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  • « Tapisseries de l’apocalypse » au château d’Angers

    Les tapisseries de « l’Apocalypse » ont été réalisées à la fin du XIVème siècle et sont merveilleusement exposées dans une salle du château d’Angers. Commandées par le duc Louis 1er d’Anjou, elles sont ensuite passées de main en main avant de revenir à l’Etat en 1905 tout en restant affectées au culte. Les tissages présentent les scènes un fond rouge ou bleu et sont inspirées par le texte de l’Apocalypse de Jean.

    L’environnement sombre est destiné à préserver de la lumière l’œuvre qui a traversé les siècles. Il offre l’atmosphère idéale pour détailler ces tapisseries qui auraient mérité un peu plus d’explication pour le visiteur qui n’est pas parfaitement informé de « l’Apocalypse de Jean ».

  • La démocratie et le marketing

    Les Etats-Unis d’Amérique ont organisé les 9 et 10 décembre un « sommet pour la démocratie » qui réunissait une centaine de pays invités à deux jours de vidéo-conférence. Il n’en est pas sorti grand-chose sinon le rappel de grands principes et quelques déclarations de circonstance. Il faut certes les rappeler mais sans grand espoir de convaincre, d’autant plus que contrairement à ce qu’a déclaré le président américain il n’est pas complètement acquis que tous les citoyens du monde considèrent la primauté de la démocratie sur les autres formes de régimes socio-politiques.

    Autocracies can never extinguish the ember of liberty that burns in the hearts of people around the world, in every portion of the world.

    Joe Biden
    https://www.whitehouse.gov/briefing-room/speeches-remarks/2021/12/10/remarks-by-president-biden-at-the-summit-for-democracy-closing-session/

    Evidement la réunion concernait plutôt les pays démocratiques, bien que certains des invités aient une conception plutôt particulière de la démocratie (le Pakistan, l’Inde… notamment) mais ni la Russie ni la Chine n’étaient de la partie. On aurait pu croire que ces deux pays allaient s’en réjouir tant ils condamnent le concept de démocratie à longueur de déclarations publiques, déversant tout leur mépris sur ce système qualifié de décadent et moribond. Eh bien c’est l’inverse qui se produit et Moscou comme Pékin se plaignent de n’avoir point été invités et le font savoir.

    Le compte Twitter de l’ambassade de Chine en France publie la déclaration officielle du porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois et le texte mérite la lecture. L’attaque commence dès l’introduction :

    Les États-Unis ont récemment tenu un prétendu « Sommet pour la démocratie » par lequel ils créent le clivage idéologique, utilisent la démocratie comme un instrument et une arme, pratiquent l’anti-démocratie sous le couvert de la démocratie, incitent à la division et à la confrontation, détournent l’attention de leurs problèmes intérieurs, préservent leur hégémonie dans le monde et sapent le système international centré sur les Nations Unies et l’ordre international fondé sur le droit international. Ces actes vont à contre-courant de l’histoire et sont largement rejetés par la communauté internationale.

    Ambassade de Chine en France sur Twitter : « Déclaration du porte-parole du Ministère des Affaires étrangères  au sujet du « Sommet pour la démocratie » tenu par les États-Unis https://t.co/M5yYE6WsJQ » / Twitter

    La suite n’est qu’une longue litanie sur les mérites de la « démocratie populaire » telle que celle mise en œuvre par la Chine quand la démocratie à l’américaine serait devenue « une ‘arme de destruction massive’ utilisée par les États-Unis pour s’ingérer dans les affaires des autres pays. »

    Toutes ces envolées lyriques ne présentent plus guère d’intérêt dans le monde d’aujourd’hui. Il est d’ailleurs peu probable que beaucoup de citoyens de la planète lisent ces communiqués idéologiques dignes de la guerre froide. Ce sont des batailles de diplomates dont les résultats ne sortent guère des chancelleries.

    Est-il nécessaire de céder à la dictature de la communication sur le sujet de la démocratie ? Ne vaudrait-il pas mieux agir plutôt que communiquer ? Les démocraties occidentales n’ont guère besoin de vanter leur système d’organisation politique, il est ce qu’il est, et plutôt plébiscité si l’on en juge les flux d’immigration importants qui se dirigent plutôt vers l’Occident que vers la Chine ou la Russie… Les démocraties seraient bien avisées de s’occuper d’elles-mêmes, d’améliorer leurs propres modes de fonctionnement, plutôt que de vouloir mondialiser ceux-ci avec des campagnes marketing comme celle de ce sommet américain. Accueillons et aidons les pays qui souhaitent rejoindre le camp démocratique mais nul besoin d’en faire la publicité auprès d’Etats qui n’en veulent pas.

    En clair, organisons des « sommets pour la démocratie » s’il y a un besoin en la matière mais nul besoin de publier des communiqués fumeux, laissons les opposants et les contradicteurs s’opposer et contredire, « les chiens aboient et la caravane passe ! ». Pas besoin de leur donner les cordes pour nous battre.

  • Singapour se fâche

    Alors qu’une minorité de ses citoyens refuse toujours de se faire vacciner contre la Covid, l’Etat de Singapour a décidé de faire payer les frais d’hospitalisation aux malades de la Covid non vaccinés. C’est une vraie mesure libérale qui fait porter la responsabilité de ses décisions à la population sur le thème « j’ai la liberté de ne pas me faire vacciner mais, si je suis malade, je ne fais pas porter la charge de ma décision par la communauté des cotisants à l’assurance sociale ».

    C’est évidemment une situation difficile à imaginer en France où la déresponsabilisation et la victimisation des citoyens sont souvent érigées en mode de fonctionnement. Voyons ce que donnera cette décision à Singapour dans un vrai pays libéral.

  • OUFKIR Malika, ‘La prisonnière’.

    Sortie : 1999, Chez : Grasset / Le Livre de Poche n°14884

    Ecrit avec Michèle Fitoussi.

    C’est l’histoire d’une haine, féroce, définitive… royale, celle du roi du Maroc Hassan II à l’encontre de la famille Oufkir dont le père et mari : Mohamed, a commis le crise de lèse majesté en attentant à la vie du monarque lors d’une tentative de coup d’Etat avortée en 1972 alors qu’il était ministre des armées et proche conseiller du roi. Selon les versions, il se serait suicidé ou aurait été exécuté après l’échec de cette tentative de renversement. Dans les vingt années qui suivirent, sa femme et ses six enfants furent emprisonnés et le simple nom « Oufkir » rayé du langage marocain.

    Durant son règne, le roi Hassan II a souvent fait preuve d’une grande intelligence dans sa capacité à gérer les relations internationales à l’avantage de son pays, tout spécialement avec la France, ancienne puissance chargée du « protectorat ». On se souvient notamment de son combat pour récupérer la souveraineté sur le « Sahara espagnol » après sa décolonisation et des mots qu’il eut avec beaucoup d’adresse contre Danièle Mitterrand (l’épouse « morganatique ») qui défendait l’indépendance de ce nouveau territoire. On sut également qu’à l’intérieur du pays il était un roi de pouvoir absolu qui n’hésitait pas à défendre ses prérogatives et son pouvoir, sans états d’âme et par tous les moyens à sa disposition, qui étaient nombreux.

    Ce livre de Malika Oufkir révèle la réalité d’un régime politique d’un autre âge qui de plus, dans le cas du Maroc, investit son titulaire du titre de « commandeur des croyants » dont on ne sait pas exactement ce qu’il recouvre sinon de donner un aspect religieux au pouvoir absolu du roi du Maroc. Déjà proche de la famille royale, habituée du Palais et de ses mondanités monarchique, la famille Oufkir s’est fait notifier la décision du roi d’adopter leur fille aînée, Malika, car celle-ci distrait sa propre fille. Malika a 5 ou 6 ans, la décision est exécutoire pour le soir même et c’est un déchirement pour cette gamine qui verra beaucoup moins sa famille et va vivre une dizaine d’année dans le cocon monarchique aux pratiques moyenâgeuses : bataillons d’esclaves (de vrais esclaves dont la vie entière est dédiée au roi), de domestiques, harem renouvelé régulièrement (le roi pioche dans sa « réserve » mais a une femme officielle), fêtes fastueuses, résidences de luxe dans le monde entier, valse des courtisans, shopping organisé sur un coup de tête à Paris ou à Londres, large famille entretenue luxueusement à ne rien faire, etc. etc. On était dans les années 1970 mais il n’est pas bien sûr que les choses aient fondamentalement changé aujourd’hui. Peut-être quand même les esclaves sont maintenant qualifiés de serviteurs ?

    Mais ce livre va surtout raconter les vingt années d’emprisonnement dans des conditions qui sont allées en empirant, probablement sur décision du roi. Après la mort du « félon » Mohamed Oufkir (suicide ou exécution), l’objectif était de faire disparaître la famille et le nom même des Oufkir. Sans doute l’idée d’exécuter toute cette famille a-t-elle effleuré Hassan II mais sans doute aussi recula-t-il devant les réactions internationales qui se seraient immanquablement produites. Les exiler 20 années au milieu du désert a finalement provoqué bien moins de récriminations…

    Malika est la fille aînée, âgée d’une vingtaine d’années au début de l’exil, elle va prendre la tête de la famille, assurer l’éducation de ses frères et sœurs plus jeunes, écrire de multiples lettres au roi pour implorer sa clémence, essayer de rendre leurs conditions de détention les moins pénibles possibles, puis mener à bien un incroyable projet d’évasion qui lui permettra de rejoindre Rabat avec trois autres prisonniers Oufkir et alerter la presse internationale et certaines ambassades. Une fois leur évasion rendue publique le roi sera forcé de libérer toute la famille qui découvrira combien la simple mention du nom « Oufkir » terrorise la population marocaine, expliquant ainsi l’abandon dans lequel une bonne partie du pays a laissé cette famille. Hassan II les maintiendra encore cinq ans en résidence surveillée à Marrakech avant de leur rendre leurs passeports et les autoriser à quitter le Maroc.

    Ce témoignage raconte aussi ce qu’est cette monarchie marocaine de droit divin : un régime inique et intraitable, mais efficace pour durer. Le statut du roi n’est quasiment jamais remis en cause et Malika elle-même, lorsqu’elle parle de son monarque, le fait avec respect. Ce pouvoir absolu ferait rêver n’importe quel dictateur de la planète à la merci des révolutions, fussent-elles de palais, mais au Maroc, le « commandeur des croyants » semble en place pour des siècles, et avec l’approbation de ses sujets, quelles que soient ses infâmies.

  • Le point Godwin et les gaulois brailleurs

    Avez-vous remarqué qu’en France un citoyen qui respecte plus ou moins les règles est plutôt l’exception au milieu d’un peuple qui met un point d’honneur à traverser en dehors des clous ou à ne pas porter son masque sanitaire dans les zones où celui-ci est obligatoire. Il faut de tout pour faire un monde et ce n’est pas bien grave si des gens traversent dans les clous pendant que d’autres traversent en dehors, même si l’on peut penser que la première solution est meilleure pour la santé. De toute façon, le piéton qui se fait écraser en dehors des clous sera soigné et financièrement pris en charge par la communauté des cotisants de la même façon que celui qui se fait écraser sur les clous, le coût de la transgression est donc nul. C’est plus confortable ainsi !

    Ce qui est aussi caractéristique de cette population française de gaulois brailleurs c’est que celui qui traverse en dehors des clous a tendance à rapidement railler celui qui traverse sur les clous, taxé de psychorigidité, d’être aveuglé par son sens de la discipline et autres joyeusetés du même ordre. Ce dernier se croît parfois obligé de se justifier mais à peine aura-t-il avancé l’éventuel intérêt général de la Loi primant sur les intérêts personnels qu’il se fait agonir de sarcasmes et d’ironie sur son comportement moutonnier qui est forcément condamnable. La charge de la preuve est inversée, c’est celui qui respecte les règles qui doit s’expliquer devant celui qui y déroge.

    Si la discussion se prolonge elle atteint son « point Godwin » et celui qui s’écarte des règles pose à celui qui les respecte la question : « mais pendant l’occupation allemande de la France entre 1940 et 1944 de quel côté te serais-tu situé ? » en ajoutant que les lois anti-juives du régime Pétain « ont été légalement adoptées par le Parlement français » … Bien sûr le contrevenant laisse entendre que respecter la Loi en 2021 fait potentiellement de vous un « collaborateur des nazis ». C’est un peu désagréable à entendre mais c’est la confirmation de la « loi de Godwin » qui veut que :

    [elle] repose sur l’hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes. L’exemple le plus courant consiste à comparer le thème de la discussion avec une opinion nazie ou à traiter son interlocuteur de nazi.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin

    En France, les petits arrangements avec les lois et les règles sont considérés comme chics et romantiques. Ils marquent le côté rebelle de leurs auteurs qui se sentent ainsi des Danton de circonstance, des Rimbaud de quartier, des Jean Moulin d’opérette. Cela rassure à peu de frais ; en ne respectant pas les règles on se croit à l’écart des sentiers battus, au-dessus de la masse, mais on est bien content de bénéficier de ces règles lorsqu’elle vous protège.

    Dans des situations dramatiques comme l’occupation de la France par les Allemands, bien malin qui peut prévoir qui d’entre nous sera résistant et qui sera collabo. Les actuels contrevenants-chics se rassurent en se disant que le fait qu’ils refusent de traverser dans les clous, leur comportement « rebelle » d’aujourd’hui, sans véritable risque, les classerait bien entendu dans le camp des résistants à l’oppression. Rien n’est évidemment écrit d’avance et le mieux est de faire preuve de modestie en la matière.

  • « Frantz Fanon, la trajectoire d’un révolté » de Audrey Maurion et Mathieu Glissant

    Un très bon documentaire sur la vie et la pensée de Frantz Fanon (1925-1961), psychiatre né en Martinique qui théorisa l’influence de la colonisation sur les troubles mentaux des colonisés. Affecté à l’hôpital psychiatrique de Blida en Algérie « française » il y soigne les gens du peuple ainsi que les victimes de la guerre d’indépendance, les torturés comme leurs bourreaux, qui fait alors rage. Solidaire de la cause algérienne, il démissionne de l’hôpital, renonce à sa nationalité française et devient l’un des compagnons de route du Front de libération nationale (FLN) qui mène la lutte contre la France colonisatrice.

    Il devient l’un des penseurs majeurs du fait colonial et de son pendant, la décolonisation. Dans « Peau noire, masques blancs » il analyse de façon lumineuse comment la colonisation des esprits s’est surajoutée à celles des pays rendant le combat pour l’indépendance encore plus difficile car il faut non seulement reconquérir le territoire mais aussi les esprits. Outre son association au combat pour l’indépendance du FLN, Fanon va participer aux différentes conférences internationales qui se déroulent à la fin des années 1950 sur la décolonisation de l’Afrique, l’émergence du concept des « pays non-alignés », parfois en représentation du FLN. A son décès des suites d’une leucémie (soignée d’abord à Moscou, puis aux Etats-Unis) à 36 ans, il est enterré en Algérie en héros, porté en terre par ses camarades du FLN.

    Il ne connaîtra, ni l’indépendance de l’Algérie, ni celles de la majorité des pays africains, ni, surtout, ce qu’en ont fait les peuples et les dirigeants de ces nouvelles nations. Il aurait été intéressant qu’il poursuive sa réflexion sur ces sujets. Car bien sûr, les années 1960 jusqu’à nos jours ont montré combien était clairvoyante sa vision de l’intrusion du phénomène colonial dans l’esprit des colonisés. Nombre de des anciennes colonies françaises ont poursuivi l’aliénation de leurs propres peuples via la mise en place de dictatures plus ou moins liées à l’ancienne puissance colonisatrice.

    Les écrits de Fanon comme son action n’ont pas vraiment proposé de méthodes pour réussir la décolonisation, pour atteindre la responsabilisation pleine et entière des nouveaux dirigeants. La vérité est probablement que personne ne sait vraiment comment décoloniser de façon apaisée et efficace. Vu de très haut on pourrait penser que la décolonisation des pays ex-britanniques fut plus aisée que celle des pays ex-français. Peut-être est-ce aussi le fait que dans le cas de l’Empire britannique Londres a moins cherché à s’emparer des esprits, que la France qui a installé des écoles pour enseigner « nos ancêtres les gaulois » au fond de la brousse !

    La situation troublée actuelle des départements d’outre-mer français, les derniers confettis de l’Empire, illustre à l’envie l’analyse de Fanon sur la colonisation intrusive des esprits. Les contradictions explosives dans lesquelles s’enferrent les populations de ces territoires confirment l’impasse dans laquelle se trouvent les parties sans solution pour décoloniser les esprits.

    Lire aussi : FANON Frantz, ‘Les damnés de la terre’

    Le documentaire est ponctué d’interventions de l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau dont l’œuvre et l’action sont tournées vers la « créolité », des interventions souriantes qui amènent un peu de légèreté dans ce film habité par la fièvre de Fanon pour son combat.

    Lire aussi : FANON Frantz, ‘Peau noire masques blancs’

  • Les régimes autoritaires investissent les organisations multilatérales

    Après l’élection d’un citoyen des Emirats Arabes Unis à la tête de l’organisme international de la police « Interpol » on constate la poursuite de la prise de pouvoir des pays autoritaires dans les organisations multilatérales. Avec leur montée en puissance économique et politique des pays comme la Russie ou la Chine, tout en critiquant le principe même du multilatéralisme contraire à leur concept de « souveraineté nationale », savent néanmoins qu’il s’y trouve tout de même un peu de pouvoir et, certainement, beaucoup de capacité de nuisance à l’encontre des démocraties occidentales « décadentes ».

    Les occidentaux ont systématiquement trusté les places de direction Les occidentaux ont systématiquement trusté les places de direction dans ces organisations internationales tout au long de la seconde moitié du XXème siècle, en y parrainant des politiques d’ingérence dans les politiques nationales des pays que l’on qualifiait à l’époque de « sous-développés » et qui le plus souvent étaient aussi d’obédience communiste. Le retour des pays occidentaux vers le nationalisme les a aussi poussés à négliger ces organismes internationaux dans lesquels ils se sont parfois retrouvés en minorité. C’est ainsi que les Etats-Unis d’Amérique du président Trump ont quitté nombre de ces organisations, ou cessé d’y verser leurs cotisations, les poussant à réduire leurs programmes d’opérations.

    La nature aillant horreur du vide, les pays autoritaires s’engouffrent dans les brèches ouvertes au cœur du pouvoir multinational et se font un malin plaisir de titiller les occidentaux avec leurs propres principes. C’est ainsi que l’Europe s’est fait rappeler à l’ordre par la Russie et la Biélorussie pour son « non-respect des droits de l’homme » dans l’affaire des migrants voulant franchir la frontière entre la Biélorussie et la Pologne ou les pays Baltes… En 2015 on avait vu l’Arabie Saoudite désignée à la tête d’une commission du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ! Aujourd’hui la Turquie donne des leçons de « droit de l’hommisme » au Conseil de l’Europe (en charge des droits de l’homme dans l’Europe géographique) dont elle fait partie, etc. etc.

    Pris à leur propre piège les pays occidentaux n’ont que des arguments légaux à opposer à des pays qui n’en n’ont cure, mais utilisent les règles démocratiques pour se faire élire à la tête de ces organismes. Il n’est pas possible de les exclure car pour ça il faut avoir la majorité, il n’est quasiment plus possible de les convaincre de rejoindre les principes démocratiques qu’ils exècrent alors certains pays occidentaux quittent ces organisations.

    A l’inverse, dans les organismes multilatéraux financiers que sont la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (issus des accords de Bretton-Woods, post-deuxième guerre mondiale), les occidentaux majoritaires au capital de ces institutions disposent de minorités de blocage permettant d’y garder le pouvoir. Alors la Chine en 2015 a dupliqué une partie du système de Bretton-Woods en créant la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et a même réussi à entraîner au capital quelques pays européens dont la France…

    A New-York, lorsqu’on visite la salle de l’assemblée générale, à côté du vitrail de Chagall, on ressent la singularité de ce lieu unique sur la planète où tous les pays se croisent dans les couloirs, se parlent dans les assemblées. Malgré tout, le système multilatéral post-deuxième guerre mondiale a vécu. Il plaisait aux pays occidentaux tant qu’ils le dominaient. La roue tourne, ils ne sont plus seuls, il faut partager le pouvoir et la puissance. Alors on continue à se parler aux Nations-Unies mais le rééquilibrage du pouvoir rend les conditions plus difficiles pour l’Occident qui veut imposer ses conceptions démocratiques au reste du monde qui, pour une grande part n’en veut pas. Sans aucun doute faut-il continuer à se parler mais peut-être en rabaisser quelque peu sur l’universalisme des droits de l’homme et des principes démocratiques en dehors du monde occidental…

  • Angela Merkel et Nina Hagen vous saluent bien

    Alors que la chancelière allemande Angela Merkel va laisser la place après 16 années de pouvoir, l’armée allemande lui présente ses adieux en jouant un morceau choisi par elle de… Nina Hagen. Pour les plus jeunes, rappelons que Nina est une chanteuse née en Allemagne de l’est en 1955 au temps du mur. Elle sortit un premier hit à Berlin-Est : « Du hast den Farbfilm vergessen » (« Tu as oublié la pellicule couleur ») devenu mythique et c’est justement ce morceau choisi par Mme. Merkel que la Bundeswehr lui a joué en version instrumentale

    En 1978, elle a suivi à l’ouest son beau-père déchu de sa nationalité est-allemande, elle monte un groupe, le Nina Hagen Band, qui sort un disque éponyme révolutionnaire dans lequel elle fait déjà preuve d’une incroyable agilité vocale et d’un talent pour grimacer de façon clownesque qu’elle exprime sur scène (voir vidéo). Ses musiciens ont des allures improbables, moitié bande à Baader, moitié drag-queens, mais s’avèrent de redoutables instrumentistes. Elle a poursuivi ensuite sa carrière avec la production d’une vingtaine de disques plus ou moins réussis, agrémentés de quelques provocations dont elle a le secret.

    Une artiste originale à laquelle il était plutôt inattendu que la chancelière Merkel se réfère dans le cadre de sa cérémonie d’adieux à l’armée nationale. Un clin d’œil de cette grande dirigeante qui confirme en plus qu’elle a très bon goût. On ne sait pas à ce stade ce que Nina Hagen a pensé de ce choix…

  • SARTRE Jean-Paul, ‘Le Mur’.

    Sortie : 1939, Chez : Gallimard / Le Livre de Poche n°33.

    Jean-Paul Sartre (1905-1980) a écrit « Le Mur » alors qu’il était dans la trentaine et vivait dans l’Europe des années 1930 agitée de nouveau par ses démons : la guerre d’Espagne, l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne et les bruits de bottes provenant de toutes parts.

    L’ouvrage est composé de cinq nouvelles dont les thèmes tournent autour de l’enfermement, de l’absurdité et de la sexualité. L’idéologie fasciste est aussi évoquée à plusieurs reprises. La nouvelle « Le Mur » qui donne son nom au recueil nous fait partager la dernière nuit de trois compagnons républicains faits prisonniers et condamnés à mort par les forces franquistes.

    Dans « L’enfance d’un chef », Sartre expose les étapes franchies par Lucien avant d’adopter complètement l’idéologie fasciste et antisémite qui rôdait en Europe, à laquelle vont adhérer tant de personnes, insidieusement, progressivement, pour aboutir au désastre de la seconde guerre mondiale.

    Bien évidemment ce cheminement improbable vers la barbarie peut être décrit à peu près dans les mêmes termes pour les deux autres grandes idéologies totalitaires du Xxème siècle : le stalinisme et le maoïsme. L’auteur ayant plus ou moins pactisé avec celles-ci à un moment ou un autre de son œuvre, il oriente les personnages du « Mur » vers le fascisme, mais l’Histoire nous a désormais instruit que les processus sont très similaires.

    Plus inattendu pour une publication de 1939, la sexualité en est aussi l’un des thèmes centraux : la vie de couple, l’homosexualité, l’abstinence, l’impuissance, la prostitution… Sartre innove aussi sur ce thème et ses personnages sont habités de tendances et de pulsions diverses qui s’entrechoquent avec leurs idées politique.

    Après « La Nausée », Sartre démarrait avec « Le Mur » une puissante œuvre politique et littéraire qui a marqué son siècle.

  • Les galonnés aiment le pouvoir en Afrique

    Général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan

    Un nouveau coup d’Etat s’est déroulé récemment en Afrique, au Soudan le mois dernier plus exactement. Le général Al-Burhan a pris le pouvoir et l’armée réprime avec ses méthodes habituelles, plutôt brutales, la contestation civile. Ce général a été largement impliqué dans tous les soubresauts violents de ce pays qui n’en a pas manqué depuis son indépendance en 1956. De façon originale, le Soudan était une colonie anglo-égyptienne du temps de la présence britannique, et l’Egypte l’a d’ailleurs toujours considéré comme son arrière-cour.

    De rébellions en famines, d’islamisation rampante en soutien au terrorisme international, de massacres ethniques en résurgence de l’esclavagisme, de coups d’Etat en guerres civiles, d’accords de paix en invasions des pays avoisinants, de crise économique sans fin en gouvernance dictatoriale… le Soudan illustre à l’envie tous les échecs du continent. Autre originalité, après un terrible conflit entre les populations chrétiennes du sud et le pouvoir musulman du nord, une scission du pays a été entérinée en 2011 et le Soudan du sud a été créé, pour retomber immédiatement dans une guerre civile interne à ce nouveau pays…

    Lire aussi : https://rehve.fr/2015/11/sud-soudan-lactualite-percute-le-cinema/

    Rappelons que le Soudan a largement soutenu et accueilli les terroristes internationaux, de Ben Laden à Carlos. Ce dernier a d’ailleurs été « revendu » aux services français en 1994 qui l’ont récupéré à Khartoum pour le ramener et le juger en France. On n’ose imaginer les termes de la transaction ni ce qui a dû être cédé au Soudan en échange de cette capture !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/05/le-soudan-ne-remboursera-pas-les-contribuables-francais/

    Bref, le Soudan est ce qu’il est, on peut le regretter mais rien ni personne n’a pu le faire se rapprocher d’une gouvernance « démocratique et apaisée » et il est peu probable qu’on y parvienne à moyen terme. Les réactions de circonstance se multiplient depuis le dernier coup d’Etat pour appeler à la démocratie et au respect des accords signés :

    « Il faut assurer le plein respect de la charte constitutionnelle pour protéger la transition politique obtenue de haute lutte »

    Secrétaire général des Nations unies (ONU) Antonio Guterres

    Tout ceci est bel et bien beau, mais est-ce que ces Cassandre ne se sont jamais rendues au Soudan ? Elles auraient alors compris l’inanité de leurs appels « au retour à la démocratie ». Comme d’habitude, les régimes russe et chinois se refusent à vraiment condamner ce énième coup d’Etat au Soudan pendant que les pays occidentaux suspendent leurs aides et prennent quelques sanctions qui seront probablement bien vite levées pour éviter que l’anarchie propre à ce pays ne déborde trop à l’extérieur. Il faut certainement essayer de cantonner les dérives du pays à l’intérieur de ses frontières en aidant les populations et les nouvelles autorités sans trop déroger aux principes occidentaux, mais faut-il vraiment continuer à vouloir imposer de l’extérieur la démocratie à ce pays qui n’arrive définitivement pas à l’adopter ni à la mettre en place ?

  • Patti Smith en concert acoustique au Panthéon pour les 50 ans de FIP

    Patti Smith en concert acoustique au Panthéon pour les 50 ans de FIP

    Après ses deux concerts au Grand Rex en octobre, Patti Smith (75 ans) est de retour à Paris pour jouer au Panthéon dans le cadre de l’anniversaire des 50 ans de la radio FIP. Elle succède à Sting dans ce lieu majestueux. Elle est accompagnée de son fils Jackson à la guitare, sa fille Jesse aux claviers et de Tony Shanahan à la basse sur les derniers morceaux.

    Le show est diffusé sur FIP et réservé, sur place, à quelques happy few. Patti passe par quelques chansons de son répertoire plutôt peu jouées et une reprise de Bob Dylan. Elle chante avec sa voix grave et on l’imagine tout sourire sous ses cheveux gris, épanouie après toutes ces années de combat et d’écriture, mais toujours sincère et convaincue. Ce court concert se termine sur un People Have the Power plus apaisé que son habituelle version jouée en électrique le poing levé !

    People have the power to dream
    People have the power to strike
    People have the power to vote
    People have the power to love

    Et notre poétesse-punk tire sa révérence rappelant aux spectateurs « Don’t forget it: USE YOUR VOICE ».

    On peut la réécouter sur le podcast FIP, une radio de bon goût !

    https://www.fip.fr/emissions/live-a-fip/patti-smith-en-concert-au-pantheon

  • Les DOM cassent tout

    Toujours à l’affut d’un sujet pour contester la métropole, les départements d’outre-mer français s’enflamment depuis quelques jours contre l’obligation faîte au personnel soignant, aux pompiers et à quelques autres corps de métiers en contact avec le public d’être vaccinés contre la Covid.

    Les émeutes et les grèves générales se multiplient en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane et même à Tahiti. Aux Antilles, malgré un couvre-feu en vigueur, les nuits sont violentes, bâtiments en flamme, barrages routiers, racket des automobilistes, blocage d’accès aux hôpitaux, abattages d’arbres sur les routes, pillages de magasins, voitures béliers écrasant les gendarmes, tir d’armes à feu contre les forces de l’ordre, etc.

    Nous l’avons dit précédemment, ce conflit devrait se résoudre comme les précédents avec le retrait des mesures nationales ne « plaisant » pas aux syndicats des DOM et des enveloppes budgétaires revues en hausse à distribuer pour calmer les esprits. D’ailleurs le gouvernement a annoncé cette nuit le report de l’obligation vaccinale au 31 décembre.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/11/la-guadeloupe-en-feu-encore/

    Plus original, le ministre des DOM-TOM actuellement en visite dans ces territoires a annoncé que « le gouvernement est prêt à parler d’autonomie ». Il semble que cette déclaration plutôt novatrice ait été provoquée par des demandes d’élus guadeloupéens pour plus de décision locale. C’est une bonne nouvelle qu’il reste maintenant à mettre en œuvre. Ce sera à l’évidence un processus long, et couteux pour les contribuables, mais nécessaire pour enfin responsabiliser ces confettis de l’Empire qui méritent leur indépendance ou, à tout le moins, une forte autonomie comme celle instituée en Nouvelle-Calédonie, étape incontournable avant le grand saut vers l’indépendance.

    Si l’on en juge par les textes syndicaux publiés notamment par l’UGTG on mesure que les négociations ne vont pas être faciles. On ignore actuellement la position de l’UGTG sur les évacuations de malades sur la métropole ou les renforts médicaux envoyés par Paris lors des derniers épisodes épidémiques de la Covid.

    C’est le prix à payer pour s’être enferrés si longtemps dans ce non-sens statutaire d’avoir donné la position de département français à des iles exotiques et lointaines. Les négociations vont surtout être couteuses pour les contribuables car il va falloir payer pour aplanir les difficultés. Quand on se souvient que la Guadeloupe avait rejeté par référendum en 2003 à 73% l’idée d’un statut de « collectivité administrée par une assemblée unique » pour remplacer celui de département, la Martinique l’avait refusé à 50,5%, on mesure que la route va être longue avant l’indépendance…

    On est néanmoins sur la bonne voie, à court terme on cède aux émeutiers et à plus long terme on pose la question de l’autonomie avec les élus.

  • « Julie (en 12 chapitres) » de Joachim Trier

    Le très joli film du réalisateur norvégien Joachim Trier, dont l’actrice Renate Reinsve a obtenu le prix d’interprétation féminine au festival de cannes 2021, traverse quelques années de la jeune Julie dans le milieu arty-bobo où elle essaye de se faire une place. On y parle d’amour, de mort, d’enfants, du tragique de la vie mais aussi de sa légèreté, le tout se passe dans une ville agréable, sans doute norvégienne, où l’on se laisse bercer par la langue locale un peu rugueuse. Un moment charmant et émouvant !

  • « One more jump » de Emanuele Gerosa

    Un film documentaire sur la pratique du parkour par de jeunes palestiniens résidant à Gaza. Le parkour est une espèce de running de banlieue, ponctué de franchissement d’obstacles façon breakdance. C’est impressionnant et pratiqué par ces jeunes de Gazacomme un moyen d’évasion de leur chaudron Gazaouite, entre mer Méditerranée, police du Hamas et gardes-frontière israéliens, sans aucun espoir de futur sur place.

    Alors tous ces gamins n’ont qu’une idée en tête : fuir leur prison vers l’Europe pour tenter d’y mener une vie meilleure. Le titre du film est une allégorie à cette tentation désespérée. L’un d’eux réussit à partir pour l’Italie pour participer à des compétitions de parkour et le film alterne entre les deux personnages principaux celui de Rome et celui de Gaza. Ceux qui sont restés envient le premier et… le condamnent d’être parti sans eux.

    Présent dans la salle, le réalisateur revient ensuite sur les conditions de tournage en 2019 relativement aisées dans un environnement plutôt agité, l’obsession de ces jeunes pour quitter leur territoire sans espoir de retour, la bouffée d’air frais que représente la pratique du parkour dans l’environnement dévasté de Gaza. Il nous apprend pour finir que le premier personnage a eu un accident lors d’un entraînement en Italie et finira sa vie sur une chaise roulante et que le second a finalement pu quitter Gaza, également pour l’Italie, laissant les siens sur place sans doute pour toujours. Pas très gai ce documentaire, pas plus que la situation gelée en Palestine.

  • Les effets collatéraux des affaires Tapie

    On apprend aujourd’hui la condamnation pénale en cour d’appel de certains des pions de l’affaire de l’arbitrage frauduleux au bénéfice de l’affairiste Bernard Tapie (1943-2021). Le principal concerné est décédé récemment et se trouve donc de fait sorti de la procédure pénale en appel. Il est considéré relaxé conformément à la décision en première instance. Mais sa condamnation civile à rembourser l’Etat (et donc les contribuables) de la somme d’environ 500 millions d’euros reste en vigueur. En principe ledit Etat devrait se récupérer sur la succession de l’impétrant en espérant que celle-ci soit suffisante.

    En revanche, l’une des pièces rapportées de cette affaire, Stéphane Richard, vient donc d’être condamné en appel pour complicité de détournement de fonds publics. Le garçon de 60 ans, ancien haut fonctionnaire recyclé dans le privé comme pédégé de l’opérateur téléphonique français Orange, était directeur de cabinet de la ministre des finances à l’époque où cet arbitrage frauduleux a été entériné par l’Etat. Parti pantouflé chez Orange en 2009, il en devient pédégé un an plus tard. Il est donc à ce poste depuis plus de 10 ans et ambitionne d’y rester. Sa condamnation, contre laquelle il affiche l’intention de se pourvoir en Cour de cassation, risque de lui valoir son poste tant il serait délicat qu’une entreprise détenue à plus de 20% par l’Etat maintienne à sa tête un homme condamné.

    Cette incertitude managériale n’est pas un drame non plus. Stéphane Richard a, semble-t-il, fait son job chez Orange qu’il dirige depuis plus de 10 ans. Même s’il n’avait pas été impliqué dans cette escroquerie il est temps qu’il passe la main. Cette compagnie arrivera à le remplacer par quelqu’un d’aussi compétent, le CAC40 arrivera à l’oublier et les abonnés d’Orange pourront continuer à téléphoner.

  • « Mourir peut attendre » de Cary Joji Fukunaga

    Le dernier James Bond : une histoire compliquée d’arme bactériologique qui ne détruit que les ennemis dont l’ADN est listée par son utilisateur, mise au point par un chercheur russe machiavélique pour un donneur d’ordre très méchant. James Bond est à la retraite en Jamaïque avec son amoureuse mais on vient l’y chercher pour courir après le très méchant. Son remplaçant qui a repris le badge 007 est une femme, noire, dont l’histoire ne dit pas si elle adhère au mouvement LGBTQIA+ ou pas.

    Tout s’enchaîne au milieu de paysages magnifiques, d’Aston-Martin en contre-virage, d’armes à feu, de bagarres et, à la fin, James Bond préfère se laisser mourir sous les missiles de Sa Majesté plutôt que de contaminer sa chérie car le grand 007 (il a retrouvé son badge, le temps de cette ultime mission) a perdu son combat face au très méchant. Il faut dire que James Bond tombant amoureux on comprend vite qu’il n’est plus à la hauteur des combats de titans qu’il a toujours gagnés.

    Il y aura sans doute un nouveau 007 mais, sauf si les services secrets britanniques arrivent à ressusciter Bond, James Bond, il portera un autre nom. Les fans de la série parient sur une femme.

  • L’armée française empêchée au Burkina

    L’opération Barkhane a du plomb dans l’aile. L’Algérie lui refuse l’autorisation de survol de son territoire pour les vols militaires échangés entre la France et le Sahel, rallongeant ainsi la route aérienne pour ravitailler les troupes françaises. L’autre voie, terrestre cette fois-ci, est maintenant bloquée également de plus en plus souvent par des manifestations anti-françaises dans les pays traversés. C’est ainsi qu’un convoi militaire, en route d’Abidjan vers le Mali, est actuellement immobilisé au Burkina-Faso par une population en colère qui voit le terrorisme religieux prospérer et se demande bien alors à quoi servent ces troupes étrangères si elles n’arrivent pas à endiguer les massacres djihadistes au Sahel. En France, on se pose la même question !

    Probablement la situation serait bien pire sans l’intervention armée française, mais ce raisonnement n’est manifestement pas partagé par les populations du Burkina-Faso (ce qui signifie « le pays des hommes libres ») mais on ne peut pas imposer des troupes d’occupation sur une longue durée à des pays tiers, même animées de « bonnes intentions » et même appelées à la rescousse par les autorités officielles du pays. L’exemple récent de l’Afghanistan illustre ce fait jusqu’à l’absurde.

    Les planètes sont alignées pour justifier un retrait rapide des militaires français du Sahel : les populations des pays concernés le souhaitent, les dirigeants du Mali, pays à l’origine de cette opération, également, l’Algérie refuse le survol de son territoire, certains pays du Sahel empêchent les convois routiers de circuler… on ne va quand même pas passer par l’Afrique du Sud pour rallier Ménaka ? Non, les circonstances l’exigent, la France doit annoncer la fin de ses opérations au Sahel et ramener ses soldats à la maison. Nous sommes déjà dans la phase d’enlisement, il faut partir avant que ne produise une catastrophe.

    La mission initiale de Barkhane a été accomplie, il est temps désormais de laisser les gouvernements locaux en assurer le service après-vente.

  • La Guadeloupe en feu, encore…

    La Guadeloupe, jamais en reste de sujets de révolte contre la « France coloniale », s’appuie cette fois-ci sur l’obligation vaccinale imposée au personnel soignant, pour pouvoir travailler dans les hôpitaux, pour mettre l’archipel à feu et à sang. Le syndicat UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe) a lancé les hostilités et depuis quelques jours c’est l’arsenal habituel qui est déployé : blocage de routes et d’accès (au centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre notamment), barrages divers, émeutes nocturnes, incendies de bâtiments, tirs d’armes à feu contre les forces de l’ordre, etc. afin de s’opposer à « ces soldats de la vaccination forcée, à ces sbires de l’ordre macroniste, à ses Cadres de direction et à ces Médecins défroqués ».

    Le préfet local impose un couvre-feu nocturne, le gouvernement parisien envoie des forces de l’ordre, y compris le RAID et le GIGN utilisés d’habitude pour les actions contre le terrorisme, le grand banditisme ou les actes de folie individuelle, la « dignité du peuple guadeloupéen » est mise à rude épreuve et les réactions outrées se multiplient. Si la routine habituelle en ces circonstances s’applique une nouvelle fois, la violence devrait perdurer encore quelques jours puis un accord dérogatoire sera consenti aux émeutiers, quelques enveloppes seront distribuées et le contribuable sera mis à contribution pour financer ces enveloppes et réparer les dégâts provoqués par les émeutes.

    Lire aussi : Les DOM-TOM à la pointe du combat contre les vaccins – Hit the road Jack… (rehve.fr)

    Plus que les autres confettis de l’empire la Guadeloupe est coutumière de ces flambées de violence et le phénomène ne s’arrêta qu’avec l’indépendance de ce territoire. Hélas, cette échéance, souhaitable pour tous, mais pas forcément souhaitée par l’ensemble des parties, semble s’éloigner alors que la Nouvelle-Calédonie pour laquelle un vrai processus de décolonisation est en route, a l’air de reculer devant l’obstacle du prochain référendum prévu en décembre prochain.

    La souveraineté rendue à ces confettis sera l’unique solution pour réussir à rendre à ces territoires le sens de leurs responsabilités et retrouver leur « dignité perdue ». Nous y viendrons un jour tant le statut actuel est inefficace et générateur de frustrations. Le plus tôt serait le mieux.

    Lire aussi : Des intellectuels appellent à la poétique dans les DOM-TOM : vaste tâche ! – Hit the road Jack… (rehve.fr)

    AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

    Ils n’ont que cette expression à la bouche. Au nom de la loi de la république ! C’est donc en vertu de cet adage, qu’ils ont décidé de nous punir. De nous punir d’avoir osé braver le maître, d’avoir osé nous dresser pour dire notre inquiétude, nos incertitudes, nos doutes et DIRE NON, AN PA DAKÒ !

    Ce sont les mêmes qui ont indemnisé les esclavagistes en 1849, pérennisant le racisme et la discrimination pour l’éternité, … AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

    Ce sont les mêmes qui ont tué au total plus d’une centaine de Guadeloupéens en 1910, en 1925, en 1930, en 1952, en 1967, en 1985, … sans jamais qu’un militaire français ne soit condamné, … AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

    Ce sont les mêmes qui ont volontairement empoisonné la Population Guadeloupéenne au chlordécone et qui, aujourd’hui, osent nous parler de « responsabilité partagée dans le cadre d’un aveuglement collectif »,… AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

    Ce sont les mêmes qui maintiennent notre Pays et note Peuple dans un sous-développement latent, sous la domination des descendants d’esclavagistes pour mieux nous asservir, pour mieux nous domestiquer, …

    AU NOM DE LA LOI DE LA REPUBLIQUE !

    Extrait d’une publication de l’UGTG du 26/10/2021