Buffon dans son nouvel environnement. au Jardin des Plantes.
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Fouteballe et Salle Pleyel
Un samedi ordinaire à Paris que le bobo-rive-gauche met à profit pour aller assister à un concert de rock à la Salle Pleyel dans le VIIIème arrondissement. Hélas, trois fois hélas ! ce n’est pas un samedi tout à fait ordinaire car nous sommes en plein championnat du monde de fouteballe au Qatar (tout de même assez loin de Paris) et, ce samedi, se déroule un premier match impliquant le Maroc (ancien protectorat franco-espagnol jusqu’en 1956) à 16h et un second avec la France à 20h.
Il apparait que le Maroc a gagné son match et, immédiatement, la communauté française d’origine marocaine, détenant la double nationalité ou simplement marocaine, nombreuse en France, spécialement à Paris, sort dans les rues en braillant, drapée dans des drapeaux marocains. Dans la capitale, les Champs Elysées sont le point de ralliement habituel pour les festivités sportives, malheureusement pour notre bobo qui, venant de la rive gauche, doit les traverser pour rejoindre la Salle Pleyel. L’avenue est déjà envahie par des hordes de supporters criant leur joie et bloquant la circulation des citoyens ordinaires. On dirait que les émeutiers ne supportent pas vraiment l’équipe de France…
Une longue file de camions de forces de sécurité stationne au milieu des Champs, tous gyrophares clignotants, entre la place de l’Etoile et la place Franklin D. Roosevelt. Dans toutes les rues adjacentes des brigades à moto dont pré-positionnées pour parer aux émeutes qui ne vont pas manquer de se produire. Le dispositif sécuritaire est impressionnant et on a du mal à croire qu’il ne s’agit que de sport.
A 23 heures, à la sortie de la Salle Pleyel, le bobo enchanté par son concert se retrouve tristement confronté à la déplorable réalité de la baballe. Il comprend rapidement que la France a elle-aussi gagné son match : des voitures tous avertisseurs déclenchés convergent vers les Champs Elysées au milieu des hurlements de fans déjà avinés drapés dans des drapeaux français. Il est temps de fuir le VIIIème arrondissement.
Le plus inquiétant dans cette affaire est que le Maroc doit affronter la France dans un nouveau match mercredi prochain ! Quelle que soit l’issue de cette confrontation de la baballe, l’effet va être détonnant pour la liberté de circuler des citoyens ordinaires et la dévastation du mobilier urbain et autres incivilités qui devraient en résulter.
Une nouvelle fois on constate l’état de délabrement mental accéléré dans lequel le fouteballe plonge ses amateurs et l’emprise dans laquelle il maintient même les plus raisonnables d’entre eux. Dans le cas d’espèce, le statut du Maroc qui fut un protectorat français explique la présence d’une nombreuse communauté marocaine ou d’origine marocaine dans l’hexagone, plus ou moins influencée par le gloubi-boulga « décolonialiste » servi par une intelligentsia en mal de pénitence. Un match Maroc-France mercredi prochain dans un tel contexte est la plus mauvaise nouvelle qui puisse advenir en ce qu’elle va charrier revendications et dévastation, qui que soit le vainqueur. Les contribuables qui déjà finance l’équipe de France de foute et ses frais annexes, les forces de l’ordre qu’il est maintenant indispensable de déployer à chaque compétition fouteballistique, vont également payer pour la remise en état après les émeutes générés par des matchs de baballe se déroulant à 3 000 km de chez eux. C’est la mondialisation du fouteballe !
Aux dernières nouvelles il n’y a pas eu d’émeutes ni au Qatar ni au Maroc à la suite de ces matchs.
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Pete Doherty & Frédéric Lo – 2022/12/10 – Paris, Salle Pleyel
Deux musiciens se retrouvent en Normandie. L’un, Pete Doherty, enfant terrible du rock britannique (The Libertines, Babyshambles) est venu s’y apaiser auprès de son épouse française qui y habite, l’autre, Frédéric Lo, français, est moins connu mais a collaboré comme compositeur-arrangeur-producteur avec différents rockers français, dont Daniel Darc, ex-Taxi Girl qui mena ensuite une carrière solo guidée par Lo.
Ces deux-là se rencontrent un peu par hasard car Lo désire faire participer Doherty à un hommage à Darc décédé en 2013 au terme d’une vie très bousculée de 53 courtes années. Du coup nos deux larrons vont se plaire et poursuivre une fructueuse collaboration ; les textes pour Pete qui retrouve le plaisir d’écrire et Frédéric à qui on ne la fait pas pour créer des mélodies poppy-mélancoliques pleines de douceur et de subtilité. Et les voici embarqués dans la magnifique maison normande figurant sur la couverture de l’album pour quelques semaines de création qui aboutiront à la sortie du CD The Fantasy Life of Poetry & Crime (voir le très joli documentaire tourné par Arte sur l’enregistrement : Peter Doherty & Frédéric Lo – The Fantasy Life of Poetry and Crime – @arteconcert disponible sur Youtube). C’est la touchante surprise de cette année 2022 qui se termine par une tournée du duo épaulé aux claviers par Mme. Doherty ainsi que par une violoniste et… les deux chiens de Pete.
Après un premier show au Trianon, les revoici Salle Pleyel pour cette fin d’année ! Doherty a pris beaucoup de poids, il se dit que la lutte contre ses addictions se déroule difficilement ce qui laisse quelques traces sur son physique. Débraillé dans un costume avachi, il promène sa bonne bouille au bout de son micro. Voix enfantine sous une chevelure ébouriffée, il n’a rien perdu de sa capacité à émouvoir d’autant plus qu’il s’exprime dans une ambiance folk et non plus couvert par le feu de l’électricité. Lo est élégant et tout en noir, sous un chapeau de même couleur qu’il ne quittera pas de la soirée, accroché à une guitare folk qui accompagne si bien la voix poétique de son comparse. Les deux chiens jouent tranquillement sur la scène, pas impressionnés du tout par la sono qui reste malgré tout d’un volume modéré. Lors des shows précédents de Doherty c’étaient deux ou trois danseuses qui faisaient une apparition, c’est ainsi, Pete a besoin de compagnie et aussi de montrer qu’il continue, un peu, à s’affranchir des règles.
En tout cas, s’il y a des règles qui sont magnifiquement respectées ce sont celles de l’harmonie et de la poésie qui insufflent à ce concert un romantisme désarmant. Les thèmes sont les sujets familiers qui hantent Doherty, la perte des siens, la drogue, la vie qui passe…
Sur Abe Wassenstein un hommage à un ami disparu :
He lived on a rock and you know he died upon a road
You know he died upon a roll
I sit and stare I say a prayer
It’s a kind of, it’s a kind of prayer for a friend of mine
He was a friend you know he was a friend
He was a friend, friend of mineSur The Monster, une référence à sa lutte contre les drogues :
But the monster’s there for me
And I have no doubt that when I go out lad the monster adores me
Stand and deliver it felt so right
The Lord knows
« La vie est tendre, belle et violente »Sur la rédemption après tant d’errements, Yes I wear a Mask
I sing the sweetest saddest song
The sweetest saddest song
To cloud all of my wrongs
Confuse all of my wrongsIt’s lovely to be free my friend in-style
Sometimes to right all of my wrongs
Occcasionally
Occasionnally
I scale the highest peak
I find the peace I seekYes I wear a mask my friend inside
Outside to hide all of my crimes
The sweetest saddest song
I sing thе sweetest saddest songLa roue qui tourne avec The Glassblower :
Wine like a siren threads
Between the lives I’ve led
Wind swims in my naked hеad
With my legs in the air
My veil is two cеnturies long
I sing forgotten songs amongst the sarees and sarongs
There in is my lairLa musique est douce et enveloppe tous ces titres introspectifs exactement comme il le faut, transformant en mélodie la mélancolie d’une vie brûlée par les deux bouts. Pour la première fois ce n’est pas lui qui l’a écrite et il s’est laissé guidé dans cette collaboration douce avec Frédéric Lo. Quelle chance que Pete Doherty puisse mener ce parcours solo dans lequel il semble retrouver une once de sérénité, un soupçon d’apaisement, et qui l’oriente vers une nouvelle voie musicale qui berce notre esprit et nos âmes.
Au bout d’une heure, tout le nouveau répertoire est joué alors le groupe revient sur quelques morceaux du premier et merveilleux album solo Grace/Wastelands, ainsi que sur une reprise de Daniel Darc : Inutile et hors d’usage, et une chanson écrite par Lo : Cet obscur objet du désir chantée par lui et dont le refrain est repris en français par eux deux. Superbe et majestueux !
Setist : Rock & Roll Alchemy/ The Epidemiologist/ You Can’t Keep It From Me Forever/ Yes I Wear a Mask/ The Fantasy Life of Poetry & Crime/ The Monster/ Invictus/ The Glassblower/ Keeping Me on File/ Abe Wassenstein/ Far From the Madding Crowd/ Half a Person/ Inutile et hors d’usage/ Cet obscur objet du désir/ Arcady/ Salome
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« Nouveaux chefs d’œuvre. La dation Maya Ruiz-Picasso » et « Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo » au musée musée Picasso – Paris
Maya est la fille que Picasso eut en 1935 avec Marie-Thérèse Walker. Abordée par hasard à la sortie d’un grand magasin il lui annonce : « Bonjour, je suis Picasso, nous allons faire de grandes choses ensemble. » Durant dix années elle deviendra la muse et le modèle du Maître, avant que Dora Maar ne vienne jeter le trouble dans ce couple créatif. Ils auront une fille, Maya, que Picasso a représentée enfant sur des peintures et des dessins à de très nombreuses reprises.
Certains de ces tableaux font partie d’une dation acceptée par l’Etat en paiement des droits de succession de Maya et sont exposés ici avec d’autres pièces de la collection personnelle de Picasso. Maya sous toutes ses formes au rez-de-chaussée, la relation de Maya avec son père au premier et une plongée dans la résidence de l’artiste sur les hauts de Cannes au troisième.
Le premier étage est intéressant et détaille la relation fusionnelle entretenue par l’artiste avec sa fille durant sa jeunesse. Ses cahiers d’écolières sont exposés dans lesquels Pablo dessinait pour lui enseigner les bases, ainsi que les multiples photos de l’enfant en famille, des extraits de Clouzot tournant le film « Le mystère Picasso » en 1955 pour lequel Picasso exigea que Maya, 20 ans, soit l’assistante du réalisateur. Et puis la rupture alors que Maya veut prendre son indépendance. Ils ne se reverront plus jusqu’à la mort de l’artiste. Ce que ne dit pas l’exposition c’est que Marie-Thérèse, la mère de Maya se suicidera par pendaison quatre années après la mort de l’artiste. Pas facile de vivre dans l’environnement d’un génie.
Les combles restaurés du musée sont consacrés à « La Californie », la somptueuse demeure acquise par l’artiste au-dessus de Cannes où il s’installe en 1955 dans une frénésie créatrice en compagnie de sa dernière femme, Jaqueline Roque, avant de migrer en 1961 à Mougins où il finira ses jours en 1973. Cette période est très documentée avec nombre films et photographies qui sont exposés dans ce musée parisien et plonge le visiteur dans l’environnement créatif de Pablo Picasso.
Un détour par le musée Picasso s’impose avant que l’exposition « Maya » ne prenne fin le 31 décembre de cette année.
Le deuxième étage expose les œuvres de Farah Atassi, inspirée par le cubisme picassien rendu ici sur de grandes toiles aux dessins géométriques de joyeux paysages de bords de mer aux couleurs pastel.
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Une soirée sur Télé-Bolloré
Un petit zapping en soirée sur les chaînes détenues par l’homme d’affaires Vincent Bolloré permet de constater que la « ligne éditoriale » ne varie guère.
Sur CNEWS on regarde la Messe de l’Immaculée conception de la Vierge Marie à Cotignac, dite par un prêtre « issu de la diversité », ce qui ne manque pas de sel s’agissant d’une chaîne dont une bonne part du fonds de commerce est basée sur la critique de l’immigration. Sans doute considère-t-elle que l’Eglise est un « secteur en tension » nécessitant l’assouplissement de son dogme « immigration 0 ».
Sur C8 on voit dans l’émission menée par Cyril Hanouna une gamine, qui commence toutes ses phrases par « genre… » ou « j’étais en mode… » (ou encore « genre, j’étais en mode… »), expliquer comment à 14 ans elle envoyait des photos d’elle nue avec un « Youtuber » qu’elle accuse désormais de l’avoir mise sous emprise. Pour ceux qui l’ignore, rappelons qu’un « Youtuber », encore appelé « influenceur », est une personne qui diffuse des vidéos d’elle-même sur la plate-forme Youtube pour vanter les mérites d’une marque de vernis à ongles ou de shampoing. Elle est généralement rémunérée par lesdites marques et, pour les plus riches, installée à Dubaï, centre mondial du clinquant.
On se souvient de la légendaire intervention de Nabilla qui assurait la promotion de la cryptomonnaie bitcoin : Nabilla et le bitcoin.
Afin de poursuivre sa progression, M. Hanouna a enrichi son équipe de commentateurs avec Jean-Marie Bigard, humoriste scatologique qui s’est illustré avec ses positions antivax durant la crise sanitaire de la Covid.
On se demande comment la famille Bolloré qui a démontré son intelligence et son efficacité dans le développement de ses affaires peut faire preuve d’une telle compromission dans des médias d’un si déplorable niveau ? Ce n’est sans doute pas par intérêt économique car ces médias sont généralement des gouffres financiers. Il s’agit probablement plus d’une question d’hubris pour la famille bretonne comme celui d’autres familles capitalistes françaises qui ont toutes acquis, ou pris des participations dans des médias : les Arnault (notamment Les Echos et Le Parisien), Pinault (Le Point et Point de vue), Dassault (Le Figaro), Drahi (Libération, BFM, RMC, L’Express), Niel (Télérama, La Vie, Nice Matin, Le Monde), Bouygues (TF1), etc. Alors que beaucoup ont investi dans les médias pour disposer d’un vecteur diffusant leur vision politique du monde (par exemple Dassault a acheté Le Figaro, journal « de droite », pas Libération, quotidien « de gauche »), la spécificité des Bolloré est d’avoir misé sur des médias abrutissant les masses. Elles sont effectivement un marché d’avenir mais quel plaisir cette famille peut-elle avoir de savoir que les animateurs qu’elle rémunère se vautrent dans la fange sans la moindre retenue ? C’est un mystère propre aux Bolloré. Un premier élément de réponse serait de savoir s’ils laissent leurs jeunes enfants regarder Hanouna le soir ?
Lire aussi : La pollution des neurones par les médias « populaires »
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Christine McVie du groupe Fleetwood Mac est décédée
Christine McVie est décédée à 79 ans ce 30 novembre. Elle fut chanteuse et claviériste du groupe Fleetwood Mac et épouse de John McVie le bassiste historique du groupe britannico-américain. Créé en 1967 le groupe a rencontré un franc succès avec Rumours, sorti en 1977 et vendu à 40 millions d’exemplaire. Avec Stevie Nicks, américaine, elle formait le duo blond de charme épaulant une solide équipe de guitaristes masculins dans cette musique blues-rock, à la fois percutante et parfois romantique.
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MIZUBAYASHI Akira, ‘Ame brisée’.
Sortie : 2019, Chez : Editions Gallimard.
Une très belle et très sensible histoire de destins croisés autour de la musique et d’un violon : un gamin japonais voit son père violoniste arrêté en 1938 par les soldats de l’empereur menés par un officier amateur de musique qui va sauver l’enfant. Deux générations plus tard, en France, l’enfant japonais devenu un vieux luthier installé à Paris, retrouve la petite-fille de l’officier japonais, devenue elle-même une violoniste de talent. Ensemble ils retrouvent les petits cailloux de leurs histoires semés par leurs ancêtres au cœur d’une époque violente et tragique.
Mizubayashi, né en 1951, est un écrivain francophone et francophile. Il a rédigé ce roman musical en français et exprime tout en douceur l’imbrication de la musique et des sentiments de ses personnages. Le roman tourne autour du quatuor Rosamunde de Schubert et du concerto pour violon d’Alban Berg « A la mémoire d’un ange » que le lecteur se précipite pour écouter religieusement, dès le livre refermé.
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Exposition « Fernande Olivier et Pablo Picasso, dans l’intimité du Bateau-Lavoir » au Musée de Montmartre
Fernande Olivier (1881-1966) fut l’une des premières inspiratrices (et amantes) du jeune peintre Pablo Picasso (1881-1973). Violée et épousée de force à 16 ans elle fuit son sort et se retrouve dans le petit monde artistique de Montmartre qui bouillonne de créativité et de grands hommes en devenir. Elle sert de modèle aux peintres naissants du Bateau Lavoir puis s’installe chez Picasso avec qui elle vit durant huit ans. En pleine « période rose » le Maître réalisera moulte portraits de son inspiratrice. Après sa rupture avec Picasso elle s’essaie à la peinture, certaines œuvres sont exposées dans le musée, et à l’écriture. Elle publie « Picasso et ses amis » en 1933 préfacé de Léautaud, son journal intime posthume sort en 1988.
Le musée retrace la période vécue par Fernande à Montmartre et l’atmosphère foisonnante d’une époque révolue. Des citations de ses écrits sont affichées sur les murs. Elle a du talent mais ses ouvrages sont épuisés. Dommage car ses écrits intimes en disent long sur les acteurs cette période.
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« Humpty / Dumpty » de Cyprien Gaillard au Palais de Tokyo
Une visite au Palais de Tokyo est souvent un évènement improbable offrant des sensations variées. Au milieu de salles d’exposition dont on se demande toujours si elles sont en travaux ou dans leur décoration définitive, on regarde des « installations » mystérieuses, souvent incompréhensibles.
Des artistes exposés aujourd’hui, le plus abordable semble le français Cyprien Gaillard (né en 1980) dont les vidéos projetées sur grand écran sont intéressantes mêlant une inspiration urbaine sur le temps qui passe. Le film sur un vol de perruches vertes « à collier » sur fond de façades d’immeubles en Allemagne est frappant, diffusé sur un écran gigantesque de quatre mètres de haut sur une vingtaine de long, il illustre l’invasion de ces oiseaux tropicaux, importés en Europe par accident, qui se sont si bien adaptés à nos villes au climat tempéré. Ils sont désormais familiers de leurs habitants et offrent le magnifique et bruyant spectacle de leurs vols en armadas tout en s’avérant probablement dévastateurs pour la biodiversité. Le beau détruit le bien…
Plus obscures apparaissent les installations de Guillaume Leblon, Minia Biabiany, Miguel Gomes.
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SAVOYE Jean-Marc, ‘Et toujours elle m’écrivait’.
Jean-Marc Savoye, éditeur, a suivi quinze années de psychanalyse, complétées par quelques mois d’EMDR (Eye Movement Desentitization and Reprocessing, qui signifie en français « Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires »). Il raconte ce parcours dans son livre, la souffrance et le questionnement face aux évènements de sa vie qui l’ont amené à devoir consulter : un père mort alors qu’il avait 5 ans, une paternité remise en doute car sa mère avait un autre amour, un frère-modèle décédé prématurément… Pour les affronter et les comprendre il eut besoin d’une aide extérieure que la psychanalyse semble lui avoir apportée, au moins partiellement puisqu’il a du la compléter avec l’EMDR.
Avec ses analystes il partage tout : ses doutes familiaux, ses troubles amoureux, ses angoisses professionnelles. Ces dialogues l’inspirent pour s’orienter dans la vie et, parfois, gagner en autonomie. L’analyse le rassure, l’apaise, lui permet de parler de sa vie à un tiers qui l’aide à en interpréter les éléments. Des interprétations qui restent des hypothèses, fruits d’échanges qui ont duré des années.
Présentée par Savoye, son analyse ressemble à une « béquille », une aide à la décision pour faire face à des évènements de sa vie qui le laissent désemparé et impuissant. Il en a un véritable besoin et la relation quasi filiale qu’il a partagée avec ses analystes lui a été utile. Le lecteur moins au fait de la psychanalyse reste un peu ébahi de cette si longue et vitale nécessité d’analyser sa vie pour vivre un présent qui ne semble toutefois pas excessivement tragique au regard de bien d’autres. Plus étonnant encore : devoir raconter ce long processus dans un livre publié. La première et rapide conclusion à en tirer sera au moins que suivre une psychanalyse demande une irrépressible envie de parler de soi.
Nous sommes en psychanalyse alors on aime jouer avec les mots. Et puis on se refuse à admettre le hasard, n’y voyant que des actes manqués. Comme l’analysant (le patient) raconte son mal-être à son travail qu’il passe dans son bureau face à son « imper » suspendu à une « patère », l’analyste lui précise qu’il s’agit en fait de « un père » et un « pater [en latin] », donc de l’obsession de son père. Sur la fusion avec sa mère, Savoye déduit que « tout ce qui vient de la mère passe par la con », d’où la confusion dans la relation avec sa mère. On peut-être féru de psychanalyse sans être forcément poète !
Le récit a été publié en 2017, il se termine par cette constation qui rassure son auteur : « Le passé, enfin, n’est plus mon horizon. » L’histoire ne dit pas s’il a du entamer une cinquième analyse depuis.
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« Monet – Michell » à la Fondation Louis Vuitton
Cette exposition donne à voir les œuvres de Joan Mitchell (1925–1992), peintre américaine francophile, inspirée par Claude Monet (1840–1926), à travers un parcours croisé au cœur de leurs peintures mélangées. D’ordre abstrait, les toiles de Mitchell sont de grande taille, tachetées de couleurs vives qui rappellent de loin en loin les somptueuses couleurs de Nymphéas ou des sublimes fleurs peintes par Monnet devant son jardin de Giverny. D’ailleurs Joan Mitchell s’installa à à Vétheuil à la fin de sa vie. Depuis sa terrasse elle dominait les courbes de la Seine et la maison de son Maître.
Cette exposition est l’occasion de se replonger dans les toiles de Monet et leur féérie de couleurs. La comparaison avec les tableaux de Joan Mitchell est redoutable, c’est celle du classisme versus la modernité abstraite. Le choix entre ces deux tendances relève sans doute d’une question de génération.
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BORTCHAGOVSKI Alexandre, ‘L’holocauste inachevé, ou comment Staline tenta d’éliminer les juifs d’URSS’.
Alors qu’il passait les 80 ans, le romancier et dramaturge « soviétique » Alexandre Bortchagovski (né en 1913, date de décès inconnue), éplucha les archives du pouvoir soviétique sur le dossier du « Comité antifasciste juif [CAJ] » et les tentatives staliniennes d’annihiler les juifs d’URSS, en commençant par l’élite représentée au sein du CAJ. Le récit raconte cette plongée dans l’absurde sanguinaire de la dictature stalinienne lancée contre les juifs. C’est très touffu, ponctué de référence à des personnages inconnus du grand public, du côté des victimes comme celui des bourreaux (ceux-ci ayant d’ailleurs vocation à devenir à leur tour des victimes un jour ou l’autre…), Wikipédia permet d’en savoir un peu plus sur ceux qui sont le plus cités.
L’antisémitisme de Staline et de son clan n’a pas pu vraiment s’exprimer durant la seconde guerre mondiale ni dans les quelques années qui suivirent tant l’idée même d’antisémitisme était associée à la barbarie nazie. C’est à cette époque qu’avait été créé le CAJ, en 1942, avec l’approbation de Staline afin de recueillir le soutien de la communauté juive internationale en faveur d’un soutien à l’Union soviétique dans son combat contre l’Allemagne nazie. Ce Comité joua son rôle jusqu’à la reddition allemande en 1945 puis les choses commencèrent à se gâter à la fin des années 1940 et l’antisémitisme du pouvoir russe put s’afficher de nouveau au grand jour.
On voit alors le régime stalinien se déchaîner contre le CAJ qui représente l’élite de la population juive d’URSS et dont les membres sont accusés de « nationalisme » et de menées « antisoviétiques ». Ils sont arrêtés, torturés parfois durant plusieurs années par des « officiers-instructeurs » jusqu’à ce qu’ils signent des aveux circonstanciés, le plus souvent de vrais tissus de mensonges qu’en l’occurrence ils contesteront lors de leurs procès, ce qui ne les empêchera pas pour la plupart d’être exécutés d’une balle dans la nuque. Généralement leurs bourreaux connaîtront le même sort quelques mois plus tard à l’occasion des purges suivantes tant la machine totalitaire avait besoin de coupables à se mettre sous la dent pour perdurer.
Rien de bien nouveau pour qui a vu le film « L’aveu » ou est familier avec la littérature du goulag, mais toujours cette incroyable constance du régime soviétique à extorquer des aveux aux contestataires du régime, même si tout le monde sait qu’ils sont montés de toutes pièces. Le mensonge et la désinformation sont érigés en mode de fonctionnement et vont générer des millions de morts.
Au détour des pages on apprend que la fille de Staline, Svetlana Allilouïeva, a épousé un russe d’origine juive en premières noces dont elle aura un fils et… des problèmes avec son père qui voyait cette union d’un très mauvais œil. On découvre également que Molotov, celui du pacte germano-soviétique (1939) encore appelé « Ribbentrop-Molotov », du nom des deux ministres des affaires étrangères des Etats signataires, était marié avec une femme juive, communiste pure et dure, soutien du CAJ. Arrêtée en 1948 pour « trahison » elle est condamnée à l’exil intérieur au Kazakhstan et le couple est poussé au divorce. Elle sera libérée après la mort de Staline en 1953 et pourra alors se remarier avec Molotov !
L’Histoire passe, les temps changent, les dictateurs succèdent aux autocrates à Moscou, mais la politique en Russie reste relativement linéaire. La guerre d’Ukraine déclenchée le 24/02/2022 repose sur la même volonté de puissance du clan au pouvoir, d’identiques mensonges auto-justificateurs et un similaire mépris de la vie humaine. Le résultat de cette guerre ne devrait pas grandir la Fédération de Russie qui a succédé à l’Union soviétique, hélas !
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« Saint-Omer » d’Alice Diop
Le film relate un fait divers sordide qui a fasciné la réalisatrice, celui d’une jeune femme d’origine sénégalaise, arrivée enfant de Dakar à Paris pour faire des études qu’elle semble avoir suivies avec plus ou moins de convictions et d’assiduité, qui, ayant abandonné ses études et à cours de ressources, s’installe chez un ancien expatrié en Afrique, bien plus âgé qu’elle, déjà marié et père d’une fille de l’âge de sa maîtresse. Cette dernière tombe enceinte et donne naissance, toute seule à la maison, à une fille qu’elle cachera consciencieusement à son entourage, avant de la déposer, à deux ans, sur la plage de Saint-Omer alors que la marée monte. L’enfant est retrouvée morte le lendemain, la mère identifiée et arrêtée rapidement.
Le film rejoue le procès en cours d’assise dans cette petite ville de province, une présidente du tribunal bienveillante essaye de démêler l’histoire entre la thèse de l’acte prémédité et du mensonge de l’accusée défendue par le procureur et celle d’une victime de la négligence du père de l’enfant et du racisme ambiant avancée par l’avocate. Ce père témoigne à la barre et affiche sa coupable négligence. C’est le syndrome du « vieux blanc », bien connu de ceux qui ont vogué en Afrique, utilisant des gamines locales pour assouvir leur besoin de « chair fraîche », le tout dans la lâcheté et l’irresponsabilité.
L’accusée parle de ses visions, les psychiatres de « l’altération de son discernement », l’avocate de son errance culturelle dans un environnement tellement éloigné de celui de son pays natal. Cette femme est probablement psychiquement malade, elle sera néanmoins condamnée, ce que le film ne dit pas, à une peine de 20 années, réduite à 15 en appel.
L’engagement militant de la réalisatrice, elle-même d’origine sénégalaise, en faveur de la « diversité » transparaît dans le film, bien sûr, ce qui ne l’empêche pas de présenter ce procès dans le cadre d’une justice apaisée. L’actrice jouant le rôle de l’accusée (Fabienne Kabou, dans la vraie vie) semble mystérieuse, perdue dans un monde intérieur inaccessible, reconnaissant l’ignominie de son acte tout en déroulant calmement les éléments d’une existence décalée en France, sans but ni joie. A l’issue de ce film oppressant, le spectateur quitte la salle en se demandant ce que deviendra cette mère infanticide à sa sortie de prison ?
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La Russie bombarde
Avec constance les experts militaires de plateaux télévisés, généralement des militaires en retraite ou des journalistes abonnés à « Air & Cosmos », prédisent la fin des stocks de missiles russes. Avec la même régularité ils sont démentis par les faits et des pluies de nouveaux missiles s’abattent sur l’Ukraine, de façon particulièrement intense après chaque revers de l’armée russe sur le terrain. La tactique russe est de détruire les infrastructures d’eau et d’électricité afin de pourrir la vie des civils ukrainiens. Quelques bombes tombent aussi sur les civils, plus ou moins par hasard, faisant des morts et blessés civils tous les jours dans le pays.
La ville de Kherson est symbolique de cette tactique. Elle a été évacuée par l’armée russe il y a deux semaines devant l’avancée de l’armée ukrainienne mais les soldats russes se sont installés à quelques kilomètres, de l’autre côté du fleuve, à portée de canons, et ils bombardent consciencieusement depuis tout ce qui bouge à Kherson afin de rendre infernale la vie des habitants qui ont eu l’outrecuidance d’accueillir les soldats ukrainiens en héros après leur propre évacuation. Le côté inextricable de ce champ de bataille est que dans l’esprit des Russes la ville de Kherson est… russe puisque cette région a été annexée par la Fédération. La Russie bombarde la Russie !
Dans le même temps, les civils ukrainiens qui le peuvent évacuent la ville de Kherson qui devient invivable, une petite victoire politique pour Moscou après la défaite militaire.
Lire aussi : Les inextricables imbroglios juridiques de la guerre d’Ukraine
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The Cure – 2022/11/28 – Paris Bercy
Assister à un concert des Cure en 2022 c’est un peu se lancer dans un voyage introspectif sur son passé musical tant ce groupe, formé en 1978, a accompagné le parcours musical des fans, et tout particulièrement français, The Cure ayant toujours rencontré un franc succès dans l’hexagone. Alors lorsque les lumières s’éteignent ce soir et que démarrent les notes amples de Alone, Bercy frissonne de plaisir. Les musiciens sont en place et joue une longue et lente intro quand Robert Smith fait son entrée, longeant lentement le bord de la scène, en log et en large, saluant les spectateurs avec un petit sourire timide. Sans sa guitare il est « en civil », un peu pataud avec ses kilos en trop, ses cheveux grisonnants-filasse en bataille, son éternel rouge-à-lèvres et ses fringues noires informes. Fidèle à lui-même il déploie avec son groupe la bande-son de notre vie.
Après cette affectueuse entrée en scène il s’approche du micro pour entamer Alone, une chanson du disque The Lost World dont la sortie est annoncée depuis plusieurs mois mais sans cesse repoussée. On est toujours dans le sombre, la marque de fabrique des Cure :
This is the end of every song that we sing
The fire burned out to ash and the stars grown dim with tears
Cold and afraid, the ghosts of all that we’ve been
We toast, with bitter dregs, to our emptinessOn ne peut pas dire que ces paroles débordent d’enthousiasme, pas plus d’ailleurs que le rythme pesant et étiré de sa musique, mais nous sommes à un concert des Cure pas à un show de chippendales …, et c’est comme ça que nous les aimons.
Le groupe est composé du quatuor habituel : Robert Smith (chant et guitare), Simon Gallup (bass), Roger O’Donnell (clavier) et Jason Cooper (batterie), renforcé par Reeves Gabrels (guitare), qui tourne avec le groupe depuis 2012, et le revenant Perry Bamonte (guitare et clavier) qui fit partie du groupe dans les années 1990 ; il est un peu relégué tout seul à gauche de la vaste scène de Bercy.
Une fois passée cette ouverture pour faire patienter encore un peu la sortie du nouveau disque, le groupe rentre dans une setist de bonheur déclinant 40 années de création. L’enchaînement A Night Like This/ Lovesong est sublime ; Lovesong, cette chanson écrite par Robert comme cadeau de mariage à sa femme Mary… quelle classe ! Charlotte Sometimes, Push, Play for Today sont des sommets qui déclenchent l’enthousiasme. Robert est serein derrière son micro, en pleine forme vocale. Si son aspect physique a pris quelques rides, sa voix est toujours la même, perchée dans les aigües, un peu forcée. Elle s’envole sous les voutes de Bercy et strie nos âmes, nous ramenant toutes ces chansons sur lesquelles les quinqua/sexa rattachent immanquablement nombre des étapes de leurs vies.
Une petite frustration quand même est la sous-utilisation des talents de Gabrels. Quand on l’a vu sur scène avec Bowie, notamment sur la tournée Outside, développer une incroyable virtuosité appuyée par la maîtrise de la technique lui permettant de jouer des sons surréalistes avec seulement six cordes, on reste un peu sur notre faim de le voir entamer seulement deux petits solos sur A night like this et Endsong. C’est un peu maigre mais il n’est sans doute pas facile d’être le guitariste d’un groupe mené par un guitariste-chanteur ! Certes, la musique du groupe ne se prête pas complètement à la virtuosité guitaristique mais il nous semble que Porl Thomson qui a précédé Gabrels pour les tournées avait un peu plus l’initiative sur scène. Et puis, les quelques rares solos joués ce soir, et qui ne sont pas sur les disques, sont parfaitement placés et pourraient être mulitipliés.
Reeves Gabrels Le show se termine sur Endsong, tirée également du futur CD à sortir. Le beat est lent, de lourdes nappes de claviers se répandent sur l’assistance, les guitares marquent le rythme répétitifs et pesant dans les aigües et le chant de Robert achève de faire tomber un voile de déprime au milieu des larsens déchirants…
And I’m outside in the dark
Staring at the blood red moon
Remembering the hopes and dreams I had
All I had to do
And wondering what became of that boy
And the world he called his own
And I’m outside in the dark
Wondering how I got so oldIt’s all gone, it’s all gone
Nothing left of all I loved
It all feels wrong
It’s all gone, it’s all gone, it’s all gone
No hopes, no dreams, no world
No, I don’t belong
AI don’t belong here anymoreMais pour relever le moral, le groupe revient pour deux rappels d’anthologie enchainant tous les tubes de leur si fructueuse carrière et Bercy se déchaîne. Des gamines de 17 ans hurlent et dansent sur In Between Days sorti en 1985…, les moins jeunes sont debouts devant leurs sièges, trois générations de fans révèrent ce groupe de légende qui nous laisse bouillonnants sur Boys Don’t Cry… après 2h45 de musique.
Voir aussi : Les photos de Roberto Setlist : Alone/ Pictures of You/ A Night Like This/ Lovesong/ And Nothing Is Forever/ The Last Day of Summer/ Want/ A Fragile Thing/ Burn/ At Night/ Charlotte Sometimes/ The Figurehead (Robert change « American » for « Parisian » girls)/ A Strange Day/ Push/ Play for Today/ Shake Dog Shake/ From the Edge of the Deep Green Sea/ Endsong
Encore : I Can Never Say Goodbye/ Faith/ A Forest
Encore 2 : Lullaby/ The Walk/ Friday I’m in Love/ Close to Me/ In Between Days/ Just Like Heaven/ Boys Don’t Cry
Warmup : The Twiligth Sad
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Les inextricables imbroglios juridiques de la guerre d’Ukraine
A défaut de victoire nette sur le terrain militaire en Ukraine, la Russie s’efforce de tisser une toile juridique pour lier une partie de l’Ukraine à son territoire de façon désordonnée et quasiment inextricable. Quand on connaît le peu de cas que fait Moscou du droit international en général, cette tactique serait plutôt risible mais est annonciatrice de vraies difficultés lorsqu’il faudra défaire ce qui a été fait, si l’Ukraine et la communauté internationale y arrivent un jour et ce, quelque soit l’issue de la guerre en cours.
La constitution russe a été modifiée pour entériner l’annexion de quatre régions ukrainiennes et l’augmentation conséquente du territoire de la Fédération de Russie alors que l’armée russe n’avait pas encore conquis la totalité de ces régions. Depuis cette annexion célébrée en grande pompe à Moscou par le président russe et les responsables ukrainiens prorusses de ces régions, l’armée russe a perdu du terrain et même abandonné la ville de Kherson, capitale d’une des quatre régions, qu’elle ne pouvait plus tenir. À la suite de la mobilisation partielle de ses citoyens, la Russie mobilise maintenant aussi dans ces quatre régions annexées mais non totalement conquises puisqu’elles sont formellement devenues russes… envoyant sur le front contre l’Ukraine des citoyens ukrainiens devenus russes comme effet de cette annexion. Tous ne sont sans doute pas prorusses mais se retrouvent potentiellement enrôlés dans l’armée russe du fait d’une simple signature sur un décret…
Plus pernicieux, la Russie a saisi l’occasion de son occupation militaire sur une partie de ces régions pour procéder à des déplacements de population importants (une ancienne habitude soviétique) de ces territoires vers la Russie, le plus souvent sous couvert de « raisons humanitaires », pour les « protéger » des attaques ukrainiennes. Des milliers de passeports russes ont également été délivrés à des citoyens « ex-ukrainiens » selon l’entendement de Moscou mais pas forcément de celui des personnes concernées. Certains sont prorusses et ne verront pas cette démarche d’un mauvais œil mais ce n’est sûrement pas le cas de tous. Il semble que nombre d’enfants isolés sans leurs parents (que ceux-ci soient au front sous les couleurs ukrainiennes ou soient morts), aient été aussi « déportés » en Russie pour y être russifiés. Le moment venu, il sera bien sûr extrêmement difficile à leurs familles de les retrouver et de les récupérer.
Tout ceci est bien entendu en totale contradiction avec le droit international et le « droit de la guerre », mais cela est fait tout de même par Moscou qui suit ainsi une feuille de route machiavélique. Lorsque cette guerre se terminera, et qu’elle qu’en soit l’issue, ces manœuvres juridiques sont annonciatrices d’un chaos inédit probablement accompagnés de règlements de comptes entre ukrainiens, les prorusses et les fidèles à Kiev. Ceux-ci ont d’ailleurs déjà commencé dans les territoires annexés repris par l’armée ukrainienne.
La France a connu ce genre de circonstances dans son histoire contemporaine avec l’Alsace-Lorraine annexée par l’Allemagne en 1871 après la défaite française contre la Prusse, récupérée en 1918 après la défaite allemande, réoccupée et annexée de facto par le IIIème Reich en 1940 puis de nouveau « francisée » en 1945. Cette situation provoqua des tragédies comme celle des « malgré-nous » qui furent incorporés de force sous le drapeau nazi et qui, pour certains, subirent les affres de l’épuration après la libération en 1945. Ces annexions juridiques sont toujours synonymes de quasi-guerre civile pendant leur déroulement et après, si elles sont « démontées ». Il est à craindre que cela ne sera guère différent dans les régions ukrainiennes reconnues par le droit international et annexées par la Russie.
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Du genou
Voici un genou de 65 ans qui commence à faiblir. Le diagnostic résumé est : « Pas de pincement des interlignes articulaires en faveur d’une arthrose. » Le bobo propriétaire du genou est certes rassuré de savoir qu’il n’est pas (encore) arthritique mais il n’en reste pas moins que le genou présente quelques faiblesses lorsqu’il monte l’escalier… Il va donc falloir constater progressivement l’arrivée de tous ces petits maux de l’âge qui avance !
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L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile
Dans un discours plutôt novateur, la présidente de l’assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a fait un discours ce 18 novembre reconnaissant que la violence gangrène l’ile et ses milieux économiques et politiques
La session d’aujourd’hui est aussi nécessaire que difficile. Difficile parce que le sujet principal a trait à la violence criminelle, trop souvent à la mort et toujours à la peur.
Et qu’il est difficile pour des élus et à fortiori des citoyens de parler de ce qui est douloureux ou de ce qui impressionne.Difficile aussi parce que cette criminalité s’exerce sous de multiples formes et que ses modalités opératoires comme son emprise sont parfois insondables et – quoi qu’on en dise – y compris pour des élus.
Ce discours n’est pas vraiment opérationnel mais a le mérite de voir la vérité en face. Il était temps. Il fait suite à un énième assassinat, celui de Massimu Susini en 2019, un militant anti-mafia dont on n’a jamais retrouvé les assassins comme d’ailleurs la plupart des meurtres dans cette ile tant l’omerta traditionnelle est prégnante.
Un discours politique corse ne serait pas complet sans une attaque de l’Etat français. Celui-ci ne déroge pas à la règle mais au moins ne tergiverse-t-il pas avec une réalité qu’il est difficile de contester :
Nous sommes donc aujourd’hui réunis pour débattre sans tabou des dérives mafieuses et pour initier un travail de fond vital à la résolution de la crise que traverse la Corse. Car il existe aujourd’hui en Corse une frange de la population qui fait passer ses intérêts avant ceux de la Corse et des Corses, intérêts qu’elle défend en utilisant une réserve de violence et qui empêche les uns d’entreprendre, les autres de développer, parfois certains de respirer.
C’est peut-être le début d’un processus mais extirper les comportements mafieux et claniques qui régissent l’environnement de cette région va être long et difficile, dans la mesure où la majorité de la population entérinerait la démarche de son assemblée, ce qui n’est pas encore gagné !
Lire le discours complet sur : https://www.isula.corsica/assemblea/Discorsu-di-a-Presidente-di-l-Assemblea-di-Corsica-di-u-18-di-nuvembre-di-u-2022_a935.html
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La transhumance
Comme tous les quatre ans la migration des fans de fouteballe a commencé telle la transhumance des gnous à la recherche d’un point d’eau en saison sèche dans le cratère du Ngorongoro ! Cette année les festivités de la baballe se déroule au Qatar, c’est loin, c’est cher, le code du travail n’y est pas très protecteur et il fait chaud. Le ministre français de l’intérieur doit se déplacer pour représenter la France à la cérémonie d’ouverture de cette gabegie sous le soleil. On se demande vraiment s’il n’a pas mieux à faire à Paris ? Pourquoi ne pas envoyer la ministre des sports ? Ou simplement un chef de bureau de l’administration ou personne ?
Nous sommes au Qatar, un pays pas vraiment réputé pour son amour des droits de l’homme ou de l’intersectionnalité, alors le monde humanitaire européen somme les fouteballeurs de prendre position et les amateurs de boycotter les matchs à la télévision. On croit rêver ! Il a déjà fallu quelques années, après l’attribution de la compétition, aux autorités du fouteballe pour découvrir qu’au Qatar il fait vraiment très chaud et déplacer la compétition en hiver, alors espérer que trois jours avant le début des matchs elles s’émeuvent du sort des LGBTQIA+ ou des travailleurs immigrés sous les palmiers du Golfe persique c’est beaucoup leur demander.
Tout ceci relève d’une faux-jetonnerie de première catégorie. Cette compétition abrutissante a été octroyée au Qatar il y a dix ans, la France a voté « pour » dans les instances appropriées, alors menons là à son terme et passons à autre chose. Au moins ce sont les Qatariens qui dépensent leur argent public pour construire des stades inutiles. C’est leur tour, l’Europe a déjà suffisamment donné en la matière.
Bien sûr, depuis que les hordes de supporters ont commencé leur transhumance vers Doha, plus rien d’autre n’existe : oubliée la guerre en Ukraine, les déficits budgétaires, les prix de l’énergie, les réfugiés… plus rien d’autre n’importe que la baballe et l’état de santé des joueurs français qui tapent dedans. C’est ainsi, mais la bonne nouvelle est tout de même qu’un peuple qui n’a d’autre horizon que le score de son équipe de foute dans le monde d’aujourd’hui est un peuple qui ne va pas si mal que ça !
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La quatrième génération Kim s’annonce en Corée du Nord
Le président coréen Kim, petit-fils du fondateur de la République populaire démocratique de Corée M. Kim, fils de M. Kim, successeur de celui-ci, est allé assister hier au énième tir d’un missile balistique (non chargé d’explosif) en direction des eaux territoriales japonaises. Le missile est bien arrivé à destination, provoquant un peu d’émotion en Occident et à Tokyo. Jusqu’ici rien que de très courant pour un dirigeant de ce pays.
L’exceptionnel vient de ce qu’il était cette fois accompagné de sa jeune fille dont s’était la première apparition publique (on ignore son prénom et son âge). Certains parents emmène leurs enfants au manège, dans la famille Kim on les emmène à des tirs de missiles balistiques susceptibles d’emporter des charges nucléaires. Divertissant !
Peut-être la quatrième génération Kim qui prendra un jour les commandes de la Corée sera incarnée par cette adolescente entraperçue devant le missile de papa ? On ne sait pas encore si elle fera appel aux services du coiffeur de famille qui sculpte les coiffures si caractéristiques de ces dictateurs.