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  • Le président Macron va à Canossa en passant… par Alger

    Le président Macron va à Canossa en passant… par Alger

    Nous venons de vivre quelques mois de tension dus à la énième brouille entre la France et l’Algérie sur des questions mémorielles et migratoires, la température se réchauffe et le président français a démarré ce soir une visite « officielle et d’amitié » de trois jours à son alter égo algérien. Cette énième réconciliation sent le gaz et on peut craindre que la France se prépare à compromettre avec Alger pour y acheter plus de gaz en substitution du gaz russe.

    Vaut-il mieux que la France dépende de l’Algérie ou de la Russie pour ses importations de gaz ? La réponse n’est pas évidente. La Russie fait la guerre à l’occident, y inclus la France, l’Algérie n’aime pas son ancienne puissance coloniale et lui fait savoir, parfois vertement. Le mieux serait de laisser les autres pays européens acheter le gaz algérien et que la France aille acheter au Qatar, aux Etats-Unis d’Amérique, en Norvège etc., partout plutôt qu’à Alger.

    La prochaine brouille entre les deux pays est déjà inscrite dans le calendrier et les contrats commerciaux, surtout ceux de nature politique comme pour l’énergie, seront forcément perturbés lors de la prochaine fâcherie. On peut imaginer que l’Algérie ne va pas déclarer la guerre demain à la France, mais elle ne sera jamais mécontente de la menacer ou de lui nuire. C’est ainsi, le passé étant ce qu’il est entre la France et l’Algérie, il vaudrait mieux pour Paris ne dépendre que le moins possible d’Alger, surtout concernant des produits aussi stratégiques que les hydrocarbures. Il reste assez de fournisseurs disponibles dans le monde pour pouvoir se passer de l’Algérie. Le choix de ceux-ci relève juste d’une question de gestion du risque dans laquelle l’intrusion de la politique est toujours malvenue.

    Lire aussi : STORA Benjamin, ‘Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie’.

  • Mobilité, blablabla…

    On ne parle plus de « question migratoire entre la France et l’Algérie » mais de « mobilité et circulation » (président Macron, discours à Alger les 25/08/2022).

  • Le journalisme et les statistiques

    En ces temps de crise énergétique où l’accès au gaz est rendu plus onéreux du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les plateaux télévisés suivent le niveau de remplissage des stocks de gaz français : 80%, 90%, 95%… semblant être satisfaits lorsqu’on approche les 100%. La crainte est de ne pas disposer d’assez de gaz pour les entreprises et les particuliers durant le prochain l’hiver. Très bien, mais personne ne pose la question de savoir combien de mois de consommation permettraient des stocks remplis à 100% ? Si la réponse est deux mois de consommation, par exemple, cela signifie que même remplis à 100% les stocks ne permettent pas de passer l’hiver.

    Il est étonnant que des journalistes toujours prêts à lancer des sujets de polémique oiseuses ne posent pas cette question pourtant clé, préférant se focaliser sur un taux de remplissage qui n’a de sens que si on le complète par les informations de consommation. C’est l’éternel lien entre les flux et les stocks, concept qui semble un peu complexe pour les écoles de journalisme.

    Rappelons cependant que les titulaires de carte de presse comprennent bien le fonctionnement de la niche fiscale dont ils bénéficient, sans trop de justifications évidentes, sous la forme d’un « abattement pour frais d’emploi » de 7 650 EUR/an. Le coût total de cette niche fiscale n’est pas documenté de façon transparente. Ce qui est certain est que si on la supprimait et qu’on en affectait le produit à la reconstitution des stocks de gaz on atteindrait plus vite les 100%. A moins que l’on ne subventionne les écoles de journalisme pour financer un cours d’économie sur les flux et les stocks ?

  • Le cours du pétrole revient à un étiage cohérent

    Le cours du pétrole revient à un étiage cohérent

    Alors que le cours du pétrole revient dans un étiage plus acceptable, dans les 100 USD par baril, le concours « je dépense plus d’argent public que toi » fait toujours rage en France. Le parlement avait voté un subventionnement du prix de vente de l’essence de 15 à 18 centimes/litre du 1er avril au 31 août, puis l’a portée à 30 centimes à compter du 1er septembre, puis être réduite à 8,33 centimes au 1er novembre et disparaître au 31 décembre.

    Ce transfert de charges du consommateur au contribuable se chiffre en milliards d’euros et le plus croquignolet dans cette histoire est qu’il a été imposé au gouvernement par la droite conservatrice Les Républicains (LR) qui voulait même bloquer les prix de vente de l’essence à 1,50 EUR/l, tout en critiquant les déficits publics…

    La logique économique voudrait que la subvention soit flottante, c’est-à-dire varie en fonction des cours du pétrole. LR a affirmé que le transfert des charges sur les contribuables restait justifié malgré la baisse du baril de brut car « les français avaient beaucoup dépensé ces derniers mois et devaient se refaire ». Le maintien de cette subvention non ciblée, qui bénéficie aux riches comme aux pauvres, est contre-intuitive à bien des égards : coût prohibitif pour les contribuables, avantage préférentiel donné aux véhicules à gros moteurs, effet prix déconnecté de l’objectif de frugalité affiché pour des raisons écologiques…

    L’addiction à la dépense publique en France est devenue telle que même les partis en principe économiquement libéraux vantent et votent des mesures accroissant ces dépenses à l’effet discutable. La prochaine crise sera sans doute financière en Occident, les pays mal gérés et surendettés seront les premiers à en payer le prix, leurs citoyens seront alors en première ligne !

  • Rapatriement de français des camps de Syrie

    Rapatriement de français des camps de Syrie

    La France semble avoir évolué dans sa stratégie du retour « au cas par cas » des citoyens français ayant rejoint le groupe terroriste religieux Etat islamique (EI) dans son combat en Syrie contre le pouvoir en place. Vaincu par une coalition internationale, l’EI a dû abandonner les territoires qu’il administrait en Irak et en Syrie. Ses combattants, quand ils ont survécu, sont plus ou moins enfermés dans des camps assez peu sécurisés, tenus le plus souvent par des mouvements kurdes dans le nord de la Syrie et objets de révoltes et d’évasions de prisonniers assez régulièrement. Les Kurdes ont quant à eux aussi d’autres problèmes à régler. Subissant les attaques de l’armée syrienne et les bombardements de l’armée turque on peut comprendre qu’ils n’accordent pas la plus extrême attention au sort de prisonniers religieux qu’ils ont combattus avec la coalition internationale. Ils demandent depuis maintenant plusieurs années aux pays dont sont originaires les prisonniers non-syriens de reprendre leurs ressortissants, et les enfants, parfois orphelins, que ceux-ci ont enfantés.

    La plupart des pays européens l’ont fait. Seule la France restait un peu à l’écart en ne rapatriant, « au cas par cas », que les enfants de nationalité française résident dans ces camps. La polémique était sans fin, les organisations « droit de l’hommiste » prônant le retour de tous les français arguant que les enfants ne sont pas responsables des actes de leurs parents et que ces derniers seraient mieux surveillés en France que s’ils restaient en Syrie ; et la population française qui défendait majoritairement le thème : « ils ont voulu aller faire la guerre en Syrie, eh bien qu’ils y restent ! »

    Lire aussi : Que faire avec les djihadistes français survivants ?

    Début juillet, les autorités françaises ont annoncé le rapatriement de 16 femmes « djihadistes » et de 35 enfants français. Les mères ont été remises dans les mains de la justice et les enfants orientés vers les services de l’aide à l’enfance. Parmi les femmes figure Emilie König, une bretonne du Morbihan, assez connue pour avoir figuré dans nombre de vidéos de propagande de l’EI, caractéristique de ces français que rien ne rattachaient ni de près ni de loin à la Syrie ou à l’Islam, qui sont partis combattre en Orient et, le plus souvent, commettre des exactions plutôt sordides au nom d’un Dieu dont ils devaient même ignorer l’existence quelques années plus tôt. Elle va rendre des comptes à la justice française.

    Lire aussi : Que faire des terroristes islamiques nationaux

    Le cas de ces français à la dérive en Orient est juste inextricable et il n’y a que de mauvaises solutions pour le prendre en compte. Le gouvernement français semble avoir changé de stratégie. Dans un cas comme dans l’autre ces citoyens français et les enfants qu’ils ont continué à engendrer sur place, le plus souvent avec des « maris » de circonstance, combattants morts ou disparus, resteront de potentiels dangers. On ne peut pas exclure que certains d’entre eux fassent amende honorable et veuillent réellement réintégrer la communauté nationale, mais il reste assez probable qu’une autre partie d’entre eux (minoritaire ?) continuera son combat après être passée dans les mains de la justice française. Ceux-là doivent d’ailleurs se réjouir de ce rapatriement qui leur offre des perspectives d’avenir et la clémence d’une justice démocratique délivrée par un système qu’ils combattent à mort…

  • Shine au Planétarium de Bretagne

    Shine au Planétarium de Bretagne

    « Shine » est un tribute-band consacré au Pink Floyd : six papys de Lannion épaulés par deux choristes plus jeunes, dont l’une joue du saxophone. Manifestement les anciens, musiciens amateurs, ont été de grands fans de ce groupe mythique et ont décidé en 2020 de se faire plaisir en rejouant la musique des Britanniques. Ils se composent de deux claviers, un guitariste, un bassiste, un batteur et un chanteur. Les instrumentistes sont d’un bon niveau et quand le concert commence sur les nappes de clavier de Shine on your crazy diamond le public replonge dans au cœur des mystères de cette musique de légende. Le petit problème apparaît lorsque le chanteur entre en scène… sa voix n’est pas vraiment à hauteur de celles de ses glorieux anciens.

    Qu’importe on se régale de la set-list qui intègre tous les classiques du Pink Floyd : Confortably numb, Money, Saucerful of Secrets, Another Brick in the Wall, Mother, On the Turning Away… Nous sommes sous le dôme d’un planétarium sur lequel sont projetées les images de galaxies et d’étoiles en mouvement, si bien adaptées à cette musique planante qui a marqué nos jeunes années.

    Evidemment, on est loin de la sophistication de l’original et de l’immense talent des musiciens britanniques, mais les papys se font plaisir et nous font passer un bon moment. Mention spéciale pour l’une des choristes qui joue aussi (bien) du saxophone et pour le guitariste très bon instrumentiste.

  • La guerre en Ukraine : un échec collectif

    La guerre en Ukraine : un échec collectif

    Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine continue à faire rage et qu’aucune solution de cessez-le-feu ne semble poindre à l’horizon tant la détermination des belligérants est aussi forte que leur incapacité apparente à écraser l’autre pour obtenir sa reddition sans négociation, on mesure un peu mieux le cheminement qui a mené à ce désastre, qui semble un peu plus complexe que la présentation simpliste qui en est généralement faite d’un méchant, la Russie, attaquant le gentil, l’Ukraine.

    On s’aperçoit aujourd’hui que les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni ont été très impliqués depuis 2014 (année de l’annexion de la Crimée par la Russie) dans le réarmement et la formation des forces de sécurité ukrainiennes, ce qui explique d’ailleurs en partie la capacité de résistance plutôt inattendue de l’armée de Kiev face à l’invasion russe. Cette occidentalisation à marche forcée de l’Ukraine ajoutée aux mirages d’entrée dans l’OTAN et d’adhésion à l’Union européenne (UE) de ce pays frontalier, ancien membre de l’ex-Union soviétique ne pouvaient que troubler la Fédération de Russie alors en pleine nostalgie de sa puissance déchue.

    On relève aussi que le « Protocole de Minsk » signés en 2014 sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), suivi des « Accords de Minsk II », n’a jamais été vraiment mis en œuvre par les parties. Ces accords prévoyaient notamment l’octroi d’un statut d’autonomie aux régions du Donbass et le retrait des forces militaires de ces zones.

    La Russie n’étant pas un pays réputé pour la subtilité de ses interventions, sa phobie de l’encerclement par les forces occidentales s’est muée en déclenchement d’une guerre stupide qui se déroule beaucoup moins bien pour elle qu’anticipé. C’est d’ailleurs la seule « bonne nouvelle » de ce conflit, l’ours russe est toujours très agressif mais finalement peut-être pas aussi fort que ses rugissements veulent le laisser croire.

    La géographie étant ce qu’elle est, il est probable que l’Ukraine restera voisine de la Russie pour longtemps. La politique étant ce qu’elle est, on voit mal la Russie évoluer à court terme vers un régime démocratique respectant le droit international et le bien des peuples. Il va donc falloir continuer à cohabiter entre voisins acariâtres, même une fois cette guerre terminée, et même si le Kremlin change ses dirigeants un jour ou l’autre. Cela crée des risques et des obligations qu’il faut bien prendre en compte pour une solution pacifique durable.

    On peut continuer à vitupérer contre les agresseurs russes mais, mêmes vaincus ce qui est encore loin d’être le cas, ils seront toujours là et resteront peu sensibles aux sirènes de l’occidentalisation et de la démocratisation avant des générations et des générations. Ils seront toujours adeptes de réactions qui paraissent primaires mais qu’ils ne sauront s’empêcher de manifester, sans parler de la nostalgie d’un retour à une puissance passée.

    Il faut bien tenir compte de cette situation, de ces différences d’appréciation qui peuvent se transformer en tirs de missile… Hélas pour elle, l’Ukraine est voisine de la Russie, ce qui ne lui laisse pas toute la liberté qu’elle souhaite pour définir son destin. Elle doit composer avec la force nuisible de ce voisin. C’est l’inégalité de la géographie. La France a dû cohabiter avec une Allemagne frontalière et agressive qui a déclenché trois guerres contre la France entre 1870 et 1939, dont deux sont devenues mondiales et ont déclenché une barbarie encore jamais vue sur la planète. Après des millions de morts, ces deux pays sont maintenant amis.

    C’est frustrant pour une partie de la population ukrainienne urbanisée qui se verrait bien adopter le mode de vie de Paris ou Berlin le plus rapidement possible, ça l’est sans doute un peu moins pour d’autres parties de sa population dans les régions frontalières avec la Russie. Car ce sont bien des Ukrainiens qui revendiquent le rattachement à la Russie de leurs Républiques « indépendantes » et ce sont bien des Ukrainiens séparatistes qui entretiennent la rébellion contre Kiev depuis 2014. La Russie trouve aussi des Ukrainiens qui gèrent les zones contrôlées par l’armée russe, L’Ukraine n’a pas seulement à gérer à l’agression extérieure de la Russie dont elle est victime, mais elle a aussi à affronter une rébellion interne d’une partie de sa population. L’indépendance unilatérale des « Républiques de Donetsk et de Lougansk » n’a pas été prononcée uniquement par les Russes, mais bien par des Ukrainiens séparatistes. Lorsque la guerre se terminera, il faudra aussi prendre en compte cette volonté séparatiste d’une partie de la population ukrainienne. Il faudra d’ailleurs sans doute considérer cette volonté dès les discussions de sortie du conflit.

    Si dans le cadre d’une autonomie bien gérée un processus référendaire sur le modèle de celui offert par la France à la Nouvelle-Calédonie (qui a duré des décennies) était mis en place il pourrait aboutir à une indépendance de ces régions du Donbass ou leur rattachement à la Russie d’une façon démocratique qui serait alors reconnue par la communauté internationale.

    Lorsque le statut de cette guerre passera du chaud au froid, ce dernier risquant de durer encore quelques siècles, il faudra trouver un compromis avec le voisin russe (et son allié biélorusse) pour que chacun reste à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Même si la Russie était défaite, elle serait toujours là et toujours aussi nuisible et haineuse pour tout ce qui se trouve sur son flanc ouest. Les pistes envisagées par le président ukrainien au début du conflit d’une neutralité, à définir, de son pays et d’un étalement sur plusieurs décennies des négociations sur la Crimée reviendront sur la table un jour ou l’autre. Elles méritent d’être considérées, le retour sur des accords de Minsk remodelés aussi.

    Ce sera long et douloureux, exigera des talents politiques et diplomatiques, non identifiés à ce stade, mais on peut penser que ce serait plus raisonnable et donc durable. Bref, faire parler l’intelligence plutôt que les canons !

  • Déresponsabilisation collective : l’Etat français accusé de tous les maux de la société

    Déresponsabilisation collective : l’Etat français accusé de tous les maux de la société

    Ce 5 août dernier, une gamine de 7 ans et un gamin de 10 ans qui jouaient « à chat » à Pontoise étaient gravement blessés par un motard de 18 ans ayant perdu le contrôle de son engin alors qu’il pratiquait un rodéo sur la roue arrière de sa moto. La fille est sortie du coma au bout de dix jours mais risque de garder des séquelles neurologiques définitives du choc. Le conducteur a d’abord pris la fuite avant de se rendre au commissariat le lendemain. Il vient du même quartier que ses victimes et serait déjà connu des services de police pour conduite sans permis. Il a pour l’instant été mis en examen et incarcéré.

    La mère de la gamine a fait des déclarations à la télévision avec son avocat et ils ont annoncé leur intention de déposer plainte contre l’Etat « pour inaction ». La détresse d’une mère dans une telle situation explique sans doute ce réflexe courant en France de se retourner contre l’Etat à tout bout de champ. Si l’on s’extrait de ce drame particulier, on conviendra qu’il importe surtout que le conducteur soit condamné plutôt que la collectivité nationale, dont fait d’ailleurs partie la plaignante. Le mal de la déresponsabilisation individuelle qui ronge la société française s’exprime aussi dans de telles dramatiques situations. La justice passera et il n’est pas impossible qu’elle condamne la collectivité à payer pour le crime d’un individu, cela s’est déjà vu. Pas sûr que cela n’apaise la douleur d’une mère ni ne favorise le rétablissement de sa fille.

    Lire aussi : Comment maintenir l’ordre face à des minorités qui n’en veulent pas ?

    Quelques jours plus tard, le 16 août, un autre amateur de rodéo à moto se tuait tout seul dans un accident à Marseille en percutant violement un poteau au cours de son rodéo. Un drame de la bêtise. Au moins a-t-il eu l’élégance de ne pas écraser d’enfants sur son passage. Si ces « jeunes » ont un tel besoin de jouer les cow-boys en deux-roues, au péril de leurs vies et de celles des autres, peut-être serait-il moins dangereux de leur proposer de relancer des rodéos à cheval, comme au Texas ? C’est toujours une activité dangereuse, donc créatrice de montées d’adrénaline, mais moins que la roue-arrière à moto en pleine rue.

  • Le Mali se plaint de la France à l’ONU

    Le Mali se plaint de la France à l’ONU

    Dans une lettre à l’organisation des Nations Unies (ONU) qui serait datée du 16 août mais non encore rendue publique, le ministre des affaires étrangères malien aurait demandé une réunion d’urgence du conseil de l’ONU pour se plaindre de son ancien allié français qui serait coupable de « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien national pour « collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions ».

    Le ministère des affaires étrangères français s’est cru obligé de répondre, ce qui n’était pas forcément très approprié :

    Nous condamnons la multiplication des manipulations de l’information qui ne doivent aucunement détourner l’attention de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays dont les populations sont les premières victimes.

    Il est possible que l’armée de l’air française, toujours présente au Tchad et au Niger, se dispense de déposer un plan de vol lorsqu’elle survole le territoire malien. Ce fut certainement le cas durant l’évacuation des troupes française du Mali qui s’est achevée le 15 août.

    Il paraît quand même hautement improbable que les informations que la France continue à obtenir de ses observations du terrain malien soient communiquées aux mouvements religieux et Touaregs en lutte contre le gouvernement malien.

    Le mieux serait sans doute que la soldatesque au pouvoir à Bamako se concentre sur la consolidation de sa relation avec sa nouvelle amie la Russie et, accessoirement, au développement politico-économique du pays, plutôt qu’à nouveau trouver le responsable de ses malheurs à l’étranger, et plutôt du côté de Paris bien entendu.

  • « Ennio » de Giuseppe Tornatore

    « Ennio » de Giuseppe Tornatore

    Un très joli film documentaire sur le musicien italien Ennio Morricone (1928-2020) ; plutôt connu pour les bandes originales (BO) qu’il composa pour des films et qui sont devenues la bande-son des dernières décennies chez les cinéphiles et bien au-delà. Ce n’est sans doute pas la moindre de ses performances d’avoir écrit les musiques inoubliables de Pour une poignée de dollars, Il était une fois dans l’Ouest, Sacco et Vanzetti, Il était une fois en Amérique, Mission…

    Ennio voulait être médecin ; son père, trompettiste dans un groupe qui passait dans les cabarets de Rome, décida qu’il serait également trompettiste. Ainsi fut fait et Ennio, inscrit au conservatoire fit des études de musique classique poussées, sous l’aile protectrice du compositeur italien Petrassi, puis commença à vivre de sa musique. A défaut de pouvoir exploiter commercialement ses premières compositions classiques, il s’oriente vers les arrangements pour radios et télévisions, écrit quelques chansons avant sa grande rencontre avec son compatriote réalisateur Sergio Leone (1929-1989). La reconnaissance viendra rapidement et il composera des centaines de BO pour, entre autres, Bertolucci, Pasolini, Joffé, Malick, Tarentino, de Palma, Lautner… et tant d’autres. Il ne délaisse pas pour autant la composition classique et, dans les années 1990 il renoue avec la direction d’orchestre et dirige ses œuvres.

    Il a composé la musique de la célèbre Ballade de Sacco et Vanzetti dont le texte a été écrit par Joan Baez, est devenue un véritable hymne de la jeunesse des années 1970 engagée pour la lutte pour les droits civiques et contre la guerre menée par les Etats-Unis au Vietnam

    Le guide de ce documentaire est une interview, sans doute réalisée dans les dernières années de sa vie. Il y revient sur son parcours et ses rencontres, confortablement installé dans un appartement romain dont on devine toute l’élégance. Il décortique sa vie et le processus créatif qui lui permit d’écrire tant de monuments de la musique cinématographique en jouant sur les bruits de la vraie vie, la diversité des instrument (dont la flûte, manifestement l’un de ses préférés), l’art du contrepoint et l’inspiration de ses grand anciens (Bach). On sent au fond de lui une petite frustration d’avoir si bien réussi dans ce domaine qu’il n’ose qualifier de « mineur » mais il s’en fait une raison à la fin de sa carrière, d’autant plus que sa notoriété l’autorisa aussi à commettre des œuvres classiques.

    Ses propres mots sont complétés par les commentaires et appréciations de ses pairs, musiciens ou acteurs du monde cinématographique et culturel. On reconnaît notamment le rocker-poète américain Bruce Springsteen ainsi que Paul Simonon (ex-bassiste du groupe britannique The Clash).

    Nous sommes en Italie alors l’émotion est toujours palpable. Et nous sommes en présence d’un véritable musicien à l’infinie créativité qu’il a mise au service du média cinéma avec un immense brio.

  • De mystérieuses explosions sur des bases militaires russes en Crimée

    De mystérieuses explosions sur des bases militaires russes en Crimée

    Après la dislocation de l’Union soviétique et l’indépendance de l’Ukraine reconnue en 1997, un traité russo-ukrainien avait été signé donnant à bail à Moscou la base navale de Sébastopol où résidait la flotte russe de la mer Noire. L’annexion de la Crimée en 2014 par la Russie a bien entendu mis fin à cette « location » et Moscou s’étant réapproprié l’ensemble de la presqu’île a pu y implanter nombre d’autres installations militaires qui sont utilisées comme base arrière du front Sud de l’Ukraine dans la guerre d’invasion déclenchée depuis le 24 février dernier. La Crimée est également une destination très prisée des touristes russes qui y sont nombreux cet été.

    La semaine dernière de fortes explosions se sont produites sur une base aérienne russe, filmées par des touristes russes en goguette qui se sont empressés de les diffuser sur les réseaux dits « sociaux », ainsi que par les satellites occidentaux. Hier, d’autres explosions ont eu lieu sur une autre base militaire russe en Crimée. Les autorités de Moscou reconnaissent ces explosions mais les attribuent à des « incendies » accidentels. Les autorités ukrainiennes ne revendiquent rien mais ne se retiennent pas de faire un peu d’humour sur le sujet. C’est ainsi que le ministre de la défense ukrainien en déplacement dans un pays proche a recommandé aux soldats russes de « ne pas fumer » à proximité d’un dépôt de munitions…

    Moscou est empêtrée dans cette situation qui relève au mieux d’incompétence de son armée s’il s’agit « d’accidents », au pire de faiblesse si ce sont des attaques ukrainiennes. Kiev est plutôt maligne de laisser planer le doute sur une action de sa part, ou pas.

    La guerre continue, hélas, mais les touristes russes en Crimée rentrent chez eux !

  • Evacuation de l’armée française du Mali : une première étape !

    Evacuation de l’armée française du Mali : une première étape !

    Le ministère des armées a confirmé aujourd’hui que le dernier soldat français avait quitté le Mali. C’est bien, et tout semble s’être passé à peu près calmement, sans trop d’attaques ni d’attentats. Les bases françaises et tout le matériel qui n’a pas pu être emmené avec les troupes ou détruit sur place a été remis aux forces armées maliennes mais risquent très probablement d’être récupérés assez vite par les groupes terroristes religieux ou Touaregs qui hantent la région. Ils pourraient aussi intéresser les mercenaires russes qui appuient désormais le pouvoir malien, ce qui serait un moindre mal.

    Communiqué du Ministère des armées (15/08/2022)

    Une partie des forces françaises a été « réarticulée » au Niger afin de poursuivre « le combat contre le terrorisme au Sahel ». Il faut dès maintenant commencer à préparer l’évacuation du Niger par l’armée française (puis du Tchad) car celle-ci va immanquablement devoir se produire, du fait du rejet de la population ou à la demande des autorités locales qui vont affronter rapidement le poids de supporter une armée étrangère sur leur territoire. Le plus tôt sera le mieux, pour le Niger comme pour la France.

  • Afghanistan : les Talibans déroulent leur programme religieux

    Afghanistan : les Talibans déroulent leur programme religieux

    On a appris récemment la résidence à Kaboul du chef égyptien de l’organisation religieuse terroriste Al Qaida lorsque celui-ci a été tué par un drone américain début août, neutralisation qui a été revendiquée par le président américain. Il semble que le dirigeant islamiste ait été atteint par un tir de missile non explosif, pour éviter les dommages collatéraux, alors qu’il était sur son balcon. Il s’agit vraiment d’une opération « chirurgicale » au sens littéral du terme qui a sans doute nécessité des appuis au sol, collaborateurs locaux ou soldats américains ?

    Après avoir hébergé Ben Laden qui a fomenté les attentats de World trade center de New-York en 2001, l’Afghanistan avait donc renoué ses liens avec l’organisation terroriste en contradiction des accords de Doha signés en 2020 avec les Etats-Unis sur l’évacuation des troupes étrangères du pays et qui prévoyaient que l’Afghanistan renonce à abriter le terrorisme sur son territoire :

    The Islamic Emirate of Afghanistan which is not recognized by the United States as a state and is known as the Taliban will not allow any of its members, other individuals or groups, including al-Qa’ida, to use the soil of Afghanistan to threaten the security of the United States and its allies.

    The Islamic Emirate of Afghanistan which is not recognized by the United States as a state and is known as the Taliban will send a clear message that those who pose a threat to the security of the United States and its allies have no place in Afghanistan, and will instruct members of the Islamic Emirate of Afghanistan which is not recognized by the United States as a state and is known as the Taliban not to cooperate with groups or individuals threatening the security of the United States and its allies.

    Agreement for Bringing Peace to Afghanistan (between the Islamic Emirate of Afghanistan which is not recognized by the United States as a state and is known as the Taliban and the United States of America)

    Dans le même temps et depuis la fin de l’évacuation des forces étrangères de Kaboul en août 2021 les autorités afghanes ont pris des mesures visant à remettre les femmes sous tutelle (retrait des écoles des filles de plus de 12 ans, imposition de la burqa grillagée pour les femmes dans la rue, limitation de déplacement des femmes seules), à instaurer une police religieuse chargée de faire respecter la « morale », promotion de la vertu et prévention du vice, bref, à rétablir la loi religieuse en Afghanistan.

    Qui pouvait douter que le pouvoir taliban suivrait une telle pente après son retour aux commandes ? Seuls les naïfs ont cru que l’Afghanistan reviendrait sur la voie de l’occidentalisation. Les masques tombent et il n’en est rien. Les accords de Doha n’ont permis que l’évacuation des troupes étrangères du pays sans que les Talibans n’attaquent les soldats en train de se retirer. Rien de plus.

    Le pays revient maintenant à ses croyances et ses convictions sans doute partagées par la majorité de sa population. Bien sûr, une petite frange de ses habitants qui ont humé le fumet de la liberté et de l’égalité hommes-femmes lorsque le pays était occupé par des forces occidentales, va devoir en rabattre sur ses ambitions et s’aligner sur la majorité qui n’est sans doute pas mécontente du pouvoir taliban. C’est jugé comme regrettable vu d’Europe, mais sans doute bénéfique vu du monde musulman oriental ! Pour le moment ce dernier a gagné la bataille.

  • GOURAUD Joseph, ‘Les cendres mêlées’.

    Sortie : 1998, Chez : Le Cherche Midi éditeur.

    Joseph Gouraud (né en 1927, Gourenzeig de son nom originel), juif d’origine polonaise, est raflé avec sa famille en juillet 1944 à Lyon (zone « libre » jusqu’à novembre 1942) où ils s’étaient réfugiés pour fuir les persécutions antisémites. Seule sa jeune sœur échappe à l’arrestation. Ils feront partie de l’avant-dernier train vers Auschwitz. Il a 17 ans. Sa mère sera immédiatement assassinée à l’arrivée et dirigée vers les chambres à gaz, puis il verra mourir son frère et son père, d’épuisement et de découragement.

    Son père lui confia comme mission de survivre pour raconter l’enfer de l’extermination des juifs et maintenir le nom Gourenzeig sur terre. Il s’acquitte de cette mission : survivra aux marches de la mort lors de l’évacuation d’Auschwitz-Birkenau à l’approche de l’Armée rouge, fuira dans la campagne allemande après l’abandon par les SS du camp provisoire où les déportés survivants avaient été entassés, rencontrera un officier français qui accompagnera son retour à la vie (y compris par des entretiens philosophiques sur la guerre), il lui servira d’interprète, s’engagera dans l’armée française pour quelques mois, sorte de sas de décompression avant le retour en France où il retrouvera sa petite sœur. Il affronte le silence plus ou moins imposé aux déportés à leur retour par des français qui se veulent insouciants au sortir de la guerre et tournés vers l’avenir et les « trente glorieuses » qui démarrent.

    Ce parcours a été écrit 50 ans après les faits, pour ses enfants, ses petits-enfants, pour l’Histoire et pour respecter le vœux de son père adoré. Il retrace l’enfer vu avec les yeux de l’adolescent qu’il était à l’époque. Arrivé à Auschwitz avec la naïveté du gamin de Belleville travaillant dans l’atelier de confection de son père, il ressort, orphelin, dévasté par cette tragédie vécue de l’intérieur mais animé par l’inébranlable serment fait à son père, il doit se relever.

    Ce livre décrit avec des mots simples et neutres des faits terribles, presqu’indicibles. Il clôt un cycle mais ne purge pas la mémoire de son auteur car « trop d’ombres gisaient dans nos cœurs ».

  • Rien ne change véritablement

    Rien ne change véritablement

    Dans la neuvième leçon (sur 19) du cours « Démocratie et totalitarisme » donné à la Sorbonne durant l’année universitaire 1957-1958, le philosophe politique Raymond Aron (1905-1983) explique comment une opposition peut arriver au pouvoir en régime constitutionnel pluraliste (son terme pour désigner la démocratie). Il se réfère à la République de Weimar qui s’est terminée par la majorité donnée légalement par les électeurs au parti national-socialiste en 1933.

    C’est ainsi que s’est terminée, de manière pour ainsi dire parfaite, l’exemple de corruption d’un régime constitutionnel pluraliste, les oppositions hostiles au régime acquérant une majorité, et le chef d’une des oppositions arrivant au pouvoir et liquidant, parfois semi-constitutionnel, le régime existant.

    L’exemple a ses vertus d’enseignement. Il montre que, un régime que nous appelons démocratique, peut perdre le contact avec les masses populaires, il peut se faire que dans un régime où existe des libertés un très grand nombre de citoyens finissent en apparence par souhaiter la destruction de ces libertés, il peut se faire que le système des partis finisse par devenir étranger aux masses populaires, autrement dit ces régimes ne sont pas assurés de durer toujours par une grâce d’Etat, ces régimes de compétition de partis doivent assurer les fonctions collectives s’ils veulent conserver le contact et le soutien des masses populaires.

    Cela-dit il ne faudrait pas tirer de l’exemple de la République de Weimar des leçons extrêmes, le fait est qu’une fois un régime de partis a finit par être détruit par le fait que ses ennemis sont devenus ensemble plus nombreux que ses partisans. Mais au bout du compte nous avons connu au moins une autre circonstance où cette même coalition des extrêmes aurait pu obtenir une majorité et où il a suffi, pour tromper ses espérances, dissiper ses illusions, ou détruire ses grandes ambitions d’une simple modification de la loi électorale qui décrétant que les partis du milieu avaient le droit de s’entendre et ainsi obtenir un peu plus de députés que la proportionnalité ne leur en donnait le droit, il a suffit de ce truc parlementaire et constitutionnel élémentaire pour substituer à une majorité de coalition d’ennemis une majorité de partisans…

    Ce qui prouve que les régimes constitutionnels pluralistes ont des moyens de se défendre et ce ne sont pas d’ailleurs nécessairement les meilleurs de ces régimes qui se défendent le mieux !

    Grandeur et décadence de la démocratie, le gouvernement français actuel qui ne dispose que d’une majorité relative au parlement ferait bien de méditer cette analyse.

  • SOLLERS Philippe, ‘Une curieuse solitude’.

    Sortie : 1958, Chez : Editions du Seuil.

    Premier roman de Philippe Sollers, « Une curieuse solitude » a été écrit alors que l’auteur né en 1936 avait 21 ans, et c’est probablement le plus grand mérite de ce court récit narrant comment l’adolescent qu’il était fut « déniaisé » par une employée espagnole qui servait dans la grand maison familiale où il passait ses vacances.

    A mi-chemin entre concours d’éloquence et déluge de mots qui se bousculent inutilement, ce livre relève un peu de l’exercice de style autocentré. Car c’est d’abord de Sollers qu’il s’agit, de lui et de personne d’autre. Il est vrai qu’il jongle avec le langage tel un funambule sur son fil pour finalement conclure que l’amour découvert et le désir accompli ne vous retient jamais de retourner à une bienheureuse solitude, seule gage de créativité pour l’écrivain.

    Aragon en son temps encensa ce premier livre :

    « Le destin d’écrire est devant lui, comme une admirable prairie. A d’autres, de préjuger de l’avenir, de donner des conseils. Pour moi, j’aime à me contenter d’admirer. Cette fois au moins. »

    Louis Aragon

    Aragon ne s’était pas trompé en annonçant l’écrivain, il avait sous-estimé l’intellectuel rigolard et pétillant qui, de Marx à Mao, de Lacan à Foucault, de Bordeaux au Café de Flore, a parcouru avec délectation tous les chemins empruntés par l’intelligence française, jusqu’à renier Mai 68 et ses engagements libertaires. Philosophe, éditeur, écrivain, il n’aime rien tant que s’écouter parler, mais avec un fascinant brio. « Une curieuse solitude » est annonciateur de ce destin.

    https://youtu.be/PU-8L0dTvR4
  • DEBRé François, ‘Trente ans avec sursis’.

    Sortie : 1998, Chez : Editions Denoël.

    François Debré (1942-2020), fils de Michel Debré (premier ministre du général de Gaulle et rédacteur de la constitution de la Vème République), est un journaliste récipiendaire du prix Albert Londres en 1977 pour son essai sur la Khmers rouges qui a couvert nombre des grands conflits du XXème siècle, du Biafra à l’Asie du Sud-est en passant par le Moyen-Orient. Sa fréquentation de ces lieux et périodes troubles l’a aussi fait sombrer dans la drogue (opium puis héroïne) dont il ne s’est jamais vraiment sorti même s’il a su éviter une issue fatale puisqu’il est mort à 78 ans.

    « Trente ans avec sursis » est en fait un roman largement autobiographique et le personnage principal, Bertrand, vit les différentes étapes vers la déchéance que François Debré a lui-même endurées. Quelques chapitres sont consacrés à des moments de journalisme de guerre pour situer le décor et le personnage, mais l’essentiel narre la descente dans l’enfer de la dépendance où il entraîna également sa femme qui, elle, en mourra prématurément, drame dont il ne se remettra jamais.

    Hospitalisé durant plus d’un an à l’hôpital psychiatrique parisien de Sainte-Anne il décrit cette attirance morbide pour la drogue et la dépression, sa culpabilité d’inquiéter les siens et surtout ses deux filles, l’absence irréparable de sa femme aimée à la folie, la fréquentation des autres malades soignés ou enfermés dans cet établissement, et puis, sorti de l’hôpital, le retour au monde glauque des dealers et des interpellations par la police. Bref, la vie « ordinaire » d’un drogué qui malgré son nom et son milieu n’a pas réussi à s’extraire de la dépendance.

    Le style de ce roman-vérité est simple et factuel, mais aussi terrifiant sur le niveau de déchéance auquel ces produits stupéfiants peuvent mener. François Debré y raconte avec délicatesse et fatalisme sa longue errance de la guerre du Biafra aux illusions des paradis artificiels. On pressent qu’il écrit ce livre non pas pour se justifier ou pour convaincre, mais pour expliquer sa vérité à ses deux filles et à ses proches. C’est émouvant à ce titre mais terrifiant quant au pouvoir d’attraction de ces drogues sur ceux qui s’y abandonnent, quelques soient leurs origines et modes de vie.

  • Comment maintenir l’ordre face à des minorités qui n’en veulent pas ?

    Comment maintenir l’ordre face à des minorités qui n’en veulent pas ?

    Le départ à la retraite du préfet de police de Paris Didier Lallement n’a pas provoqué beaucoup de réactions de regret ni à gauche qui le considérait comme un réactionnaire, ni à droite qui a estimé qu’il avait échoué dans sa mission de maintien de l’ordre. Au-delà de ces imprécations de circonstance dont le monde politique français est coutumier, ce préfet a mis en place durant son service un changement de doctrine du maintien de l’ordre significatif dont les effets ont été mitigés, non pas tant du fait de la nouvelle doctrine elle-même que par la crainte qu’elle a provoquée chez les dirigeants politiques, patrons de M. Lallement.

    La doctrine essayée fut celle du « contact » qui remplaçait celle de la « distance ». En français dans le texte cela signifiait qu’on « rentre dans le tas », au risque de faire des blessés et des morts, plutôt que de chercher à contenir « à distance » les débordements de manifestants ou délinquants en évitant de les affronter en direct pour éviter les dommages sur les personnes.

    On a vu lors des émeutes dîtes des « gilets jaunes » en 2019 et 2020 les forces de l’ordre user de tirs de balles en caoutchouc (Lanceur de balles de défense – LBD) ou de grenades de désencerclement contre les émeutiers, casseurs et militants politiques violents dont certains ont été gravement blessés. Bien entendu certains des blessés ont pu n’être que de « pacifiques manifestants » qui ne méritaient pas un tel traitement. Assez rapidement, devant l’étendue des réactions et les débats sans fin sur les « violence policières » le pouvoir politique a pris peur et restreint l’utilisation de ces armes défensives par les forces de l’ordre malgré la poursuite des attaques déchaînées contre la police et les dégradations importantes de bâtiments publics et privés.

    Le débat se poursuit aujourd’hui avec le cas des rodéos urbains au cours desquels des gamins paradent en pleine ville sur la roue arrière de leurs motocross. Il y a régulièrement des morts et des blessés, parmi les conducteurs qui roulent bien entendu sans casque mais en casquette sur des deux-roues souvent volés et pas toujours titulaires d’un permis de conduire, mais aussi parmi les piétons qui sont régulièrement percutés par ces pieds-nickelés. La nuisance provoquée par ces rodéos est importante et leur bilan souvent dramatique. Les forces de l’ordre sont assez impuissantes à y mettre fin car elles ont pour instruction de ne pas intervenir directement par crainte de blesser les conducteurs lors de leur éventuelle interpellation au cœur de l’action. On apprend que la police britannique, elle, est autorisée au « contact tactique » contre les motos refusant de s’arrêter. Des vidéos officielles impressionnantes existent qui montrent des voitures de police britanniques percuter des motards et les faire chuter afin de les arrêter. C’est assez efficace à court terme mais on n’est pas encore bien sûr que cette tactique décourage véritablement les délinquants en deux roues.

    En réalité, stratégie du contact ou de la distance, le pouvoir politique est confronté à un problème de société jusqu’ici insoluble : l’ensauvagement d’une partie de la population qui ne craint plus grand-chose et certainement pas l’ordre policier ni judiciaire. Des émeutiers aux trafiquants en tous genres, ils affrontent, provoquent et manipulent à leur profit l’Etat de droit qui n’a pas su ou pas voulu satisfaire leurs exigences. Ils n’ont plus peur de rien et poursuivent leur délinquance sans trop d’obstacles réels. Le pouvoir politique n’est certainement pas l’unique responsable de l’émergence de ces populations sans foi ni loi comme on cherche trop souvent à l’en accuser au Café du commerce et sur les plateaux télévisés. La perte d’autorité et la dégradation de l’éducation parentales sont aussi à mettre en cause. Ce mouvement de décadence du pays semble malheureusement une tendance lourde qu’aucun pouvoir de gauche comme de droite n’arrive à inverser pour le moment. Tous sont à la recherche de la solution miracle qui reste à conceptualiser et mettre en œuvre. Vaste tâche !

  • Vous n’aimez pas l’inflation ? Mangez du poisson !

    Vous n’aimez pas l’inflation ? Mangez du poisson !

    Alors que l’inflation refait son apparition en Europe, on constate que nombre de produits alimentaires restent encore abordables. C’est le cas de certains poissons qui sont en-dessous de 10 EUR/kg soit largement moins que la viande de bœuf ou de veau par exemple, et comparables au poulet ou au porc. Certes, il y a la tête et les arrêtes qui, une fois enlevées, augmentent un peu le prix du kilo consommable, mais le poisson reste très compétitif et, en plus, excellent pour la santé.

    Le temps des arbitrages est venu, pourquoi ne pas passer du steak de bœuf aux sardines grillées pour préserver son pouvoir d’achat ?