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  • Le rugby des dîners en ville

    Le rugby des dîners en ville

    Dans les diners en ville, les amateurs de rugby à la télévision défendent mordicus que c’est un sport « de gentlemen » et lorsqu’on leur rétorque que c’est tout de même une activité violente on s’entend répliquer que l’on ne comprend rien à ce sport « tout en noblesse ». Quand on voit la tête de certains joueurs de rugby à la sortie des terrains on se demande vraiment où est la noblesse de ces montagnes de muscles qui s’entrechoquent de plus en plus violemment au point qu’il y a régulièrement des morts.

    D’ailleurs les joueurs professionnels eux-mêmes se mettent de plus en plus à attaquer leurs fédérations en dommages et intérêts pour ne pas les avoir assez protégés et pour faire face à leurs soins de santé. Beaucoup d’entre eux souffrent de démence à force d’avoir reçu des chocs sur la tête. En France, la fédération et la ligue du ballon ovale rétorque qu’elles installent des médecins indépendants sur les terrains du championnat et sensibilisent les équipes aux risques de commotions cérébrales. Sur les terrains amateurs la situation est encore moins contrôlée face à des risques similaires.

    Même devant ces faits documentés, les dîners en ville bruissent de commentaires énamourés à l’égard de ces brutes autodestructrices : « Un peu de brutalité et de virilité dans le respect des règles », ou encore « Un jeu de brutes exécuté par des gentlemen », etc. En réalité, les amateurs embourgeoisés de rugby télévisuel aiment s’encanailler devant le spectacle de ces violences qui leur font envie du fond de leur canapé, sans parler des troisièmes mi-temps fortement arrosées, voire sexualisées, tout en sirotant leur whisky Single Malt muri dans la tourbe irlandaise. La coupe du monde de rugby qui va se dérouler en France le mois prochain les fait frétiller de satisfaction tout en continuant à vanter ce sport ultra-violent, et en espérant que leurs enfants ne le pratiqueront pas un jour.

    Lire aussi : Des joueurs de rugby rendus séniles par les chocs répétés

  • Le ministre malien de la défense bénéficie de la nationalité française

    Le ministre malien de la défense bénéficie de la nationalité française

    A l’occasion de sa mise sous sanction par l’administration américaine du ministre malien de la défense, le colonel Alou Boi Diarra, pour avoir « facilité le déploiement et l’expansion » des activités au Mali du groupe paramilitaire russe Wagner, on apprend que ce ministre bénéficie de la nationalité française en plus de sa nationalité d’origine malienne. Il n’est pas précisé à ce stade pour quelles raisons cette nationalité lui a été attribuée : droit du sol, récompense d’une action particulière, autre ?

    Après la révélation de la nationalité française du ministre comorien des affaires étrangères et du président de la République malgache, c’est maintenant le ministre d’un pays ennemi dont on révèle la double nationalité. Evidemment, au vu de la situation conflictuelle existant entre la France et le Mali on pourrait s’attendre à ce que, par souci de clarification, ledit ministre renonce à sa nationalité française, ou que ses collègues ministres exigent de lui un tel renoncement générateur de conflits d’intérêts. Il est peu probable que l’impétrant endosse l’ambiguïté de sa situation et renonce à ce qui représente un avantage pour lui : pouvoir revendiquer la protection de la France si les choses tournaient mal pour son régime dont le principal fonds de commerce est de critiquer violement la France. A défaut d’une renonciation volontaire à cette nationalité française, M. Alou Boi Diarra pourrait probablement en être déchu pour différents motifs prévus dans la loi mais il est peu probable que l’Etat français se lance dans une telle procédure juridique (Annulation, retrait ou déchéance de nationalité française | Service-public.fr) pour ne pas jeter de l’huile sur le feu.

    Lire aussi :
    L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises
    La nationalité française du président de Madagascar

    Cet imbroglio confirme une nouvelle fois l’intérêt qu’aurait la République française à être plus regardante sur l’octroi de sa nationalité à des citoyens étrangers. A force d’avoir distribué ce hochet à tout bout de champ, cette générosité revient en boomerang et l’on découvre avec stupeur des forbans bénéficiant de cette nationalité favorisant les actions politiques nauséabondes d’une bande de mercenaires aux dents longues, ravis de savonner la planche de l’ex-puissance coloniale….

  • Il faut rapatrier l’ambassadeur de France au Niger

    Il faut rapatrier l’ambassadeur de France au Niger

    Le pouvoir galonné qui a pris le pouvoir au Niger à la fin du mois de juillet prononce l’expulsion de l’ambassadeur de France. L’Allemagne et le Nigeria sont l’objet de la même décision mais font profil bas jusqu’ici. Paris, qui en fait toujours plus que les autres, dénie à la junte militaire le droit de décider une telle expulsion. La France compte-t-elle maintenir de force son ambassadeur sur place ? Va-t-elle faire sortir sa troupe de ses casernes sur place (on parle de 1 500 hommes sur la base de Niamey) pour défendre son ambassade face aux furieux qui manifestent devant ses murs et cassent tout ce qu’ils peuvent ? C’est irréaliste ! Le mieux à faire est de rapatrier en bon ordre tout ce petit monde, civil et militaire, ce qui va déjà être suffisamment complexe pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. N’importe quelle autre ambassade pourra gérer les intérêts français sur place sans trop de difficultés. Reste le cas des civils privés qui sont présents au Niger, dans des entreprises ou des organisations humanitaires : pour eux l’heure du choix peut-être déchirant va se poser, rester ou partir, comme il s’est déjà posé dans nombre d’autres pays sahéliens dont la France officielle a été chassée ! Par souci de parallélisme des formes, il faut également faire connaître le même sort à l’ambassadeur du Niger en France dans la mesure où il en existe un.

    Le destin de la France est de s’éloigner physiquement et politiquement de ses anciennes colonies dont les populations continuent malgré tout à migrer massivement vers la France. Le destin du Niger reste quant à lui à définir et cela se fera sous d’autres auspices que celles d’une période post-coloniale qui a atteint ses limites soixante années après les décolonisations des années 1960. On verra dans dix ou vingt ans où en sera le Niger et ses voisins du Sahel ; pas sûr que leur situation sera significativement dégradée versus celle d’aujourd’hui. Comme pour une enfant qui s’éloigne de ses parents, le Niger doit maintenant s’émanciper de la France. C’est toujours douloureux sur le moment pour la maman mais c’est un mauvais moment à passer, les relations peuvent reprendre ensuite sur des bases bien plus saines, ou rester distantes. Le mieux est de se donner rendez-vous dans dix ou vingt ans et de voir comment tout ceci aura évolué.

    En attendant, les Etats-Unis qui disposent également de bases au Niger avec un millier d’hommes semblent en meilleurs termes avec les galonnés qui ont pris « illégalement » le pouvoir et leur présence dans le pays ne serait pas remise en cause pour le moment. L’Occident ne quittera pas complètement la zone malgré le départ de la France qui est écrit d’avance.

    Ce week-end en Afrique centrale des élections présidentielles auront lieu au Gabon que le fiston Bongo, Ali, semble en bonne voie de remporter pour un troisième mandat après les quarante-sept années du pouvoir tenu par son père Omar. Cela fait donc maintenant plus de soixante ans que le père et le fils Bongo trustent le poste de président du Gabon avec un cortège de malversations et de mauvaise gouvernance. Ali a par ailleurs été victime d’un accident vasculaire cérébral qualifié de sérieux au cours du mandat qui s’achève dimanche. On ne sait même plus vraiment s’il est véritablement toujours en état de gouverner…

    Alors, que préférez-vous : la « démocratie » gabonaise ou la « dictature » nigérienne ?

  • « Duo à quatre mains : Anne Queffélec (piano) – Gaspard Dehaene (piano) » au festival de musique de chambre de Perros-Guirec

    « Duo à quatre mains : Anne Queffélec (piano) – Gaspard Dehaene (piano) » au festival de musique de chambre de Perros-Guirec

    Anne Queffélec (née en 1948) ouvre ce dernier concert du festival 2023 par un hommage à la pianiste Catherine Collard (1947-1993) qui a été directrice de ce festival breton et, surtout, interprète majeur de Schumann, Debussy, notamment. C’est le trentième anniversaire de son décès. Elle joua souvent avec Anne Queffélec et à la tendresse exprimée par cette dernière au souvenir de son amie, on comprend l’affection profonde qui gouverna leur relation musicale et personnelle. Emportée brusquement par un cancer à 46 ans elle a dédié sa vie à la musique et, lorsque sa carrière connut un creux, elle se dévoua à partager sa passion avec les élèves des conservatoires et les spectateurs des festivals qu’elle organisait. Elle était la marraine de Gaspard Deheane, le fils aîné d’Anne Queffélec, né en 1987, qui partage la scène ce soir avec sa mère.

    Le concert commence avec une sonate de Haydn (1732-1809) jouée par Anne qui enchaîne sur la sonate « Au clair de lune » de Beethoven (1770-1827). Le second fut l’élève du premier, peu de temps, mais suffisamment pour que Haydn identifie son génie. La pianiste nous explique que Haydn était un homme robuste et joyeux, qui vécut très longtemps pour son époque quand Beethoven fut une personnalité torturée ayant affronté de longues périodes de dépression, dues notamment à sa surdité qui va progressivement devenir totale et le couper du monde.

    Il exprima ce désespoir à ses deux frères dans une lettre qu’il ne leur envoya finalement jamais et qui fut retrouvée après sa mort : le « Testament de Heiligenstadt » dont un extrait nous est lu ce soir :

    Finalement condamné à la perspective d’un mal durable (dont la guérison peut durer des années ou même être tout à fait impossible), alors que j’étais né avec un tempérament fougueux, plein de vie, prédisposé même aux distractions offertes par la société, j’ai dû tôt m’isoler, mener ma vie dans la solitude, et si j’essayais bien parfois de mettre tout cela de côté, oh ! comme alors j’étais ramené durement à la triste expérience renouvelée de mon ouïe défaillante, et certes je ne pouvais me résigner à dire aux hommes : parlez plus fort, criez, car je suis sourd, ah ! comment aurait-il été possible que j’avoue alors la faiblesse d’un sens qui, chez moi, devait être poussé jusqu’à un degré de perfection plus grand que chez tous les autres, un sens que je possédais autrefois dans sa plus grande perfection, dans une perfection que certainement peu de mon espèce ont jamais connue – oh ! je ne le peux toujours pas, pardonnez-moi, si vous me voyez battre en retraite là-même où j’aurais bien aimé me joindre à vous.

    Victor Hugo parlait de lui comme « ce sourd qui entendait l’infini ! ».

    Cette différence de personnalité se sent parfaitement dans les variations de leurs deux sonates. Le déroulement mélancolique du premier mouvement de celle de Beethoven nous plonge effectivement dans les tréfonds de l’âme sombre de ce compositeur d’exception : simplicité des notes et lente progression vers l’abime. C’est un trésor ! Le troisième mouvement très enlevé marque comme une réaction contre la tristesse, Beethoven se révoltant contre sa maladie ? Il est joué de main de maître par Mme. Queffélec.

    Gaspard succède à sa mère sur le Steinway pour interpréter un autre trésor de délicatesse et d’à-propos avec « Clair de lune » de Debussy (1862-1918). Il accompagne notre méditation dans la pure beauté de cette musique pendant que le soleil se couche sur la mer derrière la baie vitrée où est placé le piano. Un instant d’absolu.

    Suivent les Fantasiestückes de Robert Schumann (1810-1856). Encore une histoire douloureuse : Robert est empêché de se marier avec Clara Wicks (1819-1896) par les parents de celle-ci. Alors ils échangent des lettres journalières et, surtout, Robert compose pour Clara qui fut une pianiste exceptionnelle. Ces morceaux ont été écrits à cette époque de frustration mais la musique est allante, comme pour transcender ce sentiment négatif. Il y a de l’espoir dans les rythmes. Les deux musiciens finirent par se marier en 1840 avant que Schumann ne sombre dans la folie dix années plus tard et meurt dans un asile en 1856. Plus tard, Brahms (1833-1897), inspiré par Clara écrira son Concerto pour piano n°1.

    La mère et son fils interprètent ensuite Schubert (1797-1828) à quatre mains après qu’Anne nous eut expliqué que « jouer à 4 mains ce n’est pas 2 fois plus facile, au contraire ! ». Encore un génie emporté dans la fleur de l’âge après avoir eu le temps de composer une œuvre magistrale, peu reconnue de son vivant. Anne et Gaspard échangent leur position entre le Rondo et la Fantaisie et nous offrent l’émouvant spectacle de la transmission du talent de la plus ancienne au plus jeune, tous deux réunis sur cette musique et leur amour familial. Œdipe doit voler au milieu des notes mais qu’importe, il est écrasé par Schubert.

    Le rappel est « un retour aux sources » comme l’introduit Gaspard : une cantate de Bach transcrite pour piano à quatre mains.

    Anne Queffélec reprend alors le micro pour remercier les spectateurs de participer par leur présence et leur enthousiasme à faire vivre la musique qui reste aussi le meilleur moyen de communiquer avec ceux qu’on aime, même quand ils nous ont quittés.

    Ces deux interprètes remarquables nous ont emmené bien loin dans ce romantisme du XIXème siècle : douleur et génie pour un monde géants.

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  • Une dérive française évitée au Niger

    Une dérive française évitée au Niger

    Il semblerait d’après la presse bien informée que les troupes françaises aient été approchées par les soutiens du président nigérien démis le 27 juillet par un galonné et assigné à résidence pour le libérer. On se félicité que Paris n’ait pas donné suite à ce énième appel au secours d’un président africain mis dehors par un pronunciamiento. On se croirait revenus aux années 1970 où Foccart, éminence grise du général de Gaulle, lançait la légion pour rétablir des présidents poussés dehors par une soldatesque dépenaillée comme Léon M’Ba au Gabon en 1964.

    Heureusement la troupe française stationnée au Niger n’a pas reçu instruction d’intervenir, mais le simple fait que des Nigériens aient demandé une intervention montre combien la dépendance à l’égard de l’ancienne puissance coloniale est encore forte. Rapidement l’armée nigérienne a rallié la rébellion rendant ainsi caduque la demande d’assistance qui aurait été émise dans les premiers jours par le chef d’état-major. Ce serait l’ex-président, assigné à résidence mais ayant toujours accès à un téléphone, qui aurait mis son véto à une implication militaire française, espérant toujours alors régler le « problème » par la négociation.

    Il reste à espérer que pas un responsable à Paris n’a eu l’idée saugrenue de considérer cette demande nigérienne autrement que pour la rejeter !

    Lire aussi : Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

  • La mort du dernier chef du groupe Etat Islamique

    La mort du dernier chef du groupe Etat Islamique

    On ne sait pas bien comment mais le dernier chef du groupe Etat islamique (EI) est mort, sans doute dans le nord de la Syrie. Soit il se serait suicidé lors d’une attaque des services secrets turcs, soit il serait mort au cours de combats contre un autre groupe religieux-terroriste, potentiellement aidé par la Turquie. L’évènement n’est pas daté mais remonterait au mois d’avril dernier ou de mai. L’EI a officiellement annoncé son décès et dévoilé le nom de son successeur.

    Le peu de retentissement donné à cette nouvelle illustre la perte de puissance de l’EI qui avait été à l’origine de nombre d’attentats terroristes en Occident tout en étant très actif dans la guerre civile syrienne contre le pouvoir. C’est une bonne nouvelle tant cette organisation a déployé une terrifiante inventivité en termes de barbarie pour effrayer et lutter contre ses ennemis et imposer sa vision de l’Islam. Mais il ne faut sans doute pas l’enterrer pour autant, l’EI a semé les graines de la terreur religieuse partout à travers le monde, des semences qui peuvent germer de nouveau à tous moments. En attendant le groupe continue à mener sa guerre en Syrie et dans quelques autres territoires annexes où elle déclenche des attentats meurtriers de façon régulière, en Afghanistan notamment.

    Quel que soit l’avenir du terrorisme islamique, l’EI aura marqué le début du XXIème siècle dans un monde qui ne s’attendait pas à un tel déchaînement de violence mondialisée.

  • Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

    Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

    L’ONU, la CEDEAO, la France, les Etats-Unis, et bien d’autres, s’émeuvent qu’un général nigérien de rencontre ait pris le pouvoir au Niger. Au passage il a assigné son prédécesseur et sa famille à résidence, embastillé quelques ministres du précédent gouvernement et s’égosille à publier des communiqués haineux contre la France. Rien de bien grave donc, juste une transition politique qui ne répond pas exactement aux critères démocratiques occidentaux, mais qui rentre parfaitement dans les us et coutumes de la majorité des pays membres des Nations Unies.

    La communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (dont le Niger est l’un des quinze pays membres) menace même de rétablir cet « ordre constitutionnel » manu militari, menace qui ne fait pas peur à grand monde tant on sait les armées de ces pays peu équipées ni aguerries pour réaliser une telle mission si jamais elle était décidée ce qui paraît de moins en moins probable.

    Revenir en arrière semble désormais peu crédible et pas forcément souhaitable. La plaisanterie a bien duré maintenant il faut y mettre fin et reconnaître ce nouveau pouvoir qui ne devrait être ni mieux ni pire que le précédent et qui a au moins le mérite de faire l’unanimité parmi la population de la capitale Niamey.

    Lire aussi : Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Evidemment il va falloir faire avaler leur chapeau à tous les imprudents qui jacassent dans les institutions internationales ou dans les cabinets ministériels parisiens en faveur du retour à « l’ordre constitutionnel » mais il existe suffisamment de diplomates bien madrés capables de mettre au point un accord de papier qui permette à chacun de sauver la face en laissant ces galonnés aux commandes, le Niger aller vers son destin et le reste du monde passer à autre chose.

    Pour une fois la Russie montre la voie de la sagesse et son ministre des affaires étrangères a communiqué le 11 août :

    Nous estimons qu’une solution militaire à la crise au Niger pourrait conduire à une confrontation prolongée dans ce pays africain, ainsi qu’à une forte déstabilisation de la situation dans l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.

    https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1900319/
  • Robbie Robertson, leader du groupe The Band, est mort

    Robbie Robertson, leader du groupe The Band, est mort

    Robbie Robertson, fondateur canadien né en 1943, est mort à 80 ans ce 9 août. Guitariste, il a fondé le groupe The Band connu pour avoir accompagné Bob Dylan lors de sa mue vers l’électrique en 1965. Le groupe vivra aussi sa vie indépendamment de Dylan, sortira plusieurs disques et fera l’objet d’un superbe film de Martin Scorsese à l’occasion de son concert d’adieu le 25 novembre 1976. The Band a joué au festival de Woodstock en 1969.

    Lire aussi : « The Last Waltz » de Martin Scorsese

    Robertson continue ensuite à sortir des disques solos en collaboration avec de grands artistes comme Peter Gabriel, Eric Clapton, Trent Reznor… Il est mort de maladie, en musicien, sans doute pas loin de sa guitare.

  • « Every day is Saturday” de Tom Wood au Centre d’art GwinZegal (Guingamp)

    « Every day is Saturday” de Tom Wood au Centre d’art GwinZegal (Guingamp)

    Tom Wood est un photographe né en Irlande en 1951, qui vécut une grande partie de sa vie près de Liverpool. Passionné par le dessin dès son plus jeune âge, il quitte l’usine de voitures dans laquelle il travaillait comme son père, pour suivre les cours d’une école d’art dont il ressort peintre avant de s’orienter vers la photo.

    S’il réfute le qualificatif de photographe « documentaire » que lui a attribué Martin Parr, il dit être à la recherche de LA bonne photo quel qu’en soit le sujet. Il n’en demeure pas moins qu’il a « documenté » nombre de sujets sociaux car tel était l’environnement de sa jeunesse dans une ville en pleine décrépitude : libéralisme échevelé de la politique « thatchérienne » mise en œuvre à l’époque avec son cortège de fermeture d’usines, de chômeurs, de jeunesse désœuvrée…

    Ses photos sont principalement des portraits de ces hommes et femmes de toutes générations, en groupe ou solitaires, prises dans le bus, dans les pubs, dans les usines, dans les banlieues décrépies… En couleurs ou en noir-et-blanc elles forment la mémoire de ce temps et marquent l’œil bienveillant de leur auteur. Une exposition de photos de Tom Wood c’est en fait un livre d’histoire.

    C’est le Centre d’art GwinZegal qui expose Tom Wood aujourd’hui. L’ancienne prison de Guingamp a été reconvertie en lieux tourné vers la photographie, non seulement à titre de musée, mais surtout un espace de création avec des artistes en résidences, des ateliers pédagogiques sur l’image. D’ailleurs, après Wood, le visiteur poursuit dans une salle adjacente où il peut regarder l’exposition « Les yeux ouverts – l’école du regard », fruits photographiques du travail réalisé par des habitants de la région, encadrés par des artistes, pour matérialiser leur représentation du monde qui nous entoure.

    Lire aussi : « Un village » exposition Madeleine de Sinéty au Centre d’Art GwinZegal de Guingamp

  • MILES Barry, ‘Ici Londres ! Une histoire de l’underground londonien depuis 1945’

    MILES Barry, ‘Ici Londres ! Une histoire de l’underground londonien depuis 1945’

    Sortie : 2010, Chez : Editions Payot & Rivages (2014).

    Barry Miles, né en 1943, est un auteur qui a frayé avec le milieu « underground » londonien dont il a été l’un des acteurs depuis l’après-guerre. Dans ce récit de 700 pages il retrace l’histoire de cette contre-culture qui a touché tous les arts et dont Londres fut l’un des centres névralgiques. La capitale britannique a toujours été créative et même au sortir de la guerre, au cœur d’une ville dévastée par les bombardements allemands mais victorieuse grâce à la résistance héroïque de ses habitants, la culture a agit comme un ressort, bousculant la vieille Angleterre et accélérant son redressement.

    Ils étaient les enfants d’une société qui considérait encore que les classes moyennes étaient en droit d’imposer leurs valeurs morales à une classe dont le mode de vie échappait totalement à ces critères ; d’une génération qui utilisait la guerre comme un prétexte pour légiférer dans tous les domaines ; d’un système d’éducation qui rejetait tout potentiel créatif et ne menait qu’à des boulots sans avenir et à la conscription obligatoire ; d’un monde gris et médiocre où les gentils garçons jouaient au ping-pong.

    George Melly (1926-1973, chanteur de jazz et de blues, critique, écrivain, lecteur du surréalisme)

    Nous sommes à Londres, donc il fait froid et humide, alors tout se passe dans les pubs, les bistrots, les bars, les galeries d’exposition éphémères, les librairies dans des caves et les squats occupés par les artistes dans les ruines des immeubles bombardés. Miles a traîné dans tous ces tripots où se pressaient nombre d’artistes inconnus du lecteur lambda, mais aussi Francis Bacon, Lucian Freud, Allen Ginsberg, Jackson Pollock, le tout dans une débauche d’alcool et de drogue.

    Plus tard on voit apparaître Mick Jagger, Keith Richards et Brian Jones, Pete Townshend, Yoko Ono, Syd Barret, John Peel, Gilbert & George. On assiste aux débuts des Pink Floyd, de Soft Machine, et de nombre de poètes, de peintres, d’auteurs de théâtre, de réalisateurs de film… Les américains William Burroughs, Jimmy Hendrix, Andy Warhol, Debby Harry passent aussi à Londres pour plonger dans cette contre-culture rayonnante.

    Des évènements sont organisés où des musiciens jouent de l’archet sur des pots de yaourt sonorisés pendant que des peintres laissent dégouliner de la peinture sur le plancher du théâtre devant des spectateurs aux visages peints de motifs cachemire écoutant des enregistrements de poèmes de Burroughs dans des nuages de fumée de cannabis…

    La dernière partie est consacrée à l’apparition du mouvement punk qui fit exploser les règles du vieux rock, déclenchant un séisme musical et comportemental annonçant l’arrivée des « nouveaux romantiques » (Boy George, Spandau Ballet, Ultravox).

    Le trait commun de tous ces artistes est la rébellion contre les règles et la bourgeoisie britanniques. Leurs buts : faire exploser le système, choquer ses acteurs et regénérer les arts. Quelque soit leur domaine de prédilection, ils ont pleinement réussi, et même s’il a fallu passer par des installations douteuses, des collaborations improbables, des concepts nauséabonds, les meilleurs ont survécu, et même réussi pour certains. Et puis la société a aussi évolué vers un peu plus de tolérance, aussi par suite des scandales qu’ils ont joyeusement provoqués.

    Et lorsqu’on s’interroge sur ces incroyables débordements de créativité du Royaume-Uni, et de Londres en particulier, qui continuent de nous impressionner encore aujourd’hui, la meilleure réponse est peut-être que le climat sombre de ce pays favorise la création.

    Le titre « Ici Londres ! » est la traduction de « London Calling! » qui était le nom d’une des premières émissions radio de la future BBC en 1942, donnant des nouvelles de la guerre, mi-propagande, mi-information. Il a surtout été repris par les Clash pour leur double album de 1979, un hymne fulgurant au Londres « punk ».

  • « Oppenheimer » de Christopher Nolan

    « Oppenheimer » de Christopher Nolan

    Le dernier film de Christopher Nolan aborde un sujet intéressant mais traité à la manière hollywoodienne, c’est-à-dire de façon un peu grandiloquente et légèrement horripilante avec force effets sonores et visuels qui n‘apportent pas grand-chose à la compréhension du scénario.

    Il s’agit de l’histoire de Robert Oppenheimer (1904-1967), savant physicien de génie, spécialiste de la mécanique quantique, nommé directeur technique du projet « Manhattan » qui permit aux Etats-Unis d’Amérique de développer de façon accélérée la bombe atomique durant la seconde guerre mondiale, en rattrapant le retard pris sur les scientifiques allemands. Berlin capitulera avant que le projet n’aboutisse mais deux bombes seront tirées sur le Japon en 1945, accélérant ainsi la capitulation nipponne et initiant une nouvelle époque où l’homme est désormais capable de se détruire intégralement.

    Le film insiste sur les états d’âme bien compréhensibles de ces scientifiques qui participent à un projet excitant mais destructeur qui a fait entrer les hommes et le monde dans une nouvelle ère, encore plus tragique que la précédente. Oppenheimer eut des accointances « de gauche » avant la guerre, sans jamais adhérer au parti communiste. Il aura des doutes sur la façon d’utiliser cette bombe atomique mise au point par l’équipe qu’il dirigea durant la guerre. Il eut des comptes à rendre durant la folle période du maccarthysme aux Etats-Unis durant la guerre froide.

    Accusé, puis blanchi, sa loyauté envers son pays est confirmée, mais il symbolise les tiraillements éthiques auxquels peut être confronté le monde scientifique face à la politique, surtout lorsqu’il travaille sur des sujets pouvant donner lieu à des applications militaires concrètes. Il faut trouver sa voie dans un enchevêtrement d’intérêts croisés, d’idéologies contradictoires, d’éthiques différenciées. La vie d’Oppenheimer illustre ces difficultés, et celles de ses collègues (dont Einstein qui apparaît dans le film) évoquent différentes options prises par ceux-ci, y compris la trahison de leur pays par certains qui livrèrent des informations scientifiques à l’Union soviétique croyant œuvrer ainsi en faveur de la paix. C’était aussi une époque où une partie de l’intelligentsia scientifique et culturelle occidentale pensait que le capitalisme vivait ses derniers instants et que l’Union soviétique allait imposer son modèle d’où nombre de « compagnons de route » du communisme dont certains ont été recrutés comme espions par l’URSS, y compris aux Etats-Unis. Ils se sont trompés sur ce point mais ils ont découvert la bombe atomique « capitaliste » avant les scientifiques nazis. On peut estimer aujourd’hui que ce fut préférable que l’inverse…

    La vie et les doutes d’Oppenheimer montrés dans le scénario illustrent ce dilemme qui saisit nombre d’intellectuels de l’époque. En ceci le film est intéressant.

  • Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Malgré les oppositions de circonstance, occidentales comme africaines, les militaires nigériens qui ont pris le pouvoir à Niamey le consolide en nommant un premier ministre et un gouvernement, et en provoquant des rassemblements populaires pour soutenir la clique de galonnés initiateurs du coup d’état et vilipender la France, ex-puissance coloniale qui dispose toujours de garnisons militaires dans ce pays.

    La communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait entendre les bruits de bottes de sa soldatesque et menace d’envoyer une force africaine pour rétablir « l’ordre constitutionnel » au Niger. Cette communauté est actuellement présidée par le Nigeria qui constituerait le plus de la force militaire interafricaine si une intervention était finalement décidée, ce qui semble improbable. Le Mali et le Burkina qui en sont membres, qui eux aussi sont gouvernés par des galonnés issus d’un coup d’état, ont clamé que toute intervention armée contre leurs « frères » du Niger serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre. Entendre le Nigeria donner des leçons de démocratie à l’un de ses voisins, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité, et cela prête à la franche rigolade.

    Lire aussi : Communiqué de la conférence des chefs de la CEDEAO

    Plus sérieusement, il est probable que la raison l’emportera et que tout ce petit monde oubliera rapidement ces intentions guerrières pour se retrouver et papoter sous l’arbre à palabres afin de trouver un compromis qui permettra aux galonnés de Niger de rester aux commandes du pouvoir qu’ils ont pris un peu brutalement en échange de quelques engagements de circonstance qui ne tromperont personne mais permettront d’apaiser la situation. La dernière guerre dans la région remonte à celle dite « de la bande d’Abacher » en 1985 entre le Mali et le Burkina pour le contrôle d’une bande désertique de 300 km de long sur 50 m de large. Elle donna lieu à quelques combats erratiques lancés le 25 décembre 1985 arrêtés par un cessez-le-feu dès le 29 décembre mais qui firent environ 200 morts des deux côtés. La zone litigieuse fut ensuite équitablement répartie entre les deux belligérants par une décision de la cour internationale de justice (CIJ), acceptée par les partis et on n’en parla plus.

    A l’époque le coup d’état était l’unique mode de transition politique. Il semble redevenir le moyen privilégié de changement de pouvoir dans les pays sahéliens, pourquoi s’y opposer systématiquement. N’en déplaise aux donneurs de leçons de démocratie, des élections dans un pays où la population alphabétisée est plutôt très minoritaire et où les organisations de partis politiques sont largement supplantées par les communautés ethniques, n’est guère plus efficace que le pronunciamiento. L’essentiel est que le pouvoir change de mains de temps en temps et, à ce niveau, les élections n’ont pas montré une meilleure efficacité que les coups d’état.

    Laissons donc le Niger aller vers son destin, avec la Russie si tel est son bon vouloir comme semble l’indiquer les drapeaux russes largement déployés par les manifestants pro-galonnés.

  • « La critique est facile mais l’art est difficile… »

    « La critique est facile mais l’art est difficile… »

    Entendu lors d’un dîner en ville de CSP+ (voire +++).

    • Macron est un incapable
    • Les élus sont nuls
    • La délocalisation dans l’industrie pharmaceutique entraîne la pénurie des médicaments
    • Les voitures électriques ne remplaceront jamais les véhicules thermiques
    • La politique énergétique du gouvernement est à jeter
    • La financiarisation de l’économie déconnecte les dirigeants de l’économie réelle
    • Les dividendes versés aux capitalistes augmentent quand le standing des hôtels diminue pour les salariés en mission
    • Etc. etc.

    On voit ici l’illustration du syndrome français : simplisme et critique généralisée, qui explique aussi pourquoi la France est un pays gros consommateur de psychotropes. Tout est noir, tout est à jeter et, du fond de son fauteuil, le Français a la solution évidente à tous les maux du pays, il suffit de l’écouter. Aucune réalisation ne rencontre son agrément, celles dont il bénéficie sont considérées comme normales, comme un dû, mais jamais portées au crédit de leurs initiateurs. Ce comportement pessimiste et négatif est en partie responsable de l’immobilisme, de l’inertie, du pays et de son enfoncement progressif dans le déclassement et une certaine décadence. Il marque aussi la différence avec les pays anglo-saxons plus dynamiques, plus réactifs pour chercher et mettre en œuvre des solutions à ce qui doit être amélioré.

    La vieille Europe latine est accrochée aux oripeaux de sa gloire passée, « c’était mieux avant », plutôt que de définir les conditions de son futur dans un monde qui évolue à un rythme encore jamais constaté.

  • « Hommage à Rachmaninov » au festival international de piano de la Roque d’Anthéron

    « Hommage à Rachmaninov » au festival international de piano de la Roque d’Anthéron

    Sergueï Rachmaninov (1873-1943), pianiste russe virtuose, compositeur majeur du XXème siècle, est célébré cette année par le festival de piano de la Roque d’Anthéron. Anna Geniushene et Lukas Geniusas, tous deux d’origine russe, nés à Moscou respectivement en 1991 et 1990, couple à la ville, jouent à deux pianos des œuvres du Maître, russe également.

    Le premier morceau est une transcription de Rachmaninov pour deux pianos de La Belle au bois dormant, le célèbre ballet de Tchaïkovski. Le second a très fortement influencé le premier mais on préfère les œuvres originales de Rachmaninov. La suite n°1 pour deux pianos, hommage posthume au même Tchaïkovski (1840-1893), tend au sublime, tragique et enlevée, au milieu du chant des cigales de l’Espace Florans situé en extérieur au milieu des platanes. La dernière œuvre « Danses symphoniques » composée en 1940 est l’une des dernières écrites par Rachmaninov décédé en 1943. Elle est déjà nimbée de sonorités et de rythmes jazzy marquant le XXème siècle américain où est exilé le musicien depuis 1917. Elle termine en apothéose une soirée musicale de verdure et de virtuosité.

    Le programme

    • Tchaïkovski/Rachmaninov : Suite de La Belle au bois dormant
    • Rachmaninov : Suite pour deux pianos n°1 opus 5 “Fantaisie-tableaux”
    • Rachmaninov : Danses symphoniques opus 45b

    Bis

    • Rachmaninov : Six morceaux pour piano Opus 11 Valse n°4
    • Leonid Desyatnikov : Homesickness
  • Changement politique au Niger

    Changement politique au Niger

    Changement politique au Niger : un nouveau président prend le pouvoir à Niamey, c’est un galonné issu d’un coup d’état ce 26 juillet. Il était le chef de la garde présidentielle et a donc trahi le président qu’il était chargé de protéger qui était lui-même arrivé au pouvoir via des élections « démocratiques ». Après le Burkina-Faso, le Mali, la Guinée, le coup d’état redevient le moyen favori pour changer de président dans les pays africains. Après tout la méthode a fait ses preuves et n’a pas apporté plus de troubles dans les pays concernés que le renouvellement à l’infini de dynasties familiales par l’intermédiaire d’élections sur le modèle occidental. Le Tchad, le Congo, le Togo ne sont pas mieux ni plus mal gérés par les mafias familiales que ces pays sahéliens qui ont rétabli des cliques militaires à leur tête, d’autant plus que ces coups ne sont généralement pas particulièrement violents.

    Lire aussi : Le Mali face à lui-même

    Comme à chaque pronunciamiento se déroulant dans d’anciennes colonies françaises, la France est immédiatement vouée aux gémonies, Paris accusé de manipulations et l’ancienne puissance coloniale, rendue responsable de tous les maux qui ont « forcé » les galonnés à se « dévouer » pour prendre le pouvoir, priée de rentrer dans ses pénates. Le cas du Niger ne dévie pas de cette bonne habitude et des foules excitées ont malmené les murs de l’ambassade de France en criant des slogans pro-russes puisque Moscou est redevenue la puissance amie de ce « Sud-global » comme elle le fut autrefois en soutenant les processus de décolonisation dans les années 1950-1960.

    Les pays occidentaux et les organisations multilatérales, africaines comme internationales, publient des communiqués désormais bien rôdés appelant au « rétablissement du président élu » et au retour à la « démocratie » et bla-bla-bla. Quelques sanctions de pure forme sont prises puis seront rapidement levées tout rentrera dans l’ordre et la nouvelle junte sera confirmée après, bien entendu, s’être engagée à « rendre le pouvoir aux civils… » un jour !

    Dans le cas particulier du Niger, la France y avait redéployé son dispositif militaire après avoir été chassée du Mali en 2021 puis du Burkina-Faso en 2023. Les Etats-Unis d’Amérique y disposent aussi d’un contingent militaire chargé de surveiller et de porter des coups au terrorisme religieux islamiste qui pullule dans la région. L’avenir dira rapidement si ces bases vont devoir être repliées ou, à l’image de la base américaine de Guantanamo à Cuba, pouvoir être maintenues en territoire désormais hostile. Le redéploiement des forces française sur des terrains où elles seraient plus utiles et bienvenues est certainement envisagé sérieusement pour les autorités françaises.

    Ces pays sahéliens veulent désormais se rapprocher de la Russie, eh bien il faut les laisser faire. La Russie a montré une certaine efficacité dans le traitement des rébellions religieuses, que ce soit en Syrie ou en Tchétchénie. Ses méthodes de terrain ne sont pas freinées par le droit de la guerre ou des considérations de droits de l’homme. Voyons-la à l’œuvre en Afrique où elle est acclamée et désirée. Nombre de dirigeants et de peuples africains veulent remplacer les puissances néocoloniales par Moscou. Ils y sont certainement un peu poussés par la propagande mais il ne faut pas mésestimer leur réelle volonté de changer de protecteur, en attendant qu’ils puissent être véritablement indépendants.

    Lire aussi : L’armée française a quitté le Burkina-Faso

    Ceux qui ont déjà scellé cette « amitié indéfectible » avec Moscou pourront édifier les autres sur les avantages et inconvénients de cette nouvelle alliance. Le devoir de l’ancienne puissance coloniale française qui a beaucoup failli dans ces affaires est de laisser l’Afrique aller vers son destin et où son cœur la mène !

  • « L’univers sans l’homme – les arts en quête d’autres mondes » au musée de Valence art et archéologie

    « L’univers sans l’homme – les arts en quête d’autres mondes » au musée de Valence art et archéologie

    Le monde a commencé sans l’homme et finira sans lui.

    Clause Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, 1955

    L’art sans l’être humain : le musée de Valence expose différentes œuvres de la nature, de la technique, de l’abstraction où l’homme est partout présent dans la création mais sans cesse absent de ce que nous voyons. Une déshumanisation bienfaisante et fictive puisque c’est l’homme qui produit tous ces objets, jusqu’aux robots qui dessinent en direct devant les visiteurs, sur de petits bureaux d’écolier, des parties d’une nature morte sur laquelle ils projettent leurs caméras qu’une intelligence artificielle leur fait reproduire sur des feuilles A4.

    La dernière salle finit en apothéose avec trois toiles abstraites de grandes dimensions d’Hans Achtung, sorte de visions du monde intergalactique, face à deux compositions de sa muse, Anna-Eva Bergman, peinture et feuilles métalliques représentant l’horizon de la terre.

    Le poète René Char conclut ce parcours étrange :

    La vie aime la conscience qu’on a d’elle.

  • Un kif de ouf pour le remaniement

    Un kif de ouf pour le remaniement

    A l’occasion d’un remaniement ministériel en France, sans grand intérêt, on apprend que la nouvelle sous-ministre de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, une marseillaise, a signé et publié en 2022 un livre qui s’intitule « Moi la France, je la kiffe ! ».

    Ça promet…

  • « Elliot Erwitt, une rétrospective » au musée Maillol

    « Elliot Erwitt, une rétrospective » au musée Maillol

    Elliott Erwitt est un photographe américain né en 1928 à Paris où ses parents russes de confession juive avaient émigré, transformant leur nom d’Erwitz en Erwitt. Grand voyageur il rejoint l’agence Magnum en 1954 à l’initiative de Robert Capa. Il a marqué sa profession par des clichés des grands de ce monde, sa vision d’évènements historiques, ainsi qu’avec des photos publicitaires originales.

    Mais le plus marquant est sans doute le regard qu’il a porté sur les gens ordinaires dans leur vie quotidienne, rendus sur de magnifiques clichés, généralement en noir-et-blanc exposés au musée Maillol. Le coup d’œil de l’artiste est évident dans les cadrages, les personnages, les attitudes, les contrastes et l’humour qui imprègne souvent les agrandissements. L’exposition de 215 photos se répartit sur trois étages dont l’un est consacré à un rapprochement intéressant entre certaines sculptures d’Aristide Maillol et les photos d’Erwitt. Des vidéos montrent le photographe parlant un excellent français, expliquant sa technique, ses planques, ses ruses, destinées à capter la photo parfaite, objectif souvent atteint.

    L’exposition rencontre un franc succès, mérité, et est prolongée jusqu’à septembre 2023.

  • « Paula » de Angela Terrail Ottobah

    « Paula » de Angela Terrail Ottobah

    « Paula » est un film qui dérange par son sujet, l’emprise d’un père sur sa fille, et du fait de la façon de filmer, tout en gros plans, au plus près des personnages, parfois à l’occasion de scènes peu ragoutantes. Il s’agit du premier long-métrage de la réalisatrice Angela Terrail Ottobah qui a déclaré avoir été victime d’inceste par son « père biologique » durant cinq années de sa jeunesse. Le film est donc un peu autobiographique mais la réalisatrice, qui a fait des études de philosophie et d’ethnologie, n’a pas voulu montrer l’inceste en lui-même, se « limitant » à l’emprise exercée par un père se remettant d’une maladie respiratoire et qui emmène Paula vivre avec lui dans une petite maison de « poupées » au bord d’un lac dans une forêt.

    La question du viol c’est si énorme, si violent que ça peut prendre tout la place dans le récit et en laisser très peu pour d’autres composantes de l’inceste qui sont fondamentales pour moi. Je voulais raconter l’emprise sur le psychisme et le corps, et cette espèce d’idée de l’amour. Paula, c’est l’histoire d’un père qui aime sa fille mais très mal, au point de la tuer.

    https://www.arizonafilms.fr/upload/PAULA/Paula_dp%2006-06%20web.pdf

    On voit la situation se dégrader avec la montée des exigences du père qui force sa fille à devenir végan tendance extrême, détruit l’intérieur de la maison pour la transformer en une pièce unique et dénudée aux fenêtres obstruées, déscolarise Paula, lui fait subir des épreuves qui la terrifient la nuit dans la forêt, la coupe de toute communication, notamment avec sa mère qui est en mission en Corée… et la jeune fille réalise progressivement la démence qui s’empare de son père à son encontre. Malgré la solitude dans laquelle il l’a plongée pour mieux l’asservir, Paula va se défendre.

    Un film inquiétant qui décrit, sans doute de façon réaliste, l’aspect dévastateur du crime d’emprise ou d’inceste d’un parent sur ses enfants. La performance d’actrice de Paula dans ce film est assez stupéfiante compte tenu du sujet et de sa jeunesse, espérons qu’elle eut la maturité suffisante pour faire la différence entre le scénario et la vraie vie !

  • « Les herbes sèches » de Nuri Bilge Ceylan

    « Les herbes sèches » de Nuri Bilge Ceylan

    Un beau et étrange film du réalisateur turc Ceylan ; celui-ci reçut déjà la Palme d’or pour Winter Sleep en 2014 et cette année c’est sa comédienne Merve Dizdar qui a été primée du prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Les herbes sèches. Le scénario se déroule dans les montages que l’on imagine au Kurdistan. Cette localisation n’est qu’à peine suggérée par une référence à la langue que parlent les enfants et au bruit de la canonnade que l’on entend parfois au loin dans la nuit.

    La majorité du film se déroule en hiver, dans un petit village au milieu de la vallée écrasée de neige, cernée par les montagnes et le plus souvent sous la tempête de flocons. Deux professeurs de l’école du village cohabitent dans la même maison et travaillent dans la même école. Ils sont perdus au milieu de nulle part et, sortis de leurs salles de classe, se retrouvent pour boire le thé autour de leur poêle. Il fait froid, humide, le climat et la saison se prêtent au nombrilisme et chacun se lamente sur son sort.

    A l’école ils jouent un peu les coqs du village et s’abandonnent à un petit jeu puéril de séduction des fillettes qu’ils enseignent. Nous sommes dans un pays de traditions ancestrales au conservatisme pesant, ils vont devoir rendre des comptes sur leur comportement.

    Lorsqu’ils se rendent à la ville la plus proche ils jouent aussi au jeu de la séduction avec Nuray qui y enseigne l’anglais après un engagement politique (pro-kurde ?) qui lui a fait perdre une jambe lors d’un attentat. Ce n’est pas celui qu’on attend qui va l’emporter dans ce jeu trouble mais il va devoir se justifier de son non-engagement face à Nuray et de sa trahison face à son camarade d’infortune.

    Le film dure 3h15, une durée à l’image des longues conversations existentielles menées par les trois personnages principaux au coin des poêles rougeoyants où chacun s’enflamme pour expliquer ses lâchetés, ses petits arrangements avec ses convictions ou sa morale. Ces huis-clos lourds et pesants sont seulement ponctués par les paysages de montagnes blancs et floconneux, c’est le face-à-face de la minéralité des lieux avec l’inertie des hommes.

    Un film lent et méditatif.