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  • PEYREFITTE Alain, ‘C’était de Gaule 3/3’.

    PEYREFITTE Alain, ‘C’était de Gaule 3/3’.

    Sortie : 2000, Chez : Editions de Fallois / Fayard.

    Voici le troisième et dernier tome du magistral récit écrit par Alain Peyrefitte sur sa collaboration avec le Général de Gaulle. Il s’agit ici des dernières années de pouvoir de 1966 à 1970, année où le Général est mort à Colombey-les-Deux-Eglises d’une rupture d’anévrisme sept mois après avoir quitté l’Elysée.

    Sous la plume agile de Peyrefitte on revient sur les grandes étapes que la France a franchi guidée par son président visionnaire. L’aboutissement de la force nucléaire, le passage de la bombe A et la bomber H, les grands défis industriels comme le supersonique Concorde, l’instauration de la participation en entreprise, la relance de la recherche et le soutien à la science, la sortie du commandement militaire de l’OTAN, la régionalisation, la relation avec le « Canada français », l’opposition à la guerre américaine au Vietnam et, bien sûr, les « évènements » de 1968 puisque c’est ainsi qu’est désignée la révolte étudiante, jusqu’à sa démission.

    Quelles que soient les fonctions gouvernementales qu’il occupait durant cette période, Alain Peyrefitte est resté en contact relativement étroit avec le président et a couché sur le papier le fruit des entretiens ou réunions auxquels il participait. « Il vous aimait bien » lui a dit Mme de Gaulle le jour des obsèques de son mari.

    On reste subjugué par la fulgurance de la pensée de ce grand chef telle que racontée par l’auteur. Sans doute Peyrefitte est-il dans l’admiration totale du personnage mais son honnêteté intellectuelle ne fait pas de doute et il revient en détail sur les possibles interrogations de De Gaulle lorsqu’il quitte secrètement la capitale en proie aux émeutes pour rallier le Général Massu, son compagnon d’armes, en garnison à Baden-Baden. La légende voudrait que Massu ait remonté le moral d’un Général déprimé pour le regonfler avant de le renvoyer « au front » à Paris. Peyrefitte défend la thèse que tout était organisé par le président qui déroulait une tactique sous son contrôle et qui voulait simplement s’assurer de la fidélité de l’armée pour gérer la situation au cas où il devrait faire appel à elle.

    Ce long récit est évidemment traversé des phrases chocs prononcées par de Gaulle lors des conseils des ministres sur différents sujets et dont il n’y a pas grand-chose à changer 50 ans plus tard. En voici un petit florilège.

    Sur l’économie monétaire (il était conseillé par Jacques Rueff sur le sujet), 12/01/1966

    « L’augmentation des salaires publics n’est pas incompatible avec la stabilité monétaire, à une condition : qu’elle soit en rapport avec la progression du revenu national. »

    Sur le système carcéral 02/03/1966

    « Un système trop libéral : des libérations conditionnelles dans réelles conditions. On libère à tort et à travers pour avoir des places – et c’est vrai pour les pires, comme on l’a vu avec ce repris de justice qui a assassiné un malheureux policier alors qu’il devait être en de purger sa peine. S’il n’y a pas assez de places dans les prisons, il faut en construire; »

    Sur l’Algérie 22/03/1966

    « L’Algérie est fragile. Les Algériens n’ont pas encore trouvé d’autre moyen d’exister que de nous haïr. Ce n’est pas une solution sûre pour l’avenir. »

    Sur la réunification de l’Allemagne 11/09/1966

    « Pour la France, il n’est pas acceptable que l’Allemagne ait la bombe atomique. D’ailleurs, il n’est pas non plus dans l’intérêt de la France qu’elle redevienne un Etat centralisé comme le Reich, ni qu’elle retrouve ses anciennes frontières, ni qu’elle soit réunifiée. Ca nous arrange qu’elle soit coupée en deux, qu’elle soit fédérée en onze Länder, qu’elle soit cantonnée dans les frontières de 1945, qu’elle n’ait qu’une armée conventionnelle. »

    Sur la souplesse de la Constitution septembre 1966

    « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. »

    Sur la non-prolifération du nucléaire 22/02/1967

    « L’affaire de la non-prolifération du nucléaire touche au fond des choses. Ou bien l’on désarme vraiment et pour tout le monde. Mais les Américains ne veulent pas. Ou bien on se borne à tenir les autres à l’écart de la course aux armements. Mais cela n’est plus que du chiqué et suscite des réactions. Pour nous, la question est celle du désarmement. Donc, nous ne nous mêlons pas de la concertation sur la non-prolifération. »

    Sur l’Allemagne 09/11/1966

    « La Guerre froide s’atténuant, l’Allemagne est à la dérive et, Adenauer disparu, la vérité apparaît aux Allemands. Il est à craindre que, faute de rechercher des arrangements avec les Russes, l’Allemagne reste en porte-à-faux. Mais Dieu sait où elle peut aller. Il faut donc rester en contact avec elle, l’orienter vers des voies pacifiques et veiller à ce qu’elle ne tourne pas mal. Mais en pareil cas, elle aurait beaucoup de monde contre elle ! »

    Sur la contraception (loi Neuwirth) 07/06/1967

    « Il ne faut pas faire payer les pilules par la Sécurité Sociale. Ce ne sont pas des remèdes ! Les Français veulent une plus grande liberté des mœurs. Nous n’allons quand même pas leur rembourser la bagatelle ! »

    Sur la relation à instaurer avec le Québec 11/09/1966

    « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle. La francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres. Le Québec doit être une pièce maîtresse de la francophonie. »

    Sur l’Education nationale 16/01/1968

    « J’ai horreur des sociologues, des psychologues, des psycho-sociologues et des psychopédagogues. Ce sont tous des fumistes ou des communistes. »

    Sur les nouveaux désirs du peuple 23/05/1968

    « Le désir général de participer, il se manifeste particulièrement dans la jeunesse. Et le désir d’améliorer la condition matérielle, il ne se manifeste pas spécialement chez les plus défavorisés, mais plutôt chez les cadres, qui naturellement entraîne les autres.
    Ainsi, tout le monde veut plus qu’il n’a. Et tout le monde « veut s’en mêler », « être consulté », « participer ». »

    Sur les émeutes de 1968, 27/05/1968

    « On a eu grand tort de laisser ces manifsestations se poursuivre et s’enchaîner. On a eu grand tort de libérer les quatre étudiants détenus. On a eu grand tort d’ouvrir la Sorbones aux émeutiers. S’il y a encore des fauteurs de troubles, il faut les mettre hors d’état de nuire. Je vous ai dit et je vous répète : il aurait fallu en ramasser 500 tous les soirs. »

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  • Un possible retournement de veste français qui surprend

    Un possible retournement de veste français qui surprend

    On apprend par un communiqué du 25/07/2024 du ministère des affairés étrangères de la République démocratique et populaire d’Algérie que la France s’apprêterait à changer de position concernant le dossier du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, revendiqué par le Maroc et dont la communauté internationale, par la voix des Nations Unies (ONU), prône depuis toujours l’autodétermination via l’organisation d’un référendum, la zone étant classée pour le moment en « territoire non autonome » par l’ONU.

    L’Algérie toujours opposé au Maroc, quelque soit le sujet, s’oppose bien entendu à la reconnaissance de toute « marocanité » du Sahara espagnole et soutient, y compris militairement, le Front Polisario qui revendique l’indépendance de ce (grand) bout de désert. Jusqu’ici la France soutenait la position internationale ce qui est bien le moins pour membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies ! Cela lui était amèrement reproché par l’Algérie comme par le Maroc. Ces dernières années, Rabat a emporté le soutien d’un certain nombre de pays en faveur de sa revendication, dont les Etats-Unis d’Amérique du président Trump, obtenu semble-t-il en échange d’une amélioration des relations entre le Maroc et Israël. C’est sans doute cette évolution qui pousse la France à envisager de retourner sa veste sur ce sujet sensible, sans parler de l’influence en ce sens du puissant lobby marocain en France. En tant qu’ancienne puissance coloniale de l’Algérie et « protectrice » du Maroc la France n’a que des coups à prendre dans cette affaire. La position de l’ONU était la seule incontestable car validée par les membres de l’organisation. Si, comme le soupçonne l’Algérie, Paris s’apprête à prendre parti pour l’un des belligérants, c’est l’annonce d’un déluge de difficultés et d’hystérie diplomatiques pour un avantage qu’on a du mal à estimer.

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    Mais ce qui reste toujours relativement surréaliste pour les citoyens français est, d’une part, comprendre de quels moyens de pression peut donc disposer le Royaume chérifien pour faire changer Paris d’avis en faveur de ses propres intérêts, et d’autre part, de constater combien Alger reste agressive, voire injurieuse, dans ses injonctions adressées à la France ! Une nouvelle fois l’ancien colonisateur devra boire le calice jusqu’à la lie…

    C’est aussi la confirmation qu’en aucun cas Paris ne devrait se mêler de ce problème qui concerne deux pays tiers et ne remet pas en cause les intérêts vitaux de la nation.

    Lire aussi : L’arrogance française une nouvelle fois en mise en cause

    Le communiqué de l’Algérie

    Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du Gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine. Cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours. Les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables. La décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un apriori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie. Cette décision française n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique de la question du Sahara Occidental, elle conforte une impasse, celle créée précisément par le prétendu plan d’autonomie marocain et qui dure depuis plus de dix-sept ans. Bien plus et alors même que la communauté internationale est convaincue depuis longtemps que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, cette même décision française vient en pervertir et fausser les données en donnant une caution à un fait colonial et en apportant un soutien injustifiable à une souveraineté contestée et contestable du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental. Cette position française est d’autant plus malvenue qu’elle émane d’un membre permanent du Conseil de Sécurité sensé agir en conformité avec les décisions de cet organe d’une manière particulière et avec la légalité internationale d’une manière générale. Enfin, et alors que la conjoncture actuelle connaît une mobilisation des bonnes volontés au sein des Nations Unies à l’effet de donner un nouveau souffle à la recherche d’un règlement au conflit du Sahara Occidental, la même décision française vient s’inscrire à contre-courant de ces efforts dont elle contrarie et entrave le déploiement dans l’intérêt supérieur de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région. Le Gouvernement algérien retient de la décision française qu’elle ne sert absolument pas l’objectif de la paix au Sahara Occidental, qu’elle aide à prolonger une impasse et qu’elle justifie et aide à consolider le fait accompli colonial dans ce territoire. Le Gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le Gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité.

    https://www.mfa.gov.dz/fr/announcements/statement-of-the-ministry-of-foreign-affairs-western-sahara-1
  • « The ratlines »

    « The ratlines »

    On se souvient qu’après la reddition de l’Allemagne en août 1945, les chefs nazis qui avaient survécu ont tenté d’échapper à la justice des vainqueurs en cherchant à fuir le continent européen. Pour beaucoup la destination fut l’Amérique du Sud, mais aussi certains pays du Proche et Moyen-Orient. Alois Brunner, notamment, adjoint d’Adolph Eichmann s’est recyclé en Syrie où il aurait été conseillé d’Hafez El-Assad (1930-2000), père de l’actuel président Bachar El-Assad, pour monter ses services secrets. Il serait mort à Damas dans les années 1990 ou 2000 et serait enterré dans cette capitale. Les fuyards nazis ont bénéficié de l’aide de réseaux (dont certains liés à l’Eglise catholique) pour échapper à leur arrestation. On les a baptisés « the ratlines », les lignes des rats !

    On constate aujourd’hui que les « lignes » fonctionnent en sens inverse pour les tortionnaires du « Sud global » qui, lorsqu’ils fuient leur pays, viennent plutôt se réfugier en « Occident collectif » (expression utilisée par le pouvoir russe) où ils se sentent sans doute mieux protégés et pris en charge. C’est ainsi que Rifaat El-Assad, le frère d’Hafez, qui s’était illustré dans divers massacres lorsqu’il était militaire puis vice-président, s’est réfugié à Paris dans les années 1980 après sa tentative de coup d’État contre son frère. A la tête d’un confortable patrimoine immobilier dans l’hexagone via un réseau de prête-noms il est rattrapé par les justices de différents pays européens dont la française qui le condamne en 2021 à quatre années de prison pour biens mal acquis et saisi 90 millions d’euros de patrimoine immobilier. Pour échapper aux poursuites occidentales il est alors contraint de rentrer en Syrie où il bénéficie d’une sorte d’absolution prononcée par Bachar, son neveu.

    Lire aussi : Négociations de dupes ?

    Plus récemment, nombre de tortionnaires rwandais impliqués dans le génocide des Tutsis en 1994 sont venus se réfugier en France, dont l’épouse du président Hutu Habyarimana (assassiné au début des massacres et dont le parti avait planifié ce génocide), elle-même plutôt favorable au « Hutu-power », et qui s’y trouve toujours. On a découvert en 2020 que l’un de ceux qui avait financé les massacres, Félicien Kabuga, vivait en France sous une fausse identité avec une partie de sa famille depuis de nombreuses années. Sa famille l’y avait fait venir pour bénéficier de soins médicaux. Il a été arrêté après avoir été démasqué et n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.

    Lire aussi : Un des leaders du génocide rwandais arrêté… en France

    On apprend aujourd’hui (Le Monde du 20/07/2024) qu’un ancien gouverneur syrien vient d’être arrêté aux Etats-Unis où il vivait sous son identité réelle depuis 2020 après avoir menti dans ses documents d’immigration pour obtenir un visa. Il a été directeur de prison en Syrie, puis gouverneur d’une province syrienne, le tout sous la présidence de Bachar El-Assad. On peut supposer que ce personnage ne récitait pas que des poésies dans l’exercice de ses fonctions… Il n’est pas précisé pourquoi il a souhaité émigrer de Syrie mais sans doute était-il devenu contestataire du régime qui n’a pas l’habitude de faire de quartiers, même en faveur de ses meilleurs ex-serviteurs lorsque ceux-ci sont tombés en disgrâce.

    Au-delà des situations particulières de criminels en déshérence, le plus fascinant dans ces affaires est leur tendance naturelle à venir s’installer dans les pays occidentaux après avoir commis des actes qu’ils savent répréhensibles au regard du droit de ces pays, profitant des largesses de ceux-ci et de leurs politiques en faveur des droits de l’homme qui rend difficile le refus d’accueil. La justice des pays occidentaux est généralement en mesure de les juger, ou de les livrer à la justice internationale, mais après un processus démocratique qui peut durer des années et, sous réserve bien entendu, de les avoir identifiés et localisés. C’est le côté sombre de l’Etat de droit qui considère tout le monde sur un pied d’égalité jusqu’à preuve juridique du contraire. Les tyrans le savent et en jouent à leur bénéfice. Un nombre infime de ceux-ci sont finalement arrêtés mais beaucoup passent au travers des mailles du filet démocratique et poursuivent une vie paisible à l’ombre du droit de leurs pays d’accueil. Grandeur et décadence de la démocratie !

  • Du bon et du moins bon pour les JO

    Du bon et du moins bon pour les JO

    Alors que la gabegie financière des jeux olympiques d’été à Paris, PARIS-JO-2024, est désormais irréversible, la cérémonie d’ouverture étant prévue pour la semaine prochaine, une bonne nouvelle se profile à l’horizon concernant les JO d’hiver 2030 pour lesquels la France, toujours à l’affut de nouvelles dépenses publiques, a posé sa candidature. L’immobilisme actuel du parlement rend pour le moment impossible la fourniture des garanties financières attendues par le Comité international olympique (CIO) pour accepter la candidature. Ces « garanties financières » qui relèvent d’un racket librement consenti nécessitent des lois que la France est dans l’incapacité de voter pour le moment. Il s’agit principalement (i) de l’exonération de tous droits et taxes pour les opérations commerciales menées par le CIO à l’occasion des JO en question et, (ii) d’une garantie financière globale délivrée par l’Etat hôte qui indemniserait le CIO en cas de crise économique (economic shortfall) qui nuirait au programme olympique.

    G2.2: Tax-related guarantee whereby authorities commit to take all necessary measures to fulfil the tax-related requirements of the Olympic Host Contract and give full effect to these provisions, in a manner guaranteeing:

    i. ability of the OCOG to enjoy full benefits of the payments or other contributions made available by the IOC or IOC Controlled Entities, without being subjected nor impacted by direct or indirect taxes due in the host country;

    ii. absence of any direct or indirect taxes due in the host country on the transactions between the OCOG and the IOC (including the IOC Controlled Entities) or between the OCOG and the Games Official Timekeeper;

    iii. absence of double taxation for non-resident individuals (in particular the athletes) and the organisations to which such individuals belong, or by which they may be employed in the host country upon the occasion of the Games; and iv. treatment of the IOC and other relevant Olympic stakeholders that is no less favourable than the treatment of the domestic business operators with regard to indirect taxes.

    G4.1: Games delivery guarantee, in the form of financial guarantees, covering a potential economic shortfall of the OCOG and ensuring that the OCOG can deliver the Games in accordance with Olympic Host Contract requirements and meet all of its financial obligations.

    Lire la suite des garanties exigées sur le site du CIO : https://stillmed.olympics.com/media/Documents/Olympic-Games/Future-Host/Future-Host-Questionnaire-Annex.pdf?_ga=2.31887486.1992492241.1675867905-1713525779.1646819264

    On peut espérer que la nouvelle assemblée nationale française se posera un peu plus de questions sur le degré de priorité à attribuer à ces dépenses somptuaires avant d’engager les contribuables français à financer de nouveau une organisation purement commerciale qui se qualifie « à but non lucratif » et dont le siège est à Lausanne en Suisse.

    En attendant, les responsables du CIO et du comité olympique français paradent en conférence de presse derrière des bouteilles de Coca-Cola savamment disposées sur les tables de conférence pour expliquer pourquoi seuls les paiements par cartes Visa ou espèces sont acceptés dans les boutiques du CIO. Coca-Cola et Visa sont des donateurs historiques des JO, « à but non lucratif » bien entendu !

    Lire aussi : Les ministres Philippe, Darmanin et Maracineanu jettent l’argent public par les fenêtres et signent leur méfait

  • GARY Romain, ‘Ode à l’homme qui fut la France’.

    GARY Romain, ‘Ode à l’homme qui fut la France’.

    Sortie : 1997, Chez : Editions Gallimard (2000)

    Romain Gary (1914-1980), homme flamboyant aux mille vies, écrivain de génie, pilote de guerre, Compagnon de la Libération, a rendu hommage à Charles de Gaulle (1890-1970) en publiant des articles en anglais dans la presse anglo-saxonne à l’occasion d’évènements importants qui ont marqué la vie politique du fondateur de la Ve République, jusqu’à sa mort en 1970.

    L’engagement de Gary pour la France libre incarnée par de Gaulle est connu, l’admiration qu’il portait au personnage l’est un peu moins. Né dans l’empire Russe au temps des tsars ; de confession juive sa famille fuit les persécutions d’abord en Pologne puis dans le sud de la France. Mobilisé en 1939 il rejoint de Gaulle à Londres en juillet 1940 et fera partie toute sa vie du pré carré du Général.

    Il a été naturalisé français en 1935 et on sent dans ses textes qu’il partage le profond sentiment de respect pour la France qu’il partage avec de Gaulle et qui a guidé leurs vies entières. Peut-être même d’autant plus qu’il est né russe. Ce sentiment de « grandeur » de la France, un peu indéfinissable mais qui dépasse les humains en leur inspirant des actes de bravoure hors du commun. Tous les deux sont faits de ce bois de la résistance, du sacrifice et de l’honneur.

    Ces articles sont suivis des lettres adressées par de Gaulle à Gary après qu’il lui eut envoyé chacun de ses livres à leur parution. On découvre avec amusement, par exemple, que de Gaulle a lu en 1969 « Adieu Gary Cooper », un beau roman sur les utopies brisées d’une jeunesse en mal de nouveaux idéaux. Il répond à l’auteur par une lettre du 22 juillet 1969, soit quelques semaines seulement après sa démission de la présidence de la République :

    Mon cher Romain Gary,


    Il fallait bien que vous vous saisissiez de la « jeunesse ». A condition que celle-ci soit étrange, bariolée et désespérée. Si vous le faisiez, il fallait bien que ce soit de tout votre talent et que celui-ci atteigne son maximum. Voilà qui est fait dans votre « adieu, Gary Cooper ».


    En vous remerciant de l’avoir écrit juste au moment où j’ai bien pu bien le lire, je vous demande de croire, mon cher Romain Gary, à ma fidèle amitié.


    C. de Gaulle

    La fidélité était aussi une qualité cardinale chez les Compagnons de la Libération qui seront les seuls, avec l’Armée, à être autorisés à accompagner le Général dans sa dernière demeure après son décès quelques mois plus tard, le 9 novembre 1970.

  • Fraude et mauvaise éducation à l’assemblé nationale

    Fraude et mauvaise éducation à l’assemblé nationale

    L’assemblée nationale a été renouvelée le 7 juillet dernier suite à la décision présidentielle de sa dissolution. Elle est devenue ce que les électeurs français en ont décidé : trois blocs opposés, un de droite radicale, un de gauche propalestinienne et un du centre, aucun n’emportant une majorité absolue et chacun contrôlant les deux autres. Dans un pays normalement géré une telle configuration pousse à la nécessité de s’entendre sur un programme de gouvernement a minima. En France où l’hystérie et la démagogie sont érigées en mode de fonctionnement, cette nouvelle assemblée est annonciatrice de blocages et d’invectives.

    Lire aussi : Les électeurs français ont voté

    Les choses ont d’ailleurs commencé à l’occasion de l’élection du bureau de l’assemblée. Si la présidente sortante, issue de la majorité présidentielle a été renouvelée, la désignation des autres membres de cet organisme a donné lieu à un spectacle peu ragoutant. Traditionnellement, dans l’attente de la composition du nouveau bureau, ce sont les plus jeunes députés élus qui tiennent lieu de membres par interim du bureau. Le plus jeune étant un député du Rassemblement National (RN, droite radicale), c’est lui qui se tenait devant l’urne où les députés déposaient leur vote « à bulletin secret » pour s’assurer de la régularité du scrutin. A 576 reprises (il y a 577 députés) il a tendu la main au votant qui venait de déposer son bulletin dans l’urne et les élus du parti La France Insoumise (LFI, gauche propalestinienne) ont refusé de la serrer du fait de son appartenance politique, sauf quelques rares exceptions comme Clémentine Autain.

    Plus inquiétant, une possible fraude a eu lieu pour l’élection des vice-présidents et dix bulletins en trop ont été trouvés dans l’urne. Il semble qu’une ou deux enveloppes en trop pourraient s’expliquer par un mauvais hasard, mais dix d’un coup cela ressemble à s’y méprendre à un acte malveillant. Une enquête est en cours et on ignore pour le moment qui a pu se rendre coupable de ce délit qui ramène l’assemblée nationale à un vulgaire bureau de vote corse où l’on fait voter les morts. C’est a priori une première historique au parlement.

    Il n’y a pas forcément de lien entre les députés mal élevés et les députés délinquants mais l’assemblée nationale française est en train de s’abaisser au niveau d’une cour de maternelle. Peut-être arrivera-t-on à identifier un jour les députés délinquants. Il serait bon que leurs noms soient rendus publics pour l’édification des électeurs.

    Les présidents des groupes parlementaires ne s’étant pas entendus sur la composition du bureau, celle-ci a été mise au vote. Les partis se sont alors mis d’accord en coulisse pour se soutenir, ou pas, portant parfois leur choix sur des candidats improbables. Le résultat est un bureau majoritairement tenu par la gauche radicale d’où le RN, premier parti issue de l’élection du 7 juillet, est absent.

    Toute cette agitation n’est finalement que de peu d’importance car ce n’est pas le bureau de l’assemblée nationale qui vote les lois, il se contente d’organiser les travaux. Il a une capacité de nuisance mais pas de pouvoir législatif.

  • Délabrement économique et politique en Nouvelle Calédonie

    Délabrement économique et politique en Nouvelle Calédonie

    A Nouméa le pays fait ses comptes, et ils semblent salés. Outre les dix morts qui sont à déplorer, les destructions matérielles résultant des récentes émeutes sont évaluées par le gouvernement local à plus de deux milliards d’euros. Plus grave encore, l’économie est à l’arrêt sur fond de crise mondiale du nickel dont la Nouvelle Calédonie est riche. Au vu de l’atmosphère politique régnant dans l‘archipel on peut comprendre les inquiétudes des investisseurs à remettre des sous dans une telle économie. C’est sans doute, une fois de plus, le contribuable métropolitain qui va être mis à contribution pour payer les additions.

    Lire aussi : Un chemin heurté vers l’inévitable indépendance de la Nouvelle-Calédonie

    Selon le correspondant local du journal Le Monde (13/07/2024) un certain nombre d’opérateurs économiques envisageraient d’attaquer l’Etat français pour qu’il assume les responsabilités financières des destructions puisqu’il n’a pas su maintenir l’ordre. S’il y a une chose certaine dans l’océan d’incertitude qui entoure la Nouvelle Calédonie c’est que les contribuables nationaux vont devoir payer les dégâts occasionnés par les émeutiers indépendantistes ainsi que pour la crise économique qui s’en suit et s’annonce durable.

    C’est une raison de plus pour reprendre le processus vers l’indépendance afin de pouvoir décoloniser au plus vite la Nouvelle Calédonie.

  • Septembre 1966, à bord du croiseur De Grasse

    Septembre 1966, à bord du croiseur De Grasse

    A une suggestion que lui fait Alain Peyrefitte de dissoudre l’assemblée nationale, de Gaulle répond :

    Quelle idée ! Les Français ne comprendraient pas. Nous ne sommes pas l’Angleterre. Il n’y a vraiment pas de raison d’écourter le mandat. La dissolution est une arme précieuse qu’il ne faut pas émousser. Pourquoi renvoyer une Assemblée où il y a une majorité et essayer de la remplacer par une Assemblée où il n’y en aurait peut-être pas ? L’opposition ferait sa campagne contre cette décision injustifiée. Elle pourrait bien entraîner la conviction des électeurs. Ensuite, je serais privé pendant un an de la capacité de dissoudre la nouvelle Assemblée. La Ve République, c’est la stabilité. La dissolution n’est faite que pour résoudre des crises.

    Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence.

    Vous me voyez choisir comme Premier ministre un chef de l’opposition ? Vous me voyez installer Mitterrand à Matignon ? Ça voudrait dire que la légitimité du gouvernement reposerait non sur celle du Président de la République, mais sur celle de l’Assemblée ! Ça voudrait dire qu’on retournerait à la IVe ! Non, non !


    In « C’était de Gaulle » tome III, Alain Peyrefitte

    Transmis au président Macron qui vient de dissoudre l’assemblée nationale dont la nouvelle composition est nettement moins favorable au parti présidentiel.

  • McEWAN Ian, ‘Opération Sweet Tooth’.

    McEWAN Ian, ‘Opération Sweet Tooth’.

    Sortie : 2012, Chez : Gallimard / folio n°6013

    Une histoire d’espionnage durant les années 1970 de la guerre froide où se mêle amour et manipulation. Tous les ingrédients pour un roman haletant. Serena est recrutée par la sécurité intérieure britannique, le MI5, au bas de l’échelle après son diplôme de mathématique et une liaison avec un de ses professeurs, lui-même affilié au MI5 et soupçonné d’y être un agent double.

    Pour sa première opération elle est associée à « Sweet Tooth » et chargée de manipuler un écrivain a priori plutôt pro-occidental. Elle va évidemment en tomber amoureuse, ce qui ne se fait en principe pas dans ce genre d’activités. Confrontée au secret et à la trahison elle va découvrir plus malin qu’elle !

    McEwan est un écrivain et dramaturge britannique né en 1948.

  • Au Proche-Orient rien de nouveau

    Au Proche-Orient rien de nouveau

    La guerre entre Israël et le mouvement palestinien Hamas continue sans que personne n’en voit vraiment la fin. Elle avait été déclenchée par suite de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza « gouvernée » par ce mouvement. Le bilan a été de plus de 1 200 morts côté israélien, souvent dans des conditions barbares par la branche armée du Hamas mais aussi semble-t-il par des civils gazaouis qui se sont mêlés à la curée. Environ 250 otages israéliens avaient été ramenés à Gaza par le Hamas, une centaine ont été libérés à l’occasion d’une trêve, une trentaine seraient morts, il reste donc autour de 120 otages toujours disparus dont on ne sait pas trop combien sont encore vivants.

    La guerre fait rage depuis le mois d’octobre dernier. Les autorités palestiniennes parlent de 40 000 morts depuis le début du conflit et sans doute encore bien plus de blessés. L’objectif de Tel Aviv est de « détruire » le Hamas mais il peine manifestement à l’atteindre malgré une supériorité militaire évidente. La force des bombardements de l’Etat hébreux à entraîné des destructions considérables, des mouvements de population désespérés pour fuir la violence et l’on a peine à imaginer quel pourrait être le futur à Gaza. Le plus stupéfiant est qu’après presque 10 mois d’une guerre féroce et très manifestement asymétrique du point de vue de la force militaire en faveur d’Israël, les combats durent toujours, des roquettes continuent à être tirées depuis Gaza vers le Nord, des soldats israéliens à se faire tuer et la centaine d’otages est toujours détenue par le Hamas, dans ces fameux tunnels ou ailleurs, sans avoir été libérée par la force ou la négociation.

    Certes le Hamas doit être significativement affaibli sur le plan militaire, mais sans doute assez peu au niveau politique, voire renforcé, puisqu’il continue à refuser les conditions d’une nouvelle trêve. On apprend dans la presse que des délégations israéliennes et palestiniennes négocient par l’intermédiaire du Qatar, de l’Egypte, ou d’autres, sans trouver les bases d’un accord pour cesser les combats. Cela en dit long sur la prétention d’un but de guerre qui est de vouloir « détruire une idée ». Très probablement le Hamas, soit ne sera pas détruit, soit renaîtra de ses cendres sous une forme ou sous une autre pour continuer à combattre Israël, comme les Palestiniens le font depuis 1948, date de la création de l’Etat d’Israël.

    A Tel Aviv les oppositions entre partis politiques vont également bon train sur ce qu’il faudra faire après la guerre : occuper Gaza, l’annexer, envisager une administration provisoire sous contrôle israélien, arabe, international ? Dans le reste du monde, le « Sud global » et leurs soutiens russes et chinois regardent avec plus ou moins de satisfaction l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique s’enferrer dans le piège du soutien inconditionnel à Tel Aviv. En Occident même on s’écharpe sur la sémantique, le Hamas est-il « terroriste » ou « résistant » ? Les universités s’enflamment pour soutenir la Palestine, de Sciences-Po à Paris à Colombia à New-York. En France la gauche radicale a axé toute sa campagne des élections européennes du 9 juin sur le soutien à la cause palestinienne, parlant très peu de l’Europe ou de la France. La France insoumise (LFI) mit en avant et fit élire Rima Hassan, une avocate née en 1992 dans un camp palestinien en Syrie puis naturalisée française en 2010. Très médiatisée, toujours affublée d’un keffieh et auteure de tweets tonitruants sur les réseaux dits « sociaux » elle a choisi de mener son combat en faveur de la Palestine depuis la France et se sert de son appartenance politique à LFI comme tremplin pour le poursuivre, le renforcer et le populariser auprès de la frange de l’électorat français plus intéressée par ce qui se passe au Proche-Orient que par les déficits des finances publiques de la France.

    Personne ne sait bien où tout cela mènera, mais ce qui semble à peu près certain c’est que l’on ne sortira pas de ce chaos qui dure depuis 1948 avec son cortège d’horreurs, de guerres terribles et d’actes de terrorisme sanglants. Avec un sens aigu de la propagande, le Hamas a réussi à exporter sa cause dans les pays occidentaux et même à jeter le trouble au sein de la classe politique israélienne. C’est un moyen comme un autre de ne pas tomber dans les oubliettes de l’histoire même si cela n’apportera pas de solution à court terme mais peut-être faut-il admettre que certains problèmes sont insolubles ?

    Lire aussi : Le Proche-Orient toujours à feu et à sang – Total Blam Blam (rehve.fr)

  • Les électeurs français ont voté

    Les électeurs français ont voté

    Les Français ont voté et le résultat de leurs suffrages est une assemblée nationale divisée en trois tiers plus ou moins d’égale puissance en nombre de députés : la droite radicale composée majoritairement du Rassemblement National (RN), la gauche radicale, quatre ou cinq partis réunis dans l’alliance électorale Nouveau front populaire (NFP) dominée par sa composante propalestinienne et le centre droit. Aucune de ces trois tendances ne peut à elle-seule emporter la majorité absolue et donc faire appliquer son programme. L’assemblée est donc condamnée soit à l’immobilisme, soit à des alliances. Les partis ont déjà affiché leur défiance les uns envers les autres et expliquent qu’ils sont d’accord pour une alliance à condition que ce soit sur leur programme. Autant dire que la négociation s’annonce mal. Comme souvent, des dirigeants de rencontre élus par les Français privilégient leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt du pays.

    La solution de l’immobilisme ne serait finalement peut-être pas la pire des solutions. Elle entraînerait de fait une stabilité législative par l’impossibilité de faire voter de nouvelles réformes. Est-ce vraiment un problème ? Sans doute pas, préoccupons-nous déjà de faire appliquer les lois existantes. Le corpus législatif préexistant déjà très fourni suffit à occuper l’administration d’autant plus qu’un certain nombre de décisions ne relèvent pas d’un vote au parlement mais plus simplement de circulaires ou décrets qui pourront être pris par un gouvernement à mettre en place, quelle que soit sa couleur politique. On pourra attendre quelques temps pour envisager de nouvelles réformes législatives. En attendant, respirons un peu. Même la Loi de finances annuelle qui est le texte majeur de toute législature qui doit en principe être voté avant le 31 décembre de l’année précédente, s’il ne peut pas être voté du fait de l’irresponsabilité de partis incapables de s’entendre sur un texte commun, peut être mis en vigueur sans vote par renouvellement par douzièmes mensuels du budget précédent. La constitution de la Ve République a tout prévu.

    Et si les électeurs sont insatisfaits de devoir renoncer, au moins provisoirement, aux réformes tonitruantes annoncées par les partis sur lesquels ils ont porté leurs suffrages, il leur suffira la prochaine fois de voter autrement. C’est ce qu’on appelle la responsabilité des citoyens.

  • DEBORD Guy, ‘La Société du Spectacle’.

    DEBORD Guy, ‘La Société du Spectacle’.

    Sortie : 1967, Chez: folio essais n°644 (1992).

    Cet essai de Guy Debord (1931-1994) paru en 1967 s’attaque, dans la filiation de Marx, à la marchandisation de la société. Il connut un écho certain dans les années qui ont suivi le mouvement de contestation de 1968 dans le monde occidental. La marchandisation de la société est présentée comme « le spectacle » qui asservit le peuple. Le livre est écrit en courts chapitres numérotés (certains ne font qu’un paragraphe) et s’avère assez abscond pour le lecteur néophyte, voire même incompréhensible pour le commun des mortels.

    N°148 – Le temps général du non-développement humain existe aussi sous l’aspect complémentaire d’un temps consommable qui retourne vers la vie quotidienne de la société, à partir de cette production déterminée, comme un temps pseudo-cyclique.

    On a parfois l’impression que l’auteur se fait plaisir en jouant avec les mots. Il s’amuse en particulier avec les inversions sémantiques qui peuplent son texte : « [le spectacle] ne réalise pas la philosophie, il philosophe la réalité », « la conscience du désir et le désir de la conscience », « la division montrée est unitaire alors que l’unité montrée est divisée », etc.

    Quand il a refermé le livre, le lecteur se demande ce qu’il en reste en se disant que Marx est probablement plus facilement lisible que son disciple. Debord a participé à ce monde intellectuel de XXe siècle, cette espèce « d’avant-garde » artistique fondatrice de revues et de concepts à qui le capitalisme tant décrié a permis d’exister.

  • Garbage – 2024/07/06 – Paris Grand Rex

    Garbage – 2024/07/06 – Paris Grand Rex

    Et hop, encore un concert de Garbage à Paris. C’est propre, bien enlevé et oh combien réjouissant ! Shirley, les cheveux blonds peroxydés est engoncée dans un étrange costume de plumes qui la fait ressembler au Bowie déguisé en clown sur le clip de Ashes to Ashes. Steve le premier guitariste est toujours habillé d’un costume-cravate surmonté de son éternel chapeau. Duke, son alter-ego à la guitare, a désormais l’allure d’un ZZ Top, le crâne glabre et une longue barbe blanche. Butch assure fidèlement la batterie. La nouveauté du jour est le remplacement du bassiste intérimaire de ces dernières années Eric Avery, qui a rejoint Jane’s Addiction, par Ginger, une femme, blonde patine qui assure aussi certains chœurs.

    Le groupe est arrivé ce matin de Cologne en car et Shirley nous raconte son émerveillement devant le lever du jour sur la ville lumière et la découverte de la salle de théâtre du Grand Rex. Pour l’occasion, ils sont venus en famille et elle embrasse les siens depuis son micro.

    La scène est largement dégagée sur le devant, les quatre musiciens regroupés en formation autour de la batterie. Dans sa jeunesse Shirley avait l’habitude de continuellement parcourir la scène durant le show en tournant en rond comme une lionne en cage. L’âge venant (elle a 58 ans) et son nouveau costume du genre encombrant l’ont apaisée, elle est moins fébrile et, du coup, la scène paraît un peu vide. Rien de grave, seule la musique compte.

    En l’absence de nouveau disque, la setlist reprend les trente années de la flamboyante carrière des Garbage en picorant dans leurs sept albums enregistrés en studio et c’est un bonheur pour les fans de parcourir ainsi leur passé rock. Petite faute de goût, une fan « enthousiaste » balance son gobelet de bière sur Shirley qui accuse le coup, menace la coupable d’un vigoureux doigt d’honneur avant de lui faire la morale à la fin du morceau, se plaignant de puer l’alcool, pendant que son mari (encore un clone de ZZ Top) passe la serpillère…

    Garbage c’est un groupe de guitaristes posés sur la personnalité adente de sa chanteuse à la voix définitivement rock. Voilà trente ans qu’ils animent la scène du monde entier avec leur musique post-punk matinée de grunge, simple de de bon goût. Ça dépote et on reste admiratif de cette énergie qu’ils déploient sans compter au service de ce rock enflammé et jouissif. Shirley dédie même une chanson à M’Bappé et présente une reprise Siouxsie and the Banshees, une autre égérie du rock, des années 1970-80 cette fois-ci, et dans sa version new-wave.

    Le concert se termine sur le légendaire Only Happy When It Rains :

    I’m only happy when it rains
    I feel good when things are going wrong
    I only listen to the sad, sad songs
    I’m only happy when it rains

    Mais ce soir nous avons tous été très heureux sous le beau temps de cette soirée d’été au Grand Rex !

    Setlist

    Happy Home (Instrumental – Partial)/ #1 Crush/ Godhead/ I Think I’m Paranoid/ Cherry Lips (Go Baby Go!)/ Special/ The Men Who Rule the World/ Metal Heart/ Run Baby Run/ Hammering in My Head/ The Creeps/ The Trick Is to Keep Breathing/ Bleed Like Me/ Stupid Girl/ Wolves/ No Gods No Masters/ Cities in Dust (Siouxsie and the Banshees cover)/ Vow/ When I Grow Up/ Why Do You Love Me/ Push It

    Encore : Milk/ Only Happy When It Rains

    Warmup

    Lucia & the Best boys

    Un sympathique groupe écossais indie, qui joue sous la houlette inspirée de sa chanteuse longiligne Lucia Fairfull

    Lire aussi

  • Des mots qui changent pour une même réalité

    Des mots qui changent pour une même réalité

    On ne dit plus « la victoire du RN » mais « la dynamique du RN » !

  • Panique dans les partis politiques non-RN

    Panique dans les partis politiques non-RN

    Les résultats du premier tour des élections législatives tenues dimanche dernier sont en train de déclencher une fébrilité inédite en France. Le Rassemblement National (RN) emporte 33% des suffrages exprimés y compris ceux en faveur de la partie de Les Républicains (LR) qui a migré vers le RN. Le vote pour ce parti est bien réparti sur tout le territoire, dont les départements d’outre-mer, sauf quelques grandes villes qui restent inspirées par les idées progressistes. Les jeunes, les cadres, même les retraités, toutes les catégories socio-professionnelles se dirigent petit à petit vers le RN et le vote pour ce parti est maintenant décomplexé.

    Le Nouveau Front Populaire (NFP), qui est le pendant du FN à gauche, est crédité de 28% des votes. La majorité présidentielle est en troisième position avec 20%.

    Dès que ces résultats ont été avérés, l’ensemble des partis politiques non-RN s’est mis à tenter de reconstruire le fameux « front républicain » pour « faire barrage à l’extrême droite » ce qui consiste à monter des accords en catastrophe entre les deux tours pour faire capoter la candidature FN, même lorsque celle-ci est arrivée en tête du premier tour. Pour ce faire ces partis anti-RN fusionnent leurs candidatures pour n’en présenter qu’une seule face à celle du RN et ainsi limiter l’éparpillement des voix. Cela revient aussi à forcer la main de l’électeur qui, s’il ne vote pas RN devra apporter sa voix au candidat unique anti-RN. Celui-ci peut toujours voter « blanc » ou aller à la pêche le jour du vote si le cœur lui en dit.

    Le Rassemblement National continue à effrayer le microcosme malgré ses efforts de « normalisation » lancés depuis plus de dix ans mais il n’effraie plus un électeur sur trois qui a mis très sereinement un bulletin dans l’urne en sa faveur dimanche dernier. C’est le dilemme auquel est confronté le microcosme : doit-il continuer à contester ce vote en menant des alliances improbables avec pour seul objectif « tout sauf le RN », au risque de braquer encore plus les électeurs concernés, ou peut-il considérer que le RN est devenu un parti fréquentable, comme les autres, et envisager qu’il puisse gouverner comme c’est d’ailleurs le cas dans des conditions assez similaires dans d’autres pays européens, ou même aux Etats-Unis sous l’ère Trump, passée ou à venir.

    C’est clairement la première option qui est à l’œuvre aujourd’hui où l’on voit des caciques de la droite et du centre appeler à voter dimanche prochain pour des candidats de La France Insoumise (LFI, extrême gauche propalestinienne) dans des circonscriptions où le RN est arrivé en ballotage favorable au premier tour. Choisir la seconde option, celle de la normalisation du RN, présente un risque que le microcosme ne veut pas prendre : celui de la résurgence des tendances d’extrême droite du RN une fois qu’il serait arrivé au pouvoir. Au-delà de cette agitation d’appareils, l’électeur choisira en fonction de ses convictions qui risquent de n’être pas forcément en accord avec celles du microcosme.

    Dans tous les cas, une France gouvernée par des extrêmes d’un bord ou de l’autre risque de se rabougrir un peu plus. C’est le principal échec du pouvoir actuel : n’avoir pas su convaincre le pays de rester dans la raison sous une gouvernance apaisée.

  • « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Adam Kałduński, piano)

    « Chopin au Jardin – 2024 » au Parc Montsouris (Adam Kałduński, piano)

    C’est Adam Kałduński qui clôture cette quinzième édition du mini-festival « Chopin au Jardin » qui, comme chaque année, se poursuivra en août dans un parc de Varsovie. C’est sa première venue à Paris et son premier récital dans la capitale. Ce jeune pianiste porte queue de cheval sur costume noir, virtuose et inspiré, il déroule un joli programme, dont les 24 préludes en deuxième partie. Le public sous le soleil ne veut plus le laisser partir et il ne se fait pas trop prier pour enchaîner trois bis.

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    Mais le vrai héros de ce festival est évidemment Frédéric Chopin (1810-1849) : quel compositeur de génie ! Des Valses aux Nocturnes il a su capter la légèreté et le tragique de la vie. Qui ne rêve, au soir venu, d’imaginer que son âme s’envolera vers l’autre monde au gré d’une Nocturne de Chopin ?

    Programme

    • Grande valse en la bémol majeur, op. 42
    • Nocturne en mi majeur, op. 62 n° 2
    • Ballade n° 1 en sol mineur, op. 23
    • Vingt-quatre préludes, op. 28
  • « Olympisme, une histoire du monde » au musée de l’histoire de l’immigration

    « Olympisme, une histoire du monde » au musée de l’histoire de l’immigration

    Le palais de la Porte Doré qui héberge le musée de l’histoire de l’immigration retrace aujourd’hui l’histoire des jeux olympiques d’été modernes, depuis leur relance en Grèce en 1896 jusqu’à leur organisation à Paris en ce mois de juillet 2024. Les nombreuses photos et vidéos sont agrémentées d’explications sur le contexte politique qui prévalait pour chacune de ces olympiades. On traverse ainsi les évènements politiques qui ont marqué ces 130 années : le statut de la représentation de l’Allemagne divisée, les jeux de 1956 à Melbourne, 10 jours après l’invasion de la Hongrie par les chars soviétiques, qui donnèrent lieu à des bagarres entre les sportifs soviétiques et hongrois (dont un certain nombre demandèrent l’asile politique en Australie), l’arrivée d’équipes nationales envoyées par les nouveaux pays décolonisés dans les années 1960, la lutte olympique contre l’apartheid en Afrique du sud, les JO de 1968 et la célèbre protestation des sprinters américains en faveur des droits civiques, celle, plus discrète, d’une sportive tchécoslovaque protestant contre le « printemps de Prague » (l’invasion soviétique, encore, de la Tchécoslovaquie), les attentats propalestiniens qui endeuillèrent les jeux de Munich en 1972, les boycotts respectifs des Etats-Unis et de l’Union soviétique aux olympiades de Moscou par les occidentaux (après l’invasion de l’Afghanistan par les troupes de Moscou) puis de Los Angeles par les pays communistes en représailles, mais aussi par crainte des potentielles défections de sportifs soviétiques, les tentatives d’organisations de jeux parallèles, pour les homosexuels en 1982, pour les « travailleurs » en 1933, la faillite de la Grèce initiée par les dépenses colossales lancées pour les olympiades de 2004… Mais aussi les JO annulés durant les périodes de conflits mondiaux.

    Un très intéressant parcours au cœur de l’histoire agitée du XXe siècle vue sous le prisme du sport, qui marque, là aussi, la puissance des Etats-Unis d’Amérique qui ont multiplié les records de médailles accumulées.

    Spartakiade 1933
  • Les Rolling Stones à Chicago

    Les Rolling Stones à Chicago

    Un fidèle lecteur nous envoie des nouvelles des Rolling Stones en concert hier à Chicago : ils vont bien !

    SET LIST

    • Start Me Up
    • Get Off Of My Cloud
    • It’s Only Rock ‘n’ Roll (But I Like It)
    • Angry
    • She’s A Rainbow
    • Wild Horses
    • Mess It Up
    • Tumbling Dice
    • You Can’t Always Get What You Want
    • Tell Me Straight
    • Little T&A
    • Happy
    • Sympathy For the Devil
    • Honky Tonk Women
    • Midnight Rambler
    • Gimme Shelter
    • Paint It Black
    • Jumpin’ Jack Flash
    • Sweet Sounds of Heaven
    • (I Can’t Get No) Satisfaction