Pete Doherty – 2010/07/07 – Paris la Cité de la Musique

par

dans Catégorie :

Le sympatique festival Days Off se poursuit avec une remarquable prestation solo de Pete Doherty. Après les Libertines et Babyshamble l’anglais rebelle se produit seul sur scène avec chapeau et guitare électro-acoustique. Son disque Grace/Wastelands, sorti en 2009, a fait un tabac chez la critique musicale. Sur le CD une photo entremêle Rimbaud et Pete dans un patchwork ambitieux… Ange et démon, le rocker sait où prendre modèle.

Reconverti en folk-singer après des années punk de dévastation, on a découvert avec ce disque un artiste accompli que le show de ce soir vient confirmer, si besoin en était.

Il arrive, à l’heure…, sanglé dans un impeccable costume gris assorti à son couvre-chef, chemise blanche, grosse chaîne autour du cou. Un roadie attentionné a posé une bouteille de vin rouge sur l’ampli et voici Pete qui nous emmène pour une balade presque romantique de 60 minutes. Il a l’air un peu perdu, solitaire sur cette grande scène face à un public déjà conquis. Mais après quelques pas timides autour de son micro, le voici à l’oeuvre des riffs sur sa guitare et la magie opère. Il laisse couler les doigts sur les cordes avec indifférence et chante trois extraits du dernier disque: Arcady, Last of the English Roses et Sweet by and by. La voix légèrement brumeuse et délicieusement forcée, il baguenaude sur les planches, se retrouvant à peu près quand il faut derrière son pied de micro pour y clamer des mots étranges et désabusés.

Il tombe la veste après cette superbe entrée en matière, ramasse les petits mots jetés sur scène par ses admirateurs, allume un clope et boit une gorgée, puis se lance dans des reprises de ses précédents groupes, interprétant des titres à la demande. Deux danseuses en tutus viennent tourbillonner sur ses notes, un peu désordre mais dans l’atmosphère du show. La bouteille est partagée avec le public puis remplacée par une nouvelle. Ses pas deviennent peut-être un peu plus hésitants, mais rien ne vient freiner l’inspiration de l’artiste qui promène sa morgue avec délicatesse sur cette scène dépouillée. Une heure à peine et le concert se termine sur Albion des Babyshambles, les danseuses déploient l’Union Jack, et il s’éclipse : Aaa-nywhere in Albion. La presse people le retrouvera le lendemain attablé à un bistrot du Marais alors qu’il était censé faire un sound-check au même moment pour un concert à Nice le soir… qui sera annulé.

Loin de l’électricité et des excès du rock on a l’impression que Pete a trouvé sa voie pour exprimer son âme, avec sa guitare et son chapeau. Un air de chanteur de métro mais un talent immense. Finalement le chroniqueur en est à se dire que la photo de Rimbaud n’était sans doute pas aussi incongrue. Les prochaines étapes sont à suivre de près.

In Arcady, your life trips along/ Pure and simple as the shepherd’s song.

LA SET LIST : ARCADY/ LAST OF ENGLISH ROSES/ SWEET BY AND BY/ FROM BOLLYWOOD TO BATTERSEA/ FOR LOVERS/ YOU’RE MY WATERLOO/ SHEEPSKIN TEARAWAY/ FRANCE/ CAN’T STAND ME NOW/ BLUE MOON/ BACK FROM THE DEAD/ SALOME/ THE GOOD OLD DAYS/ THE LOST ART OF MURDER/ ROBIN HOOD/ SMASHING/ALBION