la capitale britannique. Leur premier disque In the City vient de sortir au milieu de la tornade musicale punk qui saisit le Royaume-Uni. Il est joué intégralement ce soir-là, In the City est même repris en rappel, sans doute par manque de chansons pour ce groupe qui ne joue ses propres compositions que depuis quelques mois et dont ce premier disque comporte trois reprises.

The Jam mènera sa route jusqu’au début des années 1980 puis le guitariste-chanteur Paul Weller empruntera le chemin de traverse d’une carrière solo plutôt réussie, créant différents groupes, dont Style Council, ou chantant sous son propre nom. Le mouvement britpop (Oasis, Pulp, Blur) des années 1990 l’éleva au rang de Modfather.

Eberlué par cette nouvelle expérience le chroniqueur la poursuivra durant son séjour par de fiévreuses soirées au Marquee Club, une petite salle où se produisent des groupes dont beaucoup vont devenir célèbres. La scène est à peine surélevée, entre piste de danse et bar louche, les spectateurs s’y pressent dans la chaleur de l’été et la fumée des cigarettes. Nous sommes en pleine période punk, la mode est de cracher sur le monde, musiciens et spectateurs ne s’en privent pas et il faut parfois jongler pour éviter les glaviots… Tout est plutôt déglingué au Marquee mais quel bonheur d’y suivre en direct le monde en marche du Rock qui va bientôt déboucher sur new wave, cold wave et la suite.

On ne connait aucun des groupes qui se produisent sinon par la lecture rapide de la presse rock (New Musical Express et Melody Maker). En ce mois d’août 1977 on se souvient notamment des Boomtown Rats, groupe irlandais qui vient de sortir son premier single et dont le chanteur Bob Geldorf s’engagera par la suite dans l’organisation de concerts en soutien à des causes humanitaires comme le Live Aid en 1985 (contre la famine en Ethiopie). Ce soir-là au Marquee, il termine en mini-slip, trempé de sueur comme les spectateurs, après une prestation scénique physique et désordonnée. Il y eut aussi Kingfish, le groupe monté par l’américain Bob Weir, l’un des guitaristes du Grateful Dead. Et tant d’autres soirées rock où le bonheur était de voir l’histoire musicale rock s’écrire sous nos yeux !

Programme du Marquee Club d’août 1977

45 ans plus tard plus rien ne subsiste du club au 90 Wardour Street, à deux pas de Piccadilly Circus, sinon une plaque commémorative informant que Keith Moon a joué ici avec les Who dans les années 1960. Pourquoi Moon et pas tous les autres qui se sont produits au Marquee, Hendrix, Bowie, The Rolling Stones, Joy Division, Roxy Music, The Sex Pistols, Ultravox, Dire Straits, The Buzzcocks et tant d’autres ? Qu’importe, après tout, Keith Moon témoigne aussi pour eux : fantasque, brillant et autodestructeur, il meurt en 1978 en pleine gloire à 32 ans d’une surdose de médicaments destinés à lutter contre son alcoolisme…

M Shed Museum – Bristol

Intéressant musée consacré à l’histoire de la vie à Bristol, ville portuaire du sud-ouest de l’Angleterre, dont l’économie prospéra aux XVIIème et XVIIIème siècles grâce à l’esclavage et de la colonisation, pas joli-joli mais bien relaté dans ce musée moderne et pédagogique. Edward Colston (1636-1721) est représentatif de cette période, il a toujours des rues et monuments à sa gloire dans Bristol mais sa statue a été déboulonnée et jetée dans le port en 2020 bien qu’il fut aussi un bienfaiteur de la ville au développement de laquelle il consacra une partie de ses richesses acquises avec le « commerce triangulaire ». Cette triste histoire explique aussi le caractère divers de sa population qui est particulièrement concernée par ce passé.

Mais ce musée est aussi riche sur l’époque plus contemporaine de la ville, ses quartiers colorés, son développement industriel, ses innovations culturelles. Bristol est aussi et surtout la ville qui consacra le mouvement Trip-Hop avec les grapheurs (Banksy), les groupes Massive-Attack, Portishead, Tricky… qui ont inventé ce genre musical si spécifique, un tiers DJ, un tiers électronique et un tiers rock plus classique, fusionnant le rap, le jazz, le RnB en des tonalités sombres, des traitements de voix chanté-parlé, des nappes de claviers, des boucles et des samples, des basses surpuissantes sur des textes urbains. Leur présence ne saute pas aux yeux du visiteur lambda, mais leurs âmes planent au-dessus de la ville. En cherchant bien on trouve encore sur les murs de la ville quelques graphes signés de Banksy ou des siens.

Dans le froid et l’humidité très britanniques des rues de Bristol en hiver, cette visite au M Shed réchauffe les cœurs et les corps.

Le bal des traîtres en surchauffe

Dominic Cummings – Kiro/Le Canard Enchaîné (02/02/2022)

Comme à chaque période électorale le ralliement des uns aux autres bat son plein. La création du nouveau parti politique « Reconquête ! » par le journaliste Éric Zemmour attise les convoitises avec à l’horizon des maroquins et des prébendes. Comme en 2017 lors de la création du parti « En Marche ! », une organisation partie de rien a besoin d’attirer à elle des militants qui soit viennent d’autres organisations qu’ils quittent, soit entrent dans l’action militante. « Reconquête ! » a aussi, et surtout, besoin d’attirer dans ses filets des dirigeants politiques connus qui, par définition s’ils sont déjà connus, appartiennent à d’autres partis ou organisations. C’est ce que l’on appelle pudiquement une « recomposition politique », en français dans le texte : le bal des traîtres !

Ainsi va la vie politique, de convictions élastiques en comportements opportunistes, de fidélités à géométrie variable en amitiés de circonstance… C’est un rude et permanent combat.

Dans un genre encore un peu plus extrême apparaît le cas du britannique Dominic Cummings qui explose tous les records de la fourberie politique. Il fut l’âme damnée de l’actuel premier ministre Boris Johnson dans sa campagne pour le Brexit, l’alimentant en désinformations diverses et mensonges variés avec un relatif succès puisque finalement le Royaume-Uni décida de quitter l’Union européenne par le fameux référendum de 2016. Parvenu quelques mois plus tard au pouvoir dans l’ombre de son prince il est son conseiller principal de juillet 2019 à novembre 2020 date à laquelle il est poussé vers la sortie pour avoir délivré des tombereaux d’outrances et d’avanies sur le monde politique londonien où il s’est créé tellement d’ennemis que son maintien auprès du premier ministre causait plus d’inconvénients que d’avantages.

Débarqué du pouvoir officiel il continue de déverser son fiel sur la nomenklatura et particulièrement contre son ancien patron Boris Johnson. Il a quitté son bureau avec, a priori, une volumineuse documentation et il passe l’essentiel de ses journées à mettre le premier ministre dans la difficulté en feuilletonnant des révélations venant contredire les versions officielles de nombre d’évènements et décisions privées et politiques du premier ministre. La presse se rengorge de ce « Deep Throat » aux petits pieds dont le cas semble relever plus de la psychiatrie que de la science politique. Le garçon est malin et sait où il met les pieds, ce qu’il peut dévoiler et ce qu’il ne fait qu’évoquer. On peut être tranquille qu’il doit diffuser sous la table quantités d’autres délations qu’il n’a pas le droit de révéler officiellement.

La France a connu le cas Patrick Buisson, ancien journaliste recyclé dans le conseil politique de l’ex-président Sarkozy entre 2007 et 2012 qui enregistrait en lousdé les conversations qu’il échangeait avec le président de la République. Des extraits de ces enregistrements ont été publiés par la presse, sans doute communiqués aimablement par M. Buisson. Le couple Bruni-Sarkozy a porté plainte contre lui pour « atteinte à la vie privée », Buisson a été condamné de ce chef d’accusation.

Dans les deux cas, MM. Cummings et Buisson sont des gens intelligents et cultivés mais malfaisants, des forbans mettant leurs neurones au service de causes dont on ne sait d’ailleurs pas vraiment s’ils les endossent ou non, mais leur permettant de nuire dans l’ombre du pouvoir. C’est sans doute leur façon d’exister.

Lire aussi : https://rehve.fr/2017/03/le-bal-des-judas/

Le Royaume-Uni procrastine

Chappatte/Le Canard Enchaîné (30/12/2020)

Comme cela était prévisible, le Royaume-Uni rechigne à respecter ses engagements pris lors de sa sortie de l’Union européenne (le brexit) qui stipulaient l’établissement d’une frontière commerciale en mer d’Irlande pour éviter d’avoir à rétablir une frontière formelle entre l’Irlande du nord (province britannique) et la République d’Irlande laissant ainsi sans contrôle l’importation en Irlande du nord de produits britanniques, donc en provenance d’un pays tiers, qui peuvent ainsi accéder, toujours sans contrôle, en République d’Irlande, donc au marché intérieur de l’Union européenne, et vice-versa.

Le « protocole nord-irlandais » devait permettre de résoudre, au moins provisoirement, l’insoluble question de la présence britannique sur l’ile d’Irlande. Le non-respect de certains éléments de l’accord du brexit fait partie du jeu, des procédures existent pour le régler et/ou le sanctionner. Il suffit de les appliquer, ou de changer les textes du brexit. Entre gens intelligents et de bonne compagnie on devrait bien trouver un arrangement, au moins temporaire.

A plus long terme, la question ne se résoudra que par la réunification irlandaise. Peut-être le brexit la précipitera-t-elle ? Il faudra alors régler le cas des unionistes protestants qui tiennent au maintien de leur statut britannique ce qui s’annonce complexe mais arrivera bien… un jour. Ces confettis de l’Empire coûtent et empoisonnent la vie de nombre d’Etats : la France avec la Nouvelle-Calédonie, Mayotte et d’autres, l’Espagne avec Ceuta et Melilla, le Royaume-Uni avec Gibraltar, etc. Ils se résoudront avec le temps et l’indépendance de ces confettis ou leur rattachement aux territoires géographiques auxquels ils appartiennent. C’est la logique, elle demande de l’intelligence et des dirigeants visionnaires pour être mise en œuvre. Cela viendra.

Confinons Stéphane Bern !

Le mari de la Reine Elisabeth II du Royaume Uni d’Angleterre et de d’Irlande du Nord est décédé à 99 ans après une longue carrière de prince consort. Il fut un homme valeureux et sympathique. Une cérémonie royale s’est déroulée aujourd’hui, retransmise sur toutes les télévisions françaises.

Le dommage collatéral significatif de ce côté-ci de la Manche de tout évènement concernant la couronne de nos amis britanniques est que le service public français nous ressort systématiquement Stéphane Bern pour le commenter et ça, c’est bien le pire qu’il puisse nous arriver en plus d’un deuil royal. Avec sa tête de ravi de la crèche, décoré de l’ordre de l’Empire britannique et de la légion d’honneur française ???), il nous assène à chaque fois, deux heures durant, ses sempiternels commentaires vides de sens et dénués d’intérêt sur : « l’évènement historique », « la page qui se tourne » et bla-bla-bla. Selon la circonstance, mariage, naissance ou enterrement, il ajuste son ton : enthousiaste, délirant ou catastrophé. Quand le service public va-t-il donc confiner Stéphane Bern ?

Le Royaume-Uni montre le chemin

Le Royaume-Uni annonce sur le site web de son ambassade à Paris une hausse du taux d’impôt sur les sociétés et les individus. L’impôt sur les sociétés passera de 19 à 25% d’ici 2023 sauf pour les petites et moyennes entreprises. Pour les individus, l’augmentation fiscale sera obtenue par la non-réévaluation des tranches d’impôt progressif jusqu’en 2026, ce qui revient au même qu’une hausse du taux.

Maintaining the income tax Personal Allowance and higher rate threshold from April 2022 until April 2026.
To balance the need to raise revenue with the objective of having an internationally competitive tax system, the rate of Corporation Tax will increase to 25%, which will remain the lowest rate in the G7. In order to support the recovery, the increase will not take effect until 2023. Businesses with profits of £50,000 or less, around 70% of actively trading companies, will continue to be taxed at 19% and a taper above £50,000 will be introduced so that only businesses with profits greater than £250,000 will be taxed at the full 25% rate.

Budget 2021: What you need to know – GOV.UK (www.gov.uk)

Comme souvent, le Royaume-Uni montre le chemin en matière économique et n’hésite pas à affronter la vraie vie. Les hausses d’impôt sont inévitables, au Royaume-Uni comme ailleurs pour financer une partie du désastre financier généré par la pandémie de la Covid19. La France serait bien avisée de cesser de raconter des sornettes à ses citoyens et d’admettre que les impôts vont bien augmenter et que ce qui reste à déterminer c’est le meilleur calendrier pour lancer cette évolution.

Ça y est, c’est fait, passons maintenant à autre chose

Foolz/Charlie Hebdo (23/10/2019

Ça y est : l’Union européenne et le Royaume-Uni se sont entendus sur 1 500 pages d’un traité de séparation qui va entrer en vigueur plus ou moins au 1er janvier 2021. C’est bien, c’était attendu, chacun va désormais vivre sa vie et assumer ses propres responsabilités. Il fallait en finir ! Nous y sommes.

Il arrive un moment où lorsque qu’un individu ou un pays ne peut plus s’intégrer dans une organisation, il convient de l’en extraire sous peine de mettre à terre ladite organisation. Les conditions des relations futures sont encadrées par cet accord qu’il faudra maintenant décliner dans les détails ce qui ne manquera pas de provoquer encore nombre de difficultés que l’on résoudra entre gens intelligents et de bonne compagnie, par la négociation. On peut entrer dans l’Union européenne, on peut aussi en sortir, Londres vient de le démontrer. Rendez-vous dans dix ans pour tenter de mesurer les premiers effets de cette séparation dont personne ne peut aujourd’hui raisonnablement anticiper s’ils seront positifs, négatifs ou neutres.

Le Royaume-Uni quitte le navire pour, globalement, « take back control », recouvrer sa souveraineté. C’est un mot à la mode et nombre de démocraties occidentales sont tentées par le repli sur elles-mêmes, à commencer par les Etats-Unis qui ont quitté plusieurs d’accord multilatéraux et affichent leur souverain mépris vis-à-vis des différentes organisations des Nations- Unies. C’est une tentation rampante des citoyens et de leurs dirigeants : toutes les mauvaises choses sont le fait de l’étranger, revenons dans nos frontières et tout ira mieux. Ce discours est largement relayé en France par les courants intellectuels et politiques souverainistes, et commenté favorablement par Mme. Michu au Café du Commerce.

Le XXème siècle aura été marqué pour la multilatéralisation de la politique et la mondialisation de l’économie, avec tout de même quelques réalisations. Peut-être le XXIème sera celui de la démultilatéralisation et de la démondialisation ? Il suffit d’en décider. Londres et l’Union européenne viennent de montrer qu’on peut se séparer en faisant preuve d’un peu de constance et de beaucoup de courage face à l’incertitude de l’avenir. Ce n’est pas la première fois dans l’Histoire que Londres affiche de la détermination… A bon entendeur, salut !

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Les nouveaux garde-frontières délocalisés

De nombreux candidats réfugiés tentent actuellement la traversée de la Manche entre France et Royaume-Uni pour pénétrer illégalement dans ce dernier pays. Londres accuse Paris de ne point en faire assez pour bloquer ces départs (voire de les favoriser) qui se traduisent par de l’immigration illégale sur son territoire. Evidement c’est toujours mieux pour Londres de laisser ces personnes en France, d’autant plus que l’accord dit « du Touquet » signé en 2003 convient que les contrôles douaniers pour passer du pays A vers le pays B se pratiquent sur le territoire de B par des douaniers de A, et vice-versa. Pour les demandeurs d’asile en Grande-Bretagne, si la demande est formulée avant le départ du navire c’est à la France de traiter la demande, si elle est faite après c’est le Royaume-Uni qui s’en charge et… qui renvoie le candidat en France si sa demande est rejetée ! Il n’est rien prévu de particulier pour les illégaux qui s’embarquent sur des bateaux de fortune. Londres participe au financement des frais engagés par la France pour assurer tous ces contrôles.

Comme il y a beaucoup plus de réfugiés qui veulent se rendre de France vers l’Angleterre que l’inverse, Paris se retrouve avec un nombre important de réfugiés bloqués sur son territoire car ils ne peuvent pas être autorisés à prendre un bateau depuis la France puisqu’ils ne peuvent pas rentrer légalement dans le territoire de leurs rêves.

Cela ne vous rappelle rien ? C’est grosso-modo le même modèle d’accord qui existe entre la Turquie et l’Union européenne (UE) : cette dernière paye Ankara pour que des réfugiés candidats à l’entrée dans l’UE soient maintenus en Turquie et empêchés de franchir illégalement la Méditerranée où ils aboutissent naturellement d’abord en Grèce et en Italie. La France est « bénéficiaire » de l’accord en cours avec la Turquie en ce qu’il bloque dans ce pays des candidats réfugiés dont certains seraient sans doute intéressés par s’installer en France, mais elle est en revanche « contributrice » à l’accord avec Londres puisque celui-ci aboutit à bloquer en France des réfugiés qui cherchent à se rendre au Royaume-Uni… En gros, Paris est le turc de Londres.

Les deux accords affichent le même réalisme (teinté d’une touche de cynisme) à vouloir régenter des flux de réfugiés. Ils sont pour le moment relativement efficaces pour les pays « bénéficiaires » c’est-à-dire les pays de destination et reportent sur les pays « contributeurs » la charge d’accueil et de maintien des réfugiés. L’accord « du Touquet » présente l’avantage d’avoir été signé entre pays « bien élevés et de bonne compagnie » à la différence de celui impliquant la Turquie, pays qui vocifère, menace, ne respecte pas grand-chose et met ses menaces à exécution, au besoin en transportant officiellement les candidats réfugiés vers la frontière gréco-turque en leur faisant croire que le passage est libre[1]. S’il est sans doute possible de transiger avec le Royaume-Uni pour rééquilibrer l’accord « du Touquet », c’est mission impossible avec la Turquie qui continue à utiliser les flux de réfugiés, par ailleurs accueillis sur son sol, comme arme de dissuasion massive pour faire trembler les pays européens qu’elle n’aime pas beaucoup…

Migrations et frontières : c’est la combinaison garantissant le niveau maximum de problèmes dans notre monde d’aujourd’hui (et peut-être aussi déjà dans celui d’hier). La Turquie joue adroitement avec ces deux leviers pour jeter le trouble dans les pays chrétiens d’Europe occidentale qui, par ailleurs, accueillent une forte diaspora de citoyens… turcs (ou d’origine turque) sur leurs territoires, notamment en Allemagne et en France, et à qui les nationalités allemandes et françaises ont été délivrées ou obtenues par le droit du sol ou le droit du sang en vigueur dans nos pays. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes d’une situation inextricable qui en compte bien d’autres. Nous en sommes là !


[1] On se souvient que à l’apogée de la crise des migrants en 2015-2016, des vieux cargos rouillés chargés de réfugiés étaient lancés sur les côtes françaises et italiennes après que leurs équipages aient pris la fuite sur les embarcations de secours. Une courte enquête permit d’identifier les ports turcs de départ de ces navires en perdition. Il semble que quelques photos satellites aient été transmises à Ankara par les autorités françaises et ces flux se sont taris assez rapidement.

Boris est sorti de l’hôpital

Coco / Charlie-Hebdo (23/10/2019)

Au début de la crise sanitaire, le premier ministre britannique Boris Johnson a fait partie des dirigeants occidentaux sceptiques quant à la gravité de ce virus, se vantant même à la télévision de ne pas respecter les gestes-barrière préconisés par le corps médical. Début 2020 le Royaume-Uni envisageait de suivre la stratégie de « l’immunisation de groupe » visant à laisser courir le virus pour qu’une majorité de citoyens s’auto-immunise quoi qu’il en coûte en nombre de morts.

Plus récemment, et devant les prévisions dramatiques de morbidité si on laissait la pandémie courir, M. Johnson s’est finalement résolu à ordonner le confinement de ses citoyens. Dans le même temps il informait le peuple qu’il était lui-même contaminé. Il dut être hospitalisé en soins intensifs la semaine dernière et se trouve maintenant en convalescence dans sa résidence, sans doute pas à 100% de ses capacités pour tenir la barre du Royaume.

Les négociations sur la relation future de la Grande-Bretagne avec l’Union européenne que Londres souhaitait conclure pour le 31 décembre 2020 sont au point mort et Boris Johnson a refusé de s’associer aux différents programmes de relance et de soutien mis en place dans le cadre de l’Union. Décidemment le Royaume-Uni reste tourné vers le large. Nous verrons dans 10 ans s’il a eu raison de persévérer dans son individualisme national.

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Catégorisé comme Royaume-Uni

La Queen monte au front

Elisabeth II, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, 93 ans, s’est exprimée quelques minutes ce soir à la télévision pour son peuple, y compris les citoyens du Commonwealth, pour leur parler de la crise sanitaire du coronavirus. Elle s’exprimait depuis son château de Windsor et de ce fait ne portait pas un de ses inimitables chapeaux. Dommage ! Elle affichait tout de même perles, broche et pot de fleurs dans un ensemble parfait.

Il n’est pas sûr que ses mots soient très efficaces contre le coronavirus mais cette reine, quelle classe tout de même ! Des ruines de Londres bombardée par les allemands durant la IIème guerre mondiale aux événements actuels elle traverse le temps avec cette froide sérénité tellement britannique. Son fils se rétablit du coronavirus et son premier ministre est à l’hôpital, elle reste de marbre et règne, tout simplement.

“We will meet again”

…est sa conclusion.

Des expatriés dépités au Royaume-Uni

Depuis hier le Royaume-Uni a récupéré sa souveraineté pour gérer l’immigration sur son territoire, y compris celle de citoyens de l’Union européenne dont elle ne fait plus partie. Un régime transitoire a été mis en place pour ces citoyens de l’Union présents depuis au moins 5 ans sur le territoire britannique. Ils doivent se faire enregistrer pour la délivrance d’un titre de séjour les autorisant à rester sur place, au moins pour quelques années. La réciprocité a également été acquise pour les britanniques résidant dans les 27 pays membres de l’Union.

Certains de ces expatriés s’émeuvent d’un tel régime, les français n’étant pas les derniers à se plaindre, comme d’habitude. Et les journalistes présents sur place recueillent des « c’est honteux », « c’est un scandale », etc.

La mondialisation a fait oublier un peu trop rapidement aux citoyens du monde que « chez les autres » ce n’est pas encore exactement pareil que « chez soi ». Il y a ce que l’on appelle en matière d’investissement le « risque politique » : un citoyen d’un pays A installé dans un pays B est soumis à la Loi de son pays d’accueil qui peut être différente ou évoluer différemment de la Loi du pays A. C’est le b-a-ba de tout investissement à l’étranger. La libre circulation et d’installation des personnes qui a cours au sein de l’Union européenne ne l’a pas à l’extérieur où les lois nationales s’appliquent.

L’expatrié français installé à Londres va devoir désormais obtenir un titre de séjour qui peut bien entendu lui être refusé. Il semble d’ailleurs que c’est justement l’immigration débridée des citoyens de l’Union dans leur pays qui a causé le vote en faveur du brexit. Il n’est donc pas étonnant que la Grande-Bretagne reprenne le contrôle de son immigration. C’est le retour à la période d’avant la libre circulation des personnes qui n’est pleine et entière que depuis finalement pas si longtemps que ça, et qui souffre d’ailleurs toujours d’exceptions significatives. Les gens ont la mémoire sélective…

Cela étant dit, il est peu probable que le Royaume-Uni expulse sauvagement et rapidement ses immigrés originaires de l’Union. Cela devrait se passer de façon ordonnée et progressive, mais les non britanniques devront obtenir à l’avenir un titre de séjour et de travail pour s’installer et travailler en Grande-Bretagne, c’est ainsi que cela peut se passer quand on élit domicile à l’extérieur de son pays d’origine. A ne pas oublier !

C’est fait, voyons la suite désormais !

Charlie Hebdo – Vuillemin

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est actée ce soir à minuit. Les prophètes de malheur continuent à annoncer le pire : faillite économique, séparatisme en Grande-Bretagne, expulsion des immigrés, refoulement des expatriés, et bla-bla-bla, les remainers se désolent, les parlementaires et fonctionnaires britanniques de l’Union font leurs valises. C’est ainsi !

En réalité personne ne peut bien anticiper ce qui va se passer. Les pays européens vont bien arriver à trouver une solution pour définir le futur qui ne sera pas « comme avant ». Le Royaume-Uni n’a jamais vraiment apprécié faire partie d’une union politico-économique supposée brider sa créativité. Il a décidé collectivement de quitter l’Union européenne et il l’a fait. Voyons les étapes suivantes maintenant.

Jusqu’ici tout ne va si mal que ça !

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Catégorisé comme Royaume-Uni

Bye-bye…

Charlie Hebdo – Riss

Ça y est ! Enfin. Le Royaume-Uni est arrivé à se décider et son parlement a voté le texte de séparation de l’Union européenne, plus de trois ans après le référendum ayant voté le « leave ». Ce furent d’interminables semaines d’atermoiements, de batailles politiques, d’indécision et, finalement, d’exaspération de la population quel qu’ait été son vote de 2016. La décision était prise, il fallait la mettre en œuvre. C’est ce qui a été fait.

Bien malin aujourd’hui qui est capable de prédire ce que donnera le nouvel attelage Royaume-Uni souverain – Union européenne ! La redéfinition des liens entre ces deux entités a débuté, rendez-vous dans dix ans pour commencer à y voir plus clair.

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Catégorisé comme Royaume-Uni

Attaque religieuse à Londres

Un terroriste islamique a tué deux personnes au couteau au Royaume-Uni ce 29 novembre. Il en a blessé deux autres puis a été abattu par la police. Il portait une ceinture d’explosifs fictive et avait déjà passé huit années en prison pour terrorisme. Un habitué donc… il portait d’ailleurs un bracelet électronique car étant sous libération conditionnelle. L’attentat s’est passé un jour de Black Friday durant lequel la foule se presse dans les magasins pour surconsommer. C’est d’ailleurs une partie des passants qui a réussi à stopper le religieux dans son périple terroriste avant que la police ne lui tire dessus pour le « neutraliser ». Le groupe Etat Islamique a revendiqué cette action meurtrière.

Aussitôt les donneurs de leçons, dont le premier ministre conservateur britannique, répètent à l’envie que ce terroriste n’aurait pas dû sortir de prison et qu’il faut durcir la Loi. Certes oui, si cet individu avait été en prison il n’aurait pas tué des citoyens innocents, il aurait peut-être assassiné des codétenus, mais pas des passants. Cependant, comme d’habitude, aucune de ces pleureuses n’expliquent comment elles comptent s’y prendre d’un point de vue pratique et légal pour appliquer ce « durcissement de la Loi » appelé de leurs vœux.  Faut-il que tout terroriste ne puisse être condamné qu’à une peine de prison à perpétuité même s’il n’a pas (encore) commis de crime ? Si telle est la solution préconisée, il va falloir construire beaucoup de prisons car pour le moment la « démographie terroriste » est plus que positive : il y a bien plus d’arrivants dans cette activité que de terroristes qui décèdent donc s’il faut tous les emprisonner à vie, le secteur pénitentiaire va connaître un boom de l’immobilier et une croissance économique phénoménales, ce qui ne devrait pas empêcher de nouvelles vocations d’éclore.

Tout ceci n’est guère réalisable et ces dernières années montrent que nos sociétés, occidentales comme dans le reste du monde, doivent désormais vivre avec ce nouveau risque du terrorisme islamique. Les arsenaux législatifs et sécuritaires ont déjà été considérablement renforcés dans nos pays occidentaux, et tout particulièrement en France, sans pour autant faire disparaître complètement ces attaques terroristes. Peut-être un jour le développement de l’Humanité éloignera les citoyens mondiaux de ce tropisme religieux mortifère et que l’intelligence triomphera ? Nous en sommes loin pour le moment et le massacre se poursuit au nom d’un Dieu.

Mauvais souvenirs en Irlande du nord

Le Royaume-Uni fait toujours partie de l’Union européenne mais avec la volonté renouvelée d’en sortir. L’un des partis nord irlandais, soutien du gouvernement britannique conservateur actuel, le Parti unioniste démocrate (DUP), en faveur du maintien de l’Irlande du nord sous la couronne britannique, est dirigé par Mme. Arlene Isabel Foster. Dans le cadre des négociations en cours pour la sortie du Royaume-Uni, elle a marqué sa ferme opposition a tout accord qui atténuerait la force du lien entre Londres et Belfast et qui pourrait être un premier signal en faveur d’une réunification de l’île irlandaise.

Lorsqu’elle avait 8 ans son père a été victime d’un attentat de l’IRA (l’armée catholique irlandaise) et survécut à une balle dans la tête. Quelques années plus tard, la même IRA fait exploser une bombe dans un bus scolaire où je trouve la jeune Arelen, la jeune fille à côté d’elle est grièvement blessée.

Depuis, Mme. Foster qui est députée DUP au parlement britannique vote systématiquement contre tout ce qui ressemble à une amorce de détachement de l’Irlande du nord de la monarchie de Londres et pourrait la rapprocher de la République d’Irlande. On comprend mieux pourquoi…

Compte tenu de la sauvagerie de la guerre qui a opposé les terroristes catholiques, favorables à la réunification, aux unionistes protestants ne voulant pas entendre parler d’une séparation, il est probable qu’il faille attendre que la génération qui a mené ces combats soit éteinte pour envisager une inévitable réunification irlandaise. En attendant, le parti DUP dispose d’une sérieuse capacité de nuisance démocratique avec les 4 ou 5 députés dont il dispose à Londres.

La situation britannique devient risible

Après l’échec assumée par l’ancienne première ministre britannique de conclure un accord de brexit modéré, son successeur est en train d’échouer à obtenir un brexit dur, c’est-à-dire sans accord avec l’Union européenne sur les conditions du divorce. Ce qui est inattendu dans cette affaire est que le blocage relève en fait du parlement : les députés votent « Non » à tous et ne proposent rien en contrepartie. Ils ne veulent pas de sortie sans accord, ils n’ont pas voulu de l’accord proposé et ils veulent empêcher l’actuel premier ministre de mener sa barque seul car celui-ci a promis de réaliser ce fameux brexit au plus tard au 31 octobre coûte que coûte !

Aucun parti au parlement ne veut compromettre, personne ne lâche le morceau, chacun est persuadé de son bon droit et tout ceci produit une irresponsabilité collective à laquelle la démocratie britannique ne nous avait pas habitués. Après avoir essayé sans succès la méthode douce il n’est pas illégitime de passer à un processus plus énergique puisqu’il faudra bien que le Royaume Uni quitte l’Europe qu’il n’a d’ailleurs jamais vraiment intégrée. Alors que le nouveau premier ministre claironne qu’il réalisera cette évacuation avec ou sans accord est plutôt logique. Pourquoi diable des députés immobiles, effrayés par l’inconnu, paniqués par leurs ombres, inconscients de leur inertie, voudraient l’en empêcher. Tout le monde a peur, sauf Boris Johnson le ministre premier tonitruant. Il va bien falloir y arriver pourtant.

Pour le moment la situation est de nouveau bloquée : un dirigeant bouffon est empêché par des parlementaires incompétents d’appliquer une décision populaire, acquise après une campagne de Café du commerce, et dont personne n’est capable d’anticiper les conséquences, grandioses ou dévastatrices. On est à la limite du coup d’Etat constitutionnel : va-t-il oser ?

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Le Royaume-Uni encalminé

Charlie Hebdo – Riss

La première ministre britannique continue à défendre contre vents et marées son projet d’accord de brexit « raisonné ». Le vent et la marée sont en l’occurrence l’inconstance et l’irresponsabilité de son parlement. Après avoir exigé de valider tout accord de sortie de l’Union européenne (UE), ils n’y arrivent finalement pas. Comme leur a fait remarquer Theresa May ils ont voté :

  • Contre l’accord avec l’UE proposé par elle
  • Contre une sortie sans accord
  • Contre un report à long terme de la date limite de sortie
  • Contre un rétablissement d’une frontière en Irlande du Nord
  • Contre l’octroi d’un statut spécial à l’Irlande du Nord
  • Contre différentes propositions alternatives qui ont été mises sur la table

Et ils n’ont voté « pour » à rien !

Finalement le Royaume-Uni a obtenu un nouveau report au 30 octobre de sa date de sortie soumis à différente conditionnalité. Personne ne veut lâcher prise et composer pour constituer une majorité de décision. La situation est relativement ubuesque et ne permet à aucune des parties d’avancer. Ironie suprême, il est désormais probable que le Royaume devra participer aux élections du parlement européen de mai prochain s’il est toujours membre de l’Union.

La fébrilité commence à saisir l’Union européenne qui craint l’incertitude d’un brexit brutal. En fait personne ne sait bien quelles seront les conséquences de ce divorce, qu’il soit amiable ou conflictuel. Il arrive un moment où il faut y aller et advienne que pourra, mais tout le monde fuit ses responsabilités à Westminster, terrifié d’avoir à endosser une responsabilité en cas d’échec. Le courage politique est une denrée qui se fait plutôt rare en nos temps d’opulence… Au pied du mur, gageons que nous nous en sortirons, mais il serait bienvenu que les électeurs britanniques renvoient leurs parlementaires nationaux dans leurs cottages compte tenu de leur piètre efficacité, et élisent un personnel politique neuf capable de gérer ce changement à venir.

Dans son Histoire, le Royaume-Uni a vu pire, et, souvent, fait mieux !

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Le Royaume-Uni n’arrive pas à se décider

Le parlement britannique a rejeté pour la seconde fois l’accord de divorce négocié entre le gouvernement et l’Union européenne. Comme la fois précédente, l’accord mécontente la majorité pour des raisons opposées : les partisans du divorce ne le trouvent pas assez radical, ceux qui veulent rester dans l’Union le trouvent trop mou, et tout ce petit monde campe sur ses positions, refusant de compromettre, oubliant leur mission et, probablement, participant à la montée de la détestation du monde politique par le citoyen. Comme d’autres nations occidentales, le Royaume roule en pente douce vers la décadence démocratique qui gangrène nombre de nations.

Le cas du Brexit est emblématique. On l’a vu dans le passé, les britanniques n’ont jamais été de francs partisans de l’union politique européenne mais uniquement intéressés par l’accès au marché unique que lui permettait son adhésion à l’Union en 1973. Ils se sont opposés depuis à beaucoup de politiques européennes et ont obtenu nombre d’exceptions et d’exemptions leur conférant un statut particulier : « le beurre et l’argent du beurre ». Avec le sentiment de leur bon droit et une efficacité certaine, ils ont cherché depuis leur adhésion à savonner la planche sur laquelle les pays membres cherchaient à renforcer les aspects politiques de l’Union. En juin 2016, un gouvernement conservateur organisa un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union pour de basses raisons de politique interne. Contre toutes attentes, le résultat fut en faveur d’une sortie. La campagne électorale fut un consternant déchaînement de beaufitudes et de mensonges des deux côtés, le résultat inattendu.

Les partisans du Brexit croyaient si peu à leur victoire que rien n’avait été préparé pour la mise en œuvre d’une telle hypothèse et nombre des dirigeants qui la défendaient ont d’ailleurs disparu dans la nature et sont retournés à leurs affaires. En fait, ils sont généralement de vrais libéraux et pensent profondément qu’il faut laisser faire les choses, surtout ne pas convenir d’un accord avec l’Union, le sacrosaint « Monsieur le Marché » devant régler naturellement tous les problèmes et aplanir les difficultés.

En attendant il n’y a pas de majorité au Parlement, ni pour la solution libérale, ni pour l’option modérée d’une séparation encadrée par un accord. Encore plus contradictoire, le lendemain du second rejet du projet d’accord remodelé, ce Parlement a voté massivement contre l’option d’une sortie sans accord… retour à la case départ et aveu d’impuissance. Du coup, un nouveau vote de ce parlement indécis demande à la première ministre de négocier un report de la date limite de sortie fixée au 31 mars 2019.

L’un des points de blocage les plus sensibles concerne le cas de l’Irlande du nord. Celle-ci faisant partie du territoire de la couronne, une fois le Royaume sorti de l’Union, il conviendrait donc de rétablir une frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du nord, c’est la logique de la sortie du marché unique. Simplement, les britanniques n’en veulent pas car cela risquerait de relancer la guerre civile en Irlande du nord entre les catholiques partisans de la réunification des deux Irlande et les protestants voulant maintenir leur appartenance à la couronne britannique. Du coup, le Royaume-Uni quitte l’Union, principalement pour revenir tranquillement à l’abri de ses frontières mais… ne veut pas rétablir celle avec la République d’Irlande. C’est inextricable et nous en sommes là. Les britanniques qui ont pollué l’Union du temps de leur présence, continuent à la perturber sérieusement pour en sortir.

Cerise sur le gâteau, le gouvernement conservateur dirigé par Theresa May, elle-même initialement partisane du maintien dans l’Union, chargé de négocier la sortie, organisa des élections anticipées en avril 2017 pour renforcer sa majorité, dont le résultat aboutit à… l’affaiblir, rendant plus délicate encore l’adoption du produit de ses négociations avec Bruxelles, comme on l’a vu ces derniers mois. Bref, c’est le chaos à tous les étages mais peut-être cette déconstruction sera-t-elle positive.

Il reste encore quelques semaines pour aboutir à un divorce à l’amiable, si celui-ci ne pouvait pas être conclu à temps, et bien la sortie serait plus brutale mais pas forcément plus mauvaise. Il faudra refaire le point dans dix ans sur les positions respectives de l’Union sans le Royaume-Uni et du Royaume indépendant. Bien malin est celui qui croît pouvoir prédire aujourd’hui ce qu’il en sera demain. God save the Queen !

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