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  • Une présidence finalement… normale

    Voici bientôt cinq ans que les électeurs français ont élu un jeune président qui promettait monts et merveilles au pays et, surtout, de mettre fin au « monde d’avant », celui des compromissions politiques, des partis à organisation idéologique et verticale, des réformes ensuquées dans l’immobilisme national, des déficits budgétaires incontrôlés, des prébendes et du clientélisme. Ce qui n’empêchait pas ce candidat président d’un genre nouveau de parader en maillot de bain en couverture de Paris-Match, quelques mois avant l’élection de mai 2017. Les vieilles méthodes présentaient encore quelques avantages car en France si on ne paraît pas en maillot de bain dans Paris-Match on a peu de chances d’être élu président.

    Presque cinq années plus tard le bilan est mitigé et les grands espoirs de changement dans les comportements politiques se sont envolés, comme le déficit des finances publiques. Certes la crise sanitaire est passée par là, mettant un terme à l’emblématique réforme des retraites qui devait marquer le quinquennat, et à bien d’autres dans la foulée, mais après une première année sur les chapeaux de roue marquée par une réforme de la SNCF les premiers ennuis sont arrivés pour l’équipe au pouvoir qui a ressorti les vieilles recettes de la distribution d’argent pour calmer les colères des « gaulois réfractaires ».

    Cela a commencé avec les émeutiers, dits « gilets jaunes », fin 2018 en faveur de qui les contribuables ont été mis à contribution pour quelques milliards d’euros et cela a continué dans des proportions bien plus catastrophiques avec l’apparition de la pandémie de Covid-19 début 2020 contre laquelle la France a, bien entendu, dépensé plus d’argent par habitant que les autres pays. Et cela est en train de se terminer avec la distribution à tout va propre à toutes campagne présidentielle car ce président « nouveau monde » va très probablement essayer de rempiler pour cinq années supplémentaires.

    Les normes de bonne gestion budgétaire européennes qui ont été provisoirement assouplies le temps de passer la crise sanitaire, ont vocation à être rétablies sous peu. La France, qui déjà ne les respectait pas avant leur levée, ayant gouté au plaisir de dépenser sans contrainte, est en train de manœuvrer pour faire dégrader ces normes de bonne gestion budgétaire. Notre président « nouveau monde » s’est fait rattraper par les mauvaises habitudes du pays. Il n’aura pas particulièrement démérité mais il aura agi comme les autres, peut-être avec en plus l’énergie de sa belle jeunesse et pas encore tout le cynisme égocentrique de ses prédécesseurs, mais cela n’aura pas duré très longtemps. La meilleure illustration de cette dérive est celle de l’évolution du déficit budgétaire français en points de la production nationale :

    la trajectoire d’un président qui croyait être différent !

  • « Le monde de Steve McCurry » au musée Maillol

    Steve McCurry est ce photographe américain qui s’est rendu mondialement célèbre pour avoir pris, dans les années 1980, et diffusé cette photo d’une jeune femme afghane aux yeux verts. McCurry a pris bien d’autres photos dont 150 sont exposées en grand format au musée Maillol. Elle avait une quinzaine d’années à l’époque et, 35 ans plus tard, elle vient d’être accueillie en exil en Italie pour fuir le retour du pouvoir taliban, après avoir déjà fui au Pakistan ce même régime au début des années 2000. L’exposition montre le portrait initial en face du portrait récent, le temps à passé mais les talibans sont revenus aux commandes.

    Outre cette femme aux yeux si fascinants, on suit les pérégrinations de McCurry à travers la planète et son intérêt pour les portraits. Il arrive à capter des trognes incroyables que son sens des couleurs met magnifiquement en valeur. L’audioguide nous apprend que ces clichés sont, le plus souvent, le résultat d’un long travail, sauf pour notre afghane iconique qu’il n’a prise que deux ou trois fois dans une salle de classe.

    L’exposition ne parle pas d’une polémique qui a été déclenchée dans les années 2010 accusant McCurry d’avoir retouché certaines de ses photos, pratique contraire à l’éthique du photojournalisme. Qu’importe, ces photos sont de véritables œuvres d’art et, finalement, McCurry s’est qualifié de « conteur visuel, pas [de] photojournaliste », et c’est très bien ainsi.

  • « Fallait pas le dire » de Salomé Lelouch

    Une pièce de théâtre légère et amusante, ou les discussions d’un couple sur les petits sujets qui agitent notre société : l’indépendance financière des femmes, l’écologie, le « non-binarisme », l’homosexualité, la GPA, le consentement, et bien d’autres. La pièce est composée de petits sketches qui passent plutôt bien, joués sur le modèle « Café du commerce ». Elle est écrite par Salomé Lelouch, la fille qu’Evelyne Bouix a eu avec le réalisateur Claude Lelouch et qui a été élevée par le couple (sur scène comme à la ville) qu’elle compose avec Pierre Arditi. Une plaisante affaire de famille donc !

  • Mayotte : 101ème département français à la dérive

    1974 : indépendance des Comores, auparavant territoire français, mais partition de Mayotte qui décide de rester française, option rendue possible grâce à une manipulation juridique du référendum d’indépendance.

    2010, pour des motifs restés mystérieux à ce jour, la République française propos à la collectivité territoriale de Mayotte, dotée d’une autonomie administrative et financière, de devenir département français avec tous les droits et devoirs d’un département français. Le résultat fut bien entendu pour la départementalisation à plus de 95%.

    Depuis c’est un désastre à tous égards : des milliers de morts migrants comoriens cherchant à rallier « la France » sur des canots de fortune (les kwassa-kwassa) dans le canal du Mozambique, une immigration hors de contrôle sur l’île, une violence démesurée, une pauvreté endémique, une croissance démographique exponentielle, une faillite financière et, toujours, la demande de l’Organisation des Nations-Unis à la France d’entamer le processus de décolonisation de Mayotte avec les Comores.

    2022 : dernier avatar de cette Bérézina socio-institutionnelle, le conseil départemental mahorais vient de rejeter à l’unanimité un projet de loi qui devait marquer le 10ème anniversaire de la départementalisation. Ce projet prévoyait différents chapitres : I – la lutte contre l’immigration irrégulière, II – la convergence des droits sociaux, III – un programme d’investissements nécessaire au développement du territoire. Tout ceci a été repoussé par les élus locaux sur le thème : pas assez de sous !

    Il n’y aura donc pas de loi du Xème anniversaire à court terme et la chute va continuer.

  • BELLOW Saul, ‘Herzog’.

    Sortie : 1966, Chez : Editions Gallimard / Folio 708 & 709.

    Saul Bellow (1915-2005), prix Nobel de littérature 1976, écrivain juif et fils d’exilés russes, raconte dans ce roman de deux volumes les pérégrinations amoureuses et familiales de Moses Herzog dans les années 1960, entre New-York, Chicago et les montagnes du Berkshire. Herzog est professeur de littérature et de philosophie, publie des ouvrages, dont « Romantisme et Christianisme » et, surtout, se laisse envahir par les femmes de sa vie.

    Il y a évidemment de l’autobiographique dans « Herzog » mais aussi, précise l’auteur, « beaucoup d’invention ». Néanmoins, Bellow fut enseignant et écrivain, et affronta des divorces successifs. On retrouve dans le roman cette écriture typiquement juive centrée sur ce personnage décrivant ses malheurs avec humour et autodérision. On se croirait dans un film de Woody Allen.

    Moses, la quarantaine, séduit des jeunes femmes, parfois ses élèves, et se fait quitter avec fracas. La dernière en date, Madeleine, dont il a une fille, le trompe avec son meilleur ami, demande le divorce et le laisse en plein chaos mental. Il y a bien sûr un psychanalyste dans le tableau, un avocat, un médecin, tous juifs, ponctuant leurs dialogues de mots et de phrases en yiddish :

    « In drerd aufn deck [Au bord de nulle part. Sur le toit de l’Enfer]. »

    Tout ce petit monde est nombriliste, tourné sur lui-même. On se lamente, on s’analyse, on se tâte. Les relations parents-enfants sont compliquées mais l’attachement familial est sacré. En famille, on se plaint, on déplore, on regrette, on se raconte. Pour ne pas sombrer dans la folie Herzog écrit des petits billets pour jalonner ses pensées ou pour des destinataires à qui il ne les expédie jamais (Dieu, le général Eisenhower, son meilleur ami et rival, Madeleine…) mais qui lui permettent d’exprimer ses élucubrations diverses. Malgré son pessimisme et ses échecs féminins, Herzog reste un incorrigible séducteur et ce roman foisonnant se termine sur l’image du héros préparant le dîner pour Ramona, sa nouvelle conquête, dans sa maison des Berkshires…

    Ce magnifique roman est dense, douloureux et drôle. Le parti-pris rédactionnel de ces billets parsemés tout au long du récit ajoute un brin de folie dans la narration des mésaventures de Moses. La complexité de l’histoire de cet homme est aussi le fruit de la richesse de l’esprit de Bellow, un grand écrivain !

  • Le Mali toujours en haut de l’affiche africaine

    Les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) viennent de condamner le Mali à différentes sanctions pour non-respect du calendrier de retour à la démocratie auquel s’étaient engagés les satrapes-galonnés qui ont pris le pouvoir à Bamako et qui devaient y organiser des élections « démocratiques ». Les sanctions sont si disproportionnées qu’il est hautement probable qu’elles seront rapidement levées, ou, plus simplement, non appliquées faute de moyens pour le faire et de volonté politique à l’encontre d’un « pays frère ». Il s’agit en effet, entre autres, de la fermeture des frontières, du gel des avoirs du pays auprès de la banque centrale régionale, de la suspension des transactions commerciales et financières entre la communauté et le Mali… Le communiqué officiel des précise :

    Ces sanctions ont été prises pour faciliter le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, nécessaire pour la paix, la stabilité et la croissance. En excluant les biens et services essentiels de base, les sanctions ont été conçues pour éviter un impact sur les populations.

    https://www.ecowas.int/wp-content/uploads/2022/01/Final-Communique-ECOWAS-Summit-on-Mali-220109-Fr.pdf

    Voir des pays comme la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sierra-Leone ou le Nigeria donner des leçons de démocratie au Mali ne manque en tout cas pas d’ironie.

    Evidemment le président de la République française s’est empressé de faire une déclaration pour soutenir la mise en œuvre de ces sanctions et a ainsi encore perdu une bonne occasion de se taire. La France, ancienne puissance coloniale du Mali ne devrait pas se mêler de ce qui se passe dans ce pays et qui ne la regarde plus. Le mieux est de laisser faire les choses et le pays rallier son destin. Que celui-ci se déroule sous l’empire d’une junte militaire dépenaillée ou d’un régime civil affichant les oripeaux de la démocratie ne changera pas grand-chose. Tout ce que pourra dire ou faire la France sera malvenu, rejeté par la population locale et donc inopportun.

  • L’Aquarium de Paris

    En plein cœur de la capitale, dans les jardins du Trocadéro, l’Aquarium de Paris permet aux petits enfants parisiens de se rendre compte que les poissons dans l’océan ne se présentent pas en pavés panés sortant d’une barquette surgelée Findus. On y voit toutes sortes de poissons, petits et gros, de rochers et de grands fonds, des crustacés, des méduses aux formes variées et, clou du spectacle, un grand bassin où évoluent des (petits) requins, requins gris, requins à pointes noires, requins chabots à taches blanches, requins zèbres, etc.

    Un beau spectacle pour la jeunesse qu’elle pourra magnifier en visitant l’aquarium de Brest, d’une autre dimension.

  • Les « amis » en politique

    Claude Guéant, préfet à la retraite, ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy ministre de l’intérieur, ancien secrétaire général de la présidence de la République au temps de Nicolas Sarkozy président de la République, puis ministre de l’intérieur au sein du gouvernement du même Sarkozy, Claude Guéant donc, a été condamné en 2017 à deux années de prison avec sursis pour détournement de fonds publics plus quelques autres broutilles. Le garçon prélevait pour ses besoins personnels une partie des fonds en liquide délivrés au ministère de l’intérieur pour régler les « frais d’enquête des policiers ».

    L’affaire a été confirmée en appel, et un pourvoi en cassation a été rejeté en 2019. La peine est aggravée à deux ans de prison dont un an ferme, La condamnation est donc définitive. Il exécutait sa peine d’un an de prison ferme à domicile. Tous les « amis » de Claude Guéant se sont alors prudemment éloignés et il ne s’en est trouvé aucun pour le défendre. On peut penser qu’il n’y en a pas eu beaucoup non plus pour lui passer un coup de fil de temps en temps pour savoir comment il allait…

    Outre sa peine de prison, Claude Guéant a été condamné à une amende financière qu’il ne paye pas, ou pas suffisamment rapidement. La dette serait de l’ordre de 300 000 EUR. On ne sait pas bien si Guéant fait preuve de mauvaise volonté pour s’acquitter de ce qu’il doit aux contribuables ou s’il est vraiment en difficultés financières malgré sa retraite de haut-fonctionnaire et sûrement quelques à-côtés. Ses avocats ont expliqué, notamment, qu’il avait dû aider ses enfants…

    Le juge a donc décidé en décembre dernier de révoquer sa liberté conditionnelle et de l’embastiller, ce qui fut fait avant Noël. La vie politique est rude, on le sait, mais que Guéant n’ait pas trouvé un seul de ses « amis » pour lui prêter 100 000 EUR à verser à la justice pour la faire patienter et lui éviter la prison à Noël confirme le degré d’ingratitude de ce milieu. Même repris de justice, Claude Guéant a tout de même rendu des services à la République et à la politique, un peu de reconnaissance de quelques barons du parti conservateur (ex-UMP) n’aurait fait de mal à personne surtout qu’une telle somme de représente pas grand-chose pour nombre d’entre eux.

    Finalement, sans doute une bonne âme a estimé que le monde politique n’avait pas à être aussi brutal à l’encontre d’un de ses serviteurs et un prêteur a avancé la somme nécessaire au remboursement de la totalité de la dette de Claude Guéant, soit un peu moins de 300 000 EUR. Cette dette aurait été acquittée avant le 31 décembre. Le juge d’application des peines doit examiner dans les quatre mois s’il y a lieu d’envisager une nouvelle peine de substitution à la prison. En attendant, Claude Guéant dort toujours en prison, triste retraite !

  • Sandinista !

    1980 – le quatrième album des Clash

    Les plus anciens se souviennent des années 1960/1970 de lutte du Front sandiniste[1] de libération nationale contre la dynastie Somoza de dictateurs au Nicaragua se présentant comme anticommunistes. Nous étions en pleine guerre froide, les Etats-Unis d’Amérique s’opposaient à tous les mouvements révolutionnaires qui tentaient de s’implanter en Amérique latine sur le modèle de Cuba, au besoin en soutenant financièrement et militairement des satrapes, galonnés ou pas.

    On a ainsi vu la mise en place de régimes sinistres et violents, en Argentine, au Chili, au Nicaragua et dans toute la région. Autre époque, il fallait choisir son camp et la démocratie était peu compatible avec la lutte contre le marxisme. Aujourd’hui, la plupart de ces pays sont revenus vers des régimes plus démocratiques mais il reste quelques abcès de fixation comme le Venezuela ou le Nicaragua.

    Fin 1979 Anastasio Somoza quitte le pays pour se réfugier d’abord à Miami puis au Paraguay où il sera assassiné un an plus tard par un commando nicaraguayen. Les Clash sortaient en 1980 leur légendaire triple album « Sandinista » en soutien à la cause.

    Daniel Ortega, l’un des leaders du mouvement sandiniste prend le pouvoir après la fuite du dictateur et met en place un système inspiré de la révolution cubaine. Les Etats-Unis de leur côté agissent en sous-main pour couler ce régime par des moyens plus ou moins légaux. On se souvient de « l’Irangate » dévoilé en 1986 qui montra comment Washington vendit illégalement des armes à l’Iran (son ennemi intime) dont le produit servit à financer les « contras », mouvements de guérillas antisandinistes, ou du trafic de cocaïne institutionalisé par la CIA toujours pour financer la contrerévolution sans passer par le parlement américain qui s’y serait a priori opposé. Les Etats-Unis avaient aussi miné les ports du Nicaragua pour en bloquer les exportations.

    Puis les choses s’apaisèrent dans les années 2000 et suivantes au cours desquelles le pays progressa au niveau économique. Mais 40 ans plus tard, Daniel Ortega, 76 ans, est toujours dans l’arène politique et vient de se faire réélire président de la République en novembre 2021 pour la énième fois. Il connut des vicissitudes au cours de toutes ces années, rentra dans l’opposition, mena des alliances improbables avec des libéraux, des coopérations avec les antioccidentaux de la planète (Yasser Arafat, Vladimir Poutine, Mouammar Kadhafi, les Castro et bien d’autres), fut élu président, continua à exercer un pouvoir en sous-main lorsqu’il ne l’était plus, modifia la constitution en sa faveur, emprisonna puis libéra ses opposants et, toujours, il réussit à survivre politiquement ; un exploit quand on mesure les adversaires auxquels il s’est frotté !

    Son épouse est vice-présidente, c’est plus simple ainsi. Elle est poétesse, un peu voyante et envahit les médias locaux tous les jours avec sa communication pro-sandiniste. D’une dictature à l’autre, on peut dire que les Ortega sont plus malins que les Somoza pour rester au pouvoir. Le pays quant à lui, survit !


    [1] En référence au général Sandino qui s’était révolté, déjà, dans les années 1910 contre la présence permanente de troupes américaines au Nicaragua et la mainmise des banques et entreprises américaines sur l’économie locale.

  • « Twist à Bamako » de Robert Guédiguian

    « Twist à Bamako » de Robert Guédiguian

    On pensait Guédiguian plus concerné par Marseille que par l’Afrique, ce joli film montre le contraire. Il semble que l’idée lui en soit venu après avoir visionné les photos du malien Malik Sidibé. Les accointances politiques du réalisateur (il a adhéré au parti communiste français en 1968, à 14 ans, avant de rendre sa carte en 1979 après l’abandon du « programme commun ») ont sans doute fait le reste pour décrire les illusions perdues d’un pays qui s’est cru socialiste après avoir été indépendant en 1962.

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    Le film suit les pérégrinations de Samba, jeune militant parcourant le pays et ses traditions pour convaincre les citoyens des bienfaits du socialisme. Il a du mal à convaincre mais il rencontre Lara dans un village, dont il tombe amoureux. Comme le socialisme se heurte aux résistances des comportements, leur amour se frotte à des traditions paternalistes ancestrales. Les deux échoueront face à l’inertie et l’immobilisme. Les dernières minutes du film évoquent le pays 50 ans plus tard, en 2012, sous le joug terrible du pouvoir islamiste. Il est dur de changer les choses en Afrique !

  • La Guadeloupe toujours à la pointe de son combat contre la politique sanitaire de « l’Etat colonial »

    La violence perdure en Guadeloupe où les syndicats anti-passe, antivaccin, en réalité, antitout ce qui vient de la métropole, exceptés les transferts financiers, après avoir occupé le Conseil régional fin décembre, continue à manifester, bloquer, brûler et soutenir mordicus les personnels de santé refusant d’appliquer la loi nationale leur imposant de se faire vacciner contre la Covid-19. Dans le même temps, le département est sévèrement touché par la pandémie compte tenu, notamment, du faible taux moyen de vaccination de la population. L’application de cette loi nationale dont ils exigent l’annulation pour la Guadeloupe a d’ailleurs été reportée pour les DOM au 31 décembre contre le 15 septembre dans le reste du pays. Cela veut dire que les contrats de travails des personnels de santé récalcitrants n’ont pas été suspendus, sans salaire, comme en métropole. Mais le 31 décembre étant maintenant passé, la lutte continue !

    Appel UGTG à manifester le 08/02/2022

    Pour fêter la nouvelle année, les manifestants ont assiégé le centre hospitalier-universitaire de Pointe-à-Pitre ce 4 janvier et séquestré le directeur et son adjoint, qui reçoivent régulièrement des menaces de mort et ont dû être exfiltrés par la police sous les huées, et les coups et jets d’urine des manifestants. Des suites judiciaires sont en cours. Une nouvelle manifestation est programmée ce samedi, en plus des blocages et dégradations permanents. Les contestataires savent qu’ils ont toutes les chances d’obtenir satisfaction tant leur capacité de nuisance est notable et la mollesse de l’Etat est incitatrice.

    La solution pour un futur apaisé s’appelle toujours l’indépendance avec pension alimentaire !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/11/la-guadeloupe-en-feu-encore/

  • CHARLIE HEBDO, ‘Charlie Hebdo – 50 ans de liberté d’expression’.

    Sortie : 2020, Chez : Editions Les Echappés.

    50 années de dessins et de chroniques de la rédaction de Charlie Hebdo, depuis la censure de Hara-Kiri en 1970, le célèbre « Bal tragique à Colombey – 1 mort » jusqu’aux conséquences de l’exécution de huit journalistes et quatre autres personnes par des terroristes islamiques en 2015. On y retrouve les mots hilarants de Cavanna posés sur des analyses intelligentes de notre société, les dessins désopilants des années 1980 et suivantes de Wolinsky, Reiser, Willem, Cabu… illustrant les effets d’une censure étatique qui n’était tout de même pas très rigide si l’on en juge ce retour sur l’histoire de Charlie. Bien sûr il y eut de multiples procès, souvent gagnés par l’hebdomadaire, et dont les déroulements sont narrés de façon désopilante dans les colonnes du journal, il y eut des incertitudes financières, et 2015 vit ce sidérant massacre de douze personnes du journal, mais Charlie Hebdo est toujours là tous les mercredis dans nos kiosques.

    La rétrospective nous emmène jusqu’à 2017 en publiant dessins et chroniques des survivants post massacre de 2015, y compris des reportages sur des publications ou communiqués de personnes qui ne s’affichèrent pas « Charlie », sur le thème « ils l’ont bien un peu cherché », intellectuels ou citoyens sur les marchés… Le courage et la persévérance insensés d’une bande de journalistes et de dessinateurs gaulois ont jusqu’ici été plus forts que l’obscurantisme qui nous cerne. En fait ce livre anniversaire, 330 pages grand format et en couleur, retrace la chronique de la bêtise humaine et l’on s’aperçoit que celle des ploucs, qui plus est lorsqu’ils sont religieux, est bien plus redoutable et meurtrière que celle d’un Etat démocratique. Evidemment le style Charlie heurte les coincés, c’est d’ailleurs son objectif, mais pour ceux qui le sont moins, qu’est-ce que c’est drôle !

    Alors ne nous privons pas de notre dose de rire tous les mercredis avec en plus, Le Canard Enchaîné, le journal satirique frère. Tous deux sont les meilleurs chroniqueurs de la comédie humaine de nos jours.

  • « La panthère des neiges » de Marie Amiguet et Vincent Munier

    A la suite du récit éponyme de Sylvain Tesson, ce film documentaire retrace les jours et les nuits d’affût de Vincent Munier et Sylvain Tesson dans les montagnes du Tibet, à la poursuite de cette panthère des neiges mythique et fuyante, mais que l’on verra tout de même quelques minutes à la fin du film.

    Munier et Marie Angelet sont des cinéastes animaliers de talent qui ont donné ici un film méditatif sur ce monde animal secret qui continue à prospérer dans la beauté dans d’un monde perdu, resté pour l’instant à l’abri de la dévastation humaine. La voix off de Tesson commente, la musique est de Warren Ellis et Nick Cave chante quelques couplets. On aurait pu apprécier plus de musique et moins de commentaires…

  • Cyril Hanouna : 6 millions de followers

    https://twitter.com/Cyrilhanouna/status/1477728120631345156

    Pour ceux qui aurait manqué les vœux de Cyril Hanouna, il est vivement recommandé de se rattraper en cliquant sur https://twitter.com/Cyrilhanouna/status/1477728120631345156. On y voit (et entend) un pote d’Hanouna émettre un rot sonore au milieu de la vidéo, Hanouna épiloguer sur cette éructation avant de nous parler des deux boutons qui le défigurent mais qui sont en voie de résorption, heureusement.

    Rappelons que Cyril Hanouna est un animateur de télévision qui a près de 6 millions d’abonnés à son compte Twitter (celui où l’on voit son message de bonne année), qu’il sévit, notamment, sur C8, l’une des chaines télévisées appartenant au groupe Bolloré et avec laquelle il réunit des records d’audience pour ses émissions journalières dont la qualité et l’intérêt sont assez proches de celles de son message de vœux 2022.

    Regardons ce message une nouvelle fois et l’on comprendra mieux la décadence de notre vieux pays !

  • Vers toujours plus d’abrutissement…

    On croyait avoir touché le fond avec les comportements des supporters du fouteballe qui envahissent les pelouses de stades, balancent des bouteilles sur les joueurs, inondent les réseaux dits « sociaux » de messages consternants, se battent entre eux ou contre les forces de l’ordre… mais nous avons désormais les citoyens qui contestent la politique sanitaire menée actuellement contre la Covid-19 dont les actions relèguent celles de leurs collègues actifs dans les stades loin derrière eux !

    Ces délicats personnages ont récemment tagués « ANTI-PASS » sur le monument du Mont Valérien, en marquant bien les deux « S » finaux façon nazie :

    Pour les plus jeunes, rappelons que le Mont Valérien est une forteresse militaire près de Paris à Suresnes, haut lieu de la mémoire française, qui a été utilisée par l’occupant allemand durant la seconde guerre mondiale pour y fusiller des résistants. A la libération, le Général de Gaulle décida d’y faire ériger le mémorial de la France combattante. Dix-sept combattants représentatifs de la résistance y sont enterrés. On mesure ainsi la subtilité des grapheurs à y inscrire leurs insanités en caractères nazis… Les « anti-passe » sévissent par ailleurs en dévastant des permanences électorales et les domiciles privés d’élus votant pour la politique sanitaire du gouvernement ou en les menaçant de mort sur les réseaux dits « sociaux ».

    C’est une régression inquiétante de l’intelligence, un effondrement moral. Comment pourrait-il en être autrement dans un Etat qui préfère utiliser les impôts de ses contribuables pour organiser des jeux olympiques plutôt que de financer sa recherche fondamentale laissée à la générosité des citoyens participant au téléthon, une République qui octroie des légions d’honneur à des fouteballeurs, des affairistes ou des satrapes de circonstance, une nation où le compte Twitter de Cyril Hanouna a près de 6 millions d’abonnés, celui de Nabilla 3 millions… C’est tout le symbole d’une décadence librement consentie par une population en voie d’abrutissement général. Peut-être l’aboutissement final de toute démocratie…

  • Pulsion de vie d’un virus tueur

    La pandémie de Covid-19 apparut il y a deux ans maintenant début 2020 a fait plonger la planète dans l’incertitude, provoqué plusieurs millions de morts et gravement atteints plusieurs autres millions de malades. Les citoyens qui s’intéressent malgré eux à la virologie découvrent avec effarement la pulsion de vie de ce coronavirus qui, semble-t-il comme n’importe quel autre virus, évolue au fur et à mesure où les organismes humains dans lesquels ils s’insinuent développent naturellement, ou via le vaccin, les barrières pour se défendre.

    De nouveaux variants apparaissent régulièrement, soit plus nocifs, soit plus contagieux, soit les deux. Et l’on se demande comment un micro-organisme tel qu’un virus peut-il développer un comportement qui lui permet de muter pour contrer les défenses déployées contre lui ? On présuppose qu’il est nécessaire d’avoir quelques neurones pour être capable de s’adapter ainsi à l’ennemi mais c’est une erreur puisque même un agent infectieux microscopique peut le faire et vaincre son ennemi, c’est-à-dire nous les récepteurs.

    La science dépense des milliards d’euros pour financer des milliers de chercheurs qui déploient des trésors d’ingéniosité pour trouver la parade à ce virus qui jusqu’ici semble bien plus efficace que les humains dans sa pulsion de vie pour tuer. Voilà qui ouvre des abymes de réflexion…

  • « Ubuntu, un rêve lucide » au Palais de Tokyo

    Une exposition au Palais de Tokyo est par nature contemporaine, Ubuntu ne déroge pas à la règle et y ajoute une touche africaine. Des installations symbolisant le colonialisme, des photos du monde queer en péril au Nigeria, des montages-collages rappelant le parcours violent du Zimbabwe (ex-Rhodésie) vers l’indépendance, un film « A world of illusions, 2019 » projeté sur un grand écran blanc sur lequel évoluent des danseurs noirs dans une chorégraphie étrange mais esthétique pendant qu’une voix off récite en anglais un long texte où les mythes grecs et Frantz Fanon sont utilisés pour « déconstruire » la condition africaine. Narcisse, Œdipe, Antigone recyclés dans la défense de la cause LGBTQIA+ et de la condition Noire. La traduction française, en « écriture inclusive » bien sûr, est disponible à la sortie de la salle de projection.

    Voici en tout cas une exposition « décoloniale » et « non-binaire » ! Il n’est pas sûr que le personnel de sécurité du musée, en majorité « racialisé », surveillant les œuvres et installlations, n’y voit une grande avancée de sa condition.

    La présentation de cette exposition sur le site web du Palais de Tokyo nous apprend que « Ubuntu » veut dire quelque chose comme « Je suis parce que nous sommes ». Le visiteur geek sait surtout que « Ubuntu » est le nom commercial d’une des versions du logiciel libre Linux qui permet à tous d’exploiter un ordinateur et de communiquer sur Internet sans passer sous les fourches caudines, et onéreuses, des nouveaux monstres capitalistes de l’économie numérique, les « GAFAM » !

    Au sortir de ce choc culturel, le bobo peut aller se remettre au café italien-chic du Palais de Tokyo : Bambini.

  • « Signac collectionneur » au Musée d’Orsay

    Paul Signac – le port de Saint-Tropez

    Paul Signac (1863-1935), peintre et collectionneur, adepte du « pointillisme » (sport-painting en anglais), est exposé au Musée d’Orsay en compagnie des artistes contemporains qu’il a aimés et collectionnés : Seurat, Van Gogh, Degas, Monet, Cézanne… Habitué de Saint-Tropez et de la Provence où il se réside une partie de l’année, il y reçoit ses amis et, ensemble, ils s’inspirent des couleurs et des paysages ensoleillés du sud, s’influencent les uns les autres pour nourrir le mouvement « néo-impressionniste » de leurs œuvres.

    On apprend aussi en passant que, de tendance anarchiste-libertaire, Signac va s’éloigner de Degas qui était antidreyfusard. Il ira même jusqu’à revendre une œuvre de ce dernier pour marquer son opposition politique. Mais l’admiration artistique qu’il porte à Degas sera la plus forte, il tentera durant cinquante années de racheter ce dessin vendu trop vite sur un coup de tête…

    Sa curiosité de collectionneur infuse sa créativité de peintre. Cette exposition entremêlée, de ses toiles et de celles qu’il a acquises, le montre, pour le plus grand intérêt des visiteurs.

  • « The Card Counter” de Paul Schrader

    L’histoire troublante de Bill, un militaire américain impliqué dans les tortures dont l’armée s’est rendue coupable durant la guerre d’Irak, a été condamné à de la prison et s’est recyclé dans le jeux itinérant à travers les casinos américains. Hanté par ses souvenirs, il erre sur les routes, solitaire, pour fuir la culpabilité de ce à quoi il a participé. Il va y rencontrer un jeune étudiant à la dérive à la recherche de la vérité à la suite du suicide de son père qui a fréquenté le même terrain de bataille que Bill. Ils font un bout de la route ensemble à la recherche de leur rédemption.

    La musique, lancinante et crépusculaire, est de Robert Levon Been de l’excellent groupe américain Black Rebel Motorcycle Club.

  • « Maison natale Charles de Gaulle » à Lille

    Charles de Gaulle est né le 22/11/1890 dans la maison de ses grands-parents maternels à Lille désormais transformée en musée. On y découvre une demeure bourgeoise mais sans ostentation, des pièces aux dimensions modestes, meubles classiques, crucifix et images saintes à tous les étages, petit jardin où le futur général jouait aux petits soldats avec ses cousins. Il n’y avait pas l’eau courante à l’époque mais du personnel pour porter l’eau dans les ersatz de salles de bain.

    On ne sent pas encore la grandeur dans cette maison mais l’idée de l’éducation stricte et joyeuse d’un homme qui sera la France et restera sa vie durant attaché à cette région du Nord où il passera de nombreux moments de sa vie.