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  • Déficits, déclassement et mauvaise foi

    Déficits, déclassement et mauvaise foi

    Avec une mauvaise foi propre au monde politique français la bataille fait rage sur la nécessité, ou pas, d’une réforme des retraites. Les opposants admettent désormais que le système est en « léger » déficit sur les prochaines années mais rivalisent d’idées alternatives pour financer ce déficit permettant d’éviter d’augmenter l’âge légal minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans (à taux plein) comme prévu dans le projet de loi qui a été adopté lundi par suite du rejet de deux motions de censure par l’assemblée nationale. Ces idées vont de la taxation des dividendes, à l’augmentation des cotisations patronales ou ouvrières, voire les deux en même temps, en passant par la baisse des pensions. Le gouvernement a choisi une autre option, celle d’augmenter la durée du travail.

    Les sexagénaires qui prennent actuellement leur retraite ont généralement débuté leurs carrières dans les années 1980 à une période où l’âge légal de départ était de 65 ans. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1982, accompagné de la réduction de la durée légale du travail hebdomadaire de 40 à 39 heures et de la création d’un « ministère du temps libre » dont la mission était de « de conduire par l’éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps ». Quelques années plus tard, en 2000, une nouvelle loi, dite « Aubry », réduisait encore la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures

    C’était le temps des illusions qui se sont assez rapidement heurtées au mur de la réalité d’où un plan en 1983 qualifié de « rigueur » alors qu’il ne consistait qu’à équilibrer les dépenses avec les recettes, c’était donc plutôt un plan de bonne gestion. Mais il n’a pas été touché à l’âge de départ en retraite.

    En 1996, devant l’insoutenabilité de la dette sociale, y compris la partie liée à l’assurance vieillesse (la retraire), qui ne pouvait manifestement plus être remboursée par les seuls cotisants, cette dette est transférée à un machin créé pour l’occasion, la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) alimentée par une nouvelle taxe, la CRDS, créée pour l’occasion. Cela veut dire en clair que ce n’est plus le cotisant qui rembourse cette dette mais le contribuable. En gros, on a refourgué les déficits cumulés par la protection sociale ce qui a permis de rendre une nouvelle virginité à l’assurance retraite. La France a toujours su faire preuve de beaucoup de créativité pour masquer ses dépenses. En 2010, le mur de la réalité est toujours en béton armé et l’âge de la retraite doit être augmenté à 62 ans.

    En 2022 les programmes électoraux des partis de droite de gouvernement tablaient tous sur une nouvelle augmentation de l’âge minimum à 65 ans, soit le retour à la situation de 1982 ce qui ne paraît pas intellectuellement complètement incohérent puisqu’il y a moins d’actifs aujourd’hui pour un retraité qu’il y a quarante ans. Les négociations menées avec le parlement ont abouti à revoir cet objectif à 64 ans au lieu de 65 dans le projet initial.

    Malgré tout, les émeutes ont repris dans les rues des grandes villes de France. Les sondeurs frétillent en demandant aux citoyens s’ils sont satisfaits de devoir travailler deux années de plus et, oh surprise, ils répondent par la négative. Les chaînes d’information en continu ressassent ces sondages et glosent à l’infini, avec fébrilité et gourmandise les images de casseurs et de feux de poubelles. Les hommes politiques s’écharpent avec force arguments misérabilistes et reniements variés. Les partis d’opposition ne voient comme seule porte de sortie que de dépenser toujours plus d’argent public.

    En réalité on n’a jamais vraiment trouvé d’autres solutions sérieuses pour accroître la richesse d’une nation que de la faire travailler plus, ce qui ne doit pas empêcher de travailler à une répartition consensuelle de cette richesse créée par le travail et la France à cet égard est dans le peloton de tête des pays occidentaux pour la redistribution via l’impôt. Mais c’est un raisonnement qui n’est pas partagé par la majorité. Comment en serait-il autrement dans un pays qui préfère financer des jeux olympiques ou une coupe du monde de rugby plutôt que ses enseignants, un pays où les campagnes électorales se déroulent sur le plateau de Cyrille Hanouna, animateur de télévision qui se vautre dans la vulgarité et le racolage, œuvrant puissamment à l’abrutissement des masses sur des fréquences attribuées gratuitement par l’Etat. C’est ainsi et c’est notre responsabilité collective, celle d’un avachissement général qui déclasse progressivement le pays. La France a mangé son pain blanc depuis des décennies, vivant largement au-dessus de ses moyens et l’une des contreparties se trouve dans le niveau de sa dette. Alors évidemment il est toujours douloureux de devoir revenir sur des avantages dont tout le monde a profité mais que nous n’avons pas su financer…

    Lire aussi : La dette publique

    Et le problème n’est pas que financier, il relève aussi de l’égo de la nation qui doit admettre qu’elle n’est plus le « grand pays » doté de la cinquième économie mondiale et de la puissance nucléaire qu’elle croit encore être, mais juste un pays moyen parmi les autres, plus déclassé que ses voisins car refusant de voir cette réalité. Le fameux « grand débat » organisé après les émeutes de 2018-2019 devait servir de psychothérapie de groupe, il a échoué et la contestation revient dans la rue.

    Il est probable que cette situation va se régler, comme d’habitude par plus de dépenses publiques jusqu’au jour où le juge de paix, les marchés financiers, refusera de continuer à prêter à la République, ou alors ils le feront à des taux d’intérêt prohibitifs qui forceront ainsi à reprendre le contrôle de la dépense publique. Ce jour pourrait arriver plus vite que prévu, hélas ! La France n’a rarement su se réformer sans contrainte forte.

  • Un peu de douceur dans un monde de brutes

    Un peu de douceur dans un monde de brutes

    Le manège du Jardin du Luxembourg
  • La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

    La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

    L’ambassade de Chine à Paris a publié la proposition d’un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine mis en ligne sur le site web de son ministère des affaires étrangères ce 24 février. Immédiatement tout le monde s’y est opposé ce qui semble indiquer que c’est un bon point de départ.

    La première phase du premier point est sans doute la plus intéressante en ce qu’elle fait référence à la « souveraineté de tous les pays » au « droit international universellement reconnu » ainsi qu’aux buts et principes de la Chartre des Nations Unies :

    Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement observé. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. Les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont membres égaux de la communauté internationale.

    Le reste est très consensuel et peu de pays peuvent décemment s’y opposer ; la Russie et l’Ukraine se contenteront de ne pas mettre en œuvre les recommandations de ce texte extrêmement général. Il y est question de « cesser les hostilités », de « lancer des pourparlers de paix », de « régler la crise humanitaire », de « protéger les civils et les prisonniers de guerre », de « mettre fin aux sanctions unilatérales », etc.

    Il reste maintenant à la Chine d’essayer de mettre les belligérants autour d’une table et de poser ce texte au milieu, on verra bien qui s’assied et qui accepte de passer en revue les douze points de ce plan ! On ne peut pas complètement exclure qu’elle y parvienne car la fatigue commence à atteindre les combattants.

  • de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘

    C’est le deuxième tome de la saga des Romanov racontée par Michel de Saint Pierre qui va de Nicolas 1er en 1827, petit-fils de la grande Catherine, frère d’Alexandre 1er qui vainquit Napoléon et termina le premier volume, à Nicolas II dont l’abdication en 1917 marquera la fin de la dynastie et la victoire des révolutionnaires bolchéviques. Il couvre presqu’un siècle au cours duquel l’empire va connaître des fortunes diverses, à commencer par l’intronisation de Nicolas qui va déclencher une féroce répression du mouvement des « décabristes » dès les premiers jours du règne.

    A la tête d’un immense empire Nicolas va tenter de s’attaquer à nouveau à l’affranchissement des paysans et l’abolition du servage. Sur le plan extérieur il déclare encore une guerre à la Turquie et s’inquiète de l’opposition de la Pologne dont il est le Roi. Autocrate dans l’âme, il essaye de faire évoluer l’environnement légal de la Russie pour la moderniser. Il se heurte également aux premiers soubresauts révolutionnaires dans le pays et à la contestation de l’élite intellectuelle emmenée par le poète Pouchkine.

    Son fils Alexandre II lui succède à sa mort en 1855. Il annexe la Pologne, c’est plus simple ainsi. Il perd la guerre de Crimée contre les alliés anglais, ottomans et français. Il fait proclamer l’abolition du servage, réforme l’armée, tente une réforme agraire, conclut « l’alliance des 3 empereurs » avec l’Autriche et l’Allemagne, et meurt assassiné par des anarchistes nihilistes en 1881.

    Son fils prend les commandes sous le nom d’Alexandre III et va gouverner sous les règles de l’autocratie et de l’orthodoxie. Il poursuit sans trop de succès la lutte contre la révolution de plus en plus présente et va se rapprocher de la France. Son règne de 13 ans ne fut entaché d’aucune guerre. Il meurt en 1894.

    Nicolas II, fils d’Alexandre III, s’installe au pouvoir à Saint-Pétersbourg pour un règne qui marquera la fin des Romanov et de la monarchie en Russie. La guerre perdue contre le Japon en 1905 sera un désastre pour l’empire qui entraîne de violentes contestations du pouvoir. Raspoutine fait son apparition dans l’entourage de l’empereur où il va progressivement exercer une forte influence que le couple impérial, mêlant politique, religion, médecine parallèle et lubricité. Il est assassiné en 1916 par un prince de la noblesse. Mais Nicolas II affronte surtout l’émergence des révolutionnaires. Même si les principaux meneurs, dont Lénine, sont exilés à l’étranger, la contestation populaire s’exprime de plus en plus dans la rue, donnant lieu à une répression toute autocratique. La Russie intègre en 1914 la guerre contre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’empire Ottoman. L’armée russe est malmenée au combat et affaiblie par le prélèvement d’unités rapatriées en Russie pour lutter contre la subversion.

    Les manifestations et complots sur la scène intérieures, ajoutés à l’aveuglement impérial, amèneront à des rébellions dans l’armée, la police et les cosaques, poussant l’empereur à abdiquer en 1917 en faveur de son frère Michel qui renonce aussitôt, mettant ainsi fin à la monarchie en Russie.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘
  • « Thomas Demand – Le bégaiement de l’histoire » au Musée du Jeu de Paume

    « Thomas Demand – Le bégaiement de l’histoire » au Musée du Jeu de Paume

    Le musée du Jeu de Paume expose le photographe allemand Thomas Demand, né en 1954, dont le concept artistique consiste à prendre une photo d’un décor, choisi généralement pour une raison bien particulière, puis recréer celui-ci minutieusement en papier et en carton de couleurs, en grandeur réelle, pour rephotographier le décor fictif expurgé des personnages qui existaient éventuellement dans l’original réel et, enfin, détruire le décor en papier.

    Sculpteur de formation, Demand prend un soin infini à recréer le réel dans une parfaite illusion qui donne ensuite aux clichés de grandes dimensions un côté parfaitement clinique et déshumanisé, avec une impression d’immobilité irréelle. Un environnement de poupées Barbie sans les imperfections de la réalité. La préparation des décors est extraordinaire, pour une photo de la canopée il a fabriqué plus de 270 000 feuilles d’arbres en papier…

    Le « bégaiement de l’histoire » qui donne son titre à l’exposition se réfère aussi au choix des évènements tragiques objets des décors photographiés : la salle de contrôle de la centrale nucléaire de Fukushima après le désastre nucléaire, la baignoire où fut retrouvé le corps d’un ministre allemand en 1997, la passerelle accrochée à l’avion qui amena le Pape Jean-Paul II à Berlin en 2001, un bureau dévasté de la Stasi (police secrète est-allemande) après la réunification…

    C’est une étrange démarche artistique que de rendre fictive la réalité pour photographier cette fiction mais le résultat est stupéfiant nous faisant voguer à travers le réel via des photos de décors reconstruits.

    Si vous voulez acheter certaines de ces œuvres, visitez aussi la galerie Esther Schipper place Vendôme.

  • « Toute la beauté et le sang versé » de Laura Poitras

    « Toute la beauté et le sang versé » de Laura Poitras

    C’est un documentaire émouvant de Laura Poitras qui sort en salle cette semaine, centré sur la photographe Nan Goldin. On y retrouve les combats de sa vie, dont le dernier via l’association P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) créée pour ce faire, contre la famille Sackler, dont l’entreprise pharmaceutique Purdue Pharma produisait et diffusait l’OxyContin, un anti-douleur addictif participant à la « crise des opioïdes » qui continue de faire des dizaines de milliers de morts chaque année aux Etats-Unis.

    Née en 1953 à Washington, Nan Goldin est une rebelle qui s’est engagée dans toutes les luttes de sa génération, à titre personnel et à travers son œuvre. Elle a commencé par vivre les affres d’une famille psychorigide et bien-pensante dont la mère fut victime d’agressions sexuelles dans sa jeunesse de la part d’un membre de sa famille et qui fut terrorisée à la puberté de sa fille aînée, qui affichait des tendances lesbiennes, qu’elle ne subisse le même sort. Elle la plaça dans une espèce d’institution-orphelinat ce qui la mena à se suicider après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Bien sûr, on ne parle de rien dans la famille et on laisse les non-dits dévaster l’atmosphère.

    Nan s’inscrit à une école de photographie à 15 ans et va plonger dans le monde underground. Elle se déclare bisexuelle, vit de près l’épidémie du Sida durant laquelle elle voit disparaître ses amis les uns après les autres, travaille dans un bordel (pour se payer des pellicules), s’installe dans un squat du Bowery à New York où la drogue et le sexe sont consommés à profusion sur une bande son de Klaus Nomi et du Velvet Underground. Bref, toute une époque d’excès et de carnage qui a vu l’émergence d’un courant artistique de choix dans la musique, la photographie, le graffiti, la poésie.

    Nan Goldin photographie en permanence les gens et les lieux de cette époque un peu morbide mais si bouillonnante. Ses clichés sont toujours en intérieur, sous des lumières violentes, dans un assemblage de couleurs percutantes, et qui ne cachent pas la misère matérielle de cet environnement créatif. Les photographies de l’agonie des malades du Sida sont plus souvent en noir-et-blanc et particulièrement douloureuses.

    Goldin est une rescapée de ce temps qui va encore affronter un nouveau défi dans les années 2010, celui de se désintoxiquer de l’OxyContin qui lui a été prescrit après une tendinite. Elle réussit et initie un combat contre le fabricant de ce produit, la famille Sackler. Avec ses camarades au sein de P.A.I.N. elle arrive à faire arrêter le « sponsoring » et le « naming » que cette famille pratiquait à grande échelle dans les plus grands musées du monde, où parfois Nan Golding, devenue une photographe célèbre, faisait aussi partie des collections permanentes. Le groupe de militants réussit à mettre fin à cette sorte de « art-washing » puis à pousser les Sackler à mettre leur firme Purdue Pharma en faillite (ce qu’ils firent après en avoir extrait toute la valeur: plus de 10 milliards de dollars), pour éviter les poursuites judiciaires et leur corolaire, l’indemnisation des victimes.

    Une transaction est conclue avec les Sackler dans laquelle la famille accepte de payer plus de 4 milliards de dollars contre son immunité et celle de ses descendants. Nan Goldin et les siens parviennent à imposer aussi dans l’accord que les Sackler assistent par vidéo à l’audition des témoins, la plupart victimes, ou parents de celles-ci lorsqu’elles sont décédées. Ils sont trois Sackler, une femme et un homme en vidéo, le troisième refusant la vidéo mais acceptant le son, et on assiste à une stupéfiante séquence où ils écoutent, impassibles, le défilé des témoins racontant l’horreur de cette drogue pharmaceutique si fortement addictive. Ils ne prononcent pas un mot, le deal stipulait juste qu’ils devaient écouter et voir les témoins. Ce fut fait.

    Le film est monté à base des photos de Nan pour le passé et de vidéos sur ses combats actuels. Il est commenté en off par la photographe qui déroule d’une voix blasée et un peu triste toutes les étapes de cette époque qui furent aussi celles de sa vie. La joie revient seulement lorsqu’elle raconte les victoires contre les Sackler.

    La fin du documentaire est bouleversante : Nan filme ses parents devenus âgés, qu’elle pousse à danser dans le salon avant de revenir sur le traumatisme fondateur du suicide de sa sœur Barbara. C’est alors qu’ils laissent transparaître leur peine au rappel de cette absence. La mère se lève pour retrouver la citation de Conrad recopiée par Barbara avant son suicide, où il est question de beauté du monde et de sang versé, extraite, bien sûr, du roman Au cœur des ténèbres… Cette épitaphe de la vie de Barbara pourrait aussi devenir celle de l’œuvre de Nan Goldin.

    C’est une drôle de chose que la vie, ce mystérieux arrangement d’une logique sans merci pour un dessein futile.
    Le plus qu’on puisse en espérer, c’est quelque connaissance de soi-même -qui vient trop tard- une moisson de regrets inextinguibles. 

    Joseph Conrad (Au coeur des ténèbres)

    Un magnifique documentaire qui mérite amplement son Lion d’or décerné en 2022 à la Mostra de Venise !

  • de SAINT PIERRE  Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

    Michel de Saint Pierre (1916-1987) fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, presque tombé aux oubliettes de la littérature. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombreux romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

    Ce premier tome part de l’avènement de la dynastie Romanov jusqu’à la victoire de la Russie, emmenée par le tsar Alexandre 1er, contre Napoléon. Ivan IV le Terrible puis Boris Godounov de la dynastie de Rurik ont fondé l’Etat russe entre 1547 et 1605 avant de passer la main au premier Romanov après le rocambolesque épisode du « faux Dimitri » qui se faisait passer pour le fils d’Ivan le Terrible. Une fois Dimitri assassiné, la voie était libre pour Mikhail, le premier tsar Romanov de 1613 à 1645. Alexis, Féodor et la régente Sophie précédèrent l’arrivée de Pierre 1er (dit « Pierre le Grand »), tsar de 1689 jusqu’à sa mort au pouvoir en 1725.

    Pierre le Grand va agrandir l’empire russe vers la mer d’Azov, la mer Baltique, le moderniser, créer ce qui est devenu Saint-Pétersbourg, mener moulte guerres (victoires et défaites contre la Suède et l’empire Ottoman notamment), ouvrir le pays à l’extérieur, soumettre le pays à la religion orthodoxe, voyager en Occident, écraser des rébellions intérieures, ouvert un conflit avec son fils Alexis qui se terminera par la condamnation à mort de celui-ci après de sévères tortures. Saint Pierre note que « La Russie de Pierre le Grand n’a que deux ennemis au monde : l’athéisme et l’Asie ».

    « Les grands Empires ne sauraient se passer de ports de mer : ce sont les artères qui font battre le cœur d’un Etat de façon plus saine et régulière »

    Pierre 1er

    A sa mort c’est sa seconde femme qui hérite du poste sous le nom de Catherine 1ère pour deux années (1725-1727), puis Pierre II prend la relève, puis Anne 1ère, puis Ivan VI et, enfin, Elisabeth qui laisse la place à Pierre III « le tsar fou », petit-fils de Pierre 1er, pour quelques mois de 1762 avant de mourir assassiné dans un complot ourdi par sa femme, qui deviendra Catherine II, et déclara : « Il était le premier à conspirer contre lui-même« .

    Il laisse donc la place à son épouse qui fut surnommée « la Grande Catherine » de 1762 à 1796. Elle était prussienne sans une goutte de sang slave et dut se convertir à la religion orthodoxe pour épouser Pierre III. Elle agrandit considérablement l’empire en dépouillant la Pologne (déjà) avec la Prusse et l’Autriche et une partie de l’empire Ottoman (encore). Catherine, féminine et philosophe, va innover pour son pays d’adoption en matières juridiques, législatives et institutionnelles, multiplier les amants qu’elle place aux postes du pouvoir, correspondre avec Voltaire, investir dans l’éducation, le tout dans le cadre de l’autocratie et du « droit divin ».

    Son fils Paul lui succède pour un bref règne qui se termine en 1801. Il est détesté par sa mère et accusé d’être trop proche de la Prusse. Il est assassiné à l’issue d’un complot comme la Russie sait en provoquer. Alexandre 1er, petit-fils de Catherine II, prend alors le pouvoir et son règne va être marqué par l’affrontement avec Napoléon.

    Les deux autocrates vont à la fois se séduire et se faire la guerre. Celle-ci se terminera par la retraite de Russie, crépuscule de l’empire napoléonien. Alexandre 1er est alors considéré en Europe comme le vainqueur de l’empire français ce qui donne un poids considérable à la Russie. Ses troupes sont entrées dans Paris en 1814 avec Alexandre à leur tête. Un triomphe !

    L’agrandissement de l’empire initié avec constance par ses prédécesseurs reste son but et il participe en personne au congrès de Vienne de 1815 qui redéfinit l’Europe après la défaite française de Waterloo. Autocrate éclairé il tente de remettre en cause le statut du serf qui pèse encore sur le monde rural russe et participe au maintien d’une écrasante inégalité dans la population, sans doute bien au-delà de celle régnant dans les pays d’Europe. Il y renonce finalement devant le poids de l’inertie générale et des intérêts de la noblesse. Il maintient son pays sous contrôle policier, s’égare dans des crises mystiques, et rend l’âme fin 1825, laissant la Sainte Russie au summum de sa gloire.

    En 1825 l’empire est devenue l’un des plus importants fournisseurs de produits agricoles et de matières premières sur les marché mondiaux mais le régime reste moyenâgeux et le pays est tellement immense qu’il est impossible à gérer et à moderniser. La révolution est déjà passée en France, elle rôde en Russie où le régime impérial échoue à se réformer.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

  • The Stranglers – 2023/03/12 – Paris l’Olympia

    The Stranglers – 2023/03/12 – Paris l’Olympia

    Toujours debout

    Les Stranglers toujours debout, et même renouvelés ! Face à l’adversité quoi d’autre à faire que de continuer la route et la musique. C’est leur énième passage à l’Olympia et il n’est pas question de manquer la fête. Deux membres historiques sont morts ces derniers mois : Dave Greenfiels (claviers) terrassé par la Covid en 2020 (à 71 ans), Jet Black (batteur) emporté en 2022 (à 84 ans) après une longue vie ponctuée de divers excès. Avec Burnel (chant et bass) et Cornwell (chant et guitare, qui a quitté le groupe en 1990) ils étaient l’âme de ce groupe créé en 1976, devenu un sommet de la légende post-punk.

    Autour de Jean-Jacques Burnel (JJ), jouent désormais Baz Warne (chant et guitare) qui a rejoint le groupe en 2000, Jim Macaulay qui était le roady batterie de Jet et qu’il a remplacé au milieu des années 2010 lorsqu’il n’a plus été en mesure de jouer sur les tournées, et, le petit nouveau, Toby Hounsham, 36 ans, excellent claviériste inspiré par Ray Manzareck (The Doors) et… Dave Greenfields depuis ses débuts. Il a enfilé le costume des Men in black, rehaussé de lunettes noires et il fait l’affaire « dans les chaussures » de son glorieux et créatif prédécesseur.

    Lire aussi : https://thestranglers.co.uk/big-shoes-to-fill-toby-interview/

    Dark Matters

    Un nouveau disque est disponible au titre fort à-propos : Dark Matters. Dave a composé et joué ce disque avant de mourir.

    Le concert démarre avec Toiler on the sea, Duchess et Sometimes, retour fringant sur le début des années 1970, interrompu seulement par JJ qui évoque le « massacre » (53-10) commis par les français cette après-midi contre leur meilleur ennemi au rugby, l’Angleterre dont est originaire ce groupe so british ! Mais qu’importe, le show continue sur une setlist classique ponctuée des dernières compositions.

    « Ça dépote les géraniums », oreilles sensibles s’abstenir, nos quatre rockers s’en donnent à cœur joie. Cheveux gris, cheveux bruns, les musiciens ne comptent pas leur énergie. Mention spéciale pour Baz dont la voix grave et gouailleuse aligne les hits sans lâcher ses cordes. Il accompagne le tout de ses grimaces habituelles sous un crâne chauve et brillant. Sur Nice ‘n’ Sleazy, ses riffs à contre-temps et sa danse finale à côté de JJ, tous les deux accrochés à leur manche ils parcourent la scène synchronisés comme deux ballerines punk, un vrai délice !

    Le pogo des fans fait trembler l’Olympia

    Les nouvelles compostions tiennent la route et méritent manifestement d’être découvertes plus avant. Mais c’est encore sur Hanging Around, Something Better Change, Tank ou No More Heroes que le plancher et les murs de l’Olympia vibrent sous le pogo endiablé des fans heureux et déchaînés.

    Sur The last men on the moon Baz abandonne sa Fender noire pour une guitare orange, on ne l’avait jamais vu se départir du noir, ni pour sa tenue, encore moins pour ses guitares. Pas sûr que l’audience ait noté une véritable différence dans le son produit.

    Quelques chansons « douces » permettent au quatuor de retrouver son soffle : La Folie, Always the Sun… et il faut rappeler aux plus jeunes que malgré sa mélodie sucrée-tristoune Golden brown est une chanson sur la drogue… Tout le monde attend le bizut sur le solo clavier de Walk on by, son interprétation tend à la perfection en duo avec le solo de Baz sur cette sublime reprise de Burt Bacharach devenue un classique du groupe.

    Pour le premier rappel JJ et Baz réapparaissent sur la scène assis sur des chaises de bistrot pour jouer en acoustique The Lines et And If You Should See Dave après une petite introduction dans laquelle JJ explique l’immense perte pour le groupe du décès de deux de ses membres fondateurs, et amis de si longue date. Heureusement il reste l’ami Baz pour JJ et ces deux-là continuent à faire prospérer l’âme et la musique des Stranglers.

    And if you should see Dave
    Say hello

    I was meant to meet him here
    Before the great beyond

    And if you should see my friend
    Say hello

    Le concert se termine sur un No More Heroes joué par nos quatre guerriers sans peur et sans reproche qui se battent au service d’un rock éternel.

    Jean-Jacques Burnel vient de publier sa biographie amsi ce groupe semble ne jamais devoir finir de nous réconforter, que Dieu les préserve !

    Lire aussi : https://thestranglers.co.uk/jj-biography-out-now/

    Setlist : Intro (Waltzinblack)/ Toiler on the Sea/ Duchess/ Sometimes/ Relentless/ Nice ‘n’ Sleazy/ This Song (Disciples of Spess cover)/ Never to Look Back/ Always the Sun/ La folie/ Peaches/ Golden Brown/ The Last Men on the Moon/ (Get a) Grip (on Yourself)/ Sweden/ White Stallion/ Walk On By (Burt Bacharach cover)/ Hanging Around/ Straighten Out/ Something Better Change/ Tank

    Encore : The Lines/ And If You Should See Dave…

    Encore 2 : Go Buddy Go/ No More Heroes

  • Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

    Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

    La ministre française de la culture, Rima Abdul Malak, a exposé dans une interview au journal Le Monde sa position concernant les médias du groupe Canal+, majoritairement indirectement détenu par la famille Bolloré, et dont les chaînes C8 et CNEWS atteignent un niveau himalayen de vulgarité et d’abrutissement des masses.

    L’automne a été marqué par des débordements dans l’émission « Touche pas à mon poste ! », sur C8.

    Les réponses apportées par l’Arcom vous paraissent-elles adaptées, suffisamment rapides, et à la hauteur de l’émoi suscité ?

    Nous ne pouvons pas, d’un côté, reprocher à Cyril Hanouna de réclamer une justice expéditive pour le meurtre de Lola [une adolescente de 12 ans tuée à Paris, mi-octobre] et, de l’autre, faire appel à une forme de justice expéditive pour lui ! Nous sommes dans un Etat de droit, il faut respecter le temps des procédures – je rappelle qu’il est arrivé que le Conseil d’Etat donne tort à l’Arcom.
    L’Autorité dispose d’un panel de moyens d’action et de sanctions prévu par la loi. Elle est intervenue une vingtaine de fois depuis 2019 à propos de C8 et de CNews. Il faut responsabiliser les présentateurs, les chroniqueurs, mais aussi les patrons de chaînes, pour leur rappeler que l’autorisation d’utilisation gratuite de leurs fréquences s’accompagne d’obligations, comme celle de traiter les affaires judiciaires avec mesure, celle de respecter le pluralisme des opinions, etc. Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles ont respecté ces obligations.

    (https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/16/rima-abdul-malak-la-vague-du-populisme-sera-tres-violente-pour-la-culture_6158000_3246.html)

    Cette position, somme toute frappée au coin du bon sens, a déclenché un hourvari de réactions contre la ministre sur les médias du groupe Bolloré, accusée de censure et de tous les maux. C’est de bonne guerre mais il suffit de passer un peu de temps sur ces deux chaînes pour rendre hommage à la modération de la ministre.

    Les deux conventions liant C8 et CNEWS sont disponibles en téléchargement sur le site web de l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elles présentent la même structure avec un chapitre 2-3-4 consacré aux droits de la personne :

    [L’éditeur] ne doit diffuser aucune émission portant atteinte à la dignité de la personne humaine telle qu’elle est définie par la loi et la jurisprudence.
    Il respecte les droits de la personne relatifs à sa vie privée, à son image, à son honneur et à sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence.
    Il veille en particulier :
    – à ce qu’il soit fait preuve de retenue dans la diffusion d’images ou de témoignages susceptibles d’humilier les personnes ;
    – à éviter la complaisance dans l’évocation de la souffrance humaine ainsi que tout traitement avilissant l’individu ou le rabaissant au niveau d’objet ;
    – à ce que le témoignage de personnes sur des faits relevant de leur vie privée ne soit recueilli qu’avec leur consentement éclairé ;
    – …
    Il fait preuve de mesure lorsqu’il diffuse des informations ou des images concernant une victime ou une personne en situation de péril ou de détresse.

    file:///C:/Users/rehve/OneDrive/Documents/02-Quoi/Divers/Presse/ARCOM_CONVENTION%20SIGNEE%20C8%20(2019)%20entr%C3%A9e%20en%20vigueur%202020.pdf

    Les engagements en faveur de l’honnêteté et de l’indépendance de l’information sont du même acabit, et guère plus respectés par ces deux médias d’opinion qui disposent à titre gratuit de fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT) délivrées par l’ARCOM (ex-CSA) sous réserve qu’ils respectent leurs engagements formalisés dans les conventions.

    Regardez 10 mn l’émissions de C8 « Touche pas à mon poste » (TPMP) et vous comprendrez rapidement que le respect de l’engagement sur les droits de la personne peut être discuté tant les monceaux d’ordure, de bêtise crasse et de racolage des bas instincts déversés sur les téléspectateurs sont écrasants. L’Arcom a déjà eu à décider d’amendes à l’encontre d’animateurs et des chaînes elles-mêmes pour non-respect des conventions d’attribution des fréquences TNT.

    Il est bien sûr du devoir de l’autorité publique représentée par l’Arcom de vérifier si les engagements pris ont été suivis d’effet, ou pas, avant de réattribuer les fréquences qui sont un bien public. Canal+ peut s’égosiller contre l’Etat, il est juste demandé à ses affidés d’essayer de pousser leurs téléspectateurs vers l’intelligence plutôt que de les enfoncer dans un abrutissement désespérant.

    Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la Ministre de la Culture, Rima ABDUL MALAK, ce matin dans la matinale de France Inter. Près de cinq minutes de son intervention ont été consacrées à la critique de notre Groupe et à des invectives contre nos chaînes C8 et CNEWS. En laissant à nouveau entendre que les licences de nos chaînes ne mériteraient pas d’être renouvelées en 2025 alors même qu’elle se refuse de commenter la procédure de renouvellement d’autres acteurs de l’audiovisuel, Madame la Ministre prend parti, sort de sa réserve et ne respecte pas l’indépendance de notre régulateur sectoriel. Ce faisant. Madame la Ministre, garante de la liberté d’expression, porte non seulement atteinte à la crédibilité et à la probité de nos chaînes mais critique aussi le travail de nos équipes et suscite l’inquiétude de nos salariés en menaçant la pérennité de leur activité professionnelle. Le Groupe CANAL+ est fier du travail que réalise quotidiennement l’ensemble des collaborateurs de C8 et CNEWS qui rassemblent chaque jour près de 11 millions de citoyens.

    Communiqué Canal+

    Ces deux chaînes symbolisent ad nauseam la décadence intellectuelle et morale dans laquelle s’enfonce la France. Comment voulez-vous qu’un pays qui compte 7 millions de followers (10% de la population) du compte Twitter de Cyril Hanouna, animateur de TPMP, puisse être tourné vers l’avenir, l’innovation et l’intelligence ? Il n’est pas exclu par ailleurs que M. Hanouna soit titulaire d’une carte de presse lui octroyant ainsi le statut de « journaliste » et la niche fiscale indue qui va avec. D’ailleurs une partie de la dernière campagne présidentielle s’est tenue sur son plateau, les politiques compromettant ainsi avec la stupidité arguant que c’est la seule façon de joindre « les jeunes ». Jusqu’où faudra-t-il aller dans la compromission ?

    Il serait œuvre de salut public de forcer ces deux chaînes à respecter leurs engagements !

    Lire aussi : Une soirée sur Télé-Bolloré
  • « Planère France » par Loïc Lagarde au Village de Bercy

    « Planère France » par Loïc Lagarde au Village de Bercy

    Le Village de Bercy expose en extérieur des photos du photographe Loïc Lagarde sur des paysages de France. Le coup d’œil du professionnel est impressionnant : les points de vues, les couleurs, les mises en scène… tous est parfait, un peu lisse certes, mais juste beau. Et puis ce photographe a de bonnes idées, le grand angle sur le plafond de la Sainte-Chapelle est un modèle du genre.

    Lire aussi : Loïc Lagarde – photographe
  • « The Fabelmans » de Steven Spielberg

    « The Fabelmans » de Steven Spielberg

    C’est un film doux et merveilleux que nous délivre Steven Spielberg, en partie autobiographique, en tout cas « le plus personnel » qu’il a produit de sa carrière comme il l’explique dans une courte interview diffusée en guise de générique dans laquelle il fait un petit clin d’œil à la France où ont été déjà comptés plus de 100 millions de spectateurs de ses films.

    Nous suivons l’histoire de Sammy-Steven, né à la fin des années 1940, passionné par la réalisation de films depuis que, tout jeune, il a vu avec ses parents un long métrage où se déroulait un accident de train. La carrière de son père ingénieur va promener la famille de l’Arizona à la Californie, Sammy reçoit en cadeau des caméras avec lesquelles il réalise des films amateurs de plus en plus sophistiqués, son père parle d’un hobby, sa mère, pianiste-amatrice très éclairée (Eric Satie baigne la bande-son), l’encourage à devenir réalisateur. Le gamin devient adolescent, se frotte à la vie qu’il découvre derrière sa caméra : la mort de sa grand-mère, le vieil oncle surgit de nulle part, les troubles entre ses parents, sa judéité que lui font découvrir brutalement ses « camarades » d’université, son premier amour, ses premiers contrats dans le cinéma, bref, la vie d’un jeune états-unien de l’après-guerre qui va vivre et réaliser le rêve américain. Il va même rencontrer John Ford dans un bureau de Hollywood qui lui délivrera un seul conseil : dans les images, l’horizon doit être en haut ou en bas, mais jamais au milieu.

    Débordant de tendresse ce film est aussi un hommage à sa famille, aimante, agitée, unie malgré les obstacles, qui accompagne la vocation de Sammy jusqu’au début d’une carrière dont la vie de Spielberg confirmera la suite brillante. La reconstitution de l’atmosphère de l’Amérique des années 1950 est parfaitement réalisée, une époque où tout était possible, et où l’optimisme et l’énergie des citoyens a permis de déplacer des montagnes !

  • Morrissey – 2023/03/09 – Paris Salle Pleyel

    Morrissey – 2023/03/09 – Paris Salle Pleyel

    Morrissey revient à Paris pour deux concerts Salle Pleyel les 8 et 9 mars. Après quelques shows récemment annulés pour cause d’épidémie, des difficultés avec ses maisons de disques pour ses deux dernières productions toujours attendues dans les bacs, rien de tel qu’une prestation live pour patienter.

    Les spectateurs s’installent devant la scène minutieusement arrangée, pas un fil ne dépasse ! En fond, un grand écran affiche l’image fixe en gros plan de la tête d’un homme à la mine un peu patibulaire, pas rasé, un sparadrap collé sur sa pommette en sueur. A la place d’une première partie seront diffusés des films et images sans doute choisis par l’artiste. Et cela commence très fort par la célébrissime scène d’Apocalyspe Now lorsque les ballets d’hélicoptères américains partent à l’assaut d’un village vietnamien au bord d’une plage idyllique. La différence est qu’au lieu de la Walkyrie de Wagner qui, dans le film de Copola était diffusée depuis les hélicoptères, c’est le Search & Destroy (Iggy Pop & The Stooges, produit par Bowie) qui s’écoule des enceintes. S’en suivent une quinzaine de minutes où l’écran flashe d’apparitions diverses sur un fond musical de choix, pas toutes identifiables, mais où l’on reconnait James Baldwin, les Sex Pistols filmés en train de hurler Anarchy in the UK sur un bateau sur la Tamise en face de Westminster où la Reine est en train de fêter un jubilée en 1977, David Bowie, les New York Dolls…

    Sans transition le groupe entre en scène à la fin du film, Morrissey habillé d’un élégant costume gris sur chemise blanche est accompagné d’Alan Whyte et Jesse Tobias aux guitares, Brendan Buckley à la batterie, Gustavo Manzur aux claviers et Juan Galeano à la bass.

    Morrissey c’est d’abord une voix exceptionnelle, franche et profonde, ronde et veloutée, devenue un peu plus grave avec le temps, sans fioriture en excès, moitié rock-moitié crooner, une voix que l’on reconnaît entre mille et qui a fait une partie du succès du groupe The Smiths, puis dans sa carrière solo après la dissolution du groupe au mitan des années 1980. Morrissey c’est aussi un parolier tout britannique (il est né à Manchester) brossant un portrait sombre et teinté d’humour noir du monde dans lequel il évolue.

    Il salue la salle d’un sonore « Voilà » avant d’entamer Our Franck, chanson d’ouverture de l’album Kill Uncle sorti il y a plus de 30 ans. Le son est fort, le compteur à côté de la table de mixage affiche 100 db, voire un peu plus, en permanence, mais tout est magnifiquement balancé. Le groupe est parfait, les guitaristes se donnent la main pour les solos. Le claviériste délaisse parfois ses touches pour s’emparer lui aussi d’une guitare. Nous sommes dans un groupe de rock, pas de techno… Les cordes sonnent clair, pas de distorsion, de fuzz, de trucs et de machins électroniques. Ça claque avec bonheur sous les doigts de vieux routiers des scènes du monde entier. Le groupe qui joue avec Morrissey depuis des années affiche une unité qui fait plaisir à entendre, c’est un pack de canonniers aux talents largement à la hauteur de celui du capitaine au long cours qu’ils servent.

    L’écran diffuse toujours des images, pas toujours facilement interprétables, sans doute inspirées par l’âme tortueuse de Morrissey. Sur l’une des chansons il affiche son engagement végan et le film montre une corrida où les taureaux sont achevés au couteau dans d’insupportables convulsions, mais aussi des toréros se faisant embrocher par leurs victimes… D’habitude ces visions sanguinaires sont projetées sur Meat is Murder qui n’est pas au répertoire ce soir.

    Morrissey est toujours impassible et plutôt froid en concert, quasiment jamais de sourire mais ce soir il parle un peu plus que d’habitude (ce qui n’est pas très compliqué), démarrant le show par un « I’m throwing my legs around Paris » en référence à la chanson I’m throwing my arms around Paris, il raconte même sa pérégrination à Pigalle hier soir après le concert de la veille. Comme toujours il chante avec un micro à fil et utilise ce fil comme un fouet avec lequel il lacère l’espace autour de lui.

    Lire aussi : Morrissey, ‘Autobiography’.

    Plus que ses maigres tentatives de dialogues sur scène ce sont ses textes qui sont véritablement intéressants. Ils se réfèrent au chaos de notre pauvre monde, à l’amour insaisissable, à l’amitié qui se dérobe, au désastre qui s’impose, aux relations humaines désespérantes, à la violence endémique des êtres et des choses, bref, ce n’est pas une vision très optimiste de la vie mais au moins est-elle inspirée. Les thématiques n’ont guère changé depuis The Smiths dont certaines chansons sont reprises ce soir :

    Haven’t had a dream in a long time
    See, the life I’ve had can make a good man bad
    So, for once in my life, let me get what I want
    Lord knows it would be the first time

    [Please, Please, Please Let Me Get What I Want (The Smiths song)]

    Comme la musique des Smiths, celle de Morrissey est harmonieuse mais ponctuée de changements de tonalité au milieu des morceaux, parfois élégamment dissonante et toujours agréable à l’oreille, sonnant souvent de façon inattendue. C’est la marque de ce grand musicien qui donne aussi ce caractère très original à son œuvre.

    Pour le rappel, la bande revient interpréter Sweet and Tender Hooligan, une chanson datant des Smiths, Morrissey a remplacé chemise et veste par un T-shirt à son effigie. Il raconte l’histoire d’un « sweet and tender » hooligan qui tue un vieil homme puis une vieille femme, mais ce n’est pas grave car il était déjà malheureux et elle, âgée, serait morte de toute façon…

    He was a sweet and tender hooligan, hooligan
    And he said that he’d never, never do it again
    And of course he won’t (oh, not until the next time)

    Puis sur le final « etcetera, etcetera, etcetera » répété à l’infini il déchire son T-shirt, le roule en boule et le jette dans la foule et quitte la scène suivi par ses musiciens

    Etcetera, etcetera, etcetera, etcetera
    In the midst of life we are in debt, etc
    Etcetera, etcetera, etcetera, etcetera
    In the midst of life we are in debt, etc

    Alors que les lumières se rallument on voit les vigiles intervenir pour mettre fin à une bagarre de fans se disputant les restes du T-shirt de Morrissey pendant que sur l’écran se répète sans fin le court film d’un personnage se tirant une balle dans la tête…

    Le monde est absurde, certes, mais Morrissey sait si magnifiquement le mettre en musique ! D’ailleurs le titre de son album annoncé s’intitule : Without Music the World Dies et il nous a dit qu’on pourra le trouver, un jour, chez « Intermarché au fond d’un paquet de Cornflakes ».

    Absurde vous dit-on, absurde !

    Setlist : Our Frank/ I Wish You Lonely/ Stop Me If You Think You’ve Heard This One before (The Smiths song)/ Jim Jim Falls/ Rebels Without Applause/ Sure Enough, the Telephone Rings/ Girlfriend in a Coma (The Smiths song)/ Irish Blood, English Heart/ Knockabout World/ The Loop/The Bullfighter Dies/ Without Music the World Dies/ Everyday Is Like Sunday/ Istanbul/ The Night Pop Dropped/ Half a Person (The Smiths song)/ Please, Please, Please Let Me Get What I Want (The Smiths song)/ Trouble Loves Me/ Jack the Ripper

    Encore : Sweet and Tender Hooligan (The Smiths song)

    Lire aussi : Morrissey – 2015/09/26 – Paris l’Olympia
    Morrissey – 2008/02/04 – Paris l’Olympia
    Morrissey – 2006/04/11 – Paris l’Olympia
  • La chaîne FR2 tente de se justifier

    La chaîne FR2 tente de se justifier

    On se souvient de l’émotion crée dans ces colonnes par l’interview nauséabonde d’une gamine ukrainienne par la télévision publique France 2.

    Lire aussi : Le racolage de journalistes indignes

    Cette émotion fut telle que nous avons jugé utile d’en faire fart au « médiateur information » de la télévision publique ce 8 mars par le message suivant déposé sur la plateforme de France Télévisions.

    « Date de diffusion : 26/02/2023

    Le commentaire : Le JT du soir a présenté un reportage d’une famille ukrainienne de retour dans son village. Une adolescente est interviewée et il lui est fait raconter la mort de sa mère dans un bombardement russe, puis l’interview se termine avec la question « ta mère te manque ? ». Les larmes qui affleurent dans les yeux de la jeune fille sont éloquentes. Je trouve fort peu délicate cette interview d’une gamine sur ce sujet. BIen sûr que sa mère « lui manque » !!! Ne serait-il pas opportun que la journaliste face preuve d’un peu plus de subtilité, de sensibilité, devant la peine de cette ado ? Fallait-il vraiment la faire pleurer pour que le reportage soit diffusable ? Ce type d’interview m’apparaît peu éthique. On peut évoquer la tragédie de la guerre d’Ukraine sans accroitre encore le traumatisme des enfants qui la vivent. »

    La réponse du médiateur est tombée dans la même journée :

    « Bonjour Monsieur,

    Merci pour votre message.

    Nous pouvons totalement comprendre votre remarque. Cependant, si ce type de questions est posée par nos reporters, ce n’est pas pour faire « pleurer dans les chaumières » ni pour torturer ces victimes, mais pour rendre éloquentes les horreurs de la guerre. Bien sûr, certains téléspectateurs en ont déjà conscience et peuvent être choqués par ces interviews, mais d’autres mesurent l’étendue du drame seulement lorsque des images et des témoignages comme ceux-ci sont portés à leur connaissance.

    Néanmoins, et encore une fois, nous vous accordons que cette question précise peut apparaitre comme déplacée. Nous transmettons donc votre message aux équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs.

    Bien cordialement,

    Le service de la médiation de France Télévisions »

    La réponse est un peu langue de bois en chêne massif mais éclaire sur la vision que les journalistes ont de leurs téléspectateurs considérant que sans « faire pleurer dans [leurs] chaumières » ils ne comprendront pas ce qui se passe dans cette guerre. C’est sans doute vrai lorsque l’on sait que la France est un pays qui compte plus de 7 millions de followers du compte Twitter d’un Cyril Hanouna et près de 3 millions pour Nabilla, mais cela ne devrait pas empêcher la télévision publique d’essayer d’améliorer le niveau moyen en s’interdisant le racolage médiatique et, dans le cas d’espèce, de traumatiser une gamine ukrainienne qui n’a vraiment pas besoin de ça pour le moment.

    Notons quand même que le service « Médiation » de France Télévisions fonctionne à peu près correctement. Voyons maintenant si les « équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs » réagiront.

  • Les restes d’une émeute parisienne

    Les restes d’une émeute parisienne

    Les murs du XIIIème arrondissement portent les traces du passage des émeutiers dans la journée. Il faudrait un jour laisser les clés du monde à l’anarchie pour voir comme ses théoriciens feraient marcher l’économie sans capital et sans argent. Peut-être les prendront-ils plus vite qu’on ne l’imagine ?

    En attendant les murs des grandes villes sont conchiés d’affiches, de colle et de graffitis. Ce n’est pas grave, les contribuables et les copropriétés paieront la remise en état…

  • Mais de quoi se mêle-t-on ?

    Mais de quoi se mêle-t-on ?

    Le président de la République française vient de faire un voyage officiel de quelques jours en Afrique sub-saharienne pour y asséner des messages un peu surannés, très peu utiles et annonciateurs de problèmes :

    « Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable [avec l’Afrique] »

    Combien de fois a-t-on déjà entendu ce genre de billevesées finalement très peu suivies d’effets ? La France, ex-puissance colonisatrice est en bonne voie de retrait du continent, parfois poussée très fort dans le dos par les ex-colonisés. Il faut en prendre acte et ne pas chercher à rentrer par la fenêtre après avoir été poussé vers la sortie par la porte.

    Lire aussi : L’armée française a quitté le Burkina Faso

    Compte tenu du passé colonial de la France, la relation ne sera jamais « équilibrée, réciproque et responsable », ou tout au moins pas avant plusieurs générations. Alors laissons le secteur privé français faire du business sur le continent à ses propres risques s’il l’estime utile mais cessons d’y faire de la politique. Après tout les groupes Bolloré, CMA-CGM et d’autres ont plutôt bien réussi. Et pour l’aide au développement ou humanitaire il est plus approprié que la France la prodigue désormais via les institutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont là pour ça. Les équipes diplomatiques, financières, militaires françaises présentes à grand frais sur le continent seront parfaitement bien réemployées sur le territoire national.

    Il faut également accélérer le démantèlement de la « Zone Franc », survivance préhistorique du passé qui déresponsabilise ses pays membres, et laisser les pays africains qui le souhaiteraient mettre en place une monnaie commune ou unique, mais sans lien avec le Trésor français qui, encore aujourd’hui, garantit la valeur du franc CFA avec l’EUR.

    Hélas, Paris ne semble pas vraiment emprunter cette voie. La dernière étape du voyage présidentiel se déroulait en République populaire du Congo (RDC, ex-Zaïre), en conflit quasi ouvert avec son voisin oriental le Rwanda. Le président Macron s’est encore senti poussé des ailes de médiateurs et tente de réconcilier les présidents congolais et rwandais. La France est tout sauf légitime à interférer dans ce conflit régional compte tenu de son implication des deux côtés : avec l’ex-Zaïre dont elle a gâté l’ex-dictateur Mobutu, avec le Rwanda qui l’accuse ouvertement d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994… Il y a des pays (vraiment) neutres ou les instances de l’ONU qui savent bien mieux faire ce genre de négociations dans lesquelles il n’y a que des coups à prendre, tout spécialement pour un pays comme la France qui a été à ce point impliqué (parfois à son corps défendant) dans les dérives dans lesquelles ces pays se sont abandonnées au cours des dernières décennies.

    Lire aussi : Les frères siamois du Sahel

    L’Afrique de toute façon vogue vers son destin et celui-ci se fera sans la France. Evitons qu’il ne se fasse contre elle !

  • Le Mali franchit le Rubicon à l’ONU

    Le Mali franchit le Rubicon à l’ONU

    L’assemblée générale des Nations Unies (ONU) a voté ce 23 février une résolution demandant le retrait des troupes russes de l’Ukraine. 141 sur des 193 Etats membres se sont prononcés :

    • 7 ont voté contre – Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée
    • 32 se sont abstenus, dont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud
    • Et donc 102 ont voté pour

    Cette résolution mentionne qu’elle « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités » (https://news.un.org/fr/story/2023/02/1132607)

    Le délégué russe s’est exprimé au cours du débat précédant le vote pour rappeler la position de son pays, c’est-à-dire celle d’une « guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité » et celle de « la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme » qui justifierait aussi le combat russe.

    Rien de nouveau à ce stade, une partie de ce que dit la Russie, avec excès bien entendu, n’est d’ailleurs pas tout à fait inexact mais son péché originel restera d’avoir déclenché la guerre et que son armée et ses milices se comportent sur le terrain comme des forbans sans foi ni loi ce qui, vu de « l’Ouest collectif », est contraire au droit international, mais pour les pays qui la soutiennent et ceux qui se sont abstenus (c’est à dire la majorité de la population de la planète) est un mode de gouvernance « normal ». Là est le souci de l’Occident : il est minoritaire en nombre mais semble néanmoins présenter quelque intérêt pour tous ces autocrates et oligarques qui investissent massivement en Occident et envoient leurs enfants dans les universités américaines. La vraie question serait de comprendre pourquoi un oligarque russe dépense des dizaines de millions pour acquérir des villas de nabab à Saint-Jean Cap-Ferrat plutôt que sur les bords de Mer Noire ? Pourquoi un milliardaire chinois rachète à grand frais des vignes dans le Bordelais plutôt que de se lancer la viticulture dans son pays d’origine ?

    L’attractivité de « l’Ouest collectif » pour ces régimes autoritaires, dits par fois « illibéraux », reste forte. La guerre d’Ukraine va probablement rebattre les cartes. Déjà les oligarques russes qui l’on put sont allés ancrer leurs yachts clinquants sur les bords de la Mer de Marmara ou dans le Golf persique. La mise sous sanctions occidentales d’un certain nombre de hiérarques russes va probablement leur faire mieux comprendre le concept de « risque politique » : quand on investit à l’étranger, cela peut rapporter plus mais on est aussi soumis aux potentielles humeurs du pays où l’on dépense ses sous, risque qui est moindre lorsqu’on investit chez soi où, cependant, existe un risque fiscal significatif. La Russie pourra toujours investir chez ses nouveaux amis mais il n’est pas sûr que le Mali ou le Nicaragua attisent véritablement l’appétit des investisseurs russes.

    L’Histoire dira si l’Occident, même minoritaire au niveau « des valeurs » dans cette guerre d’Ukraine, reste néanmoins le leader en termes d’attractivité, d’innovation et de réussite économique ! En cela, cette guerre sauvage annonciatrice de révisions déchirantes pour le monde de demain, ou pas !

    Déclaration du délégué russe

    M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il y a un peu plus d’un an, « l’Ukraine et ses parrains occidentaux » ont convoqué la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a prêté à confusion pour de nombreux États. Depuis lors, de nombreux pays ont compris ce qui s’est passé et ce qui se passe, et le camp occidental a beaucoup plus de difficulté à mobiliser les États Membres de l’ONU en faveur de leur croisade contre la Russie, a-t-il dit. Ceci est également attesté « par un projet de résolution au rabais » qui sera mis aux voix, a relevé le représentant en le qualifiant de « texte antirusse et malveillant ». Il a rappelé que « le régime nationaliste criminel », qui est arrivé au pouvoir à Kiev grâce au soutien occidental par un coup d’État anticonstitutionnel, a mené une guerre sanglante contre les habitants du Donbass dont le seul défaut était qu’ils voulaient rester russes.

    Le délégué a relevé que grâce aux révélations bien connues d’un certain nombre de dirigeants occidentaux à la retraite, il ne fait aucun doute que les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de sécurité, avaient pour but de préparer l’Ukraine à une guerre contre la Russie. Toutes ces années, le « régime de Kiev » a poursuivi selon lui sa politique inhumaine de bombardement des villes pacifiques des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Au vu des actes des Occidentaux en Ukraine, nous n’avions pas d’autre choix que de protéger la population du Donbass et assurer la sécurité de notre pays par des moyens militaires, a—t-il justifié. Il a exprimé les préoccupations russes de voir s’étendre l’infrastructure de l’OTAN jusqu’à ses frontières, alors que des déclarations « hypocrites » font croire que c’est la Russie qui est responsable de la destruction des systèmes de sécurité régionaux et mondiaux. Il a rappelé que fin 2021, la Russie avait pourtant avancé un certain nombre d’initiatives de désescalade et de renforcement de la confiance dans la zone euro-atlantique. Nous avons invité les États-Unis et l’OTAN à signer des accords de garanties de sécurité, a-t-il dit. Nous avons donné une chance à la diplomatie, a-t-il poursuivi, soulignant que ces propositions furent rejetées avec arrogance par les États-Unis et leurs alliés. Pourtant, si elles avaient été mises en œuvre, ces initiatives auraient permis d’éviter ce que nous voyons aujourd’hui, a-t-il regretté.

    Le délégué a affirmé qu’un an après le début de la phase active de la crise ukrainienne, peu de gens doutent aujourd’hui du fait que la Russie n’est pas en guerre avec l’Ukraine, qui a gaspillé son potentiel militaire dans les premières semaines du conflit, mais plutôt avec « l’Ouest collectif » représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’UE. Non seulement ils fournissent armes et munitions à Kiev, mais ils lui communiquent également des informations du renseignement et s’entendent sur des cibles pour les frappes de missiles. Il a dit que ces alliés ont abandonné toute pudeur et fixé un objectif : armer l’Ukraine, infliger une défaite stratégique à la Russie, puis la démembrer et la détruire. Au nom de cet objectif, a-t-il relevé, ils ont fermé les yeux en Occident, et les ferment encore maintenant, sur la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme. Il a ensuite évoqué l’hégémonie des États-Unis et de ses alliés qui ne veulent laisser personne gouverner la planète, parce qu’ils la considèrent comme la leur et seulement la leur.

    Quant à notre pays, a expliqué le représentant, nous percevons tout cela comme une guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité. Une guerre dans laquelle, comme il y a 80 ans, nous avons été défiés par un ennemi insidieux et puissant qui voulait nous soumettre, a-t-il expliqué en évoquant des chars allemands à nouveau envoyés afin de tuer les Russes. Et l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange, a-t-il analysé. Selon lui, le texte soumis par l’Ukraine ne contribuera pas à la paix, car il vise plutôt à encourager l’Occident dans ses actions, à donner à nos adversaires une raison de prétendre que la Russie est soi-disant isolée dans le monde. « Cela signifie continuer la ligne militariste russophobe, en se cachant derrière un prétendu soutien des États Membres de l’ONU. » De plus, dans les conditions où beaucoup d’entre vous font face à la pression la plus sévère et le chantage de Washington et ses alliés, a lancé le représentant à l’endroit des délégations, il faut soutenir les « amendements d’équilibrage » qui sont devant vous et qui ont été présentés par le Bélarus. Si ces derniers sont rejetés, alors le projet de la résolution restera tel qu’il est maintenant : unilatéral et dénué de toute réalité, a-t-il conclu.

    Source : https://press.un.org/fr/2023/ag12491.doc.htm

  • Engels toujours là

    Engels toujours là

    A l’occasion d’un bombardement par un drone ukrainien sur une base aérienne russe pour bombardiers à long rayon d’action en décembre dernier on découvre que la base s’appelle « Engels » du nom du copain de Karl Marx. Au moins en Russie il n’y a pas de wokisme ni de déboulonnage des idoles !

  • Le racolage de journalistes indignes

    Le racolage de journalistes indignes

    Ce soir le journal télévisé de la chaîne publique France 2 interview deux gamines ukrainiennes de 12 et 16 ans, réfugiées en Allemagne avec leur père, après le décès de leur mère dans leur village ukrainiens. La « journaliste » demande à l’aînée de raconter l’épisode au cours duquel sa mère a reçu un éclat d’obus mortel et termine l’interview avec la question : « ta mère te manque ? ». Les larmes qui affleurent dans les yeux de la jeune fille sont éloquentes.

    Comment le titulaire d’une carte de presse peut-il commettre des questions aussi stupides et indécentes ? Comment un être humain, même titulaire d’une carte de presse, peut-il ainsi torturer une gamine sur la mort de sa mère ? N’existe-t-il pas une commission d’éthique dans cette profession qui pourrait condamner ce genre d’ignominies journalistiques qui, hélas, se reproduisent trop régulièrement ?

    Rappelons qu’en France le journaliste bénéficie d’une niche fiscale qui lui permet une déduction sur ses revenus imposables dont ne bénéficient les autres citoyens. Il faudrait a minima supprimer cet avantage fiscal indu aux bénéficiaires qui ignorent l’éthique, avant d’ailleurs de la supprimer à tous les journalistes puisqu’elle n’est pas justifiée.

  • « Les gardiennes de la planète » de Jean-Albert Lièvre

    « Les gardiennes de la planète » de Jean-Albert Lièvre

    Un film documentaire sur les baleines qui montre des images merveilleuses de ces géantes des mers de 150 tonnes qui se meuvent avec grâce et poésie dans la grande bleue, de l’Arctique à l’Antarctique. Les commentaires dits par Jean Dujardin sont un peu niais mais ne font pas de mal. On pourrait se contenter des images et des sons enregistrés des bulles et des chants de ces animaux fascinants.