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  • Le retour du marché noir

    Coco / Charlie-Hebdo (13/03/2020)

    Le chroniqueur faisant ses courses en ces temps de confinement constate avec intérêt que beaucoup de citoyens portent désormais des masques en extérieur, plutôt une majorité d’ailleurs, au moins pour les passants du quartier. On est en revanche surpris de réaliser que nombre de ceux-ci portent des modèles chirurgicaux, voire même de type FFP2 (et non pas des masques « alternatifs ») alors que ces deux catégories sont en principe réquisitionnées par l’Etat et réservées au personnel soignant. Comment ces citoyens se procurent-ils des masques réquisitionnés ? Un rapide sondage obtient toujours le même genre de réponse : « ma copine infirmière m’en a laissé un ce matin » ou « mon employeur nous en a donné », etc.

    On se retrouve un peu comme en 40 où la Kommandantur réquisitionnait les kartoffeln en laissant les topinambours aux parisiens. Il arrivait que le grand-père de Mme. Michu se lance dans le marché noir pour récupérer des patates et les revendre au prix fort. De la collaboration en 40 à Goldman Sachs qui expliquait en 2008 au gouvernement grec comment trafiquer sa comptabilité publique, les ressources du marché et la créativité de ses acteurs sont sans limite pour détourner les réglementations.

  • La presse et le virus

    Depuis presqu’un mois que la France est confinée, comme nombre d’autres pays de la planète, ses plateaux médiatiques d’information en continue ne parlent plus quasi exclusivement que de ce sujet. Ils accueillent nombre de commentateurs érigés en « experts de dîner en ville ». On trouve dans cette catégorie d’ailleurs beaucoup de soignants dont on se demande s’ils n’ont vraiment rien de mieux à faire en ce moment que de bavarder sur les plateaux ?

    Evidemment lorsqu’on a rabâché en continu 24h sur 24 depuis quatre semaines la question des masques, des tests, de la chloroquine, des lits de réanimation, des cambriolages de pharmacies et des statistiques du nombre de morts, sans oublier la coupe de cheveux du Pr Raoult, il est un peu difficile d’être original. Alors heureusement un nouveau sujet se profile à l’horizon : le président de la République doit faire une communication demain soir. La nouvelle mission dont la presse s’auto-investit est de deviner à l’avance ce qu’il va bien pouvoir dire. Et de nouveau la machine à tourner dans le vide s’est remise en route depuis déjà quelques jours puisque, justement, on ne sait pas encore ce qu’il va dire… Pour alimenter le mouvement perpétuel de cette machine infernale, les chaînes font appel depuis longtemps à une espèce qui n’est pas du tout en voie de disparition, celle des « communicants ».

    Au sein de celle-ci une catégorie de « communicants » est mise en avant, celle des « communicants de crise » particulièrement coriace et imbue de son importance. Alors que nos pays sont quasiment en crise permanente depuis celle du pétrole de 1973, cette espèce spécifique prospère et vend ses conseils aussi bien aux Etats qu’aux entreprises. Même certains particuliers y font appel, par exemple DSK lors de sa crise sexuelle du Novotel de New-York, ou Carlos Ghosn lors sa crise judiciaire (il est recherché par la justice japonaise depuis sa fuite au Liban). Lorsqu’ils interviennent pour des particuliers « en crise » la mission de ces « communicants de crise » est de sauver la mise de leurs mandants en leur faisant dire ce qui est censé mettre l’opinion publique de leur côté et qui n’est pas forcément la vérité. Lorsqu’il s’agit de « crise politique » on ne sait pas trop quelle est leur mission sinon d’aller occuper indûment et inutilement les plateaux télévisés pour y asséner leurs soi-disant principes fondamentaux de « communication de crise », qui sont généralement vrais le lundi puis démentis le mardi…

    Pour en revenir à l’allocution présidentielle de demain, le mieux serait sans doute tout simplement d’attendre lundi soir une fois que l’allocution aura été prononcée pour savoir ce qu’il y a dedans. Et ainsi, pendant le temps libéré, les journalistes pourraient peut-être consacrer quelques petits moments à d’autres sujets que le coronavirus ? Car pendant ce temps la guerre continue en Syrie, la station spatiale internationale tourne toujours autour de la terre, la campagne électorale se poursuit aux Etats-Unis, avec à la clé la possible éjection du président actuel, certaines entreprises produisent normalement, etc. On pourrait peut-être passer de 98% du temps d’antenne occupé par le virus à seulement 90 ou 95% ?

  • CAMUS Albert, ‘La Peste’.

    Sortie : 1947, Chez : Gallimard.

    La relecture de « La Peste » d’Albert Camus est de circonstance alors que la planète Terre est en train de gérer une pandémie sans précédent. Le romancier situe son histoire dans la ville d’Oran en Algérie en 194?. Il semble que des épidémies de peste aient effectivement eut lieu en Algérie en 1944 à Alger et en 1945 à Oran, mais que Camus réfléchissait à ce sujet avant l’apparition de ces maladies.

    Le Dr Rieux est le héros du roman. Il habite en ville avec sa vieille mère alors que son épouse a quitté la ville pour soigner sa tuberculose dans un sanatorium. Généraliste bienveillant, il soigne ses patients avec engagement et affection lorsqu’il constate des morts mystérieuses, d’abord des rats qui envahissent la ville puis des habitants qui y résident, sur lesquelles il va assez rapidement poser le diagnostique de la peste, maladie effrayante pour la population et l’administration.

    Il lui faudra convaincre les autorités de la ville de la réalité de cette épidémie, qui à leur tour devront ensuite en référer à Alger. Et puis la décision arrive : il faut fermer la ville jusqu’à nouvel ordre. C’est ce qui est fait et le Dr Rieux, avec son dévouement naturel se consacre à ses concitoyens avec lesquels il partage la souffrance, la mort et, parfois, l’espoir. Fin observateur de la comédie humaine il découvre le meilleur comme le pire qui sied à ce genre de drame humain. On apprendra au dernier chapitre que le Dr Rieux est le rédacteur de cette chronique d’un désastre et que sa femme ne reviendra pas à Oran car elle est décédée dans son sanatorium. Il croque avec douceur les comportements des hommes face à l’enfermement et le risque vital. Il y a bien sûr ceux qui profitent de la situation, ceux qui compromettent avec l’ennemi, ceux qui se battent contre lui et ceux qui meurent.

    Comme toujours le style de Camus est lumineux et profond. Avec minutie et tendresse il observe et restitue les comportements des hommes. Avec hauteur et subtilité il en tire une philosophie sur l’Humanité.

    Quelques années après sa parution il a suggéré que « La Peste » était peut-être une allégorie sur l’occupation allemande dont la France sortait à peine lors de sa parution. On peut aussi lire ce roman à l’aune de cet éclairage, le rapprochement n’est pas mal choisi. Il est par contre fort peu question dans le roman des populations arabes de cette ville…, « La Peste » pourrait aussi être interprétée comme une métaphore de la colonisation ! Quoi qu’il en soit elle nous dit ce que nous sommes face au mal, et c’est une leçon universelle.

  • Le risque de change des bobos

    La banque française BNP Paribas s’est distinguée en distribuant via sa filiale Cetelem environ 800 millions d’euros de prêts « toxiques » libellés en francs suisses (CHF) et remboursables en euros (EUR) avec un mécanisme compliqué de calcul des intérêts basé sur le différentiel de taux de change EUR/CHF. Il y aurait environ 4 600 emprunteurs, généralement investisseurs immobiliers dans des opérations de défiscalisation (Scellier, Robien…). C’était avant la crise financière de 2008 et lorsque celle-ci intervint la parité EUR/CHF évolua au détriment des emprunteurs de la BNP Paribas. Ceux-ci se sont donc retrouvés avec une augmentation significative de leurs échéances qui ont dépassé largement les montants empruntés.

    La plupart des emprunteurs n’ont bien entendu pas lu les documents de prêt qu’ils ont signés, ou ne les ont pas compris, et on peut compter sur les vendeurs de la BNP, ou ses intermédiaires, pour avoir soigneusement passé sous le tapis les éléments de risque. Nous étions avant la crise financière une époque où les banques ont fait exploser la planète économique en fourguant aux marchés des produits « structurés » composés de prêts immobiliers à des débiteurs insolvables. Nous les savons donc capables de tout.

    Nos emprunteurs en CHF ont intenté une action en justice contre la BNP Paribas. Celle-ci a été condamnée en février dernier pour « pratique commerciale trompeuse » et devra verser des dommages et intérêts d’environ 150 millions d’euros aux 2 500 emprunteurs s’étant portés partie civile. On ne va évidemment pas pleurer sur le sort des forbans qui gouvernaient nos banques à l’époque, prêts à tout et surtout au pire, pour fourguer du grand n’importe quoi à n’importe qui afin d’alimenter leurs bonus stratosphériques et immérités. On a vu ce que cela a donné en 2008 et il fallut l’intervention des contribuables pour soutenir leur corporation qui dévasta une économie mondiale à qui il fallut une bonne décade pour se remettre de leurs avanies.

    Mais on ne peut pas non plus complètement exonérer les emprunteurs dont la ligne de défense est basée sur la crédulité et leur ignorance du risque de change… Il s’agit tout de même d’investisseurs qui finançaient des montages immobiliers défiscalisant et qui devaient quand même avoir quelques neurones correctement connectés ? Après tout n’importe quel travailleur frontalier avec la Suisse sait très bien utiliser le risque de change à son profit pour aller acheter ses cigarettes en Suisse lorsque la parité est à son avantage, n’importe quel bobo parisien arbitre parfaitement ses vacances entre Phuket et Ibiza en fonction de l’évolution de la devise thaïlandaise, n’importe quel éleveur de moutons malien analphabète comprend parfaitement quand il a intérêt à aller vendre ses bêtes en Mauritanie selon l’évolution de la devise mauritanienne versus le franc CFA. Et il faudrait entériner que le bobo n’est pas en mesure de comprendre que s’il emprunte en CHF alors que ses revenus sont en EUR il fait donc face à un risque de change, même si sa banque lui dit le contraire ?

    Ça n’est pas raisonnable et il faut quand même que celui qui spécule sur les devises assume une partie de ses responsabilités, même s’il spéculait « sans le savoir ». La BNP a fait appel du jugement qui contredit nombre des décisions prononcées par des juridictions civiles. Si celui-ci était cassé il serait légitime qu’un nouveau jugement laisse une partie du risque pris, même symbolique, à la charge des emprunteurs. Et en tout cas que ces derniers ne soient pas bénéficiaires d’un dédommagement de leur « préjudice moral » pour leurs spéculations.

    Bien entendu la défense des parties civiles fait dans le misérabilisme en invoquant « les gens peu éduqués qui se sont fait embobiner par les vendeurs de la BNP Paribas ». Ces gens « peu éduqués » qui ont bénéficié de l’éducation de la République (le premier budget de l’Etat) ont tout de même emprunté dans une banque pour se lancer dans des investissements immobiliers le plus souvent assortis d’avantages en termes de défiscalisation. Bien ou peu « éduqués » il est juste qu’ils assument une partie de leurs erreurs de choix et de leur absence de la réflexion préalable nécessaire dans tout investissement. Les gros (la banque) paieront beaucoup et les petits (les emprunteurs irréfléchis) doivent payer un peu, sinon plus personne n’est responsable de rien et on renforce encore cette tendance à la déresponsabilisation générale qui mine notre société. Il y aura également un aspect éducatif à une sanction financière, comme à l’école, celui qui fait une bêtise prend un coup de règles sur les doigts et va au coin avec le bonnet d’âne. La fois suivante il retient bien mieux ses leçons, c’est ainsi que l’on apprend.

    NB : les indemnisations auxquelles la banque a été condamnées par le tribunal correctionnel sont payables immédiatement, même en cas d’appel. La BNP se bat aussi pour faire suspendre cette décision car si l’appel cassait le jugement il ne serait évidemment pas aisé de recouvrer ces indemnités déjà versées…

  • Les effets économiques vertigineux de la crise sanitaire en cours

    Plus le coronavirus se répand à travers la planète, plus l’on constate les effets vertigineux de l’arrêt de l’économie mondiale. Les dirigeants des pays touchés (presque toutes les nations en réalité) avancent des plans de soutien et de relance qui se chiffrent en milliers de milliards d’euros ou de dollars. Le monde est déjà en récession, le commerce planétaire est en sévère recul, plus-ou-moins la moitié de la population terrienne est confinée. On est stupéfaits devant la rapidité avec laquelle tout le beau château de cartes de l’économie mondiale s’effondre. On pourrait penser qu’après tout un mois ou deux de ralentissement devrait pouvoir être absorbé sans trop de difficultés… mais ce n’est pas le cas et les Etats ne sont globalement pas en mesure de prendre le relais pour combler ces mois d’arrêt. Ou plus exactement, les Etats des pays développés vont emprunter massivement sur les marchés financiers pour injecter cet argent dans leurs économies et les autres vont faire ce qu’ils peuvent. Les déficits des finances publiques vont être gigantesques. Les banques centrales de ces pays riches ont déjà annoncé qu’elles faisaient sauter tous les verrous monétaires et étaient prêtes à racheter ces dettes étatiques, ce qui revient à faire tourner « la planche à billets » comme l’on disait autrefois.

    La théorie économique veut que la création de monnaie de la banque centrale sans contrepartie dans le développement de la production entraîne l’inflation. Ces théoriciens ne comprennent d’ailleurs toujours pas pourquoi ce n’est pas le cas depuis la crise financière de 2008. Laissons-leur encore un peu de temps pour réfléchir, les évènements actuels vont apporter des expériences en temps réel pour approfondir leurs analyses. Ce qui est probable est que cette masse considérable de dettes publiques en cours de construction va bouleverser durablement le système financier planétaire et devra bien être apurée d’une façon ou d’une autre, soit par de l’inflation soit par de l’impôt, dans les deux cas c’est bien nous les citoyens qui allons payer.

    Certains pays développés qui ont opté pour le confinement de leurs populations sont en train de penser sérieusement à y mettre fin même si le risque sanitaire est encore loin d’être éteint. Ils procèdent à une classique analyse coûts-bénéfices des deux alternatives : confinement avec une économie à l’arrêt et moins de morts immédiats versus non-confinement avec une économie qui fonctionne mais une morbidité sans doute beaucoup plus élevée. « Produit intérieur brut » vs. « Coronavirus », c’est un dilemme qui n’est pas facile à trancher (en dehors des plateaux télévisés), d’autant plus que les avis divergent à l’intérieur même des communautés scientifiques, économiques ou politiques. Pour le moment la France a opté pour le confinement et semble vouloir le prolonger encore quelques semaines.

  • KLEIN Naomi, ‘On Fire’.

    Sortie : 2019, Chez : Allen Lane / Penguin Books

    Naomi Klein est une journaliste-essayiste née en 1970, plutôt militante antisystème, canadienne (mais aussi détentrice d’un passeport américain), fille de militants américains émigrés au Canada par contestation de la guerre du Vietnam. Elle développe une réflexion dans ses articles et ses livres sur des thèmes altermondialistes : le pouvoir des marques, le féminisme, les excès du libéralisme, les droits civiques, la cause palestinienne, l’explosion des inégalités, etc.

    Le présent essai est une charge contre l’économie carbonée et extractive, en gros les industries pétrolières et minières dont le modèle socio-économique en place depuis la révolution industrielle mène la planète à une catastrophe écologique, selon l’auteure, et favorise par ailleurs le maintien d’un système qui prospère sur le racisme, les inégalités et le néocolonialisme. Pour résoudre cette situation il faudrait une véritable révolution globale de notre Humanité et non simplement quelques réformettes de système fiscaux.

    La première cible visée par l’essayiste est l’industrie extractive (pétrole et mines) dont la rapacité est illustrée par la catastrophe de l’explosion de la plateforme BP-Deepwater en 2010 qui entraîna une pollution considérable du Golfe du Mexique. Un chapitre important élargit la critique à l’ensemble du système capitaliste qui a cru et laissé croire que « les forces du marché » pourraient respecter notre environnement naturel. Les faits ont maintenant démontré le contraire et Mme. Klein doute très fortement qu’elles puissent s’amender. Il faudra pour ce faire :

    « … a new civilizational paragdime, one grounded not in dominance over nature but in respect for natural cycles of renewal – and acutely sensitive to natural limits, including the limits of human intelligence. »

    La science le démontre, l’Homme et la nature en souffrent : la planète se réchauffe. Naomi Klein est persuadée qu’elle (la planète) n’y survivra pas sans un changement complet et collectif de ses principes de fonctionnement, de ses modes de production et de sa philosophie générale. C’est le « New Green Deal » proposé, ce qu’on appelle une… révolution.

    Ce New Deal du XXIème siècle fait évidement référence à celui lancé par Franklin Delano Roosevelt pour sortir les Etats-Unis et le monde de la terrible récession économique des années 1929-30 qui lui aussi est présenté comme un plan visionnaire qui a bouleversé les habitudes et fut imposé à l’intelligentsia pour produire ses effets. Evidement le New Deal était consubstantiel du monde capitaliste qu’il était censé régénérer. Le Green New Deal doit, lui, être encore plus hétérodoxe au sens où il ne peut pas se construire sur des bases capitalistes. Il doit par ailleurs être global c’est-à-dire inclure tous les aspects de la vie en société, toutes les couches de population de la planète dans le respect de leurs cultures respectives, et non pas uniquement l’économie des pays occidentaux. Son slogan :

    « Trash the system, or crash the planet ».

    Au terme des 300 pages de cet essai on est bien sûr frappés par les nombreux exemples avancés pour illustrer la dégradation de la planète, de Deepwater aux cyclones de Porto-Rico, des incendies ravageurs à l’extraction des pétroles de schiste. Leur réalité dévastatrice semble de moins en moins contestable. Le plan proposé par Naomi Klein pour sauver la planète en dix ans repose sur des principes qui semblent « communistes » pour les climato-sceptiques, hors de portée pour les réalistes et incontournables pour les optimistes. Ils sont évidement bien « sympathiques », comment être contre un monde où les emplois seraient majoritairement dédiés aux énergies renouvelables, aux cultures biologiques, à la consommation raisonnée ; comment contester un modèle de société qui respecterait les autres, sans plus de racisme ni d’exploitation de l’homme par l’homme ; comment ne pas de réjouir d’un monde sans « austérité » ni dette et qui de plus sauverait la Terre de son réchauffement suicidaire ?

    Le problème est pour le moment que la majorité de la population mondiale n’est pas persuadée que l’issue fatale décrite par Naomi Klein est certaine. De ce fait elle ne semble pas encore prête à accepter les incontournables changements d’habitudes et sacrifices que provoquerait le Green New Deal. Les riches ne manifestent pas non plus un enthousiasme débordant à l’idée de « payer » pour réparer leurs fautes écologiques et transférer une partie de leurs richesses aux pays du Sud afin de favoriser un développement plus égalitaire et donc moins conflictuel. Comment changer ces mentalités ? Comment faire qu’à l’intérêt économique individuel (ou national) qui a dirigé la plupart des transformations de notre monde depuis plusieurs siècles se substitue une vision collective et humaine dont la réussite est incertaine ? C’est tout l’objet d’essais comme celui-ci : persuader ses lecteurs de la nécessité du changement. Peut-être un jour les idées et propositions qu’il contient seront relayées dans l’enseignement, entérinés par la majorité de la population mondiale et mis en œuvre par une coalition de dirigeants aux Nations Unis. Peut-être que ce jour là il sera trop tard pour éviter les cataclysmes naturels et humains qui déjà se dessinent. Ou peut-être que la plasticité du système capitaliste lui permettra finalement de s’adapter à la révolution écologique lorsque ses intérêts vitaux seront en jeu. Ou peut-être pas ! C’est finalement la glorieuse incertitude du genre humain et notre responsabilité collective de décider… ou pas.

    NB : ce livre est bien entendu imprimé sur du papier recyclé et l’on se rend compte que finalement très peu d’ouvrages le sont alors que cette petite transition ne présente véritablement aucun inconvénient, sinon un microscopique changement d’habitude.

  • La Queen monte au front

    Elisabeth II, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, 93 ans, s’est exprimée quelques minutes ce soir à la télévision pour son peuple, y compris les citoyens du Commonwealth, pour leur parler de la crise sanitaire du coronavirus. Elle s’exprimait depuis son château de Windsor et de ce fait ne portait pas un de ses inimitables chapeaux. Dommage ! Elle affichait tout de même perles, broche et pot de fleurs dans un ensemble parfait.

    Il n’est pas sûr que ses mots soient très efficaces contre le coronavirus mais cette reine, quelle classe tout de même ! Des ruines de Londres bombardée par les allemands durant la IIème guerre mondiale aux événements actuels elle traverse le temps avec cette froide sérénité tellement britannique. Son fils se rétablit du coronavirus et son premier ministre est à l’hôpital, elle reste de marbre et règne, tout simplement.

    “We will meet again”

    …est sa conclusion.

  • Rock Fictions de Carole Épinette

    Carole Épinette (http://www.karoll.fr/) est photographe, notamment de musiciens rocks. Elle publie dans ce livre certaines de ses photos en noir et blanc sur lesquelles elle a demandé à des connaissances d’écrire un texte. Ces rédacteurs improvisés ont ainsi livré leurs mots inspirés par les images. Ce peut-être un souvenir provoqué par une image (l’adolescence au temps des Cure « I’m running toward nothing, again and again and again… »), purement fictionnel (un écrivain raconte comment Francis Black des Pixies a bloqué son escalier durant 40 jours) ou juste nostalgique (une photo d’Anna Calvi et la mort d’un père).

    C’est une touchante association de héros et d’inspiration. Après tout la musique la musique est aussi faite pour ça, Carole Épinette sait bien le rendre dans cet ouvrage.

  • Le risque du tourisme à l’étranger

    Comme lors de chaque catastrophe, humaine ou naturelle, planétaire ou localisée, des touristes français se retrouvent bloqués à l’étranger, parfois très loin, avec la volonté de retrouver la mère-patrie au plus vite. Comme à chaque catastrophe, la République, bonne-mère, déploie tous les efforts nécessaires pour ramener ses enfants sur le sol national, généralement aux frais des contribuables. Comme à chaque catastrophe, la plupart des rapatriements se passent bien et sont réalisés rapidement avec la bonne volonté de tous les acteurs impliqués. Mais comme à chaque catastrophe, un certain nombre de touristes sont difficiles à exfiltrer rapidement pour différentes raisons.

    C’est le cas avec cette épidémie de coronavirus pour certains pays, notamment aux Philippines en confinement où il n’y a plus de lignes aériennes entre les multitudes d’iles de l’archipel et la capitale. Les touristes sont un peu laissés à eux-mêmes pour trouver une solution avec l’aide en ligne des ambassades et consulats français. Bien sûr, certains d’entre eux se révoltent et ne comprennent pas pourquoi la République n’est pas capable de leur envoyer un avion spécial toutes affaires cessantes pour les cueillir là où ils sont, bien sûr gratuitement… Et de déverser leur rancœur sur les réseaux dits sociaux auxquels ils ont toujours accès, surtout quand ils ont dû payer à leurs frais un billet d’avion retour.

    Selon le ministère français des affaires étrangères il y avait 130 000 nationaux dans cette situation (y compris des voyageurs d’affaires) au début de l’épidémie. Il n’en resterait plus que 10 000 à ce jour en attente d’une solution que les autorités françaises s’efforcent de mettre en œuvre. L’épicentre de la pandémie étant désormais européen, les touristes bloqués aux Philippines ou ailleurs sont parfois stigmatisés par les populations locales.

    Gageons que tout ceci va se résoudre progressivement mais l’irresponsabilité de certains français est, comme souvent, plutôt confondante. Aller passer des vacances à l’étranger c’est prendre un risque, celui de se retrouver dans un environnement social, économique, politique qui est différent de celui de son pays d’origine. Quand tout va bien, on profite de cet exotisme que l’on est venu chercher, mais quand un grain de sable grippe la belle machine du tourisme au long cours on se rend compte assez rapidement que l’on est plus « chez soi ». Prendre l’avion pour passer quinze jours de vacances aux Philippines c’est encourir divers risques, celui de la faillite de la compagnie aérienne qui vous y transporte et disparaît avant de vous en avoir ramené, celui d’une éruption volcanique, d’un coup d’Etat, d’une guerre ou… d’une pandémie planétaire comme aujourd’hui. Quel que soit le cas, il est plus difficile et plus onéreux de ramener un touriste français en perdition aux Philippines que dans le Cantal. Nous en sommes là aujourd’hui.

    « C’est l’ambassade de France qui est maintenant chargée de nous trouver une solution de retour avec Qatar Airways et un vol via Doha. Aucune idée des dates possibles et des prix. Nous sommes donc en attente, sans plus de précisions, et avons été obligés de prolonger, à nos frais, l’hôtel et les dépenses quotidiennes, sans parler du billet à venir… » (Une touriste en Birmanie)

    « Au fond ma situation est loin d’être grave…. Mais on peut se demander si c’est normal que l’on puisse laisser des ressortissants français seuls comme ça et qu’on leur assène que le rapatriement n’est pas de leur ressort, sans explication et sans solution bis. » (Un étudiant en Allemagne)

    Journal Le Monde du 25/03/2020

    La mondialisation « heureuse » dans laquelle nous baignions ces dernières années nous a fait oublier ces quelques évidences et, il est vrai que les risques pris étaient marginaux, mais l’intensité de ceux-ci est probablement en train de croître. Le transport aérien va sans doute être l’un des plus atteints par la crise actuelle et, au sortir de celle-ci, il n’est pas sûr que l’activité aérienne soit rétablie « comme avant ». Peut-être qu’il coûtera désormais plus cher de se transporter à l’autre bout du monde, favorisant ainsi les vacances… dans le Cantal, moins risquées s’il faut revenir chez soi en cas de problème. A priori on attrape autant le coronavirus à Aurillac qu’à Cebu mais peut-être est-on mieux potentiellement mieux soigné dans le Cantal qu’aux Philippines, surtout quand on est français. Il faut juste y penser avant de s’embarquer à Roissy.

  • A tribute to David Bowie – Haupstrasse The Berlin Years 1976 – 1978

    1976, David Bowie s’installe à Berlin dans le quartier de Schönberg (Hauptstrasse 155) pour 3 ans. Il y composera et enregistrera une grande partie de la trilogie berlinoise, dont le sublime enchaînement Low-Heroes qui marqua la musique rock du XXème siècle. Il y produit également deux albums du renouveau artistique et humain de son ami Iggy Popp qui habitait alors avec lui.

    Usé par les abus divers de sa vie passée à Los Angeles, Bowie est venu se ressourcer dans cette ville si créative à cette époque, et s’imprégner de l’art expressionniste qui le fascinait tant en ce lieu historique. Ce petit livre de photos paru en 2013 revisite les lieux fréquentés par Bowie (et souvent aussi Pop) ainsi que les artistes qui l’on inspiré. Emouvant !

  • Quelques chiffres sur les dépenses de santé

    En ces temps de crise sanitaire où les experts de plateaux télévisés assènent des sentences définitives et non documentées (« la casse de l’hôpital public », « une gestion de comptables » et bla-bla-bla et bla-bla-bla), il n’est pas inutile de rappeler quelques faits chiffrés publics disponibles à quiconque sur les sites web de l’administration et du parlement.

    Le budget de la sécurité sociale fait l’objet d’une loi votée chaque année par les élus de la République. La Loi de financement de la sécurité sociale 2020 (PLFSS) rappelle les montants qui sont en jeu :

    Compte tenu des circonstances il est probable que les chiffres votés pour l’année 2020 devront être actualisés mais ils s’élèvent pour le moment à 533 milliards d’euros de dépenses, dont 224 milliards pour la maladie (y compris les hôpitaux). Chaque année depuis 2018 les recettes sont inférieures aux dépenses dégageant donc un déficit. Pour donner un ordre de grandeur, la dette publique française est d’environ 2 400 milliards pour le moment.

    En résumé, la République collecte et dépense 500 milliards d’euros chaque année pour ses prestations sociales, dont 220 pour le volet maladie. Cela représente 21% du produit intérieur brut du pays et 117% du budget de l’Etat, et cela augmente chaque année en valeur absolue. Alors ces sommes sont peut-être mal dépensées, insuffisantes, mais elles sont tout de même assez considérables. Il serait judicieux que nos experts de plateaux télévisés les mentionnent de temps à autre pour que leurs auditeurs se rendent compte de ce dont on parle. A tout le moins il serait intéressant de demander à ceux qui se plaignent et réclament « plus de moyens » quels sont exactement les besoins et une fois que l’on s’est mis d’accord sur les « dépenses », passer aux « recettes » nécessaires pour arbitrer ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.

    Augmenter ces sommes est envisageable, on peut passer les dépenses sociales de 21% du PIB à 25 ou 30 ou 40%, il suffit de voter cette évolution, en dépenses comme en recettes

    Allez, encore deux petits croquis pour la route qui permettront à nos stars de plateaux télévisés qui n’ont ni le temps ni les neurones pour lire les 94 articles de la Loi n° 2019-1446 du 24 décembre 2019 de financement de la sécurité sociale pour 2020, d’améliorer leurs analyses :

  • Au Café du commerce

    L’impréparation et le déni de nos dirigeants vont nous coûter bien plus cher qu’un stock de masques et des équipements hospitaliers décents pour faire face à la pandémie.

    Mme. Michu au Café du commerce

    Comme à son habitude Mme. Michu rouspète et rabâche ses plaintes en boucle au Café du commerce entre deux ballons de blanc sec. Elle est largement relayée par les « experts » de plateaux télévisés qui ont fait du sujet « masque » l’une de leurs polémiques favorites après avoir raillé et ironisé il y dix ans la constitution de stocks de vaccins et, déjà, de masques lors de l’épidémie de grippe H1N1 en 2009. Ces stocks n’avaient finalement pas été utilisés puis avaient été très significativement réduits et la responsabilité de leur détention partagée entre l’Etat et les établissements hospitaliers.

    A la question « serait-il préférable d’avoir un stock de masques plus important aujourd’hui » la réponse est évidemment oui, non seulement à Paris, mais dans tous les pays qui sont en chasse de volumes considérables de ces fameux masques dont la planète manque cruellement. A la question « faudra-t-il adapter le système de santé à ces risques épidémiques, ou en tout cas à certains d’entre eux », la réponse est évidemment oui en choisissant le niveau de risque que l’on veut couvrir. A la question « qui va payer », la réponse est évidemment : M. et Mme. Michu !

    Plutôt que le pitoyable bal des pleureuses donné en spectacle sur les plateaux télévisés et au Café du commerce, le mieux est que toute cette énergie perdue soit consacrée à soutenir notre pays qui lutte contre cette maladie, pas plus mal que certains et bien mieux que beaucoup. On n’a pas assez de masques, eh bien les chaînes logistiques sont sur le terrain pour améliorer l’approvisionnement. Notre système de santé est dimensionné pour 5 000 lits de réanimation et ce n’est pas assez, eh bien le corps médical a réussi à faire passer l’offre à 10 000 lits en quelques semaines. Certaines régions sont dramatiquement touchées, eh bien on transfère dans d’autres villes des patients à coups de trains à grande vitesse transformés en ambulances, d’hélicoptères transformés en tapis volants. On a dû fermer les écoles et les universités, eh bien on a recyclé l’enseignement dans le cloud… etc.

    Est-ce que tout ceci est 100% satisfaisant : non bien sûr. Est-ce que l’on ne se porterait pas mieux si le virus était resté en Chine : bien sûr que oui. Alors arrêtons de geindre, cessons de critiquer, gelons les polémiques, admirons ce qui fonctionne, soutenons les premières lignes, appliquons les recommandations. Bref, soyons moins franchouillards et plus efficaces, Mme. Michu y compris.

  • La Turquie fait revenir « provisoirement » sur son territoire les candidats réfugiés installés à la frontière gréco-turque

    La Turquie qui avait facilité l’arrivée de candidats réfugiés à sa frontière avec la Grèce afin de faire pression sur l’Europe et l’OTAN qu’elle estime trop frileux dans leur soutien à ses actions militaires en Syrie, fait machine arrière à cause de l’épidémie de coronavirus. Elle a ainsi « rapatrié » les 5 à 10 mille réfugiés vers leurs camps de rétention à l’intérieur de son territoire en précisant bien que cette décision est provisoire et qu’une fois la pandémie achevée ces réfugiés seront de nouveau encouragés à essayer de passer en Europe.

    Face à cette tactique turque, la Grèce soutenue par l’Europe avait refusé d’ouvrir ses frontières et finalement peu de réfugiés avaient pu les forcer, si ce n’est en passant par la mer. Comme elle l’a déjà annoncé, ne doutons pas que la Turquie va réitérer sa démarche dès que la situation sanitaire le permettra. L’Europe est soumise au chantage de soutenir, au besoin militairement, Ankara dans sa politique d’occupation du nord de la Syrie, ou alors de subir l’assaut des masses de réfugiés cherchant à migrer dans un pays européen. Cruel dilemme car la justification officielle avancée par Ankara de son invasion du nord de la Syrie est de pouvoir y réinstaller… les réfugiés syriens actuellement accueillis en Turquie tout en les protégeant de la répression du régime soutenu par la Russie, ce qui n’est pas en soi complètement illégitime, mais le devient tout de suite un peu plus lorsque l’on sait que cette occupation militaire a également comme but d’anéantir les forces kurdes syriennes, obsession d’Ankara depuis des années.

    Ne faudrait-il pas imaginer une sorte d’accord multilatéral qui pourrait mettre cette zone sous protection internationale pour y réimplanter les réfugiés syriens avec un financement conséquent ? C’est évidemment un doux rêve qui nécessiterait l’accord du régime syrien (et de son allié russe) pour une perte de souveraineté sur une partie de son territoire. Il faudrait également que les 3 ou 4 millions de réfugiés syriens en Turquie, ou au moins une partie d’entre eux, acceptent de revenir « volontairement » en Syrie alors qu’ils se sentent sans doute plus en sécurité en Turquie. Les pays occidentaux ne manifestent pas non plus un grand enthousiasme à l’idée de mettre en place une UNRWA bis, cette organisation des Nations unies créée en 1949 pour s’occuper des réfugiés palestiniens chassés de leur terre lors de la création de l’Etat d’Israël et à la suite de la guerre de 1948. 70 ans plus tard l’organisation en est toujours à maintenir des camps de réfugiés dans tout le Proche-Orient dont les effectifs se sont multipliés car elle attribue également le statut de « réfugié palestinien » aux descendants des palestiniens expropriés en 1948.

    La responsabilité originelle de tout ce désastre est tout de même essentiellement syrienne. On se souvient d’une relative vague d’optimisme qui avait saisi l’Occident, et sans doute aussi nombre de syriens, lorsque le président Bachar El Assad venait faire ses courses à Paris en se laissant prendre en photo avec son épouse sur le perron de l’Elysée avec le président de la République française. On parlait alors de modernité et d’espoir pour ce pays sur lequel la France avait exercé un mandat délivré par la Société des nations (SDN) entre les deux guerres mondiales. C’était en 2010, une éternité… Depuis la Syrie est revenue à ses démons, un inextricable patchwork de religions, de clans, d’intérêt et de sauvagerie.

  • La France réquisitionne les masques produits sur son territoire, les autres pays font de même

    La polémique sur la pénurie de masques continue à faire rage en France dans le contexte de la crise sanitaire. Environ 100 millions de masques auraient déjà été distribués par les autorités de santé en fonction d’une liste de bénéficiaires prioritaires préétablie. 100 millions sont insuffisants par rapport au besoin mais ce n’est pas zéro.

    Dès le début de la crise l’Etat français a réquisitionné toutes les productions de masques sur le territoire national, c’est-à-dire que ceux sortant des usines françaises (on parle d’une production d’une dizaine de millions par semaine, en cours d’augmentation) doivent être remis à l’Etat et ne peuvent donc pas être vendus à l’exportation. Des commandes publiques auraient été passées à l’étranger pour 1 milliard de masques supplémentaires afin de combler la pénurie. Le problème est que la grande majorité des pays atteints par le virus sont à la recherche de ces mêmes masques et que les pays producteurs font grosso-modo la même chose que la France c’est-à-dire qu’ils réquisitionnent leurs productions nationales pour assurer en priorité les besoins de leurs populations. L’arrivée de ce milliard de masques va sans doute se faire au compte-gouttes dans l’hexagone. C’est le fruit d’un « chacun pour soi » bien compréhensible en pareils circonstances, et il est difficile de reprocher aux autres de faire ce que fait la France sur son territoire national…

    Pour l’avenir, la solution sera peut-être de reconstituer un stock de sécurité de masques pour le prochain virus baladeur. C’est techniquement assez simple à faire, il suffit de financer la dépense conséquente.

  • Le risque du chaos

    L’incertitude dans laquelle la pandémie de coronavirus plonge la planète laisse imaginer que le pire puisse en être une option de sortie. Ce serait évidemment un scénario hollywoodien mais le risque d’un véritable chaos n’est sans doute pas à exclure totalement. Chaos interne si des gangs profitaient de la situation pour semer le trouble ou, plus prosaïquement, que des mouvements sociaux mettent la France à feu et à sang. Chaos externe si, au hasard, la Russie décidait d’annexer la Géorgie ou d’envahir la Pologne. Ou si des extrémistes religieux décidaient de reprendre la route de Bamako Bref, gageons que l’intelligence et la raison prévaudront sur la planète au cours de cette crise sanitaire d’un genre nouveau.

  • “Rest in peace” referendum

    On se souvient de l’initiative de parlementaires français qui avaient demandé l’organisation d’un référendum d’initiative populaire (RIP) pour se prononcer sur le projet de privatiser la concession sur 70 ans d’Aéroports de Paris (ADP). Cette procédure constitutionnelle nécessite qu’au moins 1/10 des électeurs inscrits sur les listes électorales se prononcent en faveur de ce référendum. Le nombre à recueillir était de 4 717 396 électeurs favorables sur une durée de neuf mois. Le Conseil constitutionnel en a décompté 1 093 030 entre le 13/06/2019 et le 12/03/2020 et a donc constaté que :

    La proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris n’a pas obtenu le soutien d’au moins un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales.

    Décision n° 2019-1-8 RIP du 26 mars 2020

    Evidemment, le décrochage boursier actuel rendait de toutes façons cette privatisation techniquement impossible mais force est de constater que le projet n’a pas trouvé les 4,7 millions de personnes disposées à faire un clic sur internet pour s’y opposer.

    Le sujet reviendra bien un jour ou l’autre sur la table. En attendant, la ressource pour les finances publiques qui était attendue de cette opération devra être remplacée par une autre, à moins que l’on arrive à réduire des dépenses par ailleurs pour compenser.

  • L’âge critique approche

    L’âge critique approche

    Les statistiques de morbidité de l’épidémie actuelle de coronavirus diffusées tous les jours montrent que plus de 90% des décédés ont plus de 65 ans… Evidemment, quand on en a 62 on sent l’âge critique arriver. D’ailleurs, au-delà de la maladie actuelle, lorsque l’on arrive dans les 70 ans on entre dans des temps qui peuvent être ceux des tourments médicaux. Et il n’y a pas que le coronavirus qui attaquent les seniors, hélas. Quand on vieillit on passe des étapes qui nous rapprochent de ces temps incertains, avant une échéance finale qui elle est certaine. Les statistiques sont redoutables !

  • Une vieille idée : faire payer l’Allemagne !

    En compagnie des pays mal gérés du sud de l’Europe, la France (en déficit de ses finances publiques depuis 1974) relance sa vieille idée de mutualiser la dette européenne, espérant profiter de la crise sanitaire en cours pour faire plier les pays du nord, et en particulier l’Allemagne. En fait il s’agit de faire emprunter l’Union européenne en tant que personne morale, sachant que les éventuels prêteurs savent que derrière cet emprunteur multinational il y a des propriétaires que sont les Etats avec des bons et des mauvais mais, l’un dans l’autre, les prêteurs espèrent que les dérives des uns seront compensées par les vertus des autres. C’est un peu comme l’assurance automobile, les bons conducteurs payent pour les accidents provoqués par les mauvais, c’est le principe de la mutualisation. Dans le cas d’une dette européenne, les mauvais élèves bénéficieraient d’un taux d’intérêt et d’un accès à la ressource moyennés, c’est-à-dire meilleurs que ce qu’ils obtiendraient seuls. A l’inverse, les bons élèves paieraient plus chers…

    On imagine toutefois la difficulté d’une dette communautaire : comment détermine-t-on le montant à emprunter, l’affectation des sous encaissés, les parts respectives de chaque Etat dans le pool d’emprunteurs, le mode de remboursement ? Que se passe-t-il si un Etat quitte l’Union avant l’échéance ou y rentre, etc. Bref, nous sommes sans doute encore (très) loin de présenter la maturité et la solidarité suffisantes pour mettre en œuvre une dette mutualisée.

    D’ailleurs l’Allemagne et les Pays-Bas viennent déjà de dire (sèchement) non ! L’inquiétude des pays mal gérés réside sans doute aussi dans l’accès aux marchés : compte tenu de l’ampleur des sommes dont on parle, qui se chiffrent en centaines de milliards d’euros, trouveront-ils assez de prêteurs pour répondre à la somme de leurs besoins nationaux ?

    Lire aussi : « Mutualiser la dette », la nouvelle illusion !

    Non, décidément, le mieux qu’aurait pu faire la République française eut été de rétablir l’équilibre de ses finances publiques avant la crise pour pouvoir affronter celle-ci dans de meilleures conditions sans avoir à devoir « faire la manche » auprès des pays nord-européens ! Cela n’a pas été fait et nous allons sans doute en payer les conséquences.

    Les plus anciens se souviendront que « faire payer l’Allemagne » on a déjà essayé avec le Traité de Versailles signé en 1919 à l’issue de la Ière guerre mondiale. Conclusion, elle n’a pas payé et elle a de nouveau franchi le Rhin vers l’Ouest en 1940… Il convient donc de manier ce concept avec prudence et intelligence.

  • Les ploucs de la République

    En cette période de crise sanitaire la lecture de quelques comptes Twitter de responsables franchouillards est assez édifiante, voire légèrement déprimante sur les bords. Les habituels bons clients : les Eric Ciotti, Gilbert Collard, Christine Boutin, entre autres, se déchaînent. Plus ou moins confinés comme le reste de la population, ils semblent passer encore plus de temps que d’habitude à répandre critiques et insultes en 140 signes contre « ce gouvernement d’incapables »[1] en n’oubliant pas de publier aussi leur bobine en tête de gondole histoire de se rappeler au bon souvenir de leurs lecteurs. Et comme tous ces personnages bénéficiant manifestement de beaucoup de temps libre se retwitte les uns les autres avec enthousiasme on a un peu l’impression que ce média est saturé par toute la ploucitude politique dont des élus de la République, rémunérés par les contribuables, sont capables.


    [1] Nadine Morano Tweet du 26 mars

    Polémiques vaines, nombrilisme renforcé, critiques gratuites, injures déplacées, on a parfois envie de donner les clés du pouvoir à ces  donneurs de leçon pour les voir à l’œuvre ! Cette irresponsabilité de certains attise la tendance naturelle de Mme. Michu à vouloir couper des têtes des responsables qu’elle a élus. Elle cache aussi, bien malheureusement, le fait que la majorité des français se décarcassent pour vivre et participer à cette cause nationale de la lutte contre l’épidémie. Comme toujours en France, une minorité organisée et médiatisée arrive à semer un trouble nuisible dans la République. Décidément, on a bien les dirigeants que l’on mérite.