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  • Mutation en Colombie

    Les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple) ont libéré deux otages colombiens, deux femmes, après une rocambolesque histoire concernant le fils que l’une d’entre elle avait eu en captivité avec un guérillero. Le gamin de 4/5 ans avait en fait déjà été confié depuis longtemps à un orphelinat mais les chefs des FARC l’avaient inclus dans le deal alors qu’il était déjà en liberté…

    Le parcours de ce mouvement « révolutionnaire » est assez incroyable, passé de l’idéologie marxiste au narcotrafic et au business d’otages détenus durant des années dans une jungle inhospitalière, le tout au XXIème siècle ! Il faut quand même le faire. Les déserteurs des FARC de plus en plus nombreux découvrent éberlués le retour à la vie « civile » au sein du peuple colombien fatigué de la violence et qui aspire plus à la paix qu’à la révolution. En attendant il faut composer pour en finir. Une fois cette aventure terminée peut-être un jour les chefs FARC s’exprimeront pour expliquer (justifier ?) leur métamorphose intellectuelle, cela risque d’être intéressant.

  • Finançons l’intelligence !

    La publicité serait supprimée sur les chaînes de télévision publiques françaises et remplacée par une taxe sur les télévisions privées. Voilà une excellente idée ! France Télévision pleure paraît-il devant son budget actuel ridicule par rapport à celui de TF1. Ce n’est pas grave, ses programmes sont d’ores et déjà incomparablement plus séduisants que ceux de ses concurrents commerciaux. Qu’on en juge par les programmes de ce soir où « La Méthode Couet » sur TF1, une espèce de one man show atteignant des sommets de crétinerie rarement égalés, cohabite avec un documentaire sur la Nuit de cristal sur FR2, le magazine culturel et politique de Taddeï consacré aux élections américaines sur FR3 et un document sur Simone de Beauvoir sur Arte. Evidement il faut quand même un peu racoler même sur les chaînes publiques alors il y a un peu de sous pour quelques séries et des prestations style Delarue, mais par pitié, laissez-nous France-Télévision avec un petit budget !

  • Fabius le transparent

    Désopilant : Fabius est interrogé sur France 2 sur la transparence sur la vie privée au sujet de Sarkozy qui couche avec son ex, la Carla ! Il bafouille et approuve ladite transparence en priant le journaliste d’en venir au fond…

  • Radiohead – Interview 2008

    Après avoir violenté l’industrie musicale en proposant son nouvel album, Radiohead prend tout le monde à rebours et l’édite en CD. Thom Yorke et Ed O’Brien reviennent pour nous sur ce disque conçu dans la douleur.

    C’était le 10 octobre dernier, il y a à peine plus de deux mois, et on a l’impression que c’était il y a déjà un siècle : Radiohead prenait tout le monde (médias, industrie, fans) par surprise en sortant un album, In Rainbows (le premier depuis Hail to the Thief en juin 2003), uniquement en téléchargement. Et en proposant aux internautes d’en fixer eux-mêmes le prix, avant de leur donner la possibilité d’acquérir pour Noël une édition très luxueuse, onéreuse et limitée, en forme de coffret vendu par correspondance.

    Cette méthode, qui se passait des services d’une maison de disques et faisait tout reposer sur les épaules du groupe et de son management, a fait beaucoup de bruit, des journaux télévisés aux quotidiens économiques. Et elle a peut-être légèrement éclipsé la majesté même de l’album, son élégance centrale. Car, tout en utilisant des méthodes de distribution inédites et révolutionnaires, qu’eux seuls pouvaient se permettre, les musiciens de Radiohead livraient en même temps un album chargé de doute et de mélancolie, composé à l’ancienne et ne durant pas plus que le temps nécessaire : c’est-à-dire celui de deux faces de vinyle. Joli paradoxe à l’ère du tout-numérique et de l’immatérialité croissante de la musique.

    Et puis, quelques semaines plus tard, comme pour prendre tout le monde à revers et aller à l’encontre des analyses qui voyaient en eux des révolutionnaires du net, prêts à mettre à bas l’industrie du disque, Thom Yorke et ses copains ont choisi de sortir leur disque dans un format de CD classique, mis dans les bacs le 31 décembre. Histoire que les vieux fans puissent eux aussi le ranger sur leurs étagères ? Peut-être, mais sans doute aussi pour pointer le fait que, quel que soit le format ou la manière de l’acheter, un album demeure avant tout cela : un moment de musique qui nécessite un investissement (financier, affectif) de la part de son auditeur.

    Dans dix ans, on écoutera encore In Rainbows, en ayant sans doute oublié les circonstances de sa sortie : on n’en retiendra que la belle et gracieuse facture. Qui a nécessité, selon le chanteur Thom Yorke et le guitariste Ed O’Brien, beaucoup d’errements et de remises en question.

    ENTRETIEN

    Quel effet cela fait-il de parler d’un album qui est sorti il y a deux mois et que beaucoup de gens ont déjà téléchargé et écouté ?

    Thom Yorke – Quand l’album est sorti sur le net, il ne s’est rien passé pour nous : nous étions chacun chez soi, à attendre… Et quelques semaines plus tard, il nous a fallu en parler, et c’était une situation étrange, qui inversait l’ordre habituel des choses. Mais c’était plutôt agréable d’expliquer ce que nous cherchions à faire.

    Ed O’Brien – Ce qui est agréable, c’est surtout de ne plus être confrontés à cette question typique et terrifiante de la part des journalistes : “Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs ce qu’il en est de ce disque, à quoi il ressemble et comment il sonne ?” Quelle délivrance !

    Comment avez-vous perçu les diverses interprétations de ce disque ?

    Thom – Pour être franc, nous sommes certainement les deux personnes qui ne lisent jamais rien du tout, jamais, de ce que l’on écrit sur le groupe. Nous ne lisons aucune chronique, aucune analyse. Tout ce que nous avons appris, nous le savons à travers ce que nous répètent des journalistes qui nous interviewent à propos de ce qui a été écrit ou raconté.
    Ed – Apparemment, il y a eu des choses invraisemblables échafaudées sur cet album, des théories développées par les cercles de fans les plus hardcore, qui écoutent sans doute le disque à l’envers, histoire d’y trouver des indices.
    Thom – Ma stratégie est de confirmer toutes les interprétations, de dire oui à toutes les hypothèses. Parce qu’après tout je n’ai envie d’énerver ni de contrarier qui que ce soit…

    Finalement, est-ce si important de sortir In Rainbows en CD ?

    Thom – Extrêmement important. C’était même l’une des conditions indispensables pour pouvoir agir comme nous l’avons fait. Pour deux raisons : la première est que nous ne sommes pas d’accord avec l’idée que l’internet serait la solution à un quelconque “problème” – de fait, nous ne sommes pas non plus d’accord avec cette vue de l’esprit qui voudrait qu’il existe un monde parallèle, le monde virtuel de l’internet, dans lequel les choses seraient meilleures… Ensuite, nous n’aimions vraiment pas l’idée de travailler si dur sur un album et que les gens qui aiment la musique ne puissent pas en posséder un exemplaire, comme nos autres disques. Cela nous semblait bête, obtus.
    Ed – En enregistrant le disque, je me souviens que Nigel Godrich (producteur attitré de Radiohead – ndlr) s’énervait tout le temps et disait sans cesse : “Je déteste ce putain d’internet”.
    Thom – Oui, mais en même temps, il passait des heures à lire les commentaires sur le net. Mais pourquoi faire ça ? Pourquoi lire tout cela ? Il ne faut pas se fier aux écrits de quelqu’un qui ne vous dit pas les choses face à face.

    La décision de sortir In Rainbows sous forme de mp3 a-t-elle changé quoi que ce soit dans le montage ou la composition du disque ?

    Thom – ça n’a rien changé du tout. Ça n’a pas été un problème dans la composition et ça n’a affecté en rien le résultat final. Le problème était juste de trouver la manière la plus adéquate pour que les morceaux aillent bien ensemble : ça a l’air tout simple à dire, mais c’est vraiment un putain de cauchemar à faire. Car, joués dans un certain ordre, les morceaux de cet album peuvent être trop lourds à digérer, peu supportables. Surtout, nous avons délibérément décidé de nous tourner vers le modèle des disques classiques qui duraient quarante-cinq minutes – ou même moins s’il s’agit de certains albums de Marvin Gaye… C’est de cette manière, je crois, que l’on fait les déclarations les plus frappantes, celles auxquelles l’auditeur revient, donne du temps, encore et encore. Sinon, les choses mettent trop de temps, s’étirent et l’on perd intérêt à s’y plonger.

    A mesure de l’écoute, le disque se fait plus mélancolique, et il est très différent en cela de Hail to the Thief, qui l’a précédé il y a quatre ans.

    Thom – Oui, d’une certaine manière. Mais nous devions aussi débuter l’album par quelque chose de très énergique, parce que nous avons été loin pendant si longtemps… Il nous fallait trouver la meilleure façon de donner des portes d’entrée aux gens, ainsi que des moments de repos au sein du disque, tout en restant très cohérents avec cette idée de réaliser la meilleure chose possible. Et puis aussi, j’espère qu’arrivés à un certain point de l’écoute, les gens se retrouvent totalement perdus, sans savoir à quoi s’attendre. J’espère que cet album les met dans un état d’esprit ouvert à toutes les possibilités.

    C’est en tout cas un disque moins en colère, moins énervé contre son époque.

    Thom – Oui, mais j’ignore pourquoi.

    Est-il plus intimiste parce qu’il a fallu plus de temps pour le faire ?

    Ed – Je crois que c’est le temps de la vie qui s’est imposé à nous. Je réécoutais The Bends et j’ai été frappé d’entendre à quel point ce disque était colérique, geignard, avec beaucoup d’énergie, mais habité par énormément de colère. Il y en avait aussi beaucoup dans Hail to the Thief. Mais pour cet album-ci, la colère n’était pas l’émotion la plus appropriée. Par exemple, une des choses que j’ai adorée cette fois dans les paroles de Thom, c’est leur intemporalité. Les premières lignes du morceau House of Cards, “I don’t wanna be your friend, I wanna be your lover” (“Je ne veux pas être ton ami, je veux être ton amant”) pourraient être tirées d’une chanson de Sam Cooke, de Stevie Wonder, de Prince. Ces mots frappent juste, dans quelque chose de très intime.
    Thom – Hail to the Thief essayait de débuter une bagarre, un combat. Mais je crois qu’en enregistrant In Rainbows j’étais très las d’absorber le monde extérieur dans notre musique. Et la nature intime de cet album est une sorte de réponse personnelle à un étrange climat de peur générale. C’est notre manière de fermer les volets, de laisser l’instinct de survie nous guider : ne faire confiance à rien d’autre et ne se fier qu’aux gens autour de soi.

    Etait-ce aisé à accomplir ? Qu’y avait-il de profondément différent cette fois-ci ?

    Thom – Je travaille avec ce que j’ai, je fais avec les moyens du bord. Pour le moment, j’en ai plus qu’assez du copier-coller. Mais aussi du “stream of consciousness” (littéralement, le “flux de conscience” – ndlr), du fait de coucher mes pensées sur des pages et des pages. Cette fois-ci, le premier jet s’est imposé la plupart du temps. C’est sans doute la première fois que je m’en remets autant à mon instinct. D’habitude, les chansons mettent du temps à sortir, je réfléchis beaucoup à leur signification. Là, j’ai tenté d’éviter ce processus et de tout cracher, tout faire jaillir d’un coup. Ce que je redoutais en faisant des interviews, c’était de devoir expliquer toutes ces choses que j’ai en fait écrites de manière très spontanée.
    Ed – Il y a eu des moments très semblables à ce que nous faisions avant. Mais il était évident qu’il y avait des choses différentes en train de se dérouler là. Et ce n’est qu’après coup, durant les interviews, que j’ai compris, en entendant Thom s’exprimer, s’analyser, qu’il avait vraiment changé des choses, mais aussi que cette fois il ne voulait pas trop expliquer ses textes. Personnellement, j’ai été très touché par les paroles de cet album, par ce qu’elles racontent sur la condition humaine et comment elles touchent à l’universel : après tout, nous ne sommes pas différents des autres hommes.

    Après toutes ces années, est-ce toujours une joie d’enregistrer un album ?

    Ed – Cette fois, nous avons souffert au début des sessions d’un vrai manque de confiance en nous. Il y avait donc moins de moments drôles que d’habitude. Nous avions tout de même la volonté de travailler très dur. Mais nous n’avions pas vraiment de fondations sur lesquelles reposer. Nous doutions beaucoup. Depuis Ok Computer, nous sommes devenus très bons dans l’exercice qui consiste à reporter les décisions, à ne pas trancher sur des choix de morceaux, à perdre le fil d’une chanson. Puis, nous avons compris au fil des sessions qu’il fallait faire davantage confiance à nos instincts et à nos sentiments profonds : c’est ce que j’ai appris de plus important durant la réalisation de cet album.
    Thom – Plus on laisse les choses traîner, plus on a l’impression d’être dans un vide intersidéral. Plus exactement, Nigel a dû nous sortir de la merde alors même que nous y étions très profondément enfoncés. Nous ne savions même pas si nous avions envie de continuer. Bien sûr, il y avait ces chansons que nous aimions et nous avions envie de les terminer, mais sans être certains d’y parvenir. A un moment, j’ai pensé être maudit, pris dans un tourbillon infernal. Nigel nous a souvent poussés à trancher, à terminer les choses. La plupart du temps, nous trouvions une bonne idée et on ne s’en occupait plus, on ne voulait la reprendre que le lendemain, ou une prochaine fois. Heureusement, Nigel était là pour nous dire que là, c’était le meilleur moment pour finir le morceau, pas demain, pas une autre fois.

    L’âge a-t-il joué un rôle dans cette crise ?

    Thom – Oui, bien sûr. Nous avons pris une longue période de pause et avons pu avoir chacun le luxe de passer du temps au sein de nos familles, de voir nos enfants naître et grandir. Le premier mois où l’on se met dans cet état d’esprit, tout le reste est effacé et on n’est plus certain de la réalité qui précédait, de l’autre vie. Pour chacun de nous, il y a une stricte séparation entre la vie privée et la vie de musicien : nous ne souhaitons pas et ne voulons pas mélanger les deux. Lorsque je suis en famille, j’oublie tout et je me pose souvent des questions du genre : “Ai-je vraiment fait tout cela ? Ai-je réellement fait partie d’un groupe connu à un moment de ma vie ?” Mais bon, au bout d’un moment, nos familles se sont mises à nous jeter dehors : “Allez, va bosser un peu, retourne travailler.”
    Ed – Quand on est avec la famille, tout est pour la famille. Et avec le groupe, tout est pour le groupe. Quand je reviens de tournée, je rentre à la maison, j’oublie ce qui vient de se passer et je me mets à la vaisselle ! Mais en même temps, que c’est difficile de tout cloisonner, de ne pas laisser une partie de sa vie nourrir un peu l’autre ! C’est une lutte.

    Cela implique une part de schizophrénie ?

    Thom – Oui, totalement.

    Sortir l’album en mp3 était-il une manière de chercher à faire les choses sur une autre échelle ?

    Thom – Une des conditions impératives pour continuer le groupe était de le faire à un rythme et à une taille qu’il nous est possible de contrôler, pour ne plus nous sentir comme une partie d’une entité bien plus vaste que nous et que nous ne servions qu’à nourrir. Quand nous avons voulu sortir In Rainbows en mp3, il n’y avait que dix personnes impliquées, assises autour d’une table, chez moi.

    Combien auriez-vous payé pour télécharger cet album s’il n’avait pas été le vôtre ?

    Thom – Je vais m’attirer des ennuis en disant que j’ai téléchargé notre album sans rien payer… Mais je n’avais plus d’exemplaire et il m’en fallait un pour ma mère…
    Ed – J’aurais sans doute payé 5 livres (7 euros). Personnellement, je vais acheter dix exemplaires du coffret luxueux et limité qui sort et je vais demander une petite remise aux autres.

    Joseph Ghosn

  • La presse française en déroute

    On ne reçoit plus Le Monde depuis deux jours. Le journal est encore au bord de la faillite avec démission en chaîne de son management à peine trois mois après un premier psychodrame qui avait abouti au débarquement de Colombani, directeur de la rédaction, et à la programmation du départ d’Alain Minc, président du conseil de surveillance, jugé trop proche du pouvoir par les journalistes. Après Libération qui est déconfiture avancée, le deuxième rempart de la presse française est en train de vaciller. C’est désolant et plutôt sans espoir sur le niveau de culture politique de nos concitoyens si ces deux journaux disparaissent ou dépérissent.

  • La morale de Laurent Fabius

    Fabius passe à Ripostes l’émission de télévision de Serge Moati. Il y délivre ses grands discours flous et verbeux, prononcés avec son habituel air professoral et suffisant. Depuis que la presse entière affiche ses aventures sexuelles avec Carla Bruni, on a du mal à le prendre au sérieux et lorsqu’il nous explique doctement ce qu’il ferait s’il était au pouvoir, on ne peut s’empêcher de l’imaginer en train de faire le beau pour séduire une beauté qui a l’âge de sa fille. Hilarant !

  • Politique familiale aux Etats-Unis

    C’est étrange l’évolution de la vie politique américaine ces dernières années. Bush junior a succédé à son père et ils auront à eux deux gouverné le pays pendant 12 ans ; Mme. Clinton se met en tête d’être élue président après son mari qui a dirigé l’Amérique durant huit années. Si elle était élue cela voudrait dire que deux familles ont dirigé ce pays pendant au moins un quart de siècle. Ce tropisme familial vire un peu à la république bananière.

  • Annulation du rallye Paris-Dakar

    Le rallye Paris-Dakar est annulé pour cause de menaces terroristes après l’assassinat de quatre touristes français en Mauritanie. L’Afrique peut être dangereuse, nous le rappelions récemment. On ne sait pas si la sécurité des participants était en jeu mais cette décision préservera en tout cas la vie des spectateurs africains dont chaque année un ou deux se font écraser par les bolides occidentaux.

  • RH et ministres

    Les ministres vont être évalués sur la base d’objectifs fixés à l’aide d’un cabinet de consulting privé, tels des cadres moyens d’une entreprise capitaliste. C’est rigolo, et on imagine déjà les ministres abasourdis sous les ors de la République écouter la logorrhée verbeuse des consultants en ressources humaines leur expliquant les tenants et aboutissants du processus d’évaluation avec force schémas, rétro plannings, ordinogrammes et autres billevesées du « team building ». Cela a dû être un vrai régal.

  • La Syrie : un régime en lutte perpétuelle contre l’Occident

    Avec opiniâtreté, constance et délectation, la Syrie continue à faire des pieds de nez au monde occidental, à exécuter des députés libanais et à faire en sorte que le pays du cèdre reste dans son orbite. Elle marque un intérêt tout particulier à mener la France par le bout du nez et à lui tirer le tapis sous les pieds dès que nos diplomates mondains et peu avisés annoncent leur retour sur la scène du Proche-Orient. Après Chirac qui s’est fait balader par les Assad et fut le seul chef d’Etat occidental à assister aux obsèques de Hafez avant de se fâcher avec son fils Bachar, c’est notre ultra agité Sarkozy qui lui se réconcilie puis se fâche avec le même Bachar, le tout en deux mois, trop pressé sans doute pour attendre la génération Assad suivante avant de changer d’avis. Pour faire de la politique en Orient petit Nicolas, il faut savoir être patient pour réussir.

    Et attendant, la Syrie millénaire, berceau de l’humanité, est toujours à l’affut avec une très forte capacité de nuisance : elle récupèrera son plateau du Golan aussi sûrement qu’elle gardera sa mainmise sur le Liban. C’est écrit dans les courbes de l’Euphrate !

  • El Adwany Alaa, ‘Chicago’.

    Sortie : 2007, Chez : . Les histoires plutôt désopilantes de la communauté étudiante égyptienne à Chicago par l’auteur de L’Immeuble Yacoubian : on y trouve l’islamiste roublard, la jeune femme puérile, le contestataire convaincu, le drageur invétéré, le vieux professeur américain humaniste. Tout ce petit monde se bouscule au cœur de l’Amérique généreuse et ambiguë pour composer la trame d’histoire allègre.

  • Miss France à la dérive

    C’est incroyable la proportion que prend cette affaire de miss France. On l’a montrée en train de laper sauvagement de la crème fraîche et du coup son élection de miss jolies gambettes est remise en question. On voit même des politicards de la Réunion (d’où elle vient) entrer dans la danse pour la défendre « cette pauvrette, elle était si jeune à l’époque de ces photos… », hum, hum, elle paraît quand même bien délurée sur les photos ! L’autre grognasse avec ses chapeaux ronds, chef des miss, prend des airs outragés, et pendant ce temps le business continue. Un peuple qui est capable de consacrer autant d’argent à l’élection de sa miss nationale ne peut pas être fondamentalement un peuple malheureux. C’est déjà une bonne nouvelle ! Il ne manque plus que la Carla fasse une sextape avec Sarko (on n’en est sans doute pas loin) et on sera habillés pour l’hiver.

  • Violences politiques sur tous les continents

    Des cinglés font exploser Bénazir Butho ce 21 décembre au Pakistan, causant une vingtaine de morts « collatéraux » et déclenchant des émeutes dans ce pays déjà chaud qui n’avait pas besoin de ça.

    Les cinglés boliviens s’apprêtent à relâcher quelques otages détenus depuis plusieurs années. L’une d’entre eux revient avec un gosse sous le bras dont le père serait l’un des geôliers… Bon, le retour va être difficile à gérer si elle ne veut pas être tondue !

  • L’Afrique fantôme

    Les humanitaires du Tchad de l’Arche de Zoé sont condamnés à huit ans de prison pour enlèvement d’enfants. On espère pour eux qu’ils pourront être transférés en France pour y subir leur peine car les prisons de Ndjamena ne doivent pas être des plus accueillantes.

    Quatre touristes français sont tués en Mauritanie lors d’un voyage dans le désert.

    L’Afrique peut être dangereuse, humanitaires et touristes ne devraient pas l’oublier aussi facilement. Ce n’est pas parce qu’on peut se rendre en cinq heures d’avion au milieu du désert que l’on est aussi en sécurité qu’à Saint-Gilles Croix de Vie.

  • Adieu à Julien Gracq

    Julien Gracq est mort hier. Il est l’auteur du Rivage des Syrtes, un très grand roman sur l’attente et la solitude.

  • Déplacement déplacé

    Heu…, voilà maintenant que Sarko emmène Bigard dans ses bagages pour voir le pape. L’histoire ne dit pas s’il a fait des prouts dans la chapelle Sixtine mais tout ceci paraît légèrement déplacé. Sans parler de la Carla qui était aussi du voyage. Il ne faudrait tout de même pas confondre la présidence avec la Star accademy !

  • Dignité et politique

    Alors que la France se remet difficilement de la pantalonnade Kadhafi sous sa tente dans le VIIIème arrondissement (mais après tout elle l’a bien cherché sous la direction éclairée de son ultra-agité people) il nous reste à méditer le geste de Gordon Brown qui ne s’est pas rendu au sommet africano-européen pour éviter d’avoir à y serrer la main de Mugabe, président à la dérive du Zimbabwe.

  • Brisa Roché – 2007/12/13 – Paris la Maroquinerie

    Brisa Roché, après tout ces temps et contretemps nous revient enfin avec nouveau CD, nouveau groupe et nouvelle maison de disques, ce soir à la Maroquinerie. Ses affiches couvrent les murs bien informés de Paris, sirène à moitié nue sur fond jaune, les seins couverts par un entremêlas de micros, c’est d’ailleurs la couverture du disque Takes.

    Le marketing est réussi, les nouvelles compositions ne le sont pas moins. Outre le disque, nous en avons eu un petit aperçu avec le show case des Inrocks et sa prestation chez Frédéric Taddeï sur FR3. Un avant-goût qui nous a rendus encore plus impatients de la voir sur scène. Quelques aléas (business semble-t-il) ont reporté l’évènement déjà programmé l’été dernier.

    Lorsque les lumières tombent le groupe démarre, quatre musiciens vêtus d’un blanc immaculé, dont une femme aux claviers et chant. Brisa apparaît après l’intro et entame High. Elle est habillée d’une veste d’officier de marine bleue foncé à double rangées de boutons dorés, un pantalon noir rayé et une espèce de ceinture-holster de cow-boy. Derrière le costume, Brisa est la même, un casque de cheveux noir de jais, des yeux lourdement soulignés de noir.

    A peine arrivée elle nous lance avec son charmant accent américain « nous vous avons tant attendus ». Et pour nous aussi Brisa d’amour, le temps a été si long, alors c’est un vrai bonheur de partager ce retour à la Maroquinerie dans cette ambiance calfeutrée où les fumées crachées par derrière la scène font ressembler cette petite salle à « un crépuscule sur la cote californienne » lorsque la brise du Pacifique pulvérise les embruns sur le sable doré.

    Le show continue avec Heavy Dreaming et l’assemblée est déjà conquise : Oh so black your hair, put your head down here/ Baby run now, run-run Baby ! Brisa mime ses chansons avec des gestes enfantins et accomplis, ses mains parlent autant que ses mots. Danseuse Tai-chi dans un jardin de Kyoto, geisha surfeuse sur les pentes immaculées du Fujiyama, Marie-Madeleine au milieu de ses apôtres, son seul péché : nous faire mourir de plaisir avec une voix envoutante, au velouté onctueux et somptueux, des graves profonds aux aigus parfois nasillards, elle joue avec notre émotion, elle nous ensorcelle, nous rebelle, nous crucifie et nous béatifie avec ses remerciements mutins.

    Takes est joué intégralement, plus rocky que sur la version studio. Seule une petite intrusion sur le précédent disque The Chase avec deux morceaux : Sugarfight et Baby Shut Your Eyes. Un disque qu’elle a dit dans la presse ne pas aimer malgré les éloges qu’il a remporté. Whistle est repris en rappel. Elle n’arrive plus à siffler sur le refrain, elle éclate de rire. Ses musiciens l’entourent avec affection et efficacité, matelots burinés aux ordres d’un capitaine aux longs cours qui mène un navire taillé pour la haute mer, réactif aux vents de la poésie et du rock, fendant l’écume des mots et des compositions, avec harmonie et vitesse.

    Brisa Roché, une grande artiste californienne adoptée par Paris, proche et fascinante, délivrant une musique belle comme un coucher de soleil sur Big Sur, et qui ajoute ses propres peintures sur la pochette de son CD. Bien sûr, nous avons déjà nos places pour son Bataclan en avril prochain.

    Set list : Hiht, Heavy Dreaming, Trampoline, Call Me, Egyptian, The Building, Pitch Black Spotlight, The Choice, The Drum, Sugarfight, Without A Plan, Baby Shut Your Eyes, Halfway On, Whistle, Breathe In Speak Out, Hand On Steel, Ali Baba.

    Rappel : Whistle

    Lire aussi : Brisa Roché – interview

  • Keren Ann – 2007/12/12 – Paris le Café de la Danse

    Keren Ann se produit ce soir au Café de la Danse avec en première partie son ami poète américaine Dayna Kurtz, une émouvante fusion de Joni Mitchell et de Dylan.

    Keren est entourée d’un quatuor guitare et bass/ batterie et un incroyable trompettiste américain qui a branché son instrument sur une pédale wah-wah, générant un son original. Elle ne quitte pas ses guitares, y ajoutant parfois un harmonica.

    Mélange d’influences et synthèse rock-folk presque parfaire, on ne sait plus trop d’où elle vient entre les Pays-Bas, Israël, les Etats-Unis, la France ? Cela n’a guère d’importance, son univers est celui de la musique, et nous y vivons. Son dernier disque « Keren Ann », chanté en anglais est un écrin de douceur. Ce soir elle est habillée de noir, distante et secrète, mélancolique et sereine, elle déroule ses compositions subtiles en regardant la salle d’un air amusé.

    Tout est lisse comme ses cheveux qui tombent sur ses épaules, son piqué de guitare, ses mots simples entre les chansons, sa voix neutre qui nous emmène vers des hauteurs de légèreté inégalées. Et lorsqu’elle nous susurrent « And what I’m thinking of/ Just this time, why don’t you/ Lay your head down/ In my arms, in my arms » nous frissonnons de bonheur!

    Après An Pierlé hier soir et avec Brisa Roché demain, c’est un trio de rockeuses romantiques qui a séduit Paris nous déployant leurs talents tout en émotion féminine.